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SCÈNE 15 - LES CONSEILS DE GERONIMO
Les conseils de Geronimo
Geronimo : Mon ami, reprends toi. Tu sais bien qu’à Paris l’air triste
n’est pas de bon ton, c’est l’air ennuyé qu’il faut.
Julien : Je n’en peux plus. Elle me tue. Ça fait des semaines que ça
dure. Un jour elle me sourit, un jour elle me dédaigne. Un jour elle
paraît folle de moi, et le jour suivant, c’est l’indifférence totale. Ça me
rend fou. Je suis fou d’elle, et elle en joue.
Geronimo (réfléchissant) : Elle en joue hein... Eh bien c’est au fou de
jouer maintenant. J’ai le jeu qu’il te faut !
Julien : ..?
Geronimo : Tu vas jouer au grand séducteur.
Julien : Au grand séducteur ?! Je suis une serpillère dés que Mathilde
paraît devant moi.
Geronimo : Qui te parle de séduire Mathilde ?
Julien : ... ?
Geronimo : Tu vas séduire... la Maréchale de
Fervaques !
Julien : La Maréchale de Fervaques ??
Cette vieille veuve bigote ?? Pourquoi
faire ??
Geronimo : Pour rendre Mademoiselle
de la Môle folle de jalousie. Fais moi
confiance. Tu vas lui écrire chaque jour
deux longues lettres.
Julien : Lui écrire ? Lui écrire quoi ? Je suis une
loque.Jesuisincapabledecomposertroisphrases.
Chanson : Pour qu’elles nous aiment
Geronimo
Julien Sorel (Côme) - Geronimo (Yoann Launay)
Geronimo : Qui te parle de composer des phrases?
Tu n’auras qu’à les recopier. J’ai dans mon coffre
six volumes de lettres manuscrites. Il y en a pour
tous les caractères de femmes, j’en ai pour la plus
haute vertu.
Le décor change autour d’eux, et Julien s’assied au
bureau de la bibliothèque. Le décor va continuer de
changer au fur et à mesure que Geronimo dit à Julien ce qu’il doit faire,
tandis que Julien s’exécute.
Julien : Mais si, par malheur, elle m’écrit en retour, il faudra bien que je
tienne compte de ses réponses.
Geronimo : Ne t’en fais pas. Ces lettres sont un modèle de belles phrases
qui ne veulent rien dire, ou tout dire. Elle n’y comprendra rien, mais
elle te trouvera admirablement stylé. Voici cinquante trois lettres, bien
numérotées. Les quarante premières lettres ne sont destinées qu’à te
faire pardonner la hardiesse d’écrire.
Pour plaire à l’une
Séduisez l’autre
N’allez pas décrocher la lune
À celle qui vous importe
C’est toute une technique
Tout un art de séduire
C’est un jeu diabolique
D’attiser le désir
Pour plaire aux filles
Soyez infâme
Si vous voulez qu’un coeur vacille
Faites couler ses larmes
Oubliez ce qu’elles disent
Sur les princes charmants
Ces dames ne sont soumises
Que lorsqu’on est blessant
Si elles demandent ça
Faites bien le contraire
Elles aspirent au combat
Il a fallu s’y faire
POUR QU’ELLES NOUS AIMENT
C’EST LE PROBLÈME
IL FAUT FUIR NOTRE NATUREL
EN S’EFFORÇANT D’ÊTRE CRUEL
POUR QU’ELLES NOUS AIMENT
LE VRAI DILEMME
C’EST D’ÊTRE PRÊT À TOUT DONNER
EN ÉVITANT DE LE MONTRER
Pour qu’elle s’accroche
Soyez sadique
Laissez tomber de votre poche
Le mouchoir fatidique
Inventez chaque soir
Des rendez vous galants
Qu’elle soupçonne une histoire
Dont son coeur est absent
Si elle demande ça
Faites bien autrement
Pour qu’elle n’obtienne pas
Ce à quoi elle s’attend
S’attend
S’attend
POUR QU’ELLES NOUS AIMENT
C’EST LE PROBLÈME
IL FAUT FUIR NOTRE NATUREL
Livret : Alexandre Bonstein
Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi
Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian
Musiques : William Rousseau/SorelLivret de l’Opéra Rock Le Rouge et le Noir - Au Palace dès le 29 septembre 2016
Pendant la chanson on voit Julien recopier les lettres, passer plusieurs fois devant Ma-
thilde (d’abord d’un air ennuyé, puis indifférent et joyeux quand il remarque que ça
marche puisqu’elle le regarde de plus en plus), On voit la Maréchale lire les lettres,
d’abord surprise et suspicieuse, puis on voit qu’elle ne comprend rien, et que donc ça
doit être très savant et stylé, puis on la voit répondre, on voit Julien ne pas lire ses
lettres mais les ranger dans un tiroir, on voit la Maréchale recevoir la réponse de Ju-
lien et n’y riencomprendre à nouveau, et sembler être de plus en plus séduite, et Ma-
thilde de plus en plus intriguée, et mécontente. On voit aussi par moment la Maré-
chale prendre le thé avec Julien, ou se promener avec lui (pendant quelques secondes)
Tout cela en accéléré, dans un grand mouvement scénique qui donne par cette illus-
tration l’impression que le temps passe. Le décor s’est transformé plusieurs fois pen-
dant la chanson «recette de séduction» de Geronimo. À la fin de la chanson c’est la
scène (et la salle) de l’Opera de Paris qui s’est construite autour de Geronimo.
Geronimo est sur la scène, face au public de l’Opéra. On lui met un manteau théâtral
et un chapeau. Il se retrouve au milieu d’un décor bucolique d’opéra. Il est rejoint par
une chanteuse lyrique habillée en Venus et ils chantent tous deux un duo amoureux
lyrique et kitsch.
EN S’EFFORÇANT D’ÊTRE CRUEL
POUR QU’ELLES NOUS AIMENT
LE VRAI DILEMME
C’EST D’ÊTRE PRÊT À TOUT DONNER
EN ÉVITANT DE LE MONTRER
POUR QU’ELLES SUCCOMBENT
SOYEZ IMMONDE
SI VOUS SAVEZ LES FAIRE SOUFFRIR
ELLES AIMERONT À EN MOURIR
POUR QU’ELLES DÉFAILLENT
SOYEZ DE TAILLE
FAITES LEUR CROIRE QUE C’EST FINI
ELLES TOMBERONT DANS VOTRE LIT. (NUES DANS VOS LITS)

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  • 1. SCÈNE 15 - LES CONSEILS DE GERONIMO Les conseils de Geronimo Geronimo : Mon ami, reprends toi. Tu sais bien qu’à Paris l’air triste n’est pas de bon ton, c’est l’air ennuyé qu’il faut. Julien : Je n’en peux plus. Elle me tue. Ça fait des semaines que ça dure. Un jour elle me sourit, un jour elle me dédaigne. Un jour elle paraît folle de moi, et le jour suivant, c’est l’indifférence totale. Ça me rend fou. Je suis fou d’elle, et elle en joue. Geronimo (réfléchissant) : Elle en joue hein... Eh bien c’est au fou de jouer maintenant. J’ai le jeu qu’il te faut ! Julien : ..? Geronimo : Tu vas jouer au grand séducteur. Julien : Au grand séducteur ?! Je suis une serpillère dés que Mathilde paraît devant moi. Geronimo : Qui te parle de séduire Mathilde ? Julien : ... ? Geronimo : Tu vas séduire... la Maréchale de Fervaques ! Julien : La Maréchale de Fervaques ?? Cette vieille veuve bigote ?? Pourquoi faire ?? Geronimo : Pour rendre Mademoiselle de la Môle folle de jalousie. Fais moi confiance. Tu vas lui écrire chaque jour deux longues lettres. Julien : Lui écrire ? Lui écrire quoi ? Je suis une loque.Jesuisincapabledecomposertroisphrases. Chanson : Pour qu’elles nous aiment Geronimo Julien Sorel (Côme) - Geronimo (Yoann Launay) Geronimo : Qui te parle de composer des phrases? Tu n’auras qu’à les recopier. J’ai dans mon coffre six volumes de lettres manuscrites. Il y en a pour tous les caractères de femmes, j’en ai pour la plus haute vertu. Le décor change autour d’eux, et Julien s’assied au bureau de la bibliothèque. Le décor va continuer de changer au fur et à mesure que Geronimo dit à Julien ce qu’il doit faire, tandis que Julien s’exécute. Julien : Mais si, par malheur, elle m’écrit en retour, il faudra bien que je tienne compte de ses réponses. Geronimo : Ne t’en fais pas. Ces lettres sont un modèle de belles phrases qui ne veulent rien dire, ou tout dire. Elle n’y comprendra rien, mais elle te trouvera admirablement stylé. Voici cinquante trois lettres, bien numérotées. Les quarante premières lettres ne sont destinées qu’à te faire pardonner la hardiesse d’écrire. Pour plaire à l’une Séduisez l’autre N’allez pas décrocher la lune À celle qui vous importe C’est toute une technique Tout un art de séduire C’est un jeu diabolique D’attiser le désir Pour plaire aux filles Soyez infâme Si vous voulez qu’un coeur vacille
  • 2. Faites couler ses larmes Oubliez ce qu’elles disent Sur les princes charmants Ces dames ne sont soumises Que lorsqu’on est blessant Si elles demandent ça Faites bien le contraire Elles aspirent au combat Il a fallu s’y faire POUR QU’ELLES NOUS AIMENT C’EST LE PROBLÈME IL FAUT FUIR NOTRE NATUREL EN S’EFFORÇANT D’ÊTRE CRUEL POUR QU’ELLES NOUS AIMENT LE VRAI DILEMME C’EST D’ÊTRE PRÊT À TOUT DONNER EN ÉVITANT DE LE MONTRER Pour qu’elle s’accroche Soyez sadique Laissez tomber de votre poche Le mouchoir fatidique Inventez chaque soir Des rendez vous galants Qu’elle soupçonne une histoire Dont son coeur est absent Si elle demande ça Faites bien autrement Pour qu’elle n’obtienne pas Ce à quoi elle s’attend S’attend S’attend POUR QU’ELLES NOUS AIMENT C’EST LE PROBLÈME IL FAUT FUIR NOTRE NATUREL Livret : Alexandre Bonstein Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian Musiques : William Rousseau/SorelLivret de l’Opéra Rock Le Rouge et le Noir - Au Palace dès le 29 septembre 2016 Pendant la chanson on voit Julien recopier les lettres, passer plusieurs fois devant Ma- thilde (d’abord d’un air ennuyé, puis indifférent et joyeux quand il remarque que ça marche puisqu’elle le regarde de plus en plus), On voit la Maréchale lire les lettres, d’abord surprise et suspicieuse, puis on voit qu’elle ne comprend rien, et que donc ça doit être très savant et stylé, puis on la voit répondre, on voit Julien ne pas lire ses lettres mais les ranger dans un tiroir, on voit la Maréchale recevoir la réponse de Ju- lien et n’y riencomprendre à nouveau, et sembler être de plus en plus séduite, et Ma- thilde de plus en plus intriguée, et mécontente. On voit aussi par moment la Maré- chale prendre le thé avec Julien, ou se promener avec lui (pendant quelques secondes) Tout cela en accéléré, dans un grand mouvement scénique qui donne par cette illus- tration l’impression que le temps passe. Le décor s’est transformé plusieurs fois pen- dant la chanson «recette de séduction» de Geronimo. À la fin de la chanson c’est la scène (et la salle) de l’Opera de Paris qui s’est construite autour de Geronimo. Geronimo est sur la scène, face au public de l’Opéra. On lui met un manteau théâtral et un chapeau. Il se retrouve au milieu d’un décor bucolique d’opéra. Il est rejoint par une chanteuse lyrique habillée en Venus et ils chantent tous deux un duo amoureux lyrique et kitsch. EN S’EFFORÇANT D’ÊTRE CRUEL POUR QU’ELLES NOUS AIMENT LE VRAI DILEMME C’EST D’ÊTRE PRÊT À TOUT DONNER EN ÉVITANT DE LE MONTRER POUR QU’ELLES SUCCOMBENT SOYEZ IMMONDE SI VOUS SAVEZ LES FAIRE SOUFFRIR ELLES AIMERONT À EN MOURIR POUR QU’ELLES DÉFAILLENT SOYEZ DE TAILLE FAITES LEUR CROIRE QUE C’EST FINI ELLES TOMBERONT DANS VOTRE LIT. (NUES DANS VOS LITS)