Au cœur de la French Tech Lille, au sein de l’écosystème EuraTechnologies découvrez Interface, fruit d’un travail commun entre le centre Inria Lille – Nord Europe et ses partenaires académiques et industriels, il présente les derniers travaux de recherche menés par les scientifiques en sciences du numérique.
Lille by Inria numéro 9 - Interface, un espace pour les interactions Recherche - Entreprises
1. INTERFACE
UN ESPACE POUR
LES INTERACTIONS
RECHERCHE-ENTREPRISES
FOCUS >
Inria et Keolis : la modélisation
au service de la sécurité
FACE A FACE >
Cybersécurité
BD >
L’agriculture connectée, même là
où il n’y a pas de réseau
#09
LE MAGAZINE DU CENTRE INRIA LILLE - NORD EUROPE
JUIN 2019
DOSSIER
3. FACE A FACE
INTERVIEWS
Comment se positionne IBM
en matière de cybersécurité
sur le territoire régional ?
En Janvier 2018, lors du FIC, IBM a
annoncé l’ouverture d’un nouveau
centre d’opérations de sécurité (SOC) à
Lille, opérationnel 24h/24, 7j/7, destiné
àservirlesentreprisesdetoussecteurs.
Ce dispositif vient compléter les
investissements déjà réalisés par le
groupe IBM dans la région à travers
l’ouverture d’un centre de services en
2013 et celle d’un nouvel espace sur le
site d’EuraTechnologies en décembre
Quels sont pour vous les grands
enjeux actuels en termes de
cybersécurité ?
Les attaquants développent de
nouvelles stratégies qui nécessitent
que nous fassions évoluer nos moyens
d’action. Nous observons notamment
chez nos adversaires une tendance à
exploiterlesrelationsdeconfianceentre
partenaires dans l’objectif d’atteindre
une cible finale.
Notons un point positif : si les modes
opératoires d’attaque évoluent, c’est
que les organisations sensibles ont fait
le nécessaire pour que leurs systèmes
d’information ne puissent plus être
pénétrés aussi facilement qu’hier. Mais
puisqu’il est plus difficile de passer
par la porte, les attaquants tentent
aujourd’huides’infiltrerparlesfenêtres!
J’en viens donc à cette conclusion
souvent répétée : la sécurité est
définitivement la responsabilité de
tous et de toutes –y compris des plus
petites organisations. Pour l’ANSSI,
l’enjeu est –et sera de plus en plus—
de faciliter le développement d’un
écosystème de confiance.
Un des leviers fondamentaux résidera
dans la formation et le recrutement
de spécialistes. Nous souhaitons
développer nos relations avec le
monde de l’enseignement et de
la recherche pour que la France
dispose du vivier de talents dont
elle a besoin. Enfin, de grands sujets
ont vocation à occuper la recherche
en cybersécurité pour les années
à venir. Je pense par exemple à la
cryptographie post-quantique et à
l’intelligence artificielle.
Stanislas Chavane
DIRECTEUR DE RÉGION IBM NORD ET EST
IBM FRANCE
Guillaume Poupard
DIRECTEUR GÉNÉRAL
AGENCE NATIONALE DE LA SÉCURITÉ DES SYSTÈMES D’INFORMATION (ANSSI)
2017. Parmi les recrutements que le
groupe IBM a annoncés dans la région
fin2017,unecentainedevraitconstituer
les équipes du SOC.
L’entitésécuritéd’IBMaaussiannoncéle
premier centre d’opérations de sécurité
mobiledusecteur,leX-Forcecommand
Cyber Tactical Operation Center (ou
X-Force command C-TOC). Ce centre
sillonnera la France pour organiser des
exercices de « Cyber Attack ».
Il devrait être dans la région Lilloise en
fin d’année 2019 pour sensibiliser les
entreprises à travers des scénarios
d’entraînements en conditions réelles.
Parailleurs,IBMaparrainéSimplon,une
école du numérique. Des formations
autourdessujetsdeCybersécuritésont
dispensées au sein de leur fabrique de
Roubaix.
Quel est selon vous l’apport
du Forum International de la
Cybersécurité (FIC) pour la région
Hauts-de-France ?
En premier lieu, le FIC est un forum très
médiatisé qui apporte de la visibilité
qualitative pour la région. La présence
de nombreuses personnalités
éminentes positionne la région
comme la capitale Européenne de la
Cybersécurité.
Le FIC contribue à mettre en valeur
l’écosystèmeduterritoireetsesacteurs
autour de ce thème.
Le FIC est une excellente manière de
rencontrer et développer les futurs
talents de la région Hauts-de-France.
Il contribue à créer un haut niveau
d’expertise régional.
Comment l’ANSSI travaille-t-elle
avec les acteurs de la recherche
publique ?
Il faut avant tout que nous défendions
nos sujets ! Pour que la cybersécurité
fasse partie des enjeux prioritaires,
nous contribuons à la stratégie
nationale de recherche et à la
programmation européenne.
Le Secrétariat général de la sécurité
et de la défense nationale (SGDSN)
–dont nous dépendons—participe
au financement et à la sélection
de projets de recherche via des
établissements tels que l’Agence
nationale de la recherche (ANR) et le
Fonds unique interministériel (FUI).
Nous nous assurons que les projets
en question correspondent à des
besoins que nous avons identifiés
comme prioritaires.
L’ANSSI a également une activité
Quel regard portez-vous sur les
interactions entre une entreprise
comme IBM et le monde de la
recherche ?
Un regard favorable et positif, sans
hésitation ! D’ailleurs, avec plus de
3.000 chercheurs dans ses douze
laboratoires établis sur tous les
continents, IBM Research est un des
plus gros organismes de recherche
privés du monde, en témoignent les
9100brevetsobtenusen2018ainsique
ses 6 prix Nobel, et ses 6 prix Turing.
Mais cela ne se limite pas à IBM
Research.IBMcollaboreaveclemonde
de la recherche au sens le plus large :
la recherche académique, les instituts
de recherche publics, comme Inria, les
laboratoires de nos clients etc.
C’est tout le sens du projet d’IBM sur le
plateaudeSaclay :amenerlarecherche,
les services applicatifs d’IBM en un
même lieu, là où commence à se
concentrer la recherche publique
et privée française en Intelligence
Artificielle,etoùtouslesfacteursseront
réunis pour un fructueux écosystème
de co-innovation.
scientifique propre. Grâce à nos
laboratoires, nous avons noué des
liens fructueux avec le monde de
la recherche et nous pouvons nous
investir pleinement dans la recherche
publique, soit via des conseils
consultatifs, soit directement en tant
que partenaire. Nous participons
également à plusieurs groupes
d’échange : je citerai par exemple le
groupement de recherche en sécurité
informatique du CNRS et bien sûr
le groupe de travail cybersécurité
au sein de l’Alliance Allistene,
actuellement présidée par Bruno
Sportisse, P.-D.G. d’Inria.
Le Forum International de la Cy-
bersécurité (FIC) se tient chaque
année à Lille. En quoi la question
de la cybersécurité est-elle un
enjeu important pour la région
Hauts-de-France ?
La région Hauts-de-France abrite
depuis longtemps un riche patrimoine
industriel et technologique. On y
trouve de nombreux savoir-faire
très spécifiques, dans des secteurs
extrêmement variés, des objets
connectés à la recherche agricole. La
protectiondesentreprisesdeceterritoire
contre les cyberattaques constitue par
conséquent un enjeu primordial pour la
région mais aussi au-delà.
Heureusement, la cybersécurité est
devenu un vecteur d’innovation et de
développement dans la région, où un
écosystème cyber très dynamique
a vu le jour. Ce n’est pas un hasard
que Lille soit le lieu où se fédèrent,
chaque année, tous les acteurs de la
cybersécurité.
4 5#09 - JUIN 2019
4. DOSSIER
Depuis le 6 décembre dernier, ce bel im-
meuble de briques rouges accueille éga-
lement un espace baptisé « Interface »,
destiné à la présentation de démons-
trateurs technologiques. Optimiser la
préparation des commandes dans un
entrepôt, apprendre à un ordinateur à
dialoguer naturellement à partir d’une
image, concevoir des capteurs pour
suivre des conteneurs à la trace… autant
d’exemples à découvrir dans Interface,
cetespacequiseveutlieuderencontreentre
la recherche, l’entreprise et la société.
INTERFACE
ESPACE DE DÉMONSTRATEURS
TECHNOLOGIQUES
Fruit d’un travail commun entre le centre Inria Lille – Nord Europe et
ses partenaires, Interface est le nouvel espace d’interactions entre les
sciences du numérique et les entreprises. Des démonstrateurs permettent
aux visiteurs de découvrir les travaux menés par les scientifiques de l’Ins-
titut et ses partenaires.
En2018,Inriacélébraitles10ansducentre
et faisait l’acquisition d’un troisième bâ-
timent au sein d’EuraTechnologies. En
septembre, le bâtiment Place situé juste
enfacedubâtimenthistoriqueLeBlan-La-
font a donc rouvert ses portes, après une
réhabilitation menée avec le soutien de
l’État, du conseil régional Hauts-de-France
et de la Métropole Européenne de Lille.
Aujourd’hui, il héberge les équipes-projets
Bonus (optimisation massive) et Spirals
(systèmes distribués et intergiciels) ainsi
que le projet de transfert de technologies
InriaTECH du service Transfert pour l’Inno-
vation et Partenariats.
Quand le visiteur pénètre dans ce vaste
espace de presque 300 m2
, il est d’emblée
happé par une ambiance colorée intense,
matérialisée par un sol bleu profond sou-
ligné de rouge, un mobilier blanc et une
grande œuvre murale signée par le duo
d’artistes roubaisien Dr Colors. « Tout ici a
été imaginé pour faire dialoguer l’art et la
science » explique Gautier Levrague, co-gé-
rant de Point Triple, la société qui a conçu
l’espace en partenariat avec l’agence d’ar-
chitecture et de scénographie Ink.
« Pour ce faire nous avons cherché un fil
conducteur et nous l’avons trouvé avec la
suite de Fibonacci et le nombre d’or qui il-
lustrent parfaitement les liens qui existent
entre les mathématiques et l’esthétique»,
indique Damien Lenglart, président d’Ink
architectes scénographes. Aujourd’hui,
ce fil conducteur est devenu un fil rouge,
quis’inscritsurlesold’Interface,ensuivant
le tracé de la spirale de Fibonacci, et guide
le visiteur tout au long de son parcours.
INTERFACE
UN ESPACE POUR LES
INTERACTIONS RECHERCHE-
ENTREPRISES EN SCIENCES
DU NUMÉRIQUE
SOMMAIRE
DECOUVERTE D' INTERFACE 07
LES DEMONSTRATEURS 08
ENCOURAGER
L'ENTREPRENEURIAT 10
UN LIEU TOTEM 11
A L' INTERFACE ENTRE
L'ART ET LA SCIENCE
7#09 - JUIN 20196
5. DOSSIER → INTERFACE
Les démonstrateurs présentés dans Interface s’inscrivent dans les théma-
tiques stratégiques des sciences du numérique pour Inria et ses partenaires :
robotique, traitement des données, intelligence artificielle, Internet des objets,
interaction Homme-machine, génie logiciel, optimisation. Aujourd’hui, neuf dé-
monstrateurs sont présentés, mais Interface est bien entendu destiné à évoluer
grâce aux recherches menées dans le centre en partenariat avec l’Université de
Lille et aux nouveaux démonstrateurs créés.
Compensation
de la latence
Ce démonstrateur sur tablette tactile met
en évidence la réduction de la latence pour
des systèmes interactifs. Il démontre une
technique de compensation en temps réel
de cette latence, induite entre le déplace-
ment du doigt et celui de l’objet à l’écran,
pour améliorer l’efficacité d’interaction et
lespréférencessubjectivesdesutilisateurs
et utilisatrices.
Démonstrateur réalisé par les équipes Loki et Valse, en
partenariatavecl’UniversitédeLilledanslecadredel’ANR
TurboTouch.
CrossTweets : mots croisés
sémantiques et dynamiques
Le démonstrateur consiste en un géné-
rateur dynamique et thématique de mots
croisés, basé sur les fils Twitter. Cette
application illustre deux des thèmes de
recherche de l’équipe-projet Links : les re-
quêtes sur les flux de données en temps
réel, d’une part, les bases de connais-
sances et le Web sémantique, d’autre part.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Links en
partenariat avec l’Université de Lille.
Smart Data : contrats du projet
InriaTECH en collaboration
avec Alstom et HDFID
Smart Data illustre l’analyse de données variées basée
sur des méthodes statistiques avancées, reposant en
partie sur le logiciel MixtComp. Le logiciel illustre com-
ment tirer profit au mieux d’un grand jeu de données
(big data) en permettant la classification, la prédiction
et l’interprétabilité.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Modal, en association avec
Alstom et HDFID, et en partenariat avec l’Université de Lille. Sources des
données ouvertes : Atos, Insee/MEL, J.C. Decaux et SNCF.
Smart Containers :
illustration d’une collaboration
avecTRAXENS
La start-up TRAXENS avait pour ambition de
concevoir une solution dont pourraient bénéfi-
cier tous les acteurs du commerce internatio-
nal –armateurs, transporteurs, industriels etc.
- pour qui le suivi et le monitoring des conte-
neurs représentent un enjeu en termes de
sécurité et de rentabilité. L’équipe-projet Fun a
élaboré un réseau permettant aux conteneurs
de communiquer entre eux afin d’élire ceux
qui feront office de têtes de réseau, en fonc-
tion de l’état de leur batterie et de leur position
vis-à-vis du signal GSM ou satellite.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Fun, en association
avecTRAXENS et en partenariat avec l’Université de Lille.
Comprendre l’architecture
d’un logiciel
Il faut 3,5 mois à un ingénieur pour lire un million
de lignes de code. Mais durant ce laps de temps,
l’ingénieur n’a fait que lire le code. Il n’est pas ca-
pable d’en comprendre la structure ou d’en identi-
fiercertainespropriétés.L’équipeRmoddéveloppe
des solutions pour comprendre l’architecture d’un
logiciel à différents niveaux de détail et analyser
certaines propriétés. Ce démonstrateur est un
exemple de représentation d’architecture de lo-
giciels, comparable à ce que les outils de l’équipe
Rmod sont capables de générer sur des logiciels
detailleconséquente.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Rmod en partenariat
avec l’Université de Lille.
Préhenseur polyvalent : contrat du projet
InriaTECH en collaboration avecTDR
Ce préhenseur est capable de saisir de manière op-
timale des flacons de parfum quels que soient leurs
formes et leurs positionnements. « Le projet monté
avec Inria est parti de l’envie d’imaginer une solution
polyvalente et accessible financièrement pour fournir
une alternative aux dispositifs coûteux de la robotique
industrielle que sont les masques de positionnement
et autres convoyeurs complexes », Dominique Watier,
directeurdeTDR.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Defrost, en association avec TDR
et en partenariat avec l’Université de Lille. Mise en relation grâce au pôle de
compétitivitéMatikem.
Optimisation de préparation de colis :
contrat InriaTECH en collaboration avec Jules
L’équipe-projetInocsatravailléavecl’entrepriseJules,autourdel’optimisationdesopérationsde
préparation de commandes dans l’entrepôt de la marque. Il s’agissait d’améliorer le processus
de préparation et l’envoi de 4 000 colis au quotidien vers les 440 magasins. L’objectif était de
réorganiser l’ensemble de la chaîne en repensant les emplacements des produits dans les en-
trepôts de stockage, la constitution du contenu des colis et l’organisation des tournées.
Démonstrateurréaliséparl’équipe-projetInocs,enassociationavecJulesetFlexSimetenpartenariatavecl’UniversitédeLille.
Échelon III : un robot à
vertèbres souples
Le démonstrateur illustre un exemple d’uti-
lisationd’unrobotdéformable:l’inspection.
La tête du robot est équipée d’une caméra,
qui permet d’aller inspecter différents en-
droitsdansuneboîte.Lacapacitédedéfor-
mation du robot lui permet de contourner
les obstacles. Sa souplesse le rend moins
offensif dans son environnement. Ses 10
moteurs facilitent sa «dextérité».
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Defrost en
partenariat avec l’Université de Lille.
Dialoguer avec une
Intelligence Artificielle
GuessWhat ?! et Visual QA sont deux jeux
interactifs permettant d’apprendre notre
langage à un ordinateur. Ils illustrent la
capacité d’un ordinateur à dialoguer na-
turellement à partir d’une image, grâce à
l’apprentissage par renforcement.
Démonstrateur réalisé par l’équipe-projet Sequel, en par-
tenariatavecl’UniversitédeLille,lesinstitutsMILAetIGLU
dans le cadre du projet CHIST-ERA.
Defrost,Links,Loki,Rmod,SequeletValsesontdeséquipes-projetsetéquipescommunesàInria
etaulaboratoireCRIStAL(CentraleLille,CNRS,UniversitédeLille).
Funestuneéquipe-projetInria.
Inocsestuneéquipe-projetcommuneàInria,aulaboratoireCRIStAL(CentraleLille,CNRS,UniversitédeLille)
etàl’UniversitéLibredeBruxelles.
Modalestuneéquipe-projetcommuneàInriaetaulaboratoirePaulPainlevé(CNRS,UniversitédeLille).
9#09 - JUIN 20198
6. DOSSIER → INTERFACE
Interface est l’espace de démonstrateurs Inria, et c’est aussi un
lieu phare des sciences du numérique en région Hauts-de-France.
L’ensemble des partenaires académiques, institutionnels et éco-
nomiques du territoire doivent pouvoir s’approprier cet espace, et
les démonstrateurs qui y sont présentés s’inscrivent tous dans
une dimension partenariale. « Nous souhaitons qu’Interface soit au
service de cet écosystème très riche et qu’il soit utilisé comme un
outil de veille technologique, et aussi comme un espace d’échanges
avec le monde de la recherche, autour de l’innovation », souligne
Isabelle Herlin, directrice du centre Inria Lille – Nord Europe.
Interface est ainsi pensé pour être le totem du chemin de la re-
cherche fondamentale vers l’entreprise
INTERFACE
TOTEM DES
SCIENCES DU
NUMERIQUE
EN REGION
PROMOUVOIR
L’ENTREPRENEURIAT
Interface a pour ambition de présenter ces
start-up et projets entrepreneuriaux, et plus
largement de promouvoir l’entrepreneuriat.
Nous souhaitons faire d’Interface un lieu to-
tem du chemin de la recherche fondamentale
vers l’entreprise.
Des rencontres sont ainsi régulièrement orga-
nisées entre scientifiques et porteurs de projets
en incubation, pour réunir des profils complé-
mentaires et favoriser l’accélération des projets
de start-up des Hauts-de-France.
Une sensibilisation à la création de start-up
deeptech – basées sur des technologies de
pointe - issues de la recherche publique chez
Inria est également menée à destination des
écoles d’ingénieurs, écoles de commerces et
universités,viadesvisitesd’Interface.Envalori-
santlestechnologiesetexpertisesdeséquipes
de recherche du centre Inria Lille - Nord Europe
et de l’Université de Lille, les démonstrateurs
illustrent le potentiel de ces technologies pour
de futures créations de start-up deeptech !
Interface est ainsi un outil important qui per-
met aux porteurs et futurs porteurs de projet
d’identifier et d’appréhender les technologies
dunumérique,d’Inriaetdesespartenairesaca-
démiques en vue d’une création de start-up.
DES START-UP CRÉÉES…
ET DES PROJETS ÉMERGENTS
Pas moins de six start-up ont été créées de-
puis 2008 dans le centre. Parmi elles, Vekia,
spécialisée dans les outils de prédiction pour
le e-commerce fêtait ses dix ans en 2018. Elle
emploie une cinquantaine de salariés et a ré-
cemment réalisé une levée de fonds de 12 mil-
lions d’euros. Citons également Go Touch VR,
qui développe une solution pour manipuler des
objets en réalité virtuelle en ayant la sensation
du toucher, InSimo, éditeurs de logiciels pour
la simulation médicale, ou encore Axellience,
plate-forme d’architecture pour développeurs.
Aujourd’hui, trois projets de start-up issus
des recherches menées dans le centre sont
en cours de création : DiagRAMS Techno-
logy, outil de maintenance prédictive pour
l’industrie*, X-scalibur, destiné à faciliter
la gestion du multi-cloud, et le Chemin
des Mûres, projet de covoiturage pour les
producteurs locaux. Les scientifiques sont
également accompagnés dans leur phase
«d’exploration technologique» pour trouver
des cas d’usages à leurs technologies.
Un espace « corner start-up » est présent au sein d’Interface, présentant les start-up
et projets entrepreneuriaux issus des recherches menées dans les équipes-projets de
l’institut et de ses partenaires. En effet, Inria sensibilise et accompagne ses employés
dans leurs créations entrepreneuriales afin d’encourager l’innovation technologique.
ENCOURAGER
L'ENTREPRENEURIAT
Interface est ouvert sur rendez-vous
à un public professionnel et acadé-
mique. « Des animations y seront
proposées tout au long de l’année afin
de favoriser les échanges avec les fi-
lières économiques. Nous accueillons
également des publics scolaires et
universitaires, qui seront sans doute
nos chercheurs ou entrepreneurs de
demain », explique Isabelle Herlin.
Vous souhaitez :
• Échanger avec Inria sur votre projet
• Visiter notre espace de démonstrateurs Interface
Contactez nos équipes :
interface-lille@inria.fr
inria.fr/interface
Interface
Centre de recherche Inria Lille – Nord Europe
Bâtiment Place
170 avenue de Bretagne, EuraTechnologies, Lille
VENIR
VISITER
INTERFACE
*projet à découvrir en page 14 de ce magazine
11#09 - JUIN 201910
8. FOCUS → START-UP
DIAGRAMS RÉVOLUTIONNE LA
MAINTENANCE PRÉDICTIVE
DiagRAMS, c’est avant tout un
projet qui vise à mettre les outils
de maintenance prédictive à la
portée de ceux qui en ont le plus
besoin. C’est aussi une aventure
entrepreneuriale exemplaire, née
de la rencontre entre deux col-
laborateurs du projet InriaTECH
et l’équipe-projet Modal du
centre Inria Lille - Nord Europe.
Présentation.
Dans des usines de plus en plus auto-
matisées, la lutte contre les pannes et
les dysfonctionnements en tout genre,
mêmelesplusdiscrets,estdevenueune
priorité de tous les instants pour les in-
dustriels.Ilyaencorequelquesannées,
ces derniers n’avaient que trois options
quant à la conduite à tenir : soit ils op-
taient pour une maintenance corrective
(réparer les pièces une fois la panne
constatée), soit ils s’orientaient vers
une maintenance préventive avec des
interventions planifiées régulièrement
pour vérifier que tout va bien, soit ils
conjuguaient les deux approches. Avec
l’Internet des objets et la multiplication
des capteurs connectés, une nouvelle
voie se dessine : celle de la mainte-
nance prédictive. L’enjeu : détecter la
probabilité des dysfonctionnements
afin de prévenir pannes et accidents
et optimiser les stratégies d’entretien
et de réparation en s’approchant d’un
idéal « juste à temps ».
PRÉVENIR POUR RÉDUIRE LES
COÛTS DE MAINTENANCE
Pour les entreprises la promesse est
des plus alléchantes. L’an dernier, une
étude du cabinet McKinsey estimait
que la maintenance prédictive devrait
permettreaux industriels d’économiser
630 milliards de dollars d’ici à 2025, via
laréductionducoûtdemaintenancede
10 à 40%, la diminution du nombre de
pannes de moitié et l’augmentation
de la durée de vie des machines.
Mais pour l’heure les services de
maintenance prédictive ne sont pas
toujours à la hauteur des attentes, en
particulier en ce qui concerne l’accès
aux données, souvent très complexes,
peu intelligibles et inadaptées aux
exigences de professionnels mobiles
et pris par le temps.
D’INRIATECH À LA
CRÉATION D’ENTREPRISE
C’est ici qu’intervient DiagRAMS
Technologies, une start-up en cours
de création sur la base de recherches
menées par l’équipe-projet Modal*
du centre Inria de Lille. Mais, fait rare
dans l’univers Inria, cette «spin-off»
est avant tout l’idée de deux chargés
des partenariats et des projets d’in-
novation au sein du projet InriaTECH.
Fort de 10 ans d’expérience dans le
secteur du machinisme industriel pour
l’agroalimentaire, Jean-François Bouin
en assurera la présidence. Il pilotera
l’entreprise avec Margot Corréard qui
dispose, elle, de solides expertises en
matière de management de projet,
de marketing et de communication.
« Nous avions accompagné l’équipe
Modal au cours de partenariats noués
avec Arcelor Mittal et Alstom et les
outils qu’ils avaient développés nous
semblaient très prometteurs et surtout
en phase avec les besoins actuels des
industriels, remarque Jean-François
Bouin. Margot et moi avons la fibre
business, nous aimons travailler
ensemble… alors nous nous sommes
lancés, avec le soutien de l’équipe
Modal qui était ravie de voir ses travaux
prendre vie sur le marché. D’ailleurs
trois chercheurs sont aujourd’hui nos
conseillers scientifiques ! »
UNE SOLUTION SANS AJOUTER
DE NOUVEAUX CAPTEURS
« L’originalité de notre solution repose
sur le fait que nous utilisons les cap-
teurs existants (capteurs de process
installés nativement dans les ma-
chines), alors que la quasi-totalité des
logiciels du marché exigent la mise en
place de dispositifs supplémentaires,
ce qui génère des surcoûts et se traduit
par une accumulation de données
pas toujours lisibles » indique Margot
Corréard.
Ces données sont comparées à des
«signatures»depannesmodéliséespar
des algorithmes prédictifs en se basant
sur l’historique de dysfonctionnement
des équipements. Quand une machine
sort de son fonctionnement normal et
se rapproche d’une signature critique,
l’alerte est lancée en temps réel afin
d’engager l’opération de maintenance
qui permettra de remédier au dys-
fonctionnement et d’éviter une panne
complète. « La performance de détec-
tions’affineaufildesusagesetildevient
possible d’identifier les problèmes au
plus tôt, alors même qu’ils sont encore
totalement indécelables avec les outils
dedétectionclassique-avecdavantage
deprécisionetsanspourautantgénérer
de faux positifs », ajoute Jean-François
Bouin.
Cette technologie permet d’expliquer
les résultats de prédiction aux
utilisateurs : fini l’effet boîte noire, les
industriels ont besoin de comprendre
pour agir efficacement. DiagRAMS
Technologies travaille sur une visua-
lisation précise et intuitive pour les
équipes du terrain, qu’ils s’agissent
des ingénieurs ou des techniciens de
maintenance.
EN ROUTE
VERS L’AVENTURE
Alors même que la start-up n’a pas
encore d’existence juridique, l’équipe
est déjà partie prenante d’un premier
projet d’envergure, avec un partenariat
associant Modal à Nokia Germany
et Apsys Airbus dans le cadre du
programme européen «EIT Digital –
4.0 Industry» destiné à développer
des méthodes d’analyse de données
pour la maintenance prédictive, et
plus précisément l’analyse de causes
de défaillances. « Pour ce faire nous
avons recruté un data-scientist qui
est dédié au projet EIT, ajoute Margot
Corréard. Un second recrutement a
aussi été mené pour finaliser le déve-
loppement de notre solution logicielle,
que nous allons coconstruire avec
des partenaires industriels avant une
commercialisation sur abonnement,
sans doute courant 2020. »
*Modalestuneéquipe-projetcommuneàInriaetau
laboratoire Paul Painlevé (CNRS, Université de Lille).
«LES ALGORITHMES DE
MACHINE LEARNING
DÉVELOPPÉS PAR MON
ÉQUIPE PERMETTENT DE
TRAITER LES DONNÉES
INDUSTRIELLES BRUTES
(CONSOMMATION
ÉNERGÉTIQUE, ANALYSE
VIBRATOIRE, COURBE
DE TEMPÉRATURE…)
SANS NÉCESSITER DE
PRÉTRAITEMENTS QUI
RÉDUISENT L’INFORMATION
CONTENUE DANS LES
SIGNAUX ORIGINAUX.»
― Christophe Biernacki,
responsable de l’équipe-projet Modal.
14 15#09 - JUIN 2019
9. FOCUS → OPTIMISATION
INRIA ET KEOLIS :
Anticiper les phénomènes d’in-
sécurité d’un réseau de transport
urbain afin de disposer des
équipes au bon endroit au bon
moment ? Nous ne sommes pas
dans un roman de science-fic-
tion, mais à Lille, dans le métro,
où l’équipe-projet Inocs* a mis
en place un algorithme pour op-
timiser les plannings des agents.
LA SÉCURITÉ : UN PROBLÈME
MATHÉMATIQUE COMPLEXE
Des contraintes innombrables, c’est
ce à quoi étaient confrontées les
équipes responsables de la sécurité
sur le réseau de transport urbain de la
Métropole Européenne de Lille (MEL),
opéré par Keolis. Le réseau de métro
Ileviacomptedeuxligneset60stations,
qui transportent plus de 10 millions de
personnes par mois. La MEL, qui a
choisi d’attribuer à Keolis le contrat de
gestionduréseau,luiimposeégalement
des objectifs en matière de sécurité et
de «faits d’ambiance».
La loi Savary - Le Roux a en effet accru
les pouvoirs des sociétés de transport
en matière de lutte contre la fraude et
contre les insécurités, si l’autorité de tu-
telleleluidélègue.« Nousnoussommes
donc dotés d’équipes dédiées réparties
entre contrôleurs, équipes de sécurité
et médiateurs », explique Christophe
Laousse, responsable unité prévention.
Ces équipes se déplacent en binômes
sur l’ensemble du réseau, du début du
service à 5h17 jusqu’au dernier métro
qui arrive à son terminus à 00h30. Or,
ces agents doivent, comme le contrat
signé avec la métropole le stipule, être
visiblestoutesles5stationsetintervenir
en moins de 5 minutes dans n’importe
quelle station du réseau en cas de
problème.Ellesetilsdoiventégalement
être présents en cas d’évènement ex-
ceptionnel : installation de portiques de
sécuritédansunestation,manifestation
publique etc.
Jusqu’à présent, les équipes réalisaient
ce planning manuellement en utilisant
leur connaissance du terrain pour
disposer les agents aux bons endroits
sur le réseau. Une solution bien im-
parfaite pour un enjeu si important, la
malveillancesurleséquipementscoûte
plusieurs centaines de milliers d’euros
paranetentraîneundisfonctionnement
du service aux usagers.
UN ALGORITHME CONÇU
«EN MODE AGILE»
L’équipe Inocs et Keolis se sont rencon-
tréesgrâceàlacellulevalorisationd’Inria,
pour développer un nouvel algorithme,
qui résout lui-même ce casse-tête.
« Depuis cinq ans, nous enregistrons
très finement les données de sécurité
et tous les faits d’ambiance, explique
Nicolas Chausson, responsable de
l’observatoire sûreté et lutte contre la
fraude. Nous entrons dans le détail dès
qu’un agent de nos services constate
quelque chose. »
La première étape a donc consisté en
un vaste tri de ces données, pour n’en
extraire que les informations utiles.
L’équipe Inocs a ensuite travaillé à partir
de ce jeu de données, pour prédire les
besoins en personnel de sécurité.
« Nous avons commencé par réaliser
des modèles mathématiques, sur des
petits jeux de données, afin de trouver
ensemble la bonne solution », précise
Frédéric Semet, chercheur au sein de
l’équipe-projetInocs.« Toutétaitabstrait,
audépart,etgrâceauxprototypes,nous
avons pu nous faire une idée de ce que
permettrait de réaliser le nouvel algo-
rithme », commente Nicolas Chausson.
La collaboration a duré près d’un an et
demi,aucoursduquelleprojetaétémo-
difié, corrigé, amendé, avant de trouver
lasolutionidéale :lemeilleurcompromis
entre précision des modélisations et
rapidité d’exécution.
« C’est là la plus grande différence entre
des chercheurs, qui souhaitent parvenir
au projet le plus parfait possible et
des équipes opérationnelles, qui ont
besoin d’une solution efficace et rapide,
mais pas nécessairement «parfaite»,
précise Christophe Laousse. En effet,
l’algorithme parfait avait besoin de 45
minutes pour travailler, alors que celui
qui a été retenu donne de très bons
résultats en 5 minutes. Concrètement,
l’algorithme tient compte de la base de
données des incidents et faits d’am-
biance reportés, des effectifs et des
événementsparticuliers,pourconstruire
un planning qu’il fournit sous forme de
tableau Excel.
Les prochaines étapes de développe-
mentconsisterontàprendreencompte
le réseau de tramway, également très
important dans la métropole lilloise, au
premiersemestre2019.Enfin,lesagents
de terrain pourront bientôt faire évoluer
leurplanningentempsréel,ensignalant
des évènements inattendus rencontrés
pendant leur journée de travail.
*Inocs est une équipe-projet commune à Inria, au
laboratoireCRIStAL(CentraleLille,CNRS,Université
de Lille) et à l’Université Libre de Bruxelles.
Utiliser les mathématiques pour trouver la solution qui optimise une multitude de
contraintesestunepassionpourFrédéricSemet.Unexempleconnuestceluidela
tarificationdesbilletsd’avion.
Comment faire pour que la compagnie aérienne vende toutes les places au tarif le
plusélevépossible?
Fairefuirlaclientèleversd’autrescompagniesenaugmentantglobalementtousles
prix ? Non, il faut avant tout bien comprendre les mécanismes d’achat : à partir de
quelmontantletarifsemblera-t-ilprohibitif?Leconfortest-ilunargumentpourfaire
payer plus cher et combien ? Quelles sont les priorités de telle ou telle catégorie de
passagers ? L’équipe Inocs propose des solutions pour offrir une grille tarifaire qui
optimisetoutescescontraintes.
LA MODÉLISATION AU SERVICE
DE LA SÉCURITÉ
UNE PASSION POUR LES PROBLEMES COMPLEXES.
16 17#09 - JUIN 2019
10. BEST OF
LE CITC S’INSTALLE AU BÂTIMENT PLACE INRIA POUR SES 10 ANS
Le Centre d’Innovation des Technologies sans Contact (CITC) est un acteur clé en matière d’Internet des Objets et d’Intelligence
Ambiante. En mars dernier ils ont intégré leurs nouveaux bureaux dans notre bâtiment Place et fêté leurs 10 ans d’existence
le mois suivant. Nous leur souhaitons la bienvenue.
DEUX DÉMOS DU CENTRE
PRÉSENTÉES AU SALON SIDO
Les 10 et 11 avril à Lyon se tenait le
salon SIDO IoT-AI-Robotics. Inria était
présent avec une dizaine de démos,
projets, ou start-up à présenter sur
les thématiques de l’Internet des
objets, de l’intelligence artificielle ou
de la robotique. Deux équipes-projets
lilloises ont présenté des démos :
Fun autour de la communication
par la lumière, et Spirals avec le
projet PowerAPI, destiné à réduire la
consommationélectriquedeslogiciels.
WORKSHOP INTERNATIONAL SUR
LES DISPOSITIFS INTERACTIFS
DE DEMAIN
La conférence HAID, organisée par
l’équipe Loki du centre Inria de Lille a
réuni les chercheurs et chercheuses
des communautés audio, haptique
et interaction Homme-machine.
Ce point d’échange privilégié pour
inventer les dispositifs interactifs de
demain incluait également une journée
d’échange inédite avec les industriels,
en partenariat avec la Plaine Images.
MATHIEU NANCEL
ET GÉRY CASIEZ
reçoivent le prix Google
Research Award
Un projet porté par Mathieu Nancel
(Inria) et Géry Casiez (Université de
Lille), chercheurs de l’équipe Loki, a
reçu un Google Research Award au
mois d’avril. L’objectif du programme
est de mettre en avant et de soutenir
les projets de recherche avancés en
lien avec des domaines de recherche
clés pour le progrès des sciences
numériques. Les projets lauréats
bénéficient d’un financement et d’un
accès aux outils, aux technologies et
à l’expertise de Google.
PRIX
19
INRIA LILLE - NORD EUROPE
SUR TWITTER
18 19#09 - JUIN 2019
11. PORTRAIT
FAVORISER L’ÉMERGENCE DE
LOGICIELS PLUS EFFICIENTS
― Romain Rouvoy
À l’heure où les datacenters repré-
sentent désormais plus de 10% de
la dépense énergétique mondiale,
la question de la consommation
propre aux logiciels est plus que ja-
mais d’actualité. C’est précisément
le sujet sur lequel travaille Romain
Rouvoy, enseignant-chercheur au
sein de l’équipe-projet Spirals.
Une fois son bac en poche, Romain
Rouvoy ne voulait pas faire de longues
études… Passionné d’informatique, il
s’est donc engagé dans un DUT, puis
dans un master professionnalisant.
C’est là qu’il a été mordu par le virus
de la recherche qui ne l’a plus lâché.
Après une thèse et un post doctorat
de deux ans à l’Université d’Oslo, il
rejoint l’Université de Lille en 2008, où
il sera d’abord maître de conférences
puis professeur. La même année, il
intègre l’équipe-projet ADAM du centre
Inria Lille – Nord Europe qui deviendra
Spirals (Self-adaptation for distributed
services and large software systems)
en 2012 et dont les domaines d’exper-
tises sont les systèmes répartis et le
génie logiciel.
LOGICIELS TROP GOURMANDS
C’est en 2010 que le jeune chercheur
commence à s’intéresser à la problé-
matique du logiciel durable. « Le point
de départ est le projet EcoHome,
mené en collaboration avec Orange
et ST Microelectronics, se souvient
Romain Rouvoy. L’enjeu était de mieux
comprendre la consommation des
box domestiques pour envisager des
pistes pour mieux la maîtriser. » Cette
première expérience sert de révélateur :
l’équipe et le chercheur prennent
conscience de l’importance de la part
imputableaulogicieldanslesdépenses
énergétiques globales des systèmes
informatiques. « La consommation liée
aumatériel en lui-mêmeest un sujet de
préoccupation qui n’a fait que croître
ces dernières années et les fabricants
ont su se mettre en mouvement, par
exemple en concevant des proces-
seurs beaucoup moins gourmands
que leurs prédécesseurs. Mais il n’en
va pas de même pour les couches
logicielles, en particulier dans l’univers
des hébergeurs et du cloud computing
oùlaconsommationpeutêtrel’unedes
composantes du business model des
entreprises : plus elles consomment et
plus la facture augmente ! »
UN WATTMÈTRE VIRTUEL
Fort de ce constat, Romain Rouvoy a
choisideconcentrersesrecherchessur
la réduction de la consommation des
logiciels en privilégiant une approche
globale et transversale, s’intéressant à
l’ensemble du cycle de vie du produit,
desaconceptionàsonexécution.Dans
un premier temps, il s’est concentré
sur le développement d’un wattmètre
virtuel,baptiséPowerAPI,quipermetde
mesurer la consommation de chaque
logiciel s’exécutant sur une machine
afin de savoir, par exemple, quelle
application arrêter en priorité quand
on n’a plus de batterie. Disponible sur
GitHub, ce logiciel open source est
actuellement utilisé par Orange ainsi
que par des acteurs tels que Davidson
consulting et Greenspector.
LOGICIELS ÉCO-CONÇUS…
Aujourd’hui, la deuxième étape vise à
favoriser l’émergence de logiciels plus
efficients en énergies. « Nous voulons
mettre au point une suite d’outils
susceptibles d’aider les développeurs
à créer des programmes éco-conçus,
qui utilisent mieux les fonctionnalités
matériellesdisponibles »ajouteRomain
Rouvoy.Danscetteperspective,l’équipe
Spiralss’intéresseparticulièrementaux
langages de programmation, sachant
que, pour une même application, la
consommation logicielle peut varier
d’un facteur 100, selon qu’on choisit
par exemple un langage comme C ou
Java ou un langage interprété comme
Python ou JavaScript.
…ET CALCULS QUI CHAUFFENT
«Parallèlement, nous nous penchons
également sur les fonctionnements
des systèmes, à travers des travaux
destinés à optimiser le placement des
machines virtuelles sur les machines
physiques afin de fluidifier et optimiser
l’accès aux ressources partagées.
Enfin, nous travaillons aussi dans le
domaine de l’intelligence artificielle
- dont les algorithmes sont très gour-
mands – et dans celui des smart grids,
notamment au travers d’échanges
avec la société Qarnot Computing qui
développe des radiateurs numériques
où les résistances traditionnelles sont
remplacées par des processeurs qui
chauffent des logements grâce aux
calculs qu’ils effectuent.»
→ team.inria.fr/spirals
« LA CONSOMMATION LIÉE AU
MATÉRIEL EN LUI-MÊME EST
UN SUJET DE PRÉOCCUPATION
QUI N’A FAIT QUE CROÎTRE CES
DERNIÈRES ANNÉES »
21#09 - JUIN 201920
12. Parc scientifique de la Haute Borne
40, avenue Halley
Bât A - Park Plaza
59650 VILLENEUVE D’ASCQ
FRANCE
(+33) 03 59 57 78 00
(+33) 03 59 57 78 50
º inria.fr/lille
º contact-lille@inria.fr
@Inria_Lille
@InriaLilleInnov
CENTRE DE RECHERCHE
INRIA LILLE - NORD EUROPE
Interface
BÂTIMENT PLACE, EURATECHNOLOGIES
Inria est présent au sein d’EuraTechnologies. Le bâtiment Place, situé avenue
de Bretagne, est équipé d’un espace de démonstrateurs nommé Interface et
présentant les travaux des équipes de recherche communes à Inria et à ses
partenaires. L’objectif est de favoriser les interactions entre la communauté
scientifique, le monde économique et la société par le biais de démonstrateurs et
d’un programme d’animation thématique proposé tout au long de l’année.
º inria.fr/interface
CONTACTRENDEZ-VOUS
REINFORCEMENT LEARNING
SUMMER SCOOL
Du 1er
au 12 juillet, campus cité
scientifique, Villeneuve d’Ascq
L’objectif de cette école d’été, organi-
sée par l’équipe-projet Sequel, est de
contribueràladiffusiondelaconnais-
sanceauplushautniveauscientifique
autour de différentes problématiques
de l’apprentissage par renforcement.
Une école qui a pour objectif de
mettre en contact les élèves avec
des chercheurs renommés de leur
domaineetleurpermettred’échanger
surleurstravauxderechercheetnouer
des contacts.
→ rlss.inria.fr
Retrouvez ces
évènements et
bien d'autres
dans l'agenda
du centre !
→ inria.fr/lille
3ÈME
SÉMINAIRE
SCIENTIFIQUE
DE HUMAIN :
INTELLIGENCE
ARTIFICIELLE ET
SANTÉ
Le 17 juin, CHU de Lille
L’alliance Hauts-de-France humAIn
(Intelligence Artificielle au service
de l’humain) organise son troisième
séminaire scientifique sur le thème
« Intelligence Artificielle et Santé » le
17 juin au CHU de Lille. Les exposés
présenteront d’une part les enjeux et
besoins de l’IA en santé, et d’autre part
des méthodes d’IA ayant déjà été déve-
loppéespourdesproblématiquessanté.
Du 9 au 11 juillet, Cap Cornu,
Baie de Somme
La 10ème édition de l’Atelier sur la
Protection de la Vie Privée (APVP)
est organisée cette année par les
équipes-projets Magnet et Spirals.
Le but de l’atelier est de rassembler
les chercheurs dont les travaux
portent sur la protection de la vie
privée et des données personnelles,
et de leur offrir un forum privilégié
pour présenter et échanger leurs
idées. Pluridisciplinaire, l’atelier ras-
semble notamment des chercheurs
en informatique, droit, économie,
sociologie et statistiques.
→ project.inria.fr/apvp2019
APVP 2019
L’ATELIER SUR LA PROTECTION
DE LA VIE PRIVÉE
22 23#09 - JUIN 2019