Bulletin Al Qotb - France numéro 15 - septembre 2016
1. Depuis maintenant plusieurs semaines,
un nouveau gouvernement, dit d'union
nationale, dirige le pays. Certes, personne ne
s'attend à des bouleversements en si peu de
temps; en réalité, l'équipe a été
profondément changée, la communication
se veut rajeunie, dynamique, mais pour
autant les grandes orientations
économiques et sociales restent. Nul n'est
dupe : ce sont celles qui ont été prises depuis
plusieurs décennies, bien avant la
révolution... et qui ont conduit à celle-ci !
Tous les gouvernements qui se sont
succédés depuis la révolution auront eu un
point commun : un manque d'imagination
et de volonté ahurissants pour faire face.
Bien sûr le fléau du terrorisme maintenant
endémique et mondialisé mobilise
beaucoup d'énergies et de ressources, mais
s'attaquer en profondeur aux maux qui
rongent le pays est tout aussi prioritaire. Ces
gouvernements auront choisi en quelque
sorte la solution de facilité, à savoir recourir
de manière de plus en plus fréquente à
l'emprunt sur les marchés financiers ou
auprès d'institutions monétaires. Utile
lorsqu'il s'agit de faire de l'investissement
productif, l'emprunt devient ravageur
lorsqu’il sert à combler le déficit du budget
de l'Etat et à rembourser d’anciens prêts,
alors que l’argent est là, les signes
d'enrichissement d'une minorité étant
éminemment visibles. L’Etat, qui dispose du
levier de l’impôt, n’y fait pas appel…
Alors, pour tenter de calmer le
mécontentement qui se manifeste
aujourd'hui en plusieurs endroits du pays, en
particulier dans les régions délaissées de tout
temps, on démet des délégués, on change
des gouverneurs, mais sans rien changer en
réalité.
Aujourd'hui, et plus que jamais au vu de
l'étroitesse de vue des gouvernants
successifs, le Front Populaire a une mission :
c'est celle de bâtir l'alternative, faire des
choix, proposer des solutions courageuses,
mais aussi se préparer à accéder
démocratiquement au pouvoir. A cela
néanmoins un préalable : celui de la mise en
place de structures qui s'appuient sur les
militants, qui respectent leurs voix, en
s'ouvrant à celles et ceux qui partagent nos
valeurs communes : progrès social, égalité et
dignité pour tous.
Au Qotb nous sommes attachés à ce projet,
le seul qui à terme a des chances de sauver
le pays.
Bonne lecture !
A intervalle régulier,
desdiatribes
provenant de divers bords
visent les Tunisiens bi-
nationaux. Les arguments
avancés pour donner un
semblant d’explication
rationnelle à ce rejet vont
de l’intérêt supérieur de la
nation, aux conflits
d’intérêts potentiels qu’il
faut éviter à tout prix, en
passant par la supposée
méconnaissance du pays
attribuée à ces Tunisiens,
suspects, forcément
suspects. Cette litanie est
courante chez
les populistes
de tout acabit
dans le monde,
notamment
dans les milieux
d’extrême-
droite. Jusque-
là rien
d’extraordinaire
sachant que la
bêtise n’a pas
de frontières.
Sauf qu’en
l’occurrence,
voilà que
certaines
personnalités considérées
comme « intellectuelles » dans
notre pays n’ont trouvé rien de
mieux que de la reprendre à
leur compte.
La dernière en date, Mme
Kelthoum Kennou, magistrat,
opposante au régime de Ben
Ali et candidate à l’élection
présidentielle en 2014, vient de
faire sensation en publiant sur
son profil Facebook, une
tribune adressée au nouveau
chef du gouvernement dans
laquelle elle le met en garde
contre la nomination de
ministres bi-nationaux. Cette
éminente personnalité prétend
que de nombreux pays(dont la
France) l’interdisent.
Malheureusement pour Mme
Kennou, de nombreux
ministres français sont bi-
nationaux, y compris le premier
d’entre eux. C’est dire le degré
de sérieux d’une pourtant ex-
candidate à l’élection
présidentielle. Quelques temps
au paravant, Mme Olfa
Youssef,
islamologue
réputée (pour
son opposition
aux islamistes
et son soutien
à l’actuel
président de la
République)
considérait que
nous devrions
– à l’instar de
notre voisin
algérien –
adopter une loi
empêchant les
bi-nationaux d’accéder aux
plus hautes fonctions
publiques. Il est vrai que le
régime algérien représente un
exemple de démocratie et de
pertinence institutionnelle tel
que nous serions stupides de
ne pas nous en inspirer.
Même si ces interventions
provocatrices qui utilisent un
argumentaire médiocre (pour
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Al-Qotb est membre du Front Populaire
Esprits étriqués
Ne faut-il pas en appeler à la solidarité
de tous les Tunisiens, sans exclusive,
pour résoudre ces problèmes plutôt que
de diviser et de rejeter ?
Travail - Liberté - Justice sociale
Le bulletin d'Al-Qotb France
NUMÉRO 15
Septembre 2016
Editorial
2. ne pas dire mensonger),
desservent à l’évidence leurs
auteurs, force est de constater
que ce « débat » récurrent en
dit long sur l’état d’esprit de
beaucoup en Tunisie. En effet,
s’il faut rappeler que tout pays
(surtout quand il est petit
comme le nôtre), a besoin de
sa diaspora pour se développer
(à tous points de vue : en
termes économiques et de
compétences dans tous les
domaines, d’ouverture à
d’autres cultures); qu’en
l’occurrence, cette diaspora
représente 10% des Tunisiens,
parmi lesquels les 2/3 sont bi-
nationaux, sans compter tous
ceux qui vivent en Tunisie
même ; que l’on peut avoir une
connaissance fine du pays que
l’on soit bi-national ou pas ; en
un mot, comme en cent que
l’on peut être évidemment
profondément attaché à son
pays même si l’on est détenteur
d’une autre nationalité : toutes
ces bonnes raisons
n’empêcheront pas la
propagation d’idées
nauséabondes qui visent à
exclure, excommunier,
stigmatiser.
Cet état d’esprit est le même
qui prétend cataloguer les
Tunisiens en bon ou mauvais
musulman ou encore en « fils
de bonne famille » ou en
vaurien, pour ne prendre que
les exemples les plus courants.
Il dénote du mépris dont font
preuve ces esprits étriqués. Plus
encore : de leur inculture.
Celle-là même qui cache
(pensent-ils) le vide abyssal de
leur pensée. Pourtant, les sujets
de préoccupation ne
manquent pas dans notre pays
: comment préserver nos
libertés chèrement acquises,
comment mieux répartir les
richesses alors que les
inégalités menacent notre
cohésion sociale, comment
sortir la Tunisie de la situation
difficile dans laquelle elle se
trouve ?
Ne faut-il pas en appeler à la
solidarité de tous les Tunisiens,
sans exclusive, pour résoudre
ces problèmes plutôt que de
diviser et de rejeter ? Comme le
disait Romain Gary, « le
patriotisme, c’est l’amour des
siens, le nationalisme, la haine
des autres ». En ces temps
troublés, la haine des autres
prospère partout dans le
monde. La Tunisie n’en est
malheureusement pas
épargnée.
La violence routière tue beaucoup en Tunisie.
Combien de vies fauchées, de corps mutilés, de
familles éplorées faudra-t-il encore décompter avant
que les pouvoirs publics ne réagissent ? Le drame
survenu cet été à Kasserine et qui a coûté la vie à au
moins 16 personnes et qui en a blessé plus de 80, a
suscité beaucoup d’émotions, quelques réactions
indignées et l’ouverture d’une enquête demandée
par le chef du gouvernement lui-même ; et après ?
Quiconque emprunte les routes de Tunisie connait
les causes évidentes de cette catastrophe nationale :
vitesse excessive, vétusté de certains véhicules qui
s’apparentent à d’authentiques engins de mort et
surtout irrespect manifeste du code de la route. Que
faut-il faire face à ce fléau ? La réponse est connue :
punir et prévenir.
Des solutions existent: formation et présence
d’agents de la circulation (eux-mêmes contrôlés
pour éviter tout abus) afin de faire respecter
strictement le code de la route, de la supposée
«petite» à la plus grande infraction ; instauration
d’un permis à points et sanctions proportionnées;
stage obligatoire de prévention routière ponctué
d’un examen avant de récupérer son permis ;
contrôles techniques nombreux (pour éviter
l’encombrement) et fiables (c’est-à-dire sans
corruption possible) ; campagnes de prévention
répétées dans les médias et aussi dès l’école et
jusqu’au lycée. Quant au civisme, c’est notre affaire à
tous mais l’exemple doit venir des gouvernants (qui
doivent être exemplaires à tous points de vue) et son
apprentissage commence – là aussi - dès le plus
jeune âge.
Pour cela, faut-il encore en avoir la volonté et s’en
donner les moyens. Sur ce sujet (comme dans bien
d’autres domaines), le gouvernement agit-il ? Force
est de constater qu’il n’en est malheureusement
rien.Il faut que cela change car la sécurité et la
liberté des Tunisiens de circuler en toute quiétude
sont en jeu. L’hécatombe doit cesser.
Zoom
NUMÉRO 10 - MARS 2015Le bulletin d'Al-Jabha
Front Populaire de Tunisie - Coordination Ile de France
Le bulletin d'Al-Qotb France
NUMÉRO 15
Septembre 2016
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Dernière minute :
Censure à Tunis, assassinat à Amman et bombes à Alep : ça suffit !
Les faits sont de nature différente et de gravité incomparable mais ils suscitent tous l’inquiétude et la
révolte. A Tunis, un film iranien est censuré par les autorités (sans l’avoir vu) au prétexte qu’il pourrait
comporter des « images » du prophète. A Amman, un écrivain jordanien est assassiné sur les
marches du palais de justice où il se rendait pour répondre du crime « d’offense à Dieu ». Qu’avait-il
donc fait ? Partager une caricature (dont il n’était pas l’auteur) qui n’a manifestement pas plu. A
Alep, des milliers de civils (dont de nombreux enfants) sont terrassés par les tapis de bombes qui
s’abattent du ciel, sans même que les convois humanitaires puissent un tant soit peu les secourir.
Face à ces dérives liberticides et à ces crimes, oui, ça suffit !