les outils d'annotation et l'édition scientifique de corpus textuels - mémoire Johanna Daniel
Mémoire de master "Technologies numériques appliquées à l'Histoire" de l'Ecole des Chartes.
Les outils d'annotation et l'édition scientifique de corpus textuels. L’exemple du projet « Les Guides de Paris (les historiens des arts et les corpus numériques) »
Volume de texte - version corrigée
Mémoire master II - La Conférence de Madrid (1934) : origines et fortune de ...Jean-Baptiste JAMIN
Adoptant comme référence la Conférence de Madrid organisée par l'Office International des Musées en 1934, ainsi que sur le manuel Muséographie – architecture et aménagement des musées d'art qui en découle – dont il s'agira de démontrer en quoi ils constituent des jalons –, cette étude s'intéresse plus largement à l'évolution de la muséographie au XXe siècle.
De l'analyse critique de Louis Réau sur l'organisation des musées aux leçons de Georges Henri Rivière, en passant par le discours d'Henri Focillon, l'œuvre de l'Office International des Musées, l'Exposition internationale de 1937 et les cours de Germain Bazin à l'École du Louvre (entre autres), ce mémoire s'attache donc, à défaut d'en retracer l'histoire, à présenter la muséographie à travers quelques moments clés.
Et si l'architecture muséale et les techniques de mise en valeur des collections constituent le principal du développement, l'aspect éminemment social et pédagogique du musée en demeure le corolaire permanent.
Des bases de données aux applications multimédias. Actions, initiatives, part...Jpsd consultant
Document d'archive pour l'histoire du numérique au ministère de la culture :
Conférence donnée par Jean-Pierre Dalbéra, chef de la mission de la recherche et de la technologie du Ministère de la culture, en avril 1997 devant la promotion 1997 de l'Ecole nationale du patrimoine, à Paris.
les outils d'annotation et l'édition scientifique de corpus textuels - mémoire Johanna Daniel
Mémoire de master "Technologies numériques appliquées à l'Histoire" de l'Ecole des Chartes.
Les outils d'annotation et l'édition scientifique de corpus textuels. L’exemple du projet « Les Guides de Paris (les historiens des arts et les corpus numériques) »
Volume de texte - version corrigée
Mémoire master II - La Conférence de Madrid (1934) : origines et fortune de ...Jean-Baptiste JAMIN
Adoptant comme référence la Conférence de Madrid organisée par l'Office International des Musées en 1934, ainsi que sur le manuel Muséographie – architecture et aménagement des musées d'art qui en découle – dont il s'agira de démontrer en quoi ils constituent des jalons –, cette étude s'intéresse plus largement à l'évolution de la muséographie au XXe siècle.
De l'analyse critique de Louis Réau sur l'organisation des musées aux leçons de Georges Henri Rivière, en passant par le discours d'Henri Focillon, l'œuvre de l'Office International des Musées, l'Exposition internationale de 1937 et les cours de Germain Bazin à l'École du Louvre (entre autres), ce mémoire s'attache donc, à défaut d'en retracer l'histoire, à présenter la muséographie à travers quelques moments clés.
Et si l'architecture muséale et les techniques de mise en valeur des collections constituent le principal du développement, l'aspect éminemment social et pédagogique du musée en demeure le corolaire permanent.
Des bases de données aux applications multimédias. Actions, initiatives, part...Jpsd consultant
Document d'archive pour l'histoire du numérique au ministère de la culture :
Conférence donnée par Jean-Pierre Dalbéra, chef de la mission de la recherche et de la technologie du Ministère de la culture, en avril 1997 devant la promotion 1997 de l'Ecole nationale du patrimoine, à Paris.
Le centre de documentation IKER est associé aux services communs de documentation (SCD) de l’université Michel de Montaigne - Bordeaux 3 et de l’université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) pour le développement de ses collections documentaires dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS).
Enjeux pour l’historien de demain : l’exploitation des sources numériquesEquipex Biblissima
Intervention d'Anne-Marie Turcan-Verkerk au colloque international « L’Histoire en mutation : l’École nationale des chartes aujourd’hui et demain » (Académie des inscriptions et belles-lettres, 13 novembre 2015)
Program of the 2014-2015 workshops of the Speculum Arabicum, Université catho...Encyclopaedia Iranica
The ARC research project Speculum Arabicum 2012-2017 is directed by Godefroid de Callataÿ, and aims at objectifying the contribution of the Arab-Muslim world to the history of science and ideas.
Assemblée générale 2016 du programme de recherche BVH :
Le programme BVH et les projets EDITEF, PROSONET et ECRISA
(CESR, Tours, 7 décembre 2016)
Chiara Lastraioli
Panorama des sources en architecture et pratiques éditorialesMurielle Serlet
Présentation sur les différentes ressources en architecture suivi d’un aperçu sur les pratiques éditoriales . Ce diaporama a été présenté aux journées doctorales de l'ENSAG le 5 novembre 2015.
analyse école d'architecture.pdf
djellabi abdessalame
département d'architecture biskra
Une analyse simple est utile à un étudiant débutant pour préparer un projet d'école d'architecture .
Des exemples ont été analysés, à partir desquels ont été tirés les concepts autour de ce projet.
Programme du parcours La Diagonale pour les Journées du Patrimoine les 14 et 15 septembre 2013 sur le campus Paris-Saclay.
Etablissements participants : CNRS, Faculté des Sciences d'Orsay, INRIA, Sciences ACO, Synchroton Soleil
Le centre de documentation IKER est associé aux services communs de documentation (SCD) de l’université Michel de Montaigne - Bordeaux 3 et de l’université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) pour le développement de ses collections documentaires dans le domaine des sciences humaines et sociales (SHS).
Enjeux pour l’historien de demain : l’exploitation des sources numériquesEquipex Biblissima
Intervention d'Anne-Marie Turcan-Verkerk au colloque international « L’Histoire en mutation : l’École nationale des chartes aujourd’hui et demain » (Académie des inscriptions et belles-lettres, 13 novembre 2015)
Program of the 2014-2015 workshops of the Speculum Arabicum, Université catho...Encyclopaedia Iranica
The ARC research project Speculum Arabicum 2012-2017 is directed by Godefroid de Callataÿ, and aims at objectifying the contribution of the Arab-Muslim world to the history of science and ideas.
Assemblée générale 2016 du programme de recherche BVH :
Le programme BVH et les projets EDITEF, PROSONET et ECRISA
(CESR, Tours, 7 décembre 2016)
Chiara Lastraioli
Panorama des sources en architecture et pratiques éditorialesMurielle Serlet
Présentation sur les différentes ressources en architecture suivi d’un aperçu sur les pratiques éditoriales . Ce diaporama a été présenté aux journées doctorales de l'ENSAG le 5 novembre 2015.
analyse école d'architecture.pdf
djellabi abdessalame
département d'architecture biskra
Une analyse simple est utile à un étudiant débutant pour préparer un projet d'école d'architecture .
Des exemples ont été analysés, à partir desquels ont été tirés les concepts autour de ce projet.
Programme du parcours La Diagonale pour les Journées du Patrimoine les 14 et 15 septembre 2013 sur le campus Paris-Saclay.
Etablissements participants : CNRS, Faculté des Sciences d'Orsay, INRIA, Sciences ACO, Synchroton Soleil
1. HAL Id: tel-01497949
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-01497949
Submitted on 29 Mar 2017
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Pratique rituelle et forme de l’espace : le temple
maçonnique : forme, type et signification
François Gruson
To cite this version:
François Gruson. Pratique rituelle et forme de l’espace : le temple maçonnique : forme, type et
signification. Architecture, aménagement de l’espace. Université Charles de Gaulle - Lille III, 2016.
Français. �NNT : 2016LIL30040�. �tel-01497949�
2. UNIVERSITÉ DE LILLE 3 – CHARLES DE GAULLE
École Doctorale Sciences Humaines & Sociales ED 473
École Nationale Supérieure d’Architecture et de Paysage de Lille
François GRUSON
PRATIQUE RITUELLE ET FORME DE L’ESPACE:
LE TEMPLE MAÇONNIQUE:
FORME, TYPE ET SIGNIFICATION
Tome Premier
Thèse de Doctorat en Architecture soutenue le 15 décembre 2016
Sous la direction d’Antonella MASTRORILLI, Professeure des Ecoles d’Architecture, HDR
Composition du Jury :
Anna CAIOZZO, Maître de conférences en Histoire médiévale, HDR, Université de Paris-7 Denis-Diderot, rapporteure
Jean-François COTTIER, Professeur de langues et littératures classiques, HDR, Université de Paris-7 Denis-Diderot
Maurice CULOT, Architecte, Président des Archives d’Architecture Moderne, Bruxelles
Antonella MASTRORILLI, Architecte, Ingénieur, Docteur en Histoire de l’Art, Professeur HDR à l’ENSA Lille, directrice de thèse
Pierre MOLLIER, historien, Directeur de la bibliothèque du Grand Orient de France et du Musée de la franc-maçonnerie à Paris
Thierry VERDIER, Architecte, Professeur d’histoire de l’art moderne, HDR, Université Paul-Valéry Montpellier III, rapporteur
3.
4. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
3
TOME PREMIER
Remerciements
Mes remerciements vont tout d’abord à Antonella Mastrorilli, ma directrice de thèse qui, il y maintenant quelques années de
cela, m’a convaincu de me lancer dans ceĴe aventure, nonobstant une carrière de ™raticien et d’enseinant dé“à bien avancée et surtout
bien rem™lieǯ e ce ™oint de vue, “e remercie éalement ertrand erney, mon associé à l’aence A Architectes, qui a su™™orté
larement ma ™art de travail ™endant ces trois dernières annéesǯ
5. e remercie aussi les membres du “ury, et tout ™articulièrement les deu¡ ra™™orteurs, qui ont acce™té de se lancer dans ceĴe
lourde t¦che que constitue la lecture d’un travail aussi volumineu¡, et qui traite d’un su“et ęnalement asse£ méconnuǯ
Ma ratitude va à la irection des atrimoines du Ministère de la ulture et de la ommunication et à l’1cole ationale
u™érieure d’Architecture de aris alȬdeȬeine qui, l’une et l’autre, m’ont témoiné de leur conęance en m’accordant un oné ™our
1tudes et echerches aęn de terminer ceĴe thèseǯ lle va éalement à l’1cole ationale u™érieure d’Architecture et de ™aysae de
ille et son laboratoire le A
, ainsi que leurs directeurs res™ectis, qui ont acce™té d’accueillir comme doctorant celui qui ut leur
collèue durant dou£e ansǯ
e travail n’aurait ™as été aussi rioureu¡ sans les conseils et la relecture de obert habbal, ancien irecteur énéral du
, ni aussi com™let sans la ™atience de sa ęlle, ylvie habbal, ma chère é™ouse, qui a su™™orté que “’y consacre une bonne ™artie
de mes vacances durant ces trois dernières annéesǯǯǯ
6. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
4
Résumé en Français
L’architecture des temples maçonniques constitue un patrimoine vivant, mais peu étudié,
notamment dans le cadre de la recherche universitaire. Elle présente pourtant un double intérêt.
En tant qu’objet d’étude, tout d’abord, elle offre des caractéristiques formelles, spatiales et stylis-
WLTXHVVXI¿VDPPHQWPDUTXDQWHVSRXUTX¶RQSXLVVHVRXKDLWHUHQIDLUHODGHVFULSWLRQHQFKHUFKDQW
jODIRLVjHQGp¿QLUOHVOLPLWHVHWOHVLQYDULDQWVHWDXVVLjHQFHUQHUOHVGLIIpUHQWHVYDULDWLRQVDX
travers de tropismes liés à l’histoire, la géographie ou la culture dans laquelle elle se développe.
Cette architecture présente également un intérêt en tant que sujet de recherche : elle est
VWULFWHPHQWGLFWpHSDUGHVULWXHOVSUpFLVTXLHQGp¿QLVVHQWjODIRLVODIRUPHO¶RUJDQLVDWLRQHW
l’usage. De ce point de vue, cette étude permet tout d’abord de revisiter les notions de ty™e et de
modèleWHOOHVTX¶HOOHVDYDLHQWpWpGp¿QLHVGDQVOHFDGUHGHO¶DQDOVHWSRPRUSKRORJLTXHGpYH-
loppée par la critique italienne dans les années 1970. Elle permet ensuite d’établir un lien entre
O¶XVDJHLFLFRGL¿pSDUOHULWXHOHWODIRUPHDUFKLWHFWXUDOHHWGHSURSRVHUO¶HVTXLVVHG¶XQHthéorie
de la concrétion, dans laquelle la forme de l’espace architectural serait comprise comme le résultat
d’une pratique ritualisée de l’espace.
La thèse se développe en trois parties. La première partie, qui s’ouvre sur un état de l’art, est
consacrée à l’approche méthodologique et aux développements de la recherche, grâce notamment
aux moyens liés aux technologies numériques et à l’informatique, qui ont permis l’élaboration du
corpus de la recherche. La seconde partie est consacrée à l’analyse de ce corpus, qui s’appuie sur
ODGLPHQVLRQVRFLDOHVPEROLTXHHWDUFKLWHFWXUDOHGXWHPSOHPDoRQQLTXH(Q¿QODWURLVLqPHSDUWLH
propose un extrait du catalogue raisonné du corpus. Cet extrait recouvre l’Europe et l’Amérique
du Nord.
Mots clés
franc-maçonnerie
architecture maçonnique
temple
rites et rituels
modèle
7. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
5
Résumé en Anglais
The architecture of the Masonic temples is a living heritage, but little studied,
particularly in the context of academic research. Yet it has two advantages. As an ob-
ject of study, first of all, it offers formal, spatial and sufficiently significant stylistic
characteristics that we may wish to describe, seeking both to define the limits and
invariants and also to identify different variations across tropisms related to history,
geography or the culture in which it develops.
This architecture offers also an interest as a subject of research: it is strictly
dictated by specific rituals that define both form, organization and use. From this
perspective, this study provides first revisit the concepts of type and model, as they
were defined within the framework of the typo-morphological analysis developed by the
Italian criticism in the 1970s. It establishes also a link between the use, here codified
rituals, and architectural form, and suggest the outlines of a theory of concretion,
within the form of architectural spaces would be understood as the result of ritualized
practices of space.
The thesis is developed in three parts. The first part, which opens a state of
knowledge, is devoted to the methodological approach and research developments,
thanks to the means of digital technology and computers, which enabled the deve-
lopment of the corpus of research. The second part is devoted to the analysis of this
corpus, based on the social, architectural and symbolic aspects of the Masonic Temple.
The third part provides an extract of the of the corpus. This excerpt covers Europe
and North America.
Key words
freemasonry
masonic architecture
temple
rites et rituals
model
9. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
7
SOMMAIRE
TOME PREMIER
INTRODUCTION
Choix du sujet et positionnement de la recherche .....................................................................................12
'p¿QLWLRQGXFKDPSGHODUHFKHUFKH .........................................................................................................18
Présentation de la thèse..............................................................................................................................26
PREMIERE PARTIE – MÉTHODOLOGIE
Chapitre Ier
– État des connaissances.......................................................................................................33
Panorama de l’historiographie de la franc-maçonnerie.............................................................................34
Les développements universitaires récents ...............................................................................................44
Le cas de l’architecture maçonnique .........................................................................................................47
Chapitre II – Bref rappel sur l'histoire de la franc-maçonnerie ...........................................................55
Les origines de la franc-maçonnerie..........................................................................................................56
Le développement de la franc-maçonnerie................................................................................................61
Chapitre III – Recherche des sources documentaires ............................................................................75
État des fonds disponibles..........................................................................................................................76
Recherches sur Internet .............................................................................................................................87
Chapitre IV – Élaboration de la base de données...................................................................................99
Classement des ressources documentaires...............................................................................................100
Mise en place de la base de données........................................................................................................104
Exploitation de la base de données..........................................................................................................115
Données quantitatives de la base de données ..........................................................................................125
DEUXIÈME PARTIE – ANALYSE
Chapitre Ier
– Le temple maçonnique en tant qu’objet social..............................................................135
Le temple maçonnique dans l’espace social............................................................................................137
8VDJHVHWIRQFWLRQVGHVpGL¿FHVPDoRQQLTXHV ........................................................................................167
Le devenir des temples maçonniques désaffectés ...................................................................................189
Chapitre II – Le temple maçonnique en tant qu’objet symbolique....................................................207
Rôle et usage du langage symbolique dans la pratique maçonnique ......................................................208
La symbolique de la construction dans l’univers maçonnique................................................................217
Le temple en tant qu’objet métaphorique ................................................................................................231
le rôle du temple dans l’accomplissement des rituels..............................................................................243
10. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
8
Chapitre III – Le temple maçonnique en tant que modèle ..................................................................253
'p¿QLWLRQVHWSUREOpPDWLTXHGHODUHFKHUFKH ..........................................................................................254
Différentes approches du modèle.............................................................................................................261
Chapitre IV – Le temple maçonnique en tant qu’objet architectural ................................................293
Références stylistiques du temple maçonnique.......................................................................................295
Références typologiques du temple maçonnique ....................................................................................335
Matérialité du temple maçonnique ..........................................................................................................352
TOME SECOND
TROISIÈME PARTIE: EXTRAITS DU CORPUS
Chapitre Ier
– France.................................................................................................................................381
Généralités................................................................................................................................................382
Quelques exemples issus du corpus.........................................................................................................393
Chapitre II – Îles britanniques ...............................................................................................................443
+LVWRLUHHWVSpFL¿FLWpVGHODIUDQFPDoRQQHULHEULWDQQLTXH.....................................................................444
Angleterre.................................................................................................................................................450
Écosse.......................................................................................................................................................494
Irlande ......................................................................................................................................................507
Chapitre III– Europe continentale.........................................................................................................513
Belgique ...................................................................................................................................................514
Pays-Bas...................................................................................................................................................530
Suisse........................................................................................................................................................542
Allemagne ................................................................................................................................................550
Scandinavie ..............................................................................................................................................568
Italie..........................................................................................................................................................582
Péninsule ibérique....................................................................................................................................594
Chapitre IV – Amérique du Nord...........................................................................................................601
6SpFL¿FLWpVGHODIUDQFPDoRQQHULHDPpULFDLQH ......................................................................................602
Les temples « ™ionniers » ........................................................................................................................613
Les temples «ȺordinairesȺ» ........................................................................................................................621
Les temples «ȺétablisȺ» ..............................................................................................................................633
Les « com™le¡es ma³onniques » ..............................................................................................................643
Les «ȺraĴeȬcielȺ» maçonniques................................................................................................................669
Les «ȺcoĴish ite athedralsȺ» ...............................................................................................................674
Les Mémoriaux ........................................................................................................................................693
Les temples Shriners................................................................................................................................699
Les temples maçonniques au canada .......................................................................................................706
Un patrimoine en péril .............................................................................................................................713
11. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ
9
CONCLUSION................................................................................................717
Quelques constats issus de la recherche ..................................................................................................718
Quelques suites à donner à la recherche..................................................................................................727
ANNEXES
Annexe I – Index Général........................................................................................................................733
Index des noms de personnes et institutions............................................................................................735
Index des noms de lieux...........................................................................................................................755
Annexe II – Bibliographie .......................................................................................................................767
Ouvrages publiés......................................................................................................................................769
Travaux de recherchenon publiés ............................................................................................................777
Articles consultés.....................................................................................................................................779
Principaux sites web consultés.................................................................................................................781
Annexe III – Table des illustrations........................................................................................................787
Annexe IV – Table des matières détaillée...............................................................................................819
Annexe V – Extraits du corpus (CDRom ou volume papier)
13. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
11
INTRODUCTION
Cent soixante mille francs-maçons en France, près de dix millions dans le monde. Et
partout, une pratique vivante, régulière, soutenue… et à peu près inconnue, sauf pour ceux qui
V¶DGRQQHQW'HVOLHX[GHVpGL¿FHVFRQVDFUpVXQSHXSDUWRXWSOXVRXPRLQVYLVLEOHVPDLVELHQ
présents dans les villes, et aucune étude, ou presque, ni sur l’activité en tant que telle, et encore
moins sur les lieux qui l’abritent. La franc-maçonnerie, en tant que pratique sociale, et son patri-
moine, et en particulier son patrimoine bâti, apparaissent comme des sortes de points aveugles
dans le champ de la recherche universitaire, notamment dans les domaines de l’anthropologie ou
de l’histoire de l’architecture. Pourtant, la franc-maçonnerie est là, bien réelle, toujours vivante, à
ODSRUWpHGXFKHUFKHXUGHPrPHTXHVRQWSUpVHQWVGDQVOHVYLOOHVOHVpGL¿FHVTXLVRQWFRQVDFUpV
et dont l’architecture, pour l’essentiel, reste à étudier.
Le propos de ce travail est d’ouvrir un chantier: celui de l’étude d’un patrimoine présent,
accessible, encore en usage le plus souvent, et pourtant presque totalement méconnu. Alors que
notre propos initial était d’analyser, au travers de ce patrimoine, la relation entre une pratique
ritualisée de l’espace – ici, la franc-maçonnerie – et la génération des formes architecturales, nous
nous sommes aperçu que l’absence quasi-totale de connaissances sur l’architecture maçonnique
rendait impossible ce travail d’analyse, en même temps qu’apparaissait indispensable un travail
préalable d’étude et de description de ce patrimoine en tant que corpus. Nous remettrons donc notre
intention initiale d’analyse morphogénétique à plus tard – peut-être dans le cadre d’une publication
ou d’une recherche ultérieure – pour nous consacrer à cette tâche préalable qui consiste à invento-
rier, fût-ce partiellement, à étudier, répertorier, analyser et à comprendre ce corpus méconnu que
constitue l’architecture maçonnique.
14. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
12
1. CHOIX DU SUJET ET POSITIONNEMENT DE LARECHERCHE
1.1. Un patrimoine méconnu et en déshérence
Premières approches
3RXUFHOXLTXLV¶LQWpUHVVHXQWDQWVRLWSHXDXVXMHWRXSRXUOHÀkQHXUGHVUXHVTXLQHUHJDUGH
pas que ses pieds, quelques exemples d’architecture maçonnique viennent immédiatement à l’es-
prit. Il peut s’agir de l’étrange colonnade égyptisante – devant une façade aveugle – du temple du
Droit Humain, rue Jules-Breton à Paris, dont la porte, assez rebutante pour le curieux de passage,
est surmonté d’une devise latine somme toute énigmatique: «Ⱥrdo ab haoȺ»1
. Il peut également
V¶DJLUG¶pGL¿FHVFURLVpVDXGpWRXUG¶XQFHQWUHKLVWRULTXHFRPPHOHWHPSOHUXH7KLHUVjLille, qui
n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de la rue Jules-Breton dans ses références égyptiennes, et
qui s’orne également d’une colonnade, toujours devant un mur aveugle, et d’un tout aussi énig-
matique bas-relief mettant en scène un sphinx, une pyramide, un soleil levant et une femme nue,
partiellement voilée, portant en main gauche ce qui semble être un miroir. Comme rue Jules-Breton
à Paris, la composition semble mystérieuse, comme si elle échappait à toute règle classique, avec
une porte presque introuvable tant elle semble minuscule en proportion de l’ensemble de la façade.
À 3pULJXHX[jGHX[SDVGHODEDVLOLTXH6DLQW)URQWOHWRXULVWHWRPEHVXUXQpGL¿FHpWUDQJH
GRQWODIDoDGHIDLWHGHWULDQJOHVHWGHSRLQWHVVHPEOHpFKDSSHUjWRXWHFODVVL¿FDWLRQVWOLVWLTXH
On échappe ici à la colonnade aveugle, mais les nombreuses fenêtres semblent toutes obstruées de
WUDQVHQQHVFRPPHVLODOXPLqUHGXMRXUQ¶DYDLWDXFXQHSODFHjO¶LQWpULHXUGHO¶pGL¿FH¬Bruxelles,
rue de Laeken, le visiteur du musée belge de la franc-maçonnerie aura peut-être la chance qu’on
lui pousse une petite porte de communication vers l’immeuble voisin. Derrière cette porte, il dé-
couvrira, bien caché, un ensemble monumental invraisemblable, sidérant dans son ampleur autant
que par le contraste qu’il offre avec le caractère impersonnel de la façade sur rue, qu’on prendrait
pour un banal immeuble d’habitation. Comme passant au travers du miroir, ce visiteur chanceux va
basculer dans un univers étrange, presque irréel et pourtant bien réel, fait d’escaliers immenses, de
sombres corridors et de temples colossaux, qui évoquent à la fois l’univers de bandes dessinées de
Jacques Tardi ou, plus prosaïquement, la puissance insensée de la Belgique au temps des colonies.
Plus loin, sous d’autres cieux, le voyageur ne peut manquer, sur la grande place de Phila-
delphie, Pennsylvanie, face à l’Hôtel de Ville, une sorte d’immense basilique faite de clochetons,
1
Il s’agit en fait de la devise du Rite Écossais Ancien Accepté, qui constitue le rite maçonnique le plus pratiqué au monde. Nous
reviendrons sur ces aspects dans notre travail.
15. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
13
de beffrois et de pinacles, comme un décor de fantasy, clairement présentée sur les dépliants tou-
ULVWLTXHVFRPPHpWDQWjODIRLVO¶pGL¿FHOHSOXVUHPDUTXDEOHGHODYLOOHHWOHWHPSOHGHOD rande
oe de ennsylvanie. Un peu plus loin, une reproduction du mausolée d’Halicarnasse attend le
visiteur à Washington DC qu’il domine de son immense colonnade. C’est à la fois le siège du
u™r¹me onseil du ite cossais Ancien ǭ Acce™té ™our les 1tatsȬnis Ȯ
16. uridiction ud, et le
cadre d’un polar ésotérique publié à plusieurs millions d’exemplaires à travers le monde2
. Plus loin
HQFRUHHQ$XVWUDOLHRXHQ1RXYHOOH=pODQGHRQWURXYHG¶pWUDQJHVpGL¿FHVWHPSOHpJSWLHQVRX
maisons de trappeurs, perdus au milieu du désert ou au fond des îles lointaines, souvenirs encore
vivants d’une colonisation de parias cherchant à construire un monde nouveau sur des terres qui
n’étaient pas les leurs.
Quelle est donc cette étrange architecture, qui se montre et se cache à la fois, et qui suscite
la curiosité du grand-public autant que l’indifférence de l’université? Comment dépasser la fascina-
WLRQSRXUFRPSUHQGUHFHTXHVRQWFHVpGL¿FHVWRXMRXUVHQXVDJHSRXUODSOXSDUWSRXUFRPSUHQGUH
comment ils fonctionnent et comprendre aussi les règles, ou tout au moins la logique qui a présidé
jOHXUFRQFHSWLRQHWOHXUpGL¿FDWLRQ
Les premiers accents de sensibilisation
Force est de constater qu’on assiste, depuis plusieurs années, à quelques prémices d’intérêt
pour l’architecture maçonnique, fût-ce d’une façon sporadique et peu ordonnée. Nous reviendrons
en détail, dans la partie consacrée à l’«Ⱥétat de l’ArtȺ», sur les différentes actions qui, depuis quelques
années à peine, cherchent à étudier ou à valoriser ce patrimoine. Nous nous bornerons à signaler,
dans le cadre de cette introduction, les efforts conjugués des pouvoirs publics, et notamment des
services des inventaires, notamment dans les pays anglo-saxons, avec ceux des différentes obé-
diences maçonniques qui, laborieusement, prennent conscience de la valeur d’un patrimoine qui,
d’une certaine façon, représente aussi leur histoire et leur identité. Ces efforts conjugués se sont
traduits par de rares publications, le plus souvent à l’occasion d’expositions temporaires organi-
sées à l’initiative des obédiences maçonniques elles-mêmes – Grand Orient d’Italie, Grande Loge
de France – ou bien dans des cadres parfois plus académiques, telles les Archives d’Architecture
Moderne à Bruxelles en 2006. Nous reviendrons plus en détail sur ces manifestations, qui se sont
traduites par la publication de catalogues, lesquels constituent pratiquement, à ce jour, la seule
source bibliographique disponible sur le sujet.
2
BROWN Dan. e symbole ™erduǯ [Titre original : he ost ymbol, traduit de l’anglais par Dominique Defert et Alexandre Boldrini].
Paris: JC Lattès, 2009
17. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
14
Les rares cas de protection au titre des Monuments Historiques
En France, l’action de certains acteurs, à partir des années 1980, au sein de l’administration
GHV0RQXPHQWV+LVWRULTXHVDSHUPLVODSURWHFWLRQG¶pGL¿FHVTXLMXVTX¶jSUpVHQWQHUHQWUDLHQW
guère dans les critères précédemment admis. Ainsi, à 3DULVHWVRXVO¶LQÀXHQFHG¶KLVWRULHQVGHO¶DU-
chitecture comme François Loyer, on a protégé des commerces (boulangeries, boucheries) ou des
pGL¿FHVJDUDJHVFLQpPDV
18. TXHOHVGpFHQQLHVSUpFpGHQWHVDYDLHQWODUJHPHQWODLVVpGpWUXLUH'H
PrPHDYHFO¶pPHUJHQFHGHVpFRPXVpHVHWGHO¶DUFKpRORJLHLQGXVWULHOOHRQDLQVFULWGHVpGL¿FHV
ou des sites industriels précédemment voués à l’abandon, la ruine ou la démolition. Dans le même
temps, le patrimoine du XXe
siècle a commencé à attirer l’attention, et on a rapidement inscrit ou
classé les œuvres des grands maîtres (Le Corbusier dès 1965) puis des œuvres moins médiatiques
(l’Art Nouveau et les rares cas de Style International en particulier).
On ne peut, bien sûr, que se réjouir de cet élargissement des critères de protection au titre
des monuments historiques, tout en déplorant que le patrimoine maçonnique, totalement méconnu,
ait, pour l’essentiel et jusqu’à présent, échappé à ces nouveaux critères. Le temple de Périgueux
constitue une exception notable, puisque ses façades et toitures sont inscrites à l’Inventaire Sup-
plémentaire des Monuments Historiques dès 1975. Il faut dire que sa visibilité extrême dans la
YLOOHSRXYDLWGLI¿FLOHPHQWpFKDSSHUjODYLJLODQFHGHVLQVSHFWHXUVGHV0RQXPHQWV+LVWRULTXHV
Plus récemment, les temples de Rochefort et du Droit Humain à Paris se sont vu proposer
la même protection, le premier en raison des décors peints intérieurs, accompagnés d’un mobilier
historique à peu près complet, le second en raison de sa façade sur rue, même si tout laisse à penser
que les décors historiques subsistent sous le badigeon blanc intérieur qui date de l’après-guerre.
Finalement, le temple maçonnique de Rochefort sera intégralement classé en 2014, constituant
XQHSUHPLqUHSRXUXQpGL¿FHPDoRQQLTXHHQ)UDQFHDXWDQWHQUDLVRQGHVRQDUFKLWHFWXUHHWGH
son mobilier qu’au motif de son fonds documentaire, et notamment sa remarquable bibliothèque
historique.
D’autres cas de protection pourraient suivre, pour des motifs très divers et toujours étrangers
à la pratique maçonnique elle-même: Saint-Dié en raison de l’étonnant vitrail de Jacques Gruber,
Lille, rue Thiers, dans le contexte de l’œuvre de l’architecte $OEHUW%DHUW¿JXUHLPSRUWDQWHGH
l’architecture lilloise, par ailleurs auteur de la piscine – et désormais musée – de Roubaix, ou
Rennes, qui présente sur sa façades les étonnantes mosaïques d'Isidore Odorico. A Paris, si la
protection du siège du Grand Orient de France est envisageable, en raison de deux temples his-
toriques remarquables et d’un plafond peint attribué à Alfons Mucha, celle de la Grande Loge de
19. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
15
France vient d’être refusée, malgré un appui marqué de la Conservation Régionale des Monuments
Historiques, en raison d’un soit-disant manque d’intérêt architectural ou historique général et ce,
bien qu’il s’agisse d’une œuvre de l’architecte Charles Normand.
RPPHRQOHVDLWODOpJLVODWLRQIUDQoDLVHQHSUpYRLWSDVODSURWHFWLRQG¶XQpGL¿FHRXG¶XQ
VLWHHQWDQWTXHOLHXGHPpPRLUH/HIDLWTX¶XQpGL¿FHFRPPHODGrande Loge de France puisse
être considéré comme un conservatoire d’histoire et de traditions – ce qui relève d’une forme
de patrimoine immatériel – ne peut en aucun cas être invoqué comme argument en faveur d’une
TXHOFRQTXHSURWHFWLRQG¶XQpGL¿FH6LOHFDVQ¶HVWSDVJUDYHHQO¶HVSqFHLOQ¶HQYDSDVWRXMRXUV
de même de ces lieux de mémoire, pour lesquels il aura fallu développer un argumentaire parfois
spécieux, convoquant en tant que de besoin l’architecte ou l’ingénieur, alors même que l’histoire
parfois tragique du lieu ne pouvait être évoquée3
… De ce point de vue, la réglementation française
paraît quelque peu obsolète au regard de ce que pratiquent notamment les pays anglo-saxons, et
l’on aurait pu attendre de la loi «Ⱥiberté de création, architecture et ™atrimoineȺ» que ces critères
de protection puissent être élargis, notamment sur la question de la valeur mémorielle.
Les institutions maçonniques face à leur patrimoine
Force est de constater que les institutions maçonniques, notamment françaises, à commencer
par les grandes obédiences nationales, font malheureusement peu de cas de leur propre patrimoine.
Si la plupart d’entre elles se sont dotées d’un musée, le plus souvent en leur siège, en lien avec
leur service d’archives et leur bibliothèque, le patrimoine bâti, lui, reste pour l’essentiel ignoré ou
simplement considéré comme faisant partie de la logistique de l’obédience. On est frappé, notam-
ment, de la méconnaissance de ce patrimoine, aussi bien en termes quantitatifs que qualitatifs. La
structure décentralisée des obédiences, de même que la grande diversité des montages juridiques
ORUVGHODFRQVWUXFWLRQGHVWHPSOHVUHQGGLI¿FLOHODOHFWXUHJpQpUDOHGXSDWULPRLQHLPPRELOLHUGHV
obédiences maçonniques: si ces dernières sont parfois propriétaires de leurs murs, directement
ou indirectement par le biais de sociétés immobilières, ce sont souvent les loges elles-mêmes, ou
des structures ad hoc, qui sont localement propriétaires des locaux. C’est notamment le cas des
temples historiques, détenus le plus souvent par les loges qui les ont construites au XIXe
siècle ou
au début du XXe
siècle.
0DOKHXUHXVHPHQWFHWWHFRPSOH[LWpGHVPRQWDJHVIRQFLHUVUHQGGLI¿FLOHDXVVLELHQOD
connaissance de la valeur du patrimoine que les besoins éventuels en matière d’entretien, de conser-
vation ou de restauration, non seulement des bâtiments eux-mêmes, mais aussi du mobilier ou des
3
Rappelons ici, à titre d’exemple, que la Cité de la Muette à Drancy est protégée en raison des façades de Jean Prouvé, et non pour
avoir été le lieu de déportation que l’on sait pendant la 2e
Guerre Mondiale.
20. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
16
décors historiques qui pourraient subsister. Les loges elles-mêmes préfèrent parfois rénover avec
leurs propres moyens, souvent modestes, en privilégiant le confort immédiat des utilisateurs au
détriment d’actions patrimoniales, notamment de restauration, bien plus coûteuses et contraignantes.
De fait, le manque de prise de conscience des obédiences à l’égard du patrimoine maçonnique est
OHUHÀHWGHFHOXLGHVIUDQFVPDoRQVHX[PrPHVSOXVSUpRFFXSpVSDUOHVWUDYDX[HQORJHTXHSDU
leur patrimoine et leur histoire… On ne peut dès lors que déplorer le manque de politique, pour ne
pas dire de vision des institutions, qu’elles soient maçonniques ou non, à l’égard d’un patrimoine
ni étudié, ni même répertorié, et dont l’état général est préoccupant, malgré une augmentation
constante des effectifs des loges en France.
1.2. 1tat du patrimoine ma³onnišue dans •e mondeȹ
Quelques aperçus
Le constat d’une carence de connaissance, et partant d’une politique de conservation du
patrimoine maçonnique, n’est malheureusement pas propre à la France. Toute proche géographi-
quement et culturellement, la Belgique connaît les mêmes problèmes, même si la démolition des
temples de Verviers et d’Anvers a suscité une véritable prise de conscience qu’est venue relayer
très opportunément l’exposition dirigée par Maurice Culot aux Archives d’Architecture Moderne à
Bruxelles en 20064
. En Allemagne, les temples maçonniques datent, pour l’essentiel, de la période
de la reconstruction, et la question de leur patrimonialisation ne se pose pas encore. Elle se pose en
revanche pour les temples rescapés des destructions, notamment dans le nord-est de l’Allemagne,
qui ont, pour des raisons historiques, acquis une valeur symbolique forte. Dans les pays scandi-
naves, la franc-maçonnerie est le plus souvent consubstantielle des monarchies constitutionnelles
puisque, jusqu’à il y a peu, les monarques régnants étaient de droit Grands-Maîtres ou protecteurs
des grandes loges nationales. Ce caractère fortement institutionnel, particulièrement visible dans
la société, préserve la franc-maçonnerie scandinave, comme elle préserve le riche patrimoine qui
lui est attaché. De même, en Amérique Latine, la franc-maçonnerie fait partie de la vie sociale dans
de nombreux pays, sans le souci de discrétion, pour ne pas dire de secret, que nous connaissons
en Europe continentale. S’il est parfois dégradé par le temps, le patrimoine maçonnique y est bien
vivant, toujours en usage, y compris à Cuba, où la franc-maçonnerie est restée vivace nonobstant
quarante ans de régime castriste.
En revanche, la baisse brutale des effectifs dans les pays anglo-saxons rend particulièrement
problématique la question de la préservation de ce patrimoine. Au mieux, les temples désaffectés
4
CULOT Maurice [sous la direction de]. Architectures Ma³onniques, Bruxelles : AAM Éditions, 2006
21. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
17
sont réutilisés (en église, en musée, en théâtre ou salle de concert), au pire, ils sont abandonnés ou
détruits, alors que bien souvent, notamment aux États-Unis d’Amérique ou en Nouvelle Zélande, il
s’agit de l’unique «ȺmonumentȺ» et, bien souvent, du bâtiment le plus ancien de villes encore jeunes.
Ici, la valeur patrimoniale dépasse bien souvent la seule valeur maçonnique, et c’est l’histoire de
ODFRQVWUXFWLRQGHODYLOOHRXGXSDVTXLHVWHQMHXGDQVODSUpVHUYDWLRQGHVpGL¿FHV
La nécessité d’une prise de conscience
On le voit: le patrimoine maçonnique est en péril. Ce péril est pour l’essentiel à mettre
sur le compte d’une méconnaissance, aussi bien de la part des instances patrimoniales que des
institutions maçonniques elles-mêmes, alors même que les trop rares ouvertures au grand public
montrent un intérêt réel pour ce qui apparaît comme étonnant ou mystérieux. Il convient pourtant
de reconnaître ce patrimoine pour ce qu’il est, en tant que lieu d’une pratique sociale toujours vi-
vante, et hors de toute fantasmagorie d'un côté et goût du secret de l'autre, lesquels entretiennent
tous deux l’ignorance ou la fascination malsaine. Au travers de ce travail, il s’agit donc pour nous
de faire en sorte que ce patrimoine puisse échapper à la fois à la fascination et à l’indifférence,
par un travail sérieux et approfondi, propre à poser les bases d’une véritable prise de conscience
collective de la valeur de ce patrimoine, aussi bien de la part des institutions publiques que des
francs-maçons eux-mêmes, premiers concernés par la conservation d’un patrimoine matériel
consubstantiel d’un patrimoine immatériel dont ils sont, d’une certaine façon, les conservateurs
au travers de leur pratique.
25. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
20
de vouloir la discerner ailleurs que là où elle s’exerce naturellement, c’est à dire au sein des loges,
un peu comme s’ils fallait donner au mouvement auquel ils appartiennent une importance histo-
ULTXH±VHFUqWHPDLV¿QDOHPHQWUpYpOpHSDUHX[±ELHQSOXVJUDQGHTX¶LOQ¶HQDMDPDLVHX«1RXV
rapprocherons cette démarche de ce que Umberto Eco appelait joliment «Ⱥla vision ™aranoÊaque
de l’histoireȺ», et qu’il a si bien illustrée dans son roman «Ⱥe ™endule de oucaultȺ»13
, et qui traduit
cette capacité qu'ont certains auteurs à tirer des enseignements historiques généraux en rappro-
chant des faits sans liens entre eux. Bien entendu, nous entendons que cette démarche ne soit pas
la nôtre dans ce travail.
De même, et toujours dans le domaine des analogies formelles, nous exclurons de notre
champ de recherche les architectures comportant des emblèmes pouvant être interprétés comme
maçonniques, en raison le plus souvent d’une méconnaissance du sujet d’autant plus compréhensible
qu’aucune publication sérieuse n’est disponible. Nous placerons notamment dans cette catégorie
les symboles compagnonniques, il est vrai fort proches de l’iconographie maçonnique, tels qu’on
les distingue notamment sur les «ȺcayennesȺ» ou sur des maisons de compagnons, ou bien les em-
blèmes de métiers de bâtisseurs en général, comme les emblèmes d’architectes ou les armoiries
de la Guilde des Maçons visibles sur la Grand-Place de Bruxelles. Nous exclurons de même les
symboles empruntés à la franc-maçonnerie, mais employés dans une visée plus large, comme par
H[HPSOHOHQLYHDXVPEROHGHO¶pJDOLWpTXL¿JXUHSDUH[HPSOHVXUODtatue de la é™ublique sur
la place du même nom à Paris.
La production des architectes francs-maçons
De même, nous avons décidé d’écarter de notre étude les œuvres d’architectes francs-ma-
çons. En effet, l’étude de cette catégorie d’objets pose plusieurs problèmes méthodologiques,
jFRPPHQFHUSDUODYpUL¿FDWLRQGHO¶DSSDUWHQDQFHHIIHFWLYHGHWHORXWHOjODIUDQFPDoRQQHULH
Si certains cas sont probants, tel Charles de Wailly (1730-1798), dont un projet de temple ma-
çonnique nous est parvenu, ou Victor Horta (1861-1947), membre de la loge bruxelloise «Ⱥes
Amis hilanthro™esȺ» du Grand Orient de Belgique, d’autres cas s’avèrent pour le moins douteux.
Ainsi, l’appartenance de Claude-Nicolas Ledoux (1736-1806) n’est aucunement démontrée,
même si nombre de ses commanditaires sont des francs-maçons avérés, et même si son œuvre,
tant écrite qu’architecturale, semble proche du monde maçonnique. De même, la présence d’un
emblème compagnonnique dans la charpente de la cathédrale Notre Dame à Paris ne fait pas
d’Eugène Viollet-le-Duc (1814-1879) un franc-maçon. Et si Maurice Koechlin (1856-1946),
13
ECO Umberto. e ™endule de oucault [Titre original : l ™endolo di oucault, traduit de l’italien par Jean-Noël Schifano]. Paris :
Grasset, 1990
27. TXLQH¿JXUHVXUDXFXQWDEOHDXGHORJHGHO¶pSRTXH(Q
l’espèce, si la Statue de la Libertéj1HZRUNSHXWrWUHTXDOL¿pHGHPRQXPHQWPDoRQQLTXHHQ
FHTX¶HOOHHVWHQJUDQGHSDUWLH¿QDQFpHSDUOHVORJHVGHVGHX[ULYHVGHO¶$WODQWLTXHSRXUIrWHU
d’ailleurs un autre événement très maçonnique qu’est le ralliement de La Fayette à la révolution
américaine, ni son iconographie ni sa portée symbolique générale ne peuvent le ramener à une
dimension d’objet maçonnique.
Plus près de nous, il apparaît clairement que certains mouvements esthétiques – l’ArtȬouȬ
veau, l’expressionnisme allemand ou l’1cole d’AmsterdamȺ, par exemple – ont rapproché nombre
architectes d’une forme de pensée symbolique, et bien souvent, de mouvements ésotéristes de
l’époque: spiritisme, théosophie, anthroposophie, etc. Nombre d’architectes membres de ces
mouvements ont pu, un temps, appartenir à une loge maçonnique, notamment en Belgique, en
Allemagne ou les Pays-Bas, où ces mouvements ésotéristes étaient particulièrement proche de la
franc-maçonnerie, et notamment de l’rdre Mi¡te nternational ȍȺLe roit
umainȺȎ. Pour au-
WDQWLOQRXVVHPEOHGLI¿FLOHDXGHOjGHTXHOTXHVFLWDWLRQVIRUPHOOHVGHGpFHOHUXQOLHQHQWUHFHWWH
appartenance particulière et leur pratique d’architecte, indépendamment des courants de pensée
auxquels ils appartenaient, ne serait-ce que parce que les symboles utilisés ne sont pas nécessai-
UHPHQWVSpFL¿TXHVjODIUDQFPDoRQQHULH
3OXVSUqVGHQRXVHQFRUHFHUWDLQVDXWHXUVRQWFUXYRLUXQHLQÀXHQFHYRLUHXQHDSSDUWH-
nance maçonnique chez Le Corbusier14
. Outre que les récentes publications sur les appartenances
extrémistes de /HRUEXVLHUDYDQWJXHUUHUHQGHQWFHVDI¿UPDWLRQVSUHVTXHULVLEOHVLOHVWYUDLTXH
le projet d’1cole d’Art en 1913, la fascination pour le ombre d’r et pour l’œuvre de Matila
C. Ghyka (1881-1965)15
, ou, plus tard, la symbolique de la Main uverte aurait pu, dans une
vision analogique, corroborer cette hypothèse, que nous avons réfutée simplement en consultant
nous-même l’archiviste de la loge L’Amitié à La Chaux-de-Fonds16
. Sans doute faut-il juste y voir
O¶LQÀXHQFHGHVRQPHQWRUCharles L’Eplattenier (1874-1946), qui lui-même était franc-maçon17
.
$O¶LQYHUVHQRXVSRXYRQVDI¿UPHULFLO¶DSSDUWHQDQFHPDoRQQLTXHGHRaymond Fischer (1898-
1988), auteur, avec Le Corbusier et Robert Mallet-Stevens, d’une des célèbres maisons de la rue
14
DE JODE Marc CARAT Monique. ictionnaire des rancsȬMa³ons illustresǯ Paris : Dervy, 2006. Cette appartenance nous avait
également été rapportée par une historienne émérite de l’œuvre de Le Corbusier…
15
GHYKA Matyla C. Le ombre d’rǯ Paris : Gallimard, 1931 – Réédition 1976
16
Un Charles Jeanneret y a effectivement été initié à des dates troublantes dès lors qu’on les met en parallèle avec la biographie du
jeune Charles-Edouard Jeanneret. Il s’agit d’un homonyme, bien connu de cette loge puisqu’il en fut le Vénérable, c’est à dire le
président dans les années 1930.
17
BIRKSTED J.
ǯǯ Le orbusier and the ccultǯ Boston : MIT Press, 2009
32. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
26
3. PRÉSENTATION DE LATHÈSE
Nous avons organisé cette thèse en trois parties : une première partie sera consacrée à
la description de la méthodologie de l’élaboration du corpus. La deuxième partie proposera
ensuite une analyse de ce corpus, en décrivant le temple maçonnique en tant qu’objet social,
REMHWVPEROLTXHHWREMHWDUFKLWHFWXUDO(Q¿QODWURLVLqPHSDUWLHSURSRVHUDO
H[WUDLWG
XQIXWXU
catalogue raisonné, dont la matière est issue de la base de données informatiques que nous avons
constituée au cours de cette recherche.
3.1. Présentation de •a premi¸re partieȹDZ méthodo•oie
La première partie de la thèse sera consacrée à la description de la méthodologie que nous
avons mise en place dans le cadre de cette recherche.
État des connaissances
Nous commencerons cette première partie par un «Ⱥétat de l’ArtȺ»: si l’architecture maçon-
nique a été peu étudiée, elle a tout de même fait l’objet de quelques publications, et même d’une
thèse de doctorat en Anthropologie à l’Université du Tennessee24
. Nous commencerons donc par
un rappel sur l'état de la recherche, notamment à l’Université, sur la franc-maçonnerie, aussi bien
en France que dans d’autres pays. Nous établirons ensuite un état exhaustif de ce qui a pu être
publié sur notre sujet, c’est à dire sur l’architecture des temples maçonniques, mais également sur
de sujets connexes, et notamment les travaux italiens de l’historien de l’architecture et universitaire
Marcello Fagiolo sur les relations entre architecture et franc-maçonnerie25
.
Brève historique de la franc-maçonnerie
Nous poursuivrons ensuite, pour le chercheur peu au fait de ces sujets, par un bref rappel
GHO¶KLVWRLUHGHODIUDQFPDoRQQHULHD¿QGHPLHX[VLWXHUQRWUHUHFKHUFKHGDQVXQHSHUVSHFWLYH
historique, et surtout chronologique.
Ressources documentaires
Nous décrirons ensuite les différentes sources qui furent les nôtres, aussi bien les fonds
documentaires «ȺclassiquesȺ» – fonds d’archives, bibliothèques, etc. – que les sources disponibles sur
24
MOORE William D. Masonic em™lesȹDZ reemasnory, itual Architecture, and Masculine Archety™esǯ Knoxville : The University
of Tennessee Press, 2006
25
FAGIOLO Marcello. ArchiteĴura e Massoneriaǯ Florence : Convivio/Nardini editore, 1988
33. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
27
internet. Nous décrirons en particulier l’utilisation des moteurs de recherche en tant que méthode
d’accès à l’information, notamment sur le plan iconographique.
Élaboration de la base de données
Nous décrirons ensuite l’élaboration de notre base de données informatiques, à partir de
laquelle nous avons pu décrire l’essentiel du corpus sur lequel nous avons travaillé. Nous montre-
rons ensuite comment nous entendons exploiter cette base de données à l'issue de cette recherche,
aussi bien en tant que source d’informations qu’en tant qu’outil de diffusion des connaissances
accessible à autrui. Nous terminerons ce chapitre par les données quantitatives issues du corpus,
et notamment la répartition géographique et chronologique des données.
3.2. Présentation de •a deu¡i¸me partieȹDZ na•¢se du corpus
La deuxième partie de la thèse sera consacrée à l’analyse du corpus.
Le temple maçonnique en tant qu’objet social
Nous commencerons notre analyse par la description du temple maçonnique en tant qu’objet
social, en nous intéressant d’abord à sa position dans l’espace social: sa position et sa visibilité
dans la ville, mais également sa reconnaissance en tant qu’objet patrimonial. Nous poursuivrons
FHFKDSLWUHSDUODGHVFULSWLRQGHVXVDJHVHWGHVIRQFWLRQVjO¶°XYUHGDQVFHVpGL¿FHVHWQRXVWHUPL-
QHURQVHQQRXVLQWpUHVVDQWDXGHYHQLUGHFHVpGL¿FHVQRWDPPHQWjODVXLWHGHOHXUGpVDIIHFWDWLRQ
par les loges.
Le temple maçonnique en tant qu’objet symbolique
Après avoir décrit succinctement le rôle et l’usage du langage symbolique dans la pratique
maçonnique, nous décrirons le substrat symbolique de la construction sur lequel s’est constitué le
modèle architectural du temple maçonnique, en insistant notamment sur le rôle métaphorique de
FHGHUQLHUGDQVOHVULWXHOVGHVGLIIpUHQWVGHJUpV(Q¿QQRXVWHUPLQHURQVSDUXQHEUqYHDSSURFKH
anthropologique en décrivant le rôle de l’espace du temple dans l’accomplissement de ces rituels.
Le temple maçonnique en tant que modèle
1RXVGp¿QLURQVGRQFHQVXLWHOHWHPSOHPDoRQQLTXHHQWDQWTXHPRGqOHDUFKLWHFWXUDOWHO
qu’il s’est constitué à partir des rituels, et tel qu’il s’est décliné selon les circonstances géogra-
phiques, culturelles, sociales ou économiques. A cette occasion, nous ferons un point épistémolo-
34. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±,QWURGXFWLRQ
28
gique concernant les notions de type et de modèle et leur pertinence actuelle dans le domaine de
l’analyse architecturale.
Le temple maçonnique en tant qu’objet architectural
Nous terminerons notre analyse en décrivant le temple maçonnique en tant qu’objet archi-
tectural, tel qu’il ressort du modèle que nous avons décrit au chapitre précédent. Nous en étudierons
les caractéristiques essentielles en décrivant les références stylistiques et typologiques du temple
maçonnique, avant d’achever avec la question de sa matérialité.
3.3. Présentation de •a troisi¸me partieȹDZ cata•oue des êuŸres
La troisième partie se présente sous la forme d’un catalogue raisonné, classé géographique-
ment. Pour chaque nation ou sous-continent, nous débuterons par un rappel historique propre à la
franc-maçonnerie locale, que nous tenterons de caractériser pour mieux comprendre son patrimoine
bâti. Nous décrirons ensuite les exemples les plus emblématiques tirés de notre base de données,
en commençant par une analyse chiffrée des traits les plus marquants, qu’il s’agisse aussi bien
des périodes de construction, des caractéristiques architecturales ou ornementales, ou même de la
YLVLELOLWpGHVpGL¿FHVRXOHXUSRVLWLRQGDQVO¶HVSDFHSXEOLF
Dans un souci de concision, et dans la mesure où ce catalogue, qui décrit des exemples tirés
de la base de données n'apporte pas d'éléments nouveaux par rapport à l'analyse développée dans
la deuxième partie, nous nous limiterons dans le cadre de cette thèse à l'Europe et à l'Amérique du
nord, qui constituent à elles deux plus de la moitié du corpus. Nous débuterons ce tour de l’archi-
tecture maçonnique par la France, puis par les Îles Britanniques (Angleterre, Écosse, Irlande) dans
lesquelles la franc-maçonnerie est née au tournant du XVIIIe
siècle. Nous poursuivrons ensuite par
l’Europe continentale (Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Suisse) puis par la Scandinavie (Suède,
Norvège, Danemark, Finlande) et l’Europe du sud (Italie, Espagne, Portugal). Nous terminerons
provisoirement ce périple descriptif – car nous comptons achever ce catalogue dans le cadre d'une
publication future – par l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada).
3.4. Présentation des annexes
Nous proposerons cinq annexes à cette thèse. La version papier comprend un index des
noms propres (noms de personnes et noms de lieux cités), une bibliographie (ouvrages, articles,
sites internet), une table des illustrations et une table des matières.
40. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±3DUWLH±KDSLWUH,er
eWDWGHVFRQQDLVVDQFHV
34
1. APPROCHE HISTORIOGRAPHIQUE
DE LA FRANC-MAÇONNERIE
L’histoire de la franc-maçonnerie est consubstantielle de la franc-maçonnerie elle-même:
société initiatique, la franc-maçonnerie s’est dès ses origines construite sur sa propre histoire. Celle-
ci est longtemps restée légendaire, écrite dans l’idée d’offrir des fondations intemporelles, pour ne
pas dire mythiques, à tout un corpus symbolique et rituélique. On constate pourtant qu’à partir du
XIXe
siècle, l’histoire maçonnique se rationalise, comme pour donner à l’ordre maçonnique une
légitimité historique, donc factuelle, et non plus mythologique. Pourtant, dans tous les cas, et même
encore aujourd’hui, cette histoire se construit de façon intégrative, aussi bien dans l’idée d’une
possibilité de remonter à la source des rituels pratiqués que dans celle de légitimer tel rite ou telle
obédience, en raison notamment de son antériorité supposée et pas toujours avérée. Bien entendu,
QRXVQ¶HQWUHURQVSDVLFLGDQVFHWSHGHGpPDUFKHTXLYLVHjLQVWUXPHQWDOLVHUO¶KLVWRLUHjGHV¿QV
partisanes, et nous nous bornerons à retracer une brève «Ⱥhistoire de l’histoireȺªPDoRQQLTXHD¿Q
de situer notre propos dans le cadre de l’historiographie disponible.
1.1. Ȃhistoire dȂaŸant •es historiensǰ ou •Ȃhistoire •éendaire ǻe
Ȭe
siècles)
L’histoire mythique des Anciens Devoirs
L’histoire maçonnique existait avant même que la franc-maçonnerie en tant que telle n’existe,
ou tout au moins avant qu’elle ne se constitue sous sa forme actuelle en 1717. Dès les origines,
les corporations de métiers s’organisent et se structurent en se dotant de statuts ou de formes de
constitutions, communément appelées Anciens evoirs ou ld hares en Anglais, lesquels
constituent un ensemble de manuscrits bien connus des historiens de la franc-maçonnerie2 3
. Ces
Anciens evoirs sont le plus souvent organisés en deux parties: une première partie rassemble
l’ensemble des règles propres au métier, et qui concernent le plus souvent aussi bien l’exercice du
métier lui-même que les recommandations morales que les membres de la corporations s’engagent
à respecter. La deuxième partie propose une forme d’histoire du métier ou de la corporation, le
plus souvent sous une forme légendaire.
Les Anciens evoirs se présentent sous forme de textes manuscrits, dont la plupart sont
conservés en Angleterre et en Écosse. Une version bilingue – ancien anglais ou ancien écossais et
traduction française – est désormais disponible4
. Le plus ancien, et peut-être le plus célèbre d’entre
2
LANGLET Philippe. Les te¡tes ondateurs de la rancȬma³onnerieǯ Paris : Dervy, 2006
3
NEGRIER Patrick. La ensée ma³onnique du e
au e
siècleǯ Paris, Dervy, 1998
4
LANGLET Philippe. idem
46. ean le ŘŜ breȺ» – Version manuscrite,
n°124, bibliothèque municipale d’Épernay
11
MOLLIER Pierre. La hevalerie ma³onniqueȹDZ rancȬma³onnerie, imainaire chevaleresque et léende tem™lière au siècle des
Lumièresǯ Paris : Dervy, 2005
12
BAIGENT Michael et LEIGH Richard. es em™liers au¡ rancsȬma³onsǯ Paris : Editions du Rocher, 1994
13
KNIGHT Christopher LOMAS Robert. La clé d’
iram Ȯ Les ™haraons, les rancsȬma³ons et la découverte des manuscrits secrets
de Jésus [Titre original : he
iram
ey]. Paris : Dervy, 2015
52. /HWHPSOHPDoRQQLTXH±)RUPHWSHHWVLJQL¿FDWLRQ±3DUWLH±KDSLWUH,er
eWDWGHVFRQQDLVVDQFHV
40
tenants de la théorie de la continuité, c’est à dire celle d’une franc-maçonnerie issue des métiers
de bâtisseurs, et ceux de la théorie de l’emprunt, c’est à dire celle d’une franc-maçonnerie n’ayant
DXFXQH¿OLDWLRQDYHFOHVDQFLHQVPpWLHUVPDLVTXLHQDXUDLWSLOOpO¶KpULWDJHQRWDPPHQWULWXpOLTXH27
.
Nous développerons cet aspect dans le chapitre suivant.
Aux États-Unis, Margaret C. Jacob28
, spécialiste de l’histoire des Lumières, a largement
démontré le rôle de la oyal Society29
et la personnalité d’Isaac Newton et de son entourage dans
la création de la franc-maçonnerie moderne anglaise30
, et aussi dans la diffusion de la pensée uni-
versaliste dans l’ensemble de l’Europe.
The World Conference on Fraternalism, Freemasonry and History
Depuis quelques années, la PSO – olicy Studies rani£ation, l’équivalent américain de
l’Institut des Sciences Politiques, organise, en collaboration avec plusieurs universités américaines,
et notamment l’American ublic niversity, UCLA – niversity o aliornia Ȯ Los Aneles, ainsi
que la revue Ars uatuor oronatum, un colloque international intitulé «Ⱥorld onerence on
raternalism, reemasonry and
istoryȺ». Ce colloque, qui se déroule tous les deux ans – la der-
nière session s’est déroulée à la Bibliothèque Nationale de France du 28 au 30 mai 201531
– réunit
plusieurs dizaines de conférenciers, spécialistes, universitaires et chercheurs de toutes nationalités
devant un public de plusieurs centaines de participants, et offre un panorama sur l’état de la re-
cherche, notamment historique, sur la franc-maçonnerie dans le monde.
1.4. e ¥ ruxelles ǻe
siècle )
L’Université Libre de Bruxelles – ULB
Nous dirons un mot ici de la Belgique, et en particulier de l’Université Libre de Bruxelles,
qui, avec la « haire héodoreȬerhaehen », dispose d’une chaire universitaire uniquement dédiée
aux études maçonniques ce qui, à notre connaissance, est tout à fait exceptionnel et en tout cas
unique en langue française. Cette institution bruxelloise n’est pas due au hasard: dès sa création
en 1834 par un groupe de bourgeois bruxellois francs-maçons, l’Université Libre de Bruxelles
a été conçue, notamment par son fondateur, le juriste Pierre-Théodore Verhaeghen (1796-1862),
27
Voir plus loin, Partie 1 chapitre II pp. 58-59
28
Margaret C. JACOB est américaine, historienne des idées, professeur à la New School for Social Research ainsi qu’à L’UCLA –
University of California – Los Angeles.
29
JACOB Margaret C. he adical nlihtementȹDZ antheists, reemasons and e™ublicansǯ Londres: Unwin, 1981
30
JACOB Margaret C. Les Lumières au quotidien Ȯ rancȬma³onnerie et ™olitique au siècle des Lumièresǯ Paris: Editions A l’Orient,
2004
31
Les actes de ce colloque, auquel nous avons eu le plaisir de collaborer par une intervention intituléehe Masonic em™le bet een
niversal Model and ultural ro™isms sont en cours d’impression au moment où nous écrivons ces lignes.