Emmanuelle Zolesio, « De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » », Questions
Vives [En ligne], Vol.8 n°15 | 2011, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 06 mars 2016. URL : http://
questionsvives.revues.org/741 ; DOI : 10.4000/questionsvives.741
Interview Le feuilleton de phar-e - Les missions des PHRéseau Pro Santé
Revue SNPHARE 74, mars 2016
Chaque médecin a une définition de l’exercice en hôpital public qui lui est propre. les différentes générations se rejoignent-elles toujours sur les fondements de ce métier et sur l’avenir de celui-ci ? Pour le savoir, nous avons interrogé trois jeunes médecins, sébastien Mirek (chef de clinique au cHu de dijon, vice-président de l’isncca ), et deux PH nouvellement nommés sandra ollier (cHu d’avignon) et ar (PH resté anonyme).
PHAR-E : Quelle « représentation » avez-vous d’un médecin de l’hôpital public ? Quelles sont ses missions ?
Sébastien Mirek : Le médecin de l’hôpital public a plusieurs missions. La première est une mission de soins et de prise en charge des patients quelque soit la spécialité du médecin. En anesthésie-réanimation nous avons une spécialité polyvalente mais toutes les spécialités doivent prendre en charge leurs patients. Et puis une mission d’implication dans sa structure au sein de son établissement, par plusieurs valences. Des valences administratives, syndicales mais également via la recherche, l’enseignement et la pédagogie. C’est ainsi que je vois le médecin au sein de l’hôpital public.
Sandra Ollier : La mission principale du médecin de l’hôpital public est de soigner tous les patients qui se présentent à lui sans aucune distinction. C’est d’ailleurs pour embrasser cette vision du métier, qui paraît un peu « utopique » aujourd’hui, que l’on choisit de s’engager dans cette voie à mon avis. Se dire que l’on va pouvoir soigner tout le monde sans avoir à demander une carte vitale ou sans avoir à connaître les ressources du patient par exemple. Par ailleurs, les missions d’enseignement et de formation sont également très importantes et elles complètent la mission de soins qui demeure la mission principale.
http://www.reseauprosante.fr/
Geneviève Pruvost, « Le cas de la féminisation de la Police nationale », Idées économiques et
sociales 2008/3 (N° 153), p. 9-19.
DOI 10.3917/idee.153.0009
Revue "Le Cordon Rouge" AGOF n°10 - Mars 2015
Lointaine est l’image de l’accoucheur, muni de serviettes tièdes, d’une bassine et d’un simple tablier, posant ses mains expertes sur le ventre de femmes enceintes et les accompagnant pendant les couches. Toutes aussi passées, les fresques des grands obstétriciens français inventeurs d’instruments divers et variés, ingénieux et dérangeants, permettant l’extraction des nouveau-nés.
Mais alors que Levret, Baudelocque, et Mauriceau, reposent bien glorieusement sous leurs épitaphes méritées, que pense-t-on aujourd’hui des gynéco-obstétriciens, des internes ? Et quelle représentation se fait-on de nous, au sein de la population médicale ??
Les premiers témoignages obtenus, assez aisément il faut dire, sont ceux des internes de médecine générale ; ces soldats souvent abandonnés aux hostiles urgences gynécologiques la journée dans la plupart des services parisiens. Pour eux, nous sommes des Jokers, sortes d’intermédiaires avant l’avis, rarement tendre, du chef. Mais ce n’est pas tout ! Notre présence permanente, notre mine fatiguée du lendemain de garde-sans-une-minute-desommeil, notre accoutrement décoré de liquides biologiques… leur rappellent exactement ce pourquoi ils ont choisi leur spécialité. La médecine est un sacerdoce, certes, mais pour eux, le rythme de la gynécologie est l’illustration même de l’absence de vie (simples pensées retranscrites) ; « Je n’aurais jamais pu faire ta spé ! »… récurrent et réconfortant discours ! Merci les gars !! Je citerai tout de même une amie dont la vision des choses m’a serré la gorge : « Quand on me parle d’interne de Gynéco, j’imagine une personne hyperactive, courant partout, malgré la fatigue… et qui néanmoins sait prendre le temps d’être empathique avec ses patientes ! D’ailleurs, c’est probablement la principale chose que je vous envie : cette relation tellement intime que vous mettez en place avec les femmes surtout en obstétrique… l’interne aide à donner la vie son enfant : et là, vous devenez inoubliable !! »
...
reseauprosante.fr
MAG 1 - INPH
Attractivité : Qui est attractif.
Attractif : Qui a la propriété d’exercer une attraction.
Attraction : Action exercée sur quelqu’un par quelque chose qui
éveille en lui un intérêt puissant, intellectuel ou affectif (Dictionnaire Larousse).
Quelqu’un : PH.
Quelque chose : Hôpital Public.
Hôpital je t’aime…
Lorsqu’on demande aux Praticiens Hospitaliers pourquoi ils ont choisi d’exercer à l’hôpital public (enquêtes INPH 2002 et 2010) (1) (2) , 5 items émergent, qui sont autant de facteurs d’attractivité de l’hôpital public :
› En tête du palmarès les valeurs du service public (en 2002 et 2010 respectivement 40 et 46%) ;
› Le travail en équipe (23 et 26%) ;
› Suivent, l’accès à un plateau technique (qui définit le concept d’hôpital), l’émulation intellectuelle (dont l’enseignement et la recherche) et l’indépendance professionnelle.
http://www.intersyndicat-des-praticiens-hospitaliers.com/
INPH 12 - Avril 2018
« La Commission Vie Hospitalière de la Commission Médicale d'Etablissement instruit les dossiers relatifs aux conditions de vie et de travail des praticiens à l'AP-HP et aux conditions d'accueil des praticiens qui y sont recrutés ». À l’AP-HP sont instituées une CVH auprès de la CME et une CVH locale auprès de chaque CME locale (CMEL)
http://www.intersyndicat-des-praticiens-hospitaliers.com/index.php
Interview Le feuilleton de phar-e - Les missions des PHRéseau Pro Santé
Revue SNPHARE 74, mars 2016
Chaque médecin a une définition de l’exercice en hôpital public qui lui est propre. les différentes générations se rejoignent-elles toujours sur les fondements de ce métier et sur l’avenir de celui-ci ? Pour le savoir, nous avons interrogé trois jeunes médecins, sébastien Mirek (chef de clinique au cHu de dijon, vice-président de l’isncca ), et deux PH nouvellement nommés sandra ollier (cHu d’avignon) et ar (PH resté anonyme).
PHAR-E : Quelle « représentation » avez-vous d’un médecin de l’hôpital public ? Quelles sont ses missions ?
Sébastien Mirek : Le médecin de l’hôpital public a plusieurs missions. La première est une mission de soins et de prise en charge des patients quelque soit la spécialité du médecin. En anesthésie-réanimation nous avons une spécialité polyvalente mais toutes les spécialités doivent prendre en charge leurs patients. Et puis une mission d’implication dans sa structure au sein de son établissement, par plusieurs valences. Des valences administratives, syndicales mais également via la recherche, l’enseignement et la pédagogie. C’est ainsi que je vois le médecin au sein de l’hôpital public.
Sandra Ollier : La mission principale du médecin de l’hôpital public est de soigner tous les patients qui se présentent à lui sans aucune distinction. C’est d’ailleurs pour embrasser cette vision du métier, qui paraît un peu « utopique » aujourd’hui, que l’on choisit de s’engager dans cette voie à mon avis. Se dire que l’on va pouvoir soigner tout le monde sans avoir à demander une carte vitale ou sans avoir à connaître les ressources du patient par exemple. Par ailleurs, les missions d’enseignement et de formation sont également très importantes et elles complètent la mission de soins qui demeure la mission principale.
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Geneviève Pruvost, « Le cas de la féminisation de la Police nationale », Idées économiques et
sociales 2008/3 (N° 153), p. 9-19.
DOI 10.3917/idee.153.0009
Revue "Le Cordon Rouge" AGOF n°10 - Mars 2015
Lointaine est l’image de l’accoucheur, muni de serviettes tièdes, d’une bassine et d’un simple tablier, posant ses mains expertes sur le ventre de femmes enceintes et les accompagnant pendant les couches. Toutes aussi passées, les fresques des grands obstétriciens français inventeurs d’instruments divers et variés, ingénieux et dérangeants, permettant l’extraction des nouveau-nés.
Mais alors que Levret, Baudelocque, et Mauriceau, reposent bien glorieusement sous leurs épitaphes méritées, que pense-t-on aujourd’hui des gynéco-obstétriciens, des internes ? Et quelle représentation se fait-on de nous, au sein de la population médicale ??
Les premiers témoignages obtenus, assez aisément il faut dire, sont ceux des internes de médecine générale ; ces soldats souvent abandonnés aux hostiles urgences gynécologiques la journée dans la plupart des services parisiens. Pour eux, nous sommes des Jokers, sortes d’intermédiaires avant l’avis, rarement tendre, du chef. Mais ce n’est pas tout ! Notre présence permanente, notre mine fatiguée du lendemain de garde-sans-une-minute-desommeil, notre accoutrement décoré de liquides biologiques… leur rappellent exactement ce pourquoi ils ont choisi leur spécialité. La médecine est un sacerdoce, certes, mais pour eux, le rythme de la gynécologie est l’illustration même de l’absence de vie (simples pensées retranscrites) ; « Je n’aurais jamais pu faire ta spé ! »… récurrent et réconfortant discours ! Merci les gars !! Je citerai tout de même une amie dont la vision des choses m’a serré la gorge : « Quand on me parle d’interne de Gynéco, j’imagine une personne hyperactive, courant partout, malgré la fatigue… et qui néanmoins sait prendre le temps d’être empathique avec ses patientes ! D’ailleurs, c’est probablement la principale chose que je vous envie : cette relation tellement intime que vous mettez en place avec les femmes surtout en obstétrique… l’interne aide à donner la vie son enfant : et là, vous devenez inoubliable !! »
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MAG 1 - INPH
Attractivité : Qui est attractif.
Attractif : Qui a la propriété d’exercer une attraction.
Attraction : Action exercée sur quelqu’un par quelque chose qui
éveille en lui un intérêt puissant, intellectuel ou affectif (Dictionnaire Larousse).
Quelqu’un : PH.
Quelque chose : Hôpital Public.
Hôpital je t’aime…
Lorsqu’on demande aux Praticiens Hospitaliers pourquoi ils ont choisi d’exercer à l’hôpital public (enquêtes INPH 2002 et 2010) (1) (2) , 5 items émergent, qui sont autant de facteurs d’attractivité de l’hôpital public :
› En tête du palmarès les valeurs du service public (en 2002 et 2010 respectivement 40 et 46%) ;
› Le travail en équipe (23 et 26%) ;
› Suivent, l’accès à un plateau technique (qui définit le concept d’hôpital), l’émulation intellectuelle (dont l’enseignement et la recherche) et l’indépendance professionnelle.
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INPH 12 - Avril 2018
« La Commission Vie Hospitalière de la Commission Médicale d'Etablissement instruit les dossiers relatifs aux conditions de vie et de travail des praticiens à l'AP-HP et aux conditions d'accueil des praticiens qui y sont recrutés ». À l’AP-HP sont instituées une CVH auprès de la CME et une CVH locale auprès de chaque CME locale (CMEL)
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La gériatrie est une discipline qui s’est inscrite grâce à une histoire exigeante et tenace comme une discipline de plein exercice. Elle offre les différents types d’activités d’une discipline médicale aussi bien en établissement de santé qu’en activité libérale. La palette des lieux de pratique est particulièrement riche aussi bien dans les services d’établissement de santé de court séjour, de soins de suite et rééducation et de consultation, mais aussi en soins médicaux techniques importants (SMTI) (autrefois soins de longue durée) et en établissement médico-sociaux. Ces lieux de pratiques gériatriques se sont diversifiés notamment dans le sillage du plan Alzheimer 2008- 2012. Souvent nos interlocuteurs ne perçoivent qu’une partie de ces activités de médecins gériatres, voire y incluent des compétences élargies aux sciences humaines et sociales en rupture avec les formations initiales. Les raisons en sont nombreuses et il serait fastidieux d’en faire une description minutieuse. Mais cette confusion ne doit pas être partagée par les médecins qui se destinent à cette pratique, au risque d’en perdre la sève de leur spécialité pour eux-mêmes et la compétence pour les patients.
La pratique de la médecine gériatrique est clairement inscrite dans le prolongement de la formation des études médicales et dans le cursus qui conduit l’étudiant d’une spécialité initiale (DES) vers un exercice construit par des connaissances et un apprentissage : le DESC de Gériatrie. Les sciences humaines ont enrichi les études médicales par les aspects organisationnels, juridiques et éthiques entre autres. Mais la colonne vertébrale reste la capacité à établir de manière argumentée un diagnostic de pathologie, à décider une démarche thérapeutique et à assumer ses choix par les moyens prescrits de la surveillance et de l’accompagnement. Les processus de décision et de suivis font appels, au même titre que d’autres spécialités, à la nécessité d’un travail avec d’autres professionnels et à l’intégration des proches dans les procédures d’annonces et de décisions, à la mesure des capacités de communications et de décision du patient. Ceci nous amène à afrmer comme le font tous les enseignants de gériatrie, que la qualité de la démarche clinique, le raisonnement diagnostic, la rigueur de la communication de l’information sont les pierres angulaires sans lesquelles il ne peut y avoir une gériatrie de qualité, quels que soient les dons d’empathies et de dialogue que l’on déploie.
reseauprosante.fr
Création d’un collège de chirurgiens : indispensable pour mener une action fé...Réseau Pro Santé
Revue "Avenir Hospitalier n°4" Mars 2016
Le malaise patent au sein de la chirurgie hospitalière, activité majeure à l’hôpital, provoque la désaffection des jeunes praticiens. Ils constatent la très importante pression liée à la permanence des soins rendant souvent difficile le développement de l’activité froide, cœur du métier, et se dirigent finalement vers le libéral. À ceci s’ajoute les lourdes contraintes administratives associées à un déficit de reconnaissance individuel. De plus, les multiples spécialités chirurgicales et les différents statuts entraînent un morcellement syndical rendant la parole des chirurgiens quasiment inaudible Une action fédératrice est indispensable. Dans l’urgence, Avenir Hospitalier propose en son sein un collège chirurgical. Sa mission ? Faire un bilan clair de la situation et être une force de proposition pour les évolutions à défendre.
La réduction des équipes, du fait des postes vacants, augmente la sujétion des chirurgiens hospitaliers
Du fait de cette forte sujétion, les jeunes praticiens ont peur de ne pas pouvoir conjuguer leur vie professionnelle et familiale tout en assumant la qualité des soins. La plupart des chirurgiens hospitaliers sont soumis au régime des astreintes, très imparfait et mal rémunéré. De plus, pour ceux qui sont en garde sur place, l’activité est presque toujours comptée en horaire non-posté, et ils ne bénéficient donc pas des avantages, justifiés, attribués en particulier aux urgentistes.
Une forte fréquence de contrainte de garde porte préjudice au développement de la chirurgie programmée, pourtant cœur du métier auquel le jeune praticien vient d’être formé et qu’il souhaite absolument conserver. Ainsi, les équipes restreintes s’essoufflent dans l’activité d’urgence et peinent à développer l’activité froide. (...)
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Santéclair a sollicité Harris Interactive afin de mettre en place un Observatoire des parcours de soins des Français, sous forme d’une série d’études visant à mesurer les perceptions et attentes des Français par rapport aux différents aspects de ce parcours.
Revue "Le Mag de l'INPH" n°3 - Janvier 2015
Les CCA
A l’heure où certains de nos aînés - parfois éminents - quittent l’hôpital public pour rejoindre le secteur privé, dans un contexte démographique défavorable pour plusieurs années, l’attractivité de la carrière hospitalière publique est indéniablement un enjeu majeur pour l’avenir des établissements, pour la prise en charge des malades et pour l’offre de soin offerte à la société.
Je voudrais commencer par un point fondamental à mes yeux : attractivité ne rime pas uniquement avec revalorisation des émoluments. Il faut d’abord que l’exercice hospitalier suscite de l’envie pour qu’il puisse être considéré comme une option. Et il en suscite forcément : il permet une carrière au sein d’une environnement professionnel riche et souvent à la pointe des techniques, au contact de patients venant de tous les milieux. Il peut donner la possibilité de poursuivre une activité d’enseignement et de recherche, très nettement valorisées par nos collègues.
L’hôpital est vu comme le lieu où s’opère le véritable travail en équipe, consubstantiel de l’exercice d’une médecine de qualité. Le statut de PH offre des avantages sociaux sans commune mesure avec ceux dont bénéficient nos confrères libéraux, à l’heure où la médecine s’est fortement féminisée et ou notre génération aspire à un plus juste équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
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L'internat en médecine générale à brest on s'interroge.Réseau Pro Santé
Brest est une des 5 facultés de médecine du Grand Ouest avec Angers, Nantes, Rennes et Tours.
L’internat, qui depuis 2004 remplace le résidanat, n’a en rien modifié l’enseignement de la médecine générale à Brest. Nous sommes trop loin des ministères pour que les réformes puissent s’appliquer.
Avant, les résidents choisissaient leurs postes de stage à l’hôpital par leur rang de classement local au CSCT (examen de fin DCEM4). Aujourd’hui les internes choisissent d’après le classement national de l’ECN. Les postes de stages mis au choix pour les internes sont, comme auparavant, choisis par le DUMG (département universitaire de médecine générale) de Brest.
Nous avons des services de pointe au CHU et même dans certains périphériques qui sont très demandeurs d’internes en médecine générale tels la cancérologie, la pédiatrie, la cardiologie, la dermatologie… Mais on préfère nous envoyer en périphérique dans des services moins pointus, soi-disant mieux adaptés à l’enseignement de la médecine générale.
Pourtant le cancer est une pathologie fréquente, l’HTA aussi… La cancérologie et la cardiologie n’ont-elles aucune place alors dans la formation des futurs médecins généralistes ?
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Pourquoi un chsct est il devenu vital pour les médecins hospitaliers Réseau Pro Santé
Revue "Avenir Hospitalier n°2" février 2015
Du changement du travail de médecin hospitalier et du rapport à ce travail. historiquement, les médecins, quel que soit leur mode d’exercice, se sont construit une identité professionnelle au sein de laquelle les valeurs d’engagement, d’héroïsme, de sacrifice et de don de soi, quelles que soient les conséquences sur leur vie personnelle ou familiale, faisaient partie du métier. ces valeurs étaient d’autant plus fortes que le métier de médecin était socialement très valorisé et masculin. les changements d’aspirations sociologiques et générationnelles, la féminisation de nombreuses spécialités, la montée en nombre des médecins hospitaliers, dont les statuts ne leur donnent plus la position « d’élite de la nation », mais plutôt celle d’une « simple » profession, certes prenante, mais pas forcément sacerdotale, font que le rapport au travail des médecins a changé.
En même temps, le travail de médecin hospitalier s’est complètement modifié : l’époque des médecins totalement autonomes, maîtres de leur temps et de leur organisation, sans avoir à en rendre compte à qui que ce soit, a disparu. Pour de plus en plus de spécialités, notamment celles à forte contrainte de temps (en raison d’une nécessaire couverture h24 ou de fonctionnement au sein de plateaux techniques), on assiste à une forte intensification du travail. celuici est encadré désormais par des pressions à l’activité (justifiées par la t2A) et la nécessité de justifier de l’occupation rentable de chacune de ses minutes passées à l’hôpital.
Nous sommes désormais devenus, pour nos directions, des producteurs d’actes, source de financement et de retour à l’équilibre d’établissements en grandes difficultés financières. or, qui dit augmentation de la productivité, inspirée du taylorisme, dit forcément rupture des équilibres personnels et collectifs (changement des organisations décrétée par une gouvernance bien loin des valeurs d’identité professionnelle que sont l’autonomie et la reconnaissance).
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Exercice professionnel exercice hospitalo-universitaireRéseau Pro Santé
Revue "Radioactif" n°22 - UNIR - Janvier 2016
RadioActif : Quelle est ta spécialité ? En pratique, comment se répartit ton activité quotidienne ?
Dr M. RONOT : Je suis radiologue abdominal. Mon activité clinique est schématiquement divisée en trois thèmes : l’oncologie digestive, en particulier de l’abdomen supérieur (foie, voies biliaires et pancréas) qui est la partie qui m’occupe le plus, la pathologie ischémique mésentérique, et enfin le traumatisme.
En pratique, ma semaine type fait alterner des vacations d’imagerie diagnostique et de radiologie interventionnelle, auxquelles s’ajoutent des consultations de radiologie interventionnelle, la participation à plusieurs réunions multidisciplinaires, et des cours pour les étudiants et les internes.
C’est une activité de praticien hospitalier avec tout ce que cela a de varié et de stimulant.
Et puis bien sûr, il y a mon activité académique. J’ai la chance d’avoir une journée dédiée à cela. Evidement, c’est très bien mais c’est tout à fait insuffisant, et le reste se répartit un peu quand je peux dans la journée, le soir et les week-ends.
RA : Quelle a été ta motivation pour être universitaire ? Qu'est-ce qui t'a fait franchir le pas ?
MR : C’est toujours très difficile de répondre à ce genre de question, car cela suppose que nous soyons tous totalement conscients à chaque instant de ce que nous faisons, que nous le fassions très rationnellement, et que le tout repose sur une grande liberté déconnectée et flottante.
En pratique, nous savons bien que tout cela est faux et que les parcours lisses et cohérents ne sont que des réécritures rétrospectives faites par ceux qui on le luxe de pouvoir le faire.
Mais pour tenter tout de même de répondre à ta question, dans mon cas je crois qu’il y a eu la rencontre avec un certains nombre de personnes qui m’ont marqué, et qui m’ont donné envie de me projeter dans ce type d’activité. C’est assez banal.
J’ai pris conscience je pense à ce moment, qui correspond en gros à la fin de mon externat, de la richesse de cette combinaison clinique / académique. Et ce qui est étonnant c’est que le « choix » de la radiologie s’est fait en même temps.
J’aimais la pathologie abdominale et du coup j’ai décidé d’un seul coup que je serai radiologue abdominal hospitalo-universitaire. Du moins que j’aimerais faire cela.
RA : Regrettes-tu ton choix ? [si tu réponds oui, on risque d’être obligés de te censurer ;)]
MR : Absolument pas ! Les faits m’ont montré que mon intuition était la bonne. Le couple clinique / académique est très complémentaire, du moins pour moi.
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Marie-Christine Pouchelle est anthropologue. Elle a passé plus de 10 ans à observer le fonctionnement des blocs opératoires, des réanimations et bien sûr, leurs acteurs médicaux et para-médicaux. De nombreuses publications ont relaté ses observations. Elle a eu la gentillesse de participer au congrès de Tours, à notre réflexion sur les fondamentaux de la chirurgie : elle nous confie quelques réflexions sur le temps et le chirurgien. Le SCH espère que ces quelques lignes sauront éveiller votre curiosité à découvrir ses deux livres consacrés à la chirurgie : L’Hôpital ou le Théâtre des Opérations et L’Hôpital corps et âme
Bernard Lenot
Les chirurgiens et le temps
Le chirurgien maître du temps
A l’hôpital la maîtrise du temps est l’un des signes majeurs du pouvoir. De même que chez les oiseaux les relations hiérarchiques sont livrées par l’observation de qui picore qui, on peut dire qu’à l’hôpital les relations hiérarchiques sont livrées par l’observation de qui peut s’autoriser à faire attendre qui. (En bas de l’échelle, on trouvera généralement le patient).
Pour les chirurgiens il y a évidemment quelque chose d’immédiatement vital dans le contrôle du temps, dès lors qu’il s’agit d’hémorragie et/ou d’ischémie. Mais on dirait que cet aspect a largement débordé sur l’ensemble des comportements professionnels et privés des praticiens. De sorte qu’il est de notoriété publique à l’hôpital qu’on ne fait pas attendre un chirurgien, mais qu’on l’attend.
Je caricature : sur-actif, donc chroniquement débordé, le chirurgien maître de son temps et du temps des autres, obéit en fait aux priorités qu’il se donne, variables selon les individus.
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Qui sommes nous ?
Le SNJMG a été créé en 1991 pour faire le pendant aux syndicats d’internes de spécialités. C’est un syndicat national et unitaire, c’est-àdire que chaque personne adhère directement au SNJMG, à la différence des intersyndicats qui nécessitent de passer par une association régionale qui, elle, adhère secondairement à un syndicat national.
Il est indépendant financièrement de l’industrie pharmaceutique et est apolitique.
Il regroupe dans une même structure des internes, des remplaçants et de jeunes installés (les 10 premières années d’installation salariale ou libérale) en médecine générale.
Pour vous !
Le SNJMG a plusieurs rôles :
Le plus visible de tous est bien sûr de vous aider personnellement : en vous épaulant lorsque vous rencontrez des difficultés en stage ou avec l’administration de vos facultés ; en vous informant sur vos droits lors de vos démarches administratives (ex : grossesse en fin d’internat) ; en répondant à vos questions (ex : démarches pour s’installer, pour remplacer). Et comme nos adhérents sont à des moments différents de leur vie professionnelle, leur expérience personnelle est une source d’enrichissement collectif.
Le second est de vous représenter auprès des différentes instances intervenant dans vos études : lors des commissions d’agrément des services hospitaliers et des commissions de mise au choix des terrains de stage à l’ARS ; lors des discussions avec la coordination du DES de Médecine Générale.
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Etude Apec - Cadres de 50 ans et plus : parcours professionnels et perception...Apec
Une étude de l'Apec sur les parcours professionnels des cadres seniors et leur perception de la retraite.
Globalement satisfaits de leur situation professionnelle
actuelle, les cadres âgés de 50 ans et plus en emploi expriment une confiance toute relative en l’avenir. En effet, 4 cadres « séniors » sur 10 se sentent directement menacés par le chômage, et 49 % d’entre eux se déclarent confiants pour leur futur professionnel. La perspective de la retraite inquiète par ailleurs 51 % des cadres de 50 ans et plus, un sentiment qui est plus important chez les femmes que chez les hommes. Pour autant, dans 56 % des cas, ces cadres manifestent l’envie de partir à la retraite dès que possible, à taux plein ou même avant.
Pour ceux indiquant vouloir rester plus longtemps dans le monde du travail, la raison est avant tout pécuniaire. D’ailleurs, 89 % des cadres n’envisagent pas de financer leur retraite sur la base unique de leur pension de retraite.
Le statut de praticien n’a cessé de s’enrichir depuis sa création en 1984. Il y a dix pages de modifications statutaires si on consulte Légifrance qui est la base de données du droit français. On peut citer par exemple en 2005, « le Plan Hôpital 2007 » qui a institué de nouvelles règles de gouvernance et de positionnement du praticien à l’hôpital ; en 2007, la création du CNG et en 2013, la modification du dispositif de recherche d’affectation qui sécurise le parcours professionnel des praticiens hospitaliers.
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Feminisation de la profession vétérinaireMy Inner Me
Les jeunes ont peur du lendemain. Les étudiants vétérinaires sont essentiellement des femmes. Des libéraux stratèges imaginent des montages financiers pour les embaucher et sécuriser leur avenir.
Dans le même temps, les vétérinaires traditionnels râlent à l’idée de voir émerger des cliniques déshumanisées, standardisées qui favorisent l’octroi de bénéfices à de futurs actionnaires. Comment nos jeunes vont-ils manœuvrer dans ce marché en plein bouleversement ? Quid des envies de la génération Y ? Sont-ils si désinvoltes qu’on le dit ?
Les Français et la médecine de ville.
Quelle image les Français ont-ils du corps médical ? Et plus particulièrement des médecins généralistes et spécialistes ?
Par Julie Boisgontier, Marine Guittonneau, Julie Gratecap & Laura Khassouf
Exposé des étudiants de M1 en "Communication des Organisations" et "Communication & Générations" (ISIC, Bordeaux Montaigne), dans le cadre du cours "Sensibilisation aux risques psychosociaux" (C. FELIO). Octobre 2014
Français · Entretien d'embauche d'un médecin anesthésiste-réanimateur: exerci...Filip Vermeulen
Français médical et infirmier. Entretien d'embauche d'un médecin hospitalier spécialiste anesthésiste-réanimateur étranger en France. Quelques exercices de vocabulaire en guise de préparation à un exercice de production orale. · CORRIGÉ
Sont également disponibles sur SLIDESHARE: les EXERCICES de vocabulaire; des exercices de grammaire + leur corrigé; des ressources pour l'exercice de production orale (jeu de rôles embaucheur-sollicitant).
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La gériatrie est une discipline qui s’est inscrite grâce à une histoire exigeante et tenace comme une discipline de plein exercice. Elle offre les différents types d’activités d’une discipline médicale aussi bien en établissement de santé qu’en activité libérale. La palette des lieux de pratique est particulièrement riche aussi bien dans les services d’établissement de santé de court séjour, de soins de suite et rééducation et de consultation, mais aussi en soins médicaux techniques importants (SMTI) (autrefois soins de longue durée) et en établissement médico-sociaux. Ces lieux de pratiques gériatriques se sont diversifiés notamment dans le sillage du plan Alzheimer 2008- 2012. Souvent nos interlocuteurs ne perçoivent qu’une partie de ces activités de médecins gériatres, voire y incluent des compétences élargies aux sciences humaines et sociales en rupture avec les formations initiales. Les raisons en sont nombreuses et il serait fastidieux d’en faire une description minutieuse. Mais cette confusion ne doit pas être partagée par les médecins qui se destinent à cette pratique, au risque d’en perdre la sève de leur spécialité pour eux-mêmes et la compétence pour les patients.
La pratique de la médecine gériatrique est clairement inscrite dans le prolongement de la formation des études médicales et dans le cursus qui conduit l’étudiant d’une spécialité initiale (DES) vers un exercice construit par des connaissances et un apprentissage : le DESC de Gériatrie. Les sciences humaines ont enrichi les études médicales par les aspects organisationnels, juridiques et éthiques entre autres. Mais la colonne vertébrale reste la capacité à établir de manière argumentée un diagnostic de pathologie, à décider une démarche thérapeutique et à assumer ses choix par les moyens prescrits de la surveillance et de l’accompagnement. Les processus de décision et de suivis font appels, au même titre que d’autres spécialités, à la nécessité d’un travail avec d’autres professionnels et à l’intégration des proches dans les procédures d’annonces et de décisions, à la mesure des capacités de communications et de décision du patient. Ceci nous amène à afrmer comme le font tous les enseignants de gériatrie, que la qualité de la démarche clinique, le raisonnement diagnostic, la rigueur de la communication de l’information sont les pierres angulaires sans lesquelles il ne peut y avoir une gériatrie de qualité, quels que soient les dons d’empathies et de dialogue que l’on déploie.
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Création d’un collège de chirurgiens : indispensable pour mener une action fé...Réseau Pro Santé
Revue "Avenir Hospitalier n°4" Mars 2016
Le malaise patent au sein de la chirurgie hospitalière, activité majeure à l’hôpital, provoque la désaffection des jeunes praticiens. Ils constatent la très importante pression liée à la permanence des soins rendant souvent difficile le développement de l’activité froide, cœur du métier, et se dirigent finalement vers le libéral. À ceci s’ajoute les lourdes contraintes administratives associées à un déficit de reconnaissance individuel. De plus, les multiples spécialités chirurgicales et les différents statuts entraînent un morcellement syndical rendant la parole des chirurgiens quasiment inaudible Une action fédératrice est indispensable. Dans l’urgence, Avenir Hospitalier propose en son sein un collège chirurgical. Sa mission ? Faire un bilan clair de la situation et être une force de proposition pour les évolutions à défendre.
La réduction des équipes, du fait des postes vacants, augmente la sujétion des chirurgiens hospitaliers
Du fait de cette forte sujétion, les jeunes praticiens ont peur de ne pas pouvoir conjuguer leur vie professionnelle et familiale tout en assumant la qualité des soins. La plupart des chirurgiens hospitaliers sont soumis au régime des astreintes, très imparfait et mal rémunéré. De plus, pour ceux qui sont en garde sur place, l’activité est presque toujours comptée en horaire non-posté, et ils ne bénéficient donc pas des avantages, justifiés, attribués en particulier aux urgentistes.
Une forte fréquence de contrainte de garde porte préjudice au développement de la chirurgie programmée, pourtant cœur du métier auquel le jeune praticien vient d’être formé et qu’il souhaite absolument conserver. Ainsi, les équipes restreintes s’essoufflent dans l’activité d’urgence et peinent à développer l’activité froide. (...)
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Santéclair a sollicité Harris Interactive afin de mettre en place un Observatoire des parcours de soins des Français, sous forme d’une série d’études visant à mesurer les perceptions et attentes des Français par rapport aux différents aspects de ce parcours.
Revue "Le Mag de l'INPH" n°3 - Janvier 2015
Les CCA
A l’heure où certains de nos aînés - parfois éminents - quittent l’hôpital public pour rejoindre le secteur privé, dans un contexte démographique défavorable pour plusieurs années, l’attractivité de la carrière hospitalière publique est indéniablement un enjeu majeur pour l’avenir des établissements, pour la prise en charge des malades et pour l’offre de soin offerte à la société.
Je voudrais commencer par un point fondamental à mes yeux : attractivité ne rime pas uniquement avec revalorisation des émoluments. Il faut d’abord que l’exercice hospitalier suscite de l’envie pour qu’il puisse être considéré comme une option. Et il en suscite forcément : il permet une carrière au sein d’une environnement professionnel riche et souvent à la pointe des techniques, au contact de patients venant de tous les milieux. Il peut donner la possibilité de poursuivre une activité d’enseignement et de recherche, très nettement valorisées par nos collègues.
L’hôpital est vu comme le lieu où s’opère le véritable travail en équipe, consubstantiel de l’exercice d’une médecine de qualité. Le statut de PH offre des avantages sociaux sans commune mesure avec ceux dont bénéficient nos confrères libéraux, à l’heure où la médecine s’est fortement féminisée et ou notre génération aspire à un plus juste équilibre entre vie professionnelle et vie familiale.
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L'internat en médecine générale à brest on s'interroge.Réseau Pro Santé
Brest est une des 5 facultés de médecine du Grand Ouest avec Angers, Nantes, Rennes et Tours.
L’internat, qui depuis 2004 remplace le résidanat, n’a en rien modifié l’enseignement de la médecine générale à Brest. Nous sommes trop loin des ministères pour que les réformes puissent s’appliquer.
Avant, les résidents choisissaient leurs postes de stage à l’hôpital par leur rang de classement local au CSCT (examen de fin DCEM4). Aujourd’hui les internes choisissent d’après le classement national de l’ECN. Les postes de stages mis au choix pour les internes sont, comme auparavant, choisis par le DUMG (département universitaire de médecine générale) de Brest.
Nous avons des services de pointe au CHU et même dans certains périphériques qui sont très demandeurs d’internes en médecine générale tels la cancérologie, la pédiatrie, la cardiologie, la dermatologie… Mais on préfère nous envoyer en périphérique dans des services moins pointus, soi-disant mieux adaptés à l’enseignement de la médecine générale.
Pourtant le cancer est une pathologie fréquente, l’HTA aussi… La cancérologie et la cardiologie n’ont-elles aucune place alors dans la formation des futurs médecins généralistes ?
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Pourquoi un chsct est il devenu vital pour les médecins hospitaliers Réseau Pro Santé
Revue "Avenir Hospitalier n°2" février 2015
Du changement du travail de médecin hospitalier et du rapport à ce travail. historiquement, les médecins, quel que soit leur mode d’exercice, se sont construit une identité professionnelle au sein de laquelle les valeurs d’engagement, d’héroïsme, de sacrifice et de don de soi, quelles que soient les conséquences sur leur vie personnelle ou familiale, faisaient partie du métier. ces valeurs étaient d’autant plus fortes que le métier de médecin était socialement très valorisé et masculin. les changements d’aspirations sociologiques et générationnelles, la féminisation de nombreuses spécialités, la montée en nombre des médecins hospitaliers, dont les statuts ne leur donnent plus la position « d’élite de la nation », mais plutôt celle d’une « simple » profession, certes prenante, mais pas forcément sacerdotale, font que le rapport au travail des médecins a changé.
En même temps, le travail de médecin hospitalier s’est complètement modifié : l’époque des médecins totalement autonomes, maîtres de leur temps et de leur organisation, sans avoir à en rendre compte à qui que ce soit, a disparu. Pour de plus en plus de spécialités, notamment celles à forte contrainte de temps (en raison d’une nécessaire couverture h24 ou de fonctionnement au sein de plateaux techniques), on assiste à une forte intensification du travail. celuici est encadré désormais par des pressions à l’activité (justifiées par la t2A) et la nécessité de justifier de l’occupation rentable de chacune de ses minutes passées à l’hôpital.
Nous sommes désormais devenus, pour nos directions, des producteurs d’actes, source de financement et de retour à l’équilibre d’établissements en grandes difficultés financières. or, qui dit augmentation de la productivité, inspirée du taylorisme, dit forcément rupture des équilibres personnels et collectifs (changement des organisations décrétée par une gouvernance bien loin des valeurs d’identité professionnelle que sont l’autonomie et la reconnaissance).
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Exercice professionnel exercice hospitalo-universitaireRéseau Pro Santé
Revue "Radioactif" n°22 - UNIR - Janvier 2016
RadioActif : Quelle est ta spécialité ? En pratique, comment se répartit ton activité quotidienne ?
Dr M. RONOT : Je suis radiologue abdominal. Mon activité clinique est schématiquement divisée en trois thèmes : l’oncologie digestive, en particulier de l’abdomen supérieur (foie, voies biliaires et pancréas) qui est la partie qui m’occupe le plus, la pathologie ischémique mésentérique, et enfin le traumatisme.
En pratique, ma semaine type fait alterner des vacations d’imagerie diagnostique et de radiologie interventionnelle, auxquelles s’ajoutent des consultations de radiologie interventionnelle, la participation à plusieurs réunions multidisciplinaires, et des cours pour les étudiants et les internes.
C’est une activité de praticien hospitalier avec tout ce que cela a de varié et de stimulant.
Et puis bien sûr, il y a mon activité académique. J’ai la chance d’avoir une journée dédiée à cela. Evidement, c’est très bien mais c’est tout à fait insuffisant, et le reste se répartit un peu quand je peux dans la journée, le soir et les week-ends.
RA : Quelle a été ta motivation pour être universitaire ? Qu'est-ce qui t'a fait franchir le pas ?
MR : C’est toujours très difficile de répondre à ce genre de question, car cela suppose que nous soyons tous totalement conscients à chaque instant de ce que nous faisons, que nous le fassions très rationnellement, et que le tout repose sur une grande liberté déconnectée et flottante.
En pratique, nous savons bien que tout cela est faux et que les parcours lisses et cohérents ne sont que des réécritures rétrospectives faites par ceux qui on le luxe de pouvoir le faire.
Mais pour tenter tout de même de répondre à ta question, dans mon cas je crois qu’il y a eu la rencontre avec un certains nombre de personnes qui m’ont marqué, et qui m’ont donné envie de me projeter dans ce type d’activité. C’est assez banal.
J’ai pris conscience je pense à ce moment, qui correspond en gros à la fin de mon externat, de la richesse de cette combinaison clinique / académique. Et ce qui est étonnant c’est que le « choix » de la radiologie s’est fait en même temps.
J’aimais la pathologie abdominale et du coup j’ai décidé d’un seul coup que je serai radiologue abdominal hospitalo-universitaire. Du moins que j’aimerais faire cela.
RA : Regrettes-tu ton choix ? [si tu réponds oui, on risque d’être obligés de te censurer ;)]
MR : Absolument pas ! Les faits m’ont montré que mon intuition était la bonne. Le couple clinique / académique est très complémentaire, du moins pour moi.
...
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Marie-Christine Pouchelle est anthropologue. Elle a passé plus de 10 ans à observer le fonctionnement des blocs opératoires, des réanimations et bien sûr, leurs acteurs médicaux et para-médicaux. De nombreuses publications ont relaté ses observations. Elle a eu la gentillesse de participer au congrès de Tours, à notre réflexion sur les fondamentaux de la chirurgie : elle nous confie quelques réflexions sur le temps et le chirurgien. Le SCH espère que ces quelques lignes sauront éveiller votre curiosité à découvrir ses deux livres consacrés à la chirurgie : L’Hôpital ou le Théâtre des Opérations et L’Hôpital corps et âme
Bernard Lenot
Les chirurgiens et le temps
Le chirurgien maître du temps
A l’hôpital la maîtrise du temps est l’un des signes majeurs du pouvoir. De même que chez les oiseaux les relations hiérarchiques sont livrées par l’observation de qui picore qui, on peut dire qu’à l’hôpital les relations hiérarchiques sont livrées par l’observation de qui peut s’autoriser à faire attendre qui. (En bas de l’échelle, on trouvera généralement le patient).
Pour les chirurgiens il y a évidemment quelque chose d’immédiatement vital dans le contrôle du temps, dès lors qu’il s’agit d’hémorragie et/ou d’ischémie. Mais on dirait que cet aspect a largement débordé sur l’ensemble des comportements professionnels et privés des praticiens. De sorte qu’il est de notoriété publique à l’hôpital qu’on ne fait pas attendre un chirurgien, mais qu’on l’attend.
Je caricature : sur-actif, donc chroniquement débordé, le chirurgien maître de son temps et du temps des autres, obéit en fait aux priorités qu’il se donne, variables selon les individus.
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Qui sommes nous ?
Le SNJMG a été créé en 1991 pour faire le pendant aux syndicats d’internes de spécialités. C’est un syndicat national et unitaire, c’est-àdire que chaque personne adhère directement au SNJMG, à la différence des intersyndicats qui nécessitent de passer par une association régionale qui, elle, adhère secondairement à un syndicat national.
Il est indépendant financièrement de l’industrie pharmaceutique et est apolitique.
Il regroupe dans une même structure des internes, des remplaçants et de jeunes installés (les 10 premières années d’installation salariale ou libérale) en médecine générale.
Pour vous !
Le SNJMG a plusieurs rôles :
Le plus visible de tous est bien sûr de vous aider personnellement : en vous épaulant lorsque vous rencontrez des difficultés en stage ou avec l’administration de vos facultés ; en vous informant sur vos droits lors de vos démarches administratives (ex : grossesse en fin d’internat) ; en répondant à vos questions (ex : démarches pour s’installer, pour remplacer). Et comme nos adhérents sont à des moments différents de leur vie professionnelle, leur expérience personnelle est une source d’enrichissement collectif.
Le second est de vous représenter auprès des différentes instances intervenant dans vos études : lors des commissions d’agrément des services hospitaliers et des commissions de mise au choix des terrains de stage à l’ARS ; lors des discussions avec la coordination du DES de Médecine Générale.
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Etude Apec - Cadres de 50 ans et plus : parcours professionnels et perception...Apec
Une étude de l'Apec sur les parcours professionnels des cadres seniors et leur perception de la retraite.
Globalement satisfaits de leur situation professionnelle
actuelle, les cadres âgés de 50 ans et plus en emploi expriment une confiance toute relative en l’avenir. En effet, 4 cadres « séniors » sur 10 se sentent directement menacés par le chômage, et 49 % d’entre eux se déclarent confiants pour leur futur professionnel. La perspective de la retraite inquiète par ailleurs 51 % des cadres de 50 ans et plus, un sentiment qui est plus important chez les femmes que chez les hommes. Pour autant, dans 56 % des cas, ces cadres manifestent l’envie de partir à la retraite dès que possible, à taux plein ou même avant.
Pour ceux indiquant vouloir rester plus longtemps dans le monde du travail, la raison est avant tout pécuniaire. D’ailleurs, 89 % des cadres n’envisagent pas de financer leur retraite sur la base unique de leur pension de retraite.
Le statut de praticien n’a cessé de s’enrichir depuis sa création en 1984. Il y a dix pages de modifications statutaires si on consulte Légifrance qui est la base de données du droit français. On peut citer par exemple en 2005, « le Plan Hôpital 2007 » qui a institué de nouvelles règles de gouvernance et de positionnement du praticien à l’hôpital ; en 2007, la création du CNG et en 2013, la modification du dispositif de recherche d’affectation qui sécurise le parcours professionnel des praticiens hospitaliers.
http://www.intersyndicat-des-praticiens-hospitaliers.com/
Feminisation de la profession vétérinaireMy Inner Me
Les jeunes ont peur du lendemain. Les étudiants vétérinaires sont essentiellement des femmes. Des libéraux stratèges imaginent des montages financiers pour les embaucher et sécuriser leur avenir.
Dans le même temps, les vétérinaires traditionnels râlent à l’idée de voir émerger des cliniques déshumanisées, standardisées qui favorisent l’octroi de bénéfices à de futurs actionnaires. Comment nos jeunes vont-ils manœuvrer dans ce marché en plein bouleversement ? Quid des envies de la génération Y ? Sont-ils si désinvoltes qu’on le dit ?
Les Français et la médecine de ville.
Quelle image les Français ont-ils du corps médical ? Et plus particulièrement des médecins généralistes et spécialistes ?
Par Julie Boisgontier, Marine Guittonneau, Julie Gratecap & Laura Khassouf
Exposé des étudiants de M1 en "Communication des Organisations" et "Communication & Générations" (ISIC, Bordeaux Montaigne), dans le cadre du cours "Sensibilisation aux risques psychosociaux" (C. FELIO). Octobre 2014
Français · Entretien d'embauche d'un médecin anesthésiste-réanimateur: exerci...Filip Vermeulen
Français médical et infirmier. Entretien d'embauche d'un médecin hospitalier spécialiste anesthésiste-réanimateur étranger en France. Quelques exercices de vocabulaire en guise de préparation à un exercice de production orale. · CORRIGÉ
Sont également disponibles sur SLIDESHARE: les EXERCICES de vocabulaire; des exercices de grammaire + leur corrigé; des ressources pour l'exercice de production orale (jeu de rôles embaucheur-sollicitant).
Similaire à De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » (20)
Français · Entretien d'embauche d'un médecin anesthésiste-réanimateur: exerci...
De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves »
1. Questions Vives
Vol.8 n°15 (2011)
Égalité filles-garçons : où en est-on ?
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Emmanuelle Zolesio
De la nécessité pour les femmes
chirurgiens de « faire leurs preuves »
Surinvestissement professionnel et grossesse
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Référence électronique
Emmanuelle Zolesio, « De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » », Questions
Vives [En ligne], Vol.8 n°15 | 2011, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 06 mars 2016. URL : http://
questionsvives.revues.org/741 ; DOI : 10.4000/questionsvives.741
Éditeur : Université de Provence - Département des Sciences de l'éducation
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2. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 2
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
Emmanuelle Zolesio
De la nécessité pour les femmes
chirurgiens de « faire leurs preuves »
Surinvestissement professionnel et grossesse
Introduction
1 La féminisation de la médecine agit depuis quelques années comme un raz-de-marée : alors
qu’au début du XXe
siècle les femmes étaient quasiment absentes de la profession médicale,
elles représentent aujourd’hui 37 % des effectifs de médecins en exercice et 60 % des
promotions de première année des études médicales (Labarthe & Héraullt, 2003). Cependant,
quoique la médecine dans son ensemble se féminise, la chirurgie demeure la spécialité
médicale la plus sous-féminisée et les comportements sexistes des professionnels en poste ne
sont pas pour rien dans cet état de fait. Ainsi ne compte-t-on que 2 % de femmes urologues, 5 %
de femmes orthopédistes et 10 % de femmes chirurgiens digestifs. Pour notre part, c’est à cette
dernière spécialité que nous nous sommes attachée en enquêtant pour notre thèse auprès d’une
cinquantaine de chirurgiens (une quinzaine d’hommes et une quarantaine de femmes) et en
faisant sept stages d’observation dans des services chirurgicaux. Notre enquête ethnographique
a fait apparaître la permanence de comportements sexistes de la part de nombreux chefs de
services. Si les formes d’exclusion des internes féminines sont moins brutales que par le passé
et passent désormais davantage par l’humour, elles n’en traduisent pas moins la prégnance
de la domination masculine au quotidien dans ces services, à l’origine de la désertion de
nombreuses étudiantes de la spécialité chirurgicale. Nombre de nos enquêtées expliquent
en effet comment des chefs de service les ont découragées de faire ce métier, comment les
chirurgiens seniors se sont employés au cours de leurs différents stages à leur répéter que leur
place était « à la maison » et comment, en définitive, elles ont dû en faire « deux fois plus
qu’eux » pour gagner leur légitimité sur le terrain. En effet, les internes filles en chirurgie
sont systématiquement suspectées d’un moindre investissement professionnel du fait de leur
statut potentiel de mère, discréditées d’avance quant à leurs capacités physiques, jugées enfin
trop fragiles émotionnellement pour « tenir » dans un métier difficile. Spontanément tenues à
l’écart, elles doivent « lutter » pour « s’imposer ». La période de la grossesse est bien souvent
révélatrice de cette nécessité d’en faire « deux fois plus » pour elles et mérite d’être étudiée
spécifiquement.
2 Les points de résistance majeurs au processus de féminisation de la formation chirurgicale,
comme de l’encadrement supérieur dans d’autres milieux professionnels, restent effectivement
« encastrés » dans les processus organisationnels (Guillaume & Pochic, 2007). Or il est vrai
que, de ce point de vue, la chirurgie, du fait des contraintes horaires qui sont les siennes,
n’est pas favorable à une articulation entre vie professionnelle et vie privée. Le modèle
de la « carrière organisationnelle », processus d’ascension professionnelle jalonné d’étapes,
tend à valoriser le modèle masculin du breadwinner, entièrement dévolu à son activité
professionnelle. Cependant, si l’organisation de l’interface travail-hors travail en chirurgie
permet d’entrevoir des mécanismes de composition des inégalités sexuées de carrière, ces
seules caractéristiques organisationnelles ne suffisent pas à rendre compte des obstacles
rencontrés par les femmes en chirurgie. Elles doivent en outre faire face à l’affirmation
permanente de conventions socialement construites comme masculines et gérer le sexisme de
leurs supérieurs et collègues masculins. La domination masculine s’exerce à leur encontre sous
les formes de la violence symbolique (Bourdieu, 1998), mais parfois aussi sous la forme de
violences verbales caractérisées. L’affirmation de rapports sociaux de sexe tendant à renvoyer
la femme aux fonctions reproductives et à consacrer l’activité productive des hommes est ainsi
manifeste en chirurgie et se trouve particulièrement aiguisée lorsque les femmes chirurgiens
sont enceintes, fournissant l’ultime preuve de cette division sexuée des tâches aux yeux de
leurs collègues masculins.
3. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 3
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
L’internat et l’assistanat : « il fallait en faire deux fois plus
qu’eux »
1
3 La période de l’internat est traditionnellement présentée comme particulièrement éprouvante
par les chirurgiens. Anne2
(praticienne libérale, 38 ans), Véronique (PH aspirant à un poste
de PU-PH, 50 ans) et Denise (PH, 36 ans) n’hésitent pas à dire que c’est le temps où
elles étaient des « esclaves ». Période de formation, elle est aussi une période d’incertitude
quant à l’obtention d’un poste futur. Le système de nomination sur un poste fonctionnant
par cooptation, il s’agit de « faire ses preuves » auprès des patrons pour obtenir un poste
d’Assistant-e Chef-fe de Clinique puis éventuellement un poste de Praticien-ne Hospitalier-
ère. Anne explique qu’elle courait ainsi après un poste mais que
« C’était même pas sûr ! On pouvait me dire du jour au lendemain : « Oh ben non, finalement le
poste, on vous l’donne pas ». Donc tu vois c’était un petit peu la carotte. En disant : « Ouais, tu
fais ci, tu fais ça… ». Tu serres les dents, tu vois il m’imposait des trucs en disant : « Si tu veux
l’poste ». (…) Parce que ça fonctionne un peu comme ça, hein : faut publier pour le poste, faut
faire ci… Ah ben non, t’es de garde pour le poste… C’était tout le temps comme ça, tout le temps
comme ça. Tu vois c’est un (sic.) espèce de rapport de forces à la con ».
Fig. 1 : Les études médicales avant 2004.
Des stages très « prenants »
4 Pendant ses quatre ou cinq années d’internat, l’interne est amené-e à réaliser des stages
semestriels dans différents services de sa spécialité qu’il ou elle choisit en fonction de son
rang de classement à l’internat et en fonction de son ancienneté. L’assistant-e chef-fe de
clinique reste deux à quatre ans dans le même service, et il ou elle est coopté-e par le chef
de service qui l’accueille pour le ou la former. Dès l’internat l’étudiant-e est amené-e à gérer
les urgences, à prescrire des examens et traitements, à opérer enfin. Si les externes constituent
la « petite main du service », les internes sont autrement plus corvéables d’une part qu’ils ou
4. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 4
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
elles sont présent-e-s toute la journée dans les services – non seulement le matin – et, d’autre
part, qu’ils ou elles peuvent assumer des responsabilités que ne peuvent prendre en charge
les externes. Les horaires sont souvent lourds pour les internes, tout particulièrement dans les
services d’excellence en CHU3
: il n’est pas rare que l’interne soit présent-e à l’hôpital de
7h du matin à 19h ou 20h le soir. A ces journées s’ajoutent des nuits ou des week-ends de
garde. En chirurgie, de nombreux patrons s’opposent à ce que leurs étudiant-e-s prennent le
« repos de compensation », pourtant réglementaire, le lendemain de garde. Ainsi l’ethos de la
« disponibilité permanente », s’il tend à s’atténuer en médecine, reste tout à fait prégnant en
chirurgie (Robelet, Lapeyre & Zolesio, 2005).
Une activité éprouvante physiquement
5 Outre la dimension temporelle très « prenante » des stages de chirurgie, il faut prendre en
compte la dimension physique de l’activité chirurgicale. Les matinées sont généralement
destinées à l’activité opératoire mais il n’est pas rare que l’interne ou l’assistant-e chef-fe
de clinique quitte le bloc opératoire vers 14h ou 15h seulement pour aller déjeuner. Il ou
elle enchaîne ainsi de nombreuses interventions de courte durée ou, parfois aussi, de longues
interventions de plusieurs heures (nous avons ainsi assisté à des opérations de sept ou huit
heures). Les opérations nécessitent de rester debout longtemps, avec une posture parfois
prostrée sur le corps du patient. Les chirurgiens rapportent souvent combien cette activité est
éprouvante et nécessite de nombreuses privations : ne pas manger, ne pas aller aux toilettes,
ne pas s’asseoir pendant de longues heures, ne pas dormir. Plusieurs femmes chirurgiens
ont insisté sur le fait qu’elles n’avaient pas de syndromes pré-menstruels, ce qui aurait été
impossible pour exercer ce métier.
6 Pour tout interne, l’internat est donc une période d’investissement professionnel particulier (et
la rhétorique professionnelle s’appuie en réalité essentiellement sur ce temps de la trajectoire
professionnelle qu’elle érige en norme professionnelle). Or, les internes féminines souffrent
d’un handicap par rapport à leurs homologues masculins car elles ne sont pas traitées de
la même façon qu’eux par les supérieurs, principalement des hommes. Le sentiment qui
prévaut est que « c’est plus facile quand on est un homme parce que la voie est déjà tracée »
(Dominique, PH, 63 ans). Le déficit de crédibilité dont elles sont affectées les incite à jouer
leur intégration professionnelle sur le mode de la surenchère. Puisque le milieu professionnel
valorise l’investissement sans concession et la résistance physique (Cassell, 1986), elles vont
orienter leur comportement et leur discours d’après ces valeurs, relever le « défi » et « prouver »
qu’elles peuvent en faire autant, voire plus, que leurs co-internes masculins.
7 Le surinvestissement professionnel qu’elles mettent en œuvre est évalué par les enquêtées
d’une part par un surcroît de présence et de mobilisation (ce dès les stages d’externat en
chirurgie) et d’autre part, par une endurance physique marquée. En essayant d’objectiver un
peu plus ce sentiment subjectif d’en « faire plus » que leurs homologues masculins, on peut
remarquer une certaine précocité pour les stages les plus prisés et les plus exigeants en termes
de formation. Le temps de l’internat et de l’assistanat est aussi souvent pour elles celui des
grossesses et de mise à l’épreuve de cet investissement temporel et physique. Elles mettent en
effet un point d’honneur à continuer sur le mode de la surenchère malgré le fait qu’elles soient
enceintes. Notons avant d’aborder ces différents aspects de la formation professionnelle –
le sentiment de devoir en faire plus que ses co-internes masculins, et la dénégation de la
grossesse – qu’ils ne sont pas spécifiques à la trajectoire chirurgicale de nos enquêtées mais
qu’ils se retrouvent dans d’autres professions masculines exercées par des femmes, comme
par exemple chez les policiers (Pruvost, 2007) ou chez les femmes dans le secteur du bâtiment
(Gallioz, 2008). Les débuts de la professionnalisation dans ces métiers semblent marqués
par une nécessaire masculinisation (au moins dispositionnelle) des entrantes, en réponse à la
dynamique agonistique des rapports sociaux de sexe dont elles font les frais.
Un monde « pas fait pour elles au départ »
8 Nombreuses sont les enquêtées qui expriment le déficit de crédibilité dont elles souffrent dans
les services de chirurgie en tant que jeunes femmes. Justine explique qu’on prenait toujours
5. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 5
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
plus au sérieux ses co-internes masculins qu’elle-même ; Florence relève que la difficulté est
plus grande pour elles au début car elles ne sont « pas dans un milieu fait pour [elles] au
départ ». Elodie (ACC, 32 ans) expose ainsi clairement le « préjugé » dont elles sont victimes et
les remarques incessantes de la part de leurs collègues, remarques destinées à les décourager :
« Et j’ai eu l’impression pendant mon internat qu’il fallait une sacrée dose de caractère parce
que j’étais entourée uniquement de garçons et d’hommes, parce que les patrons, c’était tous, tous
masculins. Et qu’il fallait un p’tit peu faire sa place. Que c’était différent. Oui, c’était différent
pour nous. Ça a des avantages et des inconvénients. (…) Pas mal d’inconvénients puisque… y a
un espèce (sic.) de préjugé quand vous arrivez… vous êtes une fille… j’ai démarré comme ça, je
le savais. Et ça s’est confirmé. Y a un préjugé. Quand vous arrivez en chirurgie, avec des vieux
patrons, c’était tous des hommes et… tout l’monde est… Y avait pas une seule fille. Donc c’est
un p’tit peu plus difficile, il faut faire ses preuves. Il faut être meilleure. A mon avis. Il faut pas
être bon, il faut être meilleur. Parce que vous partez avec un handicap. Mais une fois que c’est fait,
c’est bon. Une fois que vous avez montré que vous êtes… pas là pour jouer, pour rigoler. Et que
vous pouvez faire aussi bien que les autres, ben c’est tout quoi, ça passe et puis c’est pareil. Mais
au départ il faut un petit peu montrer de quoi vous êtes capable. Et les avantages… Avantages
pendant mon internat y en n’a pas eu, là non. Parce que j’ai été… j’ai été traitée comme les autres.
Et même parfois un peu plus difficile psychologiquement parce qu’il y a un… j’ai entendu des
choses, ‘fin… (….) Cent fois j’ai entendu : “La chirurgie, c’est pas un métier d’femme”. Cent fois
j’suis gentille ! “La chirurgie c’est pas pour les filles, tu verras…” »
9 D’où cette nécessité pour elles de « faire [leurs] preuves » en permanence, de « faire [leur]
place » (les deux expressions reviennent très régulièrement dans les entretiens). La « volonté »
est au cœur des récits d’enquêtées. Les quelques enquêtées qui disent n’avoir jamais ressenti
de différence de traitement en tant qu’éléments féminins se glorifient aussi « d’avoir fait en
sorte qu’on ne fasse pas de différence » (Géraldine, PU-PH, 46 ans), d’avoir « donné le change
en face » (Gaëlle, PH, 34 ans) mettant en avant leur surinvestissement en terme de présence
et de motivation (« Parce qu’aussi je me donnais à fond », Gaëlle, PH, 34 ans) par rapport
à leurs co-internes masculins. Pauline (ACC, 34 ans) sous-entend, en fin d’entretien, qu’elle
rencontre des difficultés dans la concurrence avec ses homologues masculins pour l’obtention
d’un poste et, alors que je m’étonne de ce qu’elle ne l’ait pas développé en entretien, elle me
dit : « Je vous ai pas tout dit non plus. De toute façon, quand on veut rester à un endroit, il
faut plus batailler, prouver davantage ». Sans tomber dans l’hagiographie4
et proclamer qu’on
n’a « jamais vu une femme incompétente » (Irène, PH, 43 ans) parce qu’elles seraient toutes
plus travailleuses et plus rigoureuses que leurs collègues masculins (Dominique, PH, 63 ans),
regardons de plus près ce sentiment subjectif d’en avoir « fait plus » que les hommes.
« Il fallait faire ses preuves »
10 Le surinvestissement des enquêtées dans les stages de chirurgie commencerait dès leur
externat. Denise (PH, 36 ans) raconte qu’elle était « à fond » dans son stage et qu’elle ne
voulait plus en partir. Julie (praticienne en PS-PH, 41 ans) explique également avoir été « le
pilier de la chir C », y vivant littéralement pendant ses stages d’externat. Géraldine (PU-PH,
46 ans) parle « d’intégration extraordinaire » à la vie du service. La plupart des enquêtées,
quelque soit leur génération, disent effectivement avoir passé « des jours et des nuits » ou
« leur vie » au bloc opératoire (ce type de discours est absent des témoignages recueillis avec
les hommes). Ainsi Henriette, retraitée de 81 ans, explique-t-elle qu’elle « avait un défaut
majeur, c’est que comme externe [elle était] dans les hôpitaux du matin au soir (…) Quand
[elle était] externe [elle a passé son] temps en chirurgie (elle aide bénévolement un chirurgien
au bloc opératoire) », concluant finalement son récit par un : « Bref, j’ai passé un certain
nombre de nuits à l’hôpital », enthousiaste.
11 Comme le détaille une enquêtée, « faire trois plus fois ses preuves » (Esther, PH cheffe
de service, 38 ans) signifie concrètement faire plus de gardes, chercher à aller plus souvent
au bloc opératoire, à rester plus tard le soir, à boucler plus de choses en salle que les
collègues masculins. Les interventions sont un enjeu de taille pour les étudiant-e-s : y assister,
aider, c’est se former. Béatrice (praticienne libérale, 56 ans) se souvient même s’être battue
physiquement avec ses camarades pour obtenir une urgence. Soraya (PH cheffe de service,
38 ans) conseille aux jeunes femmes de s’imposer pour avoir des interventions et ne pas
6. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 6
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
se laisser passer devant par leurs collègues masculins. Si le sacrifice temporel est librement
consenti pendant l’externat, la pression pèse sur les internes, dont on exige qu’ils ou qu’elles
soient particulièrement disponibles5
.
Anne (praticienne libérale, 38 ans) : C’était de sept heures du matin à onze heures le soir. C’était
un service monstrueux. Y avait une charge de travail énorme. Mais justement c’était intéressant
parce qu’il y avait plein de boulot, les chefs étaient obligés de laisser faire aux internes.
12 Les enquêtées disent s’être imposées elles-mêmes plus de présence par « défi » et « challenge »
personnel. Ainsi Michèle (PH, 55 ans) explique-t-elle qu’elle a « fait ce métier-là avec au
départ un sens un petit peu du défi, du challenge (…) au départ ce qui [l’]intéressait, c’était
ÇA : tout ce qui est… presque conflictuel ». De même, Claire (praticienne libérale, 35 ans)
justifie son choix de la spécialité : « Moi j’étais plutôt à faire la course avec les garçons,
donc ça allait bien de pair avec ça ». Selon Mathilde (PH, 55 ans) « pour une femme il
faut toujours prouver qu’on est aussi disponible, sinon plus, pour les gardes. Il faut pas dire
“non, j’ai mes règles”
6
ou “je suis fatiguée” ou “j’ai les enfants” ». Le déficit de légitimité
dont elles souffrent initialement leur impose un surcroît de présence et de motivation pour
être réhabilitées. Par leur pugnacité et la démonstration de leur bonne volonté, elles gagnent
progressivement du crédit, ce qui signifie concrètement se voir attribuer des interventions.
Véronique (PH, 50 ans) : Je suis allée chez Gayet c’était, il nous faisait énormément travailler et il
voulait qu’on soit là même le samedi même le dimanche, j’ai tout de suite été, je me suis occupée
de lits privés parce que le patron, ‘fin… J’étais tellement consciencieuse, tellement travailleuse
et tellement disponible que… en général j’étais… ‘fin les patrons m’aimaient bien parce que je
travaillais bien. (…) Tant que je voulais bien faire l’esclave, on m’adorait.
13 Sur le terrain, j’ai été témoin de l’investissement marqué des internes féminines. Alessia (FFI,
32 ans) même si elle se plaignait auprès de moi de devoir réaliser des « PAC »7
, les faisait
avec empressement, espérant qu’après avoir fini ces gestes mineurs on lui en donnerait de
plus conséquents (ce qui effectivement se produisit). Par son empressement elle se démarquait
aussi de son co-interne Malek, FFI également, mais beaucoup plus nonchalant. De même,
Chloé (interne, 25 ans) semblait plus investie à Antonin Poncet que ne l’étaient ses deux co-
internes (orthopédiste et urologue il est vrai, donc moins investis dans ce stage de chirurgie
viscérale) : lors des temps morts de la journée, plutôt que d’aller prendre un café ou jouer
au baby-foot à l’internat comme eux, elle restait dans les parages du bloc opératoire ou de la
salle de soin espérant qu’on lui confierait quelque tâche à accomplir8
. Lorsqu’effectivement
une urgence se présentait, elle était aux premières loges pour la prendre en charge et ses chefs
pouvaient s’en féliciter. Alessia (célibataire) comme Chloé (mariée), sans enfant, étaient en
outre particulièrement disponibles et arrangeantes pour échanger des gardes avec leurs co-
internes masculins.
14 Les chirurgiens seniors interviewés témoignent également de cette « niaque » qu’elles sont
capables de mettre en œuvre et du fait qu’elles ont fait davantage leurs preuves que les
hommes pour en arriver au niveau où elles en sont. Frédéric (ACC, 36 ans) dit ainsi de
Chantale (ACC, 31 ans) qu’elle est « teigneuse ». Un patron de Myriam (PH, 37 ans) dira
en commission CME qu’elle a « beaucoup travaillé, plus que ses co-internes, [qu’]elle a été
une excellente candidate ». Deux professeurs font des remarques de ce type à Catherine (PU-
PH, 53 ans) qui expliquent que lorsqu’elle a passé l’agrégation, deux professeurs lui ont dit :
« Ben pour en arriver là vous avez plus travaillé que les hommes » et que pour eux ceci
était une évidence. Pour Anne-Sophie (praticienne libérale, 50 ans) comme pour d’autres, être
considérée « comme un homme » par ses supérieurs, c’est déjà accéder à la reconnaissance :
ASR : ‘fin bon tous les mois, enfin tous les six mois en faisant les stages, il faut prouver qu’on
est mieux qu’un homme. Et les deux plus beaux compliments qu’on ait pu me faire c’est de me
dire… C’est de casser du sucre sur le dos des femmes chirurgiens. Je commençais à les regarder
de travers. Et eux de me dire : « Ah oui, mais vous, c’est pas du tout comme les autres. Vous,
vous travaillez comme un homme ». Et c’était le plus beau compliment qu’on puisse me faire.
Alors bon, la première fois je me suis amusée et j’ai dit : « t’, t’, t’, t’, je rectifie : mieux qu’un
homme ». (rires)
7. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 7
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
EZ : Et ça se manifestait comment de votre part ? Est-ce que vous en faisiez plus, vous restiez
plus le soir ?
ASR : Ah oui, je travaille beaucoup donc, voilà. Le tout c’est de n’être jamais fatiguée, d’être
toujours disponible. Non, on travaille plus qu’un homme. C’est indéniable. (…) ‘fin moi j’essayais
de mettre la barre assez haut d’entrée de jeu. De façon à ce qu’on m’enquiquine pas longtemps,
quoi. Et souvent ça a été comme ça. Mais ça demande un effort surhumain. Faut voir les choses
telles qu’elles sont. On en demande jamais autant à un garçon. Ça c’est une évidence.
15 Si elle témoigne de l’usure que ce surinvestissement induit (« effort surhumain »), c’est que le
surcroît de présence est aussi un surcroît d’effort physique. Prouver que « c’est pas parce que
[l’on est] une femme, [qu’on] pèse 40 kilos toute mouillée [qu’on n’est] pas aussi capable »,
tel semble bien l’enjeu des quelques témoignages d’épuisement au travail pendant la période
de l’internat et de l’assistanat. La grossesse est bel et bien vécue comme une épreuve dans
le contexte professionnel étant donné la difficulté de l’annonce et de la nécessité de faire ses
preuves auprès de ses pairs et de ses supérieurs hiérarchiques pour les femmes chirurgiens.
La grossesse comme mise à l’épreuve de l’investissement
professionnel
16 Le temps de l’internat et de l’assistanat correspond à la période durant laquelle la quasi-totalité
des enquêtées ont leur(s) premier(s) enfant(s). Pour elles il s’agit de montrer d’autant plus
d’investissement professionnel et de résistance physique pour faire accepter ce qui est parfois
perçu sinon comme une « provocation » (Marie, ayant arrêté la chirurgie, 33 ans ; Henriette,
retraitée, 81 ans). Car les grossesses sont généralement mal accueillies par les chefs de service
en chirurgie, qui ont pour coutume de mettre en garde leurs internes féminines à ce sujet. Etre
enceinte au cours d’un stage gêne l’organisation du service et serait perçu comme le signe
d’un manque d’engagement professionnel. Selon Henriette (retraitée, 81 ans) « si vous voulez
faire ça [un enfant], il faut faire comme si on était un des leurs ».
Une annonce délicate
17 L’annonce de la grossesse au patron est souvent présentée comme un moment délicat.
Certaines préfèrent précipiter l’annonce et prévenir au plus tôt, avant même le début du stage.
D’autres au contraire choisiront de tenir le plus longtemps possible sans que cela se remarque.
Le retard dans l’annonce de sa grossesse de la part de Géraldine semble avoir été aussi à la
mesure de sa crainte :
EZ : Ça ça a été facile de l’annoncer à votre patron ? Ça a été bien pris ?
Géraldine (PU-PH, 46 ans, 3 enfants) : Non, ah non ! Ah ben non, l’histoire, l’anecdote est trop
marrante. C’est que j’étais mais alors… verte, verte ! Parce que c’est quand même un service
qui était monstrueux, ça commençait à 7h30 du matin, ça finissait à 11h du soir, c’était épuisant,
épuisant. Et puis c’était des gardes, des transplantations à l’époque qui duraient 20h, c’était
abominable. Et donc je me retrouve enceinte, je me dis « Merde, il faut que je l’annonce à Gayet,
il faut que je l’annonce à Gayet » et puis… « J’ai un peu l’temps… je suis pas très grosse, y a la
blouse, et tout ». Et puis à un moment donné y a une de mes vieilles infir/ une vieille infirmière,
que je connaissais très bien, avec laquelle je travaillais tous les jours, qui me dit : « Géraldine, il
va falloir que tu l’annonces parce que là ça commence à se VOIR ! ». Je l’avais dit à personne. Je
dis : « Comment tu l’as vu ? », elle me dit : « M’enfin, t’en es à combien ? », je dis : « Je suis à
quatre mois et demi », elle me dit : « Mais tu t’rends compte, il faut lui dire quand même ! ». Puis
je retournais ça dans… Je me disais : « Mais qu’est-ce qu’il va me dire ? etc. C’est une horreur.
Mes collègues aussi ».
18 Si cette annonce est crainte, c’est que les grossesses sont généralement mal accueillies par les
chefs de service. La question – classique – de début de stage pour savoir si l’interne est mariée
et si elle compte avoir des enfants est mal acceptée par certaines9
. En effet, nombreuses sont
les enquêtées qui s’insurgent de devoir répondre en début de stage à leurs patrons qui leur
demandent si elles comptent être enceintes si elles sont mariées alors qu’ils ne leur demandent
jamais si elles veulent poursuivre une carrière universitaire, question posée systématiquement
aux candidats masculins. C’est bien ce qu’explique Esther, avec un sentiment d’injustice (PH,
cheffe de service, 38 ans, célibataire sans enfant) : « En fait normalement la procédure c’est
que quand on va aller dans un stage, on va se présenter au chef de service. Et quand on
8. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 8
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
est une femme, la première question systématiquement que j’ai eue c’est : “Est-ce que vous
êtes mariée ?” Parce que tout ce qui les embête c’est qu’on soit mariée et qu’on puisse
éventuellement avoir une grossesse. Euh… Et ça s’arrête là. (…) Mais on ne m’a jamais
proposée une carrière universitaire. Peut-être pour d’autres raisons. Mais quand vous êtes
un garçon et que vous vous présentez en tant qu’interne à un chef de service, c’est pas la
première question qu’on vous pose si vous êtes marié. On vous pose, on vous demande de
savoir si vous voulez faire une carrière universitaire. Et… et après on vous donne les moyens
pour. Donc y a d’énormes différences ». Fabienne (praticienne libérale, 40 ans, 2 enfants) se
souvient également avoir été choquée par cette question la première fois qu’elle s’est présentée
à un chef de service. Elle raconte comment elle lui avait répondu : « Ecoutez, non, c’est pas
prévu au programme » et avait ajouté, juste pour lui faire un peu peur : « Mais on sait jamais
ce qui peut arriver ». Certains patrons n’hésitent pas après la question posée à passer une
sorte de contrat moral en début de stage avec leurs internes, leur enjoignant de ne pas avoir
de grossesse pendant la durée du semestre. Pour d’autres, c’est au moment du clinicat que ce
contrat moral est posé :
EZ : Et ça a été bien pris vos grossesses dans les services par exemple ?
Irène (PH, 43 ans, 2 enfants) : Oui, en tant qu’interne, oui. Oui.
EZ : Vous dites « en tant qu’interne », parce que sinon ?
Irène : Oui parce qu’on gêne pas trop : on est en surnombre, on pose pas de souci. C’est clair
qu’au moment de mon clinicat, mon patron me disait : « T’es enceinte, j’te vire, quoi ». Je lui
disais : « Je le ferai pas pour vos beaux yeux mais… ». Mais bon, ça posait plus de problèmes
certainement que pendant l’internat, parce qu’au moment de l’internat, j’étais en surnombre et
puis j’embêtais personne, quoi. Je prenais la place de personne et un service ne se retrouvait pas
sans interne parce que j’étais en congés mater. Donc y avait pas de souci.
19 Nombreux aussi sont les récits d’enquêtées qui ont annoncé leur grossesse avant de prendre
leur stage et qui ont été vivement découragées par les chefs de service en question de choisir
leur service (toutes se sont entêtées toutefois, démontrant déjà ainsi un certain acharnement).
Ainsi Dominique (PH, 63 ans, 3 enfants) raconte que quand elle a annoncé à son patron qu’elle
était enceinte la troisième fois, celui-ci lui « a répondu que c’était pas l’moment ». Elle conclut
son récit ainsi : « M’enfin bon, on peut pas attendre que les patrons vous donnent l’autorisation
parce que sinon on serait JAMAIS enceinte ». Le fait que Chantal (PH, 37 ans, 4 enfants) ait
fait son stage en étant enceinte chez le Professeur Vidal10
a d’abord été accueilli comme un
« scandale » à en croire Florence (interne, 29 ans, célibataire sans enfant). Justine (PH, 52
ans, 2 enfants) s’entend dire par son patron : « J’ai pris un chef de clinique féminin, fallait
que je m’attende à ce qu’il me trahisse »11
. Ces réactions de la part des patrons sont tellement
fréquentes que lorsque l’annonce se passe bien, cela semble une agréable surprise pour les
enquêtées :
Sabine (ACC, 33 ans, 1 enfant) : Ils ont été plutôt cool. Et je m’y attendais pas.
Eva (PH, 36 ans, enceinte du 1er enfant) : J’ai de la chance d’avoir un patron assez… cool. Pour ça.
Faire ses preuves à l’épreuve de la maternité
20 Une fois la grossesse annoncée, il reste à faire la démonstration de sa disponibilité et de sa
capacité à « tenir » aussi bien qu’un homme. La plupart du temps les enquêtées apparentent
leur grossesse à un non-évènement : Gaëlle (PH, 34 ans, 2 enfants) insiste en disant que
« la grossesse n’est pas une maladie » et qu’elle « n’en avait rien à faire ». Ainsi les
enquêtées font-elles souvent comme si elles n’étaient pas enceintes. Gaële (PH, 34 ans,
2 enfants) raconte qu’elle « pétait la forme » alors qu’elle était enceinte et qu’elle aurait
bien porté un malade malgré son gros ventre. Plusieurs enquêtées ont stigmatisé au contraire
les infirmières enceintes qui refusaient de porter des malades et s’en sont distinguées. Le
fait même que les femmes chirurgiens reprennent à leur compte les normes définies comme
sexistes, discriminant à leur tour les infirmières qui refusent d’effectuer certains travaux parce
qu’elles sont enceintes, témoigne de la force d’imposition de la domination masculine. C’est
ainsi en essayant de se fondre dans le collectif de travail masculin et en opérant une nette
9. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 9
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
séparation avec les infirmières que s’imposent les femmes chirurgiens, reprenant à leur compte
et à l’égard d’autres femmes la violence symbolique exercée par leurs collègues masculins.
21 D’autres enquêtées, à l’instar de Mathilde ou d’Henriette racontent qu’elles ont mené leurs
gardes presque jusqu’à leur terme, alors même que légalement elles peuvent être déchargées
de les faire plusieurs mois avant : « Vous savez, j’ai été élevée assez à la dure. Et ma mère
m’a toujours dit qu’une grossesse c’était pas une maladie. J’ai fait des gardes pratiquement
jusqu’à la fin. Juste quinze jours avant les collègues m’ont dit qu’ils prenaient mes gardes »
(Mathilde, PH, 55 ans). A la question « Combien de temps vous êtes-vous arrêtée pour chacune
de vos grossesses ? », la plupart des enquêtées répondent fièrement à l’instar de Justine (PH,
52 ans, 2 enfants) : « le minimum salarial ! ». Certaines ne prennent pas la totalité de leurs
congés maternité, ne supportant pas de rester chez elles et/ou pressées par leurs collègues de
reprendre le service. Souvent les vacances cette année-là ne sont pas utilisées (surtout lorsqu’il
s’agit de la première grossesse).
Sabine (ACC, 33 ans, 1 enfant) : Et puis voilà, moi je me suis arrêtée vraiment au dernier moment,
j’ai pas pris tout mon congés de maternité, j’ai pas pris mes vacances cette année-là parce que
voilà… D’ailleurs je les ai perdues (léger rire) ça je l’savais pas. Et voilà.
EZ : Vous les avez pas pris parce que… ?
Sabine : Ben parce que j’osais pas. Je les ai mis dans une merde noire, quoi, hein. Ils étaient plus
que deux pour faire tout l’été. Voilà. Et pas…
22 Si les grossesses sont illustratives de la nécessité de faire « encore plus ses preuves »,
elles viennent également renforcer les stéréotypes, à savoir que les femmes chirurgiens sont
susceptibles d’avoir des enfants et donc de ne pas être suffisamment disponibles pour leur
carrière. Si de tels discours sont encore possibles voir légitimés, c’est que de fait, l’organisation
hospitalière n’échappe pas aux rapports sociaux de sexe et repose, comme les autres secteurs
professionnels, sur la division sexuelle du travail assignant prioritairement les femmes à
la sphère privée (Devreux, 2001). On voit ici l’interdépendance des sphères permettant
finalement aux hommes de se libérer des obligations domestiques et donc d’être disponibles
pour investir prioritairement leur carrière.
Conclusion
23 Les récits des femmes chirurgiens, corroborés par ceux de leurs homologues masculins,
attestent des comportements misogynes ou sexistes qui existent encore au sein de la profession
chirurgicale. Ces professionnelles se sentent bien souvent enjointes d’en « faire deux fois
plus » que les hommes, « mises à l’épreuve », et disent qu’il faut « se battre » pour
faire face et s’imposer professionnellement. Les obstacles qu’elles rencontrent relèvent
ainsi non seulement d’une organisation peu propice à l’articulation entre vie privée et vie
professionnelle12
, à des normes professionnelles « masculines », mais aussi à un traitement
différencié des sexes par les patrons de chirurgiens et des comportements sexistes relevant de
la prégnance de la domination masculine.
24 Le temps des grossesses est celui de l’épreuve par excellence, puisqu’elles doivent
d’autant plus faire leurs preuves, tant physiquement que mentalement, auprès de leurs
pairs comme de leurs supérieurs hiérarchiques. Cette situation, probablement comparable
à celle d’autres professions où le surinvestissement professionnel est érigé comme norme
et présenté comme étant l’apanage du masculin (Guillaume & Pochic, 2007), découragent
inévitablement les étudiantes d’intégrer le métier de chirurgien. Mais il est évident qu’en
chirurgie, davantage que dans d’autres professions supérieures en féminisation (comme
l’architecture ou la magistrature), cette dimension est d’autant plus importante puisque
le métier chirurgical comprend une dimension physique indéniable. La naturalisation des
capacités et de l’endurance physiques est ainsi d’autant plus vive dans ce métier, et tend à
discréditer par avance les femmes.
25 Celles qui y font face et « relèvent le défi » font preuve d’une véritable surenchère
dans l’investissement professionnel, se déchargeant sur d’autres professionnelles des tâches
domestiques et éducatives. Ceci est particulièrement vrai pour la première partie de leur
carrière professionnelle – l’internat et l’assistanat – où elles sont complètement dépendantes
10. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 10
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
de leurs supérieurs hiérarchiques masculins pour l’obtention d’un poste. Leurs premières
grossesses sont ainsi vécues comme une épreuve, un challenge à relever, comme l’occasion de
faire véritablement « leurs preuves ». La modalité d’imposition dans le métier des femmes la
plus courante reste celle de la « virilitude »13
avec une surenchère dans l’endurance physique,
une surenchère dans les grivoiseries et la revendication de l’étiquette de « chirurgien »
au masculin plutôt que de celle de « chirurgienne ». On remarque cependant que le
traitement auquel les femmes chirurgiens sont soumises ne fait pas l’objet d’une mobilisation
collective, mais donne lieu à la mise en place de stratégies individuellles où le mérite et la
« force de caractère » des individus sont prépondérants, dans une profession marquée par
l’individualisme14
.
26 Une analyse diachronique de la trajectoire de ces femmes chirurgiens fait pourtant apparaître
qu’avec le temps, une fois qu’elles ont un poste et qu’elles sont moins dépendantes de la
hiérarchie masculine, elles éprouvent une certaine usure à faire sans arrêt la démonstration
de leurs capacités à faire plus que les hommes, et qu’elles adoptent des modalités de
comportement plus « féminines » et moins compétitives15
. Ainsi pourrait-on dire que les
premières maternités, qui surviennent généralement en début de carrière professionnelle,
sont l’occasion de surenchérir dans le modèle du breadwinner (Lapeyre, 2006), mais
qu’avec le temps les femmes chirurgiens n’éprouvent plus le besoin de s’imposer selon les
mêmes modalités de comportement et que l’expérience de la maternité et l’indépendance
professionnelle les amène à une deuxième partie de carrière plus « féminine » (Zolesio, 2010).
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11. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 11
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Notes
1 L’expression est revenue plusieurs fois dans la bouche des enquêtées et reprend également la phrase de
Charlotte Whitton que Rosalyn Yalow, prix Nobel de physique, aurait accroché dans son bureau et qui est
volontiers reprise par Patricia L. Dawson, chirurgien noire-américaine : « Whatever women do they must
do twice as well as men to be thought half as good. Luckily this is not difficulty » (Dawson, 1999, p. 17).
2 Tous les prénoms mentionnés dans ce texte sont fictifs.
3 Centre Hospitalo-Universitaire.
4 Comme a tendance à le faire Joan Cassell (1998).
5 La disponibilité est un des premiers critères d’évaluation des stages d’internat et fait l’objet de
nombreuses annotations de professeurs sur les rapports semestriels.
6 Sur ma relance elle explique que c’est une excuse qu’elle n’a jamais entendue en chirurgie mais plutôt
de la part de la serveuse ou de la plongeuse qu’employaient ses parents.
7 Pour port à cathéter, petite intervention très peu prestigieuse.
8 On pourrait penser que ma présence aurait influencé l’enquêtée à paraître « sérieuse » mais le personnel
paramédical a indiqué que c’était là son habitude.
9 Ceci n’est pas sans rappeler le questionnement différentiel adressé aux femmes candidats aux concours
de surveillants de prison par rapport à leurs homologues masculins : les questions classiques sont alors
de savoir comment elles comptent concilier vie professionnelle et vie privée et comment leur conjoint
acceptera cette situation (Malochet, 2008).
10 Ce nom de famille est bien sûr fictif.
11 Katia Sorin notait également des réflexions plus ou moins accusatrices et agressives des supérieurs
directs de timonières enceintes et la même tendance à « tenir » malgré tout de la part de ces femmes
pour éviter aux collègues un emploi du temps surchargé et être repéré comme un élément faible (Sorin,
2003, pp. 134-135).
12 Comme c’est le cas par exemple pour les biologistes (Marry & Jonas, 2005, pp. 69-88).
13 Nicky Le Feuvre définit ainsi l’attitude de femmes qui consiste à adopter les standards de
comportement masculins. Elle s’oppose en tout point à la féminitude, attitude qui consiste à penser qu’il
existe une spécificité féminine et à la valoriser (Le Feuvre, 2001, pp. 197-228).
14 Les chirurgiens apparaissent par exemple comme très peu syndiqués comparativement aux
anesthésistes. Pearl Katz soulignait déjà l’individualisme de la profession chirurgicale fondée sur le
mythe du « héros » (Katz, 1999).
15 Cf. Baudelot et Establet (1992) et Bourdieu (1998).
Pour citer cet article
Référence électronique
Emmanuelle Zolesio, « De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » »,
Questions Vives [En ligne], Vol.8 n°15 | 2011, mis en ligne le 01 juin 2011, consulté le 06 mars 2016.
URL : http://questionsvives.revues.org/741 ; DOI : 10.4000/questionsvives.741
À propos de l’auteur
Emmanuelle Zolesio
ATER en sciences de l’éducation – Université Lille 3 / Universités de Lyon – Centre Max Weber,
équipe « Dispositions, Pouvoirs, Cultures, Socialisations ».
12. De la nécessité pour les femmes chirurgiens de « faire leurs preuves » 12
Questions Vives, Vol.8 n°15 | 2011
Droits d’auteur
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Résumés
L’objectif de cet article est de voir les obstacles qui existent à la féminisation de la chirurgie,
encore aujourd’hui. Quoique la médecine dans son ensemble se féminise, la chirurgie demeure
la spécialité médicale la plus sous-féminisée et les comportements sexistes des professionnels
en poste ne sont pas pour rien dans cet état de fait comme le montre notre enquête
ethnographique. En effet, les internes filles en chirurgie sont systématiquement suspectées
d’un moindre investissement professionnel du fait de leur statut potentiel de mère, discréditées
d’avance quant à leurs capacités physiques, jugées enfin trop fragiles émotionnellement pour
« tenir » dans un métier difficile.
Why female surgeons need to “prove themselves”. Professional
overinvestment and pregnancy
The purpose of this paper is to underline the remaining obstacles to the feminization of surgery.
An ethnographic study shows that, although the feminization of medicine as a whole is real,
surgery remains the most under-feminized area of medical specialization and sexist behaviors
from senior surgeons are partly responsible for this situation. In fact, female students in surgery
are always suspected of being less involved in their jobs as they are potential mothers, they
are discredited in advance in matters of physical capacities, and are considered as too weak
emotionally to “cope” in this difficult profession.
Entrées d’index
Mots-clés : femme, grossesse, sexisme, enseignement en milieu hospitalier, entrée
sur le marché du travail
Keywords : women, pregnancy, sexism, hospital teaching, labour market entry