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Palace Ritz
- Magazine -
L’HONORÉ
Horlogerie
Joaillerie
Mode
Beauté
Art de vivre
| ÉTÉ |
2016
| N°2 |
H ô t e l
Palace Ritz - Ritz palace
Rubrique Rubric
_
| 03 |
Edito
_
L E S
L A U R I E R S
D E C É S A R
C’est un symbole du quartier, presqu’une vitrine,
qui rouvre ces portes en juin. Après quatre ans
de minutieux travaux, le Ritz, paré de nouveaux atours
et désormais en phase avec son temps, entame
une nouvelle phase de sa légende. Il faut s’en
réjouir car à lui seul, le palace de la place Vendôme
incarne l’élégance et l’art de vivre à la française
et fait rayonner le luxe parisien aux quatre coins
du Monde. César Ritz peut être fier : 120 ans après
sa création, son hôtel brille toujours du même éclat.
-
A symbol of the neighbourhood – a flagship, even –
will be re-opening its doors in June. After four years
of painstaking works, the Ritz has been brought right up
to date and is once again dressed to the nines, ready
to embark on a fresh chapter in the legend. This is indeed
cause for celebration: in and of itself, the palace on Place
Vendôme embodies the French lifestyle in all its elegance,
and spreads the influence of Parisian luxury to the four
corners of the globe. César Ritz would be proud : 120 years
after its creation, the Ritz has lost none of its splendour.
The transatlantic airline : la compagnie aérienne transatlantique
C’est en restant petits
que nous sommes entrés
dans la cour des grands
ba.com/openskiesfr
Nous n’accueillons pas plus d’une centaine
de passagers par vol. Ceci nous permet
de vous faire bénéficier d’un confort
et d’une qualité de service exceptionnels,
aux conditions les plus avantageuses.
A bord, l’atmosphère est plus intimiste et
plus personnalisée que sur la plupart des
vols long-courriers traditionnels. Ajoutez
à cela les avantages inhérents à notre
appartenance à British Airways et vous
comprendrez comment nous avons réussi
à entrer dans la cour des grands.
PA R I S O R LY - N E W Y O R K
| 05 |
REDACTION
Rédacteur en chef - Romain Riviere
Tél. 06 61 06 82 32
r.riviere@faubourg-presse.fr
-
Mode, stylisme, beauté - Blanche Rivière
Tél. 06 46 39 51 58
b.riviere@faubourg-presse.fr
TRADUCTION
David Buick - Delos Communications
DIRECTION ARTISTIQUE
& GRAPHISME
Elodie Dages
elodie.dages@gmail.com
PUBLICITE
publicite@faubourg-presse.fr
IMPRIMERIE
Imprimerie de Champagne
(France)
CONTACTS
L’Honoré Magazine
est un support trimestriel gratuit
édité par Faubourg Presse SAS,
au capital de 1.000 euros,
RCS 817807720
166, rue Saint-Honoré - 75 001 Paris
Président et directeur de la publication :
Romain Rivière
Dépôt légal : à parution
Olivier
MULLER
Olivier
CHOMIS
Journaliste
Journaliste professionnel, Olivier Muller est un
expert en horlogerie. Entre Paris et Genève, il
couvre le secteur pour les principaux titres
spécialisés.OlivierMullerisaprofessionaljournalist
andanexpertinwatchmaking.Hedivideshistime
betweenParisandGeneva,coveringtheindustry
for its leading specialist magazines.
Photographe
Photographe professionnel, Olivier Chomis
entreprend, depuis 2009, untravail d’auteuren
noiret blanc, libre et intimiste. Olivier Chomis is
a professional photographer, engaged in creative
black and white photography since 2009.
C O N T R I B U T E U R S
Et aussi :
Épigramme | Jean Boggio et Altavilla
Joaillerie | Nathalie Koelsch
Photo (styles) | David Carteron
Art de vivre | Sophie Lamigeon
Automobile | Frédéric Edmond
| 06 |
S O M M A I R E
Épigramme
Au fil de l’histoire
Actualités | News
Rencontre | Meet
Inès de la Fressange
Reportage | Report
Glashütte Original
Savoir-faire | Expertise
L’autre joaillerie parisienne
Patrimoine | Heritage
Le Ritz Paris
Héritage | Heritage
Dior
Portfolio
Mode | Fashion
Repetto
P.08
P.09
P.10
P.14
P.18
P.22
P.26
P.30
P.34
P.38
P.14
P.18
P.14
| 07 |
S O M M A I R E
Confidences | Confidences
Tara Jarmon
Boutique | Store
Chronopassion
Déco | Design
Tendances
Déco | Design
Les draps de plage
Culture
Styles | Style
Beauté | Beauty
Tendances | Trends
Portrait | Profile
Mathieu Tournaire
Quartiers libres | Free side
Auto - évasion - Conso
P.40
P.44
P.48
P.52
P.56
P.58
P.62
P.68
P.72
P.75
P.48
P.58
P.77
| 08 |
Épigramme
_
D.S. Nuit. Le son d’une alarme que personne n’avait entendue. J’observais autour de moi ce
pays qu’on avait inventé au milieu de Paris – pays carré à pans coupés – le vent qui produisait
de la lumière et l’ombre idéale d’un grand dôme qui planait sur le sol. Sous les fenêtres d’un
hôtel de luxe, j’étais une émotion. J’étais seul et j’étais une émotion. J’aperçus – près de la
colonne – Diane, la reine imaginaire, celle qui avait brillé sur nos vies de petits garçons. Elle me
prit dans ses bras – puis s’éloigna, à très grande vitesse,dans le noir. Là-haut, chambre vide
et bagages à peine défaits ne se souvenaient pas du destin étoilé de la princesse. Je suis une
émotion : je sais que les miroirs analgésiquesbrillèrent longtemps à travers les fougères vieilles
de mille ans ; et que c’est l’émotion qui déroba les petites savonnettes au bord de la baignoire.
*
Par-byAltavilla
| 09 |
Au fil de l'histoire History
_
Construite sous Charles V en 1380, la
deuxième porte Saint Honoré, portant
le nom de Sainte-Jeanne d’Arc, a été
démolie plus de deux siècles plus tard,
en 1636. Située au niveau des numéros
161 et 165 de l’actuelle rue Saint Honoré,
cette porte, dont l’emplacement a été
confirmé au XIXe siècle, arborait une
voûte longue de près de vingt mètres
et une profondeur de l’ordre de neuf
mètres. Elle était formée d’une bastide
surmontée de tourelles, et, côté faubourg,
elle était protégée par un double pont-
levis donnant sur un pont franchissant
deux fossés, l’un rempli d’eau, l’autre sec.
L’ensemble s’allongeait sur 80 mètres
de longueur, jusqu’à la rue de l’Echelle.
C’est à cet endroit que Saint-Jeanne
d’Arc avait été blessée en 1429, en
tentant de délivrer Paris des Anglais et
des Bourguignons : revenant du sacre
de Charles VII a Reims, elle s’apprêtait à
prendre d’assaut la ville, et, au moment
de franchir la douve de la porte, une
flèche d’arbalète l’avait blessée. Pour
rendre hommage à la Sainte, son effigie
orne aujourd’hui le mur à l’endroit de la
porte détruite. Non loin de là, place des
Pyramides, se dresse également une
statue grandiose de Jeanne d’Arc à cheval.
Par-byBlancheRivière
L A
P O R T E
D I S P A R U E
T h e g a t e t h a t i s n o m o r e
The second Saint Honoré gate, named after Saint
Joan ofArc, was built in 1380 during the reign of
CharlesV– and demolished overtwo centuries
later in 1636. It stood where 161 and 165 rue Saint
Honoré are nowto be found.The gate, the exact
location ofwhich was confirmed in the nineteenth
century, boasted an arched passagewayalmost
twentymetres long and some nine metres high.
It consisted of a bastide manor house, topped by
turrets, and was protected on the outerfaubourg
side bya double drawbridge guarding a bridge
spanning two moats, one dryand the otherfilled
with water.The structure had a total width of 80
metres, reaching as far as Rue de l’Echelle.
This was where SaintJoan ofArc was injured in
1429, during her attempt to liberate Paris from the
English and the Burgundians: on returning from the
coronation of CharlesVII in Reims, she was preparing
to take the citybystorm.As she crossed the moat
to the gate, she was injured byan arrowfired from a
crossbow.To paytribute to the saint, her effigynow
features on the wall at the site ofthe destroyed gate.
There is also a magnificent statue ofJoan ofArc on
horseback not far away, on Place des Pyramides.
| 10 |
Actualités News
_
N E W S
La marque de luxe italienne Tod’s,
spécialisée dans les mocassins et
les bottines, symbole d’élégance et de
confort, réinvente, quarante ans après sa
création, son modèle fétiche. Le mocassin
à picots – dit Gommino –, emblème de
la maison, est retravaillé pour créer le
mocassin Double T, enrichi d’une double
boucle en forme de T… comme Tod’s !
Italian luxurybrandTod’s specialises in moc-
casins and anklebootsthat embodyelegance
and comfort.The brand has revisited its iconic
Gommino model, fortyyears on from its first
appearance.The firm’s emblematic studded
moccasins have been redesigned, resulting
in the Double T moccasin; this now sports a
double buckle in the shape of a T – forTod’s,
of course.
Depuis le printemps, la boutique
Penhaligon’s de la rue Saint Honoré
dispose d’un espace barbier. En collabo-
ration avec les barbiers de La Shaperie, ce
coin chic offre à la clientèle le charme d’un
rasage à l’ancienne en faisant découvrir
un éventail de produits et accessoires ty-
piquement masculins. Pour Penhaligon’s,
il s’agit d’un retour aux sources puisque
William Penhaligon, le fondateur, était
barbier de métier lorsqu’il a ouvert son
salon de coiffure et sa boutique de par-
fums en 1870, à Londres. Sincethis spring,
Penhaligon’s in Rue Saint Honoré has had its
own barbershop. Established in collaboration
with La Shaperie barbers, this stylish facility
willprovidecustomerswithallthecharmofan
old-fashioned shave – as well as a display of
awhole range oftypicallymasculine products
andaccessories.Thisactuallymarksareturnto
Penhaligon’s beginnings: its founder, William
Penhaligon, was originally a barber by trade,
opening his hairdressing salon and perfume
shop in London in 1870.
T comme tod’s
-
T for Tod’s
Penhaligon’s
s’offre une barbier
-
Penhaligon’s – now complete
with barbershop
Après le départ d’Alber Elbaz chez Lanvin,
vite remplacé parBouchraJarrar(photo),
d’AngeloRuggierichez SergioRossi,etdeRaf
SimonschezDior,voilàqu’YvesSaintLaurent
sevoitàsontourdémunidesondirecteurartis-
tique. Malgré son succès, Hedi Slimane quitte
le bateau, pour être remplacé par Anthony
Vaccarello.Larouenecessedetourner,puisque,
en juillet dernierdéjà, Paul Ka avait ouvert ses
portesàAlithiaSpuri-Zampetti,etBalenciaga
àDemnaGvasilia...Quiseraleprochain?After
Alber Elbaz’s departure from Lanvin (swiftly
replaced by Bouchra Jarrar), Angelo Ruggieri’s
from Sergio Rossi and Raf Simons’ from Dior,
it’s Yves Saint Laurent’s turn to lose its artistic
director.Despitehissuccess,HediSlimanehas
abandoned ship,to be replaced byVaccerello.
Themerry-go-roundneverstopsturning;only
lastJuly,PaulKawaswelcomingAlithiaSpuri-
ZampettiandBalenciagawastakingonDemna
Gvasilia... Whose turn is it next?
La valse artistique
-
The artists’ waltz
| 11 |
Actualités News
_
La maison autrichienne FreyWille,
installée rue Castiglione et rue Saint
Honoré et spécialisée dans les bijoux
émaillés, renoue avec ses premiers
amours en travaillant une collection sur
le thème de l’Egypte Antique. Deux lignes,
Toutankhamon et Louxor, complètent
les pièces réalisées en 1991. Comme
toujours, ces collections en or arborent
des dessins minutieux et raffinés, et des
couleurs chatoyantes. Elles sont déclinées
en manchettes, bagues, pendentifs ou
encore boucles d’oreilles. With premises
in Rue Castiglione and Rue Saint Honoré,
Austrian firm FreyWille specialises in enamel
jewellery. It’s recently returned to its first love
with a collection based on Ancient Egypt.
Two lines,Tutankhamun and Luxor, have now
been addedtothe earlieritems from 1991.As
always,thesegoldcollectionsincludecufflinks,
rings,pendantsandearrings,featuringminute,
refined drawings, and warm colours.
FreyWille
revisite l’Egypte
-
FreyWille takes a fresh look at Egypt
La« jeunefilledelaplaceVendôme »,Poiray,
reprend les codes de sa ligne de montres
aux godrons Art Déco baptisée Ma Première,
àtraversunecollectiondejoaillerieéponyme.
Elle comprend des pièces en or et diamants,
et se caractérise par ses formes galbées, à la
fois douces et graphiques. La maison, indé-
pendante,connaîtunnouveausouffledepuis
quelquesannéesgrâceàsonapprochedécom-
plexéedelajoaillerieetdel’horlogerieclassique.
Laquelle l’a notamment amenée à doter ses
montres de bracelets aux motifs et aux cou-
leursempruntésaumondedelacouture.Ina
variationontheflutedArtDecothemeofitsMa
Premièrelineofwatches,Poiray–the‘maiden
of Place Vendôme’ – has added a jewellery
collection of the same name, featuring gold
and diamond pieces with distinctive soft yet
powerfulcurves.There’sbeenabreathoffresh
air about the independent firm in recent few
years, thanks to its uncomplicated approach
tojewelleryandtraditionalwatchmaking.One
outworking of this is its watch straps, which
now feature patterns and colours borrowed
from the world of fashion.
Poiray réinterprète
Ma Première
-
A new look for
Ma Première from Poiray
La maison de couture et de maroqui-
nerie de luxe romaine Fendi s’étend
à Paris. Elle s’apprête en effet à ouvrir sa
troisième boutique dans la Capitale, au
265 rue Saint Honoré, à côté d’Alexander
McQueen, de Coach, de Tory Burch ou de
Marc Jacobs. La nouvelle boutique, dont
l’ouverture est prévue à l’automne 2016,
s’étendra sur 250 m2 et sera entièrement
dédiée aux collections féminines. Rome
luxuryleathergoods andfashion house Fendi
is also present in Paris, and is now preparing
to open its third store in France’s capital city
at 265 Rue Saint Honoré, cheek by jowl with
Alexander McQueen, Coach, Tory Burch and
MarcJacobs.Duetoopeninautumn2016,the
newstorewill boast 250 sqm,fullydedicated
to women’s collections.
Fendi
arrive rue Saint Honoré
-
Fendi: coming soon
to Rue Saint Honoré
| 12 |
Actualités News
_
Pour sa collection automne-hiver 2016,
la maison italienne Fratelli Rossetti
prend des airs de Russie Tsarine et de
Docteur Jivago. Que ce soient les mo-
cassins, les escarpins, les derbies ou les
chaussures à talons, tous les modèles
iconiques sont revisités dans des tons
émeraude, bleu nuit, carmin, et agrémen-
tés de broderies et d’arabesques. Mais la
tendance est également au rendez-vous,
à travers des semelles en caoutchouc, des
tons bicolores ou des coloris marbrés.
Volumineuses, ces chaussures n’en de-
meurent pas moins confortables. For its
2016 autumn-wintercollection, Italianfashion
house Fratelli Rossetti is taking its cue from
Russia in the era of the Czars and Doctor
Zhivago. All the iconic models – moccasins,
court shoes, derbies and high heels – have
been revisited in emerald, dark blue, and
crimsontones,decoratedwithembroideryand
arabesquepatterns.Fashionstatementshave
not been forgotten, either, with rubber soles,
two-tone effects and mottled colours.These
shoes are imposing – and comfortablewith it.
Un an après son entrée chez Arije dans
le Triangle d’Or parisien, la manufac-
ture horlogère suisse Frédérique Constant
fait désormais son entrée dans la bou-
tique de la rue Castiglione, à deux pas
de la place Vendôme. La maison Arije,
figure de la belle horlogerie en Europe,
présente ainsi les modèles embléma-
tiques de Frédérique Constant, à l’ins-
tar de la nouvelle collection Quantième
Perpétuel Manufacture, aux côtés des
marques les plus prestigieuses. One year
after Frédérique Constant’s arrival at Arije
in the Parisian Golden Triangle, the Swiss
watchmaking manufacture has nowattained
the sister outlet in Rue Castiglione, just a
stone’s throw from Place Vendôme. Arije, a
showcase for fine watchmaking in Europe, is
now displaying Frédérique Constant’s iconic
models,suchasthenewQuantièmePerpétuel
Manufacture collection, alongside the most
prestigious brands.
Frédérique Constant
arrive chez Arije
-
Frédérique Constant arrives at Arije
Fratelli Rossetti
au temps des Tsars
-
Czar time at Fratelli Rossetti
La maison Bonpoint célèbre, en 2016,
son quarantième anniversaire. Elle
propose, à cette occasion, une collec-
tion capsule : blancs de lait, imprimés
Liberty, délicates broderies anglaises…
tous les icôniques de la marque sont là.
En boutique, les pièces de cette collection
sont estampillées d’une médaille « Happy
Birthday » en métal doré. La délicate eau
de senteur Bonpoint revêt, elle aussi, un
air de fête : pour la première fois, elle est
proposée dans un écrin accompagné d’un
mouchoir en voile de coton. Lequel, une
fois vaporisé, permet d’emporter la douce
senteur de Néroli et de fleur d’oranger
avec soi. In 2016, Bonpoint is celebrating
its fortieth anniversary, and has produced
a capsule collection for the occasion, com-
pletewith allthe iconic features ofthe brand:
milkywhites, Liberty prints, delicate broderie
anglaise, and so on. In-store, the garments
in this special collection can be picked out
thanks to a golden ‘Happy Birthday’ medal.
The delicate Bonpoint perfumedwateris part
ofthe celebrations,too, presentedforthefirst
time in a box set complete with a cotton net
handkerchief – so you can spray, and then
takethe soft Neroli and orange blossom scent
right along with you.
40 ans de création
chez Bonpoint
-
40 years of design by Bonpoint
| 13 |
Actualités News
_
La maison de champagne Brimoncourt
s’est associée au barbier de luxe
Gentlemen 1919 pour l’ouverture de son
concept store, fin avril, rue Jean Mermoz,
en plein cœur du Faubourg Saint Honoré.
Cet espace inédit, ultra chic, décalé, et
dédié au bien être de l’esthète hédoniste,
propose ainsi un univers faisant honneur
au savoir-faire français, à la précision,
au luxe discret et à la sophistication dé-
contractée. Atthe end ofApril, Champagne
firm Brimoncourt joined forces with luxury
barbershopGentlemen1919fortheopeningof
its concept store in Rue Jean Mermoz, at the
heart of Faubourg Saint Honoré. The brand-
new, ultra-smart, offbeat space, dedicatedto
the wellbeing of pleasure-seeking aesthetes,
opens up a world in which French knowhow,
precision, discrete luxuryand relaxed sophis-
tication reign supreme.
Outredanslescréationsdehautejoaillerie,
la maison Mellerio dits Meller excelle
dans l’art de l’orfèvrerie. Depuis 35 ans, en
effet,elleréaliselestrophéesdutournoiinter-
nationaldetennisdeRollandGarros.Chaque
année, ainsi, ses orfèvres consacrent plus de
cent heures à la réalisation des répliques de
la coupe originale, destinées à récompenser
les différentsvainqueurs. La coupe originale,
elle,estsoigneusementabritéedanslebureau
du président de la Fédération Française de
Tennis. As well as excelling in fine jewellery
creations, Melleriodits Mellerarealso excellent
metalsmiths:the brand has been makingthe
trophies for the Rolland Garros international
tennis tournament for 35 years now. Each
year,itsmetalsmithsdevoteoveronehundred
hours to making replicas of the original cup,
to be awarded to the various champions.
The original trophy remains closely guarded
– in the office of the President of the French
Tennis Federation.
Mellerio, l’autre vedette
de Rolland Garros
-
Mellerio – the other Rolland Garros star
Du champagne
et un barbier
-
Champagne and a barbershop
C’est à quelques pas de sa boutique
historique de la place Vendôme, cœur
de la maison depuis 1906, que Van Cleef
& Arpels a inauguré ses nouveaux salons.
Situés au numéro 20, ils mettent en valeur
les collections joaillières et horlogères de
de la marque, ainsi que son patrimoine
qui y est exposé de façon permanente.
L’élégance intemporelle de la collection
Alhambra, lancée en 1968, y est célébrée
à travers de nouvelles créations. Cette
année, l’or jaune, la porcelaine de Sèvres
bleue et les diamants ornent également
des éditions limitées et disponibles dans
ces nouveaux salons. Ashort distancefrom
itshistoricshoponPlaceVendôme–thefirm’s
focalpointsince1906–VanCleef&Arpelshas
nowinaugurated its newshowrooms located
at number20, showcasingVan Cleef&Arpels
jewelleryand watch collections along with its
heritage pieces, on permanent displaythere.
The timeless elegance of the Alhambra col-
lection, launched in 1968, is celebrated in new
creations. This year, yellow gold, blue Sevres
china and diamonds also adorn limited-edi-
tion pieces available in these new premises.
Van Cleef & Arpels
s’étend place Vendôme
-
Van Cleef & Arpels expands on
Place Vendôme
| 14 |
Mode-Fashion
Rencontre Meet
_
D’où vous vient cette envie de toucher à tout ?
En réalité, tout ce que je fais est lié et tourne autour du
style, et plus précisément du stylefrançais. L’expérience
me permet d’être consultante plus qu’ambassadrice, et
m’apporte aussi du bon sens et de l’assurance, ce qui
s’avère utile lorsqu’on prend des risques. Parailleurs, j’ai
du mal à refuser une collaboration avec des personnes
talentueuses.
Vous êtes l’une des mannequins françaises les plus
connues. Comment avez-vous intégré ce milieu ?
Il semble que l’étiquette de mannequin reste à vie, un
peu comme celle des miss ! Le point commun, c’est qu’il
faut être choisie et que ça ne peut pas être unevocation.
Il y a toujours quelqu’un qui décide de la carrière de
mannequin des jeunes filles. Pour moi, c’était au siècle
dernier, dans les années 70, et aujourd’hui je suis dans
les dictionnaires et les musées (rires) !
Au cours de votre carrière, quelle est la rencontre qui
vous a le plus inspirée ?
J’aitoujours eu une admiration particulière pourles arti-
sans ou les ouvriers dans les ateliers, car ils connaissent
parfaitement et mieux que quiconque leur métier. Avec
eux, tout peu devenir sublime. Evidemment, travailler
avec Karl Lagerfeld, Yves Saint-Laurent ou Jean-Paul
Gaultier a été passionnant et instructif. Mais face au
génie, on se sent plus incapable qu’inspiré.
How did you come to be so keen on trying your hand at
everything?
Totellyouthetruth,everythingIdorelatestoandisfocused
on style, and more specifically French style. My experience
makes me more of a consultant than an ambassador; it’s
givenmecommonsenseandassurance,andthat’sturned
outtobeusefulwhentakingrisks.What’smore,Ifinditdifficult
to turn down opportunities to workwith talented people.
You’reoneofFrance’smostfamousmodels.Howdidyou
cometo be a part ofthat scene?
Apparentlybeingamodelisalabelthatstickstoyouforlife,
abitlikebeingabeautyqueen!Thefactisthatinboththese
cases, you have to be chosen – so it can’t be a matter of
vocation. There’s always someone who decides whether a
girl is going to be going into modelling. In my case, all that
happened in the last century – in the 1970s – and now I’m
even in dictionaries and museums! (laughs)
Over the course of your career, who have you met that’s
particularlyinspiredyou?
I’ve always especially admired the craftsmen and workers
in the workshops, because they know their job perfectly –
better than anyone else. Thanks to them, a tiny little thing
can become something sublime. Of course, working with
Karl Lagerfeld, Yves Saint-Laurent and Jean-Paul Gaultier
hasbeenexcitingandinstructive.Butgeniustendstomake
you feel more incapable than inspired.
I N È S
D E L A F R E S S A N G E
Cellequiincarnelaparisienneidéaleatouràtour
étémannequin,égériedeChanel,ambassadrice,
directeur artistique ou encore journaliste. A
presque 59 ans, Inès de la Fressange, ambas-
sadrice de Roger Vivier, n’a rien perdu de son
charmenidesonpiquant,etasusereconvertir
enfemmed’affairestoutenrestantunefigure
emblématiquedelamode.Rencontreavecune
icône française.
Embodying the ideal Parisian woman, Inès de
la Fressange has in turn been a model, the fi-
gureheadforChanel,anambassador,anartistic
director,andajournalist.Nownearly59andam-
bassador for Roger Vivier, Inès de la Fressange
has lost nothing of her spice or charm, and has
successfullytransitionedintobeingabusinesswo-
manwhilstremaininganiconicfashionsymbol.
We interviewedthis French legend.
“ E t r e p a r i s i e n n e
e s t u n é t a t d ’ e s p r i t  ”
Par-byOmbelinedeLouvigny
>
| 15 |
Mode-Fashion
Rencontre Meet
_
“ La parisienne mélange
le cher et le moins cher,
le sophistiqué et le casual,
le neuf et le vintage ”
l1 l Inès De La Fressange
a tour a tour été mannequin,
journaliste et femme
d'affaires.
| 16 |
Rencontre Meet
_
Votre regard sur l’évolution de la mode et du métier de
mannequin ?
Un jour, je suis allée sur un podium avec un costume
blanc, un panama et de grosses moustaches noires
faites en bouchons brulés. Une autrefois, en pyjama, ou
encoreàchevalouavecdeschiens.Aujourd’hui,toutceci
est inimaginable. La mode est devenue un gigantesque
business, et ceux qui la détiennent ontvoulutout régle-
menter, organiser et rendre l’ensemble plus sérieux. De
ce fait, les stylistes préfèrent que leurs mannequins se
ressemblent toutes par leur coiffure et leur maquillage,
plutôt que de mettre en avant leur différence et leur
personnalité. Sans être passéiste, ilfaut reconnaître que
ce n’est plus pareil.
Vousêtesuneadeptedesréseauxsociaux.Voussont-ils
devenus incontournables ?
Le danger, lorsqu’on vieillit, est de dénigrer tout ce qu’il
peutyavoirdenouveauetperdresafrivolité.Aujourd’hui,
lorsqu’on fait et vend quelque chose, il est essentiel, en
effet, de participer à sa propre communication. Chaque
semaine, j’écris d’ailleurs une newsletter – lalettredines.
com, ndlr – qui est de plus en plus lue, et dans laquelle
je donne des adresses de restaurants, de boutiques, et
des conseils de livres, defilms ou de produits de beauté.
Je prends les photos et rédige les textes moi-même, il
n’y a pas de publicité et c’est gratuit. A mon sens, ces
réseaux permettent de découvrir d’autres personnes,
dans la mode ou la décoration. Des anonymes le plus
souvent. Le revers de la médaille réside dans les propos
malveillants, notamment surTwitter, que peuvent tenir
des personnes sans doute aigries ou malheureuses et
qui attaquent tout, systématiquement.
Comment êtes-vous arrivée chez RogerVivier ?
DiegoDellaValle,lepropriétairedelamarqueetfondateur
de Tod’s, a eu cette idée originale de me demander de
relancer la marque avec Bruno Frisoni comme directeur
artistique. Il voulait une personnalité parisienne de la
mode,etpensaitàl’image,austyleetaupositionnement
avant de penserau résultat. Il a un sens du luxe qui n’est
pasforcément raisonnable,fondé surlefeeling plus que
sur les études de marché.
Des détails sur la collection de cet été ?
Chez Roger Vivier, les souliers sont toujours sophisti-
qués, intemporels, mais tendance. C’est l’une des rares
maisons qui propose des chaussures plates pourle soir,
>
Mode-Fashion
What are yourviews on the changes in fashion and the
profession of model?
I once went onto a catwalk dressed in a white suit and
panama hat – and sporting a big black moustache made
from burned corks. On another occasion, I was wearing
pyjamas; at other times, I’ve been on horseback or with
dogs. Today, all of that sort of thing is right out of the
question. Fashion has become a huge business, and
those at the head of it have decided to regulate, orga-
nise, and make everything much more businesslike as
a result. And the result of that is that stylists prefer their
models to look like each other – with the same hairstyle
and makeup – ratherthan highlighttheirdifferences and
personalities. I don’t want to wallow in nostalgia; but it
has to be said that things are not quite the same now
as they once were.
You’re an avid userofsocial media. Haveyou got to the
point of not being able to survive without it?
The dangerwhenyou get older, isto be critical ofanything
new, and abandon all sense offun. Nowadays,whenyou
make something and sell it, you simply have to be part
of your own marketing. Every week I write a newsletter
(Ed.: lalettredines.com) and it has a growing readership.
In it I give addresses of restaurants and boutiques, as
well as recommendations for books, films and beauty
products. I take the photos and write the texts myself,
there’s no advertising, and it’s absolutely free of charge.
I believe that these networks allow us to find out about
other people with an interest in fashion or decoration.
Most of them are unknowns. The flip side can be the
hurtfulwordsthat sad and bitterpeople sometimes post,
especially on Twitter, attacking anything and everything.
How did you arrive at RogerVivier?
Diego Della Valle, the brand’s owner and the founder of
Tod’s, had the offbeat idea of asking me to relaunch the
brandwith Bruno Frisoni as artistic director. Hewanted a
Parisian celebrityfrom the world offashion, and thought
about image, style and positioning beforethinking about
what the outcome might be. He has a feel forluxurythat
isn’t necessarily rational – it’s based on hunches rather
than market studies.
Canyougiveusanycluesaboutthissummer’scollection?
RogerViviershoes are always sophisticated andtimeless
– and trendy, too! It’s one of the rare fashion houses to
offer flat shoes for evening wear, and that manages to
“  B e i n g a p a r i s i e n n e
i s a s t a t e o f m i n d  ”
| 17 |
Rencontre Meet
_
ou qui parvient à rendre chics et habillées des sandales.
Une paire de ballerines ou de sandales peut totalement
transformer un look ! Et puis, il y a notre sac Pilgrim, un
grandclassique,quiseradécliédansdenouveauxcoloris,
comme à chaque saison.
En 2015,vous avez relancévotre marque en créant une
boutique Inès de la Fressange. Quel est le concept ?
Depuistoujours,jesuispersuadéequel’onpeutfairechic
en restant décontracté, et que les boutiques ne doivent
pas ressembler à des musées vides. J’ai donc imaginé
un endroit où desvestes brodées pourraient côtoyerdes
espadrilles, des vélos ou des outils de jardinage. L’idée
de nevendre que des produits réalisés soi-même ou des
produits chers me paraissait démodée. Aujourd’hui, je
considère que j’ai réalisé mon rêve lorsque je vois des
femmesrepartiravecuneblousepourelles,uneminijupe
encrochetpourleurfille,unecravatepourleuramoureux,
du thé pour leur maison et des poteries pour leur mère.
Et dans ma boutique, la cerise sur le gâteau réside dans
une offre entièrement made in Paris !
A quoi reconnaît-on une parisienne ?
La parisienne mélange ! Elle mélange le cheret le moins
cher,lesophistiquéetlecasual,lefémininetlemasculin,le
neufetlevintage…Afindetrouverladéfinitionexacte,j’ai
réalisé avec Sophie Gachet un guide, devenu best-seller.
Mais en vérité, être parisienne est un état d’esprit dont
beaucoup de femmes disposent sans être nées ici. ◊
SES BONNES
ADRESSES :
>STOULS, 36rueduMont-Thabor :
« unvestiairedecuirencouleur. »
>FIFICHACHNILL,231rueSaint
Honoré :« laplusbellelingerie
dumonde !  »
>WHITEBIRD,38rueduMont-
Thabor :« mesbijouxfavoris ! »
>ASTIERDEVILLATE,173rue
SaintHonoré :« bougies
etcéramiqueschicissimes. »
>LACORTE,320rueSaintHonoré :
« unrestaurantitalienincontournable
aufondd’unecourconfidentielle. »
>DELPHINECOURTEILLE,34rue
duMontThabor :« mameilleure
coiffeusedeParis ! »
Mode-Fashion
make sandals look smart and dressy. A pair of ballerinas
or sandals can totally transform the way you look! And
then there’s our Pilgrim bag, a great classic that will be
comingoutintwonewshades,asisthecaseeachseason.
In2015,yourelaunchedyourbrandbyopeninganInèsde
la Fressange boutique.Tell us more aboutthat concept.
I’ve always been convinced that you can be smart but
casual, and that shops don’t need to look like empty
museums. So I came up with a place where embroi-
dered jackets can sit alongside espadrilles, bikes and
gardening tools. The idea of selling only products we’ve
made ourselves, orjust expensive products, seemed out-
of-date to me. When I see women leave with a blouse
for themselves, a crocheted miniskirt for their daughter,
a tie for their man, tea for their home, and pottery for
their mother, I believe I’ve managed to make my dream
come true. And to cap it all, in my boutique the offer is
one hundred percent “ Made in Paris ”!
How do you recognise a parisienne?
Atrue Parisianwoman is a great mixer! She mixes expen-
sive and cheap, sophisticated and casual, feminine and
masculine, new and vintage – and that’s just the start. I
set out in search of the right definition and compiled a
guide,togetherwith Sophie Gachet, and it’s nowbecome
a best-seller. But in actual fact, being a parisienne is a
state of mind – and you don’t need to have been born
in Paris to acquire it. ◊
INÈS’ RECOMMENDED
ADDRESSES :
| 18 |
Horlogerie-Watchmaking
Reportage Report
_
G L A S H Ü T T E ,
L A R É S I L I E N T E
Glashütte Original, revenue de loin, se place aujourd’hui aux plus hauts sommets
de l’horlogerie. Chaque modèle de la prestigieuse manufacture allemande rappelle
l’incroyable histoire qu’elle a su braver au fil des siècles. Glashütte Original has come
a long way to stand where it does now: at the very peak of watchmaking. Each model
by the prestigious German manufacture recalls something of the incredible path it
has carved out for itself over the years, against all odds.
G l a s h ü t t e – t h e e p i t o m e o f r e s i l i e n c e
Par-byOlivierMuller
| 19 |
Horlogerie-Watchmaking
Reportage Report
_
“ Malmenée par le passé,
Glashütte est désormais
l’un des épicentres de l’extrème
raffinement horloger ”
“ La marque
a été intégrée
au Swatch Group
en 2000 ”
Un mot, un seul : résilience. Voilà ce qui ca-
ractérise le mieux Glashütte Original. Non
seulement la manufacture qu’elle est deve-
nue,maiségalementsonpeuplefondateur.Frappée
de guerres, de pauvreté, aux maigres ressources
minières, malmenée par le communisme, bom-
bardée à outrance, pillée, agressée par un climat
rude : tout aurait conduit à son anéantissement
économique. Pourtant, la petite ville de Glashütte
est toujours là. Et représente, au XXIe siècle, l’un
des épicentres de l’extrême raffinement horloger.
A vrai dire, l’histoire horlogère ne connait aucun
autre exemple de ce type.
Cette capacité de résilience est probablement à
chercher en ses pères fondateurs. Glashütte est
avant tout née de la volonté de quelques entre-
preneurs individuels. Julius Assmann, Rodolph
Schneider, Ludwig Strasser,
Gustav Rohde et Ferdinand
Adolph Lange en font partie.
L’amateurhorlogerydécèlera
quelques patronymes encore
bienvivants de la chronomé-
triesaxonne.Avantdedevenir
des marques concurrentes,
tous étaient desvisionnaires
solidaires montrant un ob-
jectif commun : redonner un second souffle à la
ville de Glashütte, considérablement appauvrie
par l’épuisement de ses ressources minières. Leur
pari : redresser la ville par l’horlogerie. De volume,
d’abord, fiable, comme la future Allemagne de
l’Est à laquelle elle appartiendrait et deviendrait
le fer de lance. Puis, à la chute de Mur, de valeur,
de grande précision, en complément direct de la
belle horlogerie suisse.
On ne peut se targuer, chez Glashütte Original,
d’une histoire ininterrompue. La manufacture
est passée entre moult mains. Proche de Dresde,
If there’s one word that sums up Glashütte
Original, it’s ‘resilience’. Not only that of the
manufacture it has become, but also that of its
founders. Stricken by wars, poverty, and meagre
mining resources, bullied by communism, bombed
to smithereens, plundered, and assaulted by a
harsh climate, it could easily have suffered eco-
nomic annihilation. And yet despite it all, not only
is the little town of Glashütte still there, in the
twenty-first century it is also one of the leading
centres for the best in refined watchmaking. The
fact is, there’s nothing else quite like it in the
history of horology.
This capacity for resilience is undoubtedly a legacy
of its founding fathers. Essentially, Glashütte came
into being thanks to the drive of a few individual
entrepreneurs, including Julius Assmann, Rodolph
Schneider, Ludwig Strasser,
Gustav Rohde and Ferdinand
Adolph Lange. Watch-lovers
will recognise a few of their
namesakes, still on the scene
in Saxon chronometry. Long
before they were competing
brands, these visionaries
stood shoulder to shoulder
with a common goal: giving
a second lease of life to the town of Glashütte,
which had been considerably impoverished bythe
depletion of its mining resources. They staked the
future of the town on watchmaking. Initially, they
did so by mass-producing watches as reliable as
the future East Germany of which the locality was
to become a part (and indeed, a flagship). Later,
after the fall of the Berlin Wall, came value and
high precision, sizing up against fine Swiss watches.
Glashütte Original cannot lay claim to an un-
broken historical lineage: the manufacture has
changed hands many times. Situated as it is >
| 20 |
Horlogerie-Watchmaking
Reportage Report
_
elle fut bombar-
dée jusqu’à devenir
poussière et cendres.
En 1951, pour se re-
construire, toutes les
entreprises d’horlo-
gerie indépendantes
fusionnèrent pour constituer un conglomérat : le
Veb - société du peuple - GlashütterUhrenbetriebe
- les entreprises horlogères de Glashütte, ou Gub.
Cet effort commun, sous perfusion d’une manne
communiste, permit à la ville de rassembler ses
forces et de se relever. A la réunification de l’Alle-
magne, le Gub se transforma en Sarl, privatisée
en 1994, puis intégrée au Swatch Group six ans
plus tard.
Si l’histoire n’a pas épargné Glashütte, celle-ci ne l’a
pas oubliée. Celle qui est devenue une respectable
manufacture a eu pour acte fondateur de créer
un musée d’horlogerie à quelques pas de son
siège – un musée, en réalité, proche du mémorial.
On y trouve, sans fard ni masque, les pièces qui
permirent à Glashütte de survivre : de l’horlogerie,
certes, mais aussi de la petite montre populaire,
vendue parcorrespondance, des machines à laver,
sans oublierde substantielles contributionsforcées
à la guerre,tels des équipements chronométriques
pour avions de combat, le tout dans un remar-
quable soin de transparence.
CALIBRE 36
Là où certaines se prévalent de leur histoire,
Glashütte porte les stigmates de l’Histoire. Ses col-
lections actuelles n’oublient pas leur essence : des
pièces très soignées mais robustes, pétries de bon
sens horloger, fidèles à leurs origines esthétiques.
Le dernier mouvement maison en est la preuve la
plus éclatante. Sobrement nommé Calibre 36, il
est construit suivant une ligne directrice simple :
less is more. A l’heure de la surenchère horlogère,
Glashütte Original a mis tout son talent à produire
un mouvement dénué d’artifices, d’esbroufe mar-
keting, précis, fiable, et dont l’entretien pourra être
assuré en 2016 comme en 2116, letout sans sacrifier
son esthétique germanique. On y retrouve la fa-
meuse platinetrois-quarts. Elle recouvre l’essentiel
du mouvement etfut conçue pourmieux maintenir
les composants en cas de choc. Ou encore le col
de cygne, gracieux composant destiné à régler la
précision de la montre. ◊
close to Dresden, it was utterly flattened during
the war. When reconstruction came in 1951, all the
independent watchmaking companies merged
to form a conglomerate: the ‘Veb’ (for ‘people’s
company’) of Glashütter Uhrenbetriebe – the
watchmaking companies of Glashütte, or ‘Gub’ for
short. This joint effort, heavily dependent on aid
from the Communist regime, enabled the town
to muster its strength and rise from the ashes.
When German reunification came, the ‘Gub’ was
transformed into a limited liability company, pri-
vatised in 1994, and becoming part of the Swatch
Group six years later.
LESS IS MORE
Glashütte was not spared by history, but neither
has it been forgotten. Now a respectable ma-
nufacture, the first thing the new firm did was
to set up a watchmaking museum close to its
headquarters – a museum that is in fact something
of a memorial. The watches that enabled the sur-
vival of Glashütte are to be found there, without
pretence or artifice: fine watches, to be sure, but
also everyday little watches sold by mail order,
alongside washing machines and examples of
the substantial forced contribution to the war
effort, such as chronometer equipment for fighter
planes – all presented with a remarkable degree
of transparency.
Some may glory in their history; Glashütte bears
the wounds ofthe past. Its current collections have
not forsaken their original ethos: immaculate yet
robust watches, full of watchmaking common
sense, true to their aesthetic origins; the most
recent in-house movement offers resounding
proof of this. Soberly dubbed Calibre 36, its de-
sign has been guided by a simple principle: less
is more. In an age of increasingly extravagant
watchmaking, Glashütte Original has devoted
all its talent to producing a movement free from
any marketing gimmicks or swagger: one that’s
precise and reliable, and that will be just as easy
to maintain a centuryfrom now, without sacrificing
anything of its Germanic styling. It features the
legendary three-quarter plate, covering most of
the movement and designed to hold the parts
more securely in the event of impacts – and the
swan neck, a gracious component designed to
regulate the watch’s accuracy. ◊
>
“ La manufacture a
produit un mouvement
dénué d’artifices ”
| 21 |
Reportage Report
_
Horlogerie-Watchmaking
A L’ÈRE
DU TEMPS !
Séductriceetglamour,
GlashütteOriginal ?Lama-
nufacturen’hésitepasàfaire
appelauxblogueusesmode
pourpromouvoirlaPavonina,
sonmodèledestinéàune
femmequireprésentedéjà
prèsde30%desesventes.
L’hommemodernen’estpas
enreste,avecdesvariations
bleuesdesaSixtiescomme
aveclatoutedernièreSenator
Chronometer,présentéeà
Baselworldenmarsdernier.
MOVING
WITH THE TIMES
Could Glashütte Original
possibly be seductive and
glamourous? The manu-
facture has not shrunk
from calling on fashion
bloggers to promote
Pavonina, the women’s
model that already ac-
counts for ten percent of
its sales. The modern man
has not been forgotten
either, with blue variations
for the Sixties model and
the very latest Senator
Chronometer, presented at
Baselworld last March.
Boutique
GLASHÜTTE ORIGINAL
6, rue de la Paix
du lundi au samedi
de 10h30 à 19h
| 22 |
Joaillerie-Jewellery
Savoir faire Expertise
_
La joaillerie emprunte mille détours pourexpri-
merla beauté des gemmes. Dans le périmètre
animé de la rue Saint Honoré, trois joaillières
passionnées déclinent avecvirtuosité l’art du bijou,
à travers une perception personnelle et un sa-
voir-faire remarquable. Brigitte Ermel, dont l’atelier
crée des pièces pour les plus grandes marques,
Valérie Danenberg, inspirée parle courantArt Déco,
et Lydia Courteille, narratrice à l’imagination fertile.
Femmes de caractère, elles livrent chacune leur
vision de la joaillerie, qu’elles marquent du sceau
de leur personnalité.
La créativité de Brigitte Ermel s’inspire de l’esprit
de la haute joaillerie. Ses réalisations d’excellente
facture donnent toute leur place aux gemmes.
Leursvolumes expriment l’opulence, leursformes la
Jewellerytakesmanyroundaboutroutestoexpress
thebeautyofgems.InthelivelyRueSaintHonoré
neighbourhood,threeParisianjewellersbrilliantly
displaytheirart, suffusedwith personal perspectives
and remarkable knowhow: Brigitte Ermel, whose
workshopproducesitemsforleadingbrands;Valérie
Danenberg, drawing inspiration from the Art Déco
movement; and Lydia Courteille, a storyteller with a
lively imagination. These characterful women each
deliver their own vision of jewellery, all of it bearing
the hallmarks of their own distinctive personalities.
Brigitte Ermel’s creativity draws inspiration from the
spirit of fine jewellery. Her productions feature outs-
tanding craftsmanship inwhich the gems take pride
ofplace.Thepieces’sizeexudesopulence,whiletheir
shapesspeakofdiscipline;theirsoftlines,highlighted
Par-byNathalieKoelsch
L ’ A U T R E
J O A I L L E R I E
P A R I S I E N N E
A deux pas de la place Vendôme, dans
le périmètre de la rue Saint Honoré, trois
joaillières passionnées livrent avec brio une
interprétation personnelle de la joaillerie :
Brigitte Ermel, Valérie Danenberg et Lydia
Courteille.
P a r i s i a n j e w e l l e r s w i t h a d i f f e r e n c e
Just a stone’s throwfrom PlaceVendôme,
in and around Rue Saint Honoré, there are
three passionate jewellers, each delivering
a brilliant personal interpretation of jewel-
lery: Brigitte Ermel,Valérie Danenberg and
Lydia Courteille.
l 1 l
| 23 |
Joaillerie-Jewellery
Savoir faire Expertise
_
by the warmth of rose gold or the deep hues of the
stones themselves, are redolent with femininity and
sensuality.Thisjewellerhasbeencreatingandprodu-
cing rare itemsforsome 25years nowin herParisian
workshop,atthecrossroadsbetweenclassicismand
modernity. A qualified gemologist and passionate
expert, Ermel has earned a solid reputation in the
worldofluxury,recognisedbyawholestringofawards:
she is a knight of the French National Order of the
Legion of Honour, and has also won a coveted De
BeersDiamondAward.Boldanddemanding,Brigitte
Ermel invents her collections in the same way that
she’sfashionedherlife–withpassion,unhesitatingly
usinghighlyvaluablegemswhensheknowsshecan
enhance their beauty.
Fine Jewellery is still very much a man’s world, in
which Ermel is a real pioneer, bringing a feminine
perspective on jewels – something that’s enabled
her to establish a special relationship with an es-
sentially female clientele. Her evocatively-named
collections–Précieuse,Olympia,OrientalandJardin
Secret – are a delight for the eyes, whilst her iconic
Tamara line, with its close lozenge-shaped settings,
proudlyshowcasestimelesselegance.BrigitteErmel
displaysflawlessprofessionalism,herworkembodying
the natural elegance and demanding standards of
French fine jewellery.
ValérieDanenberg,meanwhile,isallaboutgentleness
and delicacy, from her controlled movements to her
rigueur, tandis que leurs lignes souples, soulignées
par la chaleur de l’or rose ou la tonalité profonde
des pierres, sont empreintes de féminité et de
sensualité. Depuis près de 25 ans, cette joaillière
crée et réalise dans son atelier parisien des pièces
rares, à mi-chemin entre classicisme et modernité.
Gemmologue diplômée, experte passionnée, elle
a acquis une solide réputation dans l’univers du
luxe, soulignée par de nombreuses récompenses :
élevée au grade de Chevalierde l’Ordre National de
la Légion d’Honneur, elle a également obtenu le
célèbre Diamond Awards de la Maison De Beers.
Audacieuse et exigeante, elle imagine ses collec-
tions comme elle construit sa vie, avec passion,
n‘hésitant pas à utiliser des gemmes de grande
valeur dont elle sait exacerber la beauté.
Véritable pionnière dans l’univers encoretrès mas-
culin de la haute joaillerie, Brigitte Ermel apporte
un regard féminin sur le bijou, lequel lui a permis
d’établir une relation privilégiée avec une clientèle
essentiellementféminine. Ses collections aux noms
évocateurs – Précieuse, Olympia, Oriental, ouJardin
Secret – charment le regard, tandis que sa ligne
iconiqueTamara, au serti clos en forme de losange,
arbore fièrement son élégance intemporelle. Dotée
d’un professionnalisme sans faille, Brigitte Ermel
incarne l’élégance naturelle et l’exigence de la haute
joaillerie française.
ChezValérie Danenberg,tout exprime la douceuret
la délicatesse, de la retenue de ses gestes mesurés
à savoix posée. Ces impressions se dégagent éga-
lement de ses bijoux, raffinés, finement sertis et
ajourés, présentés dans un magasin-boudoir aux
couleurs claires et chaleureuses, rue du marché
Saint Honoré. Véritable histoire de famille trans-
mise par des parents antiquaires, la joaillerie s’est
imposée à elle dès son plus jeune âge. Suivant ses
aspirations, la créatrice a repris sans hésitation le
flambeau familial, jusqu’à créer elle-même ses
collections. Sensible aux arabesques du style Art
Nouveau et aux lignes graphiques et structurées >
l 1 , 2 et 3 l Lydia Courteille
s’inprègne des légendes
pour exercer une joaillerie
ouvertement différente.
l 2 l
l 3 l
| 24 |
de l’Art Déco, sa période de prédilection, elle glisse
leurs influences dans ses collections et laisse leurs
codes guider ses créations. Ses collections, très
féminines, multiplient les motifs délicats, les sertis
perlés, et les ajourages évoquant la dentelle. Elle
revisite les formes paniers en allégeant le travail
du métal, et en donnant une place essentielle
aux pierres.
Pour Valérie Danenberg, le bijou, véritable gage
d’amour, se décline en alliances et en bagues de
fiançailles. L’univers du mariage est une vaste
source d’inspiration et ses bagues d’engagement,
en or blanc palladié serti d’un solitaire, arborent
un bel équilibre. Véritables bijoux de peau, ses
collections s’adaptent parfaitement sur les mains
et les poignets. Ses lignes Colombine aux feuil-
lages ajourés, ou Priscilla et ses anneaux arrondis,
épousent le doigt comme une seconde peautandis
que les bracelets Domitille, au serti précis, glisse
au poignet sans accrocher la soie des vêtements.
Scientifique, collectionneuse, gemmologue et
grandevoyageuse, Lydia Courteillevisite, elle, tous
les univers avec une insatiable curiosité. Unique
dans sa façon libre et extravagante d’aborder la
joaillerie, elle impose sa créativité opulente et
pleine d’humour pour bousculer ouvertement
les codes et les traditions. Elle décline l’art de la
joaillerie avec un style qui n’appartient qu’à elle
et une créativité sans limite, puisant son inspira-
tion aux quatre coins du monde. Elle s’imprègne
d’une légende, d’une rencontre, d’une expédition
ou d’un souvenir, qu’elle réinvente pour mieux les
interpréter en pièces de joaillerie.
Narratrice de génie, Lydia Courteille, passionnée
par l’opale et ses reflets de feu, aime raconter des
histoires envoûtantes au fil de ses collections,
portées par l’audace de ses compositions et une
“ Valérie Danenberg
multiplie les motifs
délicats ”
softvoice–andthesameistrueofhersophisticated
jewels, resplendentwith fine settings and openwork,
and presented in a boudoir boutique done out in
light,warm colours on Rue du Marché Saint Honoré.
Being a jeweller was the natural career path for her
right from when she was a young child, following in
thefootstepsofherparents,whowereantiquedealers.
In line with her aspirations, the designer lost no time
in taking up the family tradition, even creating her
own collections.The arabesques oftheArt Nouveau
style and the structured, graphic lines of Art Deco,
herfavourite period, are a particularinfluence: subtly
introduced into her collections, their ethos guiding
her own creations. Her highly feminine pieces are
replete with delicate motifs, set pearls and lace-like
openwork. She revisits basket shapes, making the
metalwork lighter and giving pride of place to the
stones themselves.
ForValérieDanenberg,jewellerycanoftenbeatangible
proofoflove,asseeninherweddingandengagement
rings.Theworldofmarriageoffersaboundlesssource
ofinspiration;herengagementrings,inpalladiumwhite
gold set with a solitaire, display a lovely balance. Her
collections ofjewelleryinclude manybeautiful items
forthewristsandarms,too.HerColombineline,with
its foliage openwork, and the Priscilla range with its
rounded rings, fit onthe fingerlike a second skin;the
Domitillebracelets,withtheirprecisionjewel-setting,
slip ontothewristwithout catching on silkgarments.
LydiaCourteilleisascientist,collector,gemologistand
seasonedtraveller,exploringanyandeveryworldwith
insatiable curiosity. She is unique in her extravagant,
free-spirited approachto jewellery, expressingtothe
>
l 4 l Valérie Danenberg,
portée par le courant Art
Déco, réalise des pièces
féminines et délicates.
Joaillerie-Jewellery
Savoir faire Expertise
_
| 25 |
imagination foisonnante. Sensible à la richesse
chromatique des pierres, elle associe les tonalités
et les gemmes, sans contrainte, pour créer des
mariages inédits et des pièces souvent uniques.
Ses collections, aux noms évocateurs, prennent
leur source dans les mythes antiques qui ouvrent
les portes du fantastique et de l’émotion. Reine
de Saba, sa dernière collection, trouve sa source
en Ethiopie, dans le pays légendaire d’une femme
fascinante, dont le mystère perdure encore au-
jourd’hui. Déclinée dans un camaïeu de verts et
de brun, entre les tourmalines, les péridots, les
tsavorites, les grenats et les émeraudes, elle plonge
au cœur d’un pays extraordinaire, entre une vé-
gétation luxuriante et des gisements de soufre.
Véritable cabinet de curiosités, sa boutique, rue
Saint Honoré, ouvre la porte d’un monde étonnant
où les gemmes rares et précieuses dévoilent une
partie de leurs secrets.◊
full herboundless, fun creativity, and openlydefying
style codes and traditions. She brings her own per-
sonal aesthetics and unfettered muse to the art of
jewellery, drawing inspiration from the four corners
of the globe – absorbing a legend, an encounter, an
expedition or a memory, and then reinventing and
interpreting it in the form of jewellery pieces.
As a genius storyteller, Lydia Courteille is passio-
nate about opalwith itsfieryhues. She loves relating
bewitching tales through her collections, borne on
theaudacityofhercompositions–andanextremely
fertileimagination.Displayingparticularsensitivityto
the manycolours ofjewels, she crosses everyborder
to combine tones and gems, forging brand new al-
liances – and creating pieces that are often one of a
kind.Hercollectionsandtheirevocativenameshave
their origins in ancient myths, opening the doors to
the worlds of fantasy and emotion. Her most recent
collection, Reine de Saba, has its source in Ethiopia
– the legendary land of a fascinating woman whose
mysteryis still undiminished. With a blend of greens
and brown – tourmaline, peridot, tsavorite, garnet
and emerald – she dives into awonderland inwhich
both lush vegetation and sulphur deposits seem to
abound. Her shop in Rue Saint Honoré is a genuine
cabinet of curiosities – a portal to an amazing world
inwhichrareandpreciousgemsrevealjustaglimpse
of their secrets.. ◊
l 5 et 6 l La haute joaillerie de Brigitte
Ermel, d’excellente facture, fait la part
belle aux gemmes.
l 5 l
Joaillerie-Jewellery
Savoir faire Expertise
_
l 6 l
| 26 |
Hôtel-Hotel
Patrimoine Heritage
_
Par-byRomainRivière
HÔTEL
RITZ PARIS
15, place Vendôme
75001
| 27 |
Hôtel-Hotel
Patrimoine Heritage
_
Rendre à César ce qui lui appartient. Son
Ritz. Ou plutôt, son aura. Lorsqu’il crée
un hôtel à son nom, avec l’aide du chef
Auguste Escoffier, en 1898, César Ritz ne rêve
que d’une chose : l’imposer comme le plus pres-
tigieux et le plus luxueux au monde. Ce qu’il fait
rapidement en rachetant, place Vendôme, l’hôtel
de Gramont, et en le faisant rénover entièrement
par l’architecte Charles Mewès. L’hôtelier suisse,
autodidacte, voit alors les choses en grand : lui
qui a dirigé l’hôtel Savoy, à Londres, sait que
son ambition sera atteinte à la condition d’offrir
à son établissement tout le confort moderne :
ainsi décide t-il d’installer l’électricité et le télé-
phone dans chacune des 159 chambres de l’hôtel.
Le 1er juin 1898, une grande réception marque
l’inauguration du palace, qui devient aussitôt
l’adresse incontournable des têtes couronnées
et des vedettes du show business.
En 2010, pourtant, le Ritz, en dépit de sa répu-
tation, est relégué au second rang en passant à
côté du label de Palace, tout juste mis en place
en France et accordé à quelques rares établisse-
ments d’excellence. Raison pour laquelle, deux ans
plus tard, l’homme d’affaires égyptien Mohamed
Al-Fayed, propriétaire de l’établissement depuis
1979, entreprend une importante rénovation de-
vant permettre au majestueux cinq étoiles de
conjuguer le charme et l’authenticité d’antan
avec les technologies les plus abouties. Avec un
Render unto Caesar that which is Caesar’s.
His Ritz. Or rather, his aura. When he
founded a hotel under his own name in
1898, with the help of chef Auguste Escoffier,
César Ritz dreamed only of one thing: establi-
shing it as the grandest, most luxurious hotel in
the world. He was very quickly successful, buying
the Hôtel de Gramont on Place Vendôme, and
having it fully renovated by architect Charles
Mewès. The self-taught Swiss hotelier had plenty
of vision: he had managed the Savoy Hotel in
London, and knew that he could achieve his
ambition – provided he equipped his hotel with
all the latest, modern conveniences. And so he
decided to install electricity and telephones
in every last one of the hotel’s 159 rooms. On
June 1, 1898, there was a grand reception to
celebrate the inauguration of the palace, which
immediately became the place to go for crowned
heads and showbiz stars alike.
However, despite this stellar reputation, in 2010
the Ritz was relegated, failing in its attempt
to secure the label of ‘Palace’, recently esta-
blished in France and granted to a very select
group of outstanding hotels. In the light of this
development, two years later Egyptian tycoon
Mohamed Al-Fayed, who has owned the hotel
since 1979, undertook major renovation work so
that the majestic five-star hotel could combine
charm and authenticity with state-of-the-art
P A L A C E
R I T Z
Considéré depuis sa création en 1898 comme l’un des hôtels les plus prestigieux au
Monde, le Ritz a entrepris, en 2012, une rénovation intégrale qui doit lui permettre
d’obtenir, après quatre ans de travaux, le sésame convoité de Palace. Il rouvre ses
portes cet été. Just a stone’s throw from Place Vendôme, in and around Rue Saint
Honoré, there are three passionate jewellers, each delivering a brilliant personal
interpretation of jewellery: Brigitte Ermel, Valérie Danenberg and Lydia Courteille.
R i t z P a l a c e
>
l 1 l En 1898, César Ritz
souhaitait créer l’hôtel
le plus prestigieux au
Monde.
| 28 |
Patrimoine Heritage
_
Hôtel-Hotel
> double objectif : faire entrer le Ritz dans le XXIe
siècle et obtenir la distinction de Palace. Le 1er
août 2012, donc, l’hôtel plus que centenaire, dont
le bâtiment est classé aux monuments histo-
riques depuis les années 30, ferme ses portes afin
d’entamer un chantier pharaonique. Mobilier et
œuvres d’art, destinés à être remis en place, sont
déménagés afin d’être soigneusement conser-
vés. Parallèlement, d’éminents spécialistes de
la restauration de bâtiments historiques et de
nombreux artisans d’art s’attèlent à rénover les
différents espaces. Pour le cabinet d’architecture
d’intérieur Thierry Despont, le cahier des charges
est clair : il convient de conserver la magie des
lieux, tout en y ajoutant les dernières techno-
logies de pointe. Quatre ans plus tard, en juin
2016, c’est un Ritz flambant neuf qui rouvre ses
portes, promettant de rester fidèle à sa légende.
UN TUNNEL SOUS LA PLACE
Désormais, il est possible de rejoindre l’hôtel en
toute discrétion depuis le parking souterrain de
la place Vendôme, par un tunnel creusé spécia-
technology. The aim was twofold: bringing the
Ritz into the twenty-first century, and earning
the coveted distinction of Palace. And so it was
that on August 1, 2012, the hotel, by then over
one hundred years old, in a building listed as
a historic monument since the 1930s, closed,
and Herculean works commenced. Works of
art and furniture, destined to be put back into
place, were removed and carefully stored. At the
same time, eminent specialists in the restora-
tion of historic buildings and a large number
of craftsmen undertook the task of renovating
the different areas. For interior architects Thierry
Despont, the brief was clear: the aim was to
preserve the magical atmosphere of the venue,
whilst adding state-of-the-art technology. Four
years on, in June 2016, a spanking new Ritz will
be opening its doors – and promises to remain
true to its legend.
It is now possible to enter the hotel without
being seen – from the underground car park on
Place Vendôme, via a specially made tunnel.
Once inside, guests will find intact the distinctive
refinement of the Ritz, whose elegance and
l 2 l Les
experts et
artisans
d’art ont
oeuvré
quatre
années à la
rénovation
du site.
| 29 |
Patrimoine Heritage
_
Hôtel-Hotel
lement. Une fois à l’intérieur, l’hôte retrouve le
raffinement propre au Ritz, dont l’élégance et le
luxe feutré incarnent l’art de vivre à la française,
cher à César Ritz. Distinction suprême des plus
somptueux hôtels particuliers, les salons de l’éta-
blissement donnent directement sur un jardin à
la française, héritage d’un savoir-faire paysager
incomparable. En écho à l’esprit parisien des
passages couverts, la lumineuse Galerie s’impose,
elle, comme une nouvelle vitrine du luxe français :
elle invite à découvrir les
dernières collections de
couture ou de joaillerie
dans une ambiance in-
time. Le patio arboré,
modernisé, peut de son
côté se transformer en un
cosy jardin d’hiver grâce à
sa verrière télescopique.
Doté d’un bar ouvert dès
midi, il offre une ambiance
d’élégant café parisien. Le bar Hemingway, à l’at-
mosphère chic inchangée, continue de proposer
la dégustation de vieux alcools. Côté cuisine, la
grande nouveauté réside dans l’arrivée du chef
quadruple étoilé Nicolas Sale au printemps 2015 :
fidèle à l’esprit d’Escoffier, il dirige désormais le
restaurant Espadon, temple de la gastronomie
française, véritable écrin de boiseries et de cristal
proposant une carte composée de plats mythiques
rehaussés d’une touche contemporaine.
Habillées de boiseries fines et de tentures cou-
leurs pastelles, les 71 chambres et 71 suites du
Ritz mêlent harmonieusement la majesté du
XVIIIe siècle, l’opulence du style Empire et la
quintessence du classicisme. Les plus presti-
gieuses évoquent, à travers leur nom et leur
décoration, les plus illustres hôtes de l’histoire
du Ritz : Coco Chanel, Marcel Proust, le duc de
Windsor, etc. La suite impériale, avec ses 220
m2 répartis en deux chambres indexées aux
salons historiques de six mètres sous plafond,
offre une vue directe sur la place des joailliers.
Le Ritz Club, enfin, retrouve tout son lustre avec
sa splendide piscine, ses équipements sportifs
dernier cri, et, surtout, son tout nouvel espace
Chanel, le premier du genre, dédié à l’art du soin
de la maison parisienne. Ce n’est pas vraiment
un hasard si l’établissement s’est tourné vers
elle pour le mettre en place : « Le Ritz, c’est ma
maison », disait Coco Chanel en personne. C’est
d’ailleurs de l’architecture du Ritz qu’elle s’était
inspirée pour créer le flacon de son parfum my-
thique, le Chanel N°5. ◊
gentle luxury embody the French lifestyle so
dear to César Ritz. The hotel’s lounges overlook
the supreme feature of the most sumptuous
of Paris mansions – a French-style garden, a
legacy of incomparable landscaping knowhow.
Echoing the Parisian spirit of covered walkways,
the light-filled Gallery is clearly destined to
become a new showcase of French luxury, in-
viting visitors to admire the latest fashion and
jewellery collections in a secluded atmosphere.
The modernised, tree-
shaded patio can be
transformed into a cosy
winter garden thanks to a
retractable glass roof. It
offers all the atmosphere
of an elegant Paris café,
with a bar open from
midday onwards. The
Hemingway bar, whose
chic ambiance remains
unchanged, will still be serving fine aged spi-
rits. The big news in the kitchen is the arrival
of four-star chef Nicolas Sale in spring 2015:
faithful to Escoffier’s ethos, he has now taken
charge of the Espadon restaurant, a temple
of French gastronomy – amid a fine décor of
wood panelling and crystal, it offers a menu
replete with legendary dishes, enhanced by a
contemporary touch.
Clad in fine timber panelling and hangings in
pastel shades, the Ritz’s 71 rooms and 71 suites
harmoniously combine eighteenth-century
majesty, Empire style opulence and the quin-
tessence of classicism. The names and décor
of the most prestigious rooms are evocative
of the most illustrious guests in the history of
the Ritz: Coco Chanel, Marcel Proust, the Duke
of Windsor, and others. The imperial suite, a
massive 220m2 of space with two bedrooms
connecting to the historic lounges complete
with six-metre-high ceilings, boasts direct views
of Place Vendôme. And the Ritz Club has lost
none of its lustre either, with a splendid pool,
state-of-the-art sports installations, and above
all, a brand new Chanel space, the first of its
kind, dedicated to the Paris hotel’s art of treat-
ments. It’s hardly an accident that when setting
up this facility, the hotel opted to use the name
of Coco Chanel: “ the Ritz is my home ” is what
the great lady herself used to say. What’s more,
she drew inspiration from the architecture of
the Ritz to create the bottle for her legendary
perfume, Chanel No. 5. ◊
“ Les suites évoquent
les hôtes prestigieux
de l'histoire du Ritz ”
Héritage Heritage
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Par-byBlancheRivière
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D
O
I
R
Mode-Fashion
l 1 l Soucieux de redonner à la femme le goût de plaire,
Christian Dior inventa le tailleur Bar en 1947. Une légende !
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Héritage Heritage
_
Ce matin de 1915, le jeune Christian Dior
dessine. Il rêve. Assis sur les rochers, les
mouettes volant tout autour de lui, face
aux îles de Chausey et de Jersey, il écoute l’écume
des vagues heurtant les falaises de Granville.
Agé de dix ans, il ignore certainement qu’un
jour, son nom résonnera aux quatre coins du
monde comme un symbole incontestable du
luxe, et s’imposera comme l’une des griffes les
plus importantes au Monde. Ses parents le voient
diplomate. Mais lui, le rêveur, capable de passer
des heures à observer la mer ou à lire entre les
somptueux meubles Henri II et Louis XV de la
maison familiale, voit les choses autrement.
Son échec à l’école des Sciences Politiques met
d’ailleurs rapidement un terme à toute ambition
politique. Dix ans durant, Christian Dior enchaine
les petits boulots : vente de tableaux, croquis,
dessins de mode… Son talent de dessinateur
ne passe pas inaperçu, et, de fils en aiguilles,
Christian Dior parvient à faire publier des dessins
publicitaires dans Le Figaro, en 1937. L’année
suivante, le prince de la mode, Robert Piguet,
l’engage. Mais la guerre, qui éclate à nouveau,
oblige le jeune homme à quitter Paris. Le conflit
enfin terminé, Christian remonte à la Capitale.
C’est alors qu’il rencontre Marcel. Marcel Boussac,
le roi du textile. Et c’est là que tout commence.
Marcel Boussac voit en Christian Dior un génie,
doté d’un sens inné de la beauté, des couleurs,
des proportions et de la féminité. Il lui offre, en
1946, une maison de couture à son nom, et, au
passage, une adresse prestigieuse : 30, avenue
Montaigne, à Paris. Après une longue période
One morning in 1915, the young Christian Dior
was drawing – and dreaming. Sitting on the
rockswithgullswheelingabovehim,gazingout
towardstheChauseyIslandsandJersey,helistenedto
thewavesandspraysplashagainsttheGranvillecliffs.
At the tender age often, he was certainlyunware that
one day his name would resound in the four corners
of the globe as an undisputed symbol of luxury, and
be established as one of the greatest brands on the
planet.Hisparentswantedhimtobecomeadiplomat,
buthewasadreamer–capableofspendinghourson
endobservingthesea,orreading,ensconcedbetween
the sumptuous Henri II and Louis XV furniture of the
familyhome–andsawthingsdifferently.Besides,his
failureattheSchoolofPoliticalSciencequicklyputan
end to any political ambitions. Forten years Christian
Dior had a succession of odd jobs, selling paintings,
sketches…andfashiondesigns.Histalentasadesigner
did not go unnoticed; onething ledto another, and in
1937 Christian Dior managed to get some advertising
drawingspublishedinLeFigaro.Thefollowingyear,he
was taken on by Robert Piguet, the prince offashion;
but when war broke out again, the young man was
obliged to leave Paris. When the war finally ended,
Christian returned to the capital – and that’s when he
met ‘Marcel’, Marcel Boussac, the king oftextiles, and
things reallygot going.
Marcel Boussac saw Christian Dior as a genius, en-
dowed with an innate sense of beauty, colour and
proportion. In 1946, he gave him a fashion house in
his name, and alongwith it, a prestigious address: 30,
avenue Montaigne, Paris. After a long period of post-
warausterity,ChristianDiorsoughttorestorewomen’s
taste for being liked, liking themselves, and arousing
E T D I O R
C R É A L A F E M M E
D i o r c r e a t e d w o m e n
Depuis ses débuts en 1946, la maison Dior n’en finit pas de connaître le succès.
Aujourd’hui largement diversifiée, elle s’impose désormais comme l’une des plus
importantes du secteurdu luxe. Since its beginnings in 1946, Dior has been enduringly
successful. The brand is now highly diversified, and has become one of the largest
firms in the luxury industry.
>
Mode-Fashion
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Mode-Fashion
Héritage Heritage
_
d’austérité, guerre oblige, Christian Dior entend
redonner à la femme le goût de plaire, de se
plaire, et de susciter du désir. Il dessine alors
une nouvelle ligne, caractérisée par une taille
cintrée, une poitrine haute et ronde, des épaules
étroites et des jambes couvertes jusqu’à quarante
centimètres au dessus du sol. Une révolution !
Le tailleur Bar est né et devient, dès la collection
estivale de 1947, une légende. Pierre Cardin, le
premier tailleur de Christian Dior, contribue lar-
gement à son succès. La coupe corolle et la ligne
en huit, qu’une journaliste américaine surnomme
New Look, bouleversent l’univers de la mode et
le Monde entier retient son souffle d’admiration.
Dans l’esprit du couturier, « il est aussi important
pour une femme d’avoir un parfum subtil que
des tenues élégantes. » Il lance donc, la même
année, son premier parfum, Miss Dior.
Les années qui suivent sont marquées par
une importante expansion à l’international.
Visionnaire, Christian Dior part en effet à la
conquête des Etats-Unis, en plein essor, moins
d’un an après le lancement de sa première collec-
tion. Dans la foulée, il ouvre, à travers le monde,
des bureaux de relations publiques, organise
des défilés internationaux, utilise les médias
pour vanter sa marque, et assoit sa notoriété
en habillant des vedettes, à l’instar de Marlène
Dietrich, de Liz Taylor ou de Marilyn Monroe. En
quinze ans, la maison s’étend dans quinze pays
et s’accapare, à elle seule, 75 % des exportations
de la mode parisienne.
LE GOÛT DES FLEURS
Grand amoureux des fleurs et de la nature,
comme sa mère, Christian Dior jette son dévolu
sur le pays Grassois et l’enivrante Provence. En
1955, il acquiert le majestueux Château de la
Colle Noire et son parc de cinquante hectares, où
il décide de cultiver ses propres fleurs pour ses
parfums. C’est au Domaine de Manon, d’ailleurs,
que la maison Dior cultive, encore aujourd’hui,
le jasmin de ses par-
fums et ses roses de
mai. En 1957, Christian
Dior décède, à 52 ans.
Yves Saint-Laurent,
qui l’assiste depuis
deux ans, reprend les
rênes de l’entreprise.
Il n’a que 21 ans, et
montre autant de
fierté que d’angoisse face à ses nouvelles res-
ponsabilités. Mais en dévoilant sa ligne Trapèze,
en 1958, le jeune couturier rencontre un succès
immédiat. La presse lui offre ses galons de grand
couturier. Deux ans plus tard, appelé sous les
drapeaux, Yves Saint-Laurent quitte le bateau
desire.Hedesignedanewline,withadistinctivefitted
waist, a high rounded bust, and narrow shoulders,
with the legs covered to just forty centimetres from
the ground: a revolution. The Bar suit was born, and
from the 1947 summer collection onwards, became
a legend. Pierre Cardin, Christian Dior’s first tailor, was
a major contributorto its success.The flared skirt and
hourglass cut, dubbedthe NewLook byanAmerican
journalist,turnedtheworldoffashionupsidedown–and
theworldatlargewasbreathlesswithadmiration.The
fashion designer’s thinking didn’t stop there: “ as well
as elegant outfits, it’s just as important for a woman
to have a subtle perfume ”; and so the same year, he
launched his first fragrance – Miss Dior.
The following years were characterised by extensive
internationalexpansion.ChristianDiorwasavisionary,
settingofftoconquertheboomingUnitedStatesless
thanoneyearafterthelaunchofhisfirstcollection.And
while he was at it, he opened PR offices worldwide,
organised international
fashion shows, used the
media to plug his brand,
and cemented his repu-
tation by making outfits
for stars such as Marlene
Dietrich, Elizabeth Taylor
and Marilyn Monroe.
Within the space of fif-
teen years, the maison
had moved into fifteen countries.
Likehismother,ChristianDiorwasagreatloverofflowers
and nature, becoming enamoured with the Grasse
area andthe surrounding Provence region. In 1955, he
bought the majestic Château de la Colle Noire, with
itsfiftyhectaresofgrounds,wherehedecidedtogrow
l 1 l Vite repéré pour
son sens de la fémi-
nité, Christian Dior
ouvre une maison
à son nom en 1946.
“ La première maison
de couture parisienne ”
>
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Mode-Fashion
Héritage Heritage
_
his own flowers for his perfumes. Dior still grows the
jasmineforitsperfumes,aswellasitsProvenceroses,
attheDomainedeManon.ChristianDiordiedin1957,
aged 52.Yves Saint-Laurent, who had been assisting
himfortwoyears,tookoverthebusiness.Hewasonly
21, and was both proud and anxious about his new
responsibilities. Butwhentheyoung fashion designer
unveiled his Trapeze line in 1958, he met with imme-
diatesuccess.Thepressacknowledgedhimasagreat
fashiondesigner.Twoyearslater,YvesSaint-Laurentwas
calledupformilitary
service,andleftDior.
Marc Bonhan took
overfromhim,brin-
gingamoremodern
touchtothefashion
house. With his re-
markable creations
–BabyDiorfollowed
by Dior Monsieur –
Marc Bonhan was a credit to his predecessors. It was
under his reign that the firm launched its watch col-
lection, in 1975. By 1988, when Bonhan handed over
to his successor, Gianfranco Ferré, Dior had become
established as the leading fashion house in Paris, ac-
counting for 15% of all haute couture clientele.
The firm moved up another gear again on the eve of
the 1990s, coming under the leadership of Bernard
ArnaultwhenthebusinessmanboughtouttheBoussac
Saint-Frèrestextilegroup,ownersoftheChristianDior
brand. As CEO of the LVMH group, in 1989 the new
bossbroughttogetherthefirm’sperfumeandfashion
entitywithinthesameholdingcompany,enlistingJohn
Galliano, and laterVictoire de Castellane,towhom he
entrusted the firm’s fine jewellery business in 1998,
to revitalise the brand and raise its profile, in line with
Christian Dior’s original idea of ‘global luxury’.
In2011,JohnGalliano’sdepartureleftthefirmbereftof
itsartisticdirector.Hewaseventuallyreplacedayearlater
bytheBelgianRafSimons,bringingamarkedchange
withhisminimalisticapproach.RafSimons’firsthaute
couture collection, which initially met with a mixed
reception,wasareturntothefirm’sroots,revisitingthe
NewLookshape andtheflared cut.With his gracious,
delicate style, he made women look like the flowers
inthefairytalegardeninGranville.Oneyearon,hetoo
sawsuccess–despitewhich,theBelgiandesignerleft
the Paris maison in autumn 2015.◊
Dior. Marc Bonhan lui succède et insuffle un air plus
moderne à la maison de couture. Avec ses créations
remarquables, Baby Dior puis Dior Monsieur, Marc
Bonhan fait honneur à ses prédécesseurs. C’est sous
son ère que la maison lance, en 1975, sa collection
horlogère. Lorsqu’il passe la main à son successeur,
Gianfranco Ferré, en 1988, Dior s’impose comme la
première maison de couture de Paris et totalise 15 %
de la clientèle de la haute couture.
Peu de temps avant les années 1990, tout s’accé-
lère pour l’entreprise, qui
passe sous le contrôle de
Bernard Arnault au mo-
ment où l’homme d’af-
faires rachète le groupe
de textile Boussac Saint-
Frères, propriétaire de la
marque Christian Dior.
Président du groupe
LVMH, le nouveau PDG
réunit en 1989 l’entité de parfumerie et de couture de
la maison, au sein du même holding. C’est lui qui fait
appel à John Galliano, puis à Victoire de Castellane à
qui il confie, en 1998, la haute joaillerie de la maison,
afin de redonner du dynamisme et de la visibilité à
la marque, poursuivant l’idée d’origine de Christian
Dior : celle d’un luxe global.
En 2011, le départ de John Galliano ampute la maison
de sa direction artistique. Un an plus tard, le belge
Raf Simons le remplace finalement, s’opposant à
lui par son minimalisme. Sa première collection de
haute couture, qui reçoit un accueil mitigé, constitue
un retour aux sources pour la maison. Raf Simons,
en effet, revisite la silhouette New Look et la coupe
corolle. Avec son style gracieux et délicat, il parvient
à rendre les femmes semblables aux fleurs du jardin
féérique de Granville. Et finalement, le succès, une
fois de plus, est au rendez-vous. Mais en dépit de ce
succès, le créateur belge quitte la maison parisienne
au cours de l’automne 2015.  ◊
l 2 l Depuis les années 90,
la maroquinerie constitue un autre pilier
de la maison.
“ Poursuivre
l’idée d’origine :
celle d’un luxe global ”
| 34 |
Regard Look
_
B A L L A D E
| Photographe - Photographer |
OLIVIER CHOMIS
| 35 |
Regard Look
_
l 1 l Les travaux de rénovation
des Halles ont permis de
regrouper ascenseurs, escaliers
et escalators, dans un souci
de simplification des parcours.
| 36 |
l 2 l Inaugurée en 1988, la Pyramide du Louvre
est composée de 603 losanges et 70 triangles
de verre. Symbole du quartier, elle est devenue
la troisième œuvre la plus appréciée du musée.
Regard Look
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| 37 |
l 3 l Les jours de pluie,
le jogger rejoint la Seine
par un souterrain situé
sous le jardin des Tuileries.
l 4 l Toute en courbes, la grande verrière de la Canopée
a été conçue telle une immense feuille translucide ondoyant
à la hauteur de la cime des arbres.
Regard Look
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| 38 |
Dubistrotauxchaussures,iln’yaqu’unpas.En1947,
Rose Repetto, alors bistrotière quarantenaire, ne
supporte plus de voir son petit garçon – Rolland
Petit, l’un des plus grands danseurs du XXe siècle, ndlr -,
danseuràl’écoledel’OpéraNationaldeParis,rentrerchaque
soir les pieds en sang. Elle décide alors de lui coudre elle-
même sa propre paire de ballerine. Et c’est ainsi que née
lamarqueRepetto,désormaismythiquedansl’universde
la danse, mais aussi dans la mode et le cinéma. Devant le
succèsdesaméthode–lecousuretourné–,RoseRepetto
ouvresapremièreboutiquenonloindel’OpéraGarnier.En
1956,BrigitteBardotdemandeàRosedeluiconfectionner
une paire de ballerine de ville, qui lui permettrait à la fois
de danser et de se promener. La ballerine Cendrillon voit
alors le jour, et connaît un succès immédiat. Dix ans plus
tard,lacréatriceimplantesaproductiondansuneusinede
Dordogne. Dans les années 70, Serge Gainsbourg devient
ambassadeur de la marque en portant le modèle Zizi,
conçu à la base pour la belle-fille de Rose. Si le modèle
n’est qu’en fait une simple paire de ballerines blanches, il
peut néanmoins se targuer d’avoir ouvert l’accessoire à la
clientèle masculine  ! En 1984, Rose Repetto décède. Sa
disparition donne un coup devieux à la marque. Laquelle,
petitàpetit,sombredansl’oublietfrôlelafaillite.C’estalors
queMonsieurGaucher,quienreprendladirectionen1999,
décidedecollaboreravecdesmarquesjaponaises.Etvoilà
que la légendaire ballerine connaît à nouveau le succès.
Dans son domaine, la marque fait aujourd’hui figure de
modèleetd’exception.Eneffet,sisontextileetseschaus-
sures à talons sont produits à l’étranger, ses ballerines et
ses pointes, elles, sont entièrement confectionnées dans
l’usinedeSaint-Médardd’Excideuil.Parailleurs,ellepropose,
depuis quelques années, une gamme sur mesure, qui ne
manque pas d’attirer les danseurs de l’Opéra de Paris, du
Royal Ballet de Londres ou encore du Bolchoï de Moscou.
Son fils, Roland Petit, devint l’un de plus grand danseur
classiqueduXXesiècle,etépouseraplustardlanonmoins
célèbre danseuse ZiziJeanmaire. ◊
Mode-Fashion
L A B A L L E R I N E
L É G E N D A I R E
R E P E T T O
R e p e t t o ’ s l e g e n d a r y b a l l e t s h o e s
Saga Saga
_
Par-byBlancheRivière
Créée au milieu du XXe siècle, Repetto, qui a
construit son succès sur sa légendaire balle-
rine, s’est rapidement imposée comme une
marque incontournable dans l’univers de la
danse, de la mode et du cinéma.
Founded in the mid-twentieth century,
Repetto, which has built its success around
its legendary ballerinas, quickly became es-
tablished as an essential brand in the worlds
of ballet, fashion and film.
It was just one small step from bistro to shoes. In 1947,
Rose Repetto, a forty-something bar manager, could
no longerstand seeing herlittle boy– Rolland Petit (Ed.:
one of the greatest dancers of the twentieth century), a
dancer at the Paris National Opera school, come home
with his feet bleeding every evening. So she decided to
sew him his own pair of ballet shoes. And so was born
the Repetto brand, now legendary not only in the world
of dance but also in fashion and cinema.
On the back ofthe success of her cousu retourné ‘sewn-
back’ method, Rose Repetto opened her first boutique
not far from the Garnier Opera House. In 1956, Brigitte
Bardot asked Rose to make her a pair of dress ballet
shoes that she could wear for dancing and going out.
The Cendrillon ballerina came into being and was an
overnight success. Ten years later, the designer moved
production to a factory in Dordogne. In the 1970s, Serge
Gainsbourg became an ambassador for the brand by
wearing the Zizi model, originally designed for Rose’s
daughter-in-law. Although the model was basically just
a pair ofwhite ballerinas, it deserves full credit for having
opened the accessory up to a male clientele!
Rose Repetto died in 1984, andwith herdeath,the brand
seemedto age all ofa sudden. Little bylittle itfadedfrom
view and almost went bankrupt. In 1999, it was taken on
by Mr Gaucher, who decided to work in partnership with
Japanese brands – andthe legendaryballerina bounced
back to success. The brand is now an outstanding and
exceptional example in its field. While its textiles and
high-heeledshoesareproducedabroad,itsballerinasand
balletshoesareentirelymanufacturedintheSaint-Médard
d’Excideul factory.And forsomeyears now, Repetto has
beenofferingamade-to-measurerange–whichnaturally
attracts dancers from the Paris Opera House, the Royal
Ballet in London and the Bolshoi in Moscow.
Rose’s son, Roland Petit, went on to become one of the
greatest ballet dancers ofthetwentieth century, and later
married anotherequallyfamous dancer, ZiziJeanmarie. ◊
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Mode-Fashion
Saga Saga
_
Boutique
REPETTO
22, rue de la Paix
Du lundi au samedi
de 9h30 à 19h30
| 40 |
Confidences Confidences
_
Mode-FashionPar-byBlancheRivière
Boutique
TARA JARMON
400, rue Saint Honoré
du lundi au samedi,
de 10h30 à 20h
| 41 |
Confidences Confidences
_
L’an dernier, vous avez remporté, à Rolland Garros, le
Tournoi des Personnalités. Letennis est-il une passion ?
Oui, c’est ma grande passion. Même si je joue très mal,
j’aime le pratiquer trois ou quatre fois par semaine.
D’ailleurs il fait si beau que j’irais bien sur le court (rire) !
Tara Jarmon célèbre cette année son trentième anni-
versaire. Comment allez-vous marquer l’événement ?
Pour nous, l’événement de l’année réside dans la réno-
vation complète et l’agrandissement de notre boutique
des Champs Elysées. Jusqu’alors étendue sur 150 m2
répartis en deux niveaux, elle passera, dès sa réouver-
ture à l’automne prochain, à près de 400 m2 répartis
sur trois niveaux, hauts de plafond et conçus dans un
style haussmannien. Il s’agit d’un événement impor-
tant pour nous, puisque, pour cette transformation,
cette boutique doit fermer tout l’été. Heureusement,
David, le PDG de l’entreprise, garde un œil sur tout et
ne manque pas d’idées !
T A R A
J A R M O N
LacréatricedemodecanadienneTaraJarmon,
ancienne mannequin, étudiante en Sciences
Politiques, célèbre cette année les trente ans
desamarqueéponyme,symboledel’élégance
féminine parisienne. Rencontre avec cette
amoureuse de la Capitale, à la voix feutrée
et à l’accent prononcé.
ThisyearCanadianfashiondesignerTaraJarmon,
a formermodel and political science student, is
celebratingthethirtiethanniversaryofthebrand
thatbearshername–andthat’sbecomeasym-
bolofParisianfeminineelegance.Wemether,and
discoveredawomanwithasoftvoiceandstrong
accentwho’s in lovewith France’s capital city.
Last year you won the Celebrities Tournament at
Roland Garros. Is tennis a passion for you?
Yes, it’s the love of my life. Even though I’m not very
good at it, I like to play three or four times a week. In
fact the weather’s so nice that I’d like to get out on
the court right now!
This year, Tara Jarmon is celebrating its thirtieth
anniversary. What are you going to do to mark the
event?
The event of the year for us is the full renovation and
extension of our shop on the Champs Elysées. We
previously had 150 sqm on two floors; by the time
we open again next autumn we’ll have some 400
sqm on three levels, featuring high ceilings and in
the Haussmann style. It’s a major undertaking for
us, as the shop will be closed all summer for the
rebuilding. Fortunately, David, the company’s CEO, is
keeping an eye on everything and has plenty of ideas!
“ C ’ e s t p o u r l a p a r i s i e n n e
q u e j e c r é e d e s v ê t e m e n t s  ”
>
Mode-Fashion
| 42 |
Commentvous estvenue l’idée de créervotre marque ?
Sans réfléchir (rires) ! Je venais de finir mes études, et
je ne trouvais pas de vêtements pour mes entretiens.
J’aurais souhaité porter un tailleur associé à une jupe,
mais rien ne me convenait. Alors l’idée de créer une
marque m’est venue, sans prise de tête. On se prenait
moins la tête, à l’époque. David Jarmon, créateur de
chemises pour homme – et mon mari à l’époque – m’a
aidé en me prêtant une petite pièce dans ses bureaux.
Et tout a commencé…
C’est donc, aujourd’hui, une entreprise familiale…
Plus que jamais, oui, puisque deux de mestrois enfants
travaillent désormais avec moi. Ma fille Camille, qui a
25 ans, s’occupe de l’e-boutique. Et mon fils ainé, âgé
de 27 ans, du marketing. Ils sont très doués et plus
portés que moi sur le business (rires).
Comment définissez-vous Tara Jarmon ?
Au début, je cherchais surtout à donner un style sixties.
Aujourd’hui, ma ligne directrice demeure la parisienne.
C’est elle qui m’inspire et c’est pourelle que je crée mes
collections. Elle est à lafois élégante et moderne. Unique !
Comment se définira votre prochaine collection au-
tomne – hiver ?
Il y aura plus de fluidité dans les pièces, moins de
rigidité et moins d’uniformité. Davantage, aussi, de
mélanges dans les matières, et de jeux de transpa-
rences. Elle s’éloignera du style sixties pour être plus
dans l’air du temps.
Vos pièces phares ?
La jupe trapèze, la robe trois trous, les rayures et les
empiècements font partie de ma signature.Je les traite
toujours avec un grand souci du détail, de manière à
les rendre uniques.
Des marques ou des modèles fêtiches ?
J’admire tout particulièrement le travail de Raf Simons
chez Dior. Pour le reste, je suis émerveillée par nombre
de créateurs. Côté style, je porte un peu de tout – mais
beaucoup de Tara Jarmon ! J’ai beaucoup de robes et
de manteaux, et à l’inverse, très peu de bijoux.
Vous êtes une grande admiratrice de Catherine
Deneuve…
Je l’admire beaucoup en effet. Elle est belle et élégante.
Je l’ai découverte à l’époque sur des affiches de cos-
métique Chanel, à Vancouver. Là-bas, il n’y avait pas
beaucoup de magasins de mode. ◊
>
l 1 l D’abord inspirée
par les années 60, Tara
Jarmon crée aujourd’hui
pour la parisienne.
Mode-Fashion
Confidences Confidences
_
“  I d e s i g n g a r m e n t s
f o r t h e P a r i s i a n
w o m a n   ”
| 43 |
“ La parisienne est unique,
élégante et moderne
à la fois ”
l 2 l La jupe trapèze,
signature de la créatrice.
How did you get the idea of creating your brand?
I didn’t even think about it (laughs)! I’d just graduated
and couldn’t find any clothes to wear for my interviews.
I would have liked to wear a suit with a skirt, but there
was nothing I felt comfortable with. So I had the idea of
creating a brand – just like that.Things were less compli-
cated backthenthantheyare nowadays. DavidJarmon,
a designer of men’s shirts – who I was married to at the
time – helped me by lending me a small room in his
offices. And that’s how it all began…
So now it’s a family business...
Yes, more than ever; two of my three children now work
with me. Mydaughter, Camille, who is 25, looks afterthe
online store, and my oldest son, who’s 27, takes care of
marketing. They’re very gifted, and both have a better
head for business than I do (laughs).
How would you define Tara Jarmon?
To begin with, I was aiming primarily for a Sixties style.
Now my muse is the Parisienne. The Parisian woman
is my source of inspiration, and that’s who I create my
collections for. She’s both elegant and modern – and
that’s unique.
What will your next autumn-winter collection be like?
The garments will be more fluid – less rigid and uniform.
There’ll be more mixing of materials and see-through
effects, too. There’ll be a move away from the Sixties
style to something more modern.
What are your flagship items?
The flared skirt, three-hole dress, stripes and yokes are
all part of my distinctive signature. I always pay a great
deal ofattentiontothe details ofthose aspects,to make
them absolutely distinctive.
Do you have any favourite brands or models?
I especially admire Raf Simons’ work at Dior, but I love
lots of designers. As far as style goes, I wear a little of
everything – but a lot of Tara Jarmon! I have a lot of
dresses and coats, but very little jewellery.
You’reagreatadmirerofCatherineDeneuve,aren’tyou?
Yes, I admire hera lot; she’s both beautiful and elegant. I
first found out about her when she appeared on Chanel
cosmetics posters in Vancouver – there weren’t a lot of
fashion shops there. ◊
Mode-Fashion
Confidences Confidences
_
| 44 |
C H R O N O P A S S I O N
L E P R E M I E R
D E S M O H I C A N S
C h r o n o p a s s i o n : t h e f i r s t o f t h e M o h i c a n s
Depuis près de trente ans, Chronopassion incarne l’horlogerie, ou plutôt une
certaine forme d’horlogerie : indépendante, libre, créative. Son modèle est
unique mais fut surtout l’un des premiers au monde. Visite d’une chapelle
à laquelle des fidèles venus du monde entier vouent un véritable culte .
Chronopassion has been the epitome ofwatchmaking – or more accurately,
a certain form of watchmaking; independent, free and creative – for almost
thirty years. It boasts a business model that’s not only unique, but was also
one ofthe first such models of any kind in the world. Olivier Muller joined the
true believerswho come from all overtheworld tovisit this horological shrine.
Est-on encore un outsider lorsque l’on est
depuis 25 ans dans la place, que l’on compte
ses fans sociaux par dizaines de milliers et
que l’on se fait arrêter dans la rue à Hong-Kong
pour signer des autographes ? La question est
d’autant plus difficile pour Chronopassion que
Laurent Picciotto, son président fondateur, ne
se l’est jamais posée. L’enseigne de la rue Saint
Honoré est nativement atypique. Non par choix,
mais par circonstances : à la fin des années 80, le
métier de détaillant horloger n’existait quasiment
pas. « On parlait le plus souvent d’horloger-bi-
joutier, qui faisait de temps à autres de l’entre-
tien-réparation. Des commerces familiaux pour la
plupart, avec une clientèle exclusivement locale »,
se remémore l’homme. Lequel, aujourd’hui, ne
saurait être plus loin de ce point de départ : la
clientèle de Chronopassion est cosmopolite et son
enseigne, il l’a bâtie seul. Seul ou, pour être juste,
aux côtés de nombreuses marques. Certaines
l’ont soutenu, d’autres... non. De celles-ci, Laurent
Picciotto ne parle pas : les inimitiés d’hier seront
peut-être les noces de demain.
Reste que Chronopassion, malgré ces aléas de
la nébuleuse horlogère, a toujours gardé sa ligne
Canyoustillbeanoutsiderwhenfirstyousetout
yourstallover25yearsago,havetensofthou-
sandsoffansonsocialmedia,andarestopped
in the street in Hong Kong to sign autographs? The
question is all the more difficult when it comes to
Chronopassion; Laurent Picciotto, its founder and
CEO, is notthe sortto ask himselfthat kind ofthing.
TheRueSaintHonoréstoreisinnatelyatypical,notby
choice but by circumstance: in the late 1980s, there
wasvirtuallynosuchthingasawatchretailer.“ People
usually referred to watchmaker-jewellers, who from
time to time did some repair work. Most of them
werefamilyfirms,with an exclusivelylocal clientele, ”
recallsLaurentPicciotto.Whereheisnowcouldn’tbe
furtherremovedfromthatparadigm.Chronopassion’s
clienteleiscosmopolitan,andLaurenthasbuiltupthe
store’s brand entirely on his own, albeit at the same
time as a large number of brands – some of which
have supported him, others not. Laurent Picciotto
refrainsfromnamingandshamingthosethatdidn’t:
afterall, formerhostilities mayinthe future giveway
to blissful unions.
Thefactisthatthroughallsuchupsanddownsinthe
complexworld ofwatchmaking, Chronopassion has
always stuck to the same values: “ choosing brands
Par-byOlivierMullerHorlogerie-Watchmaking
Boutique Store
_
| 45 |
directrice : « choisir des marques et des pièces qui
apportent quelque chose de nouveau ». Certes,
le nouveau pour l’un n’est pas nécessairement
celui de l’autre. D’autre part, il existe un fossé
entre nouveau et nouveauté, que le marketing
horloger s’emploie jour après jour à combler.
Chronopassion n’y est plus sensible depuis des
lustres. « C’est avant tout une histoire d’hommes,
pas de storytelling », explique Laurent Picciotto.
« Je ne parlerai pas d’hommes providentiels,
mais il en existe certains qui ont la capacité, la
vision et la ténacité pour faire bouger les lignes.
Jean-Claude Biver avec Hublot en est l’exemple
le plus flagrant, mais on peut également penser
à ce qu’est en train de réaliser François-Henry
Bennahmias chezAudemars Piguet ou, à moindre
échelle, au clan Meylan chez H. Moser & Cie. Ces
marques au profil institutionnel ont su capter
de nouveaux clients en se renouvelant, pas en
restant au XVIIIe, ambiance calèche et perruque
poudrée ».
Chronopassion, à son échelle, a su elle aussi faire
bouger les lignes par une méthode très simple :
prendre de jeunes marques dans ses rayons
lorsque personne ne leur donnait une chance.
Voire, au besoin, les cofinancer. On se souvient
andtimepiecesthat contribute something new. ” Of
course, what is new for some will not necessarily be
so for others. What’s more, there’s a gulf between
newness and novelty – a gap that watchmaking
marketing departments are constantly doing their
best to bridge. Chronopassion has been inured to
such practices for a very long time. “ It’s people who
are important, not storytelling, ” explains Laurent
Picciotto. “ I might not go so far as to talk in terms
ofmiracle-makers, butthere arethosewho havethe
capacity, vision and tenacityto break down barriers.
Jean-Claude Biver, with Hublot, is the most striking
example of this; François-Henry Bennahmias is
doing something similar with Audemars Piguet,
and on a smaller scale, so are the Meylan clan at
H. Moser & Cie. These brands with an institutional
profile have successfully won over new clients by
reinventingthemselves, ratherthan remaining stuck
inaneighteenth-centurytimewarpalongwithhorse-
drawn carriages and powdered wigs. ”
Atitsownlevel,Chronopassionhasalsobrokendown
barriers by using a very simple method: accepting
emerging brands onto its shelveswhen nobodyelse
wasgivingthemachance–sometimeswithfinancial
backingifnecessary.Urwerk,MB&FandRichardMille
are cases in point.Today,theseyoung, independent >
l 1 l L’écrin de la rue
Saint Honoré propose
une sélection unique
de pièces de haute
horlogerie.
Horlogerie-Watchmaking
Boutique Store
_
L'Honoré Magazine #2
L'Honoré Magazine #2
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  • 2.
  • 3. Rubrique Rubric _ | 03 | Edito _ L E S L A U R I E R S D E C É S A R C’est un symbole du quartier, presqu’une vitrine, qui rouvre ces portes en juin. Après quatre ans de minutieux travaux, le Ritz, paré de nouveaux atours et désormais en phase avec son temps, entame une nouvelle phase de sa légende. Il faut s’en réjouir car à lui seul, le palace de la place Vendôme incarne l’élégance et l’art de vivre à la française et fait rayonner le luxe parisien aux quatre coins du Monde. César Ritz peut être fier : 120 ans après sa création, son hôtel brille toujours du même éclat. - A symbol of the neighbourhood – a flagship, even – will be re-opening its doors in June. After four years of painstaking works, the Ritz has been brought right up to date and is once again dressed to the nines, ready to embark on a fresh chapter in the legend. This is indeed cause for celebration: in and of itself, the palace on Place Vendôme embodies the French lifestyle in all its elegance, and spreads the influence of Parisian luxury to the four corners of the globe. César Ritz would be proud : 120 years after its creation, the Ritz has lost none of its splendour.
  • 4. The transatlantic airline : la compagnie aérienne transatlantique C’est en restant petits que nous sommes entrés dans la cour des grands ba.com/openskiesfr Nous n’accueillons pas plus d’une centaine de passagers par vol. Ceci nous permet de vous faire bénéficier d’un confort et d’une qualité de service exceptionnels, aux conditions les plus avantageuses. A bord, l’atmosphère est plus intimiste et plus personnalisée que sur la plupart des vols long-courriers traditionnels. Ajoutez à cela les avantages inhérents à notre appartenance à British Airways et vous comprendrez comment nous avons réussi à entrer dans la cour des grands. PA R I S O R LY - N E W Y O R K
  • 5. | 05 | REDACTION Rédacteur en chef - Romain Riviere Tél. 06 61 06 82 32 r.riviere@faubourg-presse.fr - Mode, stylisme, beauté - Blanche Rivière Tél. 06 46 39 51 58 b.riviere@faubourg-presse.fr TRADUCTION David Buick - Delos Communications DIRECTION ARTISTIQUE & GRAPHISME Elodie Dages elodie.dages@gmail.com PUBLICITE publicite@faubourg-presse.fr IMPRIMERIE Imprimerie de Champagne (France) CONTACTS L’Honoré Magazine est un support trimestriel gratuit édité par Faubourg Presse SAS, au capital de 1.000 euros, RCS 817807720 166, rue Saint-Honoré - 75 001 Paris Président et directeur de la publication : Romain Rivière Dépôt légal : à parution Olivier MULLER Olivier CHOMIS Journaliste Journaliste professionnel, Olivier Muller est un expert en horlogerie. Entre Paris et Genève, il couvre le secteur pour les principaux titres spécialisés.OlivierMullerisaprofessionaljournalist andanexpertinwatchmaking.Hedivideshistime betweenParisandGeneva,coveringtheindustry for its leading specialist magazines. Photographe Photographe professionnel, Olivier Chomis entreprend, depuis 2009, untravail d’auteuren noiret blanc, libre et intimiste. Olivier Chomis is a professional photographer, engaged in creative black and white photography since 2009. C O N T R I B U T E U R S Et aussi : Épigramme | Jean Boggio et Altavilla Joaillerie | Nathalie Koelsch Photo (styles) | David Carteron Art de vivre | Sophie Lamigeon Automobile | Frédéric Edmond
  • 6. | 06 | S O M M A I R E Épigramme Au fil de l’histoire Actualités | News Rencontre | Meet Inès de la Fressange Reportage | Report Glashütte Original Savoir-faire | Expertise L’autre joaillerie parisienne Patrimoine | Heritage Le Ritz Paris Héritage | Heritage Dior Portfolio Mode | Fashion Repetto P.08 P.09 P.10 P.14 P.18 P.22 P.26 P.30 P.34 P.38 P.14 P.18 P.14
  • 7. | 07 | S O M M A I R E Confidences | Confidences Tara Jarmon Boutique | Store Chronopassion Déco | Design Tendances Déco | Design Les draps de plage Culture Styles | Style Beauté | Beauty Tendances | Trends Portrait | Profile Mathieu Tournaire Quartiers libres | Free side Auto - évasion - Conso P.40 P.44 P.48 P.52 P.56 P.58 P.62 P.68 P.72 P.75 P.48 P.58 P.77
  • 8. | 08 | Épigramme _ D.S. Nuit. Le son d’une alarme que personne n’avait entendue. J’observais autour de moi ce pays qu’on avait inventé au milieu de Paris – pays carré à pans coupés – le vent qui produisait de la lumière et l’ombre idéale d’un grand dôme qui planait sur le sol. Sous les fenêtres d’un hôtel de luxe, j’étais une émotion. J’étais seul et j’étais une émotion. J’aperçus – près de la colonne – Diane, la reine imaginaire, celle qui avait brillé sur nos vies de petits garçons. Elle me prit dans ses bras – puis s’éloigna, à très grande vitesse,dans le noir. Là-haut, chambre vide et bagages à peine défaits ne se souvenaient pas du destin étoilé de la princesse. Je suis une émotion : je sais que les miroirs analgésiquesbrillèrent longtemps à travers les fougères vieilles de mille ans ; et que c’est l’émotion qui déroba les petites savonnettes au bord de la baignoire. * Par-byAltavilla
  • 9. | 09 | Au fil de l'histoire History _ Construite sous Charles V en 1380, la deuxième porte Saint Honoré, portant le nom de Sainte-Jeanne d’Arc, a été démolie plus de deux siècles plus tard, en 1636. Située au niveau des numéros 161 et 165 de l’actuelle rue Saint Honoré, cette porte, dont l’emplacement a été confirmé au XIXe siècle, arborait une voûte longue de près de vingt mètres et une profondeur de l’ordre de neuf mètres. Elle était formée d’une bastide surmontée de tourelles, et, côté faubourg, elle était protégée par un double pont- levis donnant sur un pont franchissant deux fossés, l’un rempli d’eau, l’autre sec. L’ensemble s’allongeait sur 80 mètres de longueur, jusqu’à la rue de l’Echelle. C’est à cet endroit que Saint-Jeanne d’Arc avait été blessée en 1429, en tentant de délivrer Paris des Anglais et des Bourguignons : revenant du sacre de Charles VII a Reims, elle s’apprêtait à prendre d’assaut la ville, et, au moment de franchir la douve de la porte, une flèche d’arbalète l’avait blessée. Pour rendre hommage à la Sainte, son effigie orne aujourd’hui le mur à l’endroit de la porte détruite. Non loin de là, place des Pyramides, se dresse également une statue grandiose de Jeanne d’Arc à cheval. Par-byBlancheRivière L A P O R T E D I S P A R U E T h e g a t e t h a t i s n o m o r e The second Saint Honoré gate, named after Saint Joan ofArc, was built in 1380 during the reign of CharlesV– and demolished overtwo centuries later in 1636. It stood where 161 and 165 rue Saint Honoré are nowto be found.The gate, the exact location ofwhich was confirmed in the nineteenth century, boasted an arched passagewayalmost twentymetres long and some nine metres high. It consisted of a bastide manor house, topped by turrets, and was protected on the outerfaubourg side bya double drawbridge guarding a bridge spanning two moats, one dryand the otherfilled with water.The structure had a total width of 80 metres, reaching as far as Rue de l’Echelle. This was where SaintJoan ofArc was injured in 1429, during her attempt to liberate Paris from the English and the Burgundians: on returning from the coronation of CharlesVII in Reims, she was preparing to take the citybystorm.As she crossed the moat to the gate, she was injured byan arrowfired from a crossbow.To paytribute to the saint, her effigynow features on the wall at the site ofthe destroyed gate. There is also a magnificent statue ofJoan ofArc on horseback not far away, on Place des Pyramides.
  • 10. | 10 | Actualités News _ N E W S La marque de luxe italienne Tod’s, spécialisée dans les mocassins et les bottines, symbole d’élégance et de confort, réinvente, quarante ans après sa création, son modèle fétiche. Le mocassin à picots – dit Gommino –, emblème de la maison, est retravaillé pour créer le mocassin Double T, enrichi d’une double boucle en forme de T… comme Tod’s ! Italian luxurybrandTod’s specialises in moc- casins and anklebootsthat embodyelegance and comfort.The brand has revisited its iconic Gommino model, fortyyears on from its first appearance.The firm’s emblematic studded moccasins have been redesigned, resulting in the Double T moccasin; this now sports a double buckle in the shape of a T – forTod’s, of course. Depuis le printemps, la boutique Penhaligon’s de la rue Saint Honoré dispose d’un espace barbier. En collabo- ration avec les barbiers de La Shaperie, ce coin chic offre à la clientèle le charme d’un rasage à l’ancienne en faisant découvrir un éventail de produits et accessoires ty- piquement masculins. Pour Penhaligon’s, il s’agit d’un retour aux sources puisque William Penhaligon, le fondateur, était barbier de métier lorsqu’il a ouvert son salon de coiffure et sa boutique de par- fums en 1870, à Londres. Sincethis spring, Penhaligon’s in Rue Saint Honoré has had its own barbershop. Established in collaboration with La Shaperie barbers, this stylish facility willprovidecustomerswithallthecharmofan old-fashioned shave – as well as a display of awhole range oftypicallymasculine products andaccessories.Thisactuallymarksareturnto Penhaligon’s beginnings: its founder, William Penhaligon, was originally a barber by trade, opening his hairdressing salon and perfume shop in London in 1870. T comme tod’s - T for Tod’s Penhaligon’s s’offre une barbier - Penhaligon’s – now complete with barbershop Après le départ d’Alber Elbaz chez Lanvin, vite remplacé parBouchraJarrar(photo), d’AngeloRuggierichez SergioRossi,etdeRaf SimonschezDior,voilàqu’YvesSaintLaurent sevoitàsontourdémunidesondirecteurartis- tique. Malgré son succès, Hedi Slimane quitte le bateau, pour être remplacé par Anthony Vaccarello.Larouenecessedetourner,puisque, en juillet dernierdéjà, Paul Ka avait ouvert ses portesàAlithiaSpuri-Zampetti,etBalenciaga àDemnaGvasilia...Quiseraleprochain?After Alber Elbaz’s departure from Lanvin (swiftly replaced by Bouchra Jarrar), Angelo Ruggieri’s from Sergio Rossi and Raf Simons’ from Dior, it’s Yves Saint Laurent’s turn to lose its artistic director.Despitehissuccess,HediSlimanehas abandoned ship,to be replaced byVaccerello. Themerry-go-roundneverstopsturning;only lastJuly,PaulKawaswelcomingAlithiaSpuri- ZampettiandBalenciagawastakingonDemna Gvasilia... Whose turn is it next? La valse artistique - The artists’ waltz
  • 11. | 11 | Actualités News _ La maison autrichienne FreyWille, installée rue Castiglione et rue Saint Honoré et spécialisée dans les bijoux émaillés, renoue avec ses premiers amours en travaillant une collection sur le thème de l’Egypte Antique. Deux lignes, Toutankhamon et Louxor, complètent les pièces réalisées en 1991. Comme toujours, ces collections en or arborent des dessins minutieux et raffinés, et des couleurs chatoyantes. Elles sont déclinées en manchettes, bagues, pendentifs ou encore boucles d’oreilles. With premises in Rue Castiglione and Rue Saint Honoré, Austrian firm FreyWille specialises in enamel jewellery. It’s recently returned to its first love with a collection based on Ancient Egypt. Two lines,Tutankhamun and Luxor, have now been addedtothe earlieritems from 1991.As always,thesegoldcollectionsincludecufflinks, rings,pendantsandearrings,featuringminute, refined drawings, and warm colours. FreyWille revisite l’Egypte - FreyWille takes a fresh look at Egypt La« jeunefilledelaplaceVendôme »,Poiray, reprend les codes de sa ligne de montres aux godrons Art Déco baptisée Ma Première, àtraversunecollectiondejoaillerieéponyme. Elle comprend des pièces en or et diamants, et se caractérise par ses formes galbées, à la fois douces et graphiques. La maison, indé- pendante,connaîtunnouveausouffledepuis quelquesannéesgrâceàsonapprochedécom- plexéedelajoaillerieetdel’horlogerieclassique. Laquelle l’a notamment amenée à doter ses montres de bracelets aux motifs et aux cou- leursempruntésaumondedelacouture.Ina variationontheflutedArtDecothemeofitsMa Premièrelineofwatches,Poiray–the‘maiden of Place Vendôme’ – has added a jewellery collection of the same name, featuring gold and diamond pieces with distinctive soft yet powerfulcurves.There’sbeenabreathoffresh air about the independent firm in recent few years, thanks to its uncomplicated approach tojewelleryandtraditionalwatchmaking.One outworking of this is its watch straps, which now feature patterns and colours borrowed from the world of fashion. Poiray réinterprète Ma Première - A new look for Ma Première from Poiray La maison de couture et de maroqui- nerie de luxe romaine Fendi s’étend à Paris. Elle s’apprête en effet à ouvrir sa troisième boutique dans la Capitale, au 265 rue Saint Honoré, à côté d’Alexander McQueen, de Coach, de Tory Burch ou de Marc Jacobs. La nouvelle boutique, dont l’ouverture est prévue à l’automne 2016, s’étendra sur 250 m2 et sera entièrement dédiée aux collections féminines. Rome luxuryleathergoods andfashion house Fendi is also present in Paris, and is now preparing to open its third store in France’s capital city at 265 Rue Saint Honoré, cheek by jowl with Alexander McQueen, Coach, Tory Burch and MarcJacobs.Duetoopeninautumn2016,the newstorewill boast 250 sqm,fullydedicated to women’s collections. Fendi arrive rue Saint Honoré - Fendi: coming soon to Rue Saint Honoré
  • 12. | 12 | Actualités News _ Pour sa collection automne-hiver 2016, la maison italienne Fratelli Rossetti prend des airs de Russie Tsarine et de Docteur Jivago. Que ce soient les mo- cassins, les escarpins, les derbies ou les chaussures à talons, tous les modèles iconiques sont revisités dans des tons émeraude, bleu nuit, carmin, et agrémen- tés de broderies et d’arabesques. Mais la tendance est également au rendez-vous, à travers des semelles en caoutchouc, des tons bicolores ou des coloris marbrés. Volumineuses, ces chaussures n’en de- meurent pas moins confortables. For its 2016 autumn-wintercollection, Italianfashion house Fratelli Rossetti is taking its cue from Russia in the era of the Czars and Doctor Zhivago. All the iconic models – moccasins, court shoes, derbies and high heels – have been revisited in emerald, dark blue, and crimsontones,decoratedwithembroideryand arabesquepatterns.Fashionstatementshave not been forgotten, either, with rubber soles, two-tone effects and mottled colours.These shoes are imposing – and comfortablewith it. Un an après son entrée chez Arije dans le Triangle d’Or parisien, la manufac- ture horlogère suisse Frédérique Constant fait désormais son entrée dans la bou- tique de la rue Castiglione, à deux pas de la place Vendôme. La maison Arije, figure de la belle horlogerie en Europe, présente ainsi les modèles embléma- tiques de Frédérique Constant, à l’ins- tar de la nouvelle collection Quantième Perpétuel Manufacture, aux côtés des marques les plus prestigieuses. One year after Frédérique Constant’s arrival at Arije in the Parisian Golden Triangle, the Swiss watchmaking manufacture has nowattained the sister outlet in Rue Castiglione, just a stone’s throw from Place Vendôme. Arije, a showcase for fine watchmaking in Europe, is now displaying Frédérique Constant’s iconic models,suchasthenewQuantièmePerpétuel Manufacture collection, alongside the most prestigious brands. Frédérique Constant arrive chez Arije - Frédérique Constant arrives at Arije Fratelli Rossetti au temps des Tsars - Czar time at Fratelli Rossetti La maison Bonpoint célèbre, en 2016, son quarantième anniversaire. Elle propose, à cette occasion, une collec- tion capsule : blancs de lait, imprimés Liberty, délicates broderies anglaises… tous les icôniques de la marque sont là. En boutique, les pièces de cette collection sont estampillées d’une médaille « Happy Birthday » en métal doré. La délicate eau de senteur Bonpoint revêt, elle aussi, un air de fête : pour la première fois, elle est proposée dans un écrin accompagné d’un mouchoir en voile de coton. Lequel, une fois vaporisé, permet d’emporter la douce senteur de Néroli et de fleur d’oranger avec soi. In 2016, Bonpoint is celebrating its fortieth anniversary, and has produced a capsule collection for the occasion, com- pletewith allthe iconic features ofthe brand: milkywhites, Liberty prints, delicate broderie anglaise, and so on. In-store, the garments in this special collection can be picked out thanks to a golden ‘Happy Birthday’ medal. The delicate Bonpoint perfumedwateris part ofthe celebrations,too, presentedforthefirst time in a box set complete with a cotton net handkerchief – so you can spray, and then takethe soft Neroli and orange blossom scent right along with you. 40 ans de création chez Bonpoint - 40 years of design by Bonpoint
  • 13. | 13 | Actualités News _ La maison de champagne Brimoncourt s’est associée au barbier de luxe Gentlemen 1919 pour l’ouverture de son concept store, fin avril, rue Jean Mermoz, en plein cœur du Faubourg Saint Honoré. Cet espace inédit, ultra chic, décalé, et dédié au bien être de l’esthète hédoniste, propose ainsi un univers faisant honneur au savoir-faire français, à la précision, au luxe discret et à la sophistication dé- contractée. Atthe end ofApril, Champagne firm Brimoncourt joined forces with luxury barbershopGentlemen1919fortheopeningof its concept store in Rue Jean Mermoz, at the heart of Faubourg Saint Honoré. The brand- new, ultra-smart, offbeat space, dedicatedto the wellbeing of pleasure-seeking aesthetes, opens up a world in which French knowhow, precision, discrete luxuryand relaxed sophis- tication reign supreme. Outredanslescréationsdehautejoaillerie, la maison Mellerio dits Meller excelle dans l’art de l’orfèvrerie. Depuis 35 ans, en effet,elleréaliselestrophéesdutournoiinter- nationaldetennisdeRollandGarros.Chaque année, ainsi, ses orfèvres consacrent plus de cent heures à la réalisation des répliques de la coupe originale, destinées à récompenser les différentsvainqueurs. La coupe originale, elle,estsoigneusementabritéedanslebureau du président de la Fédération Française de Tennis. As well as excelling in fine jewellery creations, Melleriodits Mellerarealso excellent metalsmiths:the brand has been makingthe trophies for the Rolland Garros international tennis tournament for 35 years now. Each year,itsmetalsmithsdevoteoveronehundred hours to making replicas of the original cup, to be awarded to the various champions. The original trophy remains closely guarded – in the office of the President of the French Tennis Federation. Mellerio, l’autre vedette de Rolland Garros - Mellerio – the other Rolland Garros star Du champagne et un barbier - Champagne and a barbershop C’est à quelques pas de sa boutique historique de la place Vendôme, cœur de la maison depuis 1906, que Van Cleef & Arpels a inauguré ses nouveaux salons. Situés au numéro 20, ils mettent en valeur les collections joaillières et horlogères de de la marque, ainsi que son patrimoine qui y est exposé de façon permanente. L’élégance intemporelle de la collection Alhambra, lancée en 1968, y est célébrée à travers de nouvelles créations. Cette année, l’or jaune, la porcelaine de Sèvres bleue et les diamants ornent également des éditions limitées et disponibles dans ces nouveaux salons. Ashort distancefrom itshistoricshoponPlaceVendôme–thefirm’s focalpointsince1906–VanCleef&Arpelshas nowinaugurated its newshowrooms located at number20, showcasingVan Cleef&Arpels jewelleryand watch collections along with its heritage pieces, on permanent displaythere. The timeless elegance of the Alhambra col- lection, launched in 1968, is celebrated in new creations. This year, yellow gold, blue Sevres china and diamonds also adorn limited-edi- tion pieces available in these new premises. Van Cleef & Arpels s’étend place Vendôme - Van Cleef & Arpels expands on Place Vendôme
  • 14. | 14 | Mode-Fashion Rencontre Meet _ D’où vous vient cette envie de toucher à tout ? En réalité, tout ce que je fais est lié et tourne autour du style, et plus précisément du stylefrançais. L’expérience me permet d’être consultante plus qu’ambassadrice, et m’apporte aussi du bon sens et de l’assurance, ce qui s’avère utile lorsqu’on prend des risques. Parailleurs, j’ai du mal à refuser une collaboration avec des personnes talentueuses. Vous êtes l’une des mannequins françaises les plus connues. Comment avez-vous intégré ce milieu ? Il semble que l’étiquette de mannequin reste à vie, un peu comme celle des miss ! Le point commun, c’est qu’il faut être choisie et que ça ne peut pas être unevocation. Il y a toujours quelqu’un qui décide de la carrière de mannequin des jeunes filles. Pour moi, c’était au siècle dernier, dans les années 70, et aujourd’hui je suis dans les dictionnaires et les musées (rires) ! Au cours de votre carrière, quelle est la rencontre qui vous a le plus inspirée ? J’aitoujours eu une admiration particulière pourles arti- sans ou les ouvriers dans les ateliers, car ils connaissent parfaitement et mieux que quiconque leur métier. Avec eux, tout peu devenir sublime. Evidemment, travailler avec Karl Lagerfeld, Yves Saint-Laurent ou Jean-Paul Gaultier a été passionnant et instructif. Mais face au génie, on se sent plus incapable qu’inspiré. How did you come to be so keen on trying your hand at everything? Totellyouthetruth,everythingIdorelatestoandisfocused on style, and more specifically French style. My experience makes me more of a consultant than an ambassador; it’s givenmecommonsenseandassurance,andthat’sturned outtobeusefulwhentakingrisks.What’smore,Ifinditdifficult to turn down opportunities to workwith talented people. You’reoneofFrance’smostfamousmodels.Howdidyou cometo be a part ofthat scene? Apparentlybeingamodelisalabelthatstickstoyouforlife, abitlikebeingabeautyqueen!Thefactisthatinboththese cases, you have to be chosen – so it can’t be a matter of vocation. There’s always someone who decides whether a girl is going to be going into modelling. In my case, all that happened in the last century – in the 1970s – and now I’m even in dictionaries and museums! (laughs) Over the course of your career, who have you met that’s particularlyinspiredyou? I’ve always especially admired the craftsmen and workers in the workshops, because they know their job perfectly – better than anyone else. Thanks to them, a tiny little thing can become something sublime. Of course, working with Karl Lagerfeld, Yves Saint-Laurent and Jean-Paul Gaultier hasbeenexcitingandinstructive.Butgeniustendstomake you feel more incapable than inspired. I N È S D E L A F R E S S A N G E Cellequiincarnelaparisienneidéaleatouràtour étémannequin,égériedeChanel,ambassadrice, directeur artistique ou encore journaliste. A presque 59 ans, Inès de la Fressange, ambas- sadrice de Roger Vivier, n’a rien perdu de son charmenidesonpiquant,etasusereconvertir enfemmed’affairestoutenrestantunefigure emblématiquedelamode.Rencontreavecune icône française. Embodying the ideal Parisian woman, Inès de la Fressange has in turn been a model, the fi- gureheadforChanel,anambassador,anartistic director,andajournalist.Nownearly59andam- bassador for Roger Vivier, Inès de la Fressange has lost nothing of her spice or charm, and has successfullytransitionedintobeingabusinesswo- manwhilstremaininganiconicfashionsymbol. We interviewedthis French legend. “ E t r e p a r i s i e n n e e s t u n é t a t d ’ e s p r i t  ” Par-byOmbelinedeLouvigny >
  • 15. | 15 | Mode-Fashion Rencontre Meet _ “ La parisienne mélange le cher et le moins cher, le sophistiqué et le casual, le neuf et le vintage ” l1 l Inès De La Fressange a tour a tour été mannequin, journaliste et femme d'affaires.
  • 16. | 16 | Rencontre Meet _ Votre regard sur l’évolution de la mode et du métier de mannequin ? Un jour, je suis allée sur un podium avec un costume blanc, un panama et de grosses moustaches noires faites en bouchons brulés. Une autrefois, en pyjama, ou encoreàchevalouavecdeschiens.Aujourd’hui,toutceci est inimaginable. La mode est devenue un gigantesque business, et ceux qui la détiennent ontvoulutout régle- menter, organiser et rendre l’ensemble plus sérieux. De ce fait, les stylistes préfèrent que leurs mannequins se ressemblent toutes par leur coiffure et leur maquillage, plutôt que de mettre en avant leur différence et leur personnalité. Sans être passéiste, ilfaut reconnaître que ce n’est plus pareil. Vousêtesuneadeptedesréseauxsociaux.Voussont-ils devenus incontournables ? Le danger, lorsqu’on vieillit, est de dénigrer tout ce qu’il peutyavoirdenouveauetperdresafrivolité.Aujourd’hui, lorsqu’on fait et vend quelque chose, il est essentiel, en effet, de participer à sa propre communication. Chaque semaine, j’écris d’ailleurs une newsletter – lalettredines. com, ndlr – qui est de plus en plus lue, et dans laquelle je donne des adresses de restaurants, de boutiques, et des conseils de livres, defilms ou de produits de beauté. Je prends les photos et rédige les textes moi-même, il n’y a pas de publicité et c’est gratuit. A mon sens, ces réseaux permettent de découvrir d’autres personnes, dans la mode ou la décoration. Des anonymes le plus souvent. Le revers de la médaille réside dans les propos malveillants, notamment surTwitter, que peuvent tenir des personnes sans doute aigries ou malheureuses et qui attaquent tout, systématiquement. Comment êtes-vous arrivée chez RogerVivier ? DiegoDellaValle,lepropriétairedelamarqueetfondateur de Tod’s, a eu cette idée originale de me demander de relancer la marque avec Bruno Frisoni comme directeur artistique. Il voulait une personnalité parisienne de la mode,etpensaitàl’image,austyleetaupositionnement avant de penserau résultat. Il a un sens du luxe qui n’est pasforcément raisonnable,fondé surlefeeling plus que sur les études de marché. Des détails sur la collection de cet été ? Chez Roger Vivier, les souliers sont toujours sophisti- qués, intemporels, mais tendance. C’est l’une des rares maisons qui propose des chaussures plates pourle soir, > Mode-Fashion What are yourviews on the changes in fashion and the profession of model? I once went onto a catwalk dressed in a white suit and panama hat – and sporting a big black moustache made from burned corks. On another occasion, I was wearing pyjamas; at other times, I’ve been on horseback or with dogs. Today, all of that sort of thing is right out of the question. Fashion has become a huge business, and those at the head of it have decided to regulate, orga- nise, and make everything much more businesslike as a result. And the result of that is that stylists prefer their models to look like each other – with the same hairstyle and makeup – ratherthan highlighttheirdifferences and personalities. I don’t want to wallow in nostalgia; but it has to be said that things are not quite the same now as they once were. You’re an avid userofsocial media. Haveyou got to the point of not being able to survive without it? The dangerwhenyou get older, isto be critical ofanything new, and abandon all sense offun. Nowadays,whenyou make something and sell it, you simply have to be part of your own marketing. Every week I write a newsletter (Ed.: lalettredines.com) and it has a growing readership. In it I give addresses of restaurants and boutiques, as well as recommendations for books, films and beauty products. I take the photos and write the texts myself, there’s no advertising, and it’s absolutely free of charge. I believe that these networks allow us to find out about other people with an interest in fashion or decoration. Most of them are unknowns. The flip side can be the hurtfulwordsthat sad and bitterpeople sometimes post, especially on Twitter, attacking anything and everything. How did you arrive at RogerVivier? Diego Della Valle, the brand’s owner and the founder of Tod’s, had the offbeat idea of asking me to relaunch the brandwith Bruno Frisoni as artistic director. Hewanted a Parisian celebrityfrom the world offashion, and thought about image, style and positioning beforethinking about what the outcome might be. He has a feel forluxurythat isn’t necessarily rational – it’s based on hunches rather than market studies. Canyougiveusanycluesaboutthissummer’scollection? RogerViviershoes are always sophisticated andtimeless – and trendy, too! It’s one of the rare fashion houses to offer flat shoes for evening wear, and that manages to “  B e i n g a p a r i s i e n n e i s a s t a t e o f m i n d  ”
  • 17. | 17 | Rencontre Meet _ ou qui parvient à rendre chics et habillées des sandales. Une paire de ballerines ou de sandales peut totalement transformer un look ! Et puis, il y a notre sac Pilgrim, un grandclassique,quiseradécliédansdenouveauxcoloris, comme à chaque saison. En 2015,vous avez relancévotre marque en créant une boutique Inès de la Fressange. Quel est le concept ? Depuistoujours,jesuispersuadéequel’onpeutfairechic en restant décontracté, et que les boutiques ne doivent pas ressembler à des musées vides. J’ai donc imaginé un endroit où desvestes brodées pourraient côtoyerdes espadrilles, des vélos ou des outils de jardinage. L’idée de nevendre que des produits réalisés soi-même ou des produits chers me paraissait démodée. Aujourd’hui, je considère que j’ai réalisé mon rêve lorsque je vois des femmesrepartiravecuneblousepourelles,uneminijupe encrochetpourleurfille,unecravatepourleuramoureux, du thé pour leur maison et des poteries pour leur mère. Et dans ma boutique, la cerise sur le gâteau réside dans une offre entièrement made in Paris ! A quoi reconnaît-on une parisienne ? La parisienne mélange ! Elle mélange le cheret le moins cher,lesophistiquéetlecasual,lefémininetlemasculin,le neufetlevintage…Afindetrouverladéfinitionexacte,j’ai réalisé avec Sophie Gachet un guide, devenu best-seller. Mais en vérité, être parisienne est un état d’esprit dont beaucoup de femmes disposent sans être nées ici. ◊ SES BONNES ADRESSES : >STOULS, 36rueduMont-Thabor : « unvestiairedecuirencouleur. » >FIFICHACHNILL,231rueSaint Honoré :« laplusbellelingerie dumonde !  » >WHITEBIRD,38rueduMont- Thabor :« mesbijouxfavoris ! » >ASTIERDEVILLATE,173rue SaintHonoré :« bougies etcéramiqueschicissimes. » >LACORTE,320rueSaintHonoré : « unrestaurantitalienincontournable aufondd’unecourconfidentielle. » >DELPHINECOURTEILLE,34rue duMontThabor :« mameilleure coiffeusedeParis ! » Mode-Fashion make sandals look smart and dressy. A pair of ballerinas or sandals can totally transform the way you look! And then there’s our Pilgrim bag, a great classic that will be comingoutintwonewshades,asisthecaseeachseason. In2015,yourelaunchedyourbrandbyopeninganInèsde la Fressange boutique.Tell us more aboutthat concept. I’ve always been convinced that you can be smart but casual, and that shops don’t need to look like empty museums. So I came up with a place where embroi- dered jackets can sit alongside espadrilles, bikes and gardening tools. The idea of selling only products we’ve made ourselves, orjust expensive products, seemed out- of-date to me. When I see women leave with a blouse for themselves, a crocheted miniskirt for their daughter, a tie for their man, tea for their home, and pottery for their mother, I believe I’ve managed to make my dream come true. And to cap it all, in my boutique the offer is one hundred percent “ Made in Paris ”! How do you recognise a parisienne? Atrue Parisianwoman is a great mixer! She mixes expen- sive and cheap, sophisticated and casual, feminine and masculine, new and vintage – and that’s just the start. I set out in search of the right definition and compiled a guide,togetherwith Sophie Gachet, and it’s nowbecome a best-seller. But in actual fact, being a parisienne is a state of mind – and you don’t need to have been born in Paris to acquire it. ◊ INÈS’ RECOMMENDED ADDRESSES :
  • 18. | 18 | Horlogerie-Watchmaking Reportage Report _ G L A S H Ü T T E , L A R É S I L I E N T E Glashütte Original, revenue de loin, se place aujourd’hui aux plus hauts sommets de l’horlogerie. Chaque modèle de la prestigieuse manufacture allemande rappelle l’incroyable histoire qu’elle a su braver au fil des siècles. Glashütte Original has come a long way to stand where it does now: at the very peak of watchmaking. Each model by the prestigious German manufacture recalls something of the incredible path it has carved out for itself over the years, against all odds. G l a s h ü t t e – t h e e p i t o m e o f r e s i l i e n c e Par-byOlivierMuller
  • 19. | 19 | Horlogerie-Watchmaking Reportage Report _ “ Malmenée par le passé, Glashütte est désormais l’un des épicentres de l’extrème raffinement horloger ” “ La marque a été intégrée au Swatch Group en 2000 ” Un mot, un seul : résilience. Voilà ce qui ca- ractérise le mieux Glashütte Original. Non seulement la manufacture qu’elle est deve- nue,maiségalementsonpeuplefondateur.Frappée de guerres, de pauvreté, aux maigres ressources minières, malmenée par le communisme, bom- bardée à outrance, pillée, agressée par un climat rude : tout aurait conduit à son anéantissement économique. Pourtant, la petite ville de Glashütte est toujours là. Et représente, au XXIe siècle, l’un des épicentres de l’extrême raffinement horloger. A vrai dire, l’histoire horlogère ne connait aucun autre exemple de ce type. Cette capacité de résilience est probablement à chercher en ses pères fondateurs. Glashütte est avant tout née de la volonté de quelques entre- preneurs individuels. Julius Assmann, Rodolph Schneider, Ludwig Strasser, Gustav Rohde et Ferdinand Adolph Lange en font partie. L’amateurhorlogerydécèlera quelques patronymes encore bienvivants de la chronomé- triesaxonne.Avantdedevenir des marques concurrentes, tous étaient desvisionnaires solidaires montrant un ob- jectif commun : redonner un second souffle à la ville de Glashütte, considérablement appauvrie par l’épuisement de ses ressources minières. Leur pari : redresser la ville par l’horlogerie. De volume, d’abord, fiable, comme la future Allemagne de l’Est à laquelle elle appartiendrait et deviendrait le fer de lance. Puis, à la chute de Mur, de valeur, de grande précision, en complément direct de la belle horlogerie suisse. On ne peut se targuer, chez Glashütte Original, d’une histoire ininterrompue. La manufacture est passée entre moult mains. Proche de Dresde, If there’s one word that sums up Glashütte Original, it’s ‘resilience’. Not only that of the manufacture it has become, but also that of its founders. Stricken by wars, poverty, and meagre mining resources, bullied by communism, bombed to smithereens, plundered, and assaulted by a harsh climate, it could easily have suffered eco- nomic annihilation. And yet despite it all, not only is the little town of Glashütte still there, in the twenty-first century it is also one of the leading centres for the best in refined watchmaking. The fact is, there’s nothing else quite like it in the history of horology. This capacity for resilience is undoubtedly a legacy of its founding fathers. Essentially, Glashütte came into being thanks to the drive of a few individual entrepreneurs, including Julius Assmann, Rodolph Schneider, Ludwig Strasser, Gustav Rohde and Ferdinand Adolph Lange. Watch-lovers will recognise a few of their namesakes, still on the scene in Saxon chronometry. Long before they were competing brands, these visionaries stood shoulder to shoulder with a common goal: giving a second lease of life to the town of Glashütte, which had been considerably impoverished bythe depletion of its mining resources. They staked the future of the town on watchmaking. Initially, they did so by mass-producing watches as reliable as the future East Germany of which the locality was to become a part (and indeed, a flagship). Later, after the fall of the Berlin Wall, came value and high precision, sizing up against fine Swiss watches. Glashütte Original cannot lay claim to an un- broken historical lineage: the manufacture has changed hands many times. Situated as it is >
  • 20. | 20 | Horlogerie-Watchmaking Reportage Report _ elle fut bombar- dée jusqu’à devenir poussière et cendres. En 1951, pour se re- construire, toutes les entreprises d’horlo- gerie indépendantes fusionnèrent pour constituer un conglomérat : le Veb - société du peuple - GlashütterUhrenbetriebe - les entreprises horlogères de Glashütte, ou Gub. Cet effort commun, sous perfusion d’une manne communiste, permit à la ville de rassembler ses forces et de se relever. A la réunification de l’Alle- magne, le Gub se transforma en Sarl, privatisée en 1994, puis intégrée au Swatch Group six ans plus tard. Si l’histoire n’a pas épargné Glashütte, celle-ci ne l’a pas oubliée. Celle qui est devenue une respectable manufacture a eu pour acte fondateur de créer un musée d’horlogerie à quelques pas de son siège – un musée, en réalité, proche du mémorial. On y trouve, sans fard ni masque, les pièces qui permirent à Glashütte de survivre : de l’horlogerie, certes, mais aussi de la petite montre populaire, vendue parcorrespondance, des machines à laver, sans oublierde substantielles contributionsforcées à la guerre,tels des équipements chronométriques pour avions de combat, le tout dans un remar- quable soin de transparence. CALIBRE 36 Là où certaines se prévalent de leur histoire, Glashütte porte les stigmates de l’Histoire. Ses col- lections actuelles n’oublient pas leur essence : des pièces très soignées mais robustes, pétries de bon sens horloger, fidèles à leurs origines esthétiques. Le dernier mouvement maison en est la preuve la plus éclatante. Sobrement nommé Calibre 36, il est construit suivant une ligne directrice simple : less is more. A l’heure de la surenchère horlogère, Glashütte Original a mis tout son talent à produire un mouvement dénué d’artifices, d’esbroufe mar- keting, précis, fiable, et dont l’entretien pourra être assuré en 2016 comme en 2116, letout sans sacrifier son esthétique germanique. On y retrouve la fa- meuse platinetrois-quarts. Elle recouvre l’essentiel du mouvement etfut conçue pourmieux maintenir les composants en cas de choc. Ou encore le col de cygne, gracieux composant destiné à régler la précision de la montre. ◊ close to Dresden, it was utterly flattened during the war. When reconstruction came in 1951, all the independent watchmaking companies merged to form a conglomerate: the ‘Veb’ (for ‘people’s company’) of Glashütter Uhrenbetriebe – the watchmaking companies of Glashütte, or ‘Gub’ for short. This joint effort, heavily dependent on aid from the Communist regime, enabled the town to muster its strength and rise from the ashes. When German reunification came, the ‘Gub’ was transformed into a limited liability company, pri- vatised in 1994, and becoming part of the Swatch Group six years later. LESS IS MORE Glashütte was not spared by history, but neither has it been forgotten. Now a respectable ma- nufacture, the first thing the new firm did was to set up a watchmaking museum close to its headquarters – a museum that is in fact something of a memorial. The watches that enabled the sur- vival of Glashütte are to be found there, without pretence or artifice: fine watches, to be sure, but also everyday little watches sold by mail order, alongside washing machines and examples of the substantial forced contribution to the war effort, such as chronometer equipment for fighter planes – all presented with a remarkable degree of transparency. Some may glory in their history; Glashütte bears the wounds ofthe past. Its current collections have not forsaken their original ethos: immaculate yet robust watches, full of watchmaking common sense, true to their aesthetic origins; the most recent in-house movement offers resounding proof of this. Soberly dubbed Calibre 36, its de- sign has been guided by a simple principle: less is more. In an age of increasingly extravagant watchmaking, Glashütte Original has devoted all its talent to producing a movement free from any marketing gimmicks or swagger: one that’s precise and reliable, and that will be just as easy to maintain a centuryfrom now, without sacrificing anything of its Germanic styling. It features the legendary three-quarter plate, covering most of the movement and designed to hold the parts more securely in the event of impacts – and the swan neck, a gracious component designed to regulate the watch’s accuracy. ◊ > “ La manufacture a produit un mouvement dénué d’artifices ”
  • 21. | 21 | Reportage Report _ Horlogerie-Watchmaking A L’ÈRE DU TEMPS ! Séductriceetglamour, GlashütteOriginal ?Lama- nufacturen’hésitepasàfaire appelauxblogueusesmode pourpromouvoirlaPavonina, sonmodèledestinéàune femmequireprésentedéjà prèsde30%desesventes. L’hommemodernen’estpas enreste,avecdesvariations bleuesdesaSixtiescomme aveclatoutedernièreSenator Chronometer,présentéeà Baselworldenmarsdernier. MOVING WITH THE TIMES Could Glashütte Original possibly be seductive and glamourous? The manu- facture has not shrunk from calling on fashion bloggers to promote Pavonina, the women’s model that already ac- counts for ten percent of its sales. The modern man has not been forgotten either, with blue variations for the Sixties model and the very latest Senator Chronometer, presented at Baselworld last March. Boutique GLASHÜTTE ORIGINAL 6, rue de la Paix du lundi au samedi de 10h30 à 19h
  • 22. | 22 | Joaillerie-Jewellery Savoir faire Expertise _ La joaillerie emprunte mille détours pourexpri- merla beauté des gemmes. Dans le périmètre animé de la rue Saint Honoré, trois joaillières passionnées déclinent avecvirtuosité l’art du bijou, à travers une perception personnelle et un sa- voir-faire remarquable. Brigitte Ermel, dont l’atelier crée des pièces pour les plus grandes marques, Valérie Danenberg, inspirée parle courantArt Déco, et Lydia Courteille, narratrice à l’imagination fertile. Femmes de caractère, elles livrent chacune leur vision de la joaillerie, qu’elles marquent du sceau de leur personnalité. La créativité de Brigitte Ermel s’inspire de l’esprit de la haute joaillerie. Ses réalisations d’excellente facture donnent toute leur place aux gemmes. Leursvolumes expriment l’opulence, leursformes la Jewellerytakesmanyroundaboutroutestoexpress thebeautyofgems.InthelivelyRueSaintHonoré neighbourhood,threeParisianjewellersbrilliantly displaytheirart, suffusedwith personal perspectives and remarkable knowhow: Brigitte Ermel, whose workshopproducesitemsforleadingbrands;Valérie Danenberg, drawing inspiration from the Art Déco movement; and Lydia Courteille, a storyteller with a lively imagination. These characterful women each deliver their own vision of jewellery, all of it bearing the hallmarks of their own distinctive personalities. Brigitte Ermel’s creativity draws inspiration from the spirit of fine jewellery. Her productions feature outs- tanding craftsmanship inwhich the gems take pride ofplace.Thepieces’sizeexudesopulence,whiletheir shapesspeakofdiscipline;theirsoftlines,highlighted Par-byNathalieKoelsch L ’ A U T R E J O A I L L E R I E P A R I S I E N N E A deux pas de la place Vendôme, dans le périmètre de la rue Saint Honoré, trois joaillières passionnées livrent avec brio une interprétation personnelle de la joaillerie : Brigitte Ermel, Valérie Danenberg et Lydia Courteille. P a r i s i a n j e w e l l e r s w i t h a d i f f e r e n c e Just a stone’s throwfrom PlaceVendôme, in and around Rue Saint Honoré, there are three passionate jewellers, each delivering a brilliant personal interpretation of jewel- lery: Brigitte Ermel,Valérie Danenberg and Lydia Courteille. l 1 l
  • 23. | 23 | Joaillerie-Jewellery Savoir faire Expertise _ by the warmth of rose gold or the deep hues of the stones themselves, are redolent with femininity and sensuality.Thisjewellerhasbeencreatingandprodu- cing rare itemsforsome 25years nowin herParisian workshop,atthecrossroadsbetweenclassicismand modernity. A qualified gemologist and passionate expert, Ermel has earned a solid reputation in the worldofluxury,recognisedbyawholestringofawards: she is a knight of the French National Order of the Legion of Honour, and has also won a coveted De BeersDiamondAward.Boldanddemanding,Brigitte Ermel invents her collections in the same way that she’sfashionedherlife–withpassion,unhesitatingly usinghighlyvaluablegemswhensheknowsshecan enhance their beauty. Fine Jewellery is still very much a man’s world, in which Ermel is a real pioneer, bringing a feminine perspective on jewels – something that’s enabled her to establish a special relationship with an es- sentially female clientele. Her evocatively-named collections–Précieuse,Olympia,OrientalandJardin Secret – are a delight for the eyes, whilst her iconic Tamara line, with its close lozenge-shaped settings, proudlyshowcasestimelesselegance.BrigitteErmel displaysflawlessprofessionalism,herworkembodying the natural elegance and demanding standards of French fine jewellery. ValérieDanenberg,meanwhile,isallaboutgentleness and delicacy, from her controlled movements to her rigueur, tandis que leurs lignes souples, soulignées par la chaleur de l’or rose ou la tonalité profonde des pierres, sont empreintes de féminité et de sensualité. Depuis près de 25 ans, cette joaillière crée et réalise dans son atelier parisien des pièces rares, à mi-chemin entre classicisme et modernité. Gemmologue diplômée, experte passionnée, elle a acquis une solide réputation dans l’univers du luxe, soulignée par de nombreuses récompenses : élevée au grade de Chevalierde l’Ordre National de la Légion d’Honneur, elle a également obtenu le célèbre Diamond Awards de la Maison De Beers. Audacieuse et exigeante, elle imagine ses collec- tions comme elle construit sa vie, avec passion, n‘hésitant pas à utiliser des gemmes de grande valeur dont elle sait exacerber la beauté. Véritable pionnière dans l’univers encoretrès mas- culin de la haute joaillerie, Brigitte Ermel apporte un regard féminin sur le bijou, lequel lui a permis d’établir une relation privilégiée avec une clientèle essentiellementféminine. Ses collections aux noms évocateurs – Précieuse, Olympia, Oriental, ouJardin Secret – charment le regard, tandis que sa ligne iconiqueTamara, au serti clos en forme de losange, arbore fièrement son élégance intemporelle. Dotée d’un professionnalisme sans faille, Brigitte Ermel incarne l’élégance naturelle et l’exigence de la haute joaillerie française. ChezValérie Danenberg,tout exprime la douceuret la délicatesse, de la retenue de ses gestes mesurés à savoix posée. Ces impressions se dégagent éga- lement de ses bijoux, raffinés, finement sertis et ajourés, présentés dans un magasin-boudoir aux couleurs claires et chaleureuses, rue du marché Saint Honoré. Véritable histoire de famille trans- mise par des parents antiquaires, la joaillerie s’est imposée à elle dès son plus jeune âge. Suivant ses aspirations, la créatrice a repris sans hésitation le flambeau familial, jusqu’à créer elle-même ses collections. Sensible aux arabesques du style Art Nouveau et aux lignes graphiques et structurées > l 1 , 2 et 3 l Lydia Courteille s’inprègne des légendes pour exercer une joaillerie ouvertement différente. l 2 l l 3 l
  • 24. | 24 | de l’Art Déco, sa période de prédilection, elle glisse leurs influences dans ses collections et laisse leurs codes guider ses créations. Ses collections, très féminines, multiplient les motifs délicats, les sertis perlés, et les ajourages évoquant la dentelle. Elle revisite les formes paniers en allégeant le travail du métal, et en donnant une place essentielle aux pierres. Pour Valérie Danenberg, le bijou, véritable gage d’amour, se décline en alliances et en bagues de fiançailles. L’univers du mariage est une vaste source d’inspiration et ses bagues d’engagement, en or blanc palladié serti d’un solitaire, arborent un bel équilibre. Véritables bijoux de peau, ses collections s’adaptent parfaitement sur les mains et les poignets. Ses lignes Colombine aux feuil- lages ajourés, ou Priscilla et ses anneaux arrondis, épousent le doigt comme une seconde peautandis que les bracelets Domitille, au serti précis, glisse au poignet sans accrocher la soie des vêtements. Scientifique, collectionneuse, gemmologue et grandevoyageuse, Lydia Courteillevisite, elle, tous les univers avec une insatiable curiosité. Unique dans sa façon libre et extravagante d’aborder la joaillerie, elle impose sa créativité opulente et pleine d’humour pour bousculer ouvertement les codes et les traditions. Elle décline l’art de la joaillerie avec un style qui n’appartient qu’à elle et une créativité sans limite, puisant son inspira- tion aux quatre coins du monde. Elle s’imprègne d’une légende, d’une rencontre, d’une expédition ou d’un souvenir, qu’elle réinvente pour mieux les interpréter en pièces de joaillerie. Narratrice de génie, Lydia Courteille, passionnée par l’opale et ses reflets de feu, aime raconter des histoires envoûtantes au fil de ses collections, portées par l’audace de ses compositions et une “ Valérie Danenberg multiplie les motifs délicats ” softvoice–andthesameistrueofhersophisticated jewels, resplendentwith fine settings and openwork, and presented in a boudoir boutique done out in light,warm colours on Rue du Marché Saint Honoré. Being a jeweller was the natural career path for her right from when she was a young child, following in thefootstepsofherparents,whowereantiquedealers. In line with her aspirations, the designer lost no time in taking up the family tradition, even creating her own collections.The arabesques oftheArt Nouveau style and the structured, graphic lines of Art Deco, herfavourite period, are a particularinfluence: subtly introduced into her collections, their ethos guiding her own creations. Her highly feminine pieces are replete with delicate motifs, set pearls and lace-like openwork. She revisits basket shapes, making the metalwork lighter and giving pride of place to the stones themselves. ForValérieDanenberg,jewellerycanoftenbeatangible proofoflove,asseeninherweddingandengagement rings.Theworldofmarriageoffersaboundlesssource ofinspiration;herengagementrings,inpalladiumwhite gold set with a solitaire, display a lovely balance. Her collections ofjewelleryinclude manybeautiful items forthewristsandarms,too.HerColombineline,with its foliage openwork, and the Priscilla range with its rounded rings, fit onthe fingerlike a second skin;the Domitillebracelets,withtheirprecisionjewel-setting, slip ontothewristwithout catching on silkgarments. LydiaCourteilleisascientist,collector,gemologistand seasonedtraveller,exploringanyandeveryworldwith insatiable curiosity. She is unique in her extravagant, free-spirited approachto jewellery, expressingtothe > l 4 l Valérie Danenberg, portée par le courant Art Déco, réalise des pièces féminines et délicates. Joaillerie-Jewellery Savoir faire Expertise _
  • 25. | 25 | imagination foisonnante. Sensible à la richesse chromatique des pierres, elle associe les tonalités et les gemmes, sans contrainte, pour créer des mariages inédits et des pièces souvent uniques. Ses collections, aux noms évocateurs, prennent leur source dans les mythes antiques qui ouvrent les portes du fantastique et de l’émotion. Reine de Saba, sa dernière collection, trouve sa source en Ethiopie, dans le pays légendaire d’une femme fascinante, dont le mystère perdure encore au- jourd’hui. Déclinée dans un camaïeu de verts et de brun, entre les tourmalines, les péridots, les tsavorites, les grenats et les émeraudes, elle plonge au cœur d’un pays extraordinaire, entre une vé- gétation luxuriante et des gisements de soufre. Véritable cabinet de curiosités, sa boutique, rue Saint Honoré, ouvre la porte d’un monde étonnant où les gemmes rares et précieuses dévoilent une partie de leurs secrets.◊ full herboundless, fun creativity, and openlydefying style codes and traditions. She brings her own per- sonal aesthetics and unfettered muse to the art of jewellery, drawing inspiration from the four corners of the globe – absorbing a legend, an encounter, an expedition or a memory, and then reinventing and interpreting it in the form of jewellery pieces. As a genius storyteller, Lydia Courteille is passio- nate about opalwith itsfieryhues. She loves relating bewitching tales through her collections, borne on theaudacityofhercompositions–andanextremely fertileimagination.Displayingparticularsensitivityto the manycolours ofjewels, she crosses everyborder to combine tones and gems, forging brand new al- liances – and creating pieces that are often one of a kind.Hercollectionsandtheirevocativenameshave their origins in ancient myths, opening the doors to the worlds of fantasy and emotion. Her most recent collection, Reine de Saba, has its source in Ethiopia – the legendary land of a fascinating woman whose mysteryis still undiminished. With a blend of greens and brown – tourmaline, peridot, tsavorite, garnet and emerald – she dives into awonderland inwhich both lush vegetation and sulphur deposits seem to abound. Her shop in Rue Saint Honoré is a genuine cabinet of curiosities – a portal to an amazing world inwhichrareandpreciousgemsrevealjustaglimpse of their secrets.. ◊ l 5 et 6 l La haute joaillerie de Brigitte Ermel, d’excellente facture, fait la part belle aux gemmes. l 5 l Joaillerie-Jewellery Savoir faire Expertise _ l 6 l
  • 26. | 26 | Hôtel-Hotel Patrimoine Heritage _ Par-byRomainRivière HÔTEL RITZ PARIS 15, place Vendôme 75001
  • 27. | 27 | Hôtel-Hotel Patrimoine Heritage _ Rendre à César ce qui lui appartient. Son Ritz. Ou plutôt, son aura. Lorsqu’il crée un hôtel à son nom, avec l’aide du chef Auguste Escoffier, en 1898, César Ritz ne rêve que d’une chose : l’imposer comme le plus pres- tigieux et le plus luxueux au monde. Ce qu’il fait rapidement en rachetant, place Vendôme, l’hôtel de Gramont, et en le faisant rénover entièrement par l’architecte Charles Mewès. L’hôtelier suisse, autodidacte, voit alors les choses en grand : lui qui a dirigé l’hôtel Savoy, à Londres, sait que son ambition sera atteinte à la condition d’offrir à son établissement tout le confort moderne : ainsi décide t-il d’installer l’électricité et le télé- phone dans chacune des 159 chambres de l’hôtel. Le 1er juin 1898, une grande réception marque l’inauguration du palace, qui devient aussitôt l’adresse incontournable des têtes couronnées et des vedettes du show business. En 2010, pourtant, le Ritz, en dépit de sa répu- tation, est relégué au second rang en passant à côté du label de Palace, tout juste mis en place en France et accordé à quelques rares établisse- ments d’excellence. Raison pour laquelle, deux ans plus tard, l’homme d’affaires égyptien Mohamed Al-Fayed, propriétaire de l’établissement depuis 1979, entreprend une importante rénovation de- vant permettre au majestueux cinq étoiles de conjuguer le charme et l’authenticité d’antan avec les technologies les plus abouties. Avec un Render unto Caesar that which is Caesar’s. His Ritz. Or rather, his aura. When he founded a hotel under his own name in 1898, with the help of chef Auguste Escoffier, César Ritz dreamed only of one thing: establi- shing it as the grandest, most luxurious hotel in the world. He was very quickly successful, buying the Hôtel de Gramont on Place Vendôme, and having it fully renovated by architect Charles Mewès. The self-taught Swiss hotelier had plenty of vision: he had managed the Savoy Hotel in London, and knew that he could achieve his ambition – provided he equipped his hotel with all the latest, modern conveniences. And so he decided to install electricity and telephones in every last one of the hotel’s 159 rooms. On June 1, 1898, there was a grand reception to celebrate the inauguration of the palace, which immediately became the place to go for crowned heads and showbiz stars alike. However, despite this stellar reputation, in 2010 the Ritz was relegated, failing in its attempt to secure the label of ‘Palace’, recently esta- blished in France and granted to a very select group of outstanding hotels. In the light of this development, two years later Egyptian tycoon Mohamed Al-Fayed, who has owned the hotel since 1979, undertook major renovation work so that the majestic five-star hotel could combine charm and authenticity with state-of-the-art P A L A C E R I T Z Considéré depuis sa création en 1898 comme l’un des hôtels les plus prestigieux au Monde, le Ritz a entrepris, en 2012, une rénovation intégrale qui doit lui permettre d’obtenir, après quatre ans de travaux, le sésame convoité de Palace. Il rouvre ses portes cet été. Just a stone’s throw from Place Vendôme, in and around Rue Saint Honoré, there are three passionate jewellers, each delivering a brilliant personal interpretation of jewellery: Brigitte Ermel, Valérie Danenberg and Lydia Courteille. R i t z P a l a c e > l 1 l En 1898, César Ritz souhaitait créer l’hôtel le plus prestigieux au Monde.
  • 28. | 28 | Patrimoine Heritage _ Hôtel-Hotel > double objectif : faire entrer le Ritz dans le XXIe siècle et obtenir la distinction de Palace. Le 1er août 2012, donc, l’hôtel plus que centenaire, dont le bâtiment est classé aux monuments histo- riques depuis les années 30, ferme ses portes afin d’entamer un chantier pharaonique. Mobilier et œuvres d’art, destinés à être remis en place, sont déménagés afin d’être soigneusement conser- vés. Parallèlement, d’éminents spécialistes de la restauration de bâtiments historiques et de nombreux artisans d’art s’attèlent à rénover les différents espaces. Pour le cabinet d’architecture d’intérieur Thierry Despont, le cahier des charges est clair : il convient de conserver la magie des lieux, tout en y ajoutant les dernières techno- logies de pointe. Quatre ans plus tard, en juin 2016, c’est un Ritz flambant neuf qui rouvre ses portes, promettant de rester fidèle à sa légende. UN TUNNEL SOUS LA PLACE Désormais, il est possible de rejoindre l’hôtel en toute discrétion depuis le parking souterrain de la place Vendôme, par un tunnel creusé spécia- technology. The aim was twofold: bringing the Ritz into the twenty-first century, and earning the coveted distinction of Palace. And so it was that on August 1, 2012, the hotel, by then over one hundred years old, in a building listed as a historic monument since the 1930s, closed, and Herculean works commenced. Works of art and furniture, destined to be put back into place, were removed and carefully stored. At the same time, eminent specialists in the restora- tion of historic buildings and a large number of craftsmen undertook the task of renovating the different areas. For interior architects Thierry Despont, the brief was clear: the aim was to preserve the magical atmosphere of the venue, whilst adding state-of-the-art technology. Four years on, in June 2016, a spanking new Ritz will be opening its doors – and promises to remain true to its legend. It is now possible to enter the hotel without being seen – from the underground car park on Place Vendôme, via a specially made tunnel. Once inside, guests will find intact the distinctive refinement of the Ritz, whose elegance and l 2 l Les experts et artisans d’art ont oeuvré quatre années à la rénovation du site.
  • 29. | 29 | Patrimoine Heritage _ Hôtel-Hotel lement. Une fois à l’intérieur, l’hôte retrouve le raffinement propre au Ritz, dont l’élégance et le luxe feutré incarnent l’art de vivre à la française, cher à César Ritz. Distinction suprême des plus somptueux hôtels particuliers, les salons de l’éta- blissement donnent directement sur un jardin à la française, héritage d’un savoir-faire paysager incomparable. En écho à l’esprit parisien des passages couverts, la lumineuse Galerie s’impose, elle, comme une nouvelle vitrine du luxe français : elle invite à découvrir les dernières collections de couture ou de joaillerie dans une ambiance in- time. Le patio arboré, modernisé, peut de son côté se transformer en un cosy jardin d’hiver grâce à sa verrière télescopique. Doté d’un bar ouvert dès midi, il offre une ambiance d’élégant café parisien. Le bar Hemingway, à l’at- mosphère chic inchangée, continue de proposer la dégustation de vieux alcools. Côté cuisine, la grande nouveauté réside dans l’arrivée du chef quadruple étoilé Nicolas Sale au printemps 2015 : fidèle à l’esprit d’Escoffier, il dirige désormais le restaurant Espadon, temple de la gastronomie française, véritable écrin de boiseries et de cristal proposant une carte composée de plats mythiques rehaussés d’une touche contemporaine. Habillées de boiseries fines et de tentures cou- leurs pastelles, les 71 chambres et 71 suites du Ritz mêlent harmonieusement la majesté du XVIIIe siècle, l’opulence du style Empire et la quintessence du classicisme. Les plus presti- gieuses évoquent, à travers leur nom et leur décoration, les plus illustres hôtes de l’histoire du Ritz : Coco Chanel, Marcel Proust, le duc de Windsor, etc. La suite impériale, avec ses 220 m2 répartis en deux chambres indexées aux salons historiques de six mètres sous plafond, offre une vue directe sur la place des joailliers. Le Ritz Club, enfin, retrouve tout son lustre avec sa splendide piscine, ses équipements sportifs dernier cri, et, surtout, son tout nouvel espace Chanel, le premier du genre, dédié à l’art du soin de la maison parisienne. Ce n’est pas vraiment un hasard si l’établissement s’est tourné vers elle pour le mettre en place : « Le Ritz, c’est ma maison », disait Coco Chanel en personne. C’est d’ailleurs de l’architecture du Ritz qu’elle s’était inspirée pour créer le flacon de son parfum my- thique, le Chanel N°5. ◊ gentle luxury embody the French lifestyle so dear to César Ritz. The hotel’s lounges overlook the supreme feature of the most sumptuous of Paris mansions – a French-style garden, a legacy of incomparable landscaping knowhow. Echoing the Parisian spirit of covered walkways, the light-filled Gallery is clearly destined to become a new showcase of French luxury, in- viting visitors to admire the latest fashion and jewellery collections in a secluded atmosphere. The modernised, tree- shaded patio can be transformed into a cosy winter garden thanks to a retractable glass roof. It offers all the atmosphere of an elegant Paris café, with a bar open from midday onwards. The Hemingway bar, whose chic ambiance remains unchanged, will still be serving fine aged spi- rits. The big news in the kitchen is the arrival of four-star chef Nicolas Sale in spring 2015: faithful to Escoffier’s ethos, he has now taken charge of the Espadon restaurant, a temple of French gastronomy – amid a fine décor of wood panelling and crystal, it offers a menu replete with legendary dishes, enhanced by a contemporary touch. Clad in fine timber panelling and hangings in pastel shades, the Ritz’s 71 rooms and 71 suites harmoniously combine eighteenth-century majesty, Empire style opulence and the quin- tessence of classicism. The names and décor of the most prestigious rooms are evocative of the most illustrious guests in the history of the Ritz: Coco Chanel, Marcel Proust, the Duke of Windsor, and others. The imperial suite, a massive 220m2 of space with two bedrooms connecting to the historic lounges complete with six-metre-high ceilings, boasts direct views of Place Vendôme. And the Ritz Club has lost none of its lustre either, with a splendid pool, state-of-the-art sports installations, and above all, a brand new Chanel space, the first of its kind, dedicated to the Paris hotel’s art of treat- ments. It’s hardly an accident that when setting up this facility, the hotel opted to use the name of Coco Chanel: “ the Ritz is my home ” is what the great lady herself used to say. What’s more, she drew inspiration from the architecture of the Ritz to create the bottle for her legendary perfume, Chanel No. 5. ◊ “ Les suites évoquent les hôtes prestigieux de l'histoire du Ritz ”
  • 30. Héritage Heritage _ Par-byBlancheRivière | 30 | D O I R Mode-Fashion l 1 l Soucieux de redonner à la femme le goût de plaire, Christian Dior inventa le tailleur Bar en 1947. Une légende !
  • 31. | 31 | Héritage Heritage _ Ce matin de 1915, le jeune Christian Dior dessine. Il rêve. Assis sur les rochers, les mouettes volant tout autour de lui, face aux îles de Chausey et de Jersey, il écoute l’écume des vagues heurtant les falaises de Granville. Agé de dix ans, il ignore certainement qu’un jour, son nom résonnera aux quatre coins du monde comme un symbole incontestable du luxe, et s’imposera comme l’une des griffes les plus importantes au Monde. Ses parents le voient diplomate. Mais lui, le rêveur, capable de passer des heures à observer la mer ou à lire entre les somptueux meubles Henri II et Louis XV de la maison familiale, voit les choses autrement. Son échec à l’école des Sciences Politiques met d’ailleurs rapidement un terme à toute ambition politique. Dix ans durant, Christian Dior enchaine les petits boulots : vente de tableaux, croquis, dessins de mode… Son talent de dessinateur ne passe pas inaperçu, et, de fils en aiguilles, Christian Dior parvient à faire publier des dessins publicitaires dans Le Figaro, en 1937. L’année suivante, le prince de la mode, Robert Piguet, l’engage. Mais la guerre, qui éclate à nouveau, oblige le jeune homme à quitter Paris. Le conflit enfin terminé, Christian remonte à la Capitale. C’est alors qu’il rencontre Marcel. Marcel Boussac, le roi du textile. Et c’est là que tout commence. Marcel Boussac voit en Christian Dior un génie, doté d’un sens inné de la beauté, des couleurs, des proportions et de la féminité. Il lui offre, en 1946, une maison de couture à son nom, et, au passage, une adresse prestigieuse : 30, avenue Montaigne, à Paris. Après une longue période One morning in 1915, the young Christian Dior was drawing – and dreaming. Sitting on the rockswithgullswheelingabovehim,gazingout towardstheChauseyIslandsandJersey,helistenedto thewavesandspraysplashagainsttheGranvillecliffs. At the tender age often, he was certainlyunware that one day his name would resound in the four corners of the globe as an undisputed symbol of luxury, and be established as one of the greatest brands on the planet.Hisparentswantedhimtobecomeadiplomat, buthewasadreamer–capableofspendinghourson endobservingthesea,orreading,ensconcedbetween the sumptuous Henri II and Louis XV furniture of the familyhome–andsawthingsdifferently.Besides,his failureattheSchoolofPoliticalSciencequicklyputan end to any political ambitions. Forten years Christian Dior had a succession of odd jobs, selling paintings, sketches…andfashiondesigns.Histalentasadesigner did not go unnoticed; onething ledto another, and in 1937 Christian Dior managed to get some advertising drawingspublishedinLeFigaro.Thefollowingyear,he was taken on by Robert Piguet, the prince offashion; but when war broke out again, the young man was obliged to leave Paris. When the war finally ended, Christian returned to the capital – and that’s when he met ‘Marcel’, Marcel Boussac, the king oftextiles, and things reallygot going. Marcel Boussac saw Christian Dior as a genius, en- dowed with an innate sense of beauty, colour and proportion. In 1946, he gave him a fashion house in his name, and alongwith it, a prestigious address: 30, avenue Montaigne, Paris. After a long period of post- warausterity,ChristianDiorsoughttorestorewomen’s taste for being liked, liking themselves, and arousing E T D I O R C R É A L A F E M M E D i o r c r e a t e d w o m e n Depuis ses débuts en 1946, la maison Dior n’en finit pas de connaître le succès. Aujourd’hui largement diversifiée, elle s’impose désormais comme l’une des plus importantes du secteurdu luxe. Since its beginnings in 1946, Dior has been enduringly successful. The brand is now highly diversified, and has become one of the largest firms in the luxury industry. > Mode-Fashion
  • 32. | 32 | Mode-Fashion Héritage Heritage _ d’austérité, guerre oblige, Christian Dior entend redonner à la femme le goût de plaire, de se plaire, et de susciter du désir. Il dessine alors une nouvelle ligne, caractérisée par une taille cintrée, une poitrine haute et ronde, des épaules étroites et des jambes couvertes jusqu’à quarante centimètres au dessus du sol. Une révolution ! Le tailleur Bar est né et devient, dès la collection estivale de 1947, une légende. Pierre Cardin, le premier tailleur de Christian Dior, contribue lar- gement à son succès. La coupe corolle et la ligne en huit, qu’une journaliste américaine surnomme New Look, bouleversent l’univers de la mode et le Monde entier retient son souffle d’admiration. Dans l’esprit du couturier, « il est aussi important pour une femme d’avoir un parfum subtil que des tenues élégantes. » Il lance donc, la même année, son premier parfum, Miss Dior. Les années qui suivent sont marquées par une importante expansion à l’international. Visionnaire, Christian Dior part en effet à la conquête des Etats-Unis, en plein essor, moins d’un an après le lancement de sa première collec- tion. Dans la foulée, il ouvre, à travers le monde, des bureaux de relations publiques, organise des défilés internationaux, utilise les médias pour vanter sa marque, et assoit sa notoriété en habillant des vedettes, à l’instar de Marlène Dietrich, de Liz Taylor ou de Marilyn Monroe. En quinze ans, la maison s’étend dans quinze pays et s’accapare, à elle seule, 75 % des exportations de la mode parisienne. LE GOÛT DES FLEURS Grand amoureux des fleurs et de la nature, comme sa mère, Christian Dior jette son dévolu sur le pays Grassois et l’enivrante Provence. En 1955, il acquiert le majestueux Château de la Colle Noire et son parc de cinquante hectares, où il décide de cultiver ses propres fleurs pour ses parfums. C’est au Domaine de Manon, d’ailleurs, que la maison Dior cultive, encore aujourd’hui, le jasmin de ses par- fums et ses roses de mai. En 1957, Christian Dior décède, à 52 ans. Yves Saint-Laurent, qui l’assiste depuis deux ans, reprend les rênes de l’entreprise. Il n’a que 21 ans, et montre autant de fierté que d’angoisse face à ses nouvelles res- ponsabilités. Mais en dévoilant sa ligne Trapèze, en 1958, le jeune couturier rencontre un succès immédiat. La presse lui offre ses galons de grand couturier. Deux ans plus tard, appelé sous les drapeaux, Yves Saint-Laurent quitte le bateau desire.Hedesignedanewline,withadistinctivefitted waist, a high rounded bust, and narrow shoulders, with the legs covered to just forty centimetres from the ground: a revolution. The Bar suit was born, and from the 1947 summer collection onwards, became a legend. Pierre Cardin, Christian Dior’s first tailor, was a major contributorto its success.The flared skirt and hourglass cut, dubbedthe NewLook byanAmerican journalist,turnedtheworldoffashionupsidedown–and theworldatlargewasbreathlesswithadmiration.The fashion designer’s thinking didn’t stop there: “ as well as elegant outfits, it’s just as important for a woman to have a subtle perfume ”; and so the same year, he launched his first fragrance – Miss Dior. The following years were characterised by extensive internationalexpansion.ChristianDiorwasavisionary, settingofftoconquertheboomingUnitedStatesless thanoneyearafterthelaunchofhisfirstcollection.And while he was at it, he opened PR offices worldwide, organised international fashion shows, used the media to plug his brand, and cemented his repu- tation by making outfits for stars such as Marlene Dietrich, Elizabeth Taylor and Marilyn Monroe. Within the space of fif- teen years, the maison had moved into fifteen countries. Likehismother,ChristianDiorwasagreatloverofflowers and nature, becoming enamoured with the Grasse area andthe surrounding Provence region. In 1955, he bought the majestic Château de la Colle Noire, with itsfiftyhectaresofgrounds,wherehedecidedtogrow l 1 l Vite repéré pour son sens de la fémi- nité, Christian Dior ouvre une maison à son nom en 1946. “ La première maison de couture parisienne ” >
  • 33. | 33 | Mode-Fashion Héritage Heritage _ his own flowers for his perfumes. Dior still grows the jasmineforitsperfumes,aswellasitsProvenceroses, attheDomainedeManon.ChristianDiordiedin1957, aged 52.Yves Saint-Laurent, who had been assisting himfortwoyears,tookoverthebusiness.Hewasonly 21, and was both proud and anxious about his new responsibilities. Butwhentheyoung fashion designer unveiled his Trapeze line in 1958, he met with imme- diatesuccess.Thepressacknowledgedhimasagreat fashiondesigner.Twoyearslater,YvesSaint-Laurentwas calledupformilitary service,andleftDior. Marc Bonhan took overfromhim,brin- gingamoremodern touchtothefashion house. With his re- markable creations –BabyDiorfollowed by Dior Monsieur – Marc Bonhan was a credit to his predecessors. It was under his reign that the firm launched its watch col- lection, in 1975. By 1988, when Bonhan handed over to his successor, Gianfranco Ferré, Dior had become established as the leading fashion house in Paris, ac- counting for 15% of all haute couture clientele. The firm moved up another gear again on the eve of the 1990s, coming under the leadership of Bernard ArnaultwhenthebusinessmanboughtouttheBoussac Saint-Frèrestextilegroup,ownersoftheChristianDior brand. As CEO of the LVMH group, in 1989 the new bossbroughttogetherthefirm’sperfumeandfashion entitywithinthesameholdingcompany,enlistingJohn Galliano, and laterVictoire de Castellane,towhom he entrusted the firm’s fine jewellery business in 1998, to revitalise the brand and raise its profile, in line with Christian Dior’s original idea of ‘global luxury’. In2011,JohnGalliano’sdepartureleftthefirmbereftof itsartisticdirector.Hewaseventuallyreplacedayearlater bytheBelgianRafSimons,bringingamarkedchange withhisminimalisticapproach.RafSimons’firsthaute couture collection, which initially met with a mixed reception,wasareturntothefirm’sroots,revisitingthe NewLookshape andtheflared cut.With his gracious, delicate style, he made women look like the flowers inthefairytalegardeninGranville.Oneyearon,hetoo sawsuccess–despitewhich,theBelgiandesignerleft the Paris maison in autumn 2015.◊ Dior. Marc Bonhan lui succède et insuffle un air plus moderne à la maison de couture. Avec ses créations remarquables, Baby Dior puis Dior Monsieur, Marc Bonhan fait honneur à ses prédécesseurs. C’est sous son ère que la maison lance, en 1975, sa collection horlogère. Lorsqu’il passe la main à son successeur, Gianfranco Ferré, en 1988, Dior s’impose comme la première maison de couture de Paris et totalise 15 % de la clientèle de la haute couture. Peu de temps avant les années 1990, tout s’accé- lère pour l’entreprise, qui passe sous le contrôle de Bernard Arnault au mo- ment où l’homme d’af- faires rachète le groupe de textile Boussac Saint- Frères, propriétaire de la marque Christian Dior. Président du groupe LVMH, le nouveau PDG réunit en 1989 l’entité de parfumerie et de couture de la maison, au sein du même holding. C’est lui qui fait appel à John Galliano, puis à Victoire de Castellane à qui il confie, en 1998, la haute joaillerie de la maison, afin de redonner du dynamisme et de la visibilité à la marque, poursuivant l’idée d’origine de Christian Dior : celle d’un luxe global. En 2011, le départ de John Galliano ampute la maison de sa direction artistique. Un an plus tard, le belge Raf Simons le remplace finalement, s’opposant à lui par son minimalisme. Sa première collection de haute couture, qui reçoit un accueil mitigé, constitue un retour aux sources pour la maison. Raf Simons, en effet, revisite la silhouette New Look et la coupe corolle. Avec son style gracieux et délicat, il parvient à rendre les femmes semblables aux fleurs du jardin féérique de Granville. Et finalement, le succès, une fois de plus, est au rendez-vous. Mais en dépit de ce succès, le créateur belge quitte la maison parisienne au cours de l’automne 2015.  ◊ l 2 l Depuis les années 90, la maroquinerie constitue un autre pilier de la maison. “ Poursuivre l’idée d’origine : celle d’un luxe global ”
  • 34. | 34 | Regard Look _ B A L L A D E | Photographe - Photographer | OLIVIER CHOMIS
  • 35. | 35 | Regard Look _ l 1 l Les travaux de rénovation des Halles ont permis de regrouper ascenseurs, escaliers et escalators, dans un souci de simplification des parcours.
  • 36. | 36 | l 2 l Inaugurée en 1988, la Pyramide du Louvre est composée de 603 losanges et 70 triangles de verre. Symbole du quartier, elle est devenue la troisième œuvre la plus appréciée du musée. Regard Look _
  • 37. | 37 | l 3 l Les jours de pluie, le jogger rejoint la Seine par un souterrain situé sous le jardin des Tuileries. l 4 l Toute en courbes, la grande verrière de la Canopée a été conçue telle une immense feuille translucide ondoyant à la hauteur de la cime des arbres. Regard Look _
  • 38. | 38 | Dubistrotauxchaussures,iln’yaqu’unpas.En1947, Rose Repetto, alors bistrotière quarantenaire, ne supporte plus de voir son petit garçon – Rolland Petit, l’un des plus grands danseurs du XXe siècle, ndlr -, danseuràl’écoledel’OpéraNationaldeParis,rentrerchaque soir les pieds en sang. Elle décide alors de lui coudre elle- même sa propre paire de ballerine. Et c’est ainsi que née lamarqueRepetto,désormaismythiquedansl’universde la danse, mais aussi dans la mode et le cinéma. Devant le succèsdesaméthode–lecousuretourné–,RoseRepetto ouvresapremièreboutiquenonloindel’OpéraGarnier.En 1956,BrigitteBardotdemandeàRosedeluiconfectionner une paire de ballerine de ville, qui lui permettrait à la fois de danser et de se promener. La ballerine Cendrillon voit alors le jour, et connaît un succès immédiat. Dix ans plus tard,lacréatriceimplantesaproductiondansuneusinede Dordogne. Dans les années 70, Serge Gainsbourg devient ambassadeur de la marque en portant le modèle Zizi, conçu à la base pour la belle-fille de Rose. Si le modèle n’est qu’en fait une simple paire de ballerines blanches, il peut néanmoins se targuer d’avoir ouvert l’accessoire à la clientèle masculine  ! En 1984, Rose Repetto décède. Sa disparition donne un coup devieux à la marque. Laquelle, petitàpetit,sombredansl’oublietfrôlelafaillite.C’estalors queMonsieurGaucher,quienreprendladirectionen1999, décidedecollaboreravecdesmarquesjaponaises.Etvoilà que la légendaire ballerine connaît à nouveau le succès. Dans son domaine, la marque fait aujourd’hui figure de modèleetd’exception.Eneffet,sisontextileetseschaus- sures à talons sont produits à l’étranger, ses ballerines et ses pointes, elles, sont entièrement confectionnées dans l’usinedeSaint-Médardd’Excideuil.Parailleurs,ellepropose, depuis quelques années, une gamme sur mesure, qui ne manque pas d’attirer les danseurs de l’Opéra de Paris, du Royal Ballet de Londres ou encore du Bolchoï de Moscou. Son fils, Roland Petit, devint l’un de plus grand danseur classiqueduXXesiècle,etépouseraplustardlanonmoins célèbre danseuse ZiziJeanmaire. ◊ Mode-Fashion L A B A L L E R I N E L É G E N D A I R E R E P E T T O R e p e t t o ’ s l e g e n d a r y b a l l e t s h o e s Saga Saga _ Par-byBlancheRivière Créée au milieu du XXe siècle, Repetto, qui a construit son succès sur sa légendaire balle- rine, s’est rapidement imposée comme une marque incontournable dans l’univers de la danse, de la mode et du cinéma. Founded in the mid-twentieth century, Repetto, which has built its success around its legendary ballerinas, quickly became es- tablished as an essential brand in the worlds of ballet, fashion and film. It was just one small step from bistro to shoes. In 1947, Rose Repetto, a forty-something bar manager, could no longerstand seeing herlittle boy– Rolland Petit (Ed.: one of the greatest dancers of the twentieth century), a dancer at the Paris National Opera school, come home with his feet bleeding every evening. So she decided to sew him his own pair of ballet shoes. And so was born the Repetto brand, now legendary not only in the world of dance but also in fashion and cinema. On the back ofthe success of her cousu retourné ‘sewn- back’ method, Rose Repetto opened her first boutique not far from the Garnier Opera House. In 1956, Brigitte Bardot asked Rose to make her a pair of dress ballet shoes that she could wear for dancing and going out. The Cendrillon ballerina came into being and was an overnight success. Ten years later, the designer moved production to a factory in Dordogne. In the 1970s, Serge Gainsbourg became an ambassador for the brand by wearing the Zizi model, originally designed for Rose’s daughter-in-law. Although the model was basically just a pair ofwhite ballerinas, it deserves full credit for having opened the accessory up to a male clientele! Rose Repetto died in 1984, andwith herdeath,the brand seemedto age all ofa sudden. Little bylittle itfadedfrom view and almost went bankrupt. In 1999, it was taken on by Mr Gaucher, who decided to work in partnership with Japanese brands – andthe legendaryballerina bounced back to success. The brand is now an outstanding and exceptional example in its field. While its textiles and high-heeledshoesareproducedabroad,itsballerinasand balletshoesareentirelymanufacturedintheSaint-Médard d’Excideul factory.And forsomeyears now, Repetto has beenofferingamade-to-measurerange–whichnaturally attracts dancers from the Paris Opera House, the Royal Ballet in London and the Bolshoi in Moscow. Rose’s son, Roland Petit, went on to become one of the greatest ballet dancers ofthetwentieth century, and later married anotherequallyfamous dancer, ZiziJeanmarie. ◊
  • 39. | 39 | Mode-Fashion Saga Saga _ Boutique REPETTO 22, rue de la Paix Du lundi au samedi de 9h30 à 19h30
  • 40. | 40 | Confidences Confidences _ Mode-FashionPar-byBlancheRivière Boutique TARA JARMON 400, rue Saint Honoré du lundi au samedi, de 10h30 à 20h
  • 41. | 41 | Confidences Confidences _ L’an dernier, vous avez remporté, à Rolland Garros, le Tournoi des Personnalités. Letennis est-il une passion ? Oui, c’est ma grande passion. Même si je joue très mal, j’aime le pratiquer trois ou quatre fois par semaine. D’ailleurs il fait si beau que j’irais bien sur le court (rire) ! Tara Jarmon célèbre cette année son trentième anni- versaire. Comment allez-vous marquer l’événement ? Pour nous, l’événement de l’année réside dans la réno- vation complète et l’agrandissement de notre boutique des Champs Elysées. Jusqu’alors étendue sur 150 m2 répartis en deux niveaux, elle passera, dès sa réouver- ture à l’automne prochain, à près de 400 m2 répartis sur trois niveaux, hauts de plafond et conçus dans un style haussmannien. Il s’agit d’un événement impor- tant pour nous, puisque, pour cette transformation, cette boutique doit fermer tout l’été. Heureusement, David, le PDG de l’entreprise, garde un œil sur tout et ne manque pas d’idées ! T A R A J A R M O N LacréatricedemodecanadienneTaraJarmon, ancienne mannequin, étudiante en Sciences Politiques, célèbre cette année les trente ans desamarqueéponyme,symboledel’élégance féminine parisienne. Rencontre avec cette amoureuse de la Capitale, à la voix feutrée et à l’accent prononcé. ThisyearCanadianfashiondesignerTaraJarmon, a formermodel and political science student, is celebratingthethirtiethanniversaryofthebrand thatbearshername–andthat’sbecomeasym- bolofParisianfeminineelegance.Wemether,and discoveredawomanwithasoftvoiceandstrong accentwho’s in lovewith France’s capital city. Last year you won the Celebrities Tournament at Roland Garros. Is tennis a passion for you? Yes, it’s the love of my life. Even though I’m not very good at it, I like to play three or four times a week. In fact the weather’s so nice that I’d like to get out on the court right now! This year, Tara Jarmon is celebrating its thirtieth anniversary. What are you going to do to mark the event? The event of the year for us is the full renovation and extension of our shop on the Champs Elysées. We previously had 150 sqm on two floors; by the time we open again next autumn we’ll have some 400 sqm on three levels, featuring high ceilings and in the Haussmann style. It’s a major undertaking for us, as the shop will be closed all summer for the rebuilding. Fortunately, David, the company’s CEO, is keeping an eye on everything and has plenty of ideas! “ C ’ e s t p o u r l a p a r i s i e n n e q u e j e c r é e d e s v ê t e m e n t s  ” > Mode-Fashion
  • 42. | 42 | Commentvous estvenue l’idée de créervotre marque ? Sans réfléchir (rires) ! Je venais de finir mes études, et je ne trouvais pas de vêtements pour mes entretiens. J’aurais souhaité porter un tailleur associé à une jupe, mais rien ne me convenait. Alors l’idée de créer une marque m’est venue, sans prise de tête. On se prenait moins la tête, à l’époque. David Jarmon, créateur de chemises pour homme – et mon mari à l’époque – m’a aidé en me prêtant une petite pièce dans ses bureaux. Et tout a commencé… C’est donc, aujourd’hui, une entreprise familiale… Plus que jamais, oui, puisque deux de mestrois enfants travaillent désormais avec moi. Ma fille Camille, qui a 25 ans, s’occupe de l’e-boutique. Et mon fils ainé, âgé de 27 ans, du marketing. Ils sont très doués et plus portés que moi sur le business (rires). Comment définissez-vous Tara Jarmon ? Au début, je cherchais surtout à donner un style sixties. Aujourd’hui, ma ligne directrice demeure la parisienne. C’est elle qui m’inspire et c’est pourelle que je crée mes collections. Elle est à lafois élégante et moderne. Unique ! Comment se définira votre prochaine collection au- tomne – hiver ? Il y aura plus de fluidité dans les pièces, moins de rigidité et moins d’uniformité. Davantage, aussi, de mélanges dans les matières, et de jeux de transpa- rences. Elle s’éloignera du style sixties pour être plus dans l’air du temps. Vos pièces phares ? La jupe trapèze, la robe trois trous, les rayures et les empiècements font partie de ma signature.Je les traite toujours avec un grand souci du détail, de manière à les rendre uniques. Des marques ou des modèles fêtiches ? J’admire tout particulièrement le travail de Raf Simons chez Dior. Pour le reste, je suis émerveillée par nombre de créateurs. Côté style, je porte un peu de tout – mais beaucoup de Tara Jarmon ! J’ai beaucoup de robes et de manteaux, et à l’inverse, très peu de bijoux. Vous êtes une grande admiratrice de Catherine Deneuve… Je l’admire beaucoup en effet. Elle est belle et élégante. Je l’ai découverte à l’époque sur des affiches de cos- métique Chanel, à Vancouver. Là-bas, il n’y avait pas beaucoup de magasins de mode. ◊ > l 1 l D’abord inspirée par les années 60, Tara Jarmon crée aujourd’hui pour la parisienne. Mode-Fashion Confidences Confidences _ “  I d e s i g n g a r m e n t s f o r t h e P a r i s i a n w o m a n   ”
  • 43. | 43 | “ La parisienne est unique, élégante et moderne à la fois ” l 2 l La jupe trapèze, signature de la créatrice. How did you get the idea of creating your brand? I didn’t even think about it (laughs)! I’d just graduated and couldn’t find any clothes to wear for my interviews. I would have liked to wear a suit with a skirt, but there was nothing I felt comfortable with. So I had the idea of creating a brand – just like that.Things were less compli- cated backthenthantheyare nowadays. DavidJarmon, a designer of men’s shirts – who I was married to at the time – helped me by lending me a small room in his offices. And that’s how it all began… So now it’s a family business... Yes, more than ever; two of my three children now work with me. Mydaughter, Camille, who is 25, looks afterthe online store, and my oldest son, who’s 27, takes care of marketing. They’re very gifted, and both have a better head for business than I do (laughs). How would you define Tara Jarmon? To begin with, I was aiming primarily for a Sixties style. Now my muse is the Parisienne. The Parisian woman is my source of inspiration, and that’s who I create my collections for. She’s both elegant and modern – and that’s unique. What will your next autumn-winter collection be like? The garments will be more fluid – less rigid and uniform. There’ll be more mixing of materials and see-through effects, too. There’ll be a move away from the Sixties style to something more modern. What are your flagship items? The flared skirt, three-hole dress, stripes and yokes are all part of my distinctive signature. I always pay a great deal ofattentiontothe details ofthose aspects,to make them absolutely distinctive. Do you have any favourite brands or models? I especially admire Raf Simons’ work at Dior, but I love lots of designers. As far as style goes, I wear a little of everything – but a lot of Tara Jarmon! I have a lot of dresses and coats, but very little jewellery. You’reagreatadmirerofCatherineDeneuve,aren’tyou? Yes, I admire hera lot; she’s both beautiful and elegant. I first found out about her when she appeared on Chanel cosmetics posters in Vancouver – there weren’t a lot of fashion shops there. ◊ Mode-Fashion Confidences Confidences _
  • 44. | 44 | C H R O N O P A S S I O N L E P R E M I E R D E S M O H I C A N S C h r o n o p a s s i o n : t h e f i r s t o f t h e M o h i c a n s Depuis près de trente ans, Chronopassion incarne l’horlogerie, ou plutôt une certaine forme d’horlogerie : indépendante, libre, créative. Son modèle est unique mais fut surtout l’un des premiers au monde. Visite d’une chapelle à laquelle des fidèles venus du monde entier vouent un véritable culte . Chronopassion has been the epitome ofwatchmaking – or more accurately, a certain form of watchmaking; independent, free and creative – for almost thirty years. It boasts a business model that’s not only unique, but was also one ofthe first such models of any kind in the world. Olivier Muller joined the true believerswho come from all overtheworld tovisit this horological shrine. Est-on encore un outsider lorsque l’on est depuis 25 ans dans la place, que l’on compte ses fans sociaux par dizaines de milliers et que l’on se fait arrêter dans la rue à Hong-Kong pour signer des autographes ? La question est d’autant plus difficile pour Chronopassion que Laurent Picciotto, son président fondateur, ne se l’est jamais posée. L’enseigne de la rue Saint Honoré est nativement atypique. Non par choix, mais par circonstances : à la fin des années 80, le métier de détaillant horloger n’existait quasiment pas. « On parlait le plus souvent d’horloger-bi- joutier, qui faisait de temps à autres de l’entre- tien-réparation. Des commerces familiaux pour la plupart, avec une clientèle exclusivement locale », se remémore l’homme. Lequel, aujourd’hui, ne saurait être plus loin de ce point de départ : la clientèle de Chronopassion est cosmopolite et son enseigne, il l’a bâtie seul. Seul ou, pour être juste, aux côtés de nombreuses marques. Certaines l’ont soutenu, d’autres... non. De celles-ci, Laurent Picciotto ne parle pas : les inimitiés d’hier seront peut-être les noces de demain. Reste que Chronopassion, malgré ces aléas de la nébuleuse horlogère, a toujours gardé sa ligne Canyoustillbeanoutsiderwhenfirstyousetout yourstallover25yearsago,havetensofthou- sandsoffansonsocialmedia,andarestopped in the street in Hong Kong to sign autographs? The question is all the more difficult when it comes to Chronopassion; Laurent Picciotto, its founder and CEO, is notthe sortto ask himselfthat kind ofthing. TheRueSaintHonoréstoreisinnatelyatypical,notby choice but by circumstance: in the late 1980s, there wasvirtuallynosuchthingasawatchretailer.“ People usually referred to watchmaker-jewellers, who from time to time did some repair work. Most of them werefamilyfirms,with an exclusivelylocal clientele, ” recallsLaurentPicciotto.Whereheisnowcouldn’tbe furtherremovedfromthatparadigm.Chronopassion’s clienteleiscosmopolitan,andLaurenthasbuiltupthe store’s brand entirely on his own, albeit at the same time as a large number of brands – some of which have supported him, others not. Laurent Picciotto refrainsfromnamingandshamingthosethatdidn’t: afterall, formerhostilities mayinthe future giveway to blissful unions. Thefactisthatthroughallsuchupsanddownsinthe complexworld ofwatchmaking, Chronopassion has always stuck to the same values: “ choosing brands Par-byOlivierMullerHorlogerie-Watchmaking Boutique Store _
  • 45. | 45 | directrice : « choisir des marques et des pièces qui apportent quelque chose de nouveau ». Certes, le nouveau pour l’un n’est pas nécessairement celui de l’autre. D’autre part, il existe un fossé entre nouveau et nouveauté, que le marketing horloger s’emploie jour après jour à combler. Chronopassion n’y est plus sensible depuis des lustres. « C’est avant tout une histoire d’hommes, pas de storytelling », explique Laurent Picciotto. « Je ne parlerai pas d’hommes providentiels, mais il en existe certains qui ont la capacité, la vision et la ténacité pour faire bouger les lignes. Jean-Claude Biver avec Hublot en est l’exemple le plus flagrant, mais on peut également penser à ce qu’est en train de réaliser François-Henry Bennahmias chezAudemars Piguet ou, à moindre échelle, au clan Meylan chez H. Moser & Cie. Ces marques au profil institutionnel ont su capter de nouveaux clients en se renouvelant, pas en restant au XVIIIe, ambiance calèche et perruque poudrée ». Chronopassion, à son échelle, a su elle aussi faire bouger les lignes par une méthode très simple : prendre de jeunes marques dans ses rayons lorsque personne ne leur donnait une chance. Voire, au besoin, les cofinancer. On se souvient andtimepiecesthat contribute something new. ” Of course, what is new for some will not necessarily be so for others. What’s more, there’s a gulf between newness and novelty – a gap that watchmaking marketing departments are constantly doing their best to bridge. Chronopassion has been inured to such practices for a very long time. “ It’s people who are important, not storytelling, ” explains Laurent Picciotto. “ I might not go so far as to talk in terms ofmiracle-makers, butthere arethosewho havethe capacity, vision and tenacityto break down barriers. Jean-Claude Biver, with Hublot, is the most striking example of this; François-Henry Bennahmias is doing something similar with Audemars Piguet, and on a smaller scale, so are the Meylan clan at H. Moser & Cie. These brands with an institutional profile have successfully won over new clients by reinventingthemselves, ratherthan remaining stuck inaneighteenth-centurytimewarpalongwithhorse- drawn carriages and powdered wigs. ” Atitsownlevel,Chronopassionhasalsobrokendown barriers by using a very simple method: accepting emerging brands onto its shelveswhen nobodyelse wasgivingthemachance–sometimeswithfinancial backingifnecessary.Urwerk,MB&FandRichardMille are cases in point.Today,theseyoung, independent > l 1 l L’écrin de la rue Saint Honoré propose une sélection unique de pièces de haute horlogerie. Horlogerie-Watchmaking Boutique Store _