1. Plaidoirie de l’Institut Marie Immaculée-Montjoie
La grande majorité des élèves de la classe sont plutôt pour l’acceptation d’un personnage tel que Meursault
dans notre société. Un seul élève sur 13 est contre Meursault. Nous allons d’abord exposer son point de
vue :
« Je pense qu’une personne telle que Meursault ne peut être acceptée dans notre société car celle-ci est
basée sur l’intégration de chaque individu par rapport à l’image que la communauté nous impose. De nos
jours, nous ne pouvons pas vivre sans donner notre avis ou notre ressenti par rapport à une situation
quelconque. Nous y sommes directement impliqués, qu’on le veuille ou non. Par exemple, dans l’affaire
Dutroux, le peuple belge a pris position en faveur des victimes par principe et moralité, alors que Meursault
n’aurait pas pris position. Il se serait contenté de prendre part au débat sans pour autant donner son avis,
que ce soit sur le plan moral ou sentimental. C’est un personnage solitaire qui ne réagit que comme il le
ressent et qui refuse de s’intégrer à la société dans laquelle il vit. C’est un individu seul et de nos jours, un
individu seul est un individu à risque. On pourrait dire que Meursault n’a pas une attitude citoyenne, qu’il
manque de civisme. »
Voici maintenant l’opinion partagée par la majorité de la classe :
« Meursault a été jugé pour ce qu’il était et non pour son crime. Ce procès ressemble à une vaste blague.
Est-ce qu’on peut vraiment savoir tout sur lui en interrogeant seulement quelques personnes qui ont
partagé sa vie de façon éphémère ? Nous ne pensons pas. Un individu est bien plus complexe que ce que
les autres laissent percevoir de lui. Avec ce procès, on oublie ce qu’il y a de bon dans les hommes. Un
procureur condamne un homme pour ses mauvais côtés alors qu’un avocat tente de montrer ses bons
côtés. Malheureusement, l’homme ne voit que le mauvais, le jury populaire se trompe. Dans le personnage
de Meursault, le jury a trouvé une victime parfaite car il était différent.
On reproche à Meursault d’être différent des autres. C’est surtout pour cela qu’on l’a condamné à mort. Il
n’extériorise pas ses sentiments : à l’enterrement de sa mère, il ne verse pas de larmes ; vis-à-vis de Marie,
il semble indifférent... Pour la majorité des élèves de la classe, ce comportement différent est admissible.
Au sein de la société belge, quand l’étrangeté devient banalité, on finit par l’accepter. Exemple :
l’homosexualité est de plus en plus acceptée, ainsi que les mariages mixtes...
Cependant, certains comportements sont encore mal intégrés dans notre société : rire après un deuil, par
exemple, peut être considéré comme un sacrilège. On a, par exemple, reproché aux parents de Mélissa
Russo de rire lors de sorties publiques. Une élève de la classe a vécu quelque chose de similaire suite à un
décès dans sa famille.
Le livre de Camus est encore très actuel car il dénonce le conformisme. Par exemple : si quelqu’un n’est pas
enregistré sur Facebook, il est mal vu ; s’il n’a pas de gsm, s’il n’a pas la télé... Au fond, ce conformisme est
présent dans chaque groupe social et peut être très pesant pour quelqu’un. Dès qu’on est un peu différent,
on est étiqueté et parfois mis à l’écart.
On peut dire aussi qu’un personnage comme Meursault est difficilement intégrable dans notre société : son
indifférence est parfois choquante. Que deviendrait-il dans une dictature ? Quand Raymond bat sa
maîtresse, cela ne semble pas l’atteindre. Quand Salamano bat son chien, il n’intervient pas... En fait
Meursault estime qu’il ne doit pas se mêler des affaires des autres. Nous trouvons cela bien mais jusqu’à
quel point reste-t-on à l’écart des autres ? Jusqu’à quel point ne devons-nous pas intervenir ? »