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2ème Année ESSCA
CYCLE 2011/2012
Équipe d’enseignants :
J.-F. DESCHAMPS, J. DORIDOT, D. EL AMOURI, H. FEERTCHAK-
GERY, HOFAIDHLLAOUI Mahrane
F. LINDENMANN, P.MARTIN, B. RAVELEAU
Coordinateur :
Pascal MARTIN
Introduction à la Psychologie Sociale
1
Le comportement de groupe
Séance 7
Les Fondamentaux
2
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
1- Qu’est-ce qu’un groupe ?
le groupe va être considéré comme un ensemble social
organisé avec ses composantes spécifiques, mais également
à travers les formes de relation et de communication qu’il
engendre
3
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
Définition courante
Un groupe est « la réunion de plusieurs personnes dans un
même lieu »
En psychologie sociale
La définition est plus précise
On retient généralement deux critères :
L’existence d’une interaction entre les personnes composant
le groupe
La conscience d’une appartenance commune
(R.K. Merton)
4
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
Groupe = Deux individus, ou plus, qui, de façon interactive et
interdépendante, s’unissent en vue de réaliser des objectifs
précis. Ils s’influencent et se perçoivent comme un « nous »
Kurt Lewin (1948) :
Un tout est autre chose que la somme de ses éléments, et c’est
la manière dont ces éléments s’agencent et se structurent entre
eux, et non leurs caractéristiques intrinsèques, qui le
caractérisent
5
On parle de groupe si les critères suivants sont réunis :
-la présence de relations interpersonnelles
-la poursuite d’un but commun
-l’influence réciproque
-la mise en place d’une organisation : chaque membre a son
rôle ou son statut, les valeurs et les normes de groupe se
créent
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
6
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
Donc, dans cette perspective, le groupe a une réalité propre
(il forme un système d’interdépendance, il est non réductible
à la somme des individus qui le composent).
Le groupe est un tout dynamique, un lieu d’apprentissage
de comportements nouveaux, d’acquisition de nouvelles
connaissances.
7
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
Groupe formel = groupe de travail déterminé par la structure de l’entreprise
Groupe informel = groupe qui n’a pas de structure formellement définie et
n’est pas établi au niveau organisationnel ; se forme en réponse à un besoin
de contact social
Groupe hiérarchique = groupe composé d’individus qui réfèrent
directement à un responsable déterminé
Groupe de travail = personnes travaillant ensemble afin de réaliser une
tâche ou un projet spécifique
Groupe d’intérêt = personnes travaillant ensemble pour atteindre un
objectif spécifique qui les concerne toutes
Groupe d’affinité = personnes se réunissant pour partager un ou plusieurs
points communs
8
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
• Pourquoi les individus se rassemblent-ils en groupes ?
- Sécurité
- Statut
- Estime de soi
- Appartenance
- Pouvoir
- Réalisation d’objectifs
9
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
2 – Les étapes de la dynamique d’un groupe
2.1- Présentation du modèle à 5 étapes :
Lors de leur formation, les groupes passent par cinq étapes
distinctes :
Etape 1 - la formation
Etape 2 - l’agitation
Etape 3 - la cohésion
Etape 4 - la performance
Etape 5 - la dissolution
10
Les étapes de la
dynamique d’un groupe
Pré-étape
1
Etape 1 :
formation
Etape 2 :
agitation
Etape 3 :
cohésion
Etape 4 :
performance
Etape 5 :
dissolution
11
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
- L’étape de la formation : première étape de la dynamique
d’un groupe, caractérisée par une grande incertitude
concernant le but, la structure et les leaders du groupe
- L’étape de l’agitation (confrontation) : seconde étape
caractérisée par des conflits au sein du groupe
- L’étape de la cohésion : troisième étape caractérisée par
des relations étroites entre les membres, une normalisation et
une stabilisation du fonctionnement
12
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
- L’étape de la performance : quatrième étape
caractérisée par une pleine efficience du groupe, la
structure étant totalement opérationnelle et
acceptée par les membres
- L’étape de la dissolution : étape ultime du groupe
pour les groupes temporaires, précédant le
démantèlement et la dispersion, et où l’on s’attache
davantage à mettre un terme aux activités qu’à être
performant
13
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
2.2. Un modèle alternatif : les groupes temporaires
Modèle d’équilibre ponctuel : les groupes temporaires transitent
par des phases d’inertie et d’activité
3. Les caractéristiques d’un groupe : rôles, normes, statuts,
taille et cohésion
3.1. Les rôles
Rôle : comportement prévisible d’une personne qui occupe
une position donnée dans un contexte social donné ; ensemble
de modèles comportementaux conformes attendus des
individus selon la place occupée dans une unité sociale
14
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
L’identité de rôle : attitudes et comportement attendus d’un
rôle
La perception de rôle : l’idée qu’un individu se fait de la
façon dont il est censé se comporter dans une situation
donnée
Les attentes de rôles : idée que les autres se font quant au
comportement qu’une personne doit adopter dans une
situation donnée (contrat psychologique)
15
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
Contrat psychologique : accord tacite qui définit ce
qu’un employeur attend de ses employés et vice
versa
Conflit de rôle : situation dans laquelle les attentes
correspondant à des rôles différents divergent
Voir l’expérience de Zimbardo
16
Les groupes sociaux
Les Fondamentaux
3.2. Les normes
Normes : règles de conduite ou critères de comportement
acceptables au sein d’un groupe et adoptés par tous les
membres ; critères explicites ou implicites d’attitudes et de
comportements, fixés et partagés par les membres d’un
même groupe social
Voir l’expérience des usines Hawthorne de la Western
Electric Company à Chicago entre 1924 et 1932
17
Les groupes sociaux
Sherif (1953) a repris la notion de groupe de référence pour
définir le système de référence utilisé par un individu lorsqu’il
compare sa position à celle d’autrui.
Kelley (1952) a mis en évidence deux fonctions remplies par
les groupes de référence :
-Une fonction comparative ou évaluative lorsqu’un
individu se positionne par rapport à autrui
-Une fonction normative qui lui permet d’évaluer son
comportement au regard des normes existantes dans le
groupe
18
Les groupes sociaux
Les catégories de normes :
La catégorie la plus fréquente est celle qui se rapporte à la
performance. Cette catégorie à un pouvoir important sur la
performance individuel
Une autre catégorie regroupe les normes d’apparence. Cela
va de la tenue vestimentaire à la loyauté vis-à-vis du groupe
19
Les groupes sociaux
Les groupes conventionnels et les groupes réels
Moscovici (1981)
Les groupes conventionnels désignent divers
regroupements d’individus selon un certain nombre de
critères communs extérieurs et qui permettent de dégager
des catégories ; on va ainsi distinguer des groupes de
personnes suivant leur profession, leur niveau de formation,
leur mode de vie.
Les groupes sociaux réels désignent des groupes
restreints et correspondent essentiellement aux groupes
primaires.
20
Les groupes sociaux
On peut également évoquer
Le groupe de travail dont l’objectif commun s’inscrit dans la
finalité de l’organisation
L’équipe de travail qui se compose d’un groupe de
personnes possédant des compétences complémentaires
réunies autour d’un thème commun, d’un ensemble d’objectifs
à atteindre et pour lesquels ils se tiennent mutuellement
responsables (Katzenbach et Smith, 1993)
21
Les groupes sociaux
L’équipe virtuelle qui est un ensemble de
personnes qui ont les compétences requises pour la
réalisation de l’objectif de l’équipe. Sa construction
est indépendante de la localisation physique des
individus et de leur appartenance à une organisation.
« N’importe où, n’importe quand, mais être au courant »
22
Les groupes sociaux
3.3. Le statut
Chaque individu dans une société a un statut social qui
le définit au sein d’une société. Le statut social est
l’ensemble des positions objectives qu’un individu
occupe dans le système social (comme la profession, le
niveau d’instruction, le sexe ou l’âge…) qui en fonction de
sa proximité avec les valeurs reconnues par la société
génère un statut social plus ou moins élevé.
Le statut social est un ensemble de droits et
d'obligations socialement déterminé.
23
Les groupes sociaux
Kahn et Al. (1964) soulignent divers conflits possibles :
Conflit personnel (le rôle diffère des valeurs de
l’individu)
Conflit intra-émetteur (directives contradictoires)
Conflit inter-émetteur (2 personnes ayant le même
rôle, mais qui donnent des consignes contradictoires)
Conflit inter-rôles (se conformer à un rôle donné)
24
Les groupes sociaux
3.4. La taille
La taille du groupe influe sur son comportement
Les faits montrent que les groupes plus restreints remplissent
plus rapidement leur mission
Cependant, lorsqu’il s’agit de trouver une solution à un
problème, les groupes plus importants paraissent mieux s’en
sortir (groupe ≥ 12 membres). La collecte de données est plus
abondante
Mais, il semble que les groupes restreints soient plus
performants lorsqu’il s’agit de tirer quelque chose de ces
données (groupe d’environ 7 membres)
25
Les groupes sociaux
Paresse sociale : Tendance à fournir moins d’effort et à
diminuer son rendement au sein du groupe en situation de
travail collectif
Expérience de « tirer sur une corde » de Max Ringelmann
La performance du groupe augmente avec sa taille, mais la
venue de nouveaux membres a un effet négatif sur la
productivité
26
Les groupes sociaux
3.5. La cohésion
Cohésion : Force qui unit les membres d’un groupe et les
incite à y demeurer ; résultat du désir des membres d’un
groupe d’appartenir à ce groupe et de leur motivation à y
maintenir une participation active
Les études montrent que la relation entre dépendance
productivité est fonction des normes relatives à la performance
établies par le groupe
27
Les groupes sociaux
LA DYNAMIQUE
DE GROUPE
« There is nothing so pratical as a good theory » (Lewin, 1951)
28
Les groupes sociaux
Les études sur le groupe ont été développées notamment par les travaux de
Lewin, qui a introduit une compréhension dynamique des processus qui se
déroulent dans un groupe.
En effet, Kurt Lewin s’intéressa, après avoir étudié les processus cognitifs
de perception et d’apprentissage, aux phénomènes de groupes humains
restreints (leadership, climat social, valeurs et standards de groupe) pour
enfin aborder les contraintes sociales sur les groupes imposées par la
technologie, l’économie, la loi et la politique.
C’est lui qui créa, en 1944, l’expression « group dynamics » (dynamique de
groupe).
La conception de Lewin (1940) du groupe est opposée à celle d’Allport. Le
groupe a une existence en soi et il doit être considéré comme une entité
dont les membres sont des composantes interdépendantes les uns des
autres.
29
Les groupes sociaux
La dynamique des groupes désigne d’abord un ensemble
d’analyses
 des relations interpersonnelles au sein d’un groupe (Jacob
Lévy Moreno avec la sociométrie ou qualité relationnelle
socio-affective : degré de sympathie, d’antipathie ou
d’indifférence)
 des logiques d’influence et de pouvoir dans un groupe (Kurt
Lewin)
 la personnalité du groupe (psychanalyse des groupes)
30
Les groupes sociaux
L’étude du fonctionnement des groupes restreints a permis
d’en tirer des conclusions sur les façons de mieux
communiquer.
Des auteurs comme Bales ou Leary ont repéré différents
rôles caractéristiques au sein des groupes (le leader, le
clarificateur, l’organisateur, l’opposant, l’agent d’ambiance,
l’agressif, le marginal…)
De là, découlent des façons de réagir par rapport à ces profils
caractéristiques, qui permettent de mieux utiliser les forces et
cerner les faiblesses d’un groupe.
31
Les groupes sociaux
Les expériences de K. Lewin tendent à démontrer
l’importance de l’échange d’informations dans un groupe.
Quand la discussion précède la décision, une plus
forte adhésion des membres du groupe est observée.
Voir les expériences de Lewin au cours de la seconde
guerre mondiale. Une vaste campagne d’informations du
gouvernement américain pour inciter les ménagères à
consommer, en particulier, des abats de rognons et de ris
de veau.
32
Les groupes sociaux
Selon Campbell (1958) les groupes humains varient en
entitativité (en unité).
Trois critères objectifs président à l’entitativité :
- le fait d’avoir un sort commun
- la ressemblance entre les membres
- la proximité physique/spatiale.
33
Les groupes sociaux
LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE
34
Les groupes sociaux :
LA PRISE DE DECISION
COLLECTIVE
1. La pensée de groupe
La notion de « pensée de groupe » a été proposée par Janis
(1971). Il s’est interrogé, à l’époque, sur le processus de prise
de décision intervenant dans les groupes d’experts. Alors que
l’on a à faire, à priori, aux personnes les plus compétentes,
pourquoi obtient-on un échec du résultat après décision ? (ex.
Pearl Harbor, la Baie des Cochons, la guerre du Vietnam)
Pour Janis, ces différents fiascos peuvent s’expliquer par la
mauvaise qualité du processus de décision. C’est-à-dire que
parfois la pensée de groupe correspondrait à la tendance à
prendre des décisions basées sur une évaluation erronée de la
situation, en particulier chez des groupes très cohésifs
35
Les groupes sociaux
Selon Janis, les membres d’un groupe cohésif (solidarité,
attrait mutuel, esprit de corps) ont tendance à prendre trop
facilement pour acquis le fait qu’ils pensent et qu’ils
ressentent la même chose
Ils ne se donneraient pas la peine d’examiner d’éventuels
points de vue divergents
36
Janis et Mann (1977) poursuivent leurs études et
considèrent que :
-La pensée de groupe serait dû à une cohésion élevée du
groupe
-A l’isolement relatif du groupe par rapport à l’extérieur
-A l’absence de méthodes précises de recherche et
d’évaluation des diverses possibilités d’action
-A la présence d’un leader directif qui affirme d’emblée sa
position ;
-Et, enfin au stress élevé des membres qui n’osent pas faire
connaître leurs doutes
37
Les groupes sociaux
Toutefois, il est important de noter que toutes les décisions
collectives ne mènent pas à de mauvaises décisions. Il
existe des groupes très cohésifs qui acceptent les
désaccords. Puis, certains groupes peu cohésifs peuvent
aussi prendre des décisions erronées.
Steiner (1982) pense que la principale cause de la « pensée
de groupe » serait le désir de cohésion des membres du
groupe et non la cohésion elle-même.
38
Les groupes sociaux
LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE
2- La prise de risque : la polarisation
Les décisions de groupe peuvent aboutir à des prises de risque plus
élevées que la décision individuelle : c’est ce que l’on appelle le
phénomène de la polarisation collective. Il s’agit d’une forme extrême
des choix ou opinions du groupe. Il correspond au « durcissement » ou à
la « radicalisation » des jugements des membres du groupe.
Moscovici et Zavalloni (1969) proposent leur interprétation du «risky
shift » par l’explication de l’effet de polarisation des attitudes en groupe.
L’origine de la polarisation se trouverait dans l’implication plus ou moins
grande de l’individu dans l’interaction.
39
Les groupes sociaux :
effet de polarisation
Les travaux de Moscovici et Zavalloni (1969) ont permis de
dégager les principaux facteurs qui font varier l’amplitude ou
l’intensité du phénomène de polarisation :
1- la possibilité pour les membres du groupe d’échanger des
arguments dans le cadre d’une « véritable » discussion
2- une même orientation générale des points de vue dans le
groupe avant la discussion
40
Les groupes sociaux :
effet de polarisation
3- une certaine variété des points de vue à l’intérieur du groupe avant la
discussion favorise la polarisation : une certaine divergence entre le
membres du groupe facilite la polarisation
4- une certaine implication des membres du groupe par rapport au contenu
de leur jugement : la tendance à la polarisation apparaît plus forte que
lorsque les membres du groupe se sentent concernés par l’objet de la
discussion
5- le caractère plutôt informel de la discussion favorise la polarisation : la
présence de procédures encadrant la discussion ou la présence d’un leader
officiel dans le groupe réduit la polarisation dans le groupe.
41
Les groupes sociaux
LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE
3- Le groupe comme vecteur de changement
Pour Lewin le groupe est un « champ de force », un
système de tension des forces antagonistes, certaines
poussent au changement, d’autres à la stabilité. Les
conduites dans les groupes résultent d’un « équilibre quasi-
stationnaire » qui s’établissent par les 2 types de force
(équilibre opposé entre les 2 forces), ce qui induit une
résistance au changement.
Comment produire un changement ?
Il faut modifier le champ des forces : soit on augmente
l’intensité de l’une (pression) ; soit on diminue celle de
l’autre.
42
Les groupes sociaux
Le changement effectif des conduites nécessite, selon Lewin,
un acte explicite de décision de la part des membres du
groupe.
Ex.: L’expérience de Lewin sur le changement des habitudes
alimentaires chez les ménagères américaines.
- Méthode dite « classique » (3% de chgt)
- Méthode de la « réunion-discussion » (30% de chgt)
43
Les groupes sociaux
Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette différence ?
-Une discussion bien menée implique davantage les sujets que la seule
écoute d’une conférence ;
-Les participantes à la discussion sont amenées à prendre des décisions
mais pas les auditrices d’une conférence ;
-Lors d’une discussion, on prend connaissance des engagements pris par les
autres membres mais pas dans le cadre d’une conférence ;
-Dans un groupe de discussion, une argumentation personnalisée peut
s’adresser à chaque membre en particulier mais difficilement dans un
auditoire ;
-L’animateur joue un rôle plus déterminant qu’un rôle de conférencier.
44
Les groupes sociaux
Pour conclure :
-Il est plus facile de modifier les habitudes d’un groupe que celles d’un
individu pris isolément ;
-Le changement effectif des conduites nécessite l’engagement effectif des
individus dans une décision les impliquant explicitement ;
-La discussion s’avère nécessaire car elle permet la « décristallisation » des
normes et prépare la prise de décision ;
-Le rôle de l’animateur est prépondérant pour orienter la discussion et obtenir
le vote public de la décision.
45
Gardien ou prisonnier
ce n’est qu’un jeu ?
Ou l’illustration de la notion de rôle
Extraits vidéo de « Das Experiment »
de Oliver Hirschbiegel,
46
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Origine :
Cette expérience trouve ses origines dans un programme
financé par l’U.S. Navy dans le but d’expliquer et de
comprendre les conflits dans leur système carcéral.
Hypothèse :
« Les gardiens de prison et les prisonniers adoptent
spontanément par auto-sélection un comportement menant à
de mauvaises conditions de détention. Les situations, plus
que les personnalités, influencent les comportements des
individus. »
47
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Méthode de recrutement des sujets de l’expérience :
Annonce dans la presse locale pour participer à une
« simulation de prison » d’une durée de 2 semaines et
contre une rémunération de 15 dollars par jour (soit
environ 85 dollars aujourd’hui).
70 étudiants ont répondu. Après le passage de tests
psychologiques, seulement 24 d’entre eux ont été retenu.
Les sujets étaient en excellente condition physique et
mentale. Ils étaient issus de tous milieux sociaux et
d’origine de tout le continent Nord américain.
48
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Méthode :
Les participants (24 sujets) ont été divisé en 2 sous groupes de
même taille de façon aléatoire (tirage à pile ou face) :
9 prisonniers + 3 sont appelés en cas de besoin.
9 gardiens + 3 sont appelés en cas de besoin.
La prison se situait dans le sous-sol du bâtiment de psychologie de
l’Université Stanford. Un assistant de recherche jouait le rôle de
directeur de prison et Philipp ZIMBARDO jouait le rôle de
superviseur.
Pour observer des résultats plus rapidement, ZIMBARDO a imposé
des conditions particulières aux sujets pour augmenter les
phénomènes de désorientation, de dépersonnalisation et de
désindividualisation.
49
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Les prisonniers :
Les suspects sont arrêtés chez eux (sans avoir été
prévenus) pour vol à main armée, alignés devant une
voiture de police de Palo Alto (coopération), fouillés,
menottés, on leur lit leurs droits. Au poste de police, on
les photographie et on prend leurs empreintes. Puis, ils
sont transférés à la prison « factice » en fourgon de police
avec les sirènes hurlantes.
Arrivée à la prison, les sujets sont soumis à une séance
d’humiliation : ils sont déshabillés, subissent une fouille
complète. On leur applique un produit contre les poux.
50
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Les prisonniers (suite) :
Puis, les sujets prisonniers reçoivent une « blouse-robe » (sans sous
vêtements) sur laquelle est inscrit un n° matricule en guise d’identité
(au détriment de leur nom et prénom).
Les prisonniers reçoivent aussi des tongs pour seul chaussures afin
qu’ils prennent des positions et postures d’inconfort ce qui renforcent
leur désorientation. De plus, les prisonniers doivent porter un bas
nylon sur le haut de la tête pour simuler un crâne rasé (comme à
l’armée). Puis, une chaine leur est posée aux chevilles pour leur
rappeler leur emprisonnement et leur oppression.
Un fois ce traitement terminé, ils sont conduits à l’intérieur de leur
cellule.
51
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Les gardiens :
Pas d’entraînement spécial pour surveiller et maintenir
l’ordre. Les gardes assistent à une réunion, mais ne
reçoivent aucune consigne formelle. Cependant, on les
prévient des dangers de la situation et qu’aucune violence
physique n’est autorisée. Ils sont avertis que le bon
fonctionnement de la prison relève de leur responsabilité
et qu’ils peuvent la gérer comme ils l’entendent.
52
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Les gardiens (suite) :
ZIMBARDO fera cette déclaration aux gardes :
« Vous pouvez créer chez les prisonniers un sentiment
d’ennui, de peur jusqu’à un certain degré, vous pouvez
créer une notion d’arbitraire par le fait que leur vie soit
totalement contrôlée par nous, par le système, vous, moi,
et ils n’auront aucune intimité… Nous allons faire
disparaître leur individualité de différentes façons. En
général, tout ceci mène à un sentiment d’impuissance.
Dans cette situation, nous aurons tout le pouvoir et ils
n’en auront aucun ».
53
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Les gardiens (suite) :
Ils reçoivent un uniforme kaki, des lampes de poches, des
lunettes de soleil, un sifflet, une matraque de police
Ils ont toute autorité sur les prisonniers
Ils travaillent en rotation
Ils rentrent chez eux à la fin de leur service
54
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Observations et résultats :
Durant toute l’expérience , les prisonniers ont subi des traitements
sadiques et humiliants de la part des gardes (ils agissaient encore
plus la nuit car ils pensaient ne pas être vue).
Au cours et à la fin de l’expérience, la plupart des prisonniers ont
souffert de troubles émotionnels, de stress, de dépression, une perte
d’estime de soi.
Même les parents et amis des cobayes de l’expérience qui étaient
invités à visiter acceptaient les règles établies.
En fait, le contrôle scientifique de l’expérience échappa
complètement au cadre scientifique et à ses concepteurs. Zimbardo
s’était attribué le rôle de superviseur de la prison et non un rôle
d’observateur extérieur neutre. Il a perdu toute distance critique ainsi
que son équipe de chercheurs.
55
L’Expérience de Philipp
ZIMBARDO (1971)
Conclusion :
L’expérience s’est prématurément arrêtée au bout de 6 jours, elle était
prévue pour durée 15 jours. C’est une personne extérieure, lors d’une
visite, qui a permis à Zimbardo et à son staff de prendre conscience des
dérives et de la violation des règles éthiques.
L’expérience de Stanford s’est donc terminée le 20 août 1971. Les
résultats de cette expérience démontrent l’impressionnabilité et
l’obéissance des individus en présence d’une idéologie légitime et d’un
support institutionnel et social. Cette expérience illustre aussi les théories
sur la dissonance cognitive et le pouvoir de l’autorité.
Enfin, cette expérience montre que la situation provoque un
comportement chez un individu ordinaire plus que quoi que ce soit
d’inhérent à la personnalité de ce même individu.
56
FILM : Das Experiment, 2001
d’Olivier Hirsschbiegel
Version coupée
57
Références
bibliographiques
-Aebischer D., Oberlé D. (1998). Le Groupe en psychologie sociale.
Paris, Dunod.
-Anzieu D., Martin (1986). La Dynamiques des groupes restreints. Paris,
PUF.
-De Visscher P. (1991). Us, avatars et métamorphoses de la dynamique
des groupes. Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble.
-De Visscher P. (2001). La dynamique des groupes, d’hier à aujourd’hui.
Paris, PUF.
-Mugny G., Oberlé D., Beauvois J.-L. (1995). Relations humaines,
groupes et influence sociale. Grenoble, PUG.
58

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Présentation - Groupe au travail
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sciences de la santé présentation du cours

  • 1. 2ème Année ESSCA CYCLE 2011/2012 Équipe d’enseignants : J.-F. DESCHAMPS, J. DORIDOT, D. EL AMOURI, H. FEERTCHAK- GERY, HOFAIDHLLAOUI Mahrane F. LINDENMANN, P.MARTIN, B. RAVELEAU Coordinateur : Pascal MARTIN Introduction à la Psychologie Sociale 1
  • 2. Le comportement de groupe Séance 7 Les Fondamentaux 2
  • 3. Les groupes sociaux Les Fondamentaux 1- Qu’est-ce qu’un groupe ? le groupe va être considéré comme un ensemble social organisé avec ses composantes spécifiques, mais également à travers les formes de relation et de communication qu’il engendre 3
  • 4. Les groupes sociaux Les Fondamentaux Définition courante Un groupe est « la réunion de plusieurs personnes dans un même lieu » En psychologie sociale La définition est plus précise On retient généralement deux critères : L’existence d’une interaction entre les personnes composant le groupe La conscience d’une appartenance commune (R.K. Merton) 4
  • 5. Les groupes sociaux Les Fondamentaux Groupe = Deux individus, ou plus, qui, de façon interactive et interdépendante, s’unissent en vue de réaliser des objectifs précis. Ils s’influencent et se perçoivent comme un « nous » Kurt Lewin (1948) : Un tout est autre chose que la somme de ses éléments, et c’est la manière dont ces éléments s’agencent et se structurent entre eux, et non leurs caractéristiques intrinsèques, qui le caractérisent 5
  • 6. On parle de groupe si les critères suivants sont réunis : -la présence de relations interpersonnelles -la poursuite d’un but commun -l’influence réciproque -la mise en place d’une organisation : chaque membre a son rôle ou son statut, les valeurs et les normes de groupe se créent Les groupes sociaux Les Fondamentaux 6
  • 7. Les groupes sociaux Les Fondamentaux Donc, dans cette perspective, le groupe a une réalité propre (il forme un système d’interdépendance, il est non réductible à la somme des individus qui le composent). Le groupe est un tout dynamique, un lieu d’apprentissage de comportements nouveaux, d’acquisition de nouvelles connaissances. 7
  • 8. Les groupes sociaux Les Fondamentaux Groupe formel = groupe de travail déterminé par la structure de l’entreprise Groupe informel = groupe qui n’a pas de structure formellement définie et n’est pas établi au niveau organisationnel ; se forme en réponse à un besoin de contact social Groupe hiérarchique = groupe composé d’individus qui réfèrent directement à un responsable déterminé Groupe de travail = personnes travaillant ensemble afin de réaliser une tâche ou un projet spécifique Groupe d’intérêt = personnes travaillant ensemble pour atteindre un objectif spécifique qui les concerne toutes Groupe d’affinité = personnes se réunissant pour partager un ou plusieurs points communs 8
  • 9. Les groupes sociaux Les Fondamentaux • Pourquoi les individus se rassemblent-ils en groupes ? - Sécurité - Statut - Estime de soi - Appartenance - Pouvoir - Réalisation d’objectifs 9
  • 10. Les groupes sociaux Les Fondamentaux 2 – Les étapes de la dynamique d’un groupe 2.1- Présentation du modèle à 5 étapes : Lors de leur formation, les groupes passent par cinq étapes distinctes : Etape 1 - la formation Etape 2 - l’agitation Etape 3 - la cohésion Etape 4 - la performance Etape 5 - la dissolution 10
  • 11. Les étapes de la dynamique d’un groupe Pré-étape 1 Etape 1 : formation Etape 2 : agitation Etape 3 : cohésion Etape 4 : performance Etape 5 : dissolution 11
  • 12. Les groupes sociaux Les Fondamentaux - L’étape de la formation : première étape de la dynamique d’un groupe, caractérisée par une grande incertitude concernant le but, la structure et les leaders du groupe - L’étape de l’agitation (confrontation) : seconde étape caractérisée par des conflits au sein du groupe - L’étape de la cohésion : troisième étape caractérisée par des relations étroites entre les membres, une normalisation et une stabilisation du fonctionnement 12
  • 13. Les groupes sociaux Les Fondamentaux - L’étape de la performance : quatrième étape caractérisée par une pleine efficience du groupe, la structure étant totalement opérationnelle et acceptée par les membres - L’étape de la dissolution : étape ultime du groupe pour les groupes temporaires, précédant le démantèlement et la dispersion, et où l’on s’attache davantage à mettre un terme aux activités qu’à être performant 13
  • 14. Les groupes sociaux Les Fondamentaux 2.2. Un modèle alternatif : les groupes temporaires Modèle d’équilibre ponctuel : les groupes temporaires transitent par des phases d’inertie et d’activité 3. Les caractéristiques d’un groupe : rôles, normes, statuts, taille et cohésion 3.1. Les rôles Rôle : comportement prévisible d’une personne qui occupe une position donnée dans un contexte social donné ; ensemble de modèles comportementaux conformes attendus des individus selon la place occupée dans une unité sociale 14
  • 15. Les groupes sociaux Les Fondamentaux L’identité de rôle : attitudes et comportement attendus d’un rôle La perception de rôle : l’idée qu’un individu se fait de la façon dont il est censé se comporter dans une situation donnée Les attentes de rôles : idée que les autres se font quant au comportement qu’une personne doit adopter dans une situation donnée (contrat psychologique) 15
  • 16. Les groupes sociaux Les Fondamentaux Contrat psychologique : accord tacite qui définit ce qu’un employeur attend de ses employés et vice versa Conflit de rôle : situation dans laquelle les attentes correspondant à des rôles différents divergent Voir l’expérience de Zimbardo 16
  • 17. Les groupes sociaux Les Fondamentaux 3.2. Les normes Normes : règles de conduite ou critères de comportement acceptables au sein d’un groupe et adoptés par tous les membres ; critères explicites ou implicites d’attitudes et de comportements, fixés et partagés par les membres d’un même groupe social Voir l’expérience des usines Hawthorne de la Western Electric Company à Chicago entre 1924 et 1932 17
  • 18. Les groupes sociaux Sherif (1953) a repris la notion de groupe de référence pour définir le système de référence utilisé par un individu lorsqu’il compare sa position à celle d’autrui. Kelley (1952) a mis en évidence deux fonctions remplies par les groupes de référence : -Une fonction comparative ou évaluative lorsqu’un individu se positionne par rapport à autrui -Une fonction normative qui lui permet d’évaluer son comportement au regard des normes existantes dans le groupe 18
  • 19. Les groupes sociaux Les catégories de normes : La catégorie la plus fréquente est celle qui se rapporte à la performance. Cette catégorie à un pouvoir important sur la performance individuel Une autre catégorie regroupe les normes d’apparence. Cela va de la tenue vestimentaire à la loyauté vis-à-vis du groupe 19
  • 20. Les groupes sociaux Les groupes conventionnels et les groupes réels Moscovici (1981) Les groupes conventionnels désignent divers regroupements d’individus selon un certain nombre de critères communs extérieurs et qui permettent de dégager des catégories ; on va ainsi distinguer des groupes de personnes suivant leur profession, leur niveau de formation, leur mode de vie. Les groupes sociaux réels désignent des groupes restreints et correspondent essentiellement aux groupes primaires. 20
  • 21. Les groupes sociaux On peut également évoquer Le groupe de travail dont l’objectif commun s’inscrit dans la finalité de l’organisation L’équipe de travail qui se compose d’un groupe de personnes possédant des compétences complémentaires réunies autour d’un thème commun, d’un ensemble d’objectifs à atteindre et pour lesquels ils se tiennent mutuellement responsables (Katzenbach et Smith, 1993) 21
  • 22. Les groupes sociaux L’équipe virtuelle qui est un ensemble de personnes qui ont les compétences requises pour la réalisation de l’objectif de l’équipe. Sa construction est indépendante de la localisation physique des individus et de leur appartenance à une organisation. « N’importe où, n’importe quand, mais être au courant » 22
  • 23. Les groupes sociaux 3.3. Le statut Chaque individu dans une société a un statut social qui le définit au sein d’une société. Le statut social est l’ensemble des positions objectives qu’un individu occupe dans le système social (comme la profession, le niveau d’instruction, le sexe ou l’âge…) qui en fonction de sa proximité avec les valeurs reconnues par la société génère un statut social plus ou moins élevé. Le statut social est un ensemble de droits et d'obligations socialement déterminé. 23
  • 24. Les groupes sociaux Kahn et Al. (1964) soulignent divers conflits possibles : Conflit personnel (le rôle diffère des valeurs de l’individu) Conflit intra-émetteur (directives contradictoires) Conflit inter-émetteur (2 personnes ayant le même rôle, mais qui donnent des consignes contradictoires) Conflit inter-rôles (se conformer à un rôle donné) 24
  • 25. Les groupes sociaux 3.4. La taille La taille du groupe influe sur son comportement Les faits montrent que les groupes plus restreints remplissent plus rapidement leur mission Cependant, lorsqu’il s’agit de trouver une solution à un problème, les groupes plus importants paraissent mieux s’en sortir (groupe ≥ 12 membres). La collecte de données est plus abondante Mais, il semble que les groupes restreints soient plus performants lorsqu’il s’agit de tirer quelque chose de ces données (groupe d’environ 7 membres) 25
  • 26. Les groupes sociaux Paresse sociale : Tendance à fournir moins d’effort et à diminuer son rendement au sein du groupe en situation de travail collectif Expérience de « tirer sur une corde » de Max Ringelmann La performance du groupe augmente avec sa taille, mais la venue de nouveaux membres a un effet négatif sur la productivité 26
  • 27. Les groupes sociaux 3.5. La cohésion Cohésion : Force qui unit les membres d’un groupe et les incite à y demeurer ; résultat du désir des membres d’un groupe d’appartenir à ce groupe et de leur motivation à y maintenir une participation active Les études montrent que la relation entre dépendance productivité est fonction des normes relatives à la performance établies par le groupe 27
  • 28. Les groupes sociaux LA DYNAMIQUE DE GROUPE « There is nothing so pratical as a good theory » (Lewin, 1951) 28
  • 29. Les groupes sociaux Les études sur le groupe ont été développées notamment par les travaux de Lewin, qui a introduit une compréhension dynamique des processus qui se déroulent dans un groupe. En effet, Kurt Lewin s’intéressa, après avoir étudié les processus cognitifs de perception et d’apprentissage, aux phénomènes de groupes humains restreints (leadership, climat social, valeurs et standards de groupe) pour enfin aborder les contraintes sociales sur les groupes imposées par la technologie, l’économie, la loi et la politique. C’est lui qui créa, en 1944, l’expression « group dynamics » (dynamique de groupe). La conception de Lewin (1940) du groupe est opposée à celle d’Allport. Le groupe a une existence en soi et il doit être considéré comme une entité dont les membres sont des composantes interdépendantes les uns des autres. 29
  • 30. Les groupes sociaux La dynamique des groupes désigne d’abord un ensemble d’analyses  des relations interpersonnelles au sein d’un groupe (Jacob Lévy Moreno avec la sociométrie ou qualité relationnelle socio-affective : degré de sympathie, d’antipathie ou d’indifférence)  des logiques d’influence et de pouvoir dans un groupe (Kurt Lewin)  la personnalité du groupe (psychanalyse des groupes) 30
  • 31. Les groupes sociaux L’étude du fonctionnement des groupes restreints a permis d’en tirer des conclusions sur les façons de mieux communiquer. Des auteurs comme Bales ou Leary ont repéré différents rôles caractéristiques au sein des groupes (le leader, le clarificateur, l’organisateur, l’opposant, l’agent d’ambiance, l’agressif, le marginal…) De là, découlent des façons de réagir par rapport à ces profils caractéristiques, qui permettent de mieux utiliser les forces et cerner les faiblesses d’un groupe. 31
  • 32. Les groupes sociaux Les expériences de K. Lewin tendent à démontrer l’importance de l’échange d’informations dans un groupe. Quand la discussion précède la décision, une plus forte adhésion des membres du groupe est observée. Voir les expériences de Lewin au cours de la seconde guerre mondiale. Une vaste campagne d’informations du gouvernement américain pour inciter les ménagères à consommer, en particulier, des abats de rognons et de ris de veau. 32
  • 33. Les groupes sociaux Selon Campbell (1958) les groupes humains varient en entitativité (en unité). Trois critères objectifs président à l’entitativité : - le fait d’avoir un sort commun - la ressemblance entre les membres - la proximité physique/spatiale. 33
  • 34. Les groupes sociaux LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE 34
  • 35. Les groupes sociaux : LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE 1. La pensée de groupe La notion de « pensée de groupe » a été proposée par Janis (1971). Il s’est interrogé, à l’époque, sur le processus de prise de décision intervenant dans les groupes d’experts. Alors que l’on a à faire, à priori, aux personnes les plus compétentes, pourquoi obtient-on un échec du résultat après décision ? (ex. Pearl Harbor, la Baie des Cochons, la guerre du Vietnam) Pour Janis, ces différents fiascos peuvent s’expliquer par la mauvaise qualité du processus de décision. C’est-à-dire que parfois la pensée de groupe correspondrait à la tendance à prendre des décisions basées sur une évaluation erronée de la situation, en particulier chez des groupes très cohésifs 35
  • 36. Les groupes sociaux Selon Janis, les membres d’un groupe cohésif (solidarité, attrait mutuel, esprit de corps) ont tendance à prendre trop facilement pour acquis le fait qu’ils pensent et qu’ils ressentent la même chose Ils ne se donneraient pas la peine d’examiner d’éventuels points de vue divergents 36
  • 37. Janis et Mann (1977) poursuivent leurs études et considèrent que : -La pensée de groupe serait dû à une cohésion élevée du groupe -A l’isolement relatif du groupe par rapport à l’extérieur -A l’absence de méthodes précises de recherche et d’évaluation des diverses possibilités d’action -A la présence d’un leader directif qui affirme d’emblée sa position ; -Et, enfin au stress élevé des membres qui n’osent pas faire connaître leurs doutes 37
  • 38. Les groupes sociaux Toutefois, il est important de noter que toutes les décisions collectives ne mènent pas à de mauvaises décisions. Il existe des groupes très cohésifs qui acceptent les désaccords. Puis, certains groupes peu cohésifs peuvent aussi prendre des décisions erronées. Steiner (1982) pense que la principale cause de la « pensée de groupe » serait le désir de cohésion des membres du groupe et non la cohésion elle-même. 38
  • 39. Les groupes sociaux LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE 2- La prise de risque : la polarisation Les décisions de groupe peuvent aboutir à des prises de risque plus élevées que la décision individuelle : c’est ce que l’on appelle le phénomène de la polarisation collective. Il s’agit d’une forme extrême des choix ou opinions du groupe. Il correspond au « durcissement » ou à la « radicalisation » des jugements des membres du groupe. Moscovici et Zavalloni (1969) proposent leur interprétation du «risky shift » par l’explication de l’effet de polarisation des attitudes en groupe. L’origine de la polarisation se trouverait dans l’implication plus ou moins grande de l’individu dans l’interaction. 39
  • 40. Les groupes sociaux : effet de polarisation Les travaux de Moscovici et Zavalloni (1969) ont permis de dégager les principaux facteurs qui font varier l’amplitude ou l’intensité du phénomène de polarisation : 1- la possibilité pour les membres du groupe d’échanger des arguments dans le cadre d’une « véritable » discussion 2- une même orientation générale des points de vue dans le groupe avant la discussion 40
  • 41. Les groupes sociaux : effet de polarisation 3- une certaine variété des points de vue à l’intérieur du groupe avant la discussion favorise la polarisation : une certaine divergence entre le membres du groupe facilite la polarisation 4- une certaine implication des membres du groupe par rapport au contenu de leur jugement : la tendance à la polarisation apparaît plus forte que lorsque les membres du groupe se sentent concernés par l’objet de la discussion 5- le caractère plutôt informel de la discussion favorise la polarisation : la présence de procédures encadrant la discussion ou la présence d’un leader officiel dans le groupe réduit la polarisation dans le groupe. 41
  • 42. Les groupes sociaux LA PRISE DE DECISION COLLECTIVE 3- Le groupe comme vecteur de changement Pour Lewin le groupe est un « champ de force », un système de tension des forces antagonistes, certaines poussent au changement, d’autres à la stabilité. Les conduites dans les groupes résultent d’un « équilibre quasi- stationnaire » qui s’établissent par les 2 types de force (équilibre opposé entre les 2 forces), ce qui induit une résistance au changement. Comment produire un changement ? Il faut modifier le champ des forces : soit on augmente l’intensité de l’une (pression) ; soit on diminue celle de l’autre. 42
  • 43. Les groupes sociaux Le changement effectif des conduites nécessite, selon Lewin, un acte explicite de décision de la part des membres du groupe. Ex.: L’expérience de Lewin sur le changement des habitudes alimentaires chez les ménagères américaines. - Méthode dite « classique » (3% de chgt) - Méthode de la « réunion-discussion » (30% de chgt) 43
  • 44. Les groupes sociaux Quels sont les facteurs qui peuvent expliquer cette différence ? -Une discussion bien menée implique davantage les sujets que la seule écoute d’une conférence ; -Les participantes à la discussion sont amenées à prendre des décisions mais pas les auditrices d’une conférence ; -Lors d’une discussion, on prend connaissance des engagements pris par les autres membres mais pas dans le cadre d’une conférence ; -Dans un groupe de discussion, une argumentation personnalisée peut s’adresser à chaque membre en particulier mais difficilement dans un auditoire ; -L’animateur joue un rôle plus déterminant qu’un rôle de conférencier. 44
  • 45. Les groupes sociaux Pour conclure : -Il est plus facile de modifier les habitudes d’un groupe que celles d’un individu pris isolément ; -Le changement effectif des conduites nécessite l’engagement effectif des individus dans une décision les impliquant explicitement ; -La discussion s’avère nécessaire car elle permet la « décristallisation » des normes et prépare la prise de décision ; -Le rôle de l’animateur est prépondérant pour orienter la discussion et obtenir le vote public de la décision. 45
  • 46. Gardien ou prisonnier ce n’est qu’un jeu ? Ou l’illustration de la notion de rôle Extraits vidéo de « Das Experiment » de Oliver Hirschbiegel, 46
  • 47. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Origine : Cette expérience trouve ses origines dans un programme financé par l’U.S. Navy dans le but d’expliquer et de comprendre les conflits dans leur système carcéral. Hypothèse : « Les gardiens de prison et les prisonniers adoptent spontanément par auto-sélection un comportement menant à de mauvaises conditions de détention. Les situations, plus que les personnalités, influencent les comportements des individus. » 47
  • 48. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Méthode de recrutement des sujets de l’expérience : Annonce dans la presse locale pour participer à une « simulation de prison » d’une durée de 2 semaines et contre une rémunération de 15 dollars par jour (soit environ 85 dollars aujourd’hui). 70 étudiants ont répondu. Après le passage de tests psychologiques, seulement 24 d’entre eux ont été retenu. Les sujets étaient en excellente condition physique et mentale. Ils étaient issus de tous milieux sociaux et d’origine de tout le continent Nord américain. 48
  • 49. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Méthode : Les participants (24 sujets) ont été divisé en 2 sous groupes de même taille de façon aléatoire (tirage à pile ou face) : 9 prisonniers + 3 sont appelés en cas de besoin. 9 gardiens + 3 sont appelés en cas de besoin. La prison se situait dans le sous-sol du bâtiment de psychologie de l’Université Stanford. Un assistant de recherche jouait le rôle de directeur de prison et Philipp ZIMBARDO jouait le rôle de superviseur. Pour observer des résultats plus rapidement, ZIMBARDO a imposé des conditions particulières aux sujets pour augmenter les phénomènes de désorientation, de dépersonnalisation et de désindividualisation. 49
  • 50. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Les prisonniers : Les suspects sont arrêtés chez eux (sans avoir été prévenus) pour vol à main armée, alignés devant une voiture de police de Palo Alto (coopération), fouillés, menottés, on leur lit leurs droits. Au poste de police, on les photographie et on prend leurs empreintes. Puis, ils sont transférés à la prison « factice » en fourgon de police avec les sirènes hurlantes. Arrivée à la prison, les sujets sont soumis à une séance d’humiliation : ils sont déshabillés, subissent une fouille complète. On leur applique un produit contre les poux. 50
  • 51. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Les prisonniers (suite) : Puis, les sujets prisonniers reçoivent une « blouse-robe » (sans sous vêtements) sur laquelle est inscrit un n° matricule en guise d’identité (au détriment de leur nom et prénom). Les prisonniers reçoivent aussi des tongs pour seul chaussures afin qu’ils prennent des positions et postures d’inconfort ce qui renforcent leur désorientation. De plus, les prisonniers doivent porter un bas nylon sur le haut de la tête pour simuler un crâne rasé (comme à l’armée). Puis, une chaine leur est posée aux chevilles pour leur rappeler leur emprisonnement et leur oppression. Un fois ce traitement terminé, ils sont conduits à l’intérieur de leur cellule. 51
  • 52. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Les gardiens : Pas d’entraînement spécial pour surveiller et maintenir l’ordre. Les gardes assistent à une réunion, mais ne reçoivent aucune consigne formelle. Cependant, on les prévient des dangers de la situation et qu’aucune violence physique n’est autorisée. Ils sont avertis que le bon fonctionnement de la prison relève de leur responsabilité et qu’ils peuvent la gérer comme ils l’entendent. 52
  • 53. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Les gardiens (suite) : ZIMBARDO fera cette déclaration aux gardes : « Vous pouvez créer chez les prisonniers un sentiment d’ennui, de peur jusqu’à un certain degré, vous pouvez créer une notion d’arbitraire par le fait que leur vie soit totalement contrôlée par nous, par le système, vous, moi, et ils n’auront aucune intimité… Nous allons faire disparaître leur individualité de différentes façons. En général, tout ceci mène à un sentiment d’impuissance. Dans cette situation, nous aurons tout le pouvoir et ils n’en auront aucun ». 53
  • 54. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Les gardiens (suite) : Ils reçoivent un uniforme kaki, des lampes de poches, des lunettes de soleil, un sifflet, une matraque de police Ils ont toute autorité sur les prisonniers Ils travaillent en rotation Ils rentrent chez eux à la fin de leur service 54
  • 55. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Observations et résultats : Durant toute l’expérience , les prisonniers ont subi des traitements sadiques et humiliants de la part des gardes (ils agissaient encore plus la nuit car ils pensaient ne pas être vue). Au cours et à la fin de l’expérience, la plupart des prisonniers ont souffert de troubles émotionnels, de stress, de dépression, une perte d’estime de soi. Même les parents et amis des cobayes de l’expérience qui étaient invités à visiter acceptaient les règles établies. En fait, le contrôle scientifique de l’expérience échappa complètement au cadre scientifique et à ses concepteurs. Zimbardo s’était attribué le rôle de superviseur de la prison et non un rôle d’observateur extérieur neutre. Il a perdu toute distance critique ainsi que son équipe de chercheurs. 55
  • 56. L’Expérience de Philipp ZIMBARDO (1971) Conclusion : L’expérience s’est prématurément arrêtée au bout de 6 jours, elle était prévue pour durée 15 jours. C’est une personne extérieure, lors d’une visite, qui a permis à Zimbardo et à son staff de prendre conscience des dérives et de la violation des règles éthiques. L’expérience de Stanford s’est donc terminée le 20 août 1971. Les résultats de cette expérience démontrent l’impressionnabilité et l’obéissance des individus en présence d’une idéologie légitime et d’un support institutionnel et social. Cette expérience illustre aussi les théories sur la dissonance cognitive et le pouvoir de l’autorité. Enfin, cette expérience montre que la situation provoque un comportement chez un individu ordinaire plus que quoi que ce soit d’inhérent à la personnalité de ce même individu. 56
  • 57. FILM : Das Experiment, 2001 d’Olivier Hirsschbiegel Version coupée 57
  • 58. Références bibliographiques -Aebischer D., Oberlé D. (1998). Le Groupe en psychologie sociale. Paris, Dunod. -Anzieu D., Martin (1986). La Dynamiques des groupes restreints. Paris, PUF. -De Visscher P. (1991). Us, avatars et métamorphoses de la dynamique des groupes. Grenoble, Presses Universitaires de Grenoble. -De Visscher P. (2001). La dynamique des groupes, d’hier à aujourd’hui. Paris, PUF. -Mugny G., Oberlé D., Beauvois J.-L. (1995). Relations humaines, groupes et influence sociale. Grenoble, PUG. 58