1. UNIVERSITE DU LUXEMBOURG
Leur spécialité: les politiques publiques
Philippe Poirier (Université du Luxembourg), Photo: Olivier Minaire
Par Marc Vandermeir, publié le 30.04.2010 dans Paper Jam
UN MASTER EN GOUVERNANCE EUROPÉENNE SERA LANCÉ À LA RENTRÉE.
PAR SON OFFRE, SPÉCIFIQUE, IL SE SITUE DANS UN MARCHÉ DE NICHE, EN
DÉVELOPPANT DES COMPÉTENCES FORT PRISÉES.
«Ce nouveau master est le fruit d’un travail de longue haleine», remarque d’emblée Philippe
Poirier, enseignant-chercheur en sciences politiques, lorsqu’il présente le master en gouvernance
que l’Université du Luxembourg vient de créer et qui accueillera ses premiers étudiants à la
rentrée prochaine. «Nous avons toujours pensé qu’on ne peut pas avoir un programme de
recherches sur la gouvernance européenne, avec des doctorants et des post-doctorants, sans qu’il
y ait aussi un programme structuré d’enseignement dans ce domaine. D’où l’idée d’un master»,
retrace-t-il.
Lorsqu’on regarde le «marché» des masters, il y en a certes beaucoup en études européennes.
L’Université du Luxembourg a donc mené une étude comparative sur ce qu’elle pouvait apporter,
sur les ressources disponibles ici et, surtout, ce qu’elle pouvait inclure dans un master pour sortir
du cadre traditionnel qui veut que ces études mènent à la fonction publique européenne. «Nous ne
voulions absolument pas associer cette idée à notre master, qui est donc bien sûr académique, en
anglais et en français, mais qui est principalement centré sur les politiques économiques, sociales,
énergétiques et environnementales. La moitié des cours sera assurée par des praticiens tels que
des directeurs de la Banque Européenne d’Investissement, des DG de la Commission européenne,
des experts, etc. C’est là une deuxième raison d’avoir créé ce master.»
Pas question, ainsi, de rester entre universitaires pour former des étudiants destinés à la recherche
et à quelques places de fonctionnaires européens. «Le marché est beaucoup plus important,
ajoute Philippe Poirier. Nous avons constaté que de plus en plus d’entreprises recherchent bien
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2. sûr des juristes en droit européen, mais aussi des spécialistes dans les diverses politiques
publiques européennes.»
Processus de Bologne oblige, ce master se fera en partenariat avec d’autres universités. «Nous les
avons choisies pour leur qualité traditionnelle dans les matières concernées, mais aussi pour leurs
spécialités complémentaires aux nôtres. Car les étudiants doivent venir ici pour la politique
économique, sociale et environnementale, mais ils pourront aller chez un de nos partenaires pour
une autre spécialité. Nous nous situons de la sorte, en Europe, dans une niche précise, et nous
allons profiter des institutions européennes présentes au Luxembourg.»
Preuve aussi de l’importance que prennent les études politiques, en particulier européennes, à
l’Université du Luxembourg. En 2004, Philippe Poirier y était le seul politologue, sous contrat à
durée déterminée. Aujourd’hui, ils sont cinq, en contrat à durée indéterminée, avec plus de 30
chercheurs, doctorants, etc. Philippe Poirier souligne que la formation complétera par ailleurs
l’offre de masters existante, à l’Université, en droit européen et en histoire européenne
contemporaine. Quelques cours seront d’ailleurs communs.
Une dimension internationale
Les partenariats, quant à eux, seront développés avec une dizaine d’universités de par le monde,
entre autres aux Pays-Bas, en Europe centrale et orientale, dans le bassin méditerranéen et en
Amérique du Nord. «Ceci parce que le public visé par notre master – qui prévoit 30 étudiants
maximum par année – est celui qui vient d’autres aires intéressées par la gouvernance européenne.
Il y a un marché, aussi, pour ceux qui viennent des grandes entreprises américaines et asiatiques.
Ce master sera donc très international, tant par ses étudiants que par son corps enseignant.» Les
entreprises ne pouvant qu’être intéressées aux cours donnés par les experts, l’université va mettre
en place des horaires mobiles.
La spécificité de cette nouvelle formation est donc de se centrer sur les politiques publiques
économiques, sociales, environnementales et énergétiques. Philippe Poirier insiste sur le fait que
ces deux dernières ne sont ni séparées, ni opposées, car elles forment un tout. Comme d’ailleurs
l’ensemble de ces politiques publiques. En outre, ce master s’inscrit tout à fait dans l’exigence de
la politique, aujourd’hui, avec sa nécessité impérative de gouvernance. «Des administrations
publiques, des entreprises, des fondations, des ONG ont besoin d’hommes et de femmes formés à
cette gouvernance.»
Un autre avantage de cette formation basée au Luxembourg est d’offrir ce que d’autres structures
ne peuvent pas proposer, comme «un réel tutorat et la présence effective de nos experts»,
souligne M. Poirier.
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