2. chaque État membre doit traduire ces grandes orientations par un
programme pluriannuel adapté à sa situation économique et sociale,
et un suivi spécifique des questions d'emploi par le Conseil et la
Commission est prévu. L'Union européenne a confirmé, à Lisbonne
en mars 20001, l'objectif de plein-emploi, à côté des dispositions
visant à faire de l'Europe une « économie de la connaissance la plus LE CAPITAL: LES MARCHÉS
compétitive et la plus dynamique du monde» par la modernisation,
entre autres, du modèle social européen, l'investissement dans les
FINANCIERS ET LE DÉVELOPPEMENT
ressources humaines et la création d'un espace social actif. Le docu- ÉCONOMIQUE
ment approuvé reconnaît la nécessité de moderniser la protection
sociale, de manière à améliorer les effets d'incitation en faveur de
l'emploi et de la formation, en réduisant la pression fiscale sur le tra-
vail, notamment s'il est peu qualifié et faiblement rémunéré. Reste
qu'au niveau communautaire, la politique de l'emploi est aujour-
d'hui l'addition d'engagements très théoriques - fussent-ils répé-
tés -, et de procédures assez formelles. La réalité des politiques de
réformes pour l'emploi reste nationale. Ainsi, le rapport de Wim
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Kok a une nouvelle fois insisté sur la nécessité « d'insuffler un élan Enron, WorldCom, Parmalat, .. Les débats sur la valeur des entre-
nouveau» visant à renforcer la coordination entre les politiques prises, la transparence des comptes, les normes comptables, les
nationales dans le domaine de l'emploi. En pratique, cette nécessité excès des marchés transporteraient sans doute Ricardo, Marx et
d'une meilleure coordination des politiques structurelles et des poli- bien d'autres économistes du xrx- siècle dans un état de grande exci-
tiques de l'emploi a été totalement absente au cours des débats poli- tation intellectuelle. Les problèmes permanents de la détermination
tiques de l'année 2005, aussi bien en France qu'en Allemagne: cela de la valeur des choses, sujet de première année pour les étudiants
montre bien l'immensité du progrès à réaliser. de sciences économiques, sont alors ressorties des bancs des facul-
tés: est-ce la valeur d'usage ou la valeur d'échange? Au fond, la
valeur ne prend-elle pas sa source dans le travail plutôt que sur les
marchés, a fortiori quand ceux qui en décident sont des agioteurs?
Mais, derrière des débats théoriques, sont d'abord en jeu les condi-
tions de vie de milliards d'êtres humains avec le spectre d'une crise
grave qui plane en permanence au-dessus de l'économie mondiale.
Après des années de croissance exceptionnelle des marchés des
actions, dont personne n'osait imaginer la fin, on a appris à nou-
veau que les marchés boursiers peuvent retomber d'autant plus bas
qu'ils sont montés très haut. Le niveau des actions, ramené aux
taux de croissance et de rentabilité, s'est ainsi rapproché de sa ten-
1. Voir la leçon 13. dance de longue période 1. Personne ne se risque plus à prévoir le
2. «Relever le défi. La stratégie de Lisbonne pour la croissance et l'emploi »,
rapport du groupe de haut niveau présidé par Wim Kok, novembre 2004.
l , J, Campbell, R. Shiller, « Valuating Ratios and the Long Run Stock Market »,
Cowles Commission, 2002,