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.De quoi les Artistes ont – ils peur ?
(suite)
Mais avoir peur de quoi ?
De l’imprévisible peut être qui se
traduit par l’insécurité et l’insouciance.
L’Artiste cherche à mettre en exergue
les valeurs dans sa société, il prend
position et stimule les enjeux de
l’observation pour instaurer une
conscience collective, il invite la
société et le monde entier à
contempler son Art, et à réfléchir
encore et encore sur les vraies causes
de l’être.
Avoir peur, c’est possible pour les
Artistes qui se confrontent à l’essence
de la création, quand la matière d’une
plaque gravée accable le geste
créateur, quand la morsure dérive de
sa trajectoire et la gravure se pétrifie
dans le tréfonds de l’eau-forte, le doute
enveloppé par la peur se présente
alors garant d’une aventure picturale
en perpétuelle mutation.
Quand on est vison-visu au vide,
quand on est face à la phobie de la
mort. Les artistes ont peur de ne pas
pouvoir être créateur, c’est une peur
ontologique qui menace leur souhait à
être reconnu à travers l’histoire; ils
n’aiment pas être sous l’égide de
l’oubli et de la disparition, ils veulent
laisser une trace imprégnée de temps
d’expériences c’est comme une
mémoire vivante qui témoigne de leur
passage dans la vie.
On peut avoir peur de soi plus que des autres
quand on est cloitré face à notre égo qui nous
berce à gauche et à droite ; avoir peur aussi de
l’indifférence, de la haine et de l’hypocrisie sociale
souvent fardée par un sourire glacial.
La peur de ne pas être sincère dans notre praxis
nous guette fréquemment, en ce sens Matisse
affirme que : « L’art doit être toujours mesuré à
l’émotion même de l’homme. Sans sincérité, il n’y a
pas d’œuvre authentique.(…) Je le répète encore :
il faut être sincère et l’œuvre d’art n’existe
pleinement que lorsqu’elle est chargée d’émotion
Humaine… »[1].
Mais comment peut-on mesurer la sincérité
d’un Artiste par rapport à un autre ?
Est-ce- que par l’œuvre elle- même ou par
la réflexion et les dits de l’Artiste ?
J’ai peur de ne pas répondre à ses deux questions
brièvement car cela nécessite un développement
approfondit.
La peur est un leitmotiv pour la création, souvent
on tend à l’encager au travers d’une pratique
plastique ; on entreprend un discours avec elle,
elle nous fascine par le défi et l’envie de faire un
corps- à- corps avec elle.
La peur est un Art qui a ses adeptes, un Art qui
active les sensations enfouies en nous et l’Artiste a
peur de ne pas avoir peur ; l’Artiste porte toujours
le défi, il s’engage à émettre des messages forts
pour promouvoir le monde où il gravite ; l’Artiste a
peur de ne pas pouvoir construire un sens , de ne
pas communiquer et partager ses préoccupations
avec d’autres , l’Artiste a peur de la monotonie et
du déjà vu , il a peur de ne pas être le miroir de sa
société.
[1] Henri Matisse « Le dessin enseigné par les maîtres
» , Ed ,Bordas , 1989, p.119
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De quoi les Artistes ont – ils peur ?
(suite)
En notre cher pays la Tunisie on a
peur de la peur ressentie par l’état vis
à vis des Artistes qui cherchent depuis
de longues années a s’affirmer en tant
qu’Artistes. Il n y a pas de plus
méprisant que d’être banni par la
société et refoulé par l’état ; le
sentiment d’ingratitude est tellement
poignant qu’il laisse des séquelles
indélébiles pour ceux qui croient au
développement culturel de leur pays.
L’artiste est un être culturel par
excellence.
En cette perspective l’artiste a peur d’être
prétentieux et arrogant, l’Artiste a peur
surtout de ne pas être libre de penser et
de pratiquer son art.
La guerre et ses désastres, les génocides
et les tortures, le terrorisme sous ses
multiples formes ainsi que l’absence de
limite de l’inhumain cause un malaise
social traduit par un sentiment
nauséabond où la peur et le dégout
s’interfèrent.
La peur affecte –t-elle l’artiste
considéré comme une entité sociale de
sorte à le transformer en un aliéné ?
En cette lignée Umberto Eco affirme que : «
S’aliéner- à -quelque –chose veut dire renoncer
à soi-même pour se remettre à un pouvoir
étranger, se faire autre en quelque chose et
donc ne plus agir à l’égard de quelque chose,
mais être agi par quelque chose qui n’est plus
nous »[1]
Alors si la peur hante les artistes et les réduits
en sujétion sans leur consentement ; elle
advient quelque chose qu’ils refusent d’y
admettre et de reconnaître le pouvoir, une
puissance ennemie qui est l’autre qui mute en
nous.
De quoi les artistes ont-ils peur ?
Certainement de ne pas être reconnu
dans la société en tant qu’artistes, ils
garderont la braise de la création en leurs
âmes libres et continuerons leurs
destinées à semer l’amour, la paix , la
conscience, le défi et l’engagement à
promouvoir les valeurs Humaines dans
tout le monde.
Bon vent les Artistes….la peur on s’en
fout…
[1] Umberto Eco « existence-fiction », revue
esthétique 42/02, Ed Jean Michel Place, 2002,
p11, 12.
Bonjour monsieur Courbet,1854. L'affirmation de
l'artiste devant le bourgeois et son porte-paquet.. Ce
même Courbet qui faisait si peu de cas du rôle de l'état
dans l'art. (NDLR)
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