La Municipalite de la capitale, alliee a divers organisations et sponsors, a transforme l'ancien batiment Valrhone, au sud de la gare, en Espace Creation.
1. Le Nouvelliste Mercredi 17 novembre 2010 ÉCONOMIE 5
PIERRE MAYORAZ
«Ce bâtiment avec sa grande tour
carrée, tous les Sédunois le con-
naissent. C’est l’un des emblèmes
de la ville», souligne l’architecte
Raphaël Berclaz, du bureau Ber-
claz et Torrent à Sion, chargé de la
rénovation des lieux. Il s’agit des
anciens locaux deValrhône au sud
de la gare de la capitale quasi en
face du magasin Pam, locaux que
la Municipalité de Sion a acquis
fin 2008 en vue de prolonger en
quelque sorte la ville vers le sud en
y accueillant de nouvelles activi-
tés.
Selon Marcel Maurer, prési-
dent de la capitale, «d’ici à dix ou
quinze ans, la rue de l’Industrie et
le secteur de la gare vont complète-
ment changer. La gare marchandi-
ses devrait trouver place entre Sion
et Martigny pour libérer des surfa-
ces afin de donner à Sion sa vérita-
ble place de gare principale de la
route du Simplon. Le développe-
ment d’Espace Création à cet en-
droit entre parfaitement dans cette
planification à long terme.» Em-
blème architectural, le bâtiment
Valrhône va donc aussi devenir
symbole d’innovation.
De l’idée à la valeur ajoutée
Sion ville administrative par
excellence veut aussi jouer un rôle
sur le plan industriel et offrir aux
diplômés valaisans des structures
adaptées à leurs besoins de déve-
loppement. «Nous voulons garder
les cerveaux valaisans enValais et y
faire revenir ceux qui ont quitté le
canton à cause de conditions-
cadres déficientes. Les idées ne
manquent pas dans les hautes éco-
les. Les lieux pour les mettre en va-
leur, oui. Espace Création a pour
but de combler ces manques, de
permettre de passer du projet à une
première concrétisation», explique
le conseiller communal Christian
Bitschnau, chargé de la promo-
tion économique.
Pont entre l’idée
et le marché
Espace Création bouscule
bien des idées reçues en matière
de lenteur administrative. Benoît
Dubuis, docteur en biotechnolo-
gie de l’Ecole polytechnique fédé-
rale de Zurich, président de Bio-
Alps, acteur majeur du lancement
du nouveau centre de compéten-
ces sédunois, évoque la mise en
place du projet: «Par expérience
personnelle, je sais que les cher-
cheurs ne naissent pas tous entre-
preneurs. Nous avons voulu leur
donner les moyens de passer de
l’idée à la réalisation en leur of-
frant des locaux, des possibilités de
financement mais aussi des con-
seils, du coaching. Je vois Espace
Création comme le chaînon man-
quant entre les hautes écoles et l’in-
dustrie proprement dite, une ma-
nière en quelque sorte de
cristalliser et d’ancrer l’innovation,
de passer de l’idée au produit puis
au marché.»
Au pas de charge
Fin 2008, la ville achète les lo-
caux. Rafraîchis, ils servent de
quartier général à la lutte contre la
grippe H1N1. Mars 2010 naît l’idée
d’Espace Création. Novembre
2010, le projet sort sur la place pu-
blique, les travaux de rénovation
touchent à leur fin. Janvier 2011,
ouverture du centre de compéten-
ces. Mars 2011, inauguration offi-
cielle. Moins d’une année pour
mettre en place un tel projet, voilà
qui augure bien de son avenir
puisque la vitesse de réaction est
devenue un élément essentiel du
développement économique dans
la concurrence actuelle. En plus de
la mise à disposition des locaux, la
ville de Sion a dépensé 200 000 à
300 000 francs dans la rénovation
et engagera un demi-million de
francs par année pour le fonction-
nement du centre y compris le sa-
laire de deux coachs.
Avenir ouvert
Pour le moment, Espace Créa-
tion occupe un demi-étage du bâti-
ment Valrhône soit environ 800
mètres carrés. Cette surface ac-
cueille un espace partenaires avec
la présence des sponsors, un es-
pace réseaux, un lieu de rencontre
ouvert toute la journée, un espace
émergence pour les projets au pre-
mier stade et un espace développe-
ment pour les idées déjà mûries. «Si
le succès déborde les locaux prévus,
nous pouvons les agrandir en très
peu de temps. Il reste encore trois
étages inoccupés. El le bâtiment
peut encore croître au nord selon la
planification en cours de réalisa-
tion», rassure Nicolas Servageon.
Le délégué à la promotion éco-
nomique de la ville de Sion espère
un retour sur engagement de ce
projet en termes de postes de tra-
vail, d’entrées financières et de dy-
namisme économique. Cela de-
vrait se traduire par cinq à dix
nouvelles entreprises par année
qui pourraient s’installer enValais.
Le bâtiment Valrhône, rue de l’Industrie à Sion, change d’affectation. Début 2011, le logo changera lui aussi. BITTEL/PHOTOMONTAGE NF
Nouveautemple
del’innovation
... JÉRÔME LUYET
RESPONSABLE DU DÉPARTEMENT ENTREPRISE DE LA BCVS
«Nous jouons notre rôle
de soutien à l’économie
valaisanne»
«L’espace est le chaînon
manquant entre hautes
écoles et industrie»
BENOÎT DUBUIS,
PRÉSIDENT DE BIOALPS, UN DES INITIATEURS DU PROJET
Jean-Daniel Papilloud (à gauche) remplace
Bernard Bruttin à la présidence de l’Association
valaisanne des banques. LE NOUVELLISTE
SION La Municipalité de la capi-
tale, alliée à divers organisations et
sponsors, a transformé l’ancien
bâtiment Valrhône, au sud de la gare,
en Espace Création.
Jérôme Luyet, pourquoi la
Banque cantonale participe-
t-elle à un projet comme Espace
Création?
Nous jouons ainsi notre rôle de
soutien de l’économie valaisanne à
l’image de notre action au Centre
de compétences financières. Notre
participation s’entend en plus de
ce que nous faisions jusqu’ici dans
ce domaine. Nous savons bien que
toutes ces jeunes pousses ne par-
viendront pas à l’âge adulte. Mais
celles qui réussiront créeront de
l’emploi et de la prospérité en
Valais. Et cela nous tient à cœur.
Pensez-vous que l’innovation
peut avoir une grande impor-
tance dans l’économie valai-
sanne?
La crise nous a montré que les en-
treprises innovantes résistent aus-
si bien si ce n’est mieux que le bâ-
timent aux aléas conjoncturels.
Le Valais compte de nombreux
talents. C’est un capital de départ.
Espace Création les réunit, nous
les finançons pour le plus grand
bien de notre économie.
Qu’offrez-vous en plus du finan-
cement?
Un financement sans accompa-
gnement n’aurait pas beaucoup
de sens. Nous faisons profiter les
candidats entrepreneurs de notre
expérience, de nos réseaux. Nos
spécialistes les guident dans les
labyrinthes administratifs. Les
100 000 francs que nous oc-
troyons en moyenne à chaque pro-
jet que nous soutenons doivent
servir au mieux les intérêts de la
nouvelle entreprise, un savoir que
l’on acquiert pas nécessairement
dans les écoles.
PM
TROIS QUESTIONS À...
EN BREF