1. SCÈNE 19 - LE PROCÈS
Chanson : L’amour nous désarme
Julien
Julien Sorel (Côme) - Mathilde de la Mole (Julie Fournier) - Mr Valenod (Patrice Maktav)
J’AI VOULU SES TOURMENTS
MES ABUS DE POUVOIR TOUCHAIENT DROIT
SON COEUR
CE N’EST PAS INNOCENT
JE MESURAIS MA VICTOIRE À SA
DOULEUR
TOUS SES SANGLOTS
NE VALAIENT PAS SA PEINE
PRONONCEZ LA MIENNE
JUGEZ (PUNISSEZ) L’INJUSTICE
J’AI POUSSÉ AU VICE UN ANGE SANS
DÉFENSE
ABRÉGEZ LE SUPPLICE
DE MILLE REMORDS QUI CHAQUE INSTANT
Julien apprend que Louise est vivante
Mathilde arrive à la prison. Le geôlier la fait entrer dans la
cellule, et elle se précipite amoureusement dans les bras de
Julien, qui est comme absent, éteint)
Mathilde : Mon amour (elle l’enlace amoureusement, puis
l’inspecte, le coiffe de sa main.
Elle lui parle avec douceur et énergie, sans drame) As-tu
mangé les fruits que j’ai apporté hier ? (Il ne répond pas). Il
faut que tu manges Julien, que tu reprennes des forces. C’est
demain ! C’est demain l’audience au tribunal, mon amour. Ne t’en
fais pas. Notre avocat m’a encore dit qu’il était confiant. Il va plaider
l’impulsion d’un homme blessé dans son honneur. C’est la vérité. Je
témoignerai s’il le faut. Julien ? Tu ne m’écoutes pas.
Julien (ailleurs): Hein ? Oui très bien. Comme tu
voudras.
Mathilde : Et puis... (Elle hésite quelques secondes)
J’ai pu rencontrer, en secret, le président des ju-
rés... Et il est acquis à notre cause.
Julien : Mathilde, combien est ce que
tu…
Mathilde (l’interrompt) : Peu importe
l’argent ! Le procès est un combat, une
guerre que nous devons gagner.
Julien : Une guerre qui n’a fait qu’une vic-
time, mais qui vaut mille morts.
Mathilde : Arrête ça Julien ! Arrête de t’en vouloir
! Et puis il y a eu victime, mais pas de mort… Ah je ne te l’ai pas
dit… Tu ne l’as pas tuée. Elle est vivante.
Julien : Elle est..?
Mathilde : Madame de Rênal est vivante Julien, la balle l’a tou-
chée à l’épaule... Tu as encore des progrès à faire en maniement
d’armes mon amour. Le geôlier revient.
Mathilde : Je dois te laisser mon ange... Fais moi confiance. Ma-
thilde sort
Julien : Elle est vivante… Je me sens revivre… Oui je revis, pour
mieux désirer mourir ! Louise morte c’est le monde qui s’écroule,
mais Louise vivante, c’est l’amour même qui me condamne.
2. ME HANTENT
COMME UN ÉCHO
COMME UN ÉCHO
COMME UN ÉCHO
COMME UN ÉCHO
TOUT CE DÉSIR SÈME ENTRE NOUS
TANT DE DÉSORDRE
L’AMOUR NOUS DÉSARME, IL NOUS DÉSARME
J’AI FAIT LE PIRE OUI JE L’AVOUE
VISÉ SON ÂME
LA VIE ME CONDAMNE, ELLE ME CONDAMNE
PRONONCEZ LA SENTENCE
QU’ELLE SOIT CAPITALE POUR ABOLIR
MES FAUTES
ACCORDEZ MOI LA CHANCE
DE VOIR L’ÉTERNITÉ DANS L’AVENIR
QU’ON M’ÔTE
ENTENDS L’ÉCHO
ENTENDS L’ÉCHO
ENTENDS L’ÉCHO
ENTENDS L’ÉCHO
TOUT CE DÉSIR SÈME ENTRE NOUS
TANT DE DÉSORDRE
L’AMOUR NOUS DÉSARME, IL NOUS DÉSARME
J’AI FAIT LE PIRE OUI JE L’AVOUE
VISÉ SON ÂME
LA VIE ME CONDAMNE, ELLE ME CONDAMNE
TOUT CE DÉSIR SÈME ENTRE NOUS
TANT DE DÉSORDRE
L’AMOUR NOUS DÉSARME, IL NOUS DÉSARME
J’AI FAIT LE PIRE OUI JE L’AVOUE
Livret : Alexandre Bonstein
Mise en scène : François Chouquet/Laurent Seroussi
Auteurs chansons : Zazie/Vincent Baguian
Musiques : William Rousseau/SorelLivret de l’Opéra Rock Le Rouge et le Noir - Au Palace dès le 29 septembre 2016
VOLÉ SON ÂME
LA MORT ME RÉCLAME, ELLE ME RÉCLAME
ABRÉGEZ NOS SOUFFRANCES
QUE L’ON PUISSE ENFIN
S’ADORER POUR TOUJOURS
Le réquisitoire de Julien
À la fin de cette chanson où Julien est isolé en lumière, on le découvre au
tribunal (qui s’est construit autour de lui). Il est face au public comme si
c’était les jurés et l’assemblée du tribunal. Le juge prend la parole, alors
que le procureur vient de finir son discours.
Juge : La parole est maintenant donnée à la défense. (à l’avocat de
Julien) Maître c’est à vous. L’avocat (faisant des effets de manche et
de grandiloquence) : Dum dubitat, tremebunda vider pulsare cruen-
tum, membra solum retroque pedem tulit…
Julien (interrompant l’avocat) : J’aimerais, si vous me le permettez,
prendre la parole et assumer ma propre défense. Grand bruit d’éton-
nement dans l’assemblée.
Juge : … Eh bien allez-y…
Julien : Monsieur le juge, messieurs les jurés, j’ai attenté à la vie de
la femme la plus digne de tous les respects, de tous les hommages.
Madame de Rênal avait été pour moi comme une mère. Mon crime
est atroce, et il est prémédité. Je suis coupable, et j’ai donc mérité la
mort. (réactions dans la salle). Je suis doublement coupable… Cou-
pable d’avoir à tout prix voulu m’élever au dessus de ma condition,
d’avoir voulu être celui que je suis pas, que je ne serai jamais. Cou-
pable d’ambition, de rêves interdits. Coupable d’être né pauvre. Voilà
mon plus grand crime, messieurs; et il sera puni avec d’autant plus de
sévérité que je nevois sur les bancs des jurés aucun paysan, unique-
3. ment des bourgeois indignés, qui voudront punir en moi cette classe
de jeunes gens nés dans la boue, qui ont la bêtise de prétendre à une
bonne éducation, et l’audace de vouloir se mêler à ce que l’orgueil des
gens riches appelle… la société.
Le verdict
La scène pourrait être plongée brusquement dans le noir, pour avoir un
effet choc, et pour qu’on puisse pratiquement enchaîner avec la décision
du jury et le verdict.
Juge : La cour appelle le président du Jury, monsieur le Maire de Ver-
rière (un temps) Le baron de Valenod.
Valenod s’avance d’un pas lent et théâtral.
Valenod : Monsieur le juge, en son âme et conscience le jury déclare
julien Sorel coupable de tentative de meurtre
avec préméditation.
Juge : Monsieur Julien Sorel levez vous. En
conséquence vous êtes condamné à la peine
capitale. Vous aurez la tête tranchée, place de
Greve de Besançon. L’exécution aura lieu dans
trois jours, à huit heures.
On sent un murmure s’élever du public dans le
tribunal, alors que Julien reste calme et digne. Le
décor change à nouveau autour de Julien qui se
retrouve dans son cachot, avec Mathilde qui le
serre dans ses bras.