Intelligence territoriale en Tunisie _ sachants et_ou acteurs.pdf
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Revue française des
sciences de l’information et
de la communication
13 | 2018
Religions et médias
Spicilège
Intelligence territoriale en
Tunisie : sachants et/ou acteurs
Vincent Meyer, Mohamed Haddad, Balkis Mzioudet Faillon,
Syrine Ben Slymen et Fadhila Tlig
https://doi.org/10.4000/rfsic.3590
Résumés
Français English
Ce travail est une ébauche de plusieurs études doctorales en Sciences de l’information et de la
communication traitant la question de l’intelligence territoriale. Il est ancré dans un contexte
spécifique, à savoir des zones arides, fragiles et menacées en Tunisie. Dans le cadre d’une
valorisation de ces territoires, les questions de communication publique et territoriale sont
couplées à des interrogations méthodologiques. Le choix des dispositifs d’intelligence territoriale
s’opère par les acteurs institutionnels et non institutionnels qui ont pour objectif de définir les
éléments identitaires. Ainsi, les pratiques de l’intelligence territoriale regroupent-elles la
surveillance environnementale, la protection des patrimoines naturel matériel et immatériel, le
renforcement des échanges entre les acteurs et la promotion de la communication. Les recherches
adoptent une double logique ; une logique de communication, de production et d’appropriation
des connaissances et une logique (critique) d’instrumentalisation des dispositifs d’intelligence
territoriale et des pratiques de valorisation. Voilà pourquoi ce texte mobilise des approches
pluridisciplinaires autour de l’usage et de l’appropriation des technologies, d’une part et de la
participation des acteurs dans le développement territorial, d’autre part.
This work is a sketch of several doctoral studies in Sciences of the information and
communication handling the question of the territorial intelligence. Zones dry, fragile and
threatened in Tunisia are anchored in a specific context, worth knowing. Within the framework of
a valuation of these territories, the questions of public and territorial communication are coupled
with methodological questioning. The choice of the devices of territorial intelligence takes place
by the institutional and not institutional actors who have for objective to define the identical
elements. So, the practices of territorial intelligence include environmental surveillance, the
protection of the natural, material and immaterial heritage, the strengthening of exchanges
between actors and the promotion of the communication. The researches adopt a double logic; a
logic of communication, production and appropriation of knowledge and a (critical) logic of
instrumentalization of the devices of territorial intelligence and the practices of valuation. That’s
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why this text mobilizes multidisciplinary approaches around the use and the technology
appropriation, on one the hand and around the participation of the actors in the territorial
development, on the other hand.
Entrées d’index
Mots-clés : intelligence territoriale, acteurs, dispositif, communication, identité, démarche
participative
Keywords: territorial intelligence, actors, device, communication, identity, participative
approach
Texte intégral
Cette communication reprend plusieurs éléments de nos travaux sur les enjeux et
liens entre communication et territoires en Tunisie durant les dix dernières années et,
plus précisément, ceux convoquant la notion d’Intelligence territoriale (IT). Sur ces
enjeux et liens, nous sommes aujourd’hui amenés à formuler deux questions : que
produisons-nous comme connaissances effectives pour la recherche en SHS
(notamment dans le champ spécifique de la communication publique et territoriale) et
via nos terrains : des zones régions arides, fragiles et menacées ; ces connaissances et
les notions convoquées sont-elles en adéquation avec les actions et politiques publiques
développées dans le cadre d’une valorisation de ces régions (spécifiquement concernant
les patrimoines, naturel, matériel et immatériel) ?
1
Si les démarches méthodologiques sont mixtes, essentiellement qualitatives, ces
dernières sont déclarées comme inductives et avec des tentatives encore inabouties de
mise en œuvre de recherche-action tant certains terrains (collectivités, organisations)
sont encore difficiles d’accès pour les chercheurs. Nous persévérons tout de même en ce
sens car comme le précise Philippe Dumas (2015) : « […] le développement
épistémologique de l’intelligence territoriale [se place] sur la base de la recherche-
action puisque le statut de chercheur n’est ni supérieur ni inférieur à celui d’acteur de
terrain. L’intelligence territoriale passe par l’interprétation des données et débouche sur
de la connaissance autant que sur l’action. Elle conduit donc à la prise de décision. Dans
le monde moderne, la décision s’appuie sur des inputs scientifiques, humains et
techniques qui ne sont pas obligatoirement présents dans le contexte d’un terrain
donné. Les “experts” sont donc requis pour venir en soutien d’une action de type
politique. Ces “experts” sont mobilisés, à statut égal, au sens de “sachants” ayant la
connaissance dans une des disciplines convoquées et la partageant avec les autres
parties prenantes à un projet d’intelligence territoriale ».
2
En effet, pour nous, dans le cadre du programme euro-méditerranéen Langages,
objets, territoires et hospitalités (LOTH)1, la visée était « opérationnelle » pour
accompagner un développement territorial et une valorisation des patrimoines.
Concernant la production de connaissance, sa construction est restée au stade d’une
« importation », sans réelle distance critique ou controverses, de cadres théoriques
existants (en France) dans/avec une dimension pluridisciplinaire. Concernant la
connaissance déjà produite, nous avons observé que son appropriation – que l’on peut
qualifier, sans dimension polémique, de cognitive ou théorique par prénotions ou à des
fins prospectives – est bien plus déterminante que son efficacité heuristique. Disons-le
tout net, elle est diffusée, mais on ne sait pas ce qu’elle devient une fois dans les mains,
si elle y parvient, de celles et ceux (des acteurs comme des « sachants », surtout des
experts en développement territorial) qui œuvrent et vivent sur ces terrains.
3
À plus d’un titre donc cette notion d’intelligence territoriale (IT) est problématique
car trop uniformément problématisée. Autrement dit, ses finalités sont toujours
positives et utiles socialement et les mises en œuvre sont de facto participatives et
mobilisatrices. Elle fera l’objet, dans cet article, d’une analyse sur la base de trois thèses
soutenues entre 2008 et 2014 et d’une thèse venant en soutenance en 2018 ayant en
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Conception d’un processus
d’intelligence territoriale adapté (PITA)
Connecter recherche académique et action
territoriale
commun des terrains tunisiens dans des zones arides, fragiles et menacées (Sud-Est).
Ces thèses ont un autre point commun, elles convoquent et mobilisent nombre de lieux
communs sur la participation/confiance notamment d’une population dans le
développement local et, avec elle, l’utilisation des technologies numériques ou encore
des dispositifs spécifiques comme les observatoires ou des formes de communication
dites environnementales. Chacune de ces approches nous permettra aussi de présenter
les équipements et éléments théoriques d’une IT ; la production de connaissance via
l’IT et, enfin, les applications présupposées possibles sur les terrains étudiés.
En Tunisie, la notion de développement territorial a particulièrement évolué au cours
des dix dernières années, sous la pression de nouveaux défis économiques, sociaux et
environnementaux, mais aussi en lien avec la récente « révolution ». Pour affronter ces
défis, l’IT offrirait l’opportunité de confronter les besoins et demandes des acteurs avec
des solutions dites opérationnelles. Ce processus s’étalerait également dans le temps
pour (re)créer des réseaux à travers l’information et la communication, élaborer une
confiance réciproque, profiter des technologies numériques et dispositifs
sociotechniques afférents. Autrement dit, le développement des territoires nécessite une
stratégie claire soutenue par différentes pratiques et dispositifs de management dans
une logique de communication, de transmission de l’information, de capitalisation et de
diffusion des connaissances (Haddad, 2008 ; Ben Slymen, 2014).
5
Dans un sens, cette IT comme développée par Philippe Dumas (2015) serait comme
un « new beginning » et avec Yann Bertacchini (2004) se positionnerait toujours dans
une approche entre information et communication. Pour Philippe Dumas (2006),
l’approche se stabiliserait aussi autour de celle d’intelligence économique2. Ceci posé, la
conception d’un Processus d’intelligence territoriale adapté (PITA) dans un contexte de
zone aride rend la tâche ardue. Le premier pas du processus est d’adopter des « plans de
communication » qui s’additionnent à la fonction classique de traitement, d’analyse de
données et de production de l’information. Cette communication s’organise autour d’un
but précis et produit un effet attendu (Huisman, 1983 : 158). Il s’agit d’« un tout
intégré » dans un observatoire qui met en cause la relation entre « recherche
fondamentale et recherche appliquée, ou encore les rapports entre les composantes
spatiales et temporelles des phénomènes à expliquer » (Clignet, 1998 : 293).
6
Dans la première recherche doctorale (Haddad, 2008), il a été proposé une démarche
connective et dialectique entre le territoire, l’observatoire, les acteurs et leurs projets
autour de la notion d’intelligence territoriale. Sur les plans conceptuel et théorique, elle
est décrite comme une approche raisonnée de la connaissance, de la gouvernance et de
la concertation territoriale (Haddad, 2008)3 avec un postulat repris à Daniel Bougnoux
(1993 : 9) : « la communication est l’affaire de tous et non (conséquence rassurante)
celle d’une poignée d’experts ; sa compétence est éparse et se confond avec l’exercice de
la démocratie ».
7
L’adaptation conceptuelle au contexte aride devait et devrait donc se faire d’une
manière « intelligente/progressive ». Elle devrait permettre de faire se rencontrer les
besoins et les solutions, en replaçant l’information et la communication au centre des
préoccupations/projets. Au départ, convaincre les chercheurs tunisiens de l’utilité de
cette approche n’a pas été facile malgré leurs déclarations volontaires pour faire évoluer
leurs pratiques (cf. le cas de chercheurs de l’Institut des régions arides4 et le
8
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Un PITA : outil et méthode ?
fonctionnement des observatoires attachés). En ce sens, la vision/mission
d’encadrement du Pr Vincent Meyer était déterminante afin que cette évolution
notionnelle fasse déjà l’objet d’une réflexion approfondie – et critique – ancrée dans les
réalités de terrain et inscrite dans les axes du programme LOTH. Ultérieurement, le
développement de cette approche et son approfondissement ont été repris dans de
nouvelles recherches doctorales (cf. infra).
Outre la nouveauté (adapter l’intelligence territoriale dans un contexte de zone aride),
les territoires tunisiens subissent des contraintes et des fragilités qui doivent être
étudiées et analysées en profondeur. Le but est de proposer des solutions permettant
d’atténuer les risques et les blocages5. Si les objectifs visés d’une approche participative
sont prometteurs, il reste difficile d’intégrer tous ses principes. Les activités
informationnelles et communicationnelles, éléments clés, nécessitent encore une
valorisation pour être au service de développement des ressources existantes ; par
exemple, pour un développement durable (Herbaux, Masselot, 2007). Dès lors, les
acteurs territoriaux sont aussi appelés à un changement organisationnel et
comportemental pour mobiliser davantage leurs capacités d’adaptation. Plus que jamais
sans doute, l’IT en Tunisie se doit d’être une approche « adaptée ». En ce sens, sa mise
en œuvre fondée sur une dimension informationnelle et communicationnelle
nécessitera beaucoup d’efforts. La question principale reste le niveau d’acceptabilité et
l’adhésion des acteurs à cette « nouvelle » culture de développement au niveau d’un
territoire qu’ils connaissent bien.
9
Ainsi de nombreuses difficultés, limites et biais apparaissent dans nos recherches :
déjà parler d’un PITA peut susciter des réticences et des craintes pour certains
chercheurs et acteurs. Aussi avons-nous privilégié une réflexion à partir de structures
existantes : les observatoires de l’Institut des régions arides (IRA). Ce cadre
institutionnel constitue une base essentielle pour tous nos travaux. Dans une phase
prospective d’expérimentation du PITA, il a notamment servi de référent pour la mise
en place d’un processus de concertation décliné comme suit : expliquer aux acteurs les
fondements et la logique de cette approche ; être attentifs à ce que son adoption soit
acceptée à la fois comme un dispositif d’observation et une aide utile à la décision.
Ultérieurement, certains colloques6 et des publications individuelles et collectives ont
approfondi cette approche pour repenser une gouvernance territoriale, le
développement socio‐économique et la mobilisation des acteurs au Sud-Est tunisien à
travers différentes stratégies de communication. Le nouveau contexte tunisien
permettant a priori la conception de dispositifs plus « ouverts » sur ces territoires qui
connaissent de fortes disparités socio-économiques. Rien de simple toutefois quand
parfois l’expression même d’IT devient une source d’appréhension. La déception est
lourde quand pareil sentiment vient des chercheurs locaux. Pourtant, la Tunisie a
toujours vécu dans un contexte où « l’intelligence collective » était considérée comme
un capital. Pour survivre dans ces zones arides, l’intelligence collective ne pouvait pas
seulement être « une pauvre petite lueur qui devait nous guider dans l’accomplissement
des actes quotidiens » (Pagnol, 1974 : 86). Aujourd’hui, c’est un autre point de vue qui
s’impose. « On s’assoit sur une dune de sable. On ne voit rien. On n’entend rien. Et
cependant quelque chose se construit en silence. C’est la recherche d’une "approche"
pour aborder cette complexité » (id. : 23). Dans cette période postrévolutionnaire, cela
nécessite une communication publique et territoriale performante et une prise de
conscience collective et individuelle des changements à opérer, notamment pour
reformer et replacer l’humain et son bien-être au centre des politiques de
développement local.
10
Si une culture du développement local se construit au travers de pratiques existantes
sur un territoire, la tâche des observatoires ne doit pas se limiter à leur dimension
technique, elle doit inclure des dimensions sociales et communicationnelles. Un
11
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Valoriser en confiance dans les zones
arides, fragiles et menacées
processus d’IT se base donc sur des formes d’entraide citoyenne ou encore des
concertations croisées entre différents secteurs d’activité et acteurs des territoires.
Comme le rappelle Philippe Dumas (2006 : 12), ceci « nous amène à proposer l’usage de
deux concepts permettant d’appréhender la nature ouverte et interactive du territoire
inséré dans le monde : intelligence territoriale et territorialité ». Par ailleurs, Michel
Picouet et Mongi Sghaïer (2000 : 21) soulignent que la création de ces dispositifs de
recherche répond à un manque d’outils et de méthodes adaptés pour les études de
certains phénomènes et interactions territoriaux. À la base, un PITA est essentiellement
un outil de suivi et d’aide à la décision qui favorise le développement d’une recherche
pluridisciplinaire. Dès lors, l’intégration triptyque observatoire-territoire-intelligence
territoriale, permet de dépasser la vision globale et instrumentale (traitement des
données) pour travailler sur l’observatoire en tant que dispositif de management et de
savoirs stratégiques. Voilà pourquoi, le PITA devrait également permettre de repenser
certaines relations au territoire.
Pour ce faire, l’approche qualitative est à privilégier. Dans le cas du PITA, elle a été
développée dans l’observation directe durant plus de deux ans à l’IRA. Cette
« observation permet par exemple d’explorer, d’analyser ou de diagnostiquer une
situation en identifiant les causes ou les variables explicatives, d’expérimenter dans le
but de vérifier des hypothèses émises » (Morillon, 2006 : 35). Ainsi avons-nous
participé aux activités par immersion dans le milieu de l’observatoire. De fait, les
différentes discussions, la participation dans les activités de recherche et les conclusions
tirées ont apporté des éclaircissements sur des aspects particuliers associés à
l’observatoire de Menzel Habib. Notre démarche consistait à ne pas poser l’outil comme
un objectif en soi, mais en liaison étroite avec le projet qui l’anticipe et lui fixe ses
conditions d’existence : « Tout n’est pas possible, mais les choses sont rarement
bloquées, et les initiatives techniques cherchent à configurer de façon optimale
l’adéquation entre l’outil et les objectifs » (Guyot, 2000 : 14).
12
Signalons encore que les événements de la révolution tunisienne de 2011 ont aussi
amplifié le désarroi de la population (Mzioudet, Meyer, 2012). Dans une « Tunisie
nouvelle », fruit d’un héritage lourd, cette « nouvelle » culture du développement ne
sera probablement possible qu’en cherchant davantage encore l’adhésion et l’adoption
dans un langage commun et un cadre précis d’échanges (Haddad, Ben Slymen, 2011).
C’est donc aussi une question de confiance…
13
Si les premiers travaux du programme LOTH ont permis de réfléchir sur la mise en
place d’un PITA (Haddad, 2008), ils se sont poursuivis par une réflexion sur la
confiance calculée et communautaire entre les acteurs territoriaux (Mzioudet Faillon,
2011). Mickaël Gléonnec (2004 : 6) précise que « la confiance trouve naturellement sa
place dans ce processus communicationnel, en facilitant les échanges entre les hommes
voire, lorsqu’elle est cristallisée dans les structures sociales, en régulant ces échanges ».
D’ailleurs, la confiance relationnelle permet, en principe, d’atteindre des objectifs
communs (régulation de la transhumance, légitimation du savoir non expert,
valorisation du patrimoine, retour de l’information, par exemple) en dépit de
l’hétérogénéité des groupes d’acteurs et les disparités régionales. À la suite, Syrine Ben
Slymen (2014) mettra encore l’accent sur des caractéristiques plus culturelles, comme
l’appartenance au territoire, les besoins de la population et leurs relations dans cette IT
au niveau régional (Nabeul et Médenine).
14
Comme indiqué supra, dans la continuité des travaux sur le PITA dans les zones
arides, fragiles et menacées, une autre recherche visait à appréhender comment la
confiance évolue dans ces zones en crise et sous tension (Mzioudet Faillon, 2011). Cette
recherche a été inscrite à la fois dans les politiques de développement territorial et de
15
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L’observatoire au service de l’intelligence
territoriale
Penser la confiance sur un territoire ?
valorisation des stratégies communicationnelles dans le Sud-Est tunisien. À partir des
résultats d’entretiens semi-directifs effectués entre 2008 et 2014 avec des paysans, des
chercheurs, des agents institutionnels et administratifs et des visiteurs sur le territoire
de Menzel Habib il s’agissait de les sensibiliser à l’importance de la confiance, à leur
engagement et à la mise en place d’espaces de dialogue.
L’observatoire SIEL7 permet de comprendre les usages et les pratiques des acteurs
dans leur gestion des ressources naturelles et de proposer des solutions
informationnelles et communicationnelles pour faire face aux phénomènes écologiques
et réduire les disparités régionales. Yann Bertacchini (2000) et Cyril Masselot (2005)
soutiennent que l’observatoire est une composante essentielle du processus
d’intelligence territoriale. Ce processus exige l’instauration de la confiance entre les
acteurs et la médiation. Dans une perspective d’IT, les observatoires ne doivent pas se
restreindre à collecter et à diffuser les informations, ils doivent aussi les partager dans
un espace de médiation.
16
Sous l’égide d’une IT, les actions publiques et privées seraient mises au service du
développement économique et social du territoire (Bertacchini, 2000 ; 2004b). Ces
actions nécessitent de facto le renforcement des relations de confiance pour une gestion
efficace de l’information, d’une part et l’engagement des acteurs, d’autre part (Mzioudet
Faillon, 2011). Le recours à des dispositifs d’information et de communication a permis,
à tout le moins, aux acteurs territoriaux de s’interroger sur la qualité de l’information et
du débat public. Toutefois, le défaut de confiance entre les acteurs et dans les systèmes
informationnels et communicationnels creuse le désaccord avec la population locale. À
la manière de Yann Bertacchini (2000), qui étudie la confiance dans un contexte
d’intelligence économique territoriale, il admet qu’elle est aussi le levier d’un processus
à risque.
17
Cette recherche s’appuie donc sur une approche multi-acteurs afin d’analyser les
stratégies communicationnels et les aspects socio-économiques, identitaires et
écologiques. Nous nous sommes basées sur cette démarche afin de proposer des
perspectives pour la (re)construction de la confiance et le développement de la
communication publique et territoriale en Tunisie. Pour le cas de Menzel Habib, la
perception du risque de désertification, la contradiction des politiques de
développement, l’incohérence des stratégies informationnelles ont été évoquées par
tous les acteurs territoriaux pour justifier la confiance comme principale contrainte
pour la réussite des projets, d’une part et la nécessité de développer une communication
plus engageante, d’autre part.
18
La pratique pastorale à Menzel Habib a engendré de considérables dégradations
écologiques et socio-économiques. Dans l’objectif de lutter contre la désertification, la
maîtrise des informations socio-économiques, écologiques, politiques, etc. participe de
la capitalisation des connaissances et de la valorisation du territoire. Mongi Sghaïer
et. al. (2009) soutiennent que la population ne perçoit pas l’utilité de l’association de
développement local, chargée d’accompagner les paysans dans leurs projets, puisque la
confiance est rompue. La population locale soutient que le déficit informationnel
persiste et que les programmes de sensibilisation sont insuffisants. Ainsi, l’étude de
l’impact de l’IT sur la dynamique de la confiance, la gestion de l’information et les
techniques de communication entre les acteurs restent-ils des sujets à approfondir dans
les zones arides, fragiles et menacées.
19
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Sentiment d’appartenance et
intelligence territoriale : un contexte
bien tunisien ?
À ce stade, il est juste possible de sérier différentes stratégies mises en œuvre par les
acteurs territoriaux pour réduire les malentendus, les controverses, les contradictions
dans leurs propos et résultats. Premier constat, ils se trouvent classiquement pris dans
des jeux de pouvoir et cherchent à imposer leurs points de vue et élargir leurs marges de
manœuvre. Second constat, ils recourent à des comportements opportunistes, à la
déformation de l’information voire à la rumeur. Un troisième constat en résulte : dans
un contexte où la culture du secret8 et la dissimulation sont également des éléments
d’une IT, il s’avère primordial de trier les informations pertinentes et d’en éliminer les
superflues. Autrement dit, comprendre comment les acteurs construisent, dans ce
cadre, des relations de confiance et gèrent l’information. L’instauration de la confiance
et la mobilisation de la population demeurent une priorité pour la réussite du processus
d’IT et la promotion d’une communication publique et territoriale efficace. Qu’en est-il
in fine ? Les agriculteurs, les bergers, les éleveurs et les agents institutionnels admettent
que les relations de confiance sont fragiles. En outre, la/leur méfiance est nourrie par
l’opportunisme, les échecs répétés et le non-respect de certaines valeurs. Enfin, la
culture du secret, la peur des représentants de l’État, une prolifération médiatique de
type propagande, la menace terroriste fragilisent toujours davantage les relations de
confiance et entraînent la défaillance des politiques territoriales (Mzioudet Faillon,
2011).
20
En définitive, l’exercice d’une IT ne peut se passer de l’instauration d’une confiance,
de l’engagement des acteurs et leur éco-responsabilisation ; ces derniers « doivent
privilégier sur leurs territoire des valeurs de confiance, de solidarités, de diffusion de
l’information et de la communication et rechercher d’autres facteurs susceptibles de
favoriser et soutenir le développement local » (Haddad, Tbib, 2008 : 550). Par exemple,
valoriser en confiance le patrimoine au service du développement territorial passe par la
mise en place de stratégies durables et efficaces et par le respect de la biodiversité. Ces
actions exigent le consentement et l’engagement de tous les acteurs (Mzioudet Faillon,
Meyer, 2015), mais ceux-ci restent fragiles voire dans certains cas illusoires ou purs
artifices rhétoriques.
21
Dans ce contexte, il faut avant tout rompre avec la spirale enclenchée entre choix
politiques, caractéristiques socio-économiques, contraintes écologiques et attractivité
territoriale et valeurs identitaires. Les politiques de la communication publique et
territoriale dans les zones arides, fragiles et menacées restent à définir et à construire.
Encore faut-il les accompagner d’une démocratie participative, d’un espace public de
médiation, de formations universitaires adaptées comme d’une adéquation aux
spécificités ou appartenances régionales (cf. infra). Voilà les conditions minimales pour
l’émergence d’une IT.
22
Pour Guy Di Méo (1996), le territoire est l’appropriation de l’espace à différents
niveaux que ce soit économique, idéologique, social ou politique par un groupe
d’individus. Ces individus se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes et
de leur histoire, dans un espace donné. Cet auteur affine, en 2001, sa définition que
nous reprenons pour nos travaux : « La notion de territoire exprime une appropriation
sociale de l’espace géographique par des groupes qui se donnent une représentation
identitaire. Bien que construit sur un canevas de lieux concrets à fort contenu
symbolique, le territoire s’affirme surtout en tant qu’artefact, que représentation
sociale, qu’idéologie. Il enregistre néanmoins les contingences du milieu géographique.
Il s’édifie aussi en fonction de logiques et d’enjeux économiques et politiques. Vécu tout
autant que produit, le territoire traduit enfin le lien primordial de l’Homme et de la
23
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Le sentiment d’appartenance pour une
mobilisation en faveur du territoire
Terre. Il reflète le besoin vital d’enracinement que manifeste un individu contemporain
très mobile, confronté à l’élargissement sans précédent de son univers relationnel » (Di
Méo, 2001 : 230).
Le territoire est ainsi considéré comme un ensemble de conditions pratiques qui
assure l’existence d’un individu ou d’un groupe d’individus, et toutes ces conditions
réunies informent ou confirment l’individu sur/dans sa propre identité. Cette définition
est aussi soutenue par Bernard Debarbieux (2002) pour qui le territoire est un
ensemble de ressources matérielles et symboliques pouvant influencer les conditions
pratiques de l’existence d’un groupe d’individus les informant en retour sur leurs
propres identités. Donc le territoire du point de vue des sociologues est lié à l’identité
culturelle des individus.
24
D’après Céline Bayou (2011 : 2) « le sentiment d’appartenance à un territoire n’est
qu’un facteur parmi la multitude des référents identitaires potentiels de chacun. […]
Selon les individus et la période de leur vie, l’élément territorial peut être plus ou moins
mis en avant (quitte, dans les cas extrêmes, à occulter les autres et à se confondre avec
l’identité tout entière des sujets) ou quasiment s’effacer ». Pour l’individu,
l’appartenance exprime un référent identitaire en rapport à un territoire. Ce référent
identitaire est évolutif pouvant exprimer uniquement une perception d’ancrage
manifestant un sentiment basique d’identification, ou encore évoluer vers des
manifestations affectives d’attachement conditionnant des actions de solidarité. Ainsi,
l’expression de l’appartenance envers le territoire ne peut-elle pas être dissociée d’une
dimension affective qui est à la base une perception identitaire pouvant évoluer vers un
sentiment d’attachement.
25
Le sentiment d’appartenance traduit par l’attitude envers la région repose sur
l’identité, l’attachement ainsi que la solidarité envers cette dernière et s’exprime de
manière différente et propre à chaque acteur territorial (Frisou, 2012). Pour Éléna
Filippova et France Guérin-Pace (2008), le sentiment d’appartenance englobe les
référentiels de l’identité de l’individu avec une perception affective et une expression
conative traduisant attachement et solidarité. L’identité versus le territoire est donc
variable et peut s’exprimer en référence à un espace déterminé auquel il y a un
attachement particulier. À ce titre, le territoire, un des éléments essentiels de l’existence
pour un être humain malgré les possibilités d’évolution et de changement. Ce sentiment
permettrait un engagement et une collaboration au développement territorial facilitant
le recours aux dispositifs d’IT.
26
On l’a vu précédemment, l’IT a été développée selon plusieurs angles et dans diverses
approches scientifiques. L’approche pragmatique avancée par plusieurs auteurs dont
Yann Bertacchini (2004b) se focalise sur les pratiques et les dispositifs déployés dans
un processus d’IT. L’approche écologique s’intéresse à l’environnement dans lequel il y
a eu recours aux dispositifs d’IT. L’approche sémantique est relative à l’acceptation et le
sens de l’intelligence et du territoire. Cette approche traduit l’IT comme la capacité de
réagir avec souplesse aux situations qui se présentent permettant de ce fait un
développement régional. Et c’est le lien que nous faisons avec la notion d’appartenance
à une région surtout en Tunisie.
27
Les approches scientifiques de l’IT la présentent aussi comme étant le produit de
l’acquisition de nouvelles aptitudes. Celles-ci découleraient essentiellement d’un
changement au niveau des attitudes et des comportements qu’adopte la population. Le
développement n’est donc plus simplement considéré comme étant uniquement le
produit de la croissance du produit intérieur brut, mais comme, depuis 1966,
notamment par François Perroux, il n’est atteint que suite à des changements combinés
28
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Une intelligence territoriale versus une identité
collective ?
mentaux et sociaux des différents acteurs. Vaste question s’il en est et pas sûr que cette
seule notion d’IT suffise…
Affronter une concurrence internationale, assurer une compétitivité et une
attractivité du territoire nécessite un ancrage à son niveau… Tout cela passe
essentiellement par les pratiques de surveillance de l’environnement, de protection des
patrimoines (naturel, matériel et immatériel), d’influence sur l’environnement, de
capitalisation des savoirs et savoir-faire, de partage et de diffusion de connaissances
non seulement experte. Toutes ces pratiques sont fondées sur la communication et le
passage de l’information entre les différents acteurs territoriaux. Ces acteurs sont, soit
des responsables institutionnels travaillant au sein des directions de développement
régionales leurs différentes administrations partenaires, ou non institutionnels, soit les
responsables et partenaires privés ou la population locale.
29
Un ancrage territorial permet donc une meilleure maîtrise des ressources matérielles
(naturelle ou au niveau de l’infrastructure) ou immatérielles (patrimoine culturel local,
savoir-faire et pratiques distinctives du territoire). Cela aboutira à la consolidation de
pratiques communicationnelles qui assurent la promotion du territoire en développant
le sentiment d’appartenance de la population locale ou en assurant un certain niveau de
distinction et d’attractivité du territoire. Certes, le développement de ces pratiques
communicationnelles qui assurent la promotion du territoire est tributaire d’une
volonté politique. Et cela se fera essentiellement à travers une communication publique
et territoriale fondée sur des systèmes d’information et de communication éprouvés.
L’attractivité du territoire reste tributaire du développement d’un espace médiatique
capitalisant l’information et assurant un processus de communication en faveur du
développement territorial tant au niveau interne qu’externe.
30
Elizabeth Gardère et Amar Lakel (2009 : 8) précisent que « si certaines pratiques
sont consultatives, participatives ou représentatives, d’autres restent plus
traditionnelles. Afin d’accroître le niveau d’information délivré aux riverains, divers
modes de communication sont utilisés […]. L’information des citoyens n’est pas
seulement une condition du bon fonctionnement de la démocratie locale, elle est aussi
nécessaire pour faciliter une bonne administration locale. À cette condition,
l’information est garante de la gestion transparente de la collectivité ». Une certaine
forme de démocratie participative est alors initiée et il s’agit pour Saskia Cousin (2012 :
7) « d’impliquer les citoyens aux prises de décisions les concernant, notamment en
matière de développement territorial et de rénovation urbaine ». Partage d’information,
encouragement d’initiatives de développement, mobilisation du capital social,
développement de l’appartenance. « Le développement territorial ne se pense plus sans
interroger l’efficacité des actions et des systèmes d’information mis en place, et in fine
leur utilité pour favoriser une aide à la décision et/ou la participation citoyenne »
(Meyer, 2012 : 4). Le rôle des systèmes d’information serait ainsi dans un double sens :
assurer la circulation de l’information entre les différents acteurs et la richesse des
initiatives dans le cadre d’approches participatives en faveur du développement
durable, mais aussi le développement du sentiment d’appartenance et de la culture de la
territorialité par l’implication.
31
Dans cette recherche, il s’agissait de déterminer la nature de l’interrelation entre le
sentiment d’appartenance et l’IT. Bien que de nombreuses études aient été menées sur
le sentiment d’appartenance envers un territoire, et d’autres sur les dispositifs de mise
en commun d’une intelligence à l’échelle territoriale, le lien entre le sentiment
d’appartenance et la valorisation régionale par le biais de dispositifs d’IT n’a pas
suffisamment été mis en évidence. Pourtant à l’ère de la mondialisation, les territoires
sont confrontés à une concurrence accrue ce qui fait que le retour au local est de plus en
32
10. 17/02/2024 09:20 Intelligence territoriale en Tunisie : sachants et/ou acteurs
https://journals.openedition.org/rfsic/3590?lang=fr 10/18
plus présent dans les stratégies de développement économique et social suscitant par le
fait la collaboration et la concertation entre divers acteurs ayant un sentiment
d’appartenance assez intense envers leur région.
De même, a été menée une étude comparative entre deux régions tunisiennes, Nabeul
région du Nord-Est et Médenine au Sud. Notre choix a été orienté de par leur spécificité
géographique, et du fait qu’elles relèvent pour leur développement de deux structures
publiques différentes, Le commissariat Régional au Développement Régional (CGDR)
pour Nabeul et l’Office de Développement du Sud (ODS) pour Médenine. Nous avons
entamé une étude qualitative exploratoire et une étude quantitative confirmatoire avec
des entretiens avec deux populations différentes, responsables institutionnels et non
institutionnels ainsi que la population locale. Nous avons relevé les aspects de la
communication publique et territoriale en Tunisie et les différents procédés
communicationnels auxquels ont recours les institutions publiques. Nous avons tenté
de délimiter les dispositifs déployés ainsi que les finalités communicationnelles des
divers acteurs territoriaux. Que ce soit dans l’objectif de renforcer le sentiment
d’appartenance à la région, ou de promouvoir et d’en assurer l’attractivité.
33
Pour promouvoir le territoire et assurer son développement durable, la mobilisation
de tous les acteurs reste incontournable. Acteurs institutionnels, non institutionnels,
société civile, population locale et même des acteurs extraterritoriaux participent
chacun à sa manière au diagnostic des besoins et à l’optimisation de la connaissance du
territoire. Se baser sur des connaissances approfondies du territoire permet une
détermination des atouts, des faiblesses, une localisation des potentialités et des
problèmes à surmonter. De surcroît, la diversité des acteurs impliqués dans le processus
signifie une diversité des dispositifs communicationnels, informationnels et même de
management du territoire. Nous avons pu voir que le CGDR et l’ODS ont recours à
divers procédés pour assurer le développement régional dont le SIR et le SIG qui
assurent un diagnostic des besoins réels de la région, pour une connaissance fine et
détaillée du territoire ces systèmes sont des préalables à l’élaboration du plan de
développement régional. Ces structures de développement établissent aussi, sous la
tutelle du ministère du Développement et de la Coopération Internationale (MDCI), des
jumelages avec des villes maghrébines, européennes, ou canadiennes pour assurer un
échange informationnel, de connaissances et d’expérience. Ces échanges permettent la
mise à niveau de la région dans des créneaux définis à l’avance (développement durable,
encouragement des investisseurs privés, soutien aux initiatives des PME…). D’autres
structures comme l’Office des Tunisiens à l’Étranger (OTE) en partenariat avec les
institutions publiques comme le CGDR, l’ODS, adressent une communication ciblée à la
diaspora tunisienne. Le recours à des dispositifs communicationnels numériques pour
le développement des actions de solidarité de la population envers la région d’origine
induit la promotion de ces territoires ainsi que le renforcement du sentiment
d’appartenance.
34
Certes, les acteurs institutionnels jouent un rôle important pour le développement
régional, mais aussi la société civile ainsi que la population locale à travers certains
procédés communicationnels ont un impact sur l’attractivité de la région. Les sites et les
blogs de certaines associations et acteurs de la population locale servent et assurent une
meilleure promotion de la région. La communication établie par ces derniers dévoile un
sentiment d’appartenance assez intense envers la région en faveur de l’attractivité et de
la compétitivité de cette dernière.
35
Cependant même si le sentiment d’appartenance envers le territoire reflète un lien
identitaire, un sentiment d’attachement et des manifestations de solidarité font que ce
sentiment n’est pas figé comme le confirme Guy Di Méo (2004 : 176) : « À l’image de la
culture l’identité ne se fige jamais autour de caractères et de valeurs échappant
complètement aux enjeux sociaux du moment. Elle traduit des conséquences vécues par
des individus, d’une expérience et des problèmes communs. Elle exprime un partage
d’enjeux et d’objectifs propres à une collectivité ». Ce sentiment est donc évolutif à
l’image de la culture, est influencé par les enjeux sociaux du moment, le vécu,
l’expérience et les problèmes communs de la région. Nous avons également relevé que
36
11. 17/02/2024 09:20 Intelligence territoriale en Tunisie : sachants et/ou acteurs
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Communication environnementale et
intelligence territoriale
l’attractivité et la compétitivité du territoire dépendent fortement des dispositifs
informationnels, communicationnels et de management déployés à son niveau (Goria,
2006 ; Meyer, 2012). Ces dispositifs sont mis en place dans le cadre d’approches
participatives, faisant appel à une forme d’intelligence collective avec la participation
d’acteurs institutionnels, non institutionnels, publics ou privés, société civile ainsi que
la population locale. Il reste à en mesurer la pertinence.
La question environnementale semble être une nouvelle phase pour penser
l’économique et le social. L’ouverture du secteur industriel aux préoccupations
environnementales a été le fruit du renforcement des normes réglementaires et des
exigences des riverains de certaines usines en Tunisie. Pour ces raisons, le Groupe
Chimique Tunisien (GCT) – terrain de la dernière recherche exposée dans cet article –
commence à prendre en compte les effets de l’activité de ses usines et décharges sur
l’environnement. Cette prise en compte est aussi à l’origine de l’émergence d’une
information et d’une communication environnementales certes encore éloignée de celle
que promeut Thierry Libaert (2016). On reste ici plutôt dans celle de Denis Cormier
(2002 : 161) i.e. « l’information environnementale publiée par les entreprises vise à
fournir une compréhension générale des questions environnementales et des risques de
même qu’une indication du niveau de la performance de la firme dans le domaine
environnemental ». Cette information/communication axée sur une protection de
l’environnement met en valeur l’identité de l’entreprise et renforcerait la confiance des
acteurs territoriaux comme leur responsabilité.
37
Le contexte actuel de la région de Gabès invite les acteurs locaux à construire
différentes communications entre eux et à développer une approche fondée sur le
partage d’information, l’engagement et la coopération des divers acteurs territoriaux
pour la cause environnementale. L’objectif de la communication est de faire changer les
« habitudes » de l’entreprise et soutenir la réalisation de ses projets. C’est pourquoi
nous avons pensé qu’il était nécessaire de mettre en place tout un dispositif impliquant
l’entreprise et les parties prenantes. Un dispositif qui favorise la continuité et la réussite
d’un processus de communication. Cette communication environnementale s’inscrit
dans une perspective de Développement durable (DD) qui ambitionne de placer la
dimension environnementale au cœur du fonctionnement de l’entreprise. La démarche
de DD, selon Jean-Jacques Girardot (2004 : 6), « repose sur trois principes :
38
la participation de tous les acteurs du développement, au premier rang
desquels les citoyens ;
l’approche globale des situations, caractérisée par un équilibre adéquat entre
les considérations d’ordre économique, social et environnemental ;
le partenariat des acteurs ».
Ces principes sont également considérés comme des normes éthiques de l’IT avec
trois principes méthodologiques :
39
l’appréhension du territoire en tant qu’espace d’action ;
la diffusion des pratiques de gestion par projet et l’ancrage de la culture de
l’évaluation des réalisations ;
le développement de l’accès aux technologies de l’information et de la
communication (Girardot, Gramaccia, 2006).
Ces principes prennent en considération l’orientation de l’IT vers les acteurs
territoriaux en termes de participation et de partenariat. Le processus informationnel,
initié suite à une interaction entre différents acteurs territoriaux présents ou distants,
40
12. 17/02/2024 09:20 Intelligence territoriale en Tunisie : sachants et/ou acteurs
https://journals.openedition.org/rfsic/3590?lang=fr 12/18
Conclusion
constitue un principe fondamental de l’IT (Bertacchini, 2000 ; Alexis, 2005). D’ailleurs,
Yann Bertacchini (2004 a) a qualifié le processus d’IT par une démarche d’information
et de communication. En fait, l’IT est une notion relativement récente (proposée par
Jean-Jacques Girardot en 1998) et pluridisciplinaire. Il l’a défini comme : « l’ensemble
des connaissances pluridisciplinaires qui, d’une part, contribue à la compréhension des
structures et des dynamiques territoriales et, de l’autre, ambitionne d’être un
instrument au service des acteurs du développement durable des territoires ». À l’heure
actuelle, il n’existe pas une seule et unique définition de la littérature de l’IT. Selon
Angélique Tholoniat et Khaled Bouabdallah (2006 : 11), l’IT est « l’organisation
innovante, mutualisée et en réseau, de l’ensemble des informations et connaissances
utiles au développement, à la compétitivité, à l’attractivité d’un territoire,
collectivement et pour chacun de ses acteurs ». Pour Houda Neffati et Jean-Jacques
Girardot 2014 : 68) « l’IT est une science polydisciplinaire dont l’objet est de
promouvoir le développement des territoires, dans ses dimensions économiques,
sociales, et environnementales. Son sujet est la communauté territoriale. L’objectif est
d’impulser, à l’échelle d’un territoire, une dynamique de développement durable
reposant sur : une interaction entre la connaissance et l’action ; un partage
d’information ; une concertation dans l’élaboration des projets et une coopération dans
la conduite et l’évaluation des actions ».
Dans le rapport de Bernard Carayon (2003), l’IT a été considérée comme un
processus d’intelligence économique9 appliqué à un territoire donné. Cependant, Jean-
Jacques Girardot (1999 : 17) a toujours mis en cause cette vision d’IT qui « couvre un
champ plus vaste que l’intelligence économique qui concerne principalement la veille
technologique et les opportunités de marché ». Pour lui, « l’intelligence territoriale
réfère plutôt à l’intelligence collective qui associe les compétences de manière
coopérative en vue d’argumenter, de réaliser et d’évaluer des projets innovants, adaptés
et pérennes ». Vernon Prior (2010) lui considère l’intelligence collective comme « une
forme de réseau, qui a été activé par l’évolution récente des technologies de
l’information ».
41
L’IT a été traité dans le cadre de diverses approches scientifiques. Syrine Ben Slymen
(2014 : 26), dans sa thèse, a fait la distinction entre trois approches d’IT. « L’approche
pragmatique avancée par plusieurs auteurs dont Christian Harbulot (2004) ou Yann
Bertacchini (2006) se focalise sur les pratiques et les dispositifs déployés dans un
processus d’IT. Comme déjà indiqué, l’approche sémantique est relative à l’acceptation
et le sens de l’intelligence et du territoire. Cette approche traduit l’IT comme la capacité
de réagir avec souplesse aux situations qui se présentent permettant de ce fait un
développement régional. » L’approche écologique s’intéresse à l’environnement dans
lequel il y a eu recours aux dispositifs d’IT. Cette dernière insiste sur la non-exclusion
des différents acteurs de la région que ce soit des entreprises, des représentants de la
société civile ou les habitants même de la région. Les principes de cette approche
orientent l’IT vers les acteurs en termes de participation, d’échange informationnel et de
partenariat et ce par l’accès aux technologies numériques. L’approche écologique tient
en compte les ressources existantes pour le développement d’une vision durable du
territoire. Elle met l’accent sur la vision globale qui se défini par les responsables
institutionnels afin de suivre un cheminement stratégique tenant en compte du contexte
environnemental, social et économique tout en impliquant les acteurs de la région.
42
@Comm_publique : « le monde d’aujourd’hui ne tolère plus l’action descendante »
[…]. http://bit.ly/
1jkbexI. Ce faisant, on part de l’idée de « convertir les citoyens en
acteurs collaborateurs » Qu’en sera-t-il dans le sud-tunisien ?
43
Si ce slogan d’une des associations françaises de communicants publics résonne
comme une sentence, elle résume l’état d’esprit des recherches doctorales reprises ici.
Le postulat est simple : les acteurs de ces régions et dans ce pays qu’est la Tunisie sont
44
13. 17/02/2024 09:20 Intelligence territoriale en Tunisie : sachants et/ou acteurs
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en capacité d’avoir une perception collective de leur situation afin d’effectuer des choix
et d’être force de propositions nouvelles. L’action comme ses finalités seraient, par
essence, partagées puisque créées par le dialogue (la communication lato sensu),
l’action serait aussi nécessairement collective pour permettre au plus grand nombre de
s’approprier les connaissances acquises et que celles-ci soient mises au profit de tous.
Ainsi sur nos terrains, l’IT est créditée d’une véritable opérationnalité qui passerait
notamment par « une veille informationnelle impliquant tous les acteurs territoriaux
afin d’assurer la capitalisation et la diffusion des connaissances acquises. Cela
permettra par la suite une évolution de la culture locale et assurera la valorisation et
l’attractivité du territoire » (Ben Slymen, 2014). Pour forcer un peu le trait, cette IT
serait la phase complémentaire, mais indispensable entre une intelligence collective
encore en constitution et une intelligence algorithmique à venir avec la place que
doivent prendre les technologies numériques. Comme le situe Philippe Dumas (2015),
nous sommes bien « dans les perspectives du développement pragmatique et
épistémologique de l’intelligence territoriale […] celles de la recherche d’une
gouvernance mettant l’humain au premier plan, visant son bien-être et sa
responsabilisation au niveau local en insérant ceux-ci dans le global et le futur ».
45
Nos terrains sont qualifiés de régions/zones arides, fragiles et menacées. Dans le Sud-
Est tunisien les changements socio-économiques et politiques des dernières décennies,
ont, il est vrai, considérablement augmenté la pression sur les ressources naturelles en
mettant en évidence des contraintes environnementales avec un appel à la participation
des populations locales pour les surmonter. Comme nous travaillons sur des territoires
ruraux, exposés aux risques naturels, présentant des problèmes écologiques (aridité
climatique, faible pluviométrie et forte activité éolienne) avec une précarité voire une
raréfaction des ressources naturelles (eau, sol, végétation et faune), la conversion du
citoyen en acteur collaborateur ne va pas de soi. Preuve s’il en est, les formes
d’exploitation touristique du patrimoine architectural et son intégration dans un secteur
touristique de plus en plus sinistré alors qu’il constituait une ressource essentielle. On
reste aussi ici dans le domaine de l’incantatoire et l’accent est mis sur une approche
« écotouristique » i.e. non destructive avec un tourisme dit de participation permettant
le développement d’échanges humains, économiques et culturels avec les visiteurs
attirés par les valeurs propres et de la culture d’un territoire singulier.
46
La mobilisation de la population qui est au centre du processus d’IT (Haddad, 2008)
reste très problématique. Les actions de lutte contre la désertification nécessitant le
consentement et l’implication de tous ? Une rhétorique de plus… Les interrelations
population-environnement, les interactions homme-environnement (Picouet, Sghaïer,
2000) sont encore à caractériser et à qualifier. Les agriculteurs, les éleveurs, les bergers
et les agents institutionnels rencontrés à Menzel Habib interrogent à leur manière ce
partage de l’information qui serait au fondement d’un sens territorial et collectif entre
les acteurs. L’instauration d’une démarche d’IT implique bien une connaissance en
profondeur du contexte et de l’environnement dans lequel évoluent les territoires, des
ressources qui y sont présentes, des différents acteurs.
47
En définitive, les fondements méthodologique et théorique de ces travaux sont, en
grande partie, empruntés à la tradition interactionniste. Ce choix détermine la
démarche méthodologique essentiellement qualitative qui relève de l’ethnographie. Ceci
suppose que soient décrits les fondements de plusieurs interactions entre les différentes
parties prenantes (ceci passe par entretiens individuels et collectifs, des observations
participantes et périphériques menées avec prudence et rigueur) avec deux écueils :
l’attachement de la population locale à la tradition orale ; la caractérisation des acteurs
en présence : nos recherches s’apparentent encore trop à des récits peuplées d’acteurs
dont on ne sait presque rien, e.g. des publics convoqués (touristes), des catégories
souvent présentées comme des évidences.
48
Sans doute faut-il adopter la posture de Philippe Dumas (2015) qui avance que :
« Proposer d’emblée une définition serait un exercice qui laisserait entendre que l’IT est
un concept fondé sur une logique purement rationaliste et scientifique, ce qui ne
correspond pas à la réalité du terrain et laisserait de nombreux lecteurs douter de son
49
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https://journals.openedition.org/rfsic/3590?lang=fr 14/18
Bibliographie
intérêt purement intellectuel ». On ne peut que le rejoindre dans cette analyse même si
c’est davantage la vision de Jean-Jacques Girardot (2002 : 10) qui prime
comme « l’ensemble des connaissances pluridisciplinaires qui améliorent la
compréhension de la structure et de la dynamique des territoires. Elle mobilise les
technologies de l’information et de la communication pour aider les acteurs à projeter,
définir, animer et évaluer les politiques et les actions du développement territorial
durable ». On retrouve là une approche très opérationnelle et (trop) réglée à l’instar de
celle proposée par Georges Delis et Yann Bertacchini (2006 : 9-10), où « l’intelligence
territoriale renvoie à la maîtrise des méthodes et des moyens de l’intelligence
économique au service des territoires ». La difficulté à laquelle ont été confrontés les
chercheurs est l’emboitement de ces définitions qui commandait de distinguer ou de
rapprocher l’IT de l’intelligence informationnelle et de l’intelligence économique. De
distinguer, par exemple, entre veille stratégique et intelligence économique (Larivet,
2001) qui, elle, vise explicitement un changement. La veille s’interdisant de modifier
l’environnement sur lequel elle exerce une observation continuelle (Baumard, 1991).
C’est in fine une perspective d’accompagnement stratégique qui est recherchée et si
IT il y a, elle reposerait pour les chercheurs sur :
50
une conviction que la lutte contre la désertification résulte de la capacité des
multiples acteurs d’un territoire à coordonner, à définir, ensemble, les
orientations à poursuivre et à mettre en œuvre les moyens pour les atteindre ;
la compréhension et l’amélioration des dispositifs informationnels, la
mutualisation et l’exploitation collective de l’information ;
une vision stratégique partagée pour le territoire sur la base de « projets » ;
l’importance de détecter des informations dans un environnement de plus en
plus instable ;
et une affirmation et un exercice d’une répartition des pouvoirs fondée sur une
démocratie dite participative : on parle ainsi de gouvernance territoriale dont
l’une des caractéristiques est de faire (encore) appel à une pluralité d’acteurs
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Notes
1 http://loth.hypotheses.org/ Tous les auteur.e.s de l’article ont participé à ce programme.
2 Une distinction entre ces différentes notions a été réalisée afin de positionner l’intelligence
territoriale par rapport à l’intelligence économique, la veille stratégique et le marketing territorial
(Haddad, 2008 : 109-116).
3 Une approche qui s’est développée en France dans les années 90 et possède des aspects
protéiformes. L’émergence de la notion d’IT, son approfondissement théorique, puis
méthodologique, nécessitent un positionnement par rapport à d’autres notions voisines comme
l’intelligence économique territoriale Elle est définie par Jean-Jacques Girardot (2004 :
10) comme « l’ensemble des connaissances pluridisciplinaires qui améliorent la compréhension
de la structure et de la dynamique des territoires. Elle mobilise les technologies de l’information
et de la communication pour aider les acteurs à projeter, définir, animer et évaluer les politiques
et les actions du développement territorial durable ». Yann Bertacchini (2004a : 3) présente l’IT
comme « un processus informationnel et anthropologique, régulier et continu, initié par des
acteurs locaux physiquement présents et/ou distants qui s’approprient les ressources d’un espace
en mobilisant puis en transformant l’énergie du système territorial en capacité de projet ».
4 http://www.ira.agrinet.tn
5 Certaines difficultés communautaires et régionales ont été à la source d’un mouvement
populaire en 2011 en Tunisie, pour s’étendre ensuite à plusieurs pays arabes (Lybie, Syrie, Egypte
Yémen...) sous l’appellation aujourd’hui presque oubliée de « printemps arabe ».
6 Par exemple, le colloque international organisé par le LESOR l’un des laboratoires de l’IRA
intitulé Sociétés en transition et développement local en zones difficiles « DELZOD » intègre
pleinement cette thématique d’intelligence territoriale.
7 Système d’information à l’échelle locale est un observatoire mis en place en 2005 à Menzel
Habib par l’IRA et le groupe ROSEL/OSS (ROSELT : Réseau d’observatoires de surveillance
écologique à long terme / OSS : Observatoire du Sahara et du Sahel) pour l’étude des
changements climatiques et les activités des hommes.
8 « Les nombreuses conquêtes, reprises et pertes de territoires favorisent le développement d’une
certaine culture du secret. Ces fondements historiques et culturels facilitent la formation de
partenariats d’entreprises ainsi qu’une coopération entre patronat et syndicats devenue
légendaire dans les années soixante-dix » (Martre, Clerc, Harbulot, 1994 : 26).
9 Le rapport de la commission Martre « l’intelligence économique est l’ensemble des actions
coordonnées de recherche, de traitement et de distribution, en vue de son exploitation, de
l’information utile aux acteurs économiques » (1994).
Pour citer cet article
Référence électronique
Vincent Meyer, Mohamed Haddad, Balkis Mzioudet Faillon, Syrine Ben Slymen et Fadhila Tlig,
« Intelligence territoriale en Tunisie : sachants et/ou acteurs », Revue française des sciences de
l’information et de la communication [En ligne], 13 | 2018, mis en ligne le 01 juin 2018, consulté le
17 février 2024. URL : http://journals.openedition.org/rfsic/3590 ; DOI :
https://doi.org/10.4000/rfsic.3590
Auteurs
Vincent Meyer
Sociologue, professeur des universités en sciences de l’information et de la communication,
université Nice Sophia Antipolis-Université Côte d’Azur, membre de l’URE //TransitionS, Institut
méditerranéen du risque, de l’environnement et du développement durable,
vincent.meyer@unice.fr
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Mohamed Haddad
Docteur en sciences de l’Information et de la communication, Enseignant - chercheur à l’Institut
supérieur de gestion de Gabès et depuis 2015, Maitre-assistant, à la Faculté de sciences et des
études humaines Alghat, Université Al-Majmaah, Ryiadh-KSA, membre de l’UR Recherches,
Entreprise et Décisions, ISG Gabès, haddadmohamed@hotmail.com
Balkis Mzioudet Faillon
Docteure en sciences de l’information et de la communication, Professeure au Lycée Jessé de
Forest Avesnes-sur-Helpe et formatrice à l’École nationale de Protection judiciaire de la
jeunesse, Roubaix, balkismzioudet@gmail.com
Syrine Ben Slymen
Docteure en sciences de l’information et de la communication, Enseignante-chercheure à la
Faculté d’économie et des sciences de gestion de Mahdia, syrinebenslymen@gmail.com
Fadhila Tlig
Doctorante en cotutelle internationale de thèse, université de la Manouba (doctorat en
Management) et université Cote d’Azur (doctorat en sciences de l’information et de la
communication). Membre du laboratoire RIGUEUR (Tunisie) et de l’URE //TransitionS (France),
tlig.fadhila@yahoo.fr
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