Interview de la Directrice Adjointe & Responsable Qualité du laboratoire de l'AFLD (l'Agence Française de Lutte contre le Dopage), évoquant l'utilisation de l'application AgiLIMS de la plateforme AgiLab Science.
Edition de juin-juillet 2016 de la revue Spectra Analyse.
AgiLIMS au laboratoire de l'AFLD (Agence Française de Lutte contre le Dopage) - Spectra Analyse
1. ACTUALITÉS
14 SPECTRA ANALYSE n° 310 • Juin - Juillet 2016
CTUALITÉSA
ReportageReportageINTERVIEW
Un LIMS pour traquer les cas de dopage
Spectra Analyse : Pouvez-vous présenter
brièvement l’activité de l’Agence Française
de Lutte contre le Dopage (AFLD) ?
Adeline Molina : L’AFLD est le laboratoire accré-
dité de l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) en
France. Il compte une quarantaine de personnes,
dont trente environ se consacrent à l’analyse des
échantillons sanguins et urinaires prélevés no-
tamment chez les athlètes professionnels. Chaque
mois, nous traitons environ 1 000 prélèvements.
Sur ce volume, près d’un échantillon sur dix pré-
senté est « suspect » : ceci nécessite un deuxième
niveau de vérification pour déterminer s’il s’agit
d’un cas avéré de dopage. En termes d’événements
sportifs, l’AFLD est plus particulièrement mobili-
sée chaque année sur les grandes courses cyclistes
comme le Paris-Nice, le Paris-Roubaix ou encore
le Tour de France, en rugby pour le tournoi des
6 Nations ou ponctuellement quand de grandes
compétitions ont lieu sur le sol français, comme
des championnats du monde, les Jeux Olympiques
ou, cette année, l’Euro 2016.
SA : Dans quel contexte avez-vous
choisi d’adopter un LIMS (Système de gestion
de l’information du laboratoire) ?
AM : Nous fonctionnions jusqu’ici beaucoup sur
papier, avec des feuilles remplies en majorité à la
main. L’implémentation d’un LIMS avait pour but
avant tout de nous faire gagner du temps sur les
analyses, tout en diminuant le risque d’erreurs
humaines, non négligeable à cause des saisies
manuelles. Dans notre cas, le LIMS offre un sui-
vi consolidé des échantillons très efficace dans le
cadre de la lutte anti-dopage. Avant ce logiciel, le
seul système de traçabilité électronique dont nous
disposions était des lecteurs de codes-barres. Ils
ont été intégrés dans le déploiement du LIMS.
SA : Vous vous êtes orientés sur AgiLIMS,
le LIMS de la société Agilab. Pourquoi avoir
retenu cette solution ?
AM : En premier lieu pour la proximité géogra-
phique de l’éditeur. Les principaux fabricants de
logiciels assurent une maintenance depuis l’étran-
ger avec une gestion des priorités différente, ce
qui était exclu pour l’AFLD, vu que nous sommes
amenés à faire évoluer régulièrement notre LIMS.
En effet, l’AMA demande régulièrement aux labo-
ratoires accrédités de lui transmettre de nouvelles
données sur les athlètes, en fonction de l’état des
connaissances et de l’évolution des techniques. Ce
type de décision survient au moins une fois par an,
et il faut pouvoir s’y conformer rapidement, en gé-
néral dans les trois mois. Agilab a été sélectionné
L’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) a entamé
il y a deux ans la rénovation de son système informatique,
pour le suivi et le traitement des échantillons sanguins et
urinaires. Avec deux objectifs : aller plus vite dans la transmission
des résultats et la réponse aux différentes sollicitations de
l’Agence Mondiale Antidopage (AMA), tout en réduisant le
risque d’erreurs humaines. Adeline Molina, directrice adjointe
et responsable qualité du laboratoire, nous raconte cette mise
en place.
Capture d’écran du LIMS installé à l’AFLD
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Actualités
ctualitésA
parmi six répondants à notre appel d’offres, suite à notre
étude où nous avons recherché le meilleur compromis entre
coût et qualité.
SA : Y a-t-il d’autres points exigés par l’AMA
que vous avez voulu intégrer au LIMS ?
AM : Les seules exigences de l’AMA qui touchent à l’informa-
tisation concernent la traçabilité des échantillons, qui fait que
l’on doit savoir à tout moment où se trouve un prélèvement
et qui s’occupe de son traitement, et la sauvegarde numérique
des données. La traçabilité est quelque chose qui était déjà en
place à l’AFLD, via nos lecteurs de code-barres. Sur le deu-
xième point, le LIMS est une solution idéale pour l’archivage
numérique des résultats. Suite à un cas de dopage avéré, une
autorité sportive ou l’AMA peuvent demander un dossier
analytique complet de l’échantillon à l’AFLD, et il s’agit de re-
monter rapidement les résultats d’analyse. Le LIMS permet-
tra d’aller plus vite dans ce cas de figure, qui peut se produire
une dizaine de fois par an sur une année normale, et facile-
ment le double en année olympique.
SA : Du coup, chaque laboratoire accrédité par l’AMA
est libre concernant le choix de système informatique ?
AM : C’est ce que l’on constate dans la pratique, oui. Dans le
monde, certains laboratoires ont opté pour le même LIMS :
je sais que c’est le cas des laboratoires de Madrid et du Qa-
tar, par exemple. D’autres développent des solutions en in-
terne s’ils ont les ressources adéquates. Je pense notamment
au laboratoire de Montréal. Comme nous n’avions pas les res-
sources internes à l’AFLD, nous avons fait appel à un presta-
taire.
SA : Quelle méthodologie a été suivie
pour la mise en place du LIMS ?
AM : Une fois Agilab sélectionné, en septembre 2014, nous
sommes entrés en phase de conception pendant près d’un an
et demi. Nous avons procédé en intégrant les quatre grandes
tâches du laboratoire, une à une dans le LIMS : réception des
échantillons, planification du travail, exécution du travail et
transmission des résultats. Pour chaque tâche, nous avons
procédé à des tests fonctionnels. Il a ensuite fallu intégrer
dans la solution le système de traçabilité existant. Enfin, la
plus grosse période de travail a été réservée à la vérification
du service rendu (VSR). Le LIMS n’est véritablement opéra-
tionnel que depuis mars dernier.
SA : Avez-vous déjà pu en mesurer les bénéfices ?
AM : Nous allons vers une disparition progressive du papier.
En l’espace de quelques mois, certaines procédures sont
déjà entièrement automatisées, comme les fiches de sui-
vi des analyses. D’autres sont préremplies via le LIMS, par
exemple les préparations d’échantillons, complétées à la
main dans un second temps. Il y a encore une grosse marge
de progrès sur le remplacement du papier, mais il faut lais-
ser le temps au personnel de l’AFLD
de se familiariser au logiciel. C’est
un peu tôt pour estimer les gains
de performances au niveau du labo-
ratoire, mais c’est sûr que nous ga-
gnons du temps sur la transmission
des résultats avec le LIMS : ainsi, via
la connexion VPN, il y a possibilité
de valider des résultats à distance,
puis de les transmettre directement
via ADAMS (ndlr : la base de don-
nées en ligne de l’AMA pour la coor-
dination des activités anti-dopage
au niveau mondial) aux fédérations
sportives et à l’AMA. Le LIMS per-
met enfin de visualiser la charge de
travail quotidienne du laboratoire
sur la page d’accueil, ce qui est utile
pour la planification en interne.
Une des feuilles
de procédures
automatisée
grâce au LIMS
Contact : Adeline Molina
E-mail : a.molina@afld.fr
Site : https://www.afld.fr