1. Chapitre 2 :
mutation spirituelle et philosophique
1) Une mutation nécessaire
En quittant le monde, le Christ avait promis son retour pour venir régner sur Terre après
l'apocalypse. Cependant mille ans s'étaient écoulés, et aucun signe de l'Apocalypse ne s'était
manifesté.
Les raisons spirituelles qui motivèrent cette révolution papale reposent sur l'idée directrice
que le monde était devenu trop mauvais pour que le Christ vint y régner.
Les hommes étant responsables de l'état du monde, cela implique que les hommes sont
responsables du retardement de l'avènement des temps messianiques.
Cette prise de conscience de la responsabilité de l'homme dans l'accomplissement du
destin de l'humanité place l'homme sur le devant de la scène, et implique que l'homme doit
modifier le monde dans le sens de la morale chrétienne.
L'Église devait donc guider les hommes dans ce sens. L'Église devait donc passer à l'action,
ce qui nécessite son indépendance, et une liberté absolue vis à vis des pouvoirs séculiers.
Mais en plus de son manque d'indépendance par rapport aux pouvoirs séculiers, et de
l'importante corruption au sein de l'Église, la politique consistant à intervenir dans la société
n'était à présent pas dans la tradition de l'autorité ecclésiastique. Pour que l'Église remplisse sa
charge pastorale, il était nécessaire qu'un parti prenne la direction cette institution, et dispose des
moyens pour modifier radicalement les orientations de l'Église.
Il en découle que le pape devait disposer des importants pouvoirs nécessaires à la
directions de toutes les structures de l'Eglise.
2) L'obstacle spirituel à cette mutation :
Mais cette idée directrice était confrontée à un obstacle quasi insurmontable, et qui avait
été à l'origine de l'attitude passive et contemplative du corps religieux : la théologie très pessimiste
de Saint Augustin. En effet d'après celui-ci, l'homme avait été détruit par le péché originel, et
aucune de ses actions ne pouvait influer sur le salut de l'humanité. L'action humaine n'a par
conséquent aucune valeur. S'abstenir d'agir semble alors être la seule attitude qui convient. D'où
l'attitude contemplative et hors de la société des moines (et de manière générale du corps
ecclésiastique).
« Le salut serait donc obtenu non par l'action, mais par des moyens surnaturels, la prière,
les pèlerinages ou le culte des reliques, et généralement parlant par des moyens irrationnels et de
superstition. »
D'où l'état de l'Europe occidentale décrit précédemment par Baptiste ; cette situation
menant à la perte de l'espoir, et donc sans doute à un rattachement à la superstition, et ainsi un
certain éloignement par rapport au messages du Christ. Cet aspect ne pouvait qu'entretenir le
cercle vicieux de la perte d'influence de l'Eglise, et appelait probablement à une réaction de
l'institution religieuse. Les membres du parti papal devaient donc obligatoirement trouver une
configuration spirituelle compatible avec l'activisme de l'Eglise.
2. Chapitre 4 :
nouvelle perception et représentation du Christ
Liens entre le protestantisme et l'Église après la révolution papale.
a) rationalisation du christianisme :
L'homme peut donc jouer un rôle dans l'avènement de la parousie, et l'accès à Dieu ne se
fait pas d'un coup par des événements inexplicables et intangibles, mais par la combinaison d'actes
humains et de la pureté de l'âme ; moyens à la portée de l'homme.
Cette introduction de la rationalité dans le rapport à Dieu marque une important césure
avec l'aire Saint Augustienne.
b) modification de la perception du Christ.
Cette introduction de l'homme au coeur de l'action modifia la perception du Christ, et
donc aussi sa représentation. Le Christ sauvant l'humanité étant Dieu et homme, l'ascension vers
le salut est en partie à la portée de l'homme, et l'autorise à se donner comme programme la de
relayer le Christ dans l'accomplissement de son oeuvre.
En effet, bien que le Christ ait été depuis très longtemps considéré comme homme et
Dieu, dans le Haut moyen âge, c'est à dire dans l'aire saint augutienne, la nature divine du Christ
était privilégiée. Le Christ sur sa croix était donc représenté triomphant et mystique. Après la
révolution papale, on représenta la douleur du Christ, accentuant ainsi son humanité.
c) Liens entre le protestantisme et la religion catholique.
Cette importance du travail se retrouve également chez les protestants. Luther introduisit
la dualité vocation religieuse et métier par une interprétation-traduction de la bible. Dieu n'appelle
donc pas uniquement ses élus à contempler et à prêcher, mais aussi à transformer le monde par
l'action. Cette vision est en accord avec l'esprit de la révolution papale, qui resta l'esprit profond
de l'Eglise du XVIe siècle, malgré les multiples déviations. Protestants et catholiques de l'après
révolution papale ont donc un rapport au monde et à l'action très proche l'un de l'autre.
Conclusion :
En plaçant non pas uniquement l’homme au cœur du chemin vers la parousie, mais aussi la
modification du monde et le travail, la révolution papale pacifia l’Occident. Au lieu d’organiser une
chasse aux sorcières pour nettoyer la chrétienté de ceux qui seraient responsables du
retardement de la venue du Christ, l’Eglise entama une modification profonde le la société dans le
sens de la morale chrétienne.
Cette place centrale de l'homme dans le destin de l'humanité introduit le fond de
l'humanisme. L'apologie du travail, et la lutte contre la superstition se retrouve également chez
Voltaire, bien des siècles plus tard.