Consultations entre les Canadiens ainsi que leurs partenaires afin de recentrer l’aide internationale du Canada sur l’appui aux personnes les plus pauvres et les plus vulnérables et le soutien aux États fragiles, et de veiller à ce que leurs priorités en matière d’aide internationale concordent avec le Programme 2030. Il s’agit donc pour les Canadiens de repenser leurs politiques et leurss programmes d’aide internationale, afin de pouvoir mieux répondre aux problèmes et saisir les possibilités propres au nouveau contexte mondial.
2. TABLE DES MATIÈRES
3 Message de la ministre
4 Le contexte mondial
8 L’aide internationale du Canada
10 Renouveler l’aide internationale du Canada
12 Questions stratégiques : Santé et
droits des femmes et des enfants
15 Questions stratégiques : Croissance économique
propre et changements climatiques
18 Questions stratégiques : Gouvernance, pluralisme,
diversité et droits de la personne
20 Questions stratégiques : Paix et sécurité
22 Questions stratégiques : Répondre aux situations
de crise humanitaire et aux besoins des
populations déplacées
24 Obtenir des résultats
24 Améliorer l’efficacité et la transparence
25 L’innovation
26 Les partenariats
28 Principaux documents de référence
6. 6 | Examen de l’aide internationale
quitter leur foyer et à se placer en situation incertaine et
dangereuse. À l’échelle mondiale, une personne sur 122 est
aujourd’hui un réfugié, une personne déplacée à l’intérieur
de son propre pays ou un demandeur d’asile5
. La durée
moyenne des situations de déplacement est aujourd’hui
de 17 ans6
. Des personnes désespérées entreprennent de
longs et périlleux voyages en quête d’une nouvelle vie,
mais elles se heurtent à de fortes oppositions et à un mépris
croissant de leurs droits et de leur dignité.
Le réseau d’intervention humanitaire subit d’énormes
pressions. Le montant total des appels humanitaires
des Nations Unies a presque quadruplé au cours des dix
dernières années, passant de 5,9 milliards à 20,1 milliards
de dollars américains7
.
Lesmoyensdesubsistance,lasantéetlasécuritédemillions
d’habitantsdespaysendéveloppementsontdirectement
menacésparleseffetsdeschangementsclimatiques,par
exemplelamodificationdesconditionsmétéorologiques
etl’élévationduniveaudelamer.Danscertainspays,les
changementsclimatiquesrisquentderéduireànéantles
gainséconomiquesetsociauxdurementacquis.
Il reste beaucoup à faire pour réussir à éliminer la pauvreté,
et la façon dont nous nous y prenons est cruciale. L’aide au
développement officielle (ADO) est une ressource clé pour
les pays les moins développés. Toutefois, les fonds privés
que reçoivent les pays en développement (par exemple, les
sommes envoyées par des particuliers à leurs proches et les
investissements du secteur privé) dépassent aujourd’hui
l’ADO et les autres apports du secteur public.
Une mobilisation accrue des ressources intérieures, par
une bonne gestion des taxes et des droits de douane par
exemple, peut accroître considérablement les moyens dont
dispose un pays pour offrir des services sociaux de base et
s’attaquer à la pauvreté.
L’écosystème du développement a également changé.
De plus en plus, des puissances émergentes et des
pays à revenu intermédiaire fournissent une aide
internationale, parfois par l’entremise de nouveaux
mécanismes et de nouvelles institutions. D’importantes
fondations philanthropiques se retrouvent au premier
plan des interventions mondiales touchant des difficultés
fondamentales de développement, y compris au moyen de
la collaboration avec le secteur privé. Des organisations de
Figure 1 : Les objectifs de développement durable tels qu’ils sont définis dans le document Transformer notre monde :
le Programme de développement durable à l’horizon 2030
7. 7 | Examen de l’aide internationale
la société civile (OSC) mettent à contribution de nouvelles
technologies afin de créer des approches novatrices en
matière de développement. Nous devrons collaborer
selon des modes inédits, y compris en nouant différents
partenariats, en activant des coalitions mondiales et en
collaborant avec des acteurs non traditionnels.
Enbref,l’aideinternationaleduCanadasesituedansun
contextemondialquiaévolué.Desprogrèsontétéaccomplis,
maisdesproblèmesinéditsetcomplexesontfaitleur
apparition.Ilestdeplusenplusadmisparlacommunauté
internationalequelaréductiondelapauvreténepeut
procéderqued’uneffortconcertéentredenombreux
acteurs,notammentdesgouvernements,desorganismes
internationaux,desfondations,des OSC,lesecteurprivéet
lescitoyens.
Nous savons que nous pouvons relever ces défis. L’action
coordonnée dont nous avons besoin prend appui sur les
solides fondements de la solidarité mondiale. Des pays
comme le Canada sont poussés par un impératif moral à
offrir une aide internationale non seulement parce que
c’est la bonne chose à faire, mais aussi parce que nous
reconnaissons que l’avènement d’un monde pacifique, juste
et prospère est dans notre meilleur intérêt à tous.
Il est encourageant de constater que ce mouvement
est amorcé. Avec l’adoption par l’ONU du document
Transformer notre monde : le Programme de
développement durable à l’horizon 2030 (le
« Programme 2030 ») ainsi que l’adoption du Programme
d’action d’Addis-Abeba issu de la troisième Conférence
internationale sur le financement du développement,
l’année 2015 a représenté un tournant pour la
communauté internationale en raison de la mise en place
d’une approche concertée pour faire face à ces problèmes
mondiaux8
. En voici les principales caractéristiques.
▪▪ L’interconnectivité. Le Programme 2030 préconise
une action concertée axée sur les 17 objectifs de
développement durable (ODD) qui visent à éliminer
la pauvreté « en ne laissant personne de côté ». Les
ODD s’attaquent aux problèmes mondiaux liés à la
prospérité, à l’avenir de la planète, aux populations,
à la paix et au partenariat (voir la figure 1). Ils sont
aussi interreliés. Par exemple, nous ne pouvons pas
régler le problème de l’éducation sans tenir compte du
problème de la faim, qui à son tour exige que nous nous
attardions aux problèmes de paix et de justice, et ainsi
de suite.
▪▪ L’universalité. Nous menons, ensemble, le même
combat. Les problèmes mondiaux sont communs :
aucun pays ne peut agir seul. Les ODD sont universels
et ils concernent tant les pays développés que les pays
en développement, les questions nationales aussi bien
qu’internationales.
▪▪ Uneffortmondial. Pour nous attaquer aux problèmes
mondiaux, il nous faudra mobiliser des ressources
diversifiées — c’est-à-dire dépasser de beaucoup ce
que peuvent fournir les donateurs traditionnels (les
gouvernements). Nous devons mobiliser des fonds
à l’échelle nationale (taxes, investissements privés),
accroître le commerce international et établir des
partenariats qui tirent parti des points forts et du savoir
faire d’un plus grand nombre d’acteurs. Nous avons
aussi besoin de nous appuyer sur une « révolution des
données » et de continuer à investir dans la recherche et
les connaissances à l’échelle locale afin que les décisions
soient fondées sur les meilleures données factuelles
disponibles et que nous puissions mieux mesurer les
progrès accomplis.
En 2015, le premier ministre Trudeau s’est joint à d’autres
dirigeants mondiaux pour adopter l’Accord de Paris
sur les changements climatiques, un accord historique
qui préconise l’adoption par tous les pays de mesures
ambitieuses visant une économie mondiale axée sur
de faibles émissions et résiliente aux changements
climatiques.
Si l’année 2015 a été celle de la définition du nouveau
programme mondial, l’année 2016 doit être celle où nous
amorcerons la mise en œuvre de ce programme. Il incombe
maintenant aux pays et aux populations de partout dans
le monde d’appuyer et de mettre pleinement en œuvre les
ODD, et de donner suite aux engagements en matière de
changements climatiques. Le Canada peut jouer un rôle
important à cet égard, en prenant comme cadre d’action le
nouveau programme mondial.
8. 8 | Examen de l’aide internationale
L’AIDE INTERNATIONALE
DU CANADA
Les Canadiens sont des gens compatissants. Ils
souhaitent que leur gouvernement respecte les valeurs
qui leur sont chères, notamment l’importance d’une
gouvernance inclusive et responsable, la responsabilité
environnementale, le respect des droits de la personne
et de la diversité, et la générosité d’esprit. Par son aide au
développement, le Canada contribue à réduire la pauvreté,
à offrir de nouvelles perspectives aux personnes les plus
pauvres et les plus marginalisées du monde et à bâtir des
sociétés plus inclusives. Notre aide humanitaire permet
de sauver des vies et d’atténuer la souffrance. Notre aide
internationale contribue également à promouvoir la paix
et la sécurité, et elle permet aux pays en développement
de tirer profit du commerce mondial. L’aide internationale
profite au reste du monde, mais aussi au Canada et à la
population canadienne, car chacun bénéficie d’un monde
plus stable, plus pacifique et plus prospère.
Le Canada est depuis longtemps un donateur actif et
engagé sur le plan international. En 1950, il s’est joint
au Plan de Colombo visant à soutenir le développement
économique et social dans la région Asie-Pacifique.
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PAYS EN DÉVELOPPEMENT CIBLÉS
PAYS PARTENAIRES DU DÉVELOPPEMENT
Afghanistan
Ukraine
Jordanie
Pakistan
Bangladesh
Vietnam
Indonésie
Mozambique
Afrique du Sud
Tanzanie
Éthiopie
Ghana
Mali
Sénégal
Colombie
Programme pour les Caraïbes
Cuba
Pérou
Bolivie
Haïti
Cisjordanie et
bande de Gaza
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Égypte
Maroc
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Soudan
du Sud
République démocratique du Congo
Nicaragua
Honduras
Guatemala
Nigéria
Bénin
Burkina Faso
Kenya
Mongolie
Sri Lanka
Myanmar
Iraq
Philippines
LespaysendéveloppementciblésetlespayspartenairesdudéveloppementbilatérauxduCanada
ADRACanada/FrankSpangler
9. 9 | Examen de l’aide internationale
En 1968, il a mis sur pied l’Agence canadienne de
développement international et en 1970, le Centre de
recherches pour le développement international (CRDI).
Le Canada a aussi été un membre fondateur du Comité
d’aide au développement de l’Organisation de coopération
et de développement économiques (OCDE). Au fil des ans,
le Canada a dirigé ou appuyé des initiatives mondiales
axées sur la croissance économique durable; la sécurité
alimentaire et la nutrition; l’égalité entre les sexes; la
santé; l’éducation; la démocratie et la gouvernance; la
stabilisation et la reconstruction.
Grâce à ces efforts, le Canada s’est taillé une solide
réputation d’efficacité en matière de collaboration avec
des partenaires de pays en développement en Asie, en
Afrique, en Europe, en Amérique latine et dans les Caraïbes.
En travaillant avec des partenaires du Canada et de
partout dans le monde, y compris d’autres donateurs, des
organisations internationales comme les Nations Unies et la
Francophonie, des institutions financières internationales,
des OSC, des chercheurs et des innovateurs ainsi que le
secteur privé, nous avons obtenu des résultats concrets
dans des secteurs comme l’agriculture, l’eau, la santé,
la gestion des ressources naturelles, l’administration
publique, l’infrastructure et l’énergie.
L’engagement du Canada envers un développement fondé
sur des principes est inscrit dans le droit. La Loi sur la
responsabilité en matière d’aide au développement
officielle précise que la réduction de la pauvreté est
l’élément central de l’ADO9
du Canada. La ministre du
Développement international a pour mandat de « favoriser
le développement international durable, de réduire la
pauvreté dans les pays en développement et de fournir une
aide humanitaire en temps de crise10
».
11. 11 | Examen de l’aide internationale
Danscetexamen,nousnouspencheronsenoutresur
lafaçondontleCanadapeututilisersesressourcesde
manièreoptimalepours’attaquerauxproblèmesmondiaux
enmatièred’aideinternationaleetobtenirlemaximum
derésultats.Nousdevronsenvisagerdesapprocheset
despartenariatsnouveauxetnovateurs.Ilnousfaudra
aussiaméliorerlesmécanismesetlesprocessusdenos
programmesainsiquenosdispositifsdefinancementpour
lesassouplir,lesadapteretlesrendreaccessiblesàunplus
grandnombredepartenaires.Nousdevronsrechercherle
meilleuréquilibrepossibleentrelesinitiativesmultilatérales,
l’engagemententrepaysetlesoutienauxeffortsd’aide
internationaleconsentisparlespartenairesduCanada.
Nousprendronsaussiencomptelesleçonstiréesdes
initiativesantérieures,qu’ellesaientétédessuccèsounon.
Cet examen aura pour but de répondre aux questions ci-
dessous.
▪▪ Quelles sont les forces de l’aide internationale
du Canada en matière de développement, d’aide
humanitaire, de sécurité et de stabilisation? Comment
pouvons-nous le mieux positionner ces forces afin
de contribuer à l’avancement du Programme de
développement durable à l’horizon 2030?
▪▪ Quelles sont les priorités qui devraient orienter les
politiques d’aide au développement du Canada? Quelles
sont les activités d’aide internationale que le Canada
devrait réduire ou éliminer progressivement?
▪▪ Comment le Canada peut-il recentrer son aide
internationale de façon à aider les personnes les plus
pauvres et les plus vulnérables et à soutenir les États
fragiles? Que pouvons-nous apprendre de l’expérience
des autres à cet égard?
▪▪ Avec quels partenaires, organisations et institutions
le Canada devrait-il travailler et quelle est la meilleure
façon de le faire?
▪▪ Comment le Canada peut-il acheminer son aide
internationale le plus efficacement possible et mieux en
mesurer les résultats?
Les thèmes ci-dessus sont décrits de façon plus détaillée
dans les chapitres qui suivent. Nous y aborderons aussi
d’autres questions pour mieux orienter nos discussions
avec les Canadiens et avec d’autres partenaires.
13. 13 | Examen de l’aide internationale
plus sûres d’elles-mêmes et plus indépendantes, et
elles n’hésitent pas à s’affirmer. Ces mesures ont aussi
une incidence sur les garçons et les hommes, puisqu’ils
apprennent à valoriser l’égalité et le respect et à s’élever
contre la discrimination. En rendant les jeunes plus
autonomes et en leur offrant des possibilités économiques,
nous contribuons à mettre en place des sociétés inclusives
ainsi que des conditions favorables à la paix et à la stabilité.
L’égalité entre les sexes est source de progrès dans toutes
les sphères sociales. Pour qu’une économie soit forte, il
faut que les femmes et les filles soient traitées comme des
membres à part entière de la société et en toute égalité.
D’ailleurs, la pleine participation des femmes et des filles
réduit la pauvreté, génère une croissance économique
durable, encourage une gouvernance responsable
et favorise la paix et la sécurité. Il est donc essentiel
d’empêcher le recul des engagements internationaux sur
l’égalité entre les sexes qui ont été pris à la Conférence
internationale sur la population et le développement tenue
au Caire en 1994 et dans le cadre du Programme d’action
de Beijing21
de 1995. Nous ne pouvons pas espérer mettre
un terme à la pauvreté dans le monde si la moitié de la
population mondiale ne participe pas à la discussion.
Le Programme 2030 vise à mettre un terme à toutes les
formes de discrimination envers les femmes et les filles,
partout dans le monde, à réaliser l’égalité entre les sexes, et
à faire en sorte que les femmes et les filles deviennent des
citoyennes en bonne santé et productives, et des agentes
de changement dans la société où elles vivent. Il préconise
aussi des investissements au profit des enfants et des
jeunes (garçons et filles), notamment par le truchement
d’un objectif sur l’éducation.
Pour mettre en œuvre ce programme, la communauté
internationale doit s’attaquer à d’innombrables
problèmes, entre autres : l’éducation des filles, la santé
sexuelle et reproductive et les droits qui s’y rattachent;
l’autonomisation économique des femmes; les questions
concernant les femmes, la paix et la sécurité; la
participation des femmes et leur leadership; l’abolition des
mariages d’enfants, précoces et forcés; la violence sexuelle
et toute autre forme de violence fondée sur le sexe.
Réponse du Canada
Le Canada a été l’un des pionniers de l’approche « femmes
et développement » et, depuis les années 1980, fait figure
de chef de file mondial en matière d’égalité entre les
sexes. Depuis près de 20 ans, l’égalité entre les sexes est
un facteur clé des décisions touchant l’aide canadienne
au développement. Le Canada s’est efforcé de faire
progresser les droits et l’autonomie des femmes dans des
domaines comme le travail décent, la sécurité alimentaire,
l’éducation, la santé, et la violence sexuelle et toute autre
forme de violence fondée sur le sexe.
Par exemple, les femmes et les filles sont particulièrement
vulnérables aux épidémies de VIH/sida, de tuberculose
et de paludisme. Il est alarmant de constater que le taux
de nouvelles infections est en croissance dans ce groupe
démographique. C’est la raison pour laquelle le Canada a
promis 785 millions de dollars canadiens au Fonds mondial
de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme au
cours des trois prochaines années de manière à accélérer
les interventions et les secours et sauver de toute urgence
la vie de femmes et de filles. C’est aussi pourquoi le
Canada a également accepté d’être l’hôte de la cinquième
Conférence de reconstitution des ressources du Fonds
mondial en septembre 2016.
Par ailleurs, en République démocratique du Congo, le
Canada appuie les travaux visant à s’assurer que les auteurs
de violence sexuelle et de violence fondée sur le sexe sont
tenus responsables de leurs actes et que des mesures sont
prises pour prévenir ces crimes, y compris dans le cadre
des opérations de maintien de la paix des Nations Unies.
En outre, par l’entremise d’un nouveau partenariat mondial
avec le Fonds des Nations Unies pour la population, le
Canada appuie l’offre de contraceptifs dans les pays en
développement, en vue d’améliorer les services en matière
de santé sexuelle et reproductive.
Le Canada reconnaît l’immense potentiel des enfants et des
jeunes des pays en développement et s’emploie à les aider
à le réaliser pleinement, entre autres par des programmes
axés sur la santé, l’éducation et l’élimination de la violence
à l’endroit des enfants et des jeunes, et cela notamment
en protégeant leurs droits dans les situations de conflit
armé. Par exemple, le Canada a mobilisé la volonté et
l’action politique en vue de protéger quelque 230 millions
d’enfants vivant en situation de conflit. On observe
toutefois dans le monde une augmentation du nombre
14. 14 | Examen de l’aide internationale
d’enfants directement et délibérément ciblés dans les zones
de conflit, notamment ceux qui sont illégalement recrutés
et utilisés comme enfants soldats. Le Canada peut faire
davantage pour prévenir et punir ces graves violations des
droits des enfants.
Dans le domaine de la santé des mères, des nouveau-nés
et des enfants, la contribution du Canada est substantielle.
Toutefois, une approche plus globale s’avère nécessaire.
Cette approche doit s’attaquer aux causes profondes du
niveau élevé de mortalité maternelle et infantile dans les
collectivités, à savoir les grossesses chez les adolescentes,
la violence fondée sur le sexe, l’absence de pouvoir des
femmes quant aux décisions qui ont trait au foyer ainsi que
les besoins à combler en matière de planification familiale.
Une telle approche permettrait entre autres de favoriser
la santé sexuelle et reproductive des femmes et des filles,
particulièrement des adolescentes, ainsi que les droits qui
s’y rattachent. Le Canada a déjà commencé à accroître ses
efforts à ce chapitre.
En avril 2016, le Canada a été désigné pour siéger à la
Commission de la condition de la femme des Nations Unies
de 2017 à 2021 en reconnaissance de sa contribution
constructive aux travaux de la Commission visant à
améliorer les normes internationales sur l’égalité entre les
sexes22
. Cette contribution a consisté notamment à jouer
un rôle de premier plan afin d’en arriver à un accord sur une
position ferme relativement aux principaux travaux de la
Commission, soit les conclusions convenues, concernant
les femmes et les filles autochtones, la société civile et la
lutte pour mettre un terme à la violence faite aux femmes
et aux filles.
Dans le secteur de l’éducation, le Canada cherche à
améliorer l’accès à une éducation de base de qualité et à
promouvoir les compétences pour l’emploi, en particulier
chez les femmes et les jeunes. En prenant appui sur ces
efforts, nous pouvons accroître nos activités afin de faire
échec aux obstacles qui empêchent les enfants, surtout
les filles, de terminer leurs études secondaires, y compris
en recevant une éducation formelle et informelle dans les
situations de conflit et de crise.
LeCanadaestrésoluàpromouvoirl’égalitéentrelessexeset
l’autonomisationdesfemmesetdesfillesd’icietd’ailleurs.
Ilrestetoutefoisbeaucoupdetravailàfaire.C’estpourquoi
notresavoir-faireetnotreleadershipsontplusimportants
quejamaisauparavant.Nouspouvonsfaireplus.
Thèmes de discussion
▪▪ Fort de notre résolution à faire appel à une
approche féministe et l’appui que nous
accordons à l’objectif d’égalité entre les sexes
que préconise le Programme 2030, sur quels
aspects le Canada devrait-il concentrer son
aide internationale dans ce domaine? Le
Canada peut-il saisir certaines occasions pour
démontrer qu’il maintient ou renouvelle son
leadership en matière d’autonomisation des
femmes et d’égalité entre les sexes?
▪▪ Comment les efforts du Canada en matière
d’autonomisation et de bien-être peuvent-ils
mieux servir les intérêts des enfants et jeunes,
y compris dans le secteur de l’éducation?
▪▪ Quel rôle stratégique le Canada peut-il jouer
dans la poursuite des ODD reliés à la santé
de manière à améliorer la santé des femmes
et des filles, notamment des adolescentes,
plus particulièrement leur santé sexuelle et
reproductive et les droits qui s’y rattachent?
16. 16 | Examen de l’aide internationale
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat estime que les changements climatiques
menacent gravement le développement durable et que
leurs répercussions toucheront tous les secteurs25
. En
effet, les changements climatiques et la détérioration
de l’environnement sont souvent liés directement à des
enjeux de développement comme la santé, l’égalité entre
les sexes, la paix et la sécurité. Il apparaît de plus en plus
évident que les effets combinés de la croissance rapide de
la population dans les régions à risque, de la détérioration
de l’environnement et de l’impact des changements
climatiques accroîtront la fréquence et l’ampleur des
migrations et des déplacements causés par des facteurs
environnementaux.
Le Programme 2030 reconnaît que pour en arriver à un
développement véritablement durable, des mesures
concertées doivent être prises d’urgence. De telles mesures
sont nécessaires pour maîtriser la situation et s’adapter aux
changements climatiques, pour instaurer des pratiques
de croissance plus inclusives et plus durables sur le plan
environnemental et qui s’adressent aux pauvres, dans des
domaines comme l’énergie, la consommation, l’agriculture
et la gestion des terres et de l’eau. La croissance
économique propre exige de nouvelles connaissances et
de nouvelles compétences. Pour que les plus pauvres et
les plus vulnérables puissent profiter des progrès sociaux,
économiques et technologiques, il est essentiel de leur
offrir la possibilité de recevoir de la formation et d’acquérir
des compétences.
Réponse du Canada
Nous pouvons partager avec d’autres pays les
enseignements tirés de nos expériences canadiennes.
Le Canada reconnaît l’importance de la croissance
économique pour réduire la pauvreté et promouvoir la
prospérité collective. Afin de favoriser des investissements
de la part du secteur privé et la croissance de celui-ci, le
Canada a aidé des pays en développement à créer des
environnements favorables aux affaires, tout en soutenant
la croissance des petites entreprises et des entrepreneurs
et en offrant l’accès à des fonds et à des crédits, à des
services de soutien aux entreprises et à de la formation
professionnelle et technique. Par exemple, en partenariat
avec la société civile et le secteur privé, le Canada aide la
population de Quirulvilca au Pérou (surtout les femmes, les
jeunes et les personnes handicapées) à jouer un rôle plus
actif dans la planification locale. Ce projet offre aussi des
prêts à de jeunes entreprises et aide les dirigeants locaux à
promouvoir le développement durable.
L’égalitéentrelessexes,lagouvernanceetlaviabilité
del’environnementsontintégréesàcesefforts.Nos
programmesdecroissanceéconomiquesontfortementaxés
surl’autonomisationdesfemmesetdesjeunes.LeCanada
reconnaîtparailleursquedesentreprises,desindustries,
dessyndicatsetdesinstitutionsfinancièressolideset
biengéréspeuventfavoriserunecroissanceéconomique
durableetinclusive,etcontribueràlastabilitééconomique
etsociale.Nousmisonssurlesjeunesenleuroffrantdes
possibilitésdes’instruireetdeseformerpourpouvoirjouer
unrôleactifdansleurcollectivitéetdanslasociété.
Nous accordons aussi une grande importance à
l’agriculture durable du point de vue de l’environnement,
un secteur crucial pour la sécurité alimentaire et la création
d’emplois. Par exemple, le Canada a donné une formation à
de petits exploitants agricoles pour les initier aux pratiques
de l’agriculture intelligente face au climat, contribuant ainsi
à jeter les bases d’une croissance propre tout en améliorant
la sécurité alimentaire.
La lutte contre les changements climatiques est une
responsabilité mondiale collective26
. Cela nous concerne
tous. Le Canada envisage les changements climatiques
comme un enjeu, mais également comme une occasion
à saisir, notamment pour les pays en développement.
S’attaquer aux changements climatiques permet de jeter
les bases d’une économie fondée sur une croissance
propre et durable du point de vue de l’environnement,
qui favorisera la création de nouveaux emplois. C’est là
une occasion de travailler de concert avec les pays en
développement partenaires du Canada en vue de repenser
et d’améliorer tous les aspects de l’activité humaine — aussi
bien l’énergie ou les transports que la planification urbaine
— pour qu’ils reposent sur une assise viable.
Le premier ministre Trudeau a annoncé que le Canada
accroîtrait son soutien aux mesures climatiques, en
versant 2,65 milliards de dollars — un sommet historique
au chapitre du financement — pour aider les pays en
développement à agir en matière de changements
climatiques27
. Cette somme comprend un soutien à des
pays en développement pour qu’ils progressent vers une
économie à faible émission de carbone, qu’ils protègent
leurs ressources naturelles et les gèrent de façon viable
et qu’ils s’adaptent aux effets négatifs des changements
climatiques.
Les problèmes sont évidents. Tous les pays doivent chercher
à favoriser une croissance économique inclusive, propre
et durable. Par l’entremise de son aide internationale,
le Canada doit trouver des moyens d’appuyer les efforts
17. 17 | Examen de l’aide internationale
que déploient les pays en développement pour que
leur croissance économique profite à l’ensemble de leur
population, sans accroître les risques environnementaux
ni exacerber les répercussions négatives des changements
climatiques. Le Canada peut contribuer à l’atteinte de cet
objectif en s’associant à divers acteurs œuvrant dans des
secteurs tels que l’énergie propre, l’agriculture, la foresterie
et l’eau – un élément essentiel pour assurer la viabilité
de l’environnement et lutter contre les changements
climatiques. Le Canada travaille de concert avec les
provinces et les territoires pour atteindre ses objectifs
nationaux et fournit sa part d’efforts pour aider les pays en
développement à respecter leurs engagements au chapitre
du climat.
Thèmes de discussion
▪▪ Quels sont les domaines dans lesquels le
Canada a apporté une valeur ajoutée en
favorisant la promotion d’une croissance
économique durable et propre?
▪▪ Comment le Canada peut-il aider les pays en
développement à s’adapter aux changements
climatiques et à en atténuer les effets?
▪▪ En matière de climat et d’environnement,
existe-t-il des créneaux (par exemple l’eau,
la biodiversité, l’utilisation des terres,
l’agriculture, l’énergie) vers lesquels le
Canada pourrait davantage orienter son aide
internationale?
19. 19 | Examen de l’aide internationale
spécifiques en matière de gouvernance. Par exemple, l’aide
du Canada a soutenu la réforme de la justice en Cisjordanie
et à Gaza, amélioré le recouvrement des impôts au Mali et
renforcé les institutions gouvernementales en Ukraine.
Le Canada a toujours défendu avec vigueur sur les tribunes
internationales la protection des droits de la personne
— y compris les droits des femmes et des filles — et la
promotion des valeurs démocratiques. Selon le droit
canadien, toute forme d’ADO consentie par le Canada doit
se conformer aux normes internationales en matière de
droits de la personne.
Le fait de bâtir une société pacifique et pluraliste où
la diversité est perçue comme une force, où les droits
de la personne sont respectés et où l’inclusion et la
bonne gouvernance vont de soi peut sembler un défi
colossal, mais il est possible de progresser en ce sens. Nos
expériences — tant nos réussites que nos échecs — peuvent
inspirer d’autres pays dont les populations se diversifient
de plus en plus. Le Canada possède de riches ressources à
partager, dans son secteur public, dans ses universités, ses
organismes communautaires, ses organismes judiciaires et
électoraux, ses organisations professionnelles et syndicales
ainsi que dans le secteur privé.
Le fait que le Canada soit un pays démocratique bilingue,
multiethnique, ayant une approche inclusive de la diversité
et de la citoyenneté, et dont la société civile est dynamique,
nous permet de travailler de façon constructive avec
d’autres sur des questions touchant la responsabilité,
l’inclusion et le pluralisme. Pour reprendre les paroles du
premier ministre Trudeau, « Nous savons gouverner de
manière inclusive, transparente, respectueuse et efficace.
Nous pouvons transmettre ce savoir-faire à d’autres pays et
à leurs citoyens28
. »
Nous devrions étudier les possibilités d’intensifier les
efforts que déploie le Canada pour soutenir la gouvernance
inclusive et responsable. Nous devrions envisager de
nouvelles façons de promouvoir le respect des droits de
la personne, y compris en explorant une approche du
développement fondée sur ces droits. Nous devrions
réfléchir à la façon de faire participer davantage les
jeunes à l’élaboration de politiques et aux actions qui en
découlent. Nous devrions trouver de nouvelles façons de
travailler à l’échelle locale, en particulier pour soutenir
les organisations de la société civile. Nous devrions être
plus innovants lorsqu’il s’agit de promouvoir l’inclusion
numérique, par exemple en exploitant la technologie au
profit de l’engagement civique et du développement de la
démocratie.
Thèmes de discussion
▪▪ Comment le Canada peut-il aider à mettre
en œuvre l’objectif 16 du Programme 2030,
afin de promouvoir des sociétés pacifiques et
inclusives, d’assurer l’accès à la justice pour
tous et d’instaurer des institutions efficaces,
responsables et inclusives à tous les niveaux?
▪▪ Comment le Canada peut-il promouvoir
l’inclusion, faire progresser le respect de la
diversité et défendre les droits de la personne?
▪▪ Dans quels domaines reliés à la gouvernance
l’aide internationale du Canada peut-elle avoir
la plus grande influence?
21. 21 | Examen de l’aide internationale
L’aide internationale du Canada peut contribuer à
promouvoir des conditions propices à la paix et à la
prospérité en appuyant des sociétés plus inclusives et
pacifiques gouvernées par des institutions légitimes et
responsables. Par exemple, le Canada offre des formations
pour aider les collectivités à remédier au crime et à la
violence, particulièrement en ce qui concerne les jeunes.
Conscient des liens étroits entre la paix, la stabilité et
l’égalité entre les sexes, le Canada favorise la participation
égale des femmes aux processus de prise de décision. Il
veille aussi à ce que l’on tienne compte des points de vue et
aspirations des femmes dans le maintien et la consolidation
de la paix et de la sécurité, et qu’on les soutienne dans
leur rôle d’agentes de changement. Le Canada accroît
également ses efforts en vue d’éliminer la violence faite
aux femmes et aux filles, notamment en luttant contre
l’impunité des auteurs d’actes de violence sexuelle et de
toute autre forme de violence fondée sur le sexe, et en
travaillant auprès des garçons et des hommes pour qu’ils
apprennent à respecter les filles et les femmes.
La stabilisation consiste à prendre les mesures nécessaires
au bon moment pour prévenir les conflits violents et pour y
réagir. L’aide fournie a pour but de mettre fin à la violence,
d’assurer la prestation de services de sécurité de base, de
préparer le terrain pour un dialogue politique et de trouver
des solutions au conflit. Un aspect important des efforts de
stabilisation du Canada consiste à appuyer la prévention
des conflits, la médiation et les efforts de reconstruction
à la suite d’un conflit de même que les opérations de
consolidation de la paix. Par exemple, le Canada a fourni un
soutien au processus de paix en Colombie et à la mission
de surveillance spéciale de l’OSCE en Ukraine. Un soutien a
aussi été fourni, par l’entremise de mécanismes des Nations
Unies, aux secteurs de l’Iraq récemment libérés de l’emprise
de le soi-disant l’État islamique en Iraq et au Levant (EIIL)29
.
De nombreux États ont besoin du soutien d’autres pays
pour relever les défis liés à la sécurité sur leur territoire et à
leurs frontières, de la criminalité au terrorisme, en passant
par la prolifération des armes, la traite des personnes et
le trafic de biens illicites. Par exemple, le Canada aide
des pays à renforcer leurs mécanismes d’application de
la loi, tant au stade de la prévention que des poursuites,
afin qu’ils soient mieux préparés à répondre aux incidents
criminels ou terroristes. Certaines de ces activités sont
menées en partenariat avec le ministère de la Défense
nationale et les Forces armées canadiennes, qui offrent
également de la formation pour renforcer les capacités
dans le secteur de la sécurité. Offrir une expertise
technique aux États confrontés à des problèmes de sécurité
permet par ailleurs de réduire les menaces qui guettent le
Canada et sa population.
Le Canada travaille sur une série d’initiatives de paix et
de sécurité en étroite collaboration avec ses alliés, les
institutions multilatérales, comme les Nations Unies
et l’Organisation pour la sécurité et la coopération en
Europe, et avec d’autres acteurs. Par exemple, le Canada
a fourni une aide juridique aux équipes de négociation de
l’opposition en Syrie et aux responsables des enquêtes sur
les crimes de guerre en Iraq.
La violence et les conflits, y compris le terrorisme et la
criminalité transnationale, ont considérablement évolué
ces dernières années et ils continuent de faire obstacle à
la stabilité et de nuire au développement durable. Pour
affronter ces problèmes, le Canada doit faire en sorte
que son aide internationale permette le développement
de sociétés justes, pacifiques et inclusives, favorise la
stabilité dans les États fragiles et touchés par des conflits
et contribue à faire diminuer les menaces qui guettent les
Canadiens et les populations touchées.
Thèmes de discussion
▪▪ Quelles sont les forces sur lesquelles le Canada
devrait miser pour répondre aux défis en
matière de paix et de sécurité?
▪▪ Comment le Canada peut-il harmoniser ses
efforts en matière d’aide internationale avec
les approches internationales, y compris le
Programme 2030?
▪▪ Quel genre de partenariats le Canada devrait-il
rechercher en matière d’aide internationale
pour atteindre ses objectifs de paix et de
sécurité?
23. 23 | Examen de l’aide internationale
Lesdonateursdoiventtravailleravecunpluslargeéventail
departenaires,particulièrementdepartenaireslocaux,
danslesrégionstouchéesparunecrise.Lesacteursde
l’aideaudéveloppement,parexemple,pourraientenfaire
davantagedanslesÉtatsfragilesetdanslessituationsde
crisehumanitairepoursouteniràpluslongtermel’emploi,
lelogementoul’éducation.Lesprogrammesdepaixetde
sécurité—souventmisenplacedanslesillageimmédiatde
laviolence—peuventjeterlespontspourreconstruireles
institutionsnécessairesaurétablissementdurable.Lesacteurs
humanitaires,ycomprislesOSC internationales,doiventaussi
évaluercommentmieuxbâtiretsoutenirl’actionlocale.
Le Programme 2030 reconnaît que la fréquence accrue
et l’intensification des catastrophes naturelles, des
conflits, des déplacements forcés et des menaces à la
santé mondiale peuvent réduire à néant une bonne part
des progrès accomplis au cours des dernières décennies
en matière de développement. Le Sommet humanitaire
mondial de mai 2016 cherchera à réaffirmer l’engagement
mondial envers l’humanité et les principes humanitaires
et à susciter des engagements concrets en vue d’améliorer
l’action humanitaire.
Réponse du Canada
Le Canada est un chef de file de l’aide humanitaire et un
ardent promoteur et défenseur des principes humanitaires.
En 2015, le Canada s’est classé au septième rang mondial
des donateurs bilatéraux de fonds32
pour l’aide humanitaire.
Le Canada a également travaillé à renforcer le système
humanitaire au sens large, et il a joué un rôle important
dans la mise en place des Principes et bonnes pratiques
préconisés par l’initiative « Good Humanitarian Donorship »
(initiative sur les principes et bonnes pratiques des bailleurs
de fonds humanitaires33
), lesquels visent à rendre plus
efficaces les interventions à l’échelle mondiale, à l’heure où
les besoins humanitaires sont grandissants.
Le Canada continue également d’explorer des façons
plus novatrices de résoudre les crises humanitaires. Par
exemple, le Canada cherche à accroître la résilience en
renforçant, le cas échéant, les capacités à long terme
des gouvernements locaux à fournir les services publics
et sociaux essentiels. En Jordanie, par exemple, là où la
plupart des réfugiés syriens ne vivent pas dans des camps,
mais dans des collectivités, nous aidons des municipalités
à fournir des services de base tels que l’entretien et la
construction de routes, l’éclairage des rues, la collecte et la
gestion des déchets. Ces projets améliorent les conditions
de vie des réfugiés et de leurs hôtes jordaniens, tout en
contribuant à atténuer les tensions sociales entre ces
communautés.
LeCanadaestdéterminéàrenforcerl’actionhumanitaire
canadienneetinternationale,etilcontinuedechercherà
fournirsonaideaubonmoment,etdefaçonplussouple
etplusprévisible.Denouveauxaccordsdefinancement
pluriannuelsavecdespartenairescléscontribuerontà
accroîtrelaprévisibilitéetàaméliorerlaplanification.
Denouveauxmécanismesdefinancement,telsquedu
financementpréapprouvépourleFondsd’assistance
d’urgenceencasdedésastre,poursoutenirlesinterventions
d’urgencedelaFédérationinternationaledesSociétésde
laCroix-RougeetduCroissant-Rouge,etleFondscanadien
d’aidehumanitaire,géréparlaCoalitionhumanitaire,
devraientpermettreauCanadades’appuyersurl’expertise
decespartenairesdeconfiancepourfourniruneaide
humanitairedemanièrebeaucoupplusrapideetsouple.
Toutefois,lenouveaucontextedanslequelsesituentlescrises
humanitairesnécessitedeseffortscontinusd’innovationet
d’adaptation,etleCanadapourraitenfairedavantage.
Le Canada a respecté son engagement de rétablir
25 000 réfugiés syriens au Canada. En fait, nous avons
même dépassé ce nombre. Tout en continuant d’accueillir
des réfugiés et de les intégrer à la société canadienne,
le Canada collaborera avec d’autres pays pour élargir la
capacité mondiale de rétablissement et de migration, et
fera profiter les autres pays de son expertise en matière
d’intégration des nouveaux arrivants.
Thèmes de discussion
▪▪ Comment le Canada peut-il appuyer des
interventions humanitaires axées sur les
besoins, qui soient efficaces et rapides et qui
reposent sur un soutien à la fois prévisible et
flexible?
▪▪ Comment le Canada peut-il mieux s’engager
à protéger les populations vulnérables en
période de crise et à renforcer le respect des
principes humanitaires?
▪▪ Comment pouvons-nous faciliter des
réponses plus globales et coordonnées aux
besoins des populations touchées par des
crises, et optimiser les effets des initiatives
humanitaires, de développement, de paix et
de sécurité?
26. 26 | Examen de l’aide internationale
Nous pouvons obtenir de meilleurs résultats pour les
personnes les plus pauvres et les plus vulnérables du
monde si nous tirons parti des avancées technologiques
et de la connectivité; des nouveaux modèles
opérationnels, des nouvelles formes de partenariat et
de lignes de conduite de même que des connaissances
comportementales. Grâce à la « révolution des données »,
nous pouvons développer des statistiques nationales
ouvertes de haute qualité et utiliser de façon innovante des
mégadonnées pour suivre plus efficacement les progrès
accomplis et renforcer la responsabilisation.
Nosdécisionsenmatièred’aideinternationaledoiventêtre
fondéessurlesdonnéesprobantesdisponibles,refléterles
prioritésetlesbesoinslocaux,faciliterlaprisederisques
raisonnablesetbénéficierd’unecollaborationdynamique,
ycomprisaveclesautoritéslocalesetlasociétécivile.Les
paysquisontnospartenairesdoiventaussipouvoirmettre
àcontributionleurspropresexpertsetinnovateurs—des
leaderscommeceuxqu’appuieleCentrederecherches
pourledéveloppementinternationalduCanada.Nos
mécanismesdeprogrammationetdefinancementdu
développementdoiventêtremaniablesetréactifs,renforcer
l’autonomiedesacteurslocaux,générerdesmesures
incitativesfavorisantunecollaborationconstructive,et
débouchersurdesinnovationsetdesrésultatsàlafois
efficacesetéconomiques.Nosactionsdiplomatiqueset
commerciales,demêmequenotreaideinternationale,
doiventêtremieuxharmoniséesetmobiliserlesCanadiens
plusactivementetplusouvertement.Unprogramme
d’innovationpourraitnousaideràatteindrecesobjectifs.
LES PARTENARIATS
Envued’atteindrelesODD,leProgramme2030
préconiseunnouveaupartenariatmultipartite
réunissanttouslespaysettouteslesinstitutions,
ainsiqued’autresacteurscommelasociétécivileetle
secteurprivé.QuantauProgrammed’actiond’Addis-
Abebapourledéveloppement,ilreconnaîtlanécessitéde
mobilisertouteslesressourcesdisponibles—enparticulier
lesressourcesfinancièresdusecteurprivé—pouréradiquer
lapauvretéetparveniràundéveloppementdurable.
S’il y a une tradition dont le Canada peut être fier, c’est
celle de mettre sur pied des coalitions internationales et de
coopérer avec des pays et OSC partenaires pour s’attaquer
à des enjeux mondiaux. Il s’agit de la façon de faire
canadienne; elle prend son origine dans une diplomatie
constructive qui met en avant nos intérêts et propose
nos valeurs sur la scène internationale. Nous ne pouvons
toutefois pas nous reposer sur nos lauriers.
Nous devons explorer de nouvelles formes de partenariat
avec un éventail plus large d’acteurs du développement
afin de tirer profit de leurs idées, de leurs actifs, de leur
bonne volonté et de leurs ressources. Nous devons jeter
un regard critique sur la façon dont nous travaillons
avec les OSC locales et internationales, le secteur privé,
les gouvernements locaux et d’autres acteurs de l’aide
internationale, tels que les nouveaux donateurs, les
fondations et les groupes de la diaspora. Il est possible de
dépasser le modèle de partenariat « prestation de services »
pour se rapprocher de nouveaux modèles de collaboration
plus souples. Ces modèles permettent, entre autres, de
mettre à profit et de maximiser les efforts consentis par les
organisations multilatérales, les institutions financières,
d’autres partenaires gouvernementaux, les acteurs locaux
et le secteur privé — chacun d’entre eux se distinguant par
ses actifs, ses connaissances, ses réseaux et ses ressources
financières.
Les OSC canadiennes, internationales et locales sont
des partenaires essentiels en ce qui concerne l’aide
internationale canadienne. Elles ont souvent des
connaissances et des compétences spécialisées, font
preuve de créativité et de souplesse, et disposent de
relations privilégiées au sein des communautés ainsi que
d’un personnel dévoué et compétent. Les OSC locales et
internationales sont souvent les moteurs de l’innovation
et elles jouent un rôle important dans la mobilisation des
citoyens sur des questions clés de développement durable.
Quant aux OSC canadiennes, leur grande diversité est un
atout pour le Canada, car elle lui permet d’explorer des
manières novatrices de s’attaquer aux enjeux des pays en
développement et des États fragiles. Le présent examen
nous fournit l’occasion de voir comment nous pourrions
établir des partenariats plus productifs avec un éventail
plus large d’OSC.
De même, dans notre quête de solutions aux défis
mondiaux, nous pourrions explorer d’autres possibilités
de collaboration avec le secteur privé, tant au Canada que
dans les pays partenaires, en particulier dans des domaines
comme l’énergie propre. Le secteur privé est le principal
moteur de la croissance économique et de l’emploi dans les
pays en développement et les États fragiles auxquels nous
apportons notre aide. En collaborant avec les acteurs du
secteur privé qui adhèrent à des pratiques responsables en
matière de commerce et d’investissement, nous pouvons
progresser davantage par la création d’emplois de qualité,
l’augmentation des investissements privés et le déblocage
de solutions novatrices à des situations difficiles en matière
de développement.
27. 27 | Examen de l’aide internationale
Nous devons déterminer comment nous pouvons le mieux
utiliser nos ressources d’aide internationale et nos actifs
non financiers (tels que notre réseau d’ambassades, notre
connaissance du milieu local, notre pouvoir rassembleur
et nos accès) pour bâtir ces partenariats, notamment en
mobilisant l’expertise et les ressources du secteur privé de
façon à obtenir des résultats en matière de développement
durable. Nous devons également adopter un nouveau type
d’engagement avec les pays en développement, puisque
nous reconnaissons leur droit de déterminer leur propre
voie de développement et d’y parvenir en collaboration
avec des acteurs traditionnels ou émergents de l’aide
internationale qu’ils ont eux-mêmes choisis.
Thèmes de discussion
▪▪ Quelles mesures concrètes le Canada
pourrait-il prendre pour rendre plus efficaces,
efficients et innovateurs ses approches et
ses mécanismes de prestation de l’aide
internationale? Comment pouvons-nous
promouvoir une cohérence accrue entre nos
efforts en matière de développement, de
commerce et de diplomatie?
▪▪ Comment le Canada peut-il favoriser
l’innovation en matière de développement?
▪▪ Avec quelles organisations, quels groupes,
quelles coalitions et quels partenariats le
Canada devrait-il travailler? Quelle serait la
meilleure façon de travailler avec eux pour
atteindre nos objectifs d’aide internationale?
▪▪ Comment pouvons-nous mobiliser un plus
large éventail de partenaires pour tirer
parti des ressources et des compétences
nécessaires à l’atteinte des objectifs de
développement durable?
▪▪ Comment pouvons-nous susciter une plus
grande adhésion des Canadiens à nos efforts
en matière d’aide internationale?
▪▪ Le Canada devrait-il se donner d’autres outils
ou mécanismes afin de pouvoir acheminer
l’aide internationale de façon plus innovatrice?
Comment les approches et les mécanismes
actuels peuvent-ils être bonifiés?
29. 29 | Examen de l’aide internationale
Rapportdel’ONUsurlesfemmes
▪▪ EN : Progress of the World’s Women 2015-2016:
transforming Economies, Realizing Rights
▪▪ FR : Le progrès des femmes dans le monde 2015-2016 :
transformer les économies, réaliser les droits
Initiative«GoodHumanitarianDonorship»
▪▪ EN : Principles and Good Practice of Humanitarian
Donorship
▪▪ FR : Principes et bonnes pratiques pour l’aide
humanitaire
SOURCES DE DONNÉES
IITA(Initiativeinternationalepourla
transparencedel’aide)
▪▪ EN : International Aid Transparency Initiative
▪▪ FR : Site en anglais seulement
OCDE–DirectiondelaCoopérationpourle
développement
▪▪ EN : Organization for Economic Co-operation and
Development’s (OECD) Development Assistance
Committee (DAC)
▪▪ FR : Organisation de Coopération et de Développement
Économiques (OCDE) — Direction de la coopération
pour le développement (DCD)
CANADA
Rapportssurl’aideinternationale
▪▪ EN : Report to Parliament on the Government of
Canada’s Official Development Assistance 2014-2015
▪▪ FR : Rapport au Parlement sur l’aide au développement
officielle du gouvernement du Canada 2014-2015
▪▪
▪▪ EN : Statistical Report on International Assistance 2014-
2015
▪▪ FR : Rapport statistique sur l’aide internationale,
Exercice 2014-2015
AffairesmondialesCanada
▪▪ EN : Departmental Performance Report 2014-2015
▪▪ FR : Rapport ministériel sur le rendement de 2014-2015
Loisurlaresponsabilitéenmatièred’aideau
développementofficielle
▪▪ EN : Official Development Assistance Accountability Act
▪▪ FR : Loi sur la responsabilité en matière d’aide au
développement officielle
Politiquedepartenariataveclasociétécivile
▪▪ EN : International Development and Humanitarian
Assistance Civil Society Partnership Policy
▪▪ FR : Politique de partenariat avec la société civile pour le
développement international et l’aide humanitaire
Évaluationsdelapolitiqueetdesprogrammes
d’aideinternationaleduCanada
▪▪ EN : Evaluation Reports
▪▪ FR : Rapports d’évaluation
30. 30 | Examen de l’aide internationale
SOURCES
1 Nations Unies. Objectifs du Millénaire pour le
développement : rapport 2015, 2015.
2 Nations Unies. Objectifs de développement durable.
Objectif 6 : Garantir l’accès de tous à l’eau et à
l’assainissement et assurer une gestion durable des
ressources en eau, 2016.
3 Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et
l’agriculture. L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde
2015, 2016.
4 Organisation de coopération et de développement
économiques. États de fragilité 2015 : Réaliser les ambitions
de l’après-2015, 2016.
5 Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Des déplacements de populations plus importants que
jamais, le 18 juin 2015.
6 Assemblée générale des Nations Unies. Une seule
humanité, des responsabilités partagées - Rapport du
Secrétaire général pour le Sommet mondial sur l’action
humanitaire, le 2 février 2016. ; Bureau de la coordination
des affaires humanitaires, Programme des Nations Unies
pour le développement, L’Office du Haut-Commissaire des
Nations Unies pour les réfugiés, Fonds des Nations unies
pour l’enfance, Programme alimentaire mondial, Banque
mondiale, et le Center on International Cooperation.
Addressing Protracted Displacement: A Framework for
Development Humanitarian Cooperation, en anglais,
décembre 2015.
7 Nations Unies. L’ONU lance un appel humanitaire de 20,1
milliards de dollars pour 2016, 2015.
8 Nations Unies. Résolution 70/1, Transformer notre monde :
le Programme de développement durable à l’horizon 2030,
le 21 octobre 2015; Third International Conference on
Financing for Development, Outcome Document, Addis
Ababa, en anglais, le 13 au 16 juillet 2015.
9 Loi sur la responsabilité en matière d’aide au
développement officielle (L.C. 2008, ch. 17), 2013.
10 Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et
du Développement (L.C. 2013, ch. 33, art. 174, 2013.
11 ONU-Femmes. Le progrès des femmes dans le monde 2015-
2016 : Transformer les économies, réaliser les droits, 2015.
12 Banque mondiale. Ratio de décès maternel (estimation par
modèle, pour 100 000 naissances vivantes), 2016.
13 Organisation mondiale de la Santé. Aide-mémoire : Enfants
: réduire la mortalité, 2016.
14 UNESCO. Rapport Mondial de Suivi sur l’EPT 2013-14 :
Enseigner et Apprendre : Atteindre la qualité pour tous
(Paris : UNESCO), page 5, 2014.
15 Représentante spéciale du Secrétaire général chargé de
la question de la violence à l’encontre des enfants. Vers un
monde libre de violence : Enquête sur les progrès accomplis
au niveau mondial dans la lutte contre la violence à
l’encontre des enfants (New York : UNICEF), 2013.
16 UNICEF. Ending Child Marriage : Progress and Prospects, en
anglais, 2014.
17 Fonds des Nations Unies pour la population. The Power of
1.8 Billion: Adolescents, Youth and the Transformation of the
Future, en anglais, 2014.
18 Organisation mondiale de la Santé. Adolescent Pregnancy:
Fact Sheet, en anglais, 2014.
19 Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.
How AIDS Changed Everything, en anglais, 2015.
20 Programme commun des Nations Unies sur le VIH/sida.
How AIDS Changed Everything, en anglais, 2015.
21 Fonds des Nations Unies pour la population. Programme
of Action: Adopted at the International Conference on
Population and Development, Cairo, 5-13 September 1994,
en anglais, 2004 ; ONU-Femmes. Beijing Declaration and
Platform for Action: Beijing +5 Political Declaration and
Outcome, en anglais, 2014.
22 Gouvernement du Canada. Le Canada élu à la
Commission de la condition de la femme des Nations Unies
[communiqué de presse], le 7 avril 2016.
23 Société financière internationale. IFC Jobs Study: Assessing
Private Sector Contributions to Job Creation and Poverty
Reduction, en Anglais, janvier 2013.
24 Institute of Development Studies, projet The New Bottom
Billion, Université de Sussex, en anglais, 2011-2015.
25 Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du
climat. Working Group II AR5, Chapter 20: Climate-Resilient
Pathways: Adaptation, Mitigation, and Sustainable
Development, en anglais, le 28 octobre 2013.
26 Convention-cadre des Nations Unies sur les changements
climatiques. Accord de Paris, 2015.
27 Premier ministre du Canada, Justin Trudeau. Le premier
ministre annonce un soutien pour le financement de la lutte
contre les changements climatiques, le 27 novembre 2015.
28 Premier ministre du Canada, Justin Trudeau. La diversité,
force du Canada, le 26 novembre 2015.
29 Mission de soutien au processus de paix en Colombie
de l’OEA (14-078); Poursuite du soutien à la Mission
d’observation spéciale de l’OSCE en Ukraine (14-067);
Mécanisme de financement pour la stabilisation des
régions nouvellement libérées, Iraq (15-122).
30 Nations Unies. L’ONU lance un appel humanitaire de 20,1
milliards de dollars pour 2016, 2015.
31 Haut-commissariat des Nations Unies pour les réfugiés.
Réponse régionale à la crise des réfugiés en Syrie. Portail
interagence de partage de l’information [Choisir FR], 2016;
Office de secours et de travaux des Nations Unies pour
les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. Where We
Work: Lebanon, en anglais, s.d.
32 Le Bureau de la coordination des affaires
humanitaires, Financial Tracking Services. Global
Humanitarian Contributions in 2015: Totals by donor, en
anglais, 2016.
33 Initiative « Good Humanitarian Donorship », en anglais,
2016.
34 Organisation de coopération et de développement
économiques. Aide publique au développment nette des
membres du CAD et d’autres donneurs en 2015, 2016.
35 Le Fonds mondial, 2016.
36 Initiative internationale pour la transparence de l’aide, en
anglais, s.d.