Le bio devient plus accessible pour échapper à la crise
1. 18 // Mercredi 21 novembre 2012 Les Echos
INDUSTRIE
&SERVICES Lebiodevient plusaccessible
pouréchapper àlacrise
l Les ventes dans les grandes surfaces progressent moins vite.
à suivre l Mais les industriels et les distributeurs continuent d’étoffer leurs offres.
les plus consommés des Français.
CONSOMMATION Elle a ouvert dans la foulée un site
Internet consacré à la gamme. Il est
Clotilde Briard possible d’y localiser sur une carte
cbriard@lesechos.fr le périmètre des champs où les
légumes sont cultivés grâce à son
Nicolas Lemaitre/AFP
L’appétit pour le bio peut-il résister smartphone et au « QR code » figu-
à la crise ? Si le secteur a toujours le rant sur les boîtes de conserve.
vent en poupe, il n’échappe visible-
ment pas à la mise sous sur - Une offre pour les juniors
veillance de leur budget quotidien Les industriels déjà bien installés
par les ménages. Des signes cherchent, eux, à élargir leurs
L’armateur CMA CGM publie d’essoufflement ont été détectés publics. Les 2 Vaches, la marque
un résultat trimestriel record par SymphonyIRI, qui a consacré bio du groupe Danone, s’adresse
une étude au sujet. Portées par une depuis la rentrée aux juniors avec
MARITIME — C’est une performance opérationnelle proche de offre toujours plus large, les ventes les P’tits Miam, des fromages
ses plus hauts qu’a publiée, hier, le troisième groupe mondial de de produits alimentaires bio en blancs aux fruits aux ingrédients
transport maritime CMA CGM : entre juillet et fin septembre, grande distribution étaient, en racontés de manière pédagogique.
son résultat brut d’exploitation s’est établi à 617 millions de effet, habituées à enregistrer des Ce sera en effet par l’explication
dollars, soit une marge opérationnelle de 12,8 % supérieure aux croissances à deux chiffres. Y com- et la démonstration de ce qu’est le
performances du marché (7,9 % pour le numéro un mondial pris au moment du choc de 2008. bio que marques et distributeurs
Maerks, 4,9 % pour son challenger Apex). Plusieurs facteurs Mais depuis mars, on assiste à une pourront tirer leur épingle du jeu.
ont contribué à ce redressement : hausse des volumes trans- rupture de la tendance. « Le ralentissement de la croissance
portés (+ 4 % par rapport à la même période de 2011, à 2,7 mil- Sur six mois à fin août, le chiffre observé sur le marché semble être
lions d’équivalent vingt pieds), amélioration des taux de fret d’affaires réalisé par les aliments une parenthèse. Les consomma-
(+ 6 %), maîtrise des coûts (550 millions de dollars d’économies bio en hyper et supermarchés pro- teurs expriment toujours des envies
sur neuf mois). gresse de seulement 1,9 %, contre d’acheter des produits plus respon-
10,9 % au semestre précédent. Et, sables. Aux acteurs du secteur de
même si elle est un peu moins mar- trouver le moyen de convaincre les
Les actionnaires de Xstrata votent quée, la tendance reste assez pro- plus sensibles au sujet », juge Jac-
le mariage avec Glencore, sans bonus che en septembre et octobre. « Pris ques Dupré. Il reste à savoir com-
par les contraintes de pouvoir bien de temps cette parenthèse est
MINE — Ils ont dit « oui » au mariage avec Glencore pour former d’achat, les consommateurs sont en susceptible de durer.
le quatrième groupe minier mondial. Comme attendu, l’accord situation d’attente et font moins Les chiffres total à plus d’une cinquantaine de
du Qatar (12 % du capital) a été décisif. En revanche, les action- monter en gamme leur panier. Ces produits. Ce qui peut jouer en
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naires du groupe suisse ont rejeté le plan d’intéressement pour arbitrages influent sur le bio », ana- faveur du bio – consommé au
70 cadres du groupe. Un camouflet pour la direction de Xstrata, lyse Jacques Dupré, directeur moins une fois par mois par 40 % À NOTER
qui a regretté « un risque inutile » pour la réussite future de la « insight » chez SymphonyIRI. des Français, selon l’Agence Bio –, Selon une compilation de
fusion. Les actionnaires de Glencore ont voté à 99,4 % en faveur c’est son accessibilité. Les ensei- 240 études effectuée par l’uni-
du projet. Le nouveau groupe s’appellera Glencore-Xstrata PLC. Nouveaux acteurs MILLION D’HECTARES gnes spécialisées se rénovent, versité américaine de Stand-
L’effet prix a un rôle accru. Dans les cultivés en bio commeNaturaliaquivientd’ouvrir ford, il y a 30 % de risques en
catégories d’aliments où il réduit un nouveau « concept store » pari- moins de trouver des pesticides
64 %
Nucléaire : le tchèque CEZ devra un peu l’écart par rapport aux pro- sien à Beaubourg. En grande distri- dans les produits bio. Mais il
n’est pas démontré que leur
attendre le résultat de l’appel d’Areva duits« conventionnels »,lebiopro- bution, l’acheteur peut de plus en
consommation apporte un réel
gresse davantage. Les marques de plus souvent piocher parmi ses
CONCURRENCE — L’Office tchèque pour la protection de la distributeurs gagnent aussi du ter- marques habituelles. Car de nou- bénéfice sanitaire.
concurrence (UOHS) a annoncé, hier à Prague, avoir interdit au rain. Elles ont dépassé la moitié des Le surcoût par rapport veaux acteurs se lancent dans la
groupe CEZ de signer un accord pour la construction des deux
nouveaux réacteurs de la centrale nucléaire de Temelin, alors
unités vendues. Dans le circuit du
hard-discount, Dia vient d’étendre
aux produits traditionnels bataille. A l’instar de D’aucy. La
marque de conserves de légumes a santé du bio sur
La bonne
qu’Areva a fait appel de son élimination de l’appel d’offres. CEZ sa gamme avec 11 nouvelles réfé- arrive sur le créneau avec 6 réfé-
avait exclu Areva le 5 octobre, arguant qu’il n’avait « pas satisfait rences à son nom, ce qui porte le rences choisies parmi les légumes lesechos.fr/dossier
dans son offre aux exigences légales ». L’UOHS n’a pas précisé
quand pourrait aboutir l’examen de l’appel d’Areva.
Les Galeries DISTRIBUTION — L e g r o u p e
Intermarché veut en faire un produit du quotidien
Lafayette Galeries Lafayette a annoncé hier
avoir signé un partenariat avec le Le réseau indépendant titut SymphonyIRI, le bio ne pèse marchés de l’enseigne, la croissance références bio dans les gammes de
à Istanbul groupe turc Demsa en vue de veut passer de 200 à près que 2,1 % du chiffre d’affaires ali- du bio chez Intermarché passe par marques propres d’Intermarché
l’ouverture d’un grand magasin de 300 millions d’euros de mentaire des hypers et supermar- un élargissement de l’offre, mais ( P â t u r a g e s , C h a b r i o r, J e a n
Galeries Lafayette à Istanbul, en chiffre d’affaires dans le bio. chés français. Pour Intermarché, aussi par une meilleure présenta- Rozé, etc.) et d’implanter ces pro-
Turquie, au premier semestre l’objectif est de gagner 70 millions tion en magasin. La nouvelle straté- duits dans les rayons aux côtés des
2015. Ce grand magasin sera situé Philippe Bertrand dans les trois ans. gieimaginées’appuied’abordsurles marques conventionnelles nationa-
dans l’un des futurs grands cen- pbertrand@lesechos.fr marques propres, qui représentent les. « L’idée est que le client se dise que
tres commerciaux d’Istanbul, le Une meilleure présentation déjà 50 % du marché. La « MDD » pourunprixsimilaireoumoinsélevé,
Boulevardi Mall. Demsa exploite « Bio,onl’aimeauquotidien. »Ceslo- « En période de crise, résume Anne est en effet le moyen de dépasser la il peut acheter un produit bio », expli-
110 magasins en Turquie et est gan résume les ambitions d’Inter- Saintemarie, adhérente à la direc- barrière du prix, frein à la consom- que Stéphane Houssin.
aussi présent dans l’immobilier. marché en matière de produits bio- tion marketing internationale, un mation. Le nombre de références va En bref, Intermarché veut rendre
DR
logiques. Le réseau indépendant marchéquiaétémultipliépar4endix passer de 215 à 300, auxquels s’ajou- visible le bio pour le rendre accessi-
aux 1.700 magasins en France a ans, qui a crû de 12 % en 2011, est inté- tent600référencesdeproduitsbioà ble. L’objectif est de fidéliser les gros
Statoil fournira GAZ — La compagnie pétrolière dévoilé hier ses nouvelles ambitions ressant à travailler. Même si la crise marques nationales. « Le bio au quo- consommateurs de bio, mais, sur-
Wintershal norvégienne Statoil a signé un pour ce qui constitue encore conduit à un ralentissement de la tidien, cela signifie proposer tous les tout, de recruter de nouveaux
accord de fourniture de gaz natu- aujourd’hui une niche représentant croissance. » Pour cette jeune doc- produitsalimentairesduquotidienen clients. Intermarché détient 12,6 %
en gaz naturel rel avec l’allemand Wintershall 209 millions d’euros de chiffre teur en biochimie qui exploite bio », précise Anne Saintemarie. de part de marché dans le bio. dans
sur une période de dix ans. Cet d’affairessurdesventestotales(hors 5 magasins au Portugal avec son L’originalité de la démarche tient les magasins où la nouvelle présen-
accord prévoit la livraison totale carburant) égales à 19 milliards mari, comme pour Stéphane Hous- à la volonté de ne pas développer tation est testée, les ventes progres-
de 45 milliards de mètres cubes, d’euros… Rappelons que selon l’ins- sin, adhérent en charge des super- une gamme bio spécifique, mais des sent de 20 %. n
qui seront destinés à l’Allemagne
Bitmap/Dag Myrestrand
Pourquoi l’agriculturefrançaise estenretard
et à d’autres pays d’Europe du
Nord-Ouest. L’Allemagne est le
deuxième marché européen pour
le gaz naturel, avec une consom-
mation de 80 milliards de mètres
Otis équipera
cubes par an.
ASCENSEURS — Otis France,
L ’agriculture biologique
peine à dépasser les 3 % de la
surface agricole utile (SAU)
française, même si les hectares bio
ANALYSE
Marie-Josée Cougard
Celaexpliqueaussiquelescham-
bres d’agriculture, qui jouent un
rôle fondamental de conseil aux
exploitants, aient longtemps laissé
requiert beaucoup plus d’anticipa-
tion que l’agriculture classique, où la
chimie permet de corriger beaucoup
d’aléas climatiques. »
le « Pentagone filiale du groupe américain Uni- ont fait un bond de 63 % depuis le champ libre à la Fédération L’année 2012 a été redoutable de
ted Technologies Corp (UTC), a 2008, selon l’Agence Bio. La France mentions valorisantes telles que nationale de l’agriculture bio ce point de vue. L’humidité a provo-
à la française » été choisi pour l’installation et la ne vient encore qu’au 19e rang en produits de montagne, fermier ou (FNAB). Résultat, les deux instan- qué une offensive du mildiou dans
maintenance des 108 ascenseurs Europe. Plusieurs raisons expli- de pays. Au-delà de cette richesse, ces se trouvent aujourd’hui plus en la vigne, contre lequel les doses de
du futur siège du ministère de la quent la moindre importance du on trouve bien évidement des rai- concurrence qu’en situation de col- soufre autorisées en bio sont peu
Défense à Paris. Le montant du mode d’exploitation bio dans sons politiques, sources du retard laborer. efficaces. Pour les mêmes raisons
contrat n’est pas dévoilé. Le « Pen- l’Hexagone. La première tient sans des organisations professionnelles d’humidité, les rendements en
tagone français » devrait regrou- doute au fait que les agriculteurs (OPA) à s’investir dans l’aide au Accroître la recherche céréales bio ont été deux fois moin-
per les états-majors et les services français, qui veulent se différencier développement du bio, trop éloigné Cette absence d’intérêt des OPA dres. Sans une recherche accrue,
centraux du ministère à Balard, et vendre leurs produits plus cher, par exemple des intérêts commer- pour le bio est en outre à l’origine on risque de ne pas pouvoir offrir
Beard Papa/Flickr
en 2015. Otis vient ainsi rejoindre disposent de tout un éventail ciaux des coopératives. Ces derniè- d’« un certain déficit de solutions aux agriculteurs la sécurité techni-
l e g é a n t d u B T P, B o u y g u e s , d’options. Du label à la certification, res ont en effet longtemps vécu en techniques », selon Etienne Gaigne- que qui les convainc de s’aventurer
chargé de réaliser le siège du nou- en passant par les appellations bonne partie sur la vente d’engrais ron,présidentdelacommissionbio sur des pistes alternatives aux voies
veau ministère. d’origine, sans oublier les multiples et de pesticides. à la FNSEA. « L’agriculture bio orthodoxes. n