2. Préambule
C’était il y a trente ans, au décours d’une promenade aux puces avec un
ami…
Cet ami, qui a fait l’école du Louvre, tombe en arrêt devant un amas
ressemblant plus au déversement du contenu d’une cave qu’à un étal
valorisant des objets à vendre. Parmi cet amas se trouve une gravure
intitulée « Le coup de vent ». La scène représente un orage dont le vent
fait soulever la jupe d’une bergère et les oreilles de son chien, les
poussant à se réfugier avec un berger dans une grotte sous le regard
bienveillant de cupidon.
Mon ami décide de me la faire acheter : l’œuvre, bien que tachée
d’humidité de-ci de-là, est restée dans son cadre d’origine, marie-louise
et verre compris. Ne serait-ce que pour cette raison, je dois selon lui
l’acquérir car le vendeur en ignore totalement l’intérêt : un sauvetage !
Elle est du XVIIIème siècle, elle est charmante, je l’achète donc.
3. Le fil rouge
Depuis, « Le coup de vent »
me suit au gré des
déménagements et change
d’emplacements selon mon
humeur, mais toujours à l’abri
du soleil.
Je n’avais jamais pris le temps
d’en savoir d’avantage sur
cette gravure. La réflexion
pour trouver un thème
répondant au challenge
« Carte blanche au musée »
m’a conduite à choisir cette
œuvre.
4. Le fil rouge
Qui sont les auteurs :
- le dessin est d’Antoine Lebel et
- la gravure d’Abraham
Girardet qui l’a réalisée en
1785.
Qui étaient ces hommes ?
Ou peut-on encore voir certaines
de leurs œuvres ?
Pour y répondre, coiffée d’un
casque de « webminer » et armée
d’un piolet numérique, me voilà
lancée sur internet à la chasse aux
indices !
5. Antoine Lebel
(Arc-en-Barrois 1705 - Paris 1793)
• peintre, pastelliste et graveur français.
• Reçu à l'Académie royale de Peinture et de Sculpture en 1746 sur
présentation d'un Soleil couchant ou Vue des environs de Dieppe
(musée des Beaux-Arts de Caen).
• Lebel expose régulièrement au Salon à partir de 1747 jusqu'en 1769
et y expose des natures-mortes à partir de 1757.
• Spécialiste des paysages, et en particulier les marines très
influencées par l'art de Claude Lorrain, il pratique également le
portrait, dont de rares exemples au pastel nous sont parvenus.
• Il réalise également plusieurs gravures à l'eau-forte.
• Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Le_Bel
6. Soleil couchant ou Vue des environs de Dieppe
A. Lebel, 1746
Musée des Beaux-Arts de Caen
D’Antoine Lebel peu de traces, pas même son visage… mais j’ai retrouvé
deux œuvres conservées au musée de Caen, dont celle de la réception à
l'Académie royale, et deux autres proposées à des ventes aux enchères.
7. Portrait d’homme au chapeau
A. Lebel, 17??
Fusain, sanguine et craie blanche
Vente Christie’s
Pêcheurs près d'un lac
A. Lebel, 1746
Musée des beaux arts de Caen
La mort de Rolland
A. Lebel, 1783
Dessin au fusain
Vente aux enchères
8. Abraham Girardet
(Neufchâtel 1764 - Paris 1823)
• Graveur suisse, premier d’une dynastie de graveurs. Il s’installe à Paris en
1783. Remarque : La seule estampe connue de cette période est justement
« Le coup de vent » (1785).
• En 1789, il se convertit à la gravure d’actualité : le siège de la Bastille, les
travaux du champ de mars… En 1791, il fuit en Suisse et ne revient à Paris
qu’après la terreur. Il produit ensuite de nombreux dessins tels que :
– la Transfiguration d’après Raphael
– l’Enlèvement des Sabines d’après Poussin
– le Triomphe de Titus et Vespasien d’après Giulio Romano
– et le Sauveur mort d’après Andrea del Sarto (voir pages suivantes).
• Il a participé en tant que graveur à « La description de l’Egypte », ouvrage
commandé par Napoléon pour commémorer la campagne d’Egypte (1798-
1801) et terminé sous Charles X.
• Sources : http://archive.is/20141111232628/bibliotheque-
numerique.inha.fr/collection/323-abraham-girardet-ne-a-neufchatel-su/ et
http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1992_num_289_1_1906
9. Autoportrait d’ Abraham Girardet
gravé par Pierre –Michel Adam, XIXème siècle
Source : Vente aux enchères
La transfiguration d’après Raphael
A. Girardet, 1806
(Harvard art Museums,
Cambridge, Massachusetts)
Enlèvement des Sabines
d’après N. Poussin, 1800
Dessin Théophile Fragonard
(Harvard Art Museums,
Cambridge, Massachusetts)
J’ai trouvé un
autoportrait de
Girardet et de
nombreuses œuvres
conservées dans
différents musées,
dont le musée
Carnavalet à Paris.
J’ai donc dû faire
un tri ne retenant
que cinq œuvres.
10. Le triomphe de Vespasien et de Titus
A. Girardet d’après Giulio Romano, 17??
(British Museum)
Le Sauveur mort ou la Déposition
A. Girardet, d’après Andréa del Sarto, 17??
(Harvard Art Museums, Cambridge, Massachusetts)
11. La « Description de l’Egypte »
résulte des travaux de la
Commission des Sciences et des Arts
en Egypte créée par Bonaparte . Elle
comporte 836 planches dont une
partie a été publiée en haute
définition par le Centre de recherche
en informatique de l'École des Mines
de Paris.
Source : http://description-egypte.org/
Frontispice pour « Description de l’Egypte »
Eau forte et burin
Réville, Girardet & Sellier
(Catalogue des estampes du Louvre,
Chalcographie nationale)
Description de l’Egypte
12. Le coup de vent, 1785
Abraham Girardet d’après Antoine Lebel
(National Gallery of Art, Washington D.C.)
J’ai finalement découvert qu’un
musée américain détient deux
tirages de la gravure
« Le coup de vent » de Lebel et
Girardet. et un autre proposé à une
vente aux enchères.
Le coup de vent
Vente aux
enchères
13. Ultime rebondissement
En explorant la boutique en ligne du musée de Washington, j’ai eu la
surprise de découvrir une série d’objets dérivés :
carte de vœux, étui de téléphone, housse de coussin, housse de couette,
rideau de douche, sac cabas, tee-shirt…
Comment cette œuvre, que je
croyais oubliée de tous, peut-elle
susciter outre atlantique un tel
engouement du public ?
Ce n’est pas possible, j’ai dû
passer à côté de quelque-chose
d’important.
Je reprends casque et piolet
numérique et j’y retourne
immédiatement !