1. Réussir ensemble
les paris d’avenir
Association Max Havelaar France
Label Fairtrade / Max Havelaar
2. “
Faire du commerce
différemment
Sommaire
Faire du commerce autrement p.2
Des origines à nos jours p. 3
Max Havelaar France :
20 ans ensemble p. 4-5
20 ans pour construire
un mouvement mondial p. 6-7
20 ans pour développer
la croissance p. 8-9
20 ans pour mobiliser p. 10-11
20 ans pour faire évoluer la loi p. 12-13
20 ans pour construire
des partenariats p. 14-16
20 ans pour structurer
les filières et le marché p. 17-19
20 ans d’impact au sein
des communautés agricoles p. 20-23
20 ans pour faire évoluer
la garantie p. 24
Réussir ensemble nos paris d’avenir p. 25
J’ai coutume de dire que l’Economie sociale et solidaire est
nécessaire en France, mais également en Europe et à travers
le monde car elle permet d’entreprendre différemment.
Enjeu de « biodiversité économique », l’ESS permet
un changement de paradigme, car ses principes identitaires
induisent une autre manière de penser les échanges.
De même, le commerce équitable, c’est faire du commerce
différemment. C’est considérer que le profit n’est pas le principal enjeu.
C’est remettre « l’humain » au coeur de la relation commerciale. C’est changer
concrètement la vie quotidienne de millions de personnes grâce aux principes
d’un échange plus juste et d’une rémunération plus équitable.
Acteur incontournable de ce secteur, je salue ici la longévité et le dynamisme
de Max Havelaar.
Il est indispensable de promouvoir ce type de commerce pour rééquilibrer
les rapports Nord/Sud ; et pourquoi pas également les rapports Nord/Nord ?
Avec mon collègue Pascal Canfin, j’ai d’ores et déjà lancé un plan national en faveur
du commerce équitable. Doté de 7 millions d’euros sur les trois prochaines années,
ce plan se donne notamment pour objectif d’augmenter la part encore trop faible
des produits équitables dans le panier du consommateur français.
Pour cela, en tant que ministre chargé de la Consommation, je travaille
à l’amélioration de la transparence et de l’information mise à disposition
du consommateur, afin d’assurer sa confiance envers les produits équitables.
L’État et tous les acteurs concernés doivent agir ensemble pour que consommer
devienne chaque jour, davantage, un geste citoyen.
Benoît Hamon
”
Ministre délégué chargé de l’Economie sociale
et solidaire et de la Consommation
3. 3
Des origines à nos jours
L’essor du commerce équitable labellisé pendant les
dernières années du vingtième siècle avait été précédé
par diverses initiatives dans les années 60 et 70.
Lors de la conférence de la CNUCED en 1964,
les producteurs des pays du Sud avaient exprimé
par le slogan « Trade not Aid », leur revendication
d’une plus juste rémunération de leur travail.
En Angleterre et aux Pays-Bas, Oxfam faisait la promotion d’un commerce
solidaire. En France, l’abbé Pierre lançait, en 1971, une campagne adressée
aux communes de France. En 1974, s’ouvrait un premier magasin Artisans
du Monde.
L’impulsion de Francisco Van der Hoff, à la fin des années 80, fut doublement
décisive. D’une part, elle incitait les producteurs à s’organiser collectivement
pour pouvoir mieux négocier les conditions de vente de leurs produits.
D’autre part, elle instaurait un label garantissant au consommateur
un caractère essentiel de la transaction commerciale, à savoir la juste
rémunération du producteur pour le produit qu’il achète.
Après la création de Max Havelaar aux Pays-Bas, puis en Belgique, trois
ONG françaises, CICDA, devenue ensuite Agronomes et Vétérinaires
sans Frontières, Ingénieurs sans Frontières et Peuples Solidaires, créent
Max Havelaar France en 1993. Jean-Jacques Boutroux, l’un des dirigeants
de CICDA aura été la cheville ouvrière pour le lancement, avec Guy Durand
qui fut le premier président de notre association.
D’autres initiatives voient alors le jour en France et dans d’autres pays,
et rapidement le besoin d’une structuration se fait sentir. Ce sera notamment
la création en 1997 de la Fédération internationale Fairtrade Labelling
Organisation (FLO) et, en France, de la Plateforme Française pour
le Commerce Equitable.
Le café est dès l’origine le produit phare, et les acteurs français de
ce secteur se sont bientôt inscrits dans le mouvement à la suite
de Lobodis et de Monoprix. La progression rapide des volumes de
transactions, sur le café, puis sur le cacao, le riz, le sucre, les jus de fruits,
et plus récemment le coton, montre la justesse des intuitions des fondateurs,
l’attachement des producteurs au système, l’adhésion des entreprises
et des consommateurs.
En seulement une vingtaine d’années, le commerce équitable labellisé
a trouvé sa place dans le cadre des échanges internationaux de grands
produits alimentaires et des règles du marché, en y apportant une véritable
valeur ajoutée. Il permet en effet aux organisations de producteurs non
seulement d’obtenir un prix juste couvrant les coûts de production, mais de
bénéficier d’une prime destinée au développement de leurs communautés
et de leurs familles.
Les pages qui suivent rendent hommage à tous ceux qui, depuis plus
de vingt ans, ont contribué à la naissance et au déploiement de cette nouvelle
forme de solidarité, et à ceux qui portent aujourd’hui l’ambition de sa plus
large diffusion. Avec eux, nous partageons la conviction que le commerce
équitable est une composante essentielle de l’Economie sociale et solidaire.
Il doit sans cesse s’adapter et se professionnaliser : c’est ainsi qu’il parviendra
progressivement à imprégner de ses valeurs de justice et de solidarité
les échanges internationaux.
Martial Lesay
Président de Max Havelaar France
“
”
Des origines à nos jours
4. Max Havelaar France :
20 ans ensemble
Le LaBeL au FiL DeS annéeS
1993 2002 2007 2010-2011
5. Au nom des producteurs
et travailleurs engagés dans
le commerce équitable en
Afrique, je tiens à féliciter très
chaleureusement Max Havelaar
France pour leur anniversaire.
La collaboration entre nous s’est renforcée au cours
des dernières années. Elle s’est construite sur
les solides fondations du mouvement mondial
Fairtrade / Max Havelaar et la solidarité entre
les producteurs d’Afrique et leurs partenaires,
les consommateurs en France. Nous avons engagé
ensemble des initiatives avec d’autres partenaires
français comme l’Agence Française
de Développement (AFD) ou les Rencontres
du Mont-Blanc (RMB).
Fairtrade Africa est fier de cette relation avec
Max Havelaar France et de sa contribution à
améliorer l’accès au marché pour les producteurs
africains, mais aussi à assurer la pérennité de
leurs organisations. Les producteurs africains sont
enthousiastes face aux changements
dans la gouvernance du système Fairtrade / Max
Havelaar qui leur donnent le pouvoir au plus haut
niveau. Travailler main dans la main sur des projets
d’intérêt mutuel nous permettra de renforcer
notre partenariat et de contribuer à la mise en place
de cette copropriété du mouvement.
Nous attendons avec impatience les 20 prochaines
années pour grandir ensemble.
James Mwai
Directeur Exécutif de Fairtrade Africa
Max Havelaar France : 20 ans ensemble 5
“
”
Voici donc vingt ans qu’au
Mexique, je fis la rencontre
providentielle des caféiculteurs
indiens installés dans l’isthme
de Tehuantepec,
et découvris leur courageux
mouvement naissant, dit équitable, imaginé pour
remettre l’intérêt humain au coeur du processus
commercial. Pour l’anniversaire de Max Havelaar
France, c’est à eux que mes pensées vont
en premier, ainsi qu’à celui qui leur permit de
conceptualiser cette lutte : le père Francisco Van
der Hoff. Le commerce équitable s’est aujourd’hui
étendu aux quatre coins du monde paysan
du Sud, soutenu dans les pays du Nord par
un nombre toujours croissant d’entreprises
et de consommateurs. En devenant la première
marque à introduire sur le marché français un
produit labellisé Max Havelaar en grandes surfaces
et en hôtellerie, Malongo scellait l’identité de son
entreprise. Outre la satisfaction de commercialiser
des produits éthiques, le label nous permet
de proposer de fabuleux crus de café issus
de variétés botaniques anciennes, fleurant bon
le terroir et l’agriculture artisanale et biologique.
Vingt ans plus tard, nous sommes plus fiers que
jamais de cet engagement de la première heure,
et d’avoir participé, à notre mesure, à l’élaboration
d’un monde plus équilibré. Longue vie aux petits
producteurs et à tous ceux qui les soutiennent !
Jean-Pierre Blanc
Directeur Général des Cafés Malongo - Membre du
Conseil d’Administration de Max Havelaar France
“
”
Toutes nos félicitations
à Max Havelaar France
et aux «consomm’acteurs »
français pour ces vingt ans
de pression afin de rendre
le commerce international
plus juste et pour le soutien aux producteurs et
travailleurs du commerce équitable. Fairtrade / Max
Havelaar est un mouvement mondial avec un fort
ancrage local. La France étant le troisième plus
grand marché mondial du commerce équitable
Fairtrade / Max Havelaar, le public français joue
un rôle vital dans sa réussite mondiale. En achetant
et en exigeant des produits labellisés Fairtrade /
Max Havelaar, en menant campagne contre
l’injustice, les Français aident à remettre l’Homme
au coeur du commerce. En 1997, Max Havelaar
France a contribué à fonder Fairtrade International,
et a introduit de nombreuses innovations telles
que le lancement du coton et du quinoa issus
du commerce équitable. Cependant il reste encore
tellement de travail à faire ! Nous devons libérer
le potentiel du plus grand nombre afin de soutenir
beaucoup plus de producteurs et de travailleurs
défavorisés, en travaillant avec nos partenaires
et avec les entreprises françaises, que ce soient
les marques pionnières spécialisées, de nouvelles
marques ou encore avec les distributeurs, impulsés
par les Français qui ont montré depuis 20 ans qu’ils
veulent jouer un rôle essentiel dans la promotion du
commerce équitable Fairtrade / Max Havelaar.
Harriet Lamb
Directrice Générale de Fairtrade International
“
”
6. pour construire
un mouvement
mondial
Le mouvement Fairtrade / Max Havelaar prend
sa source dans l’appel des producteurs de café
mexicains en 1988 qui demandent de recevoir un
prix juste pour leur production. Cet appel fit écho
auprès de deux personnalités néerlandaises : le
père Francisco Van der Hoff et Niko Rozen de l’ONG
Solidaridad. Tous deux ont pensé et posé les bases
du commerce équitable labellisé. Pour nommer
le label, ils ont choisi le nom du héros d’un roman
néerlandais du 19e siècle qui dénonce l’exploitation
des paysans javanais : Max Havelaar.
C’est ainsi qu’en 1988 naît l’association Max
Havelaar aux Pays Bas. Le concept essaime dans
de nombreux pays dont la France, en 1993. Sous
différentes identités, naissent Transfair en Allemagne
ou encore aux Etats-Unis, Fairtrade au Royaume-
Uni ou Max Havelaar en France, en Belgique et en
Suisse.
Initialement, chaque organisation avait mis en
place des cahiers des charges définissant les
relations entre producteurs et industriels ainsi
que la labellisation des produits. Déjà, le prix
minimum garanti, le versement d’une prime de
développement, le préfinancement des récoltes ou
20 ans
DaTeS CLeS
1988 : Lancement du premier label
de commerce équitable,
Max Havelaar, aux Pays Bas
1993 : Naissance de Max Havelaar
France
1997 : Naissance de Fairtrade
Labelling Organizations
International (FLO)
2002 : FLO lance le label international
Fairtrade (certains pays
conservent aussi l’appellation
Max Havelaar)
2004 : Naissance de FLO-CERT
2012 : Les producteurs deviennent
copropriétaires à parité de
Fairtrade International (ex FLO)
7. 7
membres du mouvement (réseaux de producteurs,
organisations nationales, acteurs économiques et
partenaires) ont travaillé en commun pour définir une
stratégie internationale. L’objectif est de produire
un modèle qui assure une forte croissance des
ventes aux conditions du commerce équitable pour
les producteurs et permette à de grands acteurs
économiques de s’engager, tout en conservant
les principes fondamentaux en faveur des petits
producteurs marginalisés.
Dans le même temps, les producteurs d’Amérique
Latine, d’Afrique et d’Asie, regroupés en
coopératives, rassemblent leurs forces dans des
réseaux nationaux, régionaux, par filière. En 1998,
les producteurs représentés par leurs réseaux
continentaux, participent pour la première fois
au Conseil d’Administration de FLO et y adhèrent
officiellement en 2000. Depuis, leur poids au sein
du mouvement n’a cessé de croitre. En 2012, ils
deviennent copropriétaires, avec 50% des voix au
sein de l’Assemblée Générale de FLO, devenue
depuis Fairtrade International, ce qui en fait la
première ONG mondiale gouvernée à parité par des
représentants des pays du Sud et du Nord.
Gouvernance à parité nord-Sud
Notre mouvement est l’initiative
d’un groupe de personnes
très engagées qui décident de
travailler ensemble, sans signer
aucun papier. Le mouvement
s’est institutionnalisé avec
la croissance des marchés
introduisant le vote des
producteurs, mais seulement comme un vote parmi
les autres. Nous, producteurs, estimons que nous
ne faisons pas seulement partie du mouvement,
mais que nous en sommes également propriétaires.
Ce principe de copropriété se concrétise dans
la nouvelle gouvernance à parité entre producteurs
et associations nationales de promotion, telle que
Max Havelaar France.
Bien que les décisions aient toujours été orientées
en faveur des producteurs et que nous ayons
participé aux décisions, cette nouvelle gouvernance
est une étape historique pour le commerce
équitable. Notre vote aujourd’hui a le même poids
que celui des associations nationales et,
par conséquent, nous avons la même possibilité
de décider de quoi demain sera fait.
Cette décision est une marque forte de confiance
entre les parties, une réponse à la volonté
des producteurs, mais également au désir
des associations nationales comme Max Havelaar
France de rétablir le lien historique et continuer
à marquer une différence dans le marché
et dans le monde.
Marike de Peña
Présidente de la CLAC
Coordination Latino-américaine et des Caraïbes
des Petits Producteurs de Commerce Equitable
encore la gestion transparente et démocratique des
organisations de producteurs constituaient la base
de ces critères.
Rassembler et fédérer
Les organisations nationales avaient parcouru un
chemin pour sensibiliser citoyens et entreprises et
développer leur marché. Le besoin de fédérer et
de devenir un réseau d’organisations crédibles
et reconnues devint nécessaire. C’est ainsi
que naquit Fairtrade Labelling Organizations
(FLO), en 1997, avec pour mission d’harmoniser
les normes au niveau mondial, de mutualiser
les services aux producteurs et de renforcer
la démarche pour la rendre globale. Dans le
même mouvement sont créés un label commun,
Fairtrade, et un certificateur, Flo-Cert, qui obtient
en 2008 l’accréditation ISO 65 reconnaissant son
professionnalisme et son indépendance.
Au milieu des années 2000, le mouvement doit
faire face à de nouveaux défis : la croissance de la
demande, la hausse des prix des matières premières
agricoles et les besoins croissants d’investissement
du côté des producteurs. Pendant trois ans, tous les
pour construire un mouvement mondial
“
”
Première Assemblée Générale de Fairtrade International à parité
Nord-Sud. Bonn, 12 juin 2013.
8. pour développer
la croissance
Il y a 20 ans, les premiers produits labellisés
faisaient leur entrée dans les rayons. En 1993,
les cafés Lobodis en provenance du Mexique
et d’Haïti furent les premiers à porter le label
Max Havelaar. Portée à l’origine par des chefs
d’entreprise et des personnalités visionnaires,
l’offre s’est largement étoffée depuis. Aujourd’hui,
les consommateurs peuvent choisir parmi
plus de 3 600 produits labellisés Fairtrade /
Max Havelaar, depuis leur café en passant par
des bananes, des jus, des vêtements en coton
équitable et toutes sortes de produits sucrés
ou chocolatés...
Ce sont désormais plus de 200 PME françaises,
fabriquant sur le territoire national, qui se sont
engagées auprès des producteurs d’Afrique,
d’Amérique Latine et d’Asie en respectant les
standards du commerce équitable Fairtrade / Max
Havelaar.
De grandes évolutions
L’engouement pour le commerce équitable a
gagné l’ensemble des canaux de la distribution.
Les magasins biologiques ont été les premiers à
soutenir le développement du label en référençant
20 ans
CHiFFReS CLeS
Produits labellisés
Fairtrade / Max Havelaar
sur le marché français
1993 :
2
2013 : 3 600
9. Alors que la démarche RSE d’Elior se lançait
officiellement avec la signature du Global
Compact en 2004, le premier forum interne dédié
au commerce équitable s’est tenu en 2005 en
présence du père Francisco Van der Hoff, fondateur
du label Max Havelaar. Ce fut le point de départ
de nombreuses autres rencontres et groupes
de travail avec nos fournisseurs, les équipes
de l’association Max Havelaar France et bien sûr
les équipes opérationnelles, marketing, et achats
d’Elior. L’occasion de travailler ensemble dans
le cadre de la démarche d’achats responsables
du Groupe à de nouveaux besoins, de nouveaux
packagings adaptés à nos métiers, de nouveaux
process culinaires… Nous sommes allés
à la rencontre de nos clients pour des dégustations
produits, animations, rencontres débats
avec des producteurs pour s’assurer du bénéfice
de la démarche. Plusieurs années plus tard,
force est de constater que ces produits ont pris
leur place dans les offres d’animation où
ils sont devenus pérennes, en ayant permis
une sensibilisation forte de nos clients et nos
équipes. Ces actions illustrent la promesse d’Elior :
« Un monde d’attentions », apportées à la qualité
et l’innovation, à la personne et à notre rôle dans
la société.
Responsable du Développement Durable
Groupe Elior
9
de nombreuses marques pionnières en commerce
équitable. Parallèlement, l’ensemble des enseignes
de distribution décidaient d’introduire dans
leurs linéaires des produits issus du commerce
équitable Fairtrade / Max Havelaar, ce qui a
soutenu l’émergence de marques fortes et la mise
en place de nouveaux partenariats.
C’est par la qualité des liens qui se sont tissés
entre les marques et les producteurs et par
la multiplication des parties prenantes qu’un
changement d’échelle significatif a pu s’opérer
sur le marché français.
Dès le début des années 2000, la consommation
hors domicile a créé une dynamique nouvelle pour
les produits labellisés. En effet, les partenariats
avec des chaînes d’hôtellerie, de restauration
et plus récemment avec les acteurs de la
distribution automatique dans les entreprises et
les lieux publics ont rendu accessibles au plus
grand nombre les produits labellisés Fairtrade /
Max Havelaar.
Les artisans, torréfacteurs et chocolatiers, jouent
également un rôle essentiel dans la promotion,
depuis de nombreuses années, du label Fairtrade /
Max Havelaar.
un monde d’attentions
elisabeth DeRanCOuRT
pour développer la croissance
“
”
Le commerce équitable a ouvert
une voie
Au-delà de son intérêt intrinsèque, qui n’est
plus à démontrer, le commerce équitable est,
fondamentalement, une démarche pédagogique -
le fer de lance d’une révolution culturelle essentielle
pour le développement de la consommation
responsable. Il nous rappelle que les produits que
nous achetons ont tous une histoire, et que toutes
les histoires ne se valent pas. Les biens sont avant
tout des liens, à la nature et aux Hommes.
Le commerce équitable nous invite à remonter
à la source pour connaître la nature de ces liens
et nous rappelle que c’est ce savoir qui lui confère
une saveur. Il nous invite à reconsidérer cette idée
chère aux économistes que le prix d’un produit
doit nous donner des informations sur ce qu’il
coûte. Or le prix des aliments ne reflète plus leur
coût réel - n’intégrant pas le coût des dégâts
environnementaux ou des conséquences sociales
et sanitaires de leur production. Des coûts reportés
sur les Etats ou sur les générations futures,
à force de production industrialisée et de course
aux prix les plus bas. Sur ces sujets difficiles mais
essentiels, le commerce équitable a ouvert
une voie, affronté les résistances, convaincu
les dirigeants économiques et politiques… semant
les graines d’une consommation plus responsable
qui n’a pas fini de se développer dans son sillage.
elisabeth Laville
Fondatrice d’Utopies
“
”
10. pour mobiliser
animations dans les magasins pour guider les
caddies vers les bons produits, des brunchs pour
faciliter le contact, l’échange et la réflexion, des
conférences, des animations plus étonnantes
comme un Jeu de l’Oie géant ou un Bus-Exposition
sillonnant le territoire pendant la Quinzaine du
Commerce Equitable.
C’est toujours avec un temps d’avance, que Max
Havelaar France a su utiliser les outils les plus
innovants pour diffuser ses messages auprès du
grand public, en utilisant notamment ces dernières
années, la puissance de relai des réseaux sociaux.
Vingt ans pour installer et ancrer une idée, partout
où elle pouvait prendre racine. L’idée que, par une
simple discussion portée par des hommes et des
femmes motivés, il est possible de faire comprendre
et partager les enjeux du commerce mondial. Mais
surtout, le fait qu’il existe des solutions positives et
capables de faire bouger le monde.
C’est ce pari qu’ont porté les militants et passionnés
du commerce équitable labellisé, d’abord dans
les rues, les salles de réunions, puis, enfin, dans
les rayons des boutiques comme dans ceux des
supermarchés ou hypermarchés pour sensibiliser,
consommateur après consommateur à ce nouveau
mode d’action. L’originalité de notre mouvement
est qu’il est né de la société civile et reste
encore aujourd’hui ancré dans les mouvements
associatifs de l’Economie sociale et solidaire.
Et ce pari a porté ses fruits, depuis le premier
magasin breton qui proposait un unique paquet de
café équitable labellisé jusqu’à l’engagement des
principaux acteurs de la distribution commercialisant
une gamme complète de produits équitables. Cet
effort se poursuit encore aujourd’hui.
Depuis 20 ans, ce sont toutes les parties
prenantes de Max Havelaar, des associations de
bénévoles jusqu’aux entreprises distribuant des
produits labellisés qui ont réussi à faire connaître
la notion de commerce équitable à plus de 97 %
de la population française.
Les exemples sont nombreux et variés : des
CHiFFReS CLeS
Groupes locaux de promotion
du commerce équitable
labellisé en France
20 ans
2013 :
Plus de 30 groupes dans
17 régions mobilisant près de 2000
bénévoles.
1993 :
1
11. pour mobiliser 11
“ C’est essentiel que les villes
s’engagent
l’exemple aux citoyens pour qu’ils deviennent
J’ai découvert le commerce équitable labellisé
Max Havelaar en 1995, démarche qui
correspondait à mes aspirations d’engagement
vis-à-vis des pays du Sud. Les producteurs
prennent en main leur avenir, leur
développement, et en sont le moteur.
L’Homme est au coeur de ce commerce équitable
qui le respecte ainsi que l’environnement.
En 1998, la campagne « Exigez des produits
éthiques» voit le jour. C’est alors qu’une grande
action est lancée sur la ville de Nantes :
40 associations sont sollicitées pour la promotion
du commerce équitable labellisé.
Le collectif d’associations et de bénévoles
NAPCE est créé. Il était indispensable de faire
connaître le commerce équitable labellisé
et de l’introduire dans les magasins.
Cela a nécessité un fort investissement
des bénévoles au fil de weekends chargés,
de dégustations de café et d’explications
sur la démarche.
A partir de la campagne « 500 villes s’engagent »
en 2003, nous avons réfléchi à l’importance
de l’engagement des collectivités. C’était
essentiel que les villes s’engageant dans
le développement durable le fassent aussi
dans le commerce équitable, qu’elles montrent
consommateurs responsables.
Aujourd’hui NAPCE est devenu un interlocuteur
incontournable auprès du Conseil Régional,
des villes engagées et des entreprises.
”
Michelle YOunan
Bénévole et militante à Nantes
12. DaTeS CLeS
2001 : La ville de Garstang en
Grande-Bretagne fut le premier
Territoire de Commerce
Equitable dans le monde.
2009 : La ville de Paris devient
Territoire de Commerce
Equitable.
2013 : 1 345 Territoires
de Commerce Equitable dans
24 pays autour du monde,
dont 36 en France.
pour faire
évoluer la loi
Les tentatives de création d’une norme AFNOR
(2001) puis d’une démarche ISO (2007) au
niveau international ont montré que le commerce
équitable, évolutif et participatif, ne pouvait se
développer dans un cadre rigide et trop limité.
Ces discussions ont montré que sa pertinence
était en partie liée à sa capacité à évoluer pour
optimiser l’impact pour les producteurs.
Dès lors, les pouvoirs publics ont encouragé
les acteurs du commerce équitable : en 2003 le
Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, déclare la
campagne d’affichage de Max Havelaar France
« Campagne nationale d’intérêt général » et
offre ainsi à notre association une visibilité sans
précédent et une reconnaissance institutionnelle
forte.
En 2005, une loi définit le commerce équitable
et permet de l’inscrire dans la Stratégie
Nationale de Développement Durable,
permettant ainsi de mobiliser tous les acteurs
publics.
La première campagne de Max Havelaar France
à destination des collectivités « 500 villes
s’engagent », permet aux collectivités territoriales
de devenir acteurs et d’informer leurs habitants
sur le commerce équitable.
A leur demande et grâce à la loi de 2005, elles
peuvent dorénavant consommer et agir ainsi
20 ans
13. Directeur général adjoint de la mondialisation,
du développement et des partenariats
au Ministère des Affaires étrangères
13
plus concrètement sur le développement des
filières. Pour accompagner cet engagement,
Max Havelaar France poursuit et amplifie
cette action et lance, avec d’autres acteurs du
commerce équitable, la campagne Territoires de
Commerce Equitable (TdCE).
La loi prévoyait également la création de la
Commission Nationale du Commerce Equitable
(CNCE) visant à reconnaitre officiellement les
labels du commerce équitable. Max Havelaar
France dépose ainsi sa demande d’agrément en
octobre 2012.
La France leader
Un partenariat étroit, entre des ONG et les
acteurs institutionnels publics, a permis à
Max Havelaar France de lancer la filière du
coton équitable, en Afrique de l’Ouest en
2004, avec l’appui de l’Agence Française de
Développement (AFD). Elle est ainsi devenue
aujourd‘hui une filière clé de Fairtrade
International.
De la même façon, le travail de quantification et
de mesure de l’impact est reconnu comme étant
source d’inspiration, de méthode et d’innovation
et constitue un des piliers centraux du commerce
équitable. Ceci a d’ailleurs été récemment
souligné lors des Assises du Développement et
de la Solidarité Internationale qui se sont tenues
en 2013 sous l’égide du Ministre chargé du
Développement, Pascal Canfin.
un objectif de croissance partagé
Le commerce équitable vise à la promotion
d’une plus grande équité dans le commerce
mondial. Il repose sur des filières économiques
qui contractualisent un rééquilibrage de la chaine
de valeur, de l’aval (dans les pays industrialisés)
vers l’amont des filières (dans les pays en
développement). Ce modèle met en oeuvre
l’objectif de « croissance partagée, inclusive
et durable » de la stratégie française d’aide
au développement. Par la mise en place de
partenariats gagnant-gagnant entre les acteurs
économiques français et les producteurs des pays
les plus pauvres, le commerce équitable contribue
très concrètement à la lutte contre la pauvreté
et à la préservation de l’environnement.
Dès 2005, le ministère des Affaires étrangères
a soutenu la structuration en France du secteur.
En lançant le 29 avril 2013, un plan d’action national
de soutien au commerce équitable pour la période
2013-2017, le Ministre délégué chargé
du Développement, Pascal Canfin, a souhaité
donner une impulsion nouvelle à la filière.
L’action de Max Havelaar France, qui, depuis
maintenant 20 ans, facilite l’accès des producteurs
au marché, entre en complète synergie avec
les efforts publics. Je tenais donc par ces quelques
lignes, à saluer l’immense et extraordinaire
engagement de Max Havelaar France en faveur
de notre cause commune.
Jean-Marc Châtaigner
pour faire évoluer la loi
“
”
Depuis 2008, une partie des tenues des agents de la propreté
de la ville de Paris est en coton équitable, fabriquée
par le groupe Cepovett.
14. 1995
Sucre
1994
Cacao Thé 1994
1996
Banane
1988
Café
1993
1997
1998
1998
1997 : Malongo
développe le
« Cafés des Petits
Producteurs », le produit
labélisé Fairtrade / Max
Havelaar le plus vendu
en France.
1998
1993 : Lobodis
premier produit portant
le label Fairtrade /
Max Havelaar en
France, le café Kalinda
d’Haiti et Tzul Tacca du
Guatemala.
1998 : Monoprix
première enseigne de grande
distribution à introduire des produits
labellisés Fairtrade / Max Havelaar
dans ses rayons, puis des produits
labellisés à la marque Monoprix.
1998 : Biocoop
première enseigne bio à
introduire des produits
labellisés Fairtrade / Max
Havelaar dans ses rayons.
20 ans pour construire
des partenariats
15. 2000 : Lyovel
premier acteur à proposer
du café équitable en
distribution automatique.
2001
Fleurs
2003 : accor
première chaîne d’hôtellerie
à proposer des produits
labellisés Fairtrade /
Max Havelaar dans leurs
établissements.
2004
Coton
2000
2001
2002 : alter eco
première entreprise 100% équitable
à proposer une gamme transversale de
produits en grande distribution.
2002
2003
2003
1998 : artisans du Monde
premier produit labellisé Fairtrade / Max
Havelaar dans le réseau de distribution
spécialisé commerce équitable.
2001 : Jardins de Gaia
premier spécialiste du thé
à développer une gamme
complète de références
labellisés Fairtrade / Max
Havelaar.
2003 : création d’ethiquable
entreprise coopérative engagée à développer
une large gamme 100% équitable.
16. 2012 : Ben & Jerry’s
100% de la gamme de glaces
porte le label Fairtrade / Max
Havelaar, en France et partout
dans le monde.
pour construire des partenariats 16
Coton
2006
2006
2006
2008
2006 : Jardin Bio
une des principales marques bio
à introduire des produits labellisés
Fairtrade / Max Havelaar dans
leur gamme.
2008 : Leclerc
Michel Edouard LECLERC premier
dirigeant d’une grande chaine de
distribution à visiter des coopératives
certifiées Fairtrade / Max Havelaar.
2010
2012
2013
2006 : La Poste
première entreprise à
lancer une gamme de
vêtements professionnels
en coton équitable. Son
fournisseur, Armor Lux,
est également l’une
des premières entreprises
à avoir introduit le coton
équitable dans le secteur
du prêt-à-porter.
2006 : Carrefour
première enseigne de
grande distribution à
proposer des roses labellisés
Fairtrade / Max Havelaar.
2010 : Starbucks
100% des expresso en Europe sont
préparés avec du café certifié
Fairtrade / Max Havelaar.
17. pour structurer
les filières et le marché
Banane
20 ans
Volumes vendus en 2012 (monde) : 331 980 tonnes
Nombre de pays
producteurs en 2012 :
15 pays
Nombre de producteurs
et travailleurs en 2011 : 18 200
Il y a près de 15 ans, alors que les rayons des fruits et légumes
s’élargissent dans les magasins spécialisés, les magasins BIOCOOP font le
choix de distribuer uniquement de la banane BIO et EQUITABLE. Un choix
logique porté par les valeurs durables : l’environnement à travers l’agriculture
biologique et l’impact social et économique apporté par le commerce
équitable. Aujourd’hui, nous n’avons aucun regret pour ce choix pas toujours
facile, surtout à cause du prix plus élevé, lorsque l’on sait le bilan positif pour
les organisations de producteurs au Pérou et en République Dominicaine,
qui oeuvrent avec la prime de développement du commerce équitable
Fairtrade / Max Havelaar dans le social, l’éducation, la santé…”
”
Serge Le HeuRTe
Responsable Filières, BIOCOOP
18. Première entreprise en France à obtenir le label Max Havelaar en 1993,
LOBODIS naissait autour de l’idée de proposer des cafés de grande qualité,
respectueux de l’Homme et de l’environnement.
Connaitre personnellement chaque producteur, valoriser son savoir-faire
et la spécificité de son café s’est imposé pour structurer et pérenniser nos
approvisionnements. Ainsi une représentation permanente en Bolivie offre,
au quotidien, des appuis concrets au travers de nombreux projets et des
formations dédiées, spécialement en direction des femmes.
Nous avons monté un partenariat unique, en Bretagne, avec un ESAT
(Etablissement et Services d’Aide par le Travail), pour la torréfaction et la
logistique, dans le but de favoriser l’intégration socio-économique de
travailleurs handicapés.
20 ans plus tard, l’idée du commerce équitable est devenue une réalité
grâce à un travail de longue haleine. En s’engageant fidèlement avec Max
Havelaar et les producteurs, LOBODIS est fière de proposer une vision
positive, cohérente des échanges, du commerce et d’une agriculture à
taille humaine : aventure passionnante.
Franck DeLaLanDe
Directeur Général LOBODIS
Café
Coton
Volumes vendus en 2012 (monde) : 77 429 tonnes
Nombre de producteurs en 2011 : 580 200
Volumes vendus en 2012 (monde) : 8 963 tonnes
Nombre de producteurs en 2011 : 66 500
Nombre de pays
producteurs en 2012 :
30 pays
Nombre de pays
producteurs en 2012 :
9 pays
”
”
Depuis 2005, Armor Lux est engagé dans le commerce équitable de
coton. Il nous avait semblé légitime, à l’époque, de nous impliquer aux côtés
de l’association Max Havelaar notamment par rapport aux valeurs de la
marque et à notre stratégie de différenciation par la qualité et par l’éthique.
Aujourd’hui, nous sommes le premier détenteur de licence Fairtrade avec
plus de 3.000.000 de produits vendus et 500 tonnes de coton fibre achetées.
Plus qu’une fierté, c’est surtout une responsabilité que nous assumons
auprès des producteurs pour leur garantir des débouchés commerciaux
et donc des perspectives de développement. Notre engagement se traduit
aussi par une forte implication dans la vie de l’association pour partager
notre expérience et faire évoluer les comportements d’achat. Nous sommes
heureux de vivre cette aventure, car c’est une aventure, aux côtés de tous
ceux qui militent pour un commerce plus juste, plus équilibré, car c’est le
commerce de demain.
Jean-Guy Le Floch
PDG, ARMOR LUX
19. Au service de l’humain». C’est sur le terrain que j’ai pu en avoir la
certitude. Les bénéfices du commerce équitable contribuent réellement à
l’amélioration des conditions de vie des producteurs défavorisés et de leur
famille. J’ai rencontré en Amérique Latine, et notamment au Paraguay, de
nombreuses coopératives et des petits paysans. Le constat que j’ai fait sur
place m’a permis de mesurer les conséquences positives de cette démarche
sur les populations.
Constructions d’écoles et d’infrastructures sanitaires, achats de matériel
agricole... Les gains sont concrets et l’enjeu social de taille pour les
communautés qui peuvent ainsi envisager, par la valorisation de leurs
productions, un avenir meilleur pour leurs enfants.
Acteur majeur sur le marché du sucre de canne depuis 1871, la société Loiret
& Haëntjens est engagée depuis quinze ans dans le commerce équitable. Sa
collaboration avec le label Max Havelaar garantit aux populations locales un
quotidien plus souriant.
pour structurer les filières et le marché 19
Pas de chocolat sans cacao… Une évidence ? Certainement ! Mais les
cultivateurs qui sont en grande majorité de petits agriculteurs sont parfois
oubliés, au profit des artisans et des chocolatiers qui sont eux considérés
comme de vrais artistes. Pourtant c’est également tout un art de cultiver
le cacao, de choyer sa parcelle, de sélectionner les meilleures variétés qui
donneront au chocolat toute sa magie.
L’alchimie à trouver entre l’expertise agricole et le savoir-faire des chocolatiers
est au coeur des préoccupations de la filière. Car si la demande de chocolat ne
cesse de croitre, l’offre de fèves de cacao dans la quantité et la qualité désirée
n’est pas toujours au rendez-vous, affaiblie par une incapacité chronique
d’investissement des producteurs dans leurs parcelles. Une des solutions
pour rééquilibrer l’équation est l’accompagnement sur le long terme de ces
producteurs, et le soutien du développement durable de leur activité. C’est
ce qu’Alter Eco défend au quotidien aux côtés de Fairtrade / Max Havelaar
en tissant des liens forts avec des petits producteurs bio regroupés en
coopératives.
eric GaRnieR
Directeur Filières, ALTER ECO
Cacao
Sucre
Volumes vendus en 2012 (monde) : 40 559 tonnes
Nombre de producteurs en 2011 : 141 800
Nombre de pays
producteurs en 2012 :
19 pays
Volumes vendus en 2012 (monde) : 158 986 tonnes
Nombre de producteurs en 2011 : 37 200
Nombre de pays
producteurs en 2012 :
19 pays
”
”
Laurent COuRTeiLLe
Directeur Commercial LOIRET & HAËNTJENS S.A.
20. d’impact au sein des
communautés agricoles
La vision du système Fairtrade / Max Havelaar est celle d’un monde dans lequel les producteurs et travailleurs d’Afrique, d’Amérique Latine et d’Asie
peuvent bénéficier de moyens de subsistance sûrs et durables, développer leurs capacités et décider de leur avenir. Evaluer l’impact du commerce
équitable, c’est vérifier que ses standards (cahiers des charges) et ses outils (juste rémunération, prime de développement…) sont à l’origine
d’un changement durable dans la vie et l’environnement des personnes. Cette évaluation suppose une collecte annuelle de données chiffrées
et la réalisation d’études de cas pour comprendre et illustrer les effets réels du commerce équitable.
impact 1 :
Renforcement des organisations
Les exigences concernant le fonctionnement
des organisations de producteurs (autonomie,
administration transparente et participative,
liberté d’association et de négociation…) leur
apportent des garanties sociales et contribuent au
renforcement des capacités de leurs organisations.
Mieux structurées, professionnalisées, ces
organisations sont ainsi en capacité de développer
leur activité et de devenir des acteurs de l’économie
et du développement local.
une dynamique d’entreprise :
Chetna Organic, coton, inde
Faire de chaque producteur un entrepreneur,
capable de faire face aux contraintes de production
et de décider quand, à qui et à quel prix vendre
son coton, tel est l’un des objectifs que s’est fixé
Chetna Organic. Plus de 15 000 membres bénéficient
de programmes villageois pour partager leurs
expériences et développer leurs capacités. Formés,
accompagnés, ils contribuent ainsi au succès de
leur organisation, devenue un véritable partenaire
commercial de la filière textile. Fort de ce succès
en termes de renforcement organisationnel, Chetna
Organic aide aujourd’hui d’autres organisations
indiennes de producteurs à se mettre en place.
une représentation démocratique
des producteurs dans les instances
dirigeantes :
Kuapa Kokoo, cacao, Ghana
Kuapa Kokoo compte 65 000 membres répartis dans
1 350 communautés villageoises du Ghana. Une
taille qui n’empêche pas Kuapa Kokoo d’impliquer
l’ensemble des producteurs et productrices de
cacao dans la vie de l’organisation et dans les prises
de décision. Un système de représentants élus
des producteurs assure en effet leur participation
aux assemblées générales au cours desquelles
ils présentent et valident les projets souhaités par
les producteurs et financés grâce à la prime de
développement : écoles, accès à l’eau, programmes
de diversification des revenus des femmes...
Cette implication fait la force de Kuapa Kokoo.
20 ans
1
2
21. 21
Des projets sociaux qui bénéficient
à l’ensemble des communautés
villageoises :
Oromia, café, ethiopie
Son essor rapide, une stratégie commerciale qui
passe par la maîtrise de l’exportation et la négociation
d’accords avec ses acheteurs font d’Oromia un
exemple de réussite du modèle coopératif en
Ethiopie. Véritable acteur du développement local,
la coopérative investit une partie de la prime de
développement dans des garderies, écoles primaires
et collèges, centres de santé, points d’eau potable
et latrines qui permettent un accès aux services de
base pour ses 200 000 membres et, au-delà, pour
l’ensemble des communautés villageoises.
impact 2 :
Développement des communautés,
amélioration des revenus
Calculée sur le volume de production vendue aux
conditions du commerce équitable Fairtrade /
Max Havelaar, une prime de développement est
versée par les acheteurs aux organisations de
producteurs. Cette prime les dote d’une capacité
d’autofinancement et d’investissement. Sa gestion,
selon les principes du système, en assure une
utilisation qui répond aux besoins des membres. Le
contexte souvent très difficile dans lequel se trouvent
les producteurs explique le choix privilégié pour des
projets sociaux.
une meilleure qualité de vie
pour les travailleurs :
Paso Robles, banane, République
dominicaine
Monopole de quelques multinationales, guerre des
prix, la filière banane fait l’objet d’enjeux qui se
répercutent lourdement sur les producteurs.
Les petits producteurs et travailleurs dominicains en
savent quelque chose. Pourtant, grâce à la prime
de développement investie dans des programmes
immobiliers (rénovation des maisons, prêts à taux 0
pour la construction de nouveaux logements…), à
des contrats de travail à durée indéterminée et à des
salaires supérieurs à ceux pratiqués dans la filière,
les 145 travailleurs de Paso Roblès et leurs familles
bénéficient de meilleures conditions de vie.
d’impact au sein des communautés agricoles
1 2 3
3
4
4
22. impact 3 :
amélioration de la production
Parce qu’elles deviennent de véritables entreprises,
les organisations de producteurs font également
le choix d’investir la prime de développement
dans l’amélioration de la production. Une stratégie
payante puisque des rendements plus élevés, une
amélioration de la qualité, ou encore la valorisation de
la production (exportation directe, transformation…)
génèrent immédiatement de meilleurs revenus pour
les producteurs.
Cap sur la qualité pour
renforcer sa position :
Sofa, thé, Sri Lanka
Au Sri Lanka, la production de thé est surtout le fait
de grandes plantations. Créée pour permettre à ses
membres de résister à cette concurrence et de tirer
profit de leur production, SOFA mise sur une diffé-renciation
de sa production (récolte uniquement des
petites feuilles, offre de bio). Pour cela, elle dispense
à ses 2 400 membres des formations techniques
grâce auxquelles les producteurs adoptent des pra-tiques
agricoles respectueuses de l’environnement
(cultures associées, fertilisation naturelle, haies et
terrasses pour réduire les risques d’érosion…) et
plus productives (fourniture de plants pour renouve-ler
les théiers vieillissants et de faibles rendements),
ainsi que des méthodes pour une cueillette sélective
et de qualité.
indépendance et valorisation
de la production grâce à la maîtrise
de la transformation :
Manduvira, sucre, Paraguay
Située dans le Sud-Ouest du Paraguay, dans une
région de petites exploitations sucrières, Manduvira
s’est progressivement renforcée, devenant un
véritable concurrent face aux industriels sucriers.
Initié en 2011, un projet de construction d’une
usine fait aujourd’hui de cette organisation la
première coopérative capable de transformer sur
place la canne en sucre. Les bénéfices pour les
producteurs sont immédiats : accroissement de la
capacité de transformation, réduction des coûts de
transformation, augmentation des revenus, création
d’emplois, et indépendance vis-à-vis des industriels
locaux.
Inauguration de l’usine de transformation de Manduvira.
1
1
2
2
23. d’impact au sein des communautés agricoles 23
1,3 million
de producteurs dans 70 pays
autour du monde
En 2012 les producteurs
et travailleurs ont reçu 80 millions
d’euros de prime de
développement
“ une entreprise engagée
“
ETHIQUABLE a choisi de mettre l’accent sur
le montage de filière et l’appui aux organisations
de producteurs du Sud. Ce travail est mené par
une équipe de 4 agronomes, dont l’un est basé
à Quito en Equateur. Nous portons une attention
particulière à identifier des coopératives Fairtrade
/ Max Havelaar et des projets pour lesquels
le commerce équitable a un réel potentiel
de transformation économique, sociale ou
environnementale. Nous avons également
un rôle d’accompagnement dans la conception
des produits, l’amélioration de la qualité
ou le renforcement des organisations. Par exemple,
l’appui de la FECCANO, une coopérative de
producteurs de cacao en Haïti, certifiée Fairtrade
/ Max Havelaar, a permis d’obtenir des résultats
significatifs. Des visites régulières en Haïti
d’un producteur chevronné d’Equateur a permis de
former les paysans et ainsi de passer d’une qualité
médiocre à un cacao fermenté de première qualité.
Grâce à un prix rémunérateur, cette coopérative
inexpérimentée est parvenue à exporter directement
son cacao. Avec l’appui de l’ONG AVSF,
elle a appris à gérer ses finances, contrôler la qualité
et la traçabilité et mettre en place un système
de contrôle interne de la production biologique.
”
Christophe eBeRHaRT
Cofondateur de la coopérative Ethiquable
Le regard de l’expert
Les études montrent que l’impact du commerce
labellisé Fairtrade / Max Havelaar varie grandement,
en nature et en intensité, selon les éléments
de contexte.
Cela inclue des facteurs internes, comme
le nombre d’années de certification, les volumes
commercialisés aux conditions du commerce
équitable labellisé Fairtrade / Max Havelaar,
la capacité, les ressources et les objectifs de chaque
organisation de producteurs ou de travailleurs.
Cela inclue également des facteurs externes,
comme le niveau de pauvreté et d’injustice régional,
la structure et les dynamiques des industries
nationales et des chaînes d’approvisionnement,
le degré d’accès des producteurs aux services
et les appuis apportés par des tierces parties.
L’impact varie aussi au sein des groupes de
producteurs ou de travailleurs, selon leur genre,
leur âge, leur statut...
Acquérir une compréhension fine de ces variations,
et des facteurs qui en sont à l’origine,
est fondamental pour garantir que le système
a les outils et les stratégies les mieux adaptés
pour atteindre ses objectifs.
Sally SMiTH
Expert indépendant en commerce
éthique et équitable
”
L’impact vu par…
CHiFFReS CLeS
24. pour faire évoluer
la garantie
vu le jour. Ces standards sont ouverts uniquement
à certaines filières et zones géographiques.
En outre, le système, qui s’inscrit dans
des dynamiques plus globales de production,
de marchés et de consommation, ne peut
être figé. C’est par souci de pertinence et
d’efficacité que les standards, de même que
les prix minimum garantis et les montants de
prime sont régulièrement révisés, au cours
de processus qui impliquent l’ensemble des
parties prenantes.
Deux révisions méritent d’être évoquées. La
première, achevée en 2011, a permis une
réorganisation en profondeur des standards pour
les producteurs autour des garanties sociales et
environnementales, des garanties économiques
et de ce qui fait la spécificité du système, le
renforcement des organisations. La seconde,
en cours, porte sur les standards commerciaux,
facteur clé d’engagement des partenaires, de
durabilité de la relation commerciale autant que
de l’impact sur les revenus des organisations
et de leurs membres.
Un engagement contractuel reposant sur
une certification était une idée novatrice en
1988. La construction de cahiers des charges
permettant la mise en place de la certification
s’imposait. Depuis, les standards Fairtrade
/ Max Havelaar n’ont cessé d’évoluer, tout
en restant fidèles aux principes fondateurs
du mouvement. Le système s’est construit
de manière empirique, pour s’adapter aux
réalités locales, aux exigences de chaque filière
et de chaque marché.
La clef de voute se trouve dans les standards
dits « commerciaux » qui encadrent, grâce à des
outils tels que le prix minimum garanti, la prime
de développement, ou le préfinancement,
les contrats passés entre les producteurs et
leurs acheteurs. Ceux-ci vont de pair avec les
standards applicables par les producteurs et qui
englobent des critères de production.
En 2005, le développement de filières comme
le thé, la banane ou le coton s’est traduit par
l’apparition de nouveaux types d’organisation
nécessitant des exigences spécifiques. Un
cadre pour améliorer les conditions de travail
des employés de plantations et un autre pour
les producteurs en agriculture contractuelle ont
La certification et le contrôle :
comment ça marche ?
Flo-cert, l’organisme de certification pour
Fairtrade / Max Havelaar, a défini des critères
de conformité qui traduisent les Standards
Fairtrade en indicateurs de contrôle.
Ces critères sont évalués lors de la procédure
de certification afin de déterminer la conformité
des producteurs et des acteurs tout au long
de la chaîne, avec les standards Fairtrade.
Un critère non rempli est considéré comme
une non-conformité avec le standard auquel
il se rapporte et doit faire l’objet de mesures
correctrices, elles-mêmes également contrôlées.
La procédure de certification comporte
plusieurs audits. Un audit initial a lieu avant
que l’organisation ne soit certifiée pour la première
fois. Lors des trois années du cycle de certification,
au moins deux autres audits ont lieu : un audit de
surveillance et un audit de renouvellement.
Si une organisation est classée à haut risque,
un audit de surveillance additionnel a lieu chaque
année. De même, des audits impromptus sont
régulièrement lancés.
Rüdiger MeYeR
Directeur Général de Flo-cert
“
”
20 ans
25. Réussir ensemble nos paris
d’avenir
“
”
Réussir ensemble nos paris d’avenir 25
Qui, en 1993, aurait eu l’audace
d’imaginer, que 20 ans plus tard, Max
Havelaar France serait capable de
dresser un bilan tel qu’il vient de vous
être présenté ?
Et pourtant, le commerce équitable,
et notre label en particulier, est maintenant reconnu
comme un outil de développement prenant en compte des
considérations sociales, humaines, environnementales,
économiques et démocratiques. Cette reconnaissance est
formalisée depuis 2009 par la Commission européenne
et apparait cette année dans la loi d’orientation et de
programmation sur la politique française de développement.
Dans le même temps, l’idée même d’un commerce plus
équitable est comprise et partagée par une très large
majorité de nos concitoyens.
Alors, nos 20 prochaines années seront
encore plus passionnantes !
Dorénavant cogérée à parité par les producteurs, notre
ONG internationale agira au niveau global pour accroître
l’impact vertueux du commerce équitable en Afrique, en
Amérique Latine et en Asie, tout en améliorant nos garanties
et en innovant pour dynamiser les ventes de produits
équitables sur les marchés de consommation. En France,
nous allons entraîner tous les acteurs pour relever le défi du
gouvernement de multiplier par trois les ventes de produits
équitables.
Parce que nous croyons, depuis l’origine et pour l’avenir,
que nous avons le pouvoir d’améliorer les pratiques
commerciales et de redonner du poids au premier maillon
de la chaîne: le producteur;
Parce que nous sommes convaincus que le développement
passe par le rassemblement des petits producteurs en
organisations fortes;
Parce que nous défendons depuis 20 ans, l’idée d’offrir ce
choix simple au consommateur partout où il se trouve et où
il a la possibilité de consommer.
C’est pourquoi nous allons poursuivre et intensifier
notre combat pour défendre nos valeurs et réussir,
ensemble, nos paris d’avenir.
Marc BLanCHaRD
Directeur Général de Max Havelaar France
26. association Max Havelaar France
Tel. +33 (0)1 42 87 70 21
info@maxhavelaarfrance.org
www.maxhavelaarfrance.org
1999 2001
2007
2008
2009
Crédits : Sean Hawkey, Anette C. Kay, Fairtrade Denmark, Fairtrade International, Max Havelaar France, Carla Veldhuyzen, Tineke D’haese, Didier Gentilhomme, Linus Hallgren - Fairtrade Sweden, Sean Garrison, James A. Rodríguez, Éric St-Pierre, Artisans
du Film, Artisans du Monde, Marianne Waquier, Planète Responsable, Didier Truffaut (Armor Lux), Kyonne Leyser. En couverture : Luis Escobar Lara et Victor Samuel Galix, coopérative de producteurs de café COCAOL, Honduras, Sean Hawkey.
www.edde.fr
20 ans de campagnes
A propos de l’association Max Havelaar France
Max Havelaar France est une association loi 1901, à but non lucratif, issue de la société civile. Le rôle
de l’association Max Havelaar France est de gérer et de promouvoir le label Fairtrade / Max Havelaar,
auprès des entreprises et de sensibiliser l’opinion publique française à cette forme de commerce.
2010
2010 2012