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UNIVERSITÉ RENNES 2


UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES


DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE


LICENCE 3 DE PSYCHOLOGIE


TRAVAIL D’ÉTUDE ET DE RECHERCHE


GROSEIL Simon


Supervisé par Pr. Agnès Lacroi
x

Année 2020 - 202
1

Groseil Simon
Méditer en pleine conscience pour un vieillissement
réussi
REMERCIEMENTS


Tout d’abord je souhaite remercier ma directrice de TER, madame Agnès Lacroix, professeure
en psychologie du développement et neuropsychologie de l’enfant à l’Université de Rennes 2,
pour sa disponibilité tout au long de l’année
.

Je tiens aussi à remercier
,

Madame Hélène Lassignardie, psychologue clinicienne à Vannes, pour m’avoir accueilli
comme stagiaire dans son cabinet, pour m’avoir fait découvrir son métier et aussi pour
m’avoir impliqué dans une pratique clinique avec l’intervention de la méditation. Outre sa
bonne humeur, ses connaissances et son expérience ont grandement participé à ma réflexion
pour ce travail
.

Madame Angélique Dès Nétumière, psychologue clinicienne spécialisée en méditation de
pleine conscience pour m’avoir accordé un entretien et avoir répondu à mes questions. Ces
échanges ont été des plus nourrissants
.

Groseil Simon
TABLE DES MATIÈRE


Introduction
	
1


.................................................................................................................
I. Le vieillissement
	
3


..................................................................................................
A. Définition du vieillissement
	
3


..............................................................................
B. Causes du vieillissement
	
4


...................................................................................
1. Le stress oxydatif
	
4


....................................................................................................
2. Les télomères
	
4


..........................................................................................................
C. Bien-être et santé mentale
	
6


.................................................................................
D. Modifications cérébrales
	
7


...................................................................................
E. Le vieillissement réussi
	
8


.....................................................................................
II. La méditation pour un vieillissement réussi
	
11


...................................................
A. La méditation
	
11


..................................................................................................
B. Le principe de causalité descendante
	
13


..............................................................
C. Impact sur la santé et le bien-être
	
13


...................................................................
1. Régulation des émotions
	
13


.......................................................................................
2. Rumination et dépression
	
14


......................................................................................
3. Méditation et douleur chronique
	
14


...........................................................................
4. Améliorer la sensation de bien-être
	
15


.......................................................................
5. Méditer pour lutter contre la maladie d’Alzheimer
	
15


...............................................
D. Impact sur la cognition des personnes âgées
	
16


..................................................
E. Modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau
	
17


...............................
F. Impact au niveau cellulaire
	
19


.............................................................................
III. Limites et perspectives
	
20


......................................................................................
Conclusion
	
22


..................................................................................................................
Bibliographie
	
1
................................................................................................................
Groseil Simon
RÉSUMÉ, TITRE ET MOTS-CLÉS


Titre: Méditer en pleine conscience pour un vieillissement réussi


Résumé:


Aujourd’hui, le vieillissement de la population s’avère être un enjeu de taille, présent et futur.
Une augmentation de l’espérance de vie doit impérativement s’accompagner d’un maintien en
bonne santé le plus longtemps possible. À côté de cet enjeu planétaire, une pratique millénaire
fait de plus en plus parler d’elle en occident : la méditation. Bien qu’elle ne soit connue que
du grand public depuis peu, les scientifiques l’étudient depuis plus de quarante ans. Leur but
est de comprendre les effets de cet entraînement mental de régulation attentionnelle et
émotionnelle autant sur des plans cognitifs, psycho-affectifs que métaboliques, cellulaires et
corporels. Cette revue de la littérature scientifique présente les résultats de certaines études de
ces quarante dernières années questionnant l’impact de la méditation sur le vieillissement.
Plus particulièrement, sera étudiée dans ce dossier, la méditation de pleine conscience ou
« Mindfulness » qui est une forme particulière de la méditation. Les études s’avèrent
encourageantes et les améliorations apportées par la pleine conscience sont multidomaines
(réduction du stress perçu, du stress oxydatif, activation de la télomérase, diminution des
symptômes dépressifs, augmentation du sentiment de bien-être, réduction de l’atrophie
cérébrale…). Réussir son vieillissement pourrait alors être médié par la pratique et
l’entraînement à la méditation Mindfulness. Malgré les promesses annoncées, ce domaine
d’investigation est encore jeune. Les études ne sont par conséquent que peu nombreuses et un
certain nombre de limites sur le plan méthodologique sont manifestes. Les nouvelles études
en cours semblent prendre en compte les recommandations de leurs pairs. Il est alors fort
probable, vu l’engouement pour ce champ d’étude, que les mystères autour de cette pratique
se révèlent à nous dans les années à venir
.

Mots-clés


méditation · vieillissement · cognition · pleine conscience · attention


Groseil Simon
INTRODUCTION


L’Homme n’a jamais été aussi âgé qu’aujourd’hui et bien qu’il existe une grande
diversité en fonction des régions du monde, le vieillissement de la population est un
phénomène mondial. Dans les pays développés, ce phénomène est conjointement dû à
l’avancée en âge des personnes issues du baby-boom (qui ont aujourd’hui entre soixante et
1
soixante-quinze ans) et à l’augmentation de l’espérance de vie . Les personnes âgées sont
2
donc de plus en plus nombreuses. Ainsi, les plus de soixante-cinq ans représentaient 16% de
la population en France en 2000 et représentent aujourd’hui 20,5%, soit une augmentation de
4,5 points en vingt ans. L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques –
INSEE – estime même une augmentation de près de 9 points d’ici 2070 faisait porter la
proportion à 29,2%. En nombre, il est estimé à vingt-cinq millions, le nombre de séniors de
plus de soixante-cinq ans en France en 2050. Toutes les études concordent sur un même
point : le nombre de personnes âgées tout comme leur proportion augmentent
.

Résultat d’une amélioration de la santé dans le monde, cette augmentation soulève néanmoins
des défis de taille et la question du vieillissement de la population est aujourd’hui un enjeu
mondial. En effet, un allongement de la vie n’est pas pour autant synonyme d’un allongement
de la qualité de la vie et de la santé. Le vieillissement entraîne une augmentation du nombre
de personnes développant des maladies et affecte leur autonomie. Par exemple, en 2015, deux
millions deux cent mille de séniors soit 15,3% des personnes de plus de soixante ans étaient
en perte d’autonomie. Ce taux atteindrait 16,4% en 2050 avec quatre millions de personnes
selon le rapport No 1767 de l’INSEE paru en 2019. Le vieillissement se caractérise aussi par
l’apparition de troubles non distinctement catégorisés comme des maladies. Ces troubles sont
regroupés sous le terme de syndrome gériatrique. Ce sont par exemple des chutes, de
l’incontinence urinaire, des fragilités
…

L’enjeu est alors global tant sur le plan scientifique, politique qu’économique. Comme une
réponse à ces problématiques liées à l’âge mais aussi venant répondre aux maux créés par nos
styles de vie actuels, une pratique millénaire rencontre de plus en plus de succès depuis une
vingtaine d’années en occident : la méditation
.

L’engouement auprès du grand public en occident pour la méditation est le reflet d’un
engouement d’abord scientifique qui a lieu depuis les années 1980. On remarque en effet une
Se traduit par « explosion des naissances », la période du baby boom se caractérise par une forte natalité entre
1
1945 et 1960 soit à la suite de la seconde guerre mondiale.
Entre 1950 et 2020, l’espérance de vie des hommes et femmes est respectivement passée de 63,4 à 79,8 ans et
2
de 69,2 à 85,7 ans. (Insee)
Groseil Simon sur
1 22
augmentation importante des publications scientifiques sur cette pratique. N’étant que d’une
dizaine dans les années 2000, ce nombre sera porté à plus de mille et ce juste sur l’année
2014.
 

Évolution des publications sur la médiation de pleine conscience entre 1977 et 2019
Bien plus qu’une simple mode, il est probable que le succès de la méditation est dû à sa
capacité de venir répondre aux besoins profonds en lien avec la condition humaine et le style
de vie actuel. Ainsi, à travers une revue de la littérature, nous aborderons une forme
particulière de la médiation qui se nomme communément méditation de pleine conscience ou
« mindfulness » en anglais. Nous verrons en quoi la méditation de pleine conscience favorise
un vieillissement réussi
.

Pour ce faire, nous commencerons par aborder le vieillissement, ses causes et ses
conséquences. Ensuite et plus en détail, nous discuterons des impacts de la méditation sur le
vieillissement au travers d’études en sciences cognitives. Cette partie sera l’occasion
d’essayer de répondre la question suivante : Quels effets engagent la pratique de la méditation
sur le vieillissement ? Enfin, nous terminerons sur les limites de ces études et sur les
perspectives possibles de cette pratique
.

Groseil Simon sur
2 22
I. Le vieillissement


Même si le vieillissement nous apparaît comme quelque chose d’évident, et qu’au terme du
processus de sénescence se situe la mort, questionner la mortalité de l’organisme s’avère être
d’une redoutable complexité. Plusieurs théories du vieillissement ont vu le jour dans le but
d’en expliquer les causes. De conception évolutionniste, nous avons par exemple la théorie de
la pléiotropie antagoniste (George C. Williams, 1957) ou encore celle du soma jetable (T.
Kirkood, 1977). Dans ce dossier, nous exposerons uniquement les origines du vieillissement
selon une conception physiologique du processus
.

A. Définition du vieillissement


Le vieillissement peut se définir comme un ensemble de processus physiologiques et
psychologiques qui modifient la structure et les fonctions de l'organisme à partir de l'âge mûr.
 

L’OMS défini le vieillissement d’un point de vue biologique comme «  le produit de
l’accumulation d’un vaste éventail de dommages moléculaires et cellulaires au fil du temps
entraînant une dégradation progressive des capacités physiques et mentales ainsi qu’une
majoration du risque de maladie et, enfin, le décès ». Toujours selon l’OMS, l’âge charnière
du vieillissement est fixé soixante-cinq ans. Cependant, le vieillissement est un processus
continu et très variable entre les individus. L’âge donné par l’OMS relève plus d’un critère de
catégorisation que d’un critère de définition de la personne dite âgée. Socialement et
économiquement parlant, ce critère chronologique possède néanmoins un sens (catégorisation
sociale, prise en charge par l’aide sociale en Ehpad…). Par ailleurs, les Hommes ne sont pas
tous égaux devant ce processus homogène à l’échelle de l’espèce, mais très hétérogène à
l’échelle individuelle. En fonction des facteurs endogènes donc génétiques et exogènes soit
environnementaux, les signes de vieillesse comme ses effets sont plus ou moins marqués
d’une personne à une autre.
 

La notion de vieillissement est aussi bien plus qu’un simple vieillissement du corps et des
tissus. La distinction à faire entre l’âge biologique et l’âge psychologique n’est alors pas
accessoire. L’âge biologique équivaut aux modifications biologiques qu’entraîne l’avancée en
âge tandis que l’âge psychologique correspond à l’état psychique de la personne qui vieillit.
 

Groseil Simon sur
3 22
B. Causes du vieillissement


La sénescence est un processus inévitable d’usure cellulaire due à l’accumulation progressive
d’effets délétères. Nous aborderons la théorie radicalaire du vieillissement ainsi que le rôle
des télomères dans le processus de vieillissement.
 

1. Le stress oxydatif


La théorie radicalaire du vieillissement, formulée par Harman en 1956, nous explique que le
vieillissement des tissus de l’organisme résulte d’une accumulation de molécules oxydées, les
radicaux libres aussi abrégé ERO pour Espèces Réactives de l’Oxygène. Dans des
circonstances normales, la balance entre espèces antioxydantes et prooxydantes est équilibrée.
Néanmoins, lors du vieillissement, on observe un déséquilibre de cette balance dû à la
surproduction et l’accumulation de radicaux libres. Les capacités antioxydantes de
l’organisme deviennent insuffisantes à la gestion du flux de plus en plus important des
radicaux libres. Le résultat de ce déséquilibre est l’apparition du stress dit oxydatif
.

Ce dernier amène un ensemble d’effets délétères pour la cellule (mutations de l’ADN,
carbonylation des protéines, oxydation des lipides, dégradation des télomères…) causant ainsi
le vieillissement de l’organisme (D. Harman., 2002)
.

2. Les télomères


À l’échelle de nos cellules, le processus de sénescence désigne la dégradation lente et
progressive des cellules de l’organisme. Cette dégradation est intimement corrélée avec une
séquence d’ADN particulière ne contenant pas de gènes et se situant sur les extrémités des
chromosomes : les télomères. Ces véritables « capuchons de chromosomes » ont un rôle de
protection du patrimoine génétique des cellules. Néanmoins, lors de l’interphase comprenant
3
la recopie de l’ADN, les télomères se rétrécissent. Leurs réductions s’accentuent
indubitablement au travers des cycles cellulaires successifs ce qui cause l’altération des
chromosomes et, in fine, des cellules. En perdant son potentielle réplicatoire, la cellule devient
sénescente et contribue au vieillissement de l’organisme
.

Interphase: Phase d’accroissement de la cellule, de recopie du patrimoine génétique précédent la séparation de
3
cet ensemble en deux cellules distinctes.
Groseil Simon sur
4 22
Télomères et divisions cellulaire
s

Afin de pallier à cette dégradation des télomères, une enzyme, la télomérase s’active et ce,
notamment dans les cellules à multiplication intense comme les cellules souches et
germinales. L’activité de cette enzyme est directement corrélée au nombre de division de la
cellule. En d’autres termes, plus la télomérase est active et plus la cellule se divisera avant
d’entrer en sénescence
.

Par exemple, la maladie de la progéria qui se caractérise par un vieillissement précoce de
l’organisme, est due à un rétrécissement excessif des télomères. Selon la théorie télomérique
du vieillissement, les télomères seraient alors comme les horloges biologiques de nos cellules.
De façon caricaturale, l’activité de la télomérase serait comme un bain de jouvence pour
l’organisme (et les télomères) qui verrait les minutes de l’horloge du temps défiler un peu plus
lentement
.

Outre le vieillissement, l’inflammation comme le stress sont aussi responsables du
rétrécissements de cette séquence d’ADN. Un lien a même été montré entre stress oxydatif et
rétrécissement des télomères (T. Richter, & T. von Zglinicki, 2007). La théorie radicalaire du
vieillissement semble donc être responsable du vieillissement cellulaire par agression des
télomères
.

Groseil Simon sur
5 22
C. Bien-être et santé mentale


Outre les modifications au niveau microscopique et biologique, le vieillissement a un impact
sur le bien-être et la santé mentale. La dépression concerne 15% des plus de soixante-cinq ans
et la moitié de cette population souffre de troubles du sommeil. L’idée d’une vulnérabilité
accrue aux troubles liés à l’âge ou encore d’une perte d’autonomie entraîne chez les personnes
âgées de nombreuses inquiétudes (B. G. Knight et al., 2015) ce qui favorise un état de stress
.

Les troubles du sommeil, l’augmentation des inquiétudes, l’augmentation du stress ainsi que
la perturbation de l’humeur entraîneraient une véritable boucle de rétroaction négative. Par
exemple il a été montré que l’augmentation du niveau de stress ou de l’anxiété favorisait
l’apparition de démence ou de troubles gériatriques. Ces troubles viennent ensuite diminuer la
qualité de vie de la personne qui elle-même, si diminuée, favorise l’apparition de troubles. Le
déclin cognitif serait aussi accéléré par l’ensemble des troubles gériatriques (K. E. Innes et al.,
2014)
.

Schéma des troubles cognitifs, psycho-affectifs et émotionnels observés dans le
vieillissement normal.
 



Groseil Simon sur
6 22
Le vieillissement normal entraîne de nombreux changements au niveau cognitif, psycho-
affectif et émotionnel
.

Par exemple, on observe une préservation et dans certains cas, un accroissement de certaines
fonctions comme celles du langage ou de la mémoire sémantique.
 

À l’inverse, le déclin de l’intelligence fluide en lien avec la capacité à résoudre des
problèmes, des fonctions exécutives ou encore la mémoire épisodique est observé dans le
vieillissement. Toutefois, l’intelligence cristallisée, qui est la capacité à utiliser ses
connaissances, ses compétences et son expérience est préservée dans le vieillissement
cognitif. Elle constitue d’ailleurs un moyen de compensation en référence au modèle de
Baltes que nous verrons postérieurement
.

D. Modifications cérébrales


Le vieillissement normal entraîne un ensemble de modification cérébral à commencer par une
atrophie générale. À partir de cinquante ans, les recherches ont montré qu’une perte de 2% du
volume du cerveau se faisait par décennie. Ainsi on observe une différence de 7 à 8% entre le
volume de cerveaux d’adultes de quarante ans et celui de personnes de plus de soixante-cinq
ans. De ce fait, le poids du cerveau diminue aussi avec le vieillissement. Cependant, toutes les
régions ne montrent pas les mêmes évolutions dans l’amplitude de l’atrophie. Ainsi le cortex
préfrontal comme l’hippocampe montrent une atrophie plus forte que les régions pariétales ou
temporales. La baisse est de 17% des neurones entre vingt-huit et quatre-vingt ans dans
l’hippocampe. Ces changements sont d’ailleurs en cohérence avec l’altération des fonctions
exécutives, la baisse des capacités en mémoire de travail et l’apparition de troubles de la
mémoire sémantique. Les chercheurs ont aussi observé un élargissement des ventricules
cérébraux et une diminution de la densité synaptique.
 

Les régions du réseau du mode par défaut (RMD) sont aussi touchées par l’âge avec une
diminution des connectivités. Ce réseau est particulièrement important dans les fonctions
cérébrales humaines (Buckner, 2012). Il s’active lorsque nous réalisons des tâches cognitives
tournées vers nous-mêmes et lorsque l’esprit vagabonde. Par exemple l’introspection, la
planification et la mémorisation activent ce réseau fonctionnel (Snyder & Raichle, 2012). Il
est aussi fortement impliqué dans la mémoire épisodique (Schacter et al., 2007).
 

Cependant, un désengagement du RMD dans les tâches faisant appel aux capacités
attentionnelles a été observé chez les sujets vieillissants. (S. Fountain-Zaragoza, R. S.
Prakash, 2017). L’altération du RMD et l’apparition de troubles de la mémoire épisodique au
cours du vieillissement pourrait aussi être en lien.
 

Groseil Simon sur
7 22
D’un point de vue structurel, il a été observé une diminution des épines dendritiques avec
l’avancé en âge. Toutefois, un enrichissement dendritique est possible de par le mécanisme de
plasticité neuronale mais celui-ci n’est valable que jusque’a un certain âge – quatre-vingt-dix
ans – et que dans certaines régions cérébrales.
 

D’un point de vue fonctionnel, les connectivités impliquées dans le réseau du mode par défaut
(RMD) diminuent avec le vieillissement. Le RMD est donc altéré à la fois structurellement et
fonctionnellement par le vieillissement normal. L’atrophie observée dans le RMD est aussi la
plus importante comparée à la plupart des autres régions cérébrales altérées dans le
vieillissement normal. Cela indique les effets directs du vieillissement et la vulnérabilité de
cette région. (A. Fjell, et al., 2014)
.

Les chercheurs ont aussi montré que la diminution de la connectivité dans ce réseau était
associée à des scores plus faibles sur les tâches cognitives. Par conséquent, le maintien de
l'intégrité de ce réseau semble être un enjeu important pour un vieillissement réussi
.

E. Le vieillissement réussi


Les travaux de définition et d’identification des facteurs entraînant une avancée en âge ne sont
pas de simples constats. L’homme vieillit irrémédiablement mais comprendre le pourquoi et
les enjeux que cela entraîne, permet de mettre en place des perspectives dans l’objectif de
favoriser un vieillissement réussi
.

Mais alors qu’est-ce que réussir son vieillissement, qu’elles en sont les déterminants ? Est-ce
rester longtemps en « bonne » forme physique et mentale, est-ce se sentir bien, même devant
la maladie ?
 

Des psychologues spécialisés en gérontologie se sont posés ces questions dès les années 1960.
Le terme de vieillissement réussi ou « successful aging » apparaît aux États-Unis à la suite des
travaux de d’Havighurst (1961). C’est pourtant Rowe et Kahn (1987, 1997) qui vont tenter de
définir cette notion selon trois critères.
 

Selon ces chercheurs, le vieillissement est réussi si la personne vieillissante à (1) une absence
de maladie et de facteurs de risques, (2) des capacités intellectuelles et physiques élevées et
(3) un engagement actif dans des activités sociales et d’occupations.
 

Groseil Simon sur
8 22
Modèle du fonctionnement bio-psychosocial de Rowe et Kahn (1988).
 

Il apparaît très vite que ces critères réfèrent plus à un vieillissement idéalisé ou il s’agirait de
« vieillir sans vieillir ». Et bien qu’encore modélisable pour des jeunes retraités, il apparaît
qu’un respect de tels critères semble utopique pour des personnes de plus de quatre-vingt ans.
 

Baltes, psychologue Américain spécialisé en gérontologie va dans les années 1980 proposer
un modèle moins restrictif, basé sur l’adaptation de l’individu en développement : le modèle
SOC pour Sélection - Optimisation - Compensation
.

La sélection concerne le fait de définir et de choisir des objectifs. L’optimisation consiste à
générer, coordonner et affiner les conditions les plus favorables dans la réalisation des
objectifs sélectionnés. Enfin, la compensation consiste en l’investissement de moyens de
substitution et/ou additionnels afin de maintenir un niveau de fonctionnement désirable à
l’atteinte des objectifs
.

Modèle SOC de Baltes (1990
)

Ce modèle entre dans une perspective « life span » ou vie entière intégrant gains et pertes liés
aux processus développementaux. Selon Baltes et collaborateurs, la personne est en constante
adaptation dans son développement. En effet, face aux changements liés à l’âge, les personnes
Groseil Simon sur
9 22
vont mettre en place des stratégies de réorientation des buts et de régulation permettant de
parvenir à un vieillissement réussi. Ce modèle sera complété par Riley et Riley en mettant
l’accent sur la caractère actif, agentif, de la personne dans son développement et donc son
vieillissement
.

Ainsi, selon Baltes & Baltes (1990) et Riley, le concept de vieillissement réussi est
étroitement lié à certains attributs individuels tels que la motivation, la capacité d’adaptation
ou encore la résilience. La méditation entre parfaitement dans cette perspective d’agentivité
de la personne traversant les années de la vie. Cette pratique constitue en ce modèle, une voie
tant bien dans la sélection, l’optimisation et la compensation. Comme le montre la revue
d’étude réalisée par Sun, et collaborateurs en 2015, l’état de présence permis par la pratique
de la méditation de pleine conscience a un impact dans le processus décisionnel et donc de
sélection. Conjointement, la pratique à aussi un impact sur l’optimisation. En étant moins
sujet au brouillard mental et à l’influence de ses processus automatiques, la personne peut
sélectionner « en conscience ». Même si les décisions sont souvent intuitives et régis par un
ensemble de processus inconscients, la méditation permet de développer une certaine forme
d’intuition au travers d’actions cohérentes et soutenues par des valeurs qui sont propres à la
personne. De par une connaissance de soi plus juste, c’est-à-dire moins enclin à la sur-
estimation ou à la sous-estimation de ses capacités, la personne prend davantage conscience
de ses points forts et de ses limites.
 

La méditation «  permet essentiellement d’apprendre à mieux se connaître soi-même et de
cultiver une manière d’être optimale, axée vers le bonheur et l’altruisme ». (Matthieu Ricard)
Enfin, la méditation est en soi, une pratique compensatoire des modifications liée à l’âge car
elle permet de lutter contre un vieillissement qui pourrait devenir pathologique.
 

Effets antagonistes du vieillissement et de la méditatio
n



Groseil Simon sur
10 22
II. LA MÉDITATION POUR UN VIEILLISSEMENT RÉUSSI


Avant de présenter les effets de la méditation sur le vieillissement, il est important de définir
le terme de « méditation » ainsi que ces différentes formes. Le terme « méditation » regorge
d’une multitude de définitions car issu de pratiques différentes. Pour autant, on distingue
généralement trois formes de pratiques méditatives. La méditation centrée sur la compassion
et l’altruisme, la méditation par attention focalisée et la méditation de pleine conscience.
 

A. La méditation


Apparu il y a 2500 ans en Orient, la méditation et plus particulièrement la pleine conscience
n’est véritablement popularisée que dans les années 1960 - 1970 aux Etats Unis et en
occident. Bien qu’elle soit au coeur de nombreuses traditions spirituelles comme dans le
bouddhisme, le taoïsme, l’hindouisme, le sikhisme ou encore le christianisme pour ne citer
qu’elles, la méditation est avant tout un entrainement de l’esprit qui, bien que parfois associé à
une pratique spirituelle, peut s’en dissocier sans pour autant en perdre sa valeur. S’assoir en
tailleur, porter un châle ou encore s’inscrire dans des croyances religieuses ne sont donc pas
conditions sin equa non de cette pratique.
 

C’est Jon Kabat-Zinn, chercheur américain à l’université du Massachusetts qui laïcise cette
pratique. Il inventa le terme de « Minduflness » pouvant être traduit par « pleine conscience »
ou «  pleine présence  » ou encore «  pleine attention  ». Méditer ne s’inscrit des lors plus
nécessairement dans une pratique religieuse ou spirituelle mais devient un entrainement de
l’esprit à part entier. La méditation comme un « entrainement » implique nécessairement une
pratique active. Elle se distingue fonctionnellement de la relaxation de par une activation
cérébrale plus intense des aires paralimbiques en lien avec le système nerveux autonome.
 

À titre de comparaison, la méditation est à notre cerveau ce que l’exercice physique est à
notre corps. L’exercice physique se fait au travers de différents sports ne mobilisant pas les
mêmes capacités corporelles en fonction du but recherché. Il en va de même dans la
méditation qui via différentes formes, ne mobilise pas les mêmes processus cérébraux.
 

Trois formes de méditation sont généralement rapportées : la méditation dite par attention
focalisée, qu’on appellera de type I, qui est une pratique ou le méditant va se concentrer sur
un objet (généralement sa respiration). Le but est d’apprendre à réguler son attention, de
développer sa vigilance en vue de clarifier son esprit, et d’avoir une conscience de ses propres
états internes (pensées, croyances, émotions, perceptions).
 

Groseil Simon sur
11 22
La méditation de pleine conscience, qui constitue le deuxième type de méditation et qui nous
intéresse dans ce dossier, vient généralement à la suite d’une pratique de méditation focalisée.
En effet, à la différence d’être focalisé sur un objet en particulier comme dans la méditation
de type I, la méditation de pleine conscience aussi appelée méditation de surveillance ouverte,
de pleine présence, ou de pleine attention, opère par une ouverture du champ attentionnel. Le
méditant reste attentif à ses ressentis, à ses états émotionnels, à son discours intérieur mais
sans pour autant se concentrer dessus. Métaphoriquement, il observe les nuages passer sans
s’attarder sur aucun d’eux. Enfin, la troisième forme de méditation est celle cultivant la
compassion et l’altruisme envers les autres. Elle consiste à prendre conscience des besoins de
quelqu’un d’autre, puis à ressentir un désir sincère de l’aider. On peut aussi souhaiter soulager
la souffrance d’autres personnes en les protégeant contre leur propre comportement
destructeur. Le sentiment de bienveillance envers les autres y est cultivé ici.
 

La méditation est au final un ensemble de stratégies complexes aux visées diverses portant sur
une activité de régulation attentionnelle et émotionnelle.
 

De nombreux programmes de méditation ont vu le jour depuis que les premières études ont
montré un ensemble d’effets salutaires. Le plus connu est le «  Mindfulness Based Stress
Reduction ou MBSR qui se traduit en français par « programme de réduction du stress basé
sur la pleine conscience ». Développé par Jon Kabat-Zinn, se programme se déroule sur huit
semaines et se compose en une pratique quotidienne d’au moins quarante cinq minutes de
méditation mindfulness auquel s’ajoute une séance hebdomadaire collective d’environ trois
heures supervisée par un instructeur formé. Une journée de retraite est aussi organisée au
cours du programme.
 

Le MBCT pour « Mindfulness based cognitive therapy » traduit en « thérapie fondé sur la
pleine conscience » est aussi relativement célèbre et utilisé par les psychologues cliniciens
d’orientation TCC. Conçu par Zindel Segal, ce programme couple des exercices de pleine
conscience à des exercice de thérapie cognitive.
 

Des variantes se sont aussi développées en fonction du public ciblé. Nous avons par exemple
le MBCAS qui est un programme d’entraînement à la pleine conscience pour les seniors et
qui comprend lui aussi huit séances mais disposées mensuellement
.

Les études scientifiques utilisent des groupes de méditant suivant généralement le programme
MBCT ou MBSR c’est pourquoi nous n’avons développé que ces deux derniers mais sachez
qu’il en existe encore bien d’autre : MBCP pour «  Mindfulness-Based Childbirth and
Parenting », OFT pour « Open Focus Therapy », DBT pour « Dialectic Behavior Therapy »
ou encore la méthode VITTOZ
.

Groseil Simon sur
12 22
B. Le principe de causalité descendante


Il est aujourd’hui établi qu’une modification des pensées, émotions entraine des modifications
corporelles. Ce principe, ou les pensées et émotions viennent influencer la physiologie jusqu’à
des niveaux cellulaires et moléculaires, a été développé dans les années 1970 par la
psychologue américaine Donald Campbell. Mère de l’expérimentation sociale, elle le nomme
principe de causalité descendante. Selon ce dernier, un phénomène macroscopique comme
une émotion, une pensée est le résultat d’un ensemble de processus neuronaux entrainant des
modifications de cet ensemble et/ou de ses composantes. De manière stéréotypée, en
modifiant nos pensées, nous modifions notre biologie. Par exemple, les pensées anxieuses
entrainent par cascade, un ensemble de réactions néfastes dans l’organisme comme
l’inflammation. Ces réactions vont à leur tour modifier l’activité de certains neurones ou de
réseaux neuronaux qui vont, eux même, entrainer une augmentation de l’état anxieux : c’est
ce qu’on appelle une boucle de rétroaction. L’efficacité, d’un point de vue théorique, des
psychothérapies repose indiscutablement sur ce principe de causalité descendante ayant pour
finalité une causalité profitable à l’individu. Le principe est de travailler à un niveau
macroscopique c’est à dire sur les pensées et/ ou émotions. Par ce principe de causalité
descendante, le travail macroscopique aura des conséquences au niveau microscopique c’est à
dire au niveau neuronale, cellulaire et moléculaire
.

La méditation comme outil psychothérapique au travers des programme MBCT, MBSR, ou
MBCAS fait aussi référence à ce principe
.

C. Impact sur la santé et le bien-être


Les études princeps ont étudié l’impact de la méditation sur la régulation des émotions via le
programme MBSR développé par Kabat Zinn.


1.
	
Régulation des émotions


Kabat Zinn dans son étude préliminaire de 1982 montre que les effets du programme MBSR
sont entre autres une diminution de la détresse associée à la douleur ainsi qu’une amélioration
de l’humeur pour les personnes souffrant de douleurs chroniques. Les résultats d’études plus
récentes vont dans la même direction (Morone et al., 2008). Les méditants de pleine
conscience développeraient des capacités d’acceptation et de modulation envers les émotions
négatives. Ils seraient alors plus à même de réguler leurs émotions et surtout celles négatives.
Groseil Simon sur
13 22
Aussi, ils développeraient la capacité à identifier précocement la survenue de pensées
négatives.


2. Rumination et dépression


L’étude de Young et Baime en 2010 utilisant le programme MBSR conclu même à une
diminution de moitié des personne âgées souffrant d’une dépression et d’anxiété cliniquement
significative à l’issu du programme. Un des symptômes de la dépression est la rumination
mentale qui est cette tendance à ressasser les pensées négatives en boucle. Il a été montré
(Wiveka Ramel et al.) que cette tendance était diminuée par la pratique de la pleine
conscience. Ces résultats sont en lien avec une meilleure régulation de ses émotions et de ses
pensées. Les résultats de toutes ces recherchent étudiant l’impact de la méditation de pleine
conscience sur le bien être psychologique concordent sur la conclusion d’une amélioration du
bien-être et une réduction du stress, des symptômes dépressifs et de l’anxiété
.

Une pratique de 6 mois de méditation de pleine conscience chez les personnes ayant souffert
d’au moins trois dépressions serait aussi efficace qu’un traitement médicamenteux
(antidépresseurs) pour prévenir les rechutes alors réduites de 40%. (Teasdale, J. D., Segal, Z.
V., 2000)
.

L’étude de Morone et collaborateurs en 2008 annonce également une diminution des troubles
du sommeil chez les personnes âgées. Ces résultats encourageants, sont observés aussi bien
dans une population clinique que non clinique et les effets positifs de la méditation semble
consolidés
.

3.
		
Méditation et douleur chronique


Comme cité précédemment, les personnes âgées ont davantage de risque de développer des
troubles gériatriques et sont plus enclin à chroniciser les douleurs. (Allaz, A.F., 2006).


La méta-analyse réalisée par Maglione et collaborateurs en 2016, comme les études de
Morone et al de 2008 ou encore celles de Jon Kabat-Zinn montrent que la pleine conscience
réduit l’impact de la douleur chronique sur la vie quotidienne. En effet, dans l’étude de Kabat-
Zinn, environ un tier la douleur se voit réduite chez 65% des patients à dix semaines de
pratique. Ce faisant, une amélioration du bien-être quotidien est observée chez ces personnes.
Rappelons que la douleur chronique se définit selon l’Association internationale pour l’étude
de la douleur (IASP) comme « une douleur sans valeur biologique évidente qui persiste au-
delà du temps de guérison habituel d’une atteinte tissulaire ». La méditation de pleine
conscience ne se concentre pas sur la diminution de la douleur en tant que tel mais sur
Groseil Simon sur
14 22
l’acceptation de la maladie. En effet, la non acceptation et l’utilisation de stratégies
d’évitement entraine stress et angoisses, eux-même vecteur de la chronicisation de la douleur.
La réorganisation attentionnelle liée au non jugement permet à la personne de ne plus se
focaliser sur la douleur tout en diminuant les ruminations en lien avec cette dernière.


4.
		
Améliorer la sensation de bien-être


Une meilleure capacité à entrer en pleine conscience et ce, de façon naturelle, est corrélée à
une amélioration du bien-être psychologique. Il a d’ailleurs été montré qu’une pratique de la
pleine conscience activait le cortex préfrontal gauche en lien avec les émotions positives.
(Fountain-Zaragoza et al., 2017).
Généralement, les études montrent toutes une corrélation positive entre les scores de pleine
conscience trait et ceux de bien-être obtenus par auto-questionnaire. La pratique de la
méditation de pleine conscience améliore donc le sentiment de bien-être.
 

5. Méditer pour lutter contre la maladie d’Alzheime
r

Pendant deux ans, Quintana-Hernandez et ses collègues (2016), ont étudié les effets de la
méditation de pleine conscience sur la maladie d’Alzheimer (MA). Ils cherchaient à savoir si
cette pratique pouvait influencer l’évolution de la maladie en la diminuant. Pour se faire, ils
ont constitué quatre groupes (dont un groupe contrôle) incluant toutes des personnes atteintes
de la maladie d’Alzheimer. Un groupe suivait un programme de méditation, un autre une
thérapie de stimulation cognitive et un autre une thérapie de relaxation. Les mesures portaient
sur la mémoire et l’attention des sujets. Les résultats montrèrent un effet protecteur bien plus
important pour les personnes ayant suivi le programme de méditation mindfulness que ceux
issu du groupe de relaxation ou du groupe contrôle. La protection apportée par la méditation
sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer était toute aussi importante que celle des personnes
qui suivaient la thérapie par stimulation cognitive
.

Les résultats de l’étude de R.E. Wells en 2013 concluaient aussi sur le potentiel de la
médiation vis-à-vis des patients souffrants d’Alzheimer et de déficiences cognitives légères –
MCI pour Mild Cognitive Impairment.
 

D'après les dires de la scientifique, ses recherches sont prometteuses dans le sens ou elles
montrent que les personnes atteintes de maladie dégénérative comme Alzheimer ou de MCI
peuvent tout de même apprendre et pratiquer la méditation. La pratique pourra ensuite
renforcer les capacités de réserves de la personne et donc contrer l’évolution de la maladie
d’Alzheimer. La méditation de pleine conscience pourrait servir de traitement non
Groseil Simon sur
15 22
pharmacologique pour ralentir la déficience cognitive observée dans la MA ou dans d’autres
troubles cognitifs gériatriques
.

D. Impact sur la cognition des personnes âgées


Alexander, Langer, Newman, Chandler, et Davies, en 1989, sont les premiers à étudier les
effets cognitifs de la méditation chez les personnes âgées. La moyenne d’âge des soixante-
treize sujets étudiés était de quatre-vingt-un ans. Les capacités mnésiques et les fonctions
exécutives ont été évaluées en fonction de trois interventions cognitives qu’étaient la
méditation transcendantale, un entrainement à la pleine conscience et de la relaxation. Un
groupe témoin était aussi présent. Ces interventions étaient réparties sur douze semaines.
L’analyse de la variance des quatre groupes rapporte des performances qualitativement
supérieures pour le groupe entraînées à la pleine conscience en ce qui concerne les taches de
fluence verbale et de flexibilité mentale.
 

En 2012, Prakash et ses collègues ont voulu comparer la cognition entre des experts
comptabilisant plus de dix ans de pratique chacun et des non méditants
.

Dans cette étude transversale, les experts et les non méditants ont dû passer une batterie de six
tests neuropsychologues évaluant la mémoire à court terme, la vitesse perceptuelle, l'attention
et les fonctions exécutives. Les résultats indiquèrent une amélioration dans chacun des
domaines mesurés pour les méditants comparé au groupe de non méditant. (R. Prakash et al.,
2012)
.

L’étude longitudinale de Moynihan et collaborateurs, l’année suivante et faisant intervenir des
sujets de plus de soixante-cinq ans, nous montra que le groupe ayant réalisé le MBSR,
comparé au groupe contrôle, obtenait de meilleurs résultats sur les tâches de flexibilité
mentale mais aucune amélioration significative n’était observée pour les tâches de vitesse de
traitement.
 

Enfin, H. Slagter a réalisé une étude portant sur les capacités attentionnelles. Pour ce faire,
elle a étudié le phénomène de clignement attentionnel. Selon ce dernier, si deux stimulis
visuels se succèdent rapidement (entre 200 et 500ms), le deuxième n’est généralement pas
discriminé. Cette tache reflète la capacité limitée de l’attention visuelle. Plus particulièrement,
une modulation de l’investissement attentionnel avec un propension moindre à s’attacher au
premier stimuli, pourrait permettre de détecter plus facilement le deuxième stimuli.
 

C’est l’hypothèse qu’ont posé les chercheurs. Selon eux, la méditation de pleine conscience,
par une ouverture du champ attentionnel et un détachement au stimuli environnant permettrait
cette modulation. Ce faisant, la détection du deuxième stimuli se fait plus facilement. Un
Groseil Simon sur
16 22
groupe de méditant ayant fait trois mois de retraite intensive était comparé à un groupe
témoin
.

Les résultats confirmèrent l’hypothèse de départ. En effet, le taux de détection du deuxième
stimuli était significativement supérieur pour le groupe de méditant que pour le groupe
témoin. Ces résultats suggèrent que les participants du groupe entrainé pouvaient moduler leur
attention en minimisant le clignement attentionnel. Ils allouaient moins de ressources au
premier stimuli ce qui leur permettait de détecter le second.
 

Dans l’ensemble, toutes les études ayant portées sur l’impacte de la méditation mindfulness
sur la cognition semble montrer un impact bénéfique de cette pratique et ce notamment pour
les fonctions cognitives sujettes à un déclin dans le vieillissement. La dégradation de ces
fonctions à rappelons le, des répercussions immédiates sur le bien-être des séniors et sur
l’apparition de dépression ou de démences liées à l’âge (Fountain-Zaragoza. S., & Prakash R.
S., 2017). Ainsi, un entrainement à la pleine conscience pourrait servir à préserver ces
fonctions ou tout du moins, à l’imiter leurs dégradations. La méditation de plein conscience
semblerait donc favoriser un maintient en bonne santé de la personne traversant les années.
 

Nous verrons dans la dernière partie qu’il n’est pour le moment pas possible de tirer des
conclusions stables et solides sur les effets salutaires de la méditation de pleine conscience
vis-à-vis du vieillissement cognitif.
 

E. Modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau


Une des premières études à s’intéresser aux modifications structurales du cerveau via la
pratique de la méditation est celle de S. Lazar et collaborateurs en 2005.


Les résultats montraient une modification ce certaines zones du cerveau chez les vingts
méditants expérimentés de l’expérience. Ces zones étaient l’insula, connu pour être impliqué
dans la conscience des états interne du corps, le cortex préfrontal impliqué dans
l’introspection, la métacognition et les fonctions cognitives de haut niveau, l’amygdale
engagée dans la gestion de la peur et du stress. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) à
mis en évidence une augmentation du volume du cortex dans l’insula et dans le cortex
préfrontal. Ces différences de volumes entre méditant et non méditant étaient d’ailleurs
supérieurs lorsque la comparaison se faisait sur des sujets âgés. Ces observations pourraient
suggérer l’influence compensatoire de la méditation sur l’amincissement corticales entrainé
par le vieillissement.


Groseil Simon sur
17 22
Les chercheurs ont observé au contraire, une diminution du volume de l’amygdale chez les
méditants expérimentés corrélé avec une diminution de la sensibilité au stress chez ces même
personnes.


Une méta-analyse réalisé par Fox KCR et collaborateurs en 2014, va dans le même sens que
les études suscitées. Les chercheurs observent aussi une augmentation du volume de la
substance grise dans les zones du cortex préfrontal et de l’insula. Ils notent également que la
pratique de la méditation de pleine conscience augmenterait la substance grise dans les zones
de l’hippocampe, particulièrement impliquée dans les processus liés à la mémoire.


Cette augmentation est aussi observée dans le cortex orbitofrontal, cingulaire antérieur et
moyens impliqués dans la gestion des émotions et le contrôle de soi. Les études citées
précédemment font intervenir une population d’adultes plutôt que de personnes âgées
contrairement à celle de E. Luder et ses collègues (2015) qui se sont spécifiquement intéressés
aux effets de la méditation de pleine conscience sur l’atrophie cérébrales due au
vieillissement. Comme les études sur une population d’adulte, Luder et collaborateurs
observent une moindre diminution du volume de la substance grise chez les méditants que
chez les non méditants. Les méditants avaient fonctionnellement et structurellement un
cerveau plus jeune de sept ans et demi que les non méditant.


En 2017, une seconde étude c’est focalisée sur les effets de la méditation mindfulness chez les
personnes âgées et les résultats viennent confirmer les premières observations. Plus étonnent
encore, il s’avère que le potentiel anti-atrophie de la méditation à surtout lieu dans les zones
particulièrement impacté dans le vieillissement
.

Les chercheurs ont depuis une vingtaine d’année, commencé à identifier les zone cérébrales
activité par une la méditation. L'activité cérébrale liée à l'état méditatif s'accompagne d'une
relaxation de certaines régions cérébrales. Le réseau de mode par défaut est moins actif chez
les méditants expérimentés que chez les non méditants. Cette réduction suggère un moindre
vagabondage de l’esprit et une activité moins tournée vers soi-même. Paradoxalement à une
baisse de l’activité, les études montrent une augmentation de la connectivité fonctionnelle
entre les différentes zones constituant ce réseau. Il semblerait que l’entrainement à la
méditation permettrait de «  contrôler  » cognitivement le RMD. Grace à ce contrôle, les
méditants «  décident  » de désengager leurs activités afin de diminuer le vagabondage de
l’esprit (Brewer, J. A., et coll., 2011)
.

Groseil Simon sur
18 22
La méditation permettrait de contrer ou tout du moins de diminuer l’altération des structures
cérébrales affectés par le vieillissement . La pratique influerait sur les réserves cérébrales et
4
cognitives en les augmentants et de ce fait, elle ferait diminuer les facteurs de risque de
développer des démences et notamment celles en lien avec le vieillissement (maladie
d’Alzheimer, maladie de Parkinson
)

F. Impact au niveau cellulaire


Des études se sont aussi portées sur les effets de la méditation de pleines consciences à un
niveau cellulaire. Il a tout d’abord été montré (Epel E, Blackburn E, Lin J, et al., 2004) que le
stress avait un effet direct sur la longueur des télomères et donc sur la longévité des cellules.
En étudiant deux groupes de femmes (groupe à haut niveau de stress VS groupe témoin), les
chercheurs ont pu montrer une différence significative de la longueur des télomères avec une
diminution beaucoup plus importante pour les femmes stressées au point de suggérer que « le
stress avait pris dix années de la vie de ces femmes  ». À la suite de ces découvertes
importantes, une multitudes d’autres études sont venues confirmer le rôle des télomères dans
le vieillissement. En poursuivant ces recherches, Blackburn a voulu montrer les effets de la
méditation car diminuant le stress, sur l’activité des télomérases. Après trois mois de retraite,
les méditants ont vu l’activité de leur télomérases augmenter de 30% ce qui réduisait la perte
télomérique induit par le vieillissement
.

La méditation serait-elle alors une simple « technique anti-stress » permettant d’enrayer le
rétrécissement des télomères au même titre que d’autres techniques de relaxation
?

Pour répondre à cette question, une étude de H. Lavretsky, E. S. Epel et leurs collèges en 2013
sur des sujets de 60 ans en moyenne a été faites. Y était comparé un groupe de méditant
pratiquant une médiation chantée et un groupe écoutant de la musique relaxante. Les résultats
sont sans appel: l’activité de la télomérase augmente de 43% chez les méditants comparé au
groupe se relaxant avec de la musique.
 

D’autres études vont aussi dans le sens d’une augmentation de l’activité de la télomérase à la
suite d’un entrainement à la méditation de pleine conscience (C. D. Saron et al., 2011 ;
Schutte, N. S., & Malouff, J. M. 2014 ; Lavretsky, H., et al., 2013 ; Wallace et al., 2007).
Comme évoqué dans la première partie, le stress oxydatif comme l’activité des télomérases
sont impliqués dans le processus de sénescence cellulaire. Ces deux facteurs, en plus du stress
perçu, sont aussi intimement liés dans la vitesse du vieillissement cellulaire.
 

Groseil Simon sur
19 22
E. Epel et ses collèges en 2004 ont étudié l’effet du stress sur ces facteurs en comparant deux
groupes (stressé VS non stressé). Les résultats montrèrent que chez la population stressée,
l’activité des télomérases était inférieur que chez le groupe non stressé à p < 0,01, que le
stress oxydatif était significativement supérieur à la marge de 2.5% d’erreur et que la longueur
des télomères était, elle aussi, significativement inférieure (p < 0.001) chez les personnes
stressées
.

III. LIMITES ET PERSPECTIVES


Toutes les études menées depuis plus de vingt ans sont assez univoques sur les bienfaits que
peuvent apporter la méditation face aux problématiques impliquées par le vieillissement
.

Nous avons développé ici que quelques aspects sur lesquelles cette pratique semble
prometteuse. Il en existe cependant bien d’autres : inflammation, risque cardio-vasculaire,
système immunitaire, empathie et contacts humains. Toutefois, une des limites des études sur
la méditation est l’approche souvent transversale. Cette méthodologie ne peut permettre
l’établissement d’une relation de cause à effet spécifique entre la méditation de pleine
conscience et les observations salutaire des études. Ces dernières pourraient être le fruit de
multiples composants en interaction étroite avec la méditation de pleine conscience. Cet
ensemble comprendrait par exemple les émotions, la cognition ou encore le sommeil. Ainsi,
dans cet ensemble ou les influences seraient réciproques, tirer des liens de cause à effet direct
serait scabreux. Par exemple, une amélioration du sommeil, induit par un entrainement à la
pleine conscience, pourrait conduire à des améliorations cognitives sur les processus
attentionnels ou encore à une amélioration des symptômes dépressifs. (K.K. Gulia et al.,
2018)
.

Outre la relation étroite existante entre tout ces paramètres, l’hétérogénéité des programmes
utilisés, mais aussi des échantillons sélectionnés font défaut. Les types d’interventions utilisés
ne sont pas homogènes et leurs méthodologies diffèrent avec des mesures cognitives variables
entre les études. Les procédures ne sont généralement pas standardisées ce qui entraine une
difficulté d’interprétation et de comparaison directe entre les recherches. De plus, les
échantillons utilisés sont très hétérogènes et les études qui ont été présentées dans ce dossier
ont généralement été faites sur des adultes de moins de soixante-cinq ans. Même lorsque
l’échantillon fait intervenir des personnes âgées, des disparités sont présentes. Certaines
recherchent se concentrent sur des personnes âgées souffrant de problèmes de douleurs
Groseil Simon sur
20 22
chroniques, d’autres sur des personnes âgées sujettes à la dépression ou encore d’autres sur
des séniors en relative bonne santé
.

D’autre variables à prendre en compte sont celles d’ordre génétique ou phénotypique, de
l’humeur de la personne, de son style de vie ou encore de son engagement dans la pratique.
 

Ajouter à la pluralité des échantillons, leur taille limite aussi la généralisation des résultats
.

En effet, les groupes de méditants ne dépassent rarement la vingtaine de personne. Toutefois,
des études font exceptions comme celle réalisée par Moynihan et ses collèges avec cent
personnes par groupe. L’étude européenne portant le nom de Silver Santé Study fait aussi état
d’une plus grande cohorte avec plus de trois cent participants.
 

Les rares études longitudinales portent aussi des biais car elles n’incluent généralement pas de
groupe contrôle actif et/ou passif. De plus les groupes sont rarement randomisés ce qui laisse
le choix des groupes aux sujets (S. Fountain-Zaragoza, et al., 2017).
 

Pour toutes ces limites, il serait encore prétentieux d’affirmer que la méditation de pleine
conscience a des bienfaits directs sur les effets délétères du vieillissement. Une
standardisation des programmes, une homogénéisation des échantillons ainsi qu’une
randomisation contrôlée des études devra être mise en place dans les futures études pour
conforter les résultats actuels et fort prometteurs. Cela permettrait aussi de venir éclairer les
mécanismes propres à la méditation de pleine conscience. En ce faisant, des programmes
spécifiques pourront se développer et cibler préférentiellement la rééducation de certaines
fonctions, par exemple
.

Le projet Silver Santé Study, financé par la commission européenne à récemment fait en sorte
de prendre en compte les recommandations apportés par les autres revues scientifique. Dans
cette perspective, les études ont été randomisées, incluant un grand nombre de sujet. De plus,
les évaluations se feront sur une large batterie de tests non spécifique à la méditation incluant
des mesures comportementales, biologique, anatomique, cérébrales ou encore de sommeil.
 

Cette pluralité permettra une discrimination plus fine des mécanismes impliqués dans la
pratique et des interactions avec d’autres composantes, comme le sommeil par exemple.
 

Ce projet entre d’ailleurs en totale cohérence avec le sujet de cette revue car l’objectif des
chercheurs est d’identifier les facteurs favorisant le bien-être ainsi que la santé mentale des
personnes âgées
.

Les différentes études mentionnent que les interventions de méditation de pleine conscience
sont bien accueillies par les apprenants. Il est noté que même chez les patients atteints de
troubles cognitifs ou de démences, la faisabilité était bonne. Aussi, aucunes des études ne
mentionnent de risques particuliers ou de contres indications à la pratique. Pratiquer un
Groseil Simon sur
21 22
entrainement à la pleine conscience c’est aussi occuper une place active dans sa prise en
charge et dans son vieillissement. Ce caractère agentif de la personne et notamment de la
personne âgée, est particulièrement important car, comme nous l’avons vu précédemment, le
vieillissement entraine tôt ou tard une perte de l’autonomie
.

Les résultats prometteurs ont permis de mettre en place des programmes adaptés aux
personnes âgées comme le MBCAS. Les résultats à venir pourraient permettre la mise en
place de thérapies ou d’entrainements à la pleine conscience tout en promouvant cette
pratique auprès des professionnelles de santé comme les gérontopsychologues.
 

Enfin, la méditation ne doit pas être pensée uniquement comme une méthode de réméditation
cognitive, bien qu’elle puisse l’être. En ce sens, pratiquer la méditation mindfulness pourrait
se faire en prévention chez des populations ayant des facteurs de risques de développer tels ou
tels troubles gériatriques. Evidemment, la pratique est aussi recommandée chez les individus
tout venant n’ayant pas de risques particuliers. En effet, un grand nombre d’effets salutaires
ont été identifiés chez les sujets tout venant et même chez les enfants et adolescents.
 

CONCLUSION


Les études portant sur la méditation et notamment la méditation mindfulness fleurissent.
L’engouement vis-à-vis de cette pratique non-pharmacologique est de plus en plus important.
Cet emballement ne serait-il pas les conséquences des résultats préliminaires apportés par les
scientifiques depuis plus de trente ans et par le fait qu’une telle pratique, laïque, gratuite et
non-invasive semblerait répondre aux maux entrainés par le vieillissement ?
 

Les études portant exclusivement sur les personnes âgées sont encore limitées en nombre
aussi bien que méthodologiquement. Ces limites ne permettent pas de conclure sans
équivoque sur les effets de la méditation. Les scientifiques font néanmoins acte des
revendications proposées par leur paires ce qui ne pourra amener qu’à des résultats de plus en
plus catégoriques. Toutes les études dans le champ de la méditation et du vieillissement
laissent entrevoir des perspectives d’avenir très prometteuses. Elles mettent en avant le rôle
du stress sur des composantes aussi bien cellulaire et génétique que sur des domaines
cognitifs et psycho-affectifs. Le potentiel thérapeutique qu’ouvrent ces premières recherches
sont encourageant quant aux enjeux majeurs que pose le vieillissement aujourd’hui. Réussir
son vieillissement est le fruit d’une combinaison d’un ensemble de variables dont la
méditation en fait partie. Il appartient à chacun de nous de mettre en place cet entrainement de
l’esprit pour vivre de belles années à venir.


Groseil Simon sur
22 22
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Méditer en pleine conscience pour un vieillissement reussi

  • 1. UNIVERSITÉ RENNES 2 UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES DEPARTEMENT DE PSYCHOLOGIE LICENCE 3 DE PSYCHOLOGIE TRAVAIL D’ÉTUDE ET DE RECHERCHE GROSEIL Simon Supervisé par Pr. Agnès Lacroi x Année 2020 - 202 1 Groseil Simon Méditer en pleine conscience pour un vieillissement réussi
  • 2. REMERCIEMENTS Tout d’abord je souhaite remercier ma directrice de TER, madame Agnès Lacroix, professeure en psychologie du développement et neuropsychologie de l’enfant à l’Université de Rennes 2, pour sa disponibilité tout au long de l’année . Je tiens aussi à remercier , Madame Hélène Lassignardie, psychologue clinicienne à Vannes, pour m’avoir accueilli comme stagiaire dans son cabinet, pour m’avoir fait découvrir son métier et aussi pour m’avoir impliqué dans une pratique clinique avec l’intervention de la méditation. Outre sa bonne humeur, ses connaissances et son expérience ont grandement participé à ma réflexion pour ce travail . Madame Angélique Dès Nétumière, psychologue clinicienne spécialisée en méditation de pleine conscience pour m’avoir accordé un entretien et avoir répondu à mes questions. Ces échanges ont été des plus nourrissants . Groseil Simon
  • 3. TABLE DES MATIÈRE Introduction 1 ................................................................................................................. I. Le vieillissement 3 .................................................................................................. A. Définition du vieillissement 3 .............................................................................. B. Causes du vieillissement 4 ................................................................................... 1. Le stress oxydatif 4 .................................................................................................... 2. Les télomères 4 .......................................................................................................... C. Bien-être et santé mentale 6 ................................................................................. D. Modifications cérébrales 7 ................................................................................... E. Le vieillissement réussi 8 ..................................................................................... II. La méditation pour un vieillissement réussi 11 ................................................... A. La méditation 11 .................................................................................................. B. Le principe de causalité descendante 13 .............................................................. C. Impact sur la santé et le bien-être 13 ................................................................... 1. Régulation des émotions 13 ....................................................................................... 2. Rumination et dépression 14 ...................................................................................... 3. Méditation et douleur chronique 14 ........................................................................... 4. Améliorer la sensation de bien-être 15 ....................................................................... 5. Méditer pour lutter contre la maladie d’Alzheimer 15 ............................................... D. Impact sur la cognition des personnes âgées 16 .................................................. E. Modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau 17 ............................... F. Impact au niveau cellulaire 19 ............................................................................. III. Limites et perspectives 20 ...................................................................................... Conclusion 22 .................................................................................................................. Bibliographie 1 ................................................................................................................ Groseil Simon
  • 4. RÉSUMÉ, TITRE ET MOTS-CLÉS Titre: Méditer en pleine conscience pour un vieillissement réussi Résumé: Aujourd’hui, le vieillissement de la population s’avère être un enjeu de taille, présent et futur. Une augmentation de l’espérance de vie doit impérativement s’accompagner d’un maintien en bonne santé le plus longtemps possible. À côté de cet enjeu planétaire, une pratique millénaire fait de plus en plus parler d’elle en occident : la méditation. Bien qu’elle ne soit connue que du grand public depuis peu, les scientifiques l’étudient depuis plus de quarante ans. Leur but est de comprendre les effets de cet entraînement mental de régulation attentionnelle et émotionnelle autant sur des plans cognitifs, psycho-affectifs que métaboliques, cellulaires et corporels. Cette revue de la littérature scientifique présente les résultats de certaines études de ces quarante dernières années questionnant l’impact de la méditation sur le vieillissement. Plus particulièrement, sera étudiée dans ce dossier, la méditation de pleine conscience ou « Mindfulness » qui est une forme particulière de la méditation. Les études s’avèrent encourageantes et les améliorations apportées par la pleine conscience sont multidomaines (réduction du stress perçu, du stress oxydatif, activation de la télomérase, diminution des symptômes dépressifs, augmentation du sentiment de bien-être, réduction de l’atrophie cérébrale…). Réussir son vieillissement pourrait alors être médié par la pratique et l’entraînement à la méditation Mindfulness. Malgré les promesses annoncées, ce domaine d’investigation est encore jeune. Les études ne sont par conséquent que peu nombreuses et un certain nombre de limites sur le plan méthodologique sont manifestes. Les nouvelles études en cours semblent prendre en compte les recommandations de leurs pairs. Il est alors fort probable, vu l’engouement pour ce champ d’étude, que les mystères autour de cette pratique se révèlent à nous dans les années à venir . Mots-clés méditation · vieillissement · cognition · pleine conscience · attention 
 Groseil Simon
  • 5. INTRODUCTION L’Homme n’a jamais été aussi âgé qu’aujourd’hui et bien qu’il existe une grande diversité en fonction des régions du monde, le vieillissement de la population est un phénomène mondial. Dans les pays développés, ce phénomène est conjointement dû à l’avancée en âge des personnes issues du baby-boom (qui ont aujourd’hui entre soixante et 1 soixante-quinze ans) et à l’augmentation de l’espérance de vie . Les personnes âgées sont 2 donc de plus en plus nombreuses. Ainsi, les plus de soixante-cinq ans représentaient 16% de la population en France en 2000 et représentent aujourd’hui 20,5%, soit une augmentation de 4,5 points en vingt ans. L’Institut National de la Statistique et des Études Économiques – INSEE – estime même une augmentation de près de 9 points d’ici 2070 faisait porter la proportion à 29,2%. En nombre, il est estimé à vingt-cinq millions, le nombre de séniors de plus de soixante-cinq ans en France en 2050. Toutes les études concordent sur un même point : le nombre de personnes âgées tout comme leur proportion augmentent . Résultat d’une amélioration de la santé dans le monde, cette augmentation soulève néanmoins des défis de taille et la question du vieillissement de la population est aujourd’hui un enjeu mondial. En effet, un allongement de la vie n’est pas pour autant synonyme d’un allongement de la qualité de la vie et de la santé. Le vieillissement entraîne une augmentation du nombre de personnes développant des maladies et affecte leur autonomie. Par exemple, en 2015, deux millions deux cent mille de séniors soit 15,3% des personnes de plus de soixante ans étaient en perte d’autonomie. Ce taux atteindrait 16,4% en 2050 avec quatre millions de personnes selon le rapport No 1767 de l’INSEE paru en 2019. Le vieillissement se caractérise aussi par l’apparition de troubles non distinctement catégorisés comme des maladies. Ces troubles sont regroupés sous le terme de syndrome gériatrique. Ce sont par exemple des chutes, de l’incontinence urinaire, des fragilités … L’enjeu est alors global tant sur le plan scientifique, politique qu’économique. Comme une réponse à ces problématiques liées à l’âge mais aussi venant répondre aux maux créés par nos styles de vie actuels, une pratique millénaire rencontre de plus en plus de succès depuis une vingtaine d’années en occident : la méditation . L’engouement auprès du grand public en occident pour la méditation est le reflet d’un engouement d’abord scientifique qui a lieu depuis les années 1980. On remarque en effet une Se traduit par « explosion des naissances », la période du baby boom se caractérise par une forte natalité entre 1 1945 et 1960 soit à la suite de la seconde guerre mondiale. Entre 1950 et 2020, l’espérance de vie des hommes et femmes est respectivement passée de 63,4 à 79,8 ans et 2 de 69,2 à 85,7 ans. (Insee) Groseil Simon sur 1 22
  • 6. augmentation importante des publications scientifiques sur cette pratique. N’étant que d’une dizaine dans les années 2000, ce nombre sera porté à plus de mille et ce juste sur l’année 2014. Évolution des publications sur la médiation de pleine conscience entre 1977 et 2019 Bien plus qu’une simple mode, il est probable que le succès de la méditation est dû à sa capacité de venir répondre aux besoins profonds en lien avec la condition humaine et le style de vie actuel. Ainsi, à travers une revue de la littérature, nous aborderons une forme particulière de la médiation qui se nomme communément méditation de pleine conscience ou « mindfulness » en anglais. Nous verrons en quoi la méditation de pleine conscience favorise un vieillissement réussi . Pour ce faire, nous commencerons par aborder le vieillissement, ses causes et ses conséquences. Ensuite et plus en détail, nous discuterons des impacts de la méditation sur le vieillissement au travers d’études en sciences cognitives. Cette partie sera l’occasion d’essayer de répondre la question suivante : Quels effets engagent la pratique de la méditation sur le vieillissement ? Enfin, nous terminerons sur les limites de ces études et sur les perspectives possibles de cette pratique . Groseil Simon sur 2 22
  • 7. I. Le vieillissement Même si le vieillissement nous apparaît comme quelque chose d’évident, et qu’au terme du processus de sénescence se situe la mort, questionner la mortalité de l’organisme s’avère être d’une redoutable complexité. Plusieurs théories du vieillissement ont vu le jour dans le but d’en expliquer les causes. De conception évolutionniste, nous avons par exemple la théorie de la pléiotropie antagoniste (George C. Williams, 1957) ou encore celle du soma jetable (T. Kirkood, 1977). Dans ce dossier, nous exposerons uniquement les origines du vieillissement selon une conception physiologique du processus . A. Définition du vieillissement Le vieillissement peut se définir comme un ensemble de processus physiologiques et psychologiques qui modifient la structure et les fonctions de l'organisme à partir de l'âge mûr. L’OMS défini le vieillissement d’un point de vue biologique comme «  le produit de l’accumulation d’un vaste éventail de dommages moléculaires et cellulaires au fil du temps entraînant une dégradation progressive des capacités physiques et mentales ainsi qu’une majoration du risque de maladie et, enfin, le décès ». Toujours selon l’OMS, l’âge charnière du vieillissement est fixé soixante-cinq ans. Cependant, le vieillissement est un processus continu et très variable entre les individus. L’âge donné par l’OMS relève plus d’un critère de catégorisation que d’un critère de définition de la personne dite âgée. Socialement et économiquement parlant, ce critère chronologique possède néanmoins un sens (catégorisation sociale, prise en charge par l’aide sociale en Ehpad…). Par ailleurs, les Hommes ne sont pas tous égaux devant ce processus homogène à l’échelle de l’espèce, mais très hétérogène à l’échelle individuelle. En fonction des facteurs endogènes donc génétiques et exogènes soit environnementaux, les signes de vieillesse comme ses effets sont plus ou moins marqués d’une personne à une autre. La notion de vieillissement est aussi bien plus qu’un simple vieillissement du corps et des tissus. La distinction à faire entre l’âge biologique et l’âge psychologique n’est alors pas accessoire. L’âge biologique équivaut aux modifications biologiques qu’entraîne l’avancée en âge tandis que l’âge psychologique correspond à l’état psychique de la personne qui vieillit. Groseil Simon sur 3 22
  • 8. B. Causes du vieillissement La sénescence est un processus inévitable d’usure cellulaire due à l’accumulation progressive d’effets délétères. Nous aborderons la théorie radicalaire du vieillissement ainsi que le rôle des télomères dans le processus de vieillissement. 1. Le stress oxydatif La théorie radicalaire du vieillissement, formulée par Harman en 1956, nous explique que le vieillissement des tissus de l’organisme résulte d’une accumulation de molécules oxydées, les radicaux libres aussi abrégé ERO pour Espèces Réactives de l’Oxygène. Dans des circonstances normales, la balance entre espèces antioxydantes et prooxydantes est équilibrée. Néanmoins, lors du vieillissement, on observe un déséquilibre de cette balance dû à la surproduction et l’accumulation de radicaux libres. Les capacités antioxydantes de l’organisme deviennent insuffisantes à la gestion du flux de plus en plus important des radicaux libres. Le résultat de ce déséquilibre est l’apparition du stress dit oxydatif . Ce dernier amène un ensemble d’effets délétères pour la cellule (mutations de l’ADN, carbonylation des protéines, oxydation des lipides, dégradation des télomères…) causant ainsi le vieillissement de l’organisme (D. Harman., 2002) . 2. Les télomères À l’échelle de nos cellules, le processus de sénescence désigne la dégradation lente et progressive des cellules de l’organisme. Cette dégradation est intimement corrélée avec une séquence d’ADN particulière ne contenant pas de gènes et se situant sur les extrémités des chromosomes : les télomères. Ces véritables « capuchons de chromosomes » ont un rôle de protection du patrimoine génétique des cellules. Néanmoins, lors de l’interphase comprenant 3 la recopie de l’ADN, les télomères se rétrécissent. Leurs réductions s’accentuent indubitablement au travers des cycles cellulaires successifs ce qui cause l’altération des chromosomes et, in fine, des cellules. En perdant son potentielle réplicatoire, la cellule devient sénescente et contribue au vieillissement de l’organisme . Interphase: Phase d’accroissement de la cellule, de recopie du patrimoine génétique précédent la séparation de 3 cet ensemble en deux cellules distinctes. Groseil Simon sur 4 22
  • 9. Télomères et divisions cellulaire s Afin de pallier à cette dégradation des télomères, une enzyme, la télomérase s’active et ce, notamment dans les cellules à multiplication intense comme les cellules souches et germinales. L’activité de cette enzyme est directement corrélée au nombre de division de la cellule. En d’autres termes, plus la télomérase est active et plus la cellule se divisera avant d’entrer en sénescence . Par exemple, la maladie de la progéria qui se caractérise par un vieillissement précoce de l’organisme, est due à un rétrécissement excessif des télomères. Selon la théorie télomérique du vieillissement, les télomères seraient alors comme les horloges biologiques de nos cellules. De façon caricaturale, l’activité de la télomérase serait comme un bain de jouvence pour l’organisme (et les télomères) qui verrait les minutes de l’horloge du temps défiler un peu plus lentement . Outre le vieillissement, l’inflammation comme le stress sont aussi responsables du rétrécissements de cette séquence d’ADN. Un lien a même été montré entre stress oxydatif et rétrécissement des télomères (T. Richter, & T. von Zglinicki, 2007). La théorie radicalaire du vieillissement semble donc être responsable du vieillissement cellulaire par agression des télomères . Groseil Simon sur 5 22
  • 10. C. Bien-être et santé mentale Outre les modifications au niveau microscopique et biologique, le vieillissement a un impact sur le bien-être et la santé mentale. La dépression concerne 15% des plus de soixante-cinq ans et la moitié de cette population souffre de troubles du sommeil. L’idée d’une vulnérabilité accrue aux troubles liés à l’âge ou encore d’une perte d’autonomie entraîne chez les personnes âgées de nombreuses inquiétudes (B. G. Knight et al., 2015) ce qui favorise un état de stress . Les troubles du sommeil, l’augmentation des inquiétudes, l’augmentation du stress ainsi que la perturbation de l’humeur entraîneraient une véritable boucle de rétroaction négative. Par exemple il a été montré que l’augmentation du niveau de stress ou de l’anxiété favorisait l’apparition de démence ou de troubles gériatriques. Ces troubles viennent ensuite diminuer la qualité de vie de la personne qui elle-même, si diminuée, favorise l’apparition de troubles. Le déclin cognitif serait aussi accéléré par l’ensemble des troubles gériatriques (K. E. Innes et al., 2014) . Schéma des troubles cognitifs, psycho-affectifs et émotionnels observés dans le vieillissement normal. Groseil Simon sur 6 22
  • 11. Le vieillissement normal entraîne de nombreux changements au niveau cognitif, psycho- affectif et émotionnel . Par exemple, on observe une préservation et dans certains cas, un accroissement de certaines fonctions comme celles du langage ou de la mémoire sémantique. À l’inverse, le déclin de l’intelligence fluide en lien avec la capacité à résoudre des problèmes, des fonctions exécutives ou encore la mémoire épisodique est observé dans le vieillissement. Toutefois, l’intelligence cristallisée, qui est la capacité à utiliser ses connaissances, ses compétences et son expérience est préservée dans le vieillissement cognitif. Elle constitue d’ailleurs un moyen de compensation en référence au modèle de Baltes que nous verrons postérieurement . D. Modifications cérébrales Le vieillissement normal entraîne un ensemble de modification cérébral à commencer par une atrophie générale. À partir de cinquante ans, les recherches ont montré qu’une perte de 2% du volume du cerveau se faisait par décennie. Ainsi on observe une différence de 7 à 8% entre le volume de cerveaux d’adultes de quarante ans et celui de personnes de plus de soixante-cinq ans. De ce fait, le poids du cerveau diminue aussi avec le vieillissement. Cependant, toutes les régions ne montrent pas les mêmes évolutions dans l’amplitude de l’atrophie. Ainsi le cortex préfrontal comme l’hippocampe montrent une atrophie plus forte que les régions pariétales ou temporales. La baisse est de 17% des neurones entre vingt-huit et quatre-vingt ans dans l’hippocampe. Ces changements sont d’ailleurs en cohérence avec l’altération des fonctions exécutives, la baisse des capacités en mémoire de travail et l’apparition de troubles de la mémoire sémantique. Les chercheurs ont aussi observé un élargissement des ventricules cérébraux et une diminution de la densité synaptique. Les régions du réseau du mode par défaut (RMD) sont aussi touchées par l’âge avec une diminution des connectivités. Ce réseau est particulièrement important dans les fonctions cérébrales humaines (Buckner, 2012). Il s’active lorsque nous réalisons des tâches cognitives tournées vers nous-mêmes et lorsque l’esprit vagabonde. Par exemple l’introspection, la planification et la mémorisation activent ce réseau fonctionnel (Snyder & Raichle, 2012). Il est aussi fortement impliqué dans la mémoire épisodique (Schacter et al., 2007). Cependant, un désengagement du RMD dans les tâches faisant appel aux capacités attentionnelles a été observé chez les sujets vieillissants. (S. Fountain-Zaragoza, R. S. Prakash, 2017). L’altération du RMD et l’apparition de troubles de la mémoire épisodique au cours du vieillissement pourrait aussi être en lien. Groseil Simon sur 7 22
  • 12. D’un point de vue structurel, il a été observé une diminution des épines dendritiques avec l’avancé en âge. Toutefois, un enrichissement dendritique est possible de par le mécanisme de plasticité neuronale mais celui-ci n’est valable que jusque’a un certain âge – quatre-vingt-dix ans – et que dans certaines régions cérébrales. D’un point de vue fonctionnel, les connectivités impliquées dans le réseau du mode par défaut (RMD) diminuent avec le vieillissement. Le RMD est donc altéré à la fois structurellement et fonctionnellement par le vieillissement normal. L’atrophie observée dans le RMD est aussi la plus importante comparée à la plupart des autres régions cérébrales altérées dans le vieillissement normal. Cela indique les effets directs du vieillissement et la vulnérabilité de cette région. (A. Fjell, et al., 2014) . Les chercheurs ont aussi montré que la diminution de la connectivité dans ce réseau était associée à des scores plus faibles sur les tâches cognitives. Par conséquent, le maintien de l'intégrité de ce réseau semble être un enjeu important pour un vieillissement réussi . E. Le vieillissement réussi Les travaux de définition et d’identification des facteurs entraînant une avancée en âge ne sont pas de simples constats. L’homme vieillit irrémédiablement mais comprendre le pourquoi et les enjeux que cela entraîne, permet de mettre en place des perspectives dans l’objectif de favoriser un vieillissement réussi . Mais alors qu’est-ce que réussir son vieillissement, qu’elles en sont les déterminants ? Est-ce rester longtemps en « bonne » forme physique et mentale, est-ce se sentir bien, même devant la maladie ? Des psychologues spécialisés en gérontologie se sont posés ces questions dès les années 1960. Le terme de vieillissement réussi ou « successful aging » apparaît aux États-Unis à la suite des travaux de d’Havighurst (1961). C’est pourtant Rowe et Kahn (1987, 1997) qui vont tenter de définir cette notion selon trois critères. Selon ces chercheurs, le vieillissement est réussi si la personne vieillissante à (1) une absence de maladie et de facteurs de risques, (2) des capacités intellectuelles et physiques élevées et (3) un engagement actif dans des activités sociales et d’occupations. Groseil Simon sur 8 22
  • 13. Modèle du fonctionnement bio-psychosocial de Rowe et Kahn (1988). Il apparaît très vite que ces critères réfèrent plus à un vieillissement idéalisé ou il s’agirait de « vieillir sans vieillir ». Et bien qu’encore modélisable pour des jeunes retraités, il apparaît qu’un respect de tels critères semble utopique pour des personnes de plus de quatre-vingt ans. Baltes, psychologue Américain spécialisé en gérontologie va dans les années 1980 proposer un modèle moins restrictif, basé sur l’adaptation de l’individu en développement : le modèle SOC pour Sélection - Optimisation - Compensation . La sélection concerne le fait de définir et de choisir des objectifs. L’optimisation consiste à générer, coordonner et affiner les conditions les plus favorables dans la réalisation des objectifs sélectionnés. Enfin, la compensation consiste en l’investissement de moyens de substitution et/ou additionnels afin de maintenir un niveau de fonctionnement désirable à l’atteinte des objectifs . Modèle SOC de Baltes (1990 ) Ce modèle entre dans une perspective « life span » ou vie entière intégrant gains et pertes liés aux processus développementaux. Selon Baltes et collaborateurs, la personne est en constante adaptation dans son développement. En effet, face aux changements liés à l’âge, les personnes Groseil Simon sur 9 22
  • 14. vont mettre en place des stratégies de réorientation des buts et de régulation permettant de parvenir à un vieillissement réussi. Ce modèle sera complété par Riley et Riley en mettant l’accent sur la caractère actif, agentif, de la personne dans son développement et donc son vieillissement . Ainsi, selon Baltes & Baltes (1990) et Riley, le concept de vieillissement réussi est étroitement lié à certains attributs individuels tels que la motivation, la capacité d’adaptation ou encore la résilience. La méditation entre parfaitement dans cette perspective d’agentivité de la personne traversant les années de la vie. Cette pratique constitue en ce modèle, une voie tant bien dans la sélection, l’optimisation et la compensation. Comme le montre la revue d’étude réalisée par Sun, et collaborateurs en 2015, l’état de présence permis par la pratique de la méditation de pleine conscience a un impact dans le processus décisionnel et donc de sélection. Conjointement, la pratique à aussi un impact sur l’optimisation. En étant moins sujet au brouillard mental et à l’influence de ses processus automatiques, la personne peut sélectionner « en conscience ». Même si les décisions sont souvent intuitives et régis par un ensemble de processus inconscients, la méditation permet de développer une certaine forme d’intuition au travers d’actions cohérentes et soutenues par des valeurs qui sont propres à la personne. De par une connaissance de soi plus juste, c’est-à-dire moins enclin à la sur- estimation ou à la sous-estimation de ses capacités, la personne prend davantage conscience de ses points forts et de ses limites. La méditation «  permet essentiellement d’apprendre à mieux se connaître soi-même et de cultiver une manière d’être optimale, axée vers le bonheur et l’altruisme ». (Matthieu Ricard) Enfin, la méditation est en soi, une pratique compensatoire des modifications liée à l’âge car elle permet de lutter contre un vieillissement qui pourrait devenir pathologique. Effets antagonistes du vieillissement et de la méditatio n Groseil Simon sur 10 22
  • 15. II. LA MÉDITATION POUR UN VIEILLISSEMENT RÉUSSI Avant de présenter les effets de la méditation sur le vieillissement, il est important de définir le terme de « méditation » ainsi que ces différentes formes. Le terme « méditation » regorge d’une multitude de définitions car issu de pratiques différentes. Pour autant, on distingue généralement trois formes de pratiques méditatives. La méditation centrée sur la compassion et l’altruisme, la méditation par attention focalisée et la méditation de pleine conscience. A. La méditation Apparu il y a 2500 ans en Orient, la méditation et plus particulièrement la pleine conscience n’est véritablement popularisée que dans les années 1960 - 1970 aux Etats Unis et en occident. Bien qu’elle soit au coeur de nombreuses traditions spirituelles comme dans le bouddhisme, le taoïsme, l’hindouisme, le sikhisme ou encore le christianisme pour ne citer qu’elles, la méditation est avant tout un entrainement de l’esprit qui, bien que parfois associé à une pratique spirituelle, peut s’en dissocier sans pour autant en perdre sa valeur. S’assoir en tailleur, porter un châle ou encore s’inscrire dans des croyances religieuses ne sont donc pas conditions sin equa non de cette pratique. C’est Jon Kabat-Zinn, chercheur américain à l’université du Massachusetts qui laïcise cette pratique. Il inventa le terme de « Minduflness » pouvant être traduit par « pleine conscience » ou «  pleine présence  » ou encore «  pleine attention  ». Méditer ne s’inscrit des lors plus nécessairement dans une pratique religieuse ou spirituelle mais devient un entrainement de l’esprit à part entier. La méditation comme un « entrainement » implique nécessairement une pratique active. Elle se distingue fonctionnellement de la relaxation de par une activation cérébrale plus intense des aires paralimbiques en lien avec le système nerveux autonome. À titre de comparaison, la méditation est à notre cerveau ce que l’exercice physique est à notre corps. L’exercice physique se fait au travers de différents sports ne mobilisant pas les mêmes capacités corporelles en fonction du but recherché. Il en va de même dans la méditation qui via différentes formes, ne mobilise pas les mêmes processus cérébraux. Trois formes de méditation sont généralement rapportées : la méditation dite par attention focalisée, qu’on appellera de type I, qui est une pratique ou le méditant va se concentrer sur un objet (généralement sa respiration). Le but est d’apprendre à réguler son attention, de développer sa vigilance en vue de clarifier son esprit, et d’avoir une conscience de ses propres états internes (pensées, croyances, émotions, perceptions). Groseil Simon sur 11 22
  • 16. La méditation de pleine conscience, qui constitue le deuxième type de méditation et qui nous intéresse dans ce dossier, vient généralement à la suite d’une pratique de méditation focalisée. En effet, à la différence d’être focalisé sur un objet en particulier comme dans la méditation de type I, la méditation de pleine conscience aussi appelée méditation de surveillance ouverte, de pleine présence, ou de pleine attention, opère par une ouverture du champ attentionnel. Le méditant reste attentif à ses ressentis, à ses états émotionnels, à son discours intérieur mais sans pour autant se concentrer dessus. Métaphoriquement, il observe les nuages passer sans s’attarder sur aucun d’eux. Enfin, la troisième forme de méditation est celle cultivant la compassion et l’altruisme envers les autres. Elle consiste à prendre conscience des besoins de quelqu’un d’autre, puis à ressentir un désir sincère de l’aider. On peut aussi souhaiter soulager la souffrance d’autres personnes en les protégeant contre leur propre comportement destructeur. Le sentiment de bienveillance envers les autres y est cultivé ici. La méditation est au final un ensemble de stratégies complexes aux visées diverses portant sur une activité de régulation attentionnelle et émotionnelle. De nombreux programmes de méditation ont vu le jour depuis que les premières études ont montré un ensemble d’effets salutaires. Le plus connu est le «  Mindfulness Based Stress Reduction ou MBSR qui se traduit en français par « programme de réduction du stress basé sur la pleine conscience ». Développé par Jon Kabat-Zinn, se programme se déroule sur huit semaines et se compose en une pratique quotidienne d’au moins quarante cinq minutes de méditation mindfulness auquel s’ajoute une séance hebdomadaire collective d’environ trois heures supervisée par un instructeur formé. Une journée de retraite est aussi organisée au cours du programme. Le MBCT pour « Mindfulness based cognitive therapy » traduit en « thérapie fondé sur la pleine conscience » est aussi relativement célèbre et utilisé par les psychologues cliniciens d’orientation TCC. Conçu par Zindel Segal, ce programme couple des exercices de pleine conscience à des exercice de thérapie cognitive. Des variantes se sont aussi développées en fonction du public ciblé. Nous avons par exemple le MBCAS qui est un programme d’entraînement à la pleine conscience pour les seniors et qui comprend lui aussi huit séances mais disposées mensuellement . Les études scientifiques utilisent des groupes de méditant suivant généralement le programme MBCT ou MBSR c’est pourquoi nous n’avons développé que ces deux derniers mais sachez qu’il en existe encore bien d’autre : MBCP pour «  Mindfulness-Based Childbirth and Parenting », OFT pour « Open Focus Therapy », DBT pour « Dialectic Behavior Therapy » ou encore la méthode VITTOZ . Groseil Simon sur 12 22
  • 17. B. Le principe de causalité descendante Il est aujourd’hui établi qu’une modification des pensées, émotions entraine des modifications corporelles. Ce principe, ou les pensées et émotions viennent influencer la physiologie jusqu’à des niveaux cellulaires et moléculaires, a été développé dans les années 1970 par la psychologue américaine Donald Campbell. Mère de l’expérimentation sociale, elle le nomme principe de causalité descendante. Selon ce dernier, un phénomène macroscopique comme une émotion, une pensée est le résultat d’un ensemble de processus neuronaux entrainant des modifications de cet ensemble et/ou de ses composantes. De manière stéréotypée, en modifiant nos pensées, nous modifions notre biologie. Par exemple, les pensées anxieuses entrainent par cascade, un ensemble de réactions néfastes dans l’organisme comme l’inflammation. Ces réactions vont à leur tour modifier l’activité de certains neurones ou de réseaux neuronaux qui vont, eux même, entrainer une augmentation de l’état anxieux : c’est ce qu’on appelle une boucle de rétroaction. L’efficacité, d’un point de vue théorique, des psychothérapies repose indiscutablement sur ce principe de causalité descendante ayant pour finalité une causalité profitable à l’individu. Le principe est de travailler à un niveau macroscopique c’est à dire sur les pensées et/ ou émotions. Par ce principe de causalité descendante, le travail macroscopique aura des conséquences au niveau microscopique c’est à dire au niveau neuronale, cellulaire et moléculaire . La méditation comme outil psychothérapique au travers des programme MBCT, MBSR, ou MBCAS fait aussi référence à ce principe . C. Impact sur la santé et le bien-être Les études princeps ont étudié l’impact de la méditation sur la régulation des émotions via le programme MBSR développé par Kabat Zinn. 1. Régulation des émotions Kabat Zinn dans son étude préliminaire de 1982 montre que les effets du programme MBSR sont entre autres une diminution de la détresse associée à la douleur ainsi qu’une amélioration de l’humeur pour les personnes souffrant de douleurs chroniques. Les résultats d’études plus récentes vont dans la même direction (Morone et al., 2008). Les méditants de pleine conscience développeraient des capacités d’acceptation et de modulation envers les émotions négatives. Ils seraient alors plus à même de réguler leurs émotions et surtout celles négatives. Groseil Simon sur 13 22
  • 18. Aussi, ils développeraient la capacité à identifier précocement la survenue de pensées négatives. 2. Rumination et dépression L’étude de Young et Baime en 2010 utilisant le programme MBSR conclu même à une diminution de moitié des personne âgées souffrant d’une dépression et d’anxiété cliniquement significative à l’issu du programme. Un des symptômes de la dépression est la rumination mentale qui est cette tendance à ressasser les pensées négatives en boucle. Il a été montré (Wiveka Ramel et al.) que cette tendance était diminuée par la pratique de la pleine conscience. Ces résultats sont en lien avec une meilleure régulation de ses émotions et de ses pensées. Les résultats de toutes ces recherchent étudiant l’impact de la méditation de pleine conscience sur le bien être psychologique concordent sur la conclusion d’une amélioration du bien-être et une réduction du stress, des symptômes dépressifs et de l’anxiété . Une pratique de 6 mois de méditation de pleine conscience chez les personnes ayant souffert d’au moins trois dépressions serait aussi efficace qu’un traitement médicamenteux (antidépresseurs) pour prévenir les rechutes alors réduites de 40%. (Teasdale, J. D., Segal, Z. V., 2000) . L’étude de Morone et collaborateurs en 2008 annonce également une diminution des troubles du sommeil chez les personnes âgées. Ces résultats encourageants, sont observés aussi bien dans une population clinique que non clinique et les effets positifs de la méditation semble consolidés . 3. Méditation et douleur chronique Comme cité précédemment, les personnes âgées ont davantage de risque de développer des troubles gériatriques et sont plus enclin à chroniciser les douleurs. (Allaz, A.F., 2006). La méta-analyse réalisée par Maglione et collaborateurs en 2016, comme les études de Morone et al de 2008 ou encore celles de Jon Kabat-Zinn montrent que la pleine conscience réduit l’impact de la douleur chronique sur la vie quotidienne. En effet, dans l’étude de Kabat- Zinn, environ un tier la douleur se voit réduite chez 65% des patients à dix semaines de pratique. Ce faisant, une amélioration du bien-être quotidien est observée chez ces personnes. Rappelons que la douleur chronique se définit selon l’Association internationale pour l’étude de la douleur (IASP) comme « une douleur sans valeur biologique évidente qui persiste au- delà du temps de guérison habituel d’une atteinte tissulaire ». La méditation de pleine conscience ne se concentre pas sur la diminution de la douleur en tant que tel mais sur Groseil Simon sur 14 22
  • 19. l’acceptation de la maladie. En effet, la non acceptation et l’utilisation de stratégies d’évitement entraine stress et angoisses, eux-même vecteur de la chronicisation de la douleur. La réorganisation attentionnelle liée au non jugement permet à la personne de ne plus se focaliser sur la douleur tout en diminuant les ruminations en lien avec cette dernière. 4. Améliorer la sensation de bien-être Une meilleure capacité à entrer en pleine conscience et ce, de façon naturelle, est corrélée à une amélioration du bien-être psychologique. Il a d’ailleurs été montré qu’une pratique de la pleine conscience activait le cortex préfrontal gauche en lien avec les émotions positives. (Fountain-Zaragoza et al., 2017). Généralement, les études montrent toutes une corrélation positive entre les scores de pleine conscience trait et ceux de bien-être obtenus par auto-questionnaire. La pratique de la méditation de pleine conscience améliore donc le sentiment de bien-être. 5. Méditer pour lutter contre la maladie d’Alzheime r Pendant deux ans, Quintana-Hernandez et ses collègues (2016), ont étudié les effets de la méditation de pleine conscience sur la maladie d’Alzheimer (MA). Ils cherchaient à savoir si cette pratique pouvait influencer l’évolution de la maladie en la diminuant. Pour se faire, ils ont constitué quatre groupes (dont un groupe contrôle) incluant toutes des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer. Un groupe suivait un programme de méditation, un autre une thérapie de stimulation cognitive et un autre une thérapie de relaxation. Les mesures portaient sur la mémoire et l’attention des sujets. Les résultats montrèrent un effet protecteur bien plus important pour les personnes ayant suivi le programme de méditation mindfulness que ceux issu du groupe de relaxation ou du groupe contrôle. La protection apportée par la méditation sur l’évolution de la maladie d’Alzheimer était toute aussi importante que celle des personnes qui suivaient la thérapie par stimulation cognitive . Les résultats de l’étude de R.E. Wells en 2013 concluaient aussi sur le potentiel de la médiation vis-à-vis des patients souffrants d’Alzheimer et de déficiences cognitives légères – MCI pour Mild Cognitive Impairment. D'après les dires de la scientifique, ses recherches sont prometteuses dans le sens ou elles montrent que les personnes atteintes de maladie dégénérative comme Alzheimer ou de MCI peuvent tout de même apprendre et pratiquer la méditation. La pratique pourra ensuite renforcer les capacités de réserves de la personne et donc contrer l’évolution de la maladie d’Alzheimer. La méditation de pleine conscience pourrait servir de traitement non Groseil Simon sur 15 22
  • 20. pharmacologique pour ralentir la déficience cognitive observée dans la MA ou dans d’autres troubles cognitifs gériatriques . D. Impact sur la cognition des personnes âgées Alexander, Langer, Newman, Chandler, et Davies, en 1989, sont les premiers à étudier les effets cognitifs de la méditation chez les personnes âgées. La moyenne d’âge des soixante- treize sujets étudiés était de quatre-vingt-un ans. Les capacités mnésiques et les fonctions exécutives ont été évaluées en fonction de trois interventions cognitives qu’étaient la méditation transcendantale, un entrainement à la pleine conscience et de la relaxation. Un groupe témoin était aussi présent. Ces interventions étaient réparties sur douze semaines. L’analyse de la variance des quatre groupes rapporte des performances qualitativement supérieures pour le groupe entraînées à la pleine conscience en ce qui concerne les taches de fluence verbale et de flexibilité mentale. En 2012, Prakash et ses collègues ont voulu comparer la cognition entre des experts comptabilisant plus de dix ans de pratique chacun et des non méditants . Dans cette étude transversale, les experts et les non méditants ont dû passer une batterie de six tests neuropsychologues évaluant la mémoire à court terme, la vitesse perceptuelle, l'attention et les fonctions exécutives. Les résultats indiquèrent une amélioration dans chacun des domaines mesurés pour les méditants comparé au groupe de non méditant. (R. Prakash et al., 2012) . L’étude longitudinale de Moynihan et collaborateurs, l’année suivante et faisant intervenir des sujets de plus de soixante-cinq ans, nous montra que le groupe ayant réalisé le MBSR, comparé au groupe contrôle, obtenait de meilleurs résultats sur les tâches de flexibilité mentale mais aucune amélioration significative n’était observée pour les tâches de vitesse de traitement. Enfin, H. Slagter a réalisé une étude portant sur les capacités attentionnelles. Pour ce faire, elle a étudié le phénomène de clignement attentionnel. Selon ce dernier, si deux stimulis visuels se succèdent rapidement (entre 200 et 500ms), le deuxième n’est généralement pas discriminé. Cette tache reflète la capacité limitée de l’attention visuelle. Plus particulièrement, une modulation de l’investissement attentionnel avec un propension moindre à s’attacher au premier stimuli, pourrait permettre de détecter plus facilement le deuxième stimuli. C’est l’hypothèse qu’ont posé les chercheurs. Selon eux, la méditation de pleine conscience, par une ouverture du champ attentionnel et un détachement au stimuli environnant permettrait cette modulation. Ce faisant, la détection du deuxième stimuli se fait plus facilement. Un Groseil Simon sur 16 22
  • 21. groupe de méditant ayant fait trois mois de retraite intensive était comparé à un groupe témoin . Les résultats confirmèrent l’hypothèse de départ. En effet, le taux de détection du deuxième stimuli était significativement supérieur pour le groupe de méditant que pour le groupe témoin. Ces résultats suggèrent que les participants du groupe entrainé pouvaient moduler leur attention en minimisant le clignement attentionnel. Ils allouaient moins de ressources au premier stimuli ce qui leur permettait de détecter le second. Dans l’ensemble, toutes les études ayant portées sur l’impacte de la méditation mindfulness sur la cognition semble montrer un impact bénéfique de cette pratique et ce notamment pour les fonctions cognitives sujettes à un déclin dans le vieillissement. La dégradation de ces fonctions à rappelons le, des répercussions immédiates sur le bien-être des séniors et sur l’apparition de dépression ou de démences liées à l’âge (Fountain-Zaragoza. S., & Prakash R. S., 2017). Ainsi, un entrainement à la pleine conscience pourrait servir à préserver ces fonctions ou tout du moins, à l’imiter leurs dégradations. La méditation de plein conscience semblerait donc favoriser un maintient en bonne santé de la personne traversant les années. Nous verrons dans la dernière partie qu’il n’est pour le moment pas possible de tirer des conclusions stables et solides sur les effets salutaires de la méditation de pleine conscience vis-à-vis du vieillissement cognitif. E. Modifications structurelles et fonctionnelles du cerveau Une des premières études à s’intéresser aux modifications structurales du cerveau via la pratique de la méditation est celle de S. Lazar et collaborateurs en 2005. Les résultats montraient une modification ce certaines zones du cerveau chez les vingts méditants expérimentés de l’expérience. Ces zones étaient l’insula, connu pour être impliqué dans la conscience des états interne du corps, le cortex préfrontal impliqué dans l’introspection, la métacognition et les fonctions cognitives de haut niveau, l’amygdale engagée dans la gestion de la peur et du stress. L’imagerie par résonance magnétique (IRM) à mis en évidence une augmentation du volume du cortex dans l’insula et dans le cortex préfrontal. Ces différences de volumes entre méditant et non méditant étaient d’ailleurs supérieurs lorsque la comparaison se faisait sur des sujets âgés. Ces observations pourraient suggérer l’influence compensatoire de la méditation sur l’amincissement corticales entrainé par le vieillissement. Groseil Simon sur 17 22
  • 22. Les chercheurs ont observé au contraire, une diminution du volume de l’amygdale chez les méditants expérimentés corrélé avec une diminution de la sensibilité au stress chez ces même personnes. Une méta-analyse réalisé par Fox KCR et collaborateurs en 2014, va dans le même sens que les études suscitées. Les chercheurs observent aussi une augmentation du volume de la substance grise dans les zones du cortex préfrontal et de l’insula. Ils notent également que la pratique de la méditation de pleine conscience augmenterait la substance grise dans les zones de l’hippocampe, particulièrement impliquée dans les processus liés à la mémoire. Cette augmentation est aussi observée dans le cortex orbitofrontal, cingulaire antérieur et moyens impliqués dans la gestion des émotions et le contrôle de soi. Les études citées précédemment font intervenir une population d’adultes plutôt que de personnes âgées contrairement à celle de E. Luder et ses collègues (2015) qui se sont spécifiquement intéressés aux effets de la méditation de pleine conscience sur l’atrophie cérébrales due au vieillissement. Comme les études sur une population d’adulte, Luder et collaborateurs observent une moindre diminution du volume de la substance grise chez les méditants que chez les non méditants. Les méditants avaient fonctionnellement et structurellement un cerveau plus jeune de sept ans et demi que les non méditant. En 2017, une seconde étude c’est focalisée sur les effets de la méditation mindfulness chez les personnes âgées et les résultats viennent confirmer les premières observations. Plus étonnent encore, il s’avère que le potentiel anti-atrophie de la méditation à surtout lieu dans les zones particulièrement impacté dans le vieillissement . Les chercheurs ont depuis une vingtaine d’année, commencé à identifier les zone cérébrales activité par une la méditation. L'activité cérébrale liée à l'état méditatif s'accompagne d'une relaxation de certaines régions cérébrales. Le réseau de mode par défaut est moins actif chez les méditants expérimentés que chez les non méditants. Cette réduction suggère un moindre vagabondage de l’esprit et une activité moins tournée vers soi-même. Paradoxalement à une baisse de l’activité, les études montrent une augmentation de la connectivité fonctionnelle entre les différentes zones constituant ce réseau. Il semblerait que l’entrainement à la méditation permettrait de «  contrôler  » cognitivement le RMD. Grace à ce contrôle, les méditants «  décident  » de désengager leurs activités afin de diminuer le vagabondage de l’esprit (Brewer, J. A., et coll., 2011) . Groseil Simon sur 18 22
  • 23. La méditation permettrait de contrer ou tout du moins de diminuer l’altération des structures cérébrales affectés par le vieillissement . La pratique influerait sur les réserves cérébrales et 4 cognitives en les augmentants et de ce fait, elle ferait diminuer les facteurs de risque de développer des démences et notamment celles en lien avec le vieillissement (maladie d’Alzheimer, maladie de Parkinson ) F. Impact au niveau cellulaire Des études se sont aussi portées sur les effets de la méditation de pleines consciences à un niveau cellulaire. Il a tout d’abord été montré (Epel E, Blackburn E, Lin J, et al., 2004) que le stress avait un effet direct sur la longueur des télomères et donc sur la longévité des cellules. En étudiant deux groupes de femmes (groupe à haut niveau de stress VS groupe témoin), les chercheurs ont pu montrer une différence significative de la longueur des télomères avec une diminution beaucoup plus importante pour les femmes stressées au point de suggérer que « le stress avait pris dix années de la vie de ces femmes  ». À la suite de ces découvertes importantes, une multitudes d’autres études sont venues confirmer le rôle des télomères dans le vieillissement. En poursuivant ces recherches, Blackburn a voulu montrer les effets de la méditation car diminuant le stress, sur l’activité des télomérases. Après trois mois de retraite, les méditants ont vu l’activité de leur télomérases augmenter de 30% ce qui réduisait la perte télomérique induit par le vieillissement . La méditation serait-elle alors une simple « technique anti-stress » permettant d’enrayer le rétrécissement des télomères au même titre que d’autres techniques de relaxation ? Pour répondre à cette question, une étude de H. Lavretsky, E. S. Epel et leurs collèges en 2013 sur des sujets de 60 ans en moyenne a été faites. Y était comparé un groupe de méditant pratiquant une médiation chantée et un groupe écoutant de la musique relaxante. Les résultats sont sans appel: l’activité de la télomérase augmente de 43% chez les méditants comparé au groupe se relaxant avec de la musique. D’autres études vont aussi dans le sens d’une augmentation de l’activité de la télomérase à la suite d’un entrainement à la méditation de pleine conscience (C. D. Saron et al., 2011 ; Schutte, N. S., & Malouff, J. M. 2014 ; Lavretsky, H., et al., 2013 ; Wallace et al., 2007). Comme évoqué dans la première partie, le stress oxydatif comme l’activité des télomérases sont impliqués dans le processus de sénescence cellulaire. Ces deux facteurs, en plus du stress perçu, sont aussi intimement liés dans la vitesse du vieillissement cellulaire. Groseil Simon sur 19 22
  • 24. E. Epel et ses collèges en 2004 ont étudié l’effet du stress sur ces facteurs en comparant deux groupes (stressé VS non stressé). Les résultats montrèrent que chez la population stressée, l’activité des télomérases était inférieur que chez le groupe non stressé à p < 0,01, que le stress oxydatif était significativement supérieur à la marge de 2.5% d’erreur et que la longueur des télomères était, elle aussi, significativement inférieure (p < 0.001) chez les personnes stressées . III. LIMITES ET PERSPECTIVES Toutes les études menées depuis plus de vingt ans sont assez univoques sur les bienfaits que peuvent apporter la méditation face aux problématiques impliquées par le vieillissement . Nous avons développé ici que quelques aspects sur lesquelles cette pratique semble prometteuse. Il en existe cependant bien d’autres : inflammation, risque cardio-vasculaire, système immunitaire, empathie et contacts humains. Toutefois, une des limites des études sur la méditation est l’approche souvent transversale. Cette méthodologie ne peut permettre l’établissement d’une relation de cause à effet spécifique entre la méditation de pleine conscience et les observations salutaire des études. Ces dernières pourraient être le fruit de multiples composants en interaction étroite avec la méditation de pleine conscience. Cet ensemble comprendrait par exemple les émotions, la cognition ou encore le sommeil. Ainsi, dans cet ensemble ou les influences seraient réciproques, tirer des liens de cause à effet direct serait scabreux. Par exemple, une amélioration du sommeil, induit par un entrainement à la pleine conscience, pourrait conduire à des améliorations cognitives sur les processus attentionnels ou encore à une amélioration des symptômes dépressifs. (K.K. Gulia et al., 2018) . Outre la relation étroite existante entre tout ces paramètres, l’hétérogénéité des programmes utilisés, mais aussi des échantillons sélectionnés font défaut. Les types d’interventions utilisés ne sont pas homogènes et leurs méthodologies diffèrent avec des mesures cognitives variables entre les études. Les procédures ne sont généralement pas standardisées ce qui entraine une difficulté d’interprétation et de comparaison directe entre les recherches. De plus, les échantillons utilisés sont très hétérogènes et les études qui ont été présentées dans ce dossier ont généralement été faites sur des adultes de moins de soixante-cinq ans. Même lorsque l’échantillon fait intervenir des personnes âgées, des disparités sont présentes. Certaines recherchent se concentrent sur des personnes âgées souffrant de problèmes de douleurs Groseil Simon sur 20 22
  • 25. chroniques, d’autres sur des personnes âgées sujettes à la dépression ou encore d’autres sur des séniors en relative bonne santé . D’autre variables à prendre en compte sont celles d’ordre génétique ou phénotypique, de l’humeur de la personne, de son style de vie ou encore de son engagement dans la pratique. Ajouter à la pluralité des échantillons, leur taille limite aussi la généralisation des résultats . En effet, les groupes de méditants ne dépassent rarement la vingtaine de personne. Toutefois, des études font exceptions comme celle réalisée par Moynihan et ses collèges avec cent personnes par groupe. L’étude européenne portant le nom de Silver Santé Study fait aussi état d’une plus grande cohorte avec plus de trois cent participants. Les rares études longitudinales portent aussi des biais car elles n’incluent généralement pas de groupe contrôle actif et/ou passif. De plus les groupes sont rarement randomisés ce qui laisse le choix des groupes aux sujets (S. Fountain-Zaragoza, et al., 2017). Pour toutes ces limites, il serait encore prétentieux d’affirmer que la méditation de pleine conscience a des bienfaits directs sur les effets délétères du vieillissement. Une standardisation des programmes, une homogénéisation des échantillons ainsi qu’une randomisation contrôlée des études devra être mise en place dans les futures études pour conforter les résultats actuels et fort prometteurs. Cela permettrait aussi de venir éclairer les mécanismes propres à la méditation de pleine conscience. En ce faisant, des programmes spécifiques pourront se développer et cibler préférentiellement la rééducation de certaines fonctions, par exemple . Le projet Silver Santé Study, financé par la commission européenne à récemment fait en sorte de prendre en compte les recommandations apportés par les autres revues scientifique. Dans cette perspective, les études ont été randomisées, incluant un grand nombre de sujet. De plus, les évaluations se feront sur une large batterie de tests non spécifique à la méditation incluant des mesures comportementales, biologique, anatomique, cérébrales ou encore de sommeil. Cette pluralité permettra une discrimination plus fine des mécanismes impliqués dans la pratique et des interactions avec d’autres composantes, comme le sommeil par exemple. Ce projet entre d’ailleurs en totale cohérence avec le sujet de cette revue car l’objectif des chercheurs est d’identifier les facteurs favorisant le bien-être ainsi que la santé mentale des personnes âgées . Les différentes études mentionnent que les interventions de méditation de pleine conscience sont bien accueillies par les apprenants. Il est noté que même chez les patients atteints de troubles cognitifs ou de démences, la faisabilité était bonne. Aussi, aucunes des études ne mentionnent de risques particuliers ou de contres indications à la pratique. Pratiquer un Groseil Simon sur 21 22
  • 26. entrainement à la pleine conscience c’est aussi occuper une place active dans sa prise en charge et dans son vieillissement. Ce caractère agentif de la personne et notamment de la personne âgée, est particulièrement important car, comme nous l’avons vu précédemment, le vieillissement entraine tôt ou tard une perte de l’autonomie . Les résultats prometteurs ont permis de mettre en place des programmes adaptés aux personnes âgées comme le MBCAS. Les résultats à venir pourraient permettre la mise en place de thérapies ou d’entrainements à la pleine conscience tout en promouvant cette pratique auprès des professionnelles de santé comme les gérontopsychologues. Enfin, la méditation ne doit pas être pensée uniquement comme une méthode de réméditation cognitive, bien qu’elle puisse l’être. En ce sens, pratiquer la méditation mindfulness pourrait se faire en prévention chez des populations ayant des facteurs de risques de développer tels ou tels troubles gériatriques. Evidemment, la pratique est aussi recommandée chez les individus tout venant n’ayant pas de risques particuliers. En effet, un grand nombre d’effets salutaires ont été identifiés chez les sujets tout venant et même chez les enfants et adolescents. CONCLUSION Les études portant sur la méditation et notamment la méditation mindfulness fleurissent. L’engouement vis-à-vis de cette pratique non-pharmacologique est de plus en plus important. Cet emballement ne serait-il pas les conséquences des résultats préliminaires apportés par les scientifiques depuis plus de trente ans et par le fait qu’une telle pratique, laïque, gratuite et non-invasive semblerait répondre aux maux entrainés par le vieillissement ? Les études portant exclusivement sur les personnes âgées sont encore limitées en nombre aussi bien que méthodologiquement. Ces limites ne permettent pas de conclure sans équivoque sur les effets de la méditation. Les scientifiques font néanmoins acte des revendications proposées par leur paires ce qui ne pourra amener qu’à des résultats de plus en plus catégoriques. Toutes les études dans le champ de la méditation et du vieillissement laissent entrevoir des perspectives d’avenir très prometteuses. Elles mettent en avant le rôle du stress sur des composantes aussi bien cellulaire et génétique que sur des domaines cognitifs et psycho-affectifs. Le potentiel thérapeutique qu’ouvrent ces premières recherches sont encourageant quant aux enjeux majeurs que pose le vieillissement aujourd’hui. Réussir son vieillissement est le fruit d’une combinaison d’un ensemble de variables dont la méditation en fait partie. Il appartient à chacun de nous de mettre en place cet entrainement de l’esprit pour vivre de belles années à venir. 
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