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73
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Ce Cahier environnement est l’opportunité, à
l’occasion des dix ans de la création de la Fon-
dation Prince Albert II, de mettre en lumière les
actions de Monaco pour la préservation des océans.
Au sein des Nations unies, Monaco a travaillé
tout particulièrement pour obtenir l’ouverture des
négociations, commencées au mois de mars der-
nier, sur la protection de la biodiversité en haute
mer (BBNJ) et pour l’insertion dans les Objectifs
dudéveloppementdurable(ODD),adoptésensep-
tembre 2015, d’un objectif spécifique aux océans
(ODD 14). Dans les deux cas, l’engagement per-
sonnel du Prince Albert II et de sa Fondation ont
été important.
Au niveau scientifique,Monaco soutien des pro-
jets de recherche de meilleure connaissance des
écosystèmes marins ou d’étude de l’impact de
l’acidification sur les océans.On soulignera,à cet
égard, la création de l’AMAO (Association mo-
négasque sur l’acidification des océans) pour co-
ordonner les différentes institutions qui travaillent
sur cette thématique. On notera également l’ini-
tiative de Monaco au GIEC qui a conduit à l’ap-
probation de l’établissement d’un rapport spécial
de cette institution sur les liens entre l’Océan et
l’évolution du climat.
Sur le terrain,La Fondation et le gouvernement
soutiennent de nombreux projets de protection de
labiodiversitémarineetdesressourceshalieutiques,
que ce soit pour le thon rouge, pour la promotion
de la consommation durable de produits de la mer
avec Mr Goodfish ou le lancement d’un fond fidu-
de SE Bernard Fautrier Ministre plénipotentiaire
Administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco
Éditorial
✒
1.www.fr.mava-foundation.org - 2.www.iucn.org
3.www.oceans.taraexpeditions.org - 4.www.surfrider.eu
PHOTO:DR
« Nous devons protéger l’océan
comme si nos vies en dépendaient.
Et c’est précisément le cas.»
Sylvia EARLE, biologiste, exploratrice,
ambassadrice de l’Appel de l’océan pour le climat
ciaire avec la France et laTunisie pour le dévelop-
pement des Aires marines protégées (AMP) de
Méditerranée.
Le bilan de dix ans d’action de la Fondation
montre qu’il est possible d’inverser le cours des
choses sur la disparition des espèces (thon rouge,
phoque moine…), de faire progresser la connais-
sance scientifique, la sauvegarde des écosystèmes
fragiles ou les négociations internationales sur l’en-
vironnement (BBNJ,SDG…).
La Fondation,en partenariat avec l’Institut océa-
nographique de Monaco,a lancé depuis avril 2010
la Monaco Blue Initiative.Cette rencontre annuelle
réunit des acteurs scientifiques et politiques du
monde de la mer pour créer une synergie positive,
génératrice de solutions aux problèmes actuels et
à venir des océans.
Enmars2015,lorsdelaconférence:« Plastiqueen
Méditerranée:au-delàduconstat,quellessolutions ? »,
SAS le PrinceAlbert II de Monaco a annoncé l’in-
terdictiondel’utilisationdessacsplastiquesàusage
unique en Principauté.Lors de la dernière journée
des océans du 8 juin, la Fondation Prince Albert II
– avecsespartenaires,lafondationMava1
,l’IUCN2
,
Tara3
et Surfrider4
(taskforce Beyond plastic med)–,
a lancé un appel à micro-initiatives contre la pollu-
tion plastique en Méditerranée.
L’Océan, source de vie, mérite toute notre at-
tention et la Fondation Prince Albert II œuvre
sans relâche, avec toutes les institutions moné-
gasques concernées, pour mieux le connaitre et
le protéger. ■
«Le bilan de dix ans
d’action montre
qu’il est possible d’inverser
le cours des choses»
LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS
Sommaire
73 Editorial de SE Bernard Fautrier :
« Le bilan de dix ans d’action
montre qu’il est possible
d’inverser le cours des choses.»
74 Infos
75 Interview de Philippe Mondielli :
« L’aquaculture peut être
un moteur de la conservation
et soutenir la biodiversité. »
77 Mr Goodfish : Informer
pour responsabiliser.
78 Sauver le phoque moine
de Méditerranée.
PHOTO:THIERRYAMELLER
Les îles de Lérins, dans la baie de Cannes (Alpes-Maritimes).
SPÉCIAL MONACO
75
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
74
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Àl’issuedesadernièresessiondetravail,
le 13 avril 2016,à Nairobi (Kenya),le
GIEC 1
a annoncé la publication pro-
chaine de trois rapports spéciaux 2
dont
l’un – particulièrement attendu – sur les
océans intitulé Changement climatique,
océans et cryosphère. Cette décision est
une belle victoire pour la Principauté de
Monaco qui avait été la première à saisir
le GIEC de cette demande dès février
2015. En décembre de la même année, à
l’occasion de la COP 21, deux autres ini-
tiatives – l’Appel de l’océan pour le Cli-
mat menée avec la Plate-forme océan et
climat 3
et la Déclaration Because the
Ocean signée par 22 pays à l’appel de Mo-
naco et du Chili – avaient également ap-
pelé à placer les océans au cœur des en-
jeux climatiques et à la production,par le
GIEC,d’un rapport spécial lié aux consé-
quences préoccupantes du réchauffement
climatique et de l’augmentation des émis-
sions de gaz à effet de serre, au premier
rang desquels l’acidification et l’élévation
du niveau de la mer qui ont un impact
majeur sur la vie, l’économie et la sécu-
rité de milliards de personnes dans le
monde.
L’intégration dans ce prochain rapport
sur les océans 4
des enjeux liés à la fonte
de la cryosphère – le monde des glaces et
despôles–apportera,defait,deséléments
extrêmement utiles pour répondre aux
questions posées par l’élévation du niveau
de la mer dont les dernières études mon-
trent qu’elle pourrait être beaucoup plus
importante que prévue.Ce nouveau rap-
port du GIEC sera publié pour la COP
22 qui se tiendra en novembre prochain,
à Marrakech, au Maroc.
Une plage en Méditerranée. La Méditerranée détient
l’un des taux de pollution par le plastique les plus élevés au monde.
■ Aquaculture et économie circulaire
étaient au programme de cette nouvelle
rencontre de la Monaco Blue Initiative
(MBI) au Brésil. Pourquoi cette théma-
tique ?
Il faut savoir qu’au niveau mondial
l’aquaculture fournit –avec plus de 70
millions de tonnes par an1
– plus de la
moitié des produits aquatiques con-
sommés par l’homme. Alors que les
captures de poissons sauvages sont sta-
bilisées autour de 90 millions de tonnes
par an1
,la production aquacole bat des
records d’année en année. Partout sur
la planète,l’aquaculture contribuera,en grande partie,à cou-
vrir les besoins croissants en protéines d’une démographie
en expansion.
Or,il ne peut y avoir d’essor de cette activité si elle est dom-
mageable pour l’écosystème qui l’accueillera.C’est l’aquacul-
ture et l’économie circulaire ou plus simplement l’aquaculture
durable qui répondra à cet enjeu, illustré par le titre de l’édi-
tion 2016 de la MBI : Sustainable aquaculture at the heart of a
Blue Economy (Ndlr :L’aquaculture durable au cœur de l’Éco-
nomie bleue).
■ Pourquoi le choix du Brésil ?
Parce que l’aquaculture y est un secteur économique en très
forte expansion.Avec 700 000 tonnes (Ndlr : chiffre 2012), le
Brésil est le deuxième producteur aquacole d’Amérique la-
tine et des Caraïbes même s’il n’est que le douzième au ni-
veau mondial,très loin du trio de tête,Chine,Inde etVietnam.
La production brésilienne a quadruplé entre 2000 et 2010 et a
bondi de 30 % entre 2010 et 2011,illustrant le caractère ultra-
rapide de son développement.
■ Quelles formes prend cette aquacul-
ture brésilienne ?
Avec 87 % de la production composée
notamment de tilapia,de carpes,de pois-
sons-chats et même d’Arapaima, l’un
des plus gros poissons au monde, c’est
l’aquaculture continentale (en eau
douce) qui prédomine, l’aquaculture
marine (crevettes, moules, huîtres,
algues) ne représentant que 13 % de la
production.À l’image du pays,les pers-
pectives sont gigantesques.Avec une su-
perficie de dix-sept fois la France,le Bré-
sil dispose d’un énorme réservoir de
sites potentiels.La demande est,en outre,plutôt soutenue avec
une consommation de produits aquatiques qui atteint tout de
même 7 kg par habitant et par an (contre 30 en Europe). Ce-
pendant, et ce,comme toute activité si elle est mal gérée,l’es-
sor d’une aquaculture mal maitrisée peut impacter gravement
les écosystèmes remarquables d’un pays considéré comme l’un
des plus riches de la planète en matière de diversité biologique
– avec en particulier les mangroves qui couvrent 85 % de ses
8500 km de côtes –,et avec lui ceux de tous les pays tropicaux.
Les enjeux du développement durable sont donc de taille…
■ Quelles sont les principales conclusions de cette MBI 2016 ?
Les échanges,très riches et fructueux,de cette dernière édi-
tion nous ont permis de voir que l’aquaculture pouvait être
un moteur de la conservation et soutenir la biodiversité en
s’intégrant aux aires marines protégées. L’aquaculture peut
avoir un rôle social important et contribuer à réduire les in-
égalités et les discriminations en soutenant l’émancipation des
« L’aquaculture peut être
un moteur de la conservation
et soutenir la biodiversité »
En 2010,la Fondation PrinceAlbert II – en partenariat avec l’Institut
océanographique de Monaco – lançait un nouveau rendez-vous international dédié
à l’environnement :la Monaco Blue Initiative.Sa dernière édition s’est tenue
le 4 avril dernier à São Paulo,au Brésil,sur le thème de l’aquaculture.
Entretien avec PHILIPPE MONDIELLI
Directeur scientifique de la Fondation Prince Albert II
Propos recueillis par Erwan Sterenn
1. Chiffres FAO 2014.
LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS ❘ INFOS
PHOTO:FPA2
>>
1.Grouped’expertsintergouvernementalsurl’évo-
lution du climat.
2. Lesdeuxautresrapportsportentsur:« Lesim-
pactsd’unréchauffementglobalde1,5°parrap-
port aux niveaux de l’ère préindustrielle » et sur
« Les changements climatiques, la désertifica-
tion, les changements d’usage des sols et la sé-
curité alimentaire ».
3. www.ocean-climate.org
4. Réalisé dans la perspective de la COP22 qui
se tiendra en novembre 2016 à Marrakech au
Maroc.
U
n an après la conférence «Plastique
enMéditerranée,au-delàduconstat,
quelles solutions ?», organisée à Mo-
nacoenmars2015,laTaskforceBeyond
PlasticMed(BeMed)composéedecinq
organisations – Fondation Prince Al-
bertII,TaraExpéditions,SurfriderFoun-
dation Europe, Mava et UICN – a dé-
cidédepasseràl’action.Elles’estfixée
pour mission d’informer l’opinion pu-
bliquesurl’étatdesantédelaMéditer-
ranée, de soutenir les solutions inno-
vantes et citoyennes,et de peser sur les
décisions politiques, législatives et rè-
glementaires visant à stopper la pollu-
tion plastique. Dans cet esprit, en no-
vembre 2015 et en mai 2016, la
Fondation Prince Albert II et l’UICN
Le GIEC annonce
un rapport spécial sur les océans
PHOTO:PHILIPPEMONDIELLI
En savoir + :
www.beyondplasticmed.org
Twitter : @BeMed_org
La Task Force Beyond Plastic Med
entre en action
ont réuni à Monaco des entreprises et
des ONG pour réfléchir à la recherche
commune de solutions permettant de
diminuerenamontlaproductionetl’uti-
lisationdeplastiques.BeMedlanceéga-
lementle8juin2016,lorsdelaJournée
mondiale des océans, un «appel à mi-
cro-initiatives» destiné à identifier des
projetsdansl’ensembledespaysmédi-
terranéensavecpourobjectifde«créer
unedynamiquelocalepourrépondreà
une problématique régionale ».
Les projets soutenus,qu’ils soient de
nature technologique, institutionnelle
ou liée à la sensibilisation et à l’éduca-
tiondespopulations,serontsélectionnés
pour leur caractère innovant. Chaque
année, plus de 8 millions de tonnes de
plastiques sont déversés en mer repré-
sentant un danger grave autant pour la
biodiversité marine que pour la santé
humaine en fin de chaîne alimentaire.
La Méditerranée détient l’un des taux
de pollution par le plastique les plus
élevés au monde.
catégories défavorisées :reconversion de pêcheurs,subsistance
de populations côtières,emploi des femmes… Elle peut aussi
contribuer à séquestrer le carbone émis dans l’atmosphère
grâce aux algues cultivées, ou lutter contre l’acidification des
océans avec l’aquaculture multi-trophique intégrée (AMTI) qui,
par ailleurs, piège et recycle les polluants azotés. Pour réussir
ces défis, l’aquaculture devra cohabiter intelligemment avec
les autres usages de l’espace marin, la pêche et le tourisme,
mais aussi des secteurs en devenir comme celui des énergies
renouvelables.S’appuyant sur la connaissance fine de l’océan
et de son fonctionnement (productivité des eaux et courants)
et fondée sur la concertation entre usagers, la planification
spatiale marine optimisera la répartition des activités et contri-
buera à une bonne définition des projets de territoires marins.
L’optimisation des relations entre aquaculture,agriculture,éle-
vage et pêche dans une perspective d’économie circulaire, la
valorisation des coproduits via des filières à haute valeur ajou-
tée, offriront de formidables opportunités.Décideurs,pouvoirs
publics et recherche auront un rôle important à jouer. Les
consommateurs,plus exigeants en termes de qualité et de tra-
çabilité, seront également des moteurs de ce développement.
■ On parle là d’un nouveau modèle économique…
L’aquaculture des prochaines décennies devra,en effet,se pla-
cer au cœur d’un nouveau modèle économique dans lequel
les activités de production ne sont plus en opposition avec l’en-
vironnement mais le préservent. Elle doit penser différem-
ment afin de rapprocher les enjeux de la sécurité alimentaire,
du climat et de la biodiversité.Au Brésil,comme dans d’autres
pays,elle doit compenser ses excès et adopter une vision beau-
coup plus large. L’activité devra, non seulement, couvrir les
besoins croissants en protéines d’une démographie en expan-
sion, limiter ses effets négatifs sur l’environnement,mais aussi
avoir une contribution nette positive sur l’environnement, au
niveau local et global. Ce sont là tous les enjeux qui ont été
discutés à Sao Paulo,lors de cette dernière édition de la MBI.
■ Quelle est l'histoire de la MBI et quels objectifs poursuit-elle ?
Lancée en 2010 à l’initiative de SAS le Prince Albert II de
Monaco et organisée conjointement par la Fondation Prince
Albert II de Monaco et l’Institut Océanographique Fondation
Albert Ier
Prince de Monaco,la Monaco Blue Initiative est une
plate-forme de discussion qui vise à stimuler la connaissance
et la préservation des océans et leur gestion durable en créant
des synergies entre les différents acteurs impliqués dans la pro-
tection des écosystèmes marins et le développement écono-
mique et social.
La première édition de la MBI, en 2010, s’était concentrée
sur les thèmes : «Les grands fonds : une biodiversité nouvelle
à protéger» et «Les grandes espèces marines : clefs de voute
des écosystèmes marins». Le comité de réflexion de la MBI,
qui propose les thèmes de chaque édition en fonction de l’ac-
tualité et des priorités, avait alors orienté les discussions sur
les Aires marines protégées (AMP) qui ont ensuite été le fil
rouge de toutes les autres éditions. Les AMP concentrent, en
effet,tous les grands enjeux de la conservation avec la combi-
naison d’activités économiques dans le milieu marin qui peu-
vent bénéficier aux communautés locales et la protection des
écosystèmes lorsqu’elles sont gérées d’une manière durable.
■ Qui peut participer à la MBI ?
Les participants de la Monaco Blue initiative sont sélec-
tionnés en fonction des thèmes de chacune des éditions. La
MBI ne veut pas être une conférence scientifique, bien au
contraire !
Elle a pour ambition de rassembler des experts,des scienti-
fiques, des ONG,des décideurs politiques et économiques mais
aussi des acteurs du secteur privé. C’est en créant une plate-
forme de discussion et d’échanges entre les différents acteurs
de la mer que des solutions pérennes pourront émerger dans
l’intérêt de la biodiversité et des communautés locales et plus
largement,des populations dépendant des produits de la mer
pour leur subsistance. ■
76
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
77
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Mr Goodfish
Informer pour responsabiliser
C
e stock de poissons et de produits
de la mer n’est pas illimité et mal-
heureusement trop d’espèces sont
surexploitées.Puisque le marché dicte à
tous et à chacun sa loi d’airain,c’est donc
sur la consommation qu’il faut tenter
d’agir en priorité pour modifier les ha-
bitudes de ceux qui mangent ou achè-
tent du poisson en leur faisant découvrir
des espèces alternatives,moins connues,
mais dont le goût n’en est pas moins raf-
finé. Il faut également encourager le res-
pect du cycle des saisons et des périodes
de fraie afin de laisser le temps à la vie de
se renouveler.
De ce constat et de ces réflexions de
bon sens est née, en 2010, l’idée du pro-
gramme Mr Goodfish… En clair et en
français, M. Bonpoisson. La démarche
n’est pas d’interdire à quiconque de man-
ger du poisson,bien au contraire,elle en-
courage même à continuer mais en choi-
sissant le bon poisson, c’est à dire celui
qui est disponible en abondance. Infor-
mer pour responsabiliser, tout est là !
Trois grands aquariums, français, ita-
lien et espagnol, Nausicaa de Boulogne
sur mer,l’Acquario de Gênes et l’Aqua-
rium Finisterrae de la Corogne, tous
membres du Réseau Océan Mondial2
,
sont à l’origine de cette initiative parrai-
née par Gaël Orieux,chef étoilé du res-
taurant Auguste à Paris dans le 7e
ar-
rondissement, et suivie par plus de 400
professionnels engagés. Il s’agit de pro-
mouvoir le principe du développement
durable auprès du plus large public pos-
sible, auprès des consommateurs bien
sûr mais aussi et surtout,auprès des pro-
fessionnels que sont les pêcheurs,les ma-
reyeurs, les poissonniers,les géants de la
PHOTO:DR
Par JEAN-STÉPHANE BETTON
Le Prince Albert II et les participants à la dernière édition de la Monaco Blue Initiative, à São Paulo (Brésil). «Lancée en 2010, la MBI est une plate-forme
de discussion visant à stimuler la connaissance et la préservation des océans et leur gestion durable.» Philippe MONDIELLI
PHOTO:FPA2
La surpêche menace la survie de nombreuses espèces de poissons. Mr Goodfish1
a pour ambition d’informer et de sensibiliser les acteurs de notre
« chaîne alimentaire » – des distributeurs aux restaurateurs
en passant bien sûr par les consommateurs –, sur les espèces à consommer
en fonction de l’état de leur stock. Explications.
1. En savoir + :www.mrgoodfish.fr
2. www.worldoceannetwork.org
Les chefs
de l’Hermitage
(photo),
du Fairmont
et du Novotel
ont signé
la convention
Mr Goodfish
en 2015.
>>
grande distribution,les grands restaura-
teurs et bientôt les aquaculteurs.Tous les
partenaires s’engagent à adapter leurs
pêches, leurs achats et leurs cartes en
fonction d’une liste, régulièrement ac-
tualisée, des espèces les plus disponibles.
En effet, quatre fois par an, à chaque
changement de saison,afin d’éclairer un
public de plus en plus nombreux, Mr
Goodfish réunit un Comité d’experts –
composé de scientifiques, de pêcheurs,
de spécialistes et de responsables de la
distribution –,qui actualise,publie et re-
commande à la consommation une liste
de poissons,de crustacés et de coquillages
pour la Méditerranée,l’océanAtlantique,
la Manche et la mer du Nord.
Toujours profondément désireuse de
soutenir des actions urgentes et concrètes
en faveur de la protection de l’environ-
nement dans le domaine de la biodiver-
sité qui est – avec l’eau et le changement
climatique – l’un de ses trois sujets ma-
jeurs d’engagement,la Fondation Prince
Albert II de Monaco coordonne et sou-
tient cette initiative pour une consom-
mation responsable et raisonnable des
produits de la mer sur la Côte d’Azur.
En Principauté,les chefs de l’hôtel Fair-
mont, de l’Hermitage et du Novotel ont
officialisé leur engagement en signant
en 2015 la convention Mr Goodfish et
seront, très prochainement, rejoints par
ceux du Métropole et des Thermes ma-
rins. Un réseau de partenaires de qua-
lité est ainsi en train,à partir de Monaco,
de se constituer et d’étendre sa dyna-
mique à toute la façade méditerranéenne
française. ■
« La démarche Mr Goodfish encourage
à continuer à consommer du poisson mais le bon
poisson, celui qui est disponible en abondance ».
PHOTO:DR
LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS
78
MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016
Sauver le phoque moine
de Méditerranée
E
n2011,lePrinceAlbertIIdeMonaco
par l’intermédiaire de sa Fondation1
a pris l’initiative d’une étude et d’une
action pour la protection du phoque
moine de Méditerranée. Un certain
nombre de partenaires, parmi les
meilleurs spécialistes mondiaux,ont ainsi
été mobilisés comme leWWF de Grèce,
l’Institut de recherche Téthys et la So-
ciété Hellénique pour l’étude et la pro-
tection des phoques moines.L’action de
la Fondation PrinceAlbert II vient ainsi
appuyer la politique environnementale
de l’Union européenne2
. Il s’agit princi-
palement de développer, en mer Egée,
une aire marine protégée déclarée zone
Natura 2000 autour des îles de Gyaros,
Andros et Syros, dans le nord des Cy-
clades, afin de recréer durablement un
écosystèmefavorableauxphoquesetaux
hommes.
Unecampagned’informationetdesen-
sibilisation sur les enjeux environnemen-
taux en direction des pêcheurs de l’ar-
chipel et des acteurs de l’économie
touristique a été lancée pour obtenir leur
adhésionetlesconvaincred’accepterlafu-
ture zone de protection marine. Leur
PHOTOS:DR
Le phoque moine, espèce emblématique de la Méditerranée,
est en passe de disparaître dans l’indifférence la plus générale avec pour seule
cause l’activité humaine. Des acteurs se sont mobilisés pour rompre
cette dynamique mortifère. Ils sont en passe de réussir, dans les Cyclades,
illustrant les vertus de la prise de conscience et de l’engagement.
Par JEAN-STÉPHANE BETTON
1. www.fpa2.com
2. Le projet est soutenu par la Fondation Blue Ma-
rineetparlaCommissioneuropéennedanslecadre
du mécanisme de financement LIFE + Nature.
3.Attendu pour le mois de juin,ses conclusions se-
ront présentées dans le prochain numéro de ce Ca-
hier Environnement.
Abondant
en Méditerranée et
dans le bassin pontique
dans la Haute Antiquité,
le phoque moine
(ci-dessous) est
aujourd’hui en voie
d’extinction imminente.
À droite, l’île d’Andros
dans les Cyclades
(Grèce).
concours actif est en effet capital dans le
succès du projet et pour espérer sauve-
garder cette espèce emblématique de la
Méditerranée. Une première session de
formationréunissantunequarantainede
pêcheurs d’Andros et de Syros a été or-
ganiséeenmai2015.L’expériencedevrait
être répétée en 2016 et un rapport d’ac-
tivitédescinqansquiviennentdes’écou-
ler va être très prochainement publié3
.
Saviez-vous que le phoque moine par
la fréquentation des eaux chaudes de la
Méditerranée se distingue radicalement
desescongénèresdesmersfroides ? Pour
chasser,cechampiond’apnéeestcapable
d’atteindre une centaine de mètres de
profondeurs pendant un quart d’heure.
Certains adultes pèsent jusqu’à 300 kilos
et peuvent vivre une quarantaine d’an-
née. Cet animal d’exception abondait en
Méditerranée et dans le bassin pontique
dans la haute antiquité au point d’avoir
donné leur nom à une région de l’Hel-
lade sur les rives septentrionales de
l’Isthme de Corinthe : la Phocide.Auda-
cieux navigateurs, les habitants de cette
contrée ont fondé Phocée en Asie Mi-
neure puis exploré, au VIe
siècle avant
notre ère, la Méditerranée occidentale.
Aviez-vous songé que Marseille entrete-
naitdepuissalointaineoriginephocéenne
un rapport caché avec ce sympathique
pinnipède ? De sa Méditerranée natale,
le phoque moine a franchi les colonnes
d’Herculeetessaiméencoloniesdansles
archipels de Madère,des Canaries et sur
les côtes de Mauritanie.Puis,il a traversé
l’Atlantique pour s’établir dans les Ca-
raïbes.Inauguréen1914,lecanaldeSuez
a permis à certains individus de s’aven-
turer dans le Pacifique pour parvenir aux
îles Hawaï où une sous espèce prospère
encore aujourd’hui sous la protection du
gouvernementdesEtats-Unisdepuis2001.
Car hélas… mille fois hélas ! Victime
des activités humaines,de la guerre,de la
pollution, du tourisme balnéaire et de la
surpêche, le phoque moine de Méditer-
ranéeestaujourd’huienvoied’extinction
imminente. C’est même l’une des six es-
pèces animales les plus menacées au
monde. Des plaisanciers chanceux pou-
vaient encore le croiser en Corse au dé-
butdesannées1980maisila,depuis,com-
plètement disparu. Partout les femelles
ont déserté les plages surpeuplées pour
mettrebasaupieddefalaisesabrupteset
dans d’inaccessibles grottes sous-marine
oùleurspetitssenoientsouvent.Ilnede-
meure que quelques centaines d’indivi-
dus, enTunisie,au Maroc et en Grèce au
norddesCyclades.C’estlàjustementque
l’on prépare sa renaissance… ■
LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS

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Monaco

  • 1. 73 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Ce Cahier environnement est l’opportunité, à l’occasion des dix ans de la création de la Fon- dation Prince Albert II, de mettre en lumière les actions de Monaco pour la préservation des océans. Au sein des Nations unies, Monaco a travaillé tout particulièrement pour obtenir l’ouverture des négociations, commencées au mois de mars der- nier, sur la protection de la biodiversité en haute mer (BBNJ) et pour l’insertion dans les Objectifs dudéveloppementdurable(ODD),adoptésensep- tembre 2015, d’un objectif spécifique aux océans (ODD 14). Dans les deux cas, l’engagement per- sonnel du Prince Albert II et de sa Fondation ont été important. Au niveau scientifique,Monaco soutien des pro- jets de recherche de meilleure connaissance des écosystèmes marins ou d’étude de l’impact de l’acidification sur les océans.On soulignera,à cet égard, la création de l’AMAO (Association mo- négasque sur l’acidification des océans) pour co- ordonner les différentes institutions qui travaillent sur cette thématique. On notera également l’ini- tiative de Monaco au GIEC qui a conduit à l’ap- probation de l’établissement d’un rapport spécial de cette institution sur les liens entre l’Océan et l’évolution du climat. Sur le terrain,La Fondation et le gouvernement soutiennent de nombreux projets de protection de labiodiversitémarineetdesressourceshalieutiques, que ce soit pour le thon rouge, pour la promotion de la consommation durable de produits de la mer avec Mr Goodfish ou le lancement d’un fond fidu- de SE Bernard Fautrier Ministre plénipotentiaire Administrateur délégué de la Fondation Prince Albert II de Monaco Éditorial ✒ 1.www.fr.mava-foundation.org - 2.www.iucn.org 3.www.oceans.taraexpeditions.org - 4.www.surfrider.eu PHOTO:DR « Nous devons protéger l’océan comme si nos vies en dépendaient. Et c’est précisément le cas.» Sylvia EARLE, biologiste, exploratrice, ambassadrice de l’Appel de l’océan pour le climat ciaire avec la France et laTunisie pour le dévelop- pement des Aires marines protégées (AMP) de Méditerranée. Le bilan de dix ans d’action de la Fondation montre qu’il est possible d’inverser le cours des choses sur la disparition des espèces (thon rouge, phoque moine…), de faire progresser la connais- sance scientifique, la sauvegarde des écosystèmes fragiles ou les négociations internationales sur l’en- vironnement (BBNJ,SDG…). La Fondation,en partenariat avec l’Institut océa- nographique de Monaco,a lancé depuis avril 2010 la Monaco Blue Initiative.Cette rencontre annuelle réunit des acteurs scientifiques et politiques du monde de la mer pour créer une synergie positive, génératrice de solutions aux problèmes actuels et à venir des océans. Enmars2015,lorsdelaconférence:« Plastiqueen Méditerranée:au-delàduconstat,quellessolutions ? », SAS le PrinceAlbert II de Monaco a annoncé l’in- terdictiondel’utilisationdessacsplastiquesàusage unique en Principauté.Lors de la dernière journée des océans du 8 juin, la Fondation Prince Albert II – avecsespartenaires,lafondationMava1 ,l’IUCN2 , Tara3 et Surfrider4 (taskforce Beyond plastic med)–, a lancé un appel à micro-initiatives contre la pollu- tion plastique en Méditerranée. L’Océan, source de vie, mérite toute notre at- tention et la Fondation Prince Albert II œuvre sans relâche, avec toutes les institutions moné- gasques concernées, pour mieux le connaitre et le protéger. ■ «Le bilan de dix ans d’action montre qu’il est possible d’inverser le cours des choses» LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS Sommaire 73 Editorial de SE Bernard Fautrier : « Le bilan de dix ans d’action montre qu’il est possible d’inverser le cours des choses.» 74 Infos 75 Interview de Philippe Mondielli : « L’aquaculture peut être un moteur de la conservation et soutenir la biodiversité. » 77 Mr Goodfish : Informer pour responsabiliser. 78 Sauver le phoque moine de Méditerranée. PHOTO:THIERRYAMELLER Les îles de Lérins, dans la baie de Cannes (Alpes-Maritimes). SPÉCIAL MONACO
  • 2. 75 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 74 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Àl’issuedesadernièresessiondetravail, le 13 avril 2016,à Nairobi (Kenya),le GIEC 1 a annoncé la publication pro- chaine de trois rapports spéciaux 2 dont l’un – particulièrement attendu – sur les océans intitulé Changement climatique, océans et cryosphère. Cette décision est une belle victoire pour la Principauté de Monaco qui avait été la première à saisir le GIEC de cette demande dès février 2015. En décembre de la même année, à l’occasion de la COP 21, deux autres ini- tiatives – l’Appel de l’océan pour le Cli- mat menée avec la Plate-forme océan et climat 3 et la Déclaration Because the Ocean signée par 22 pays à l’appel de Mo- naco et du Chili – avaient également ap- pelé à placer les océans au cœur des en- jeux climatiques et à la production,par le GIEC,d’un rapport spécial lié aux consé- quences préoccupantes du réchauffement climatique et de l’augmentation des émis- sions de gaz à effet de serre, au premier rang desquels l’acidification et l’élévation du niveau de la mer qui ont un impact majeur sur la vie, l’économie et la sécu- rité de milliards de personnes dans le monde. L’intégration dans ce prochain rapport sur les océans 4 des enjeux liés à la fonte de la cryosphère – le monde des glaces et despôles–apportera,defait,deséléments extrêmement utiles pour répondre aux questions posées par l’élévation du niveau de la mer dont les dernières études mon- trent qu’elle pourrait être beaucoup plus importante que prévue.Ce nouveau rap- port du GIEC sera publié pour la COP 22 qui se tiendra en novembre prochain, à Marrakech, au Maroc. Une plage en Méditerranée. La Méditerranée détient l’un des taux de pollution par le plastique les plus élevés au monde. ■ Aquaculture et économie circulaire étaient au programme de cette nouvelle rencontre de la Monaco Blue Initiative (MBI) au Brésil. Pourquoi cette théma- tique ? Il faut savoir qu’au niveau mondial l’aquaculture fournit –avec plus de 70 millions de tonnes par an1 – plus de la moitié des produits aquatiques con- sommés par l’homme. Alors que les captures de poissons sauvages sont sta- bilisées autour de 90 millions de tonnes par an1 ,la production aquacole bat des records d’année en année. Partout sur la planète,l’aquaculture contribuera,en grande partie,à cou- vrir les besoins croissants en protéines d’une démographie en expansion. Or,il ne peut y avoir d’essor de cette activité si elle est dom- mageable pour l’écosystème qui l’accueillera.C’est l’aquacul- ture et l’économie circulaire ou plus simplement l’aquaculture durable qui répondra à cet enjeu, illustré par le titre de l’édi- tion 2016 de la MBI : Sustainable aquaculture at the heart of a Blue Economy (Ndlr :L’aquaculture durable au cœur de l’Éco- nomie bleue). ■ Pourquoi le choix du Brésil ? Parce que l’aquaculture y est un secteur économique en très forte expansion.Avec 700 000 tonnes (Ndlr : chiffre 2012), le Brésil est le deuxième producteur aquacole d’Amérique la- tine et des Caraïbes même s’il n’est que le douzième au ni- veau mondial,très loin du trio de tête,Chine,Inde etVietnam. La production brésilienne a quadruplé entre 2000 et 2010 et a bondi de 30 % entre 2010 et 2011,illustrant le caractère ultra- rapide de son développement. ■ Quelles formes prend cette aquacul- ture brésilienne ? Avec 87 % de la production composée notamment de tilapia,de carpes,de pois- sons-chats et même d’Arapaima, l’un des plus gros poissons au monde, c’est l’aquaculture continentale (en eau douce) qui prédomine, l’aquaculture marine (crevettes, moules, huîtres, algues) ne représentant que 13 % de la production.À l’image du pays,les pers- pectives sont gigantesques.Avec une su- perficie de dix-sept fois la France,le Bré- sil dispose d’un énorme réservoir de sites potentiels.La demande est,en outre,plutôt soutenue avec une consommation de produits aquatiques qui atteint tout de même 7 kg par habitant et par an (contre 30 en Europe). Ce- pendant, et ce,comme toute activité si elle est mal gérée,l’es- sor d’une aquaculture mal maitrisée peut impacter gravement les écosystèmes remarquables d’un pays considéré comme l’un des plus riches de la planète en matière de diversité biologique – avec en particulier les mangroves qui couvrent 85 % de ses 8500 km de côtes –,et avec lui ceux de tous les pays tropicaux. Les enjeux du développement durable sont donc de taille… ■ Quelles sont les principales conclusions de cette MBI 2016 ? Les échanges,très riches et fructueux,de cette dernière édi- tion nous ont permis de voir que l’aquaculture pouvait être un moteur de la conservation et soutenir la biodiversité en s’intégrant aux aires marines protégées. L’aquaculture peut avoir un rôle social important et contribuer à réduire les in- égalités et les discriminations en soutenant l’émancipation des « L’aquaculture peut être un moteur de la conservation et soutenir la biodiversité » En 2010,la Fondation PrinceAlbert II – en partenariat avec l’Institut océanographique de Monaco – lançait un nouveau rendez-vous international dédié à l’environnement :la Monaco Blue Initiative.Sa dernière édition s’est tenue le 4 avril dernier à São Paulo,au Brésil,sur le thème de l’aquaculture. Entretien avec PHILIPPE MONDIELLI Directeur scientifique de la Fondation Prince Albert II Propos recueillis par Erwan Sterenn 1. Chiffres FAO 2014. LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS ❘ INFOS PHOTO:FPA2 >> 1.Grouped’expertsintergouvernementalsurl’évo- lution du climat. 2. Lesdeuxautresrapportsportentsur:« Lesim- pactsd’unréchauffementglobalde1,5°parrap- port aux niveaux de l’ère préindustrielle » et sur « Les changements climatiques, la désertifica- tion, les changements d’usage des sols et la sé- curité alimentaire ». 3. www.ocean-climate.org 4. Réalisé dans la perspective de la COP22 qui se tiendra en novembre 2016 à Marrakech au Maroc. U n an après la conférence «Plastique enMéditerranée,au-delàduconstat, quelles solutions ?», organisée à Mo- nacoenmars2015,laTaskforceBeyond PlasticMed(BeMed)composéedecinq organisations – Fondation Prince Al- bertII,TaraExpéditions,SurfriderFoun- dation Europe, Mava et UICN – a dé- cidédepasseràl’action.Elles’estfixée pour mission d’informer l’opinion pu- bliquesurl’étatdesantédelaMéditer- ranée, de soutenir les solutions inno- vantes et citoyennes,et de peser sur les décisions politiques, législatives et rè- glementaires visant à stopper la pollu- tion plastique. Dans cet esprit, en no- vembre 2015 et en mai 2016, la Fondation Prince Albert II et l’UICN Le GIEC annonce un rapport spécial sur les océans PHOTO:PHILIPPEMONDIELLI En savoir + : www.beyondplasticmed.org Twitter : @BeMed_org La Task Force Beyond Plastic Med entre en action ont réuni à Monaco des entreprises et des ONG pour réfléchir à la recherche commune de solutions permettant de diminuerenamontlaproductionetl’uti- lisationdeplastiques.BeMedlanceéga- lementle8juin2016,lorsdelaJournée mondiale des océans, un «appel à mi- cro-initiatives» destiné à identifier des projetsdansl’ensembledespaysmédi- terranéensavecpourobjectifde«créer unedynamiquelocalepourrépondreà une problématique régionale ». Les projets soutenus,qu’ils soient de nature technologique, institutionnelle ou liée à la sensibilisation et à l’éduca- tiondespopulations,serontsélectionnés pour leur caractère innovant. Chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastiques sont déversés en mer repré- sentant un danger grave autant pour la biodiversité marine que pour la santé humaine en fin de chaîne alimentaire. La Méditerranée détient l’un des taux de pollution par le plastique les plus élevés au monde.
  • 3. catégories défavorisées :reconversion de pêcheurs,subsistance de populations côtières,emploi des femmes… Elle peut aussi contribuer à séquestrer le carbone émis dans l’atmosphère grâce aux algues cultivées, ou lutter contre l’acidification des océans avec l’aquaculture multi-trophique intégrée (AMTI) qui, par ailleurs, piège et recycle les polluants azotés. Pour réussir ces défis, l’aquaculture devra cohabiter intelligemment avec les autres usages de l’espace marin, la pêche et le tourisme, mais aussi des secteurs en devenir comme celui des énergies renouvelables.S’appuyant sur la connaissance fine de l’océan et de son fonctionnement (productivité des eaux et courants) et fondée sur la concertation entre usagers, la planification spatiale marine optimisera la répartition des activités et contri- buera à une bonne définition des projets de territoires marins. L’optimisation des relations entre aquaculture,agriculture,éle- vage et pêche dans une perspective d’économie circulaire, la valorisation des coproduits via des filières à haute valeur ajou- tée, offriront de formidables opportunités.Décideurs,pouvoirs publics et recherche auront un rôle important à jouer. Les consommateurs,plus exigeants en termes de qualité et de tra- çabilité, seront également des moteurs de ce développement. ■ On parle là d’un nouveau modèle économique… L’aquaculture des prochaines décennies devra,en effet,se pla- cer au cœur d’un nouveau modèle économique dans lequel les activités de production ne sont plus en opposition avec l’en- vironnement mais le préservent. Elle doit penser différem- ment afin de rapprocher les enjeux de la sécurité alimentaire, du climat et de la biodiversité.Au Brésil,comme dans d’autres pays,elle doit compenser ses excès et adopter une vision beau- coup plus large. L’activité devra, non seulement, couvrir les besoins croissants en protéines d’une démographie en expan- sion, limiter ses effets négatifs sur l’environnement,mais aussi avoir une contribution nette positive sur l’environnement, au niveau local et global. Ce sont là tous les enjeux qui ont été discutés à Sao Paulo,lors de cette dernière édition de la MBI. ■ Quelle est l'histoire de la MBI et quels objectifs poursuit-elle ? Lancée en 2010 à l’initiative de SAS le Prince Albert II de Monaco et organisée conjointement par la Fondation Prince Albert II de Monaco et l’Institut Océanographique Fondation Albert Ier Prince de Monaco,la Monaco Blue Initiative est une plate-forme de discussion qui vise à stimuler la connaissance et la préservation des océans et leur gestion durable en créant des synergies entre les différents acteurs impliqués dans la pro- tection des écosystèmes marins et le développement écono- mique et social. La première édition de la MBI, en 2010, s’était concentrée sur les thèmes : «Les grands fonds : une biodiversité nouvelle à protéger» et «Les grandes espèces marines : clefs de voute des écosystèmes marins». Le comité de réflexion de la MBI, qui propose les thèmes de chaque édition en fonction de l’ac- tualité et des priorités, avait alors orienté les discussions sur les Aires marines protégées (AMP) qui ont ensuite été le fil rouge de toutes les autres éditions. Les AMP concentrent, en effet,tous les grands enjeux de la conservation avec la combi- naison d’activités économiques dans le milieu marin qui peu- vent bénéficier aux communautés locales et la protection des écosystèmes lorsqu’elles sont gérées d’une manière durable. ■ Qui peut participer à la MBI ? Les participants de la Monaco Blue initiative sont sélec- tionnés en fonction des thèmes de chacune des éditions. La MBI ne veut pas être une conférence scientifique, bien au contraire ! Elle a pour ambition de rassembler des experts,des scienti- fiques, des ONG,des décideurs politiques et économiques mais aussi des acteurs du secteur privé. C’est en créant une plate- forme de discussion et d’échanges entre les différents acteurs de la mer que des solutions pérennes pourront émerger dans l’intérêt de la biodiversité et des communautés locales et plus largement,des populations dépendant des produits de la mer pour leur subsistance. ■ 76 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 77 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Mr Goodfish Informer pour responsabiliser C e stock de poissons et de produits de la mer n’est pas illimité et mal- heureusement trop d’espèces sont surexploitées.Puisque le marché dicte à tous et à chacun sa loi d’airain,c’est donc sur la consommation qu’il faut tenter d’agir en priorité pour modifier les ha- bitudes de ceux qui mangent ou achè- tent du poisson en leur faisant découvrir des espèces alternatives,moins connues, mais dont le goût n’en est pas moins raf- finé. Il faut également encourager le res- pect du cycle des saisons et des périodes de fraie afin de laisser le temps à la vie de se renouveler. De ce constat et de ces réflexions de bon sens est née, en 2010, l’idée du pro- gramme Mr Goodfish… En clair et en français, M. Bonpoisson. La démarche n’est pas d’interdire à quiconque de man- ger du poisson,bien au contraire,elle en- courage même à continuer mais en choi- sissant le bon poisson, c’est à dire celui qui est disponible en abondance. Infor- mer pour responsabiliser, tout est là ! Trois grands aquariums, français, ita- lien et espagnol, Nausicaa de Boulogne sur mer,l’Acquario de Gênes et l’Aqua- rium Finisterrae de la Corogne, tous membres du Réseau Océan Mondial2 , sont à l’origine de cette initiative parrai- née par Gaël Orieux,chef étoilé du res- taurant Auguste à Paris dans le 7e ar- rondissement, et suivie par plus de 400 professionnels engagés. Il s’agit de pro- mouvoir le principe du développement durable auprès du plus large public pos- sible, auprès des consommateurs bien sûr mais aussi et surtout,auprès des pro- fessionnels que sont les pêcheurs,les ma- reyeurs, les poissonniers,les géants de la PHOTO:DR Par JEAN-STÉPHANE BETTON Le Prince Albert II et les participants à la dernière édition de la Monaco Blue Initiative, à São Paulo (Brésil). «Lancée en 2010, la MBI est une plate-forme de discussion visant à stimuler la connaissance et la préservation des océans et leur gestion durable.» Philippe MONDIELLI PHOTO:FPA2 La surpêche menace la survie de nombreuses espèces de poissons. Mr Goodfish1 a pour ambition d’informer et de sensibiliser les acteurs de notre « chaîne alimentaire » – des distributeurs aux restaurateurs en passant bien sûr par les consommateurs –, sur les espèces à consommer en fonction de l’état de leur stock. Explications. 1. En savoir + :www.mrgoodfish.fr 2. www.worldoceannetwork.org Les chefs de l’Hermitage (photo), du Fairmont et du Novotel ont signé la convention Mr Goodfish en 2015. >> grande distribution,les grands restaura- teurs et bientôt les aquaculteurs.Tous les partenaires s’engagent à adapter leurs pêches, leurs achats et leurs cartes en fonction d’une liste, régulièrement ac- tualisée, des espèces les plus disponibles. En effet, quatre fois par an, à chaque changement de saison,afin d’éclairer un public de plus en plus nombreux, Mr Goodfish réunit un Comité d’experts – composé de scientifiques, de pêcheurs, de spécialistes et de responsables de la distribution –,qui actualise,publie et re- commande à la consommation une liste de poissons,de crustacés et de coquillages pour la Méditerranée,l’océanAtlantique, la Manche et la mer du Nord. Toujours profondément désireuse de soutenir des actions urgentes et concrètes en faveur de la protection de l’environ- nement dans le domaine de la biodiver- sité qui est – avec l’eau et le changement climatique – l’un de ses trois sujets ma- jeurs d’engagement,la Fondation Prince Albert II de Monaco coordonne et sou- tient cette initiative pour une consom- mation responsable et raisonnable des produits de la mer sur la Côte d’Azur. En Principauté,les chefs de l’hôtel Fair- mont, de l’Hermitage et du Novotel ont officialisé leur engagement en signant en 2015 la convention Mr Goodfish et seront, très prochainement, rejoints par ceux du Métropole et des Thermes ma- rins. Un réseau de partenaires de qua- lité est ainsi en train,à partir de Monaco, de se constituer et d’étendre sa dyna- mique à toute la façade méditerranéenne française. ■ « La démarche Mr Goodfish encourage à continuer à consommer du poisson mais le bon poisson, celui qui est disponible en abondance ». PHOTO:DR LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS
  • 4. 78 MARINE&OCÉANS N° 251 - AVRIL-MAI-JUIN 2016 Sauver le phoque moine de Méditerranée E n2011,lePrinceAlbertIIdeMonaco par l’intermédiaire de sa Fondation1 a pris l’initiative d’une étude et d’une action pour la protection du phoque moine de Méditerranée. Un certain nombre de partenaires, parmi les meilleurs spécialistes mondiaux,ont ainsi été mobilisés comme leWWF de Grèce, l’Institut de recherche Téthys et la So- ciété Hellénique pour l’étude et la pro- tection des phoques moines.L’action de la Fondation PrinceAlbert II vient ainsi appuyer la politique environnementale de l’Union européenne2 . Il s’agit princi- palement de développer, en mer Egée, une aire marine protégée déclarée zone Natura 2000 autour des îles de Gyaros, Andros et Syros, dans le nord des Cy- clades, afin de recréer durablement un écosystèmefavorableauxphoquesetaux hommes. Unecampagned’informationetdesen- sibilisation sur les enjeux environnemen- taux en direction des pêcheurs de l’ar- chipel et des acteurs de l’économie touristique a été lancée pour obtenir leur adhésionetlesconvaincred’accepterlafu- ture zone de protection marine. Leur PHOTOS:DR Le phoque moine, espèce emblématique de la Méditerranée, est en passe de disparaître dans l’indifférence la plus générale avec pour seule cause l’activité humaine. Des acteurs se sont mobilisés pour rompre cette dynamique mortifère. Ils sont en passe de réussir, dans les Cyclades, illustrant les vertus de la prise de conscience et de l’engagement. Par JEAN-STÉPHANE BETTON 1. www.fpa2.com 2. Le projet est soutenu par la Fondation Blue Ma- rineetparlaCommissioneuropéennedanslecadre du mécanisme de financement LIFE + Nature. 3.Attendu pour le mois de juin,ses conclusions se- ront présentées dans le prochain numéro de ce Ca- hier Environnement. Abondant en Méditerranée et dans le bassin pontique dans la Haute Antiquité, le phoque moine (ci-dessous) est aujourd’hui en voie d’extinction imminente. À droite, l’île d’Andros dans les Cyclades (Grèce). concours actif est en effet capital dans le succès du projet et pour espérer sauve- garder cette espèce emblématique de la Méditerranée. Une première session de formationréunissantunequarantainede pêcheurs d’Andros et de Syros a été or- ganiséeenmai2015.L’expériencedevrait être répétée en 2016 et un rapport d’ac- tivitédescinqansquiviennentdes’écou- ler va être très prochainement publié3 . Saviez-vous que le phoque moine par la fréquentation des eaux chaudes de la Méditerranée se distingue radicalement desescongénèresdesmersfroides ? Pour chasser,cechampiond’apnéeestcapable d’atteindre une centaine de mètres de profondeurs pendant un quart d’heure. Certains adultes pèsent jusqu’à 300 kilos et peuvent vivre une quarantaine d’an- née. Cet animal d’exception abondait en Méditerranée et dans le bassin pontique dans la haute antiquité au point d’avoir donné leur nom à une région de l’Hel- lade sur les rives septentrionales de l’Isthme de Corinthe : la Phocide.Auda- cieux navigateurs, les habitants de cette contrée ont fondé Phocée en Asie Mi- neure puis exploré, au VIe siècle avant notre ère, la Méditerranée occidentale. Aviez-vous songé que Marseille entrete- naitdepuissalointaineoriginephocéenne un rapport caché avec ce sympathique pinnipède ? De sa Méditerranée natale, le phoque moine a franchi les colonnes d’Herculeetessaiméencoloniesdansles archipels de Madère,des Canaries et sur les côtes de Mauritanie.Puis,il a traversé l’Atlantique pour s’établir dans les Ca- raïbes.Inauguréen1914,lecanaldeSuez a permis à certains individus de s’aven- turer dans le Pacifique pour parvenir aux îles Hawaï où une sous espèce prospère encore aujourd’hui sous la protection du gouvernementdesEtats-Unisdepuis2001. Car hélas… mille fois hélas ! Victime des activités humaines,de la guerre,de la pollution, du tourisme balnéaire et de la surpêche, le phoque moine de Méditer- ranéeestaujourd’huienvoied’extinction imminente. C’est même l’une des six es- pèces animales les plus menacées au monde. Des plaisanciers chanceux pou- vaient encore le croiser en Corse au dé- butdesannées1980maisila,depuis,com- plètement disparu. Partout les femelles ont déserté les plages surpeuplées pour mettrebasaupieddefalaisesabrupteset dans d’inaccessibles grottes sous-marine oùleurspetitssenoientsouvent.Ilnede- meure que quelques centaines d’indivi- dus, enTunisie,au Maroc et en Grèce au norddesCyclades.C’estlàjustementque l’on prépare sa renaissance… ■ LE CAHIER ENVIRONNEMENT DE MARINE&OCÉANS