Les réseaux sociaux multiplient les possibilités d'accès à d'autres personnes, sources d'informations. Interactions et gommage des hiérarchies caractérisent le fonctionnement des réseaux, les journalistes doivent repenser les codes pour une prise de contact en bonne et due forme. Quelques astuces pour être "poliment efficaces".
J'ai conçu ce chapitre pour un manuel DWA/IPSI sur les pratiques journalistiques lors de la couverture d'élections (Tunis, avril 2013).
Journalisme: comment contacter une source sur Internet?
1. COMMENT CONTACTER UNE SOURCE SUR INTERNET ?
CHARLOTTE NOBLET
1. PSEUDONYM OU NOT PSEUDONYM?
De manière générale, les journalistes doivent se présenter en tant que tels à leurs interlocuteurs
afin que ces derniers sachent que les informations échangées sont susceptibles d'être reprise par
un média. Cette règle de déontologie est également valable sur les réseaux sociaux, comme le
précise le Washington Post :
« Lorsque nous utilisons des réseaux sociaux comme Facebook, LinkedIn,
My Space ou Twitter pour des reportages, nous devons protéger notre
intégrité professionnelle. Les journalistes du « Washington Post » doivent
s’identifier comme tels. Nous devons être précis dans nos reportages et
transparents sur nos intentions lorsque nous participons [à des
discussions]. Nous devons être concis et clair dans la description de qui
nous sommes et quelles sont les informations que nous recherchons. »
(source: www.themediatrend.com/wordpress/2011/05/16/dix-bonnes-
pratiques-sur-les-reseaux-sociaux-pour-les-journalistes/)
Pour mener des enquêtes et accéder à certaines informations, il est cependant parfois nécessaire
de ne pas montrer sa casquette de journaliste dès les premiers échanges. Dans ce cas de figure,
le journaliste pourra recourir au pseudonyme.
Chapitre réalisé pour un manuel DWA/IPSI sur les pratiques journalistiques lors de la couverture
d'élections – Tunis, avril 2013 – plus d'infos: contact(at)charlotte-noblet.eu
2. Quelques règles de base à respecter:
Attention à l'identité numérique de votre pseudonyme: n'usurpez pas l'identité d'une autre
personne!
La création d'une adresse mail est un premier pas pour garder l'anonymat mais elle
n'apporte aucune « réputation numérique ».
Une présence soignée sur les réseaux sociaux apporte de la crédibilité.
Attention: ne vous improvisez toutefois pas ingénieur des eaux usagées sur Facebook
ou Twitter quelques heures seulement avant de mener votre enquête auprès d'un
ancien employé du ministère de l'Équipement...
2. INTERNET ET SPHÈRE « PRIVÉE »
Les utilisateurs des réseaux sociaux oublient parfois le caractère public des informations qu'ils
mettent en ligne. Le journaliste se doit donc d'autant plus d'obtenir le consentement de sa source.
La prise de contact peut parfois créer l'étonnement voire l'énervement de l'internaute en question
qui met des informations en ligne pour ses amis, ses abonnés, « pour les autres » mais pas
forcément pour la presse.
Voici l'exemple de Sohaib Athar. Ce consultant en informatique pakistanais a, sans le savoir, twitté
l'opération commando contre Ben Laden. Les journalistes l'ont alors assailli de questions :
Chapitre réalisé pour un manuel DWA/IPSI sur les pratiques journalistiques lors de la couverture
d'élections – Tunis, avril 2013 – plus d'infos: contact(at)charlotte-noblet.eu
3. Enfin, voici l'exemple d'un blogueur contacté par un « journaliste-ami » sur Facebook:
« Me demandant jusqu'à quel point ceci est une intrusion dans ma vie
privée, je conçois que tout ce qui est publié sur Facebook est de nature
publique, je n'ai trop su comment réagir. »(...)
« Après réflexion, je trouve plutôt maladroite votre utilisation de Facebook
pour me contacter en tant que journaliste. Une simple recherche sur le
web vous aurait suffi pour trouver mon adresse courriel, vous donnant
ainsi un moyen plus approprié selon moi pour me contacter.
En effet, pourquoi me demander d'être votre ami afin de me poser des
questions d'intérêt journalistique? »
(source : ptaff.ca/blogue/2011/10/29/rponse_une_journaliste_facebook/)
À noter: depuis 2011, l'onglet « s'abonner » permet de recevoir les mises à jour publiques de
personnalités qui ne font pas partie de son réseau. Cette fonction permet de suivre discrètement
les pages des personnalités, c'est-à-dire sans avoir à devenir « l'ami Facebook » de la personne
en question. Un outil bien pratique pour les journalistes! (Plus d'informations:
https://www.facebook.com/help/follow)
Chapitre réalisé pour un manuel DWA/IPSI sur les pratiques journalistiques lors de la couverture
d'élections – Tunis, avril 2013 – plus d'infos: contact(at)charlotte-noblet.eu