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P. Namotte & L. Barets L’Echo 06/06/2013 1/2
Relations sociales et dynamique participative ?
Au-delà de la prévention des conflits sociaux, les relations sociales visent à créer une synergie
entre les exigences de l’entreprise et celles de son personnel par la consultation et la
concertation. Leur objectif fondamental est de permettre l’adoption de solutions concrètes,
adaptées aux circonstances locales et qui conviennent aux parties en présence.
Dans l’entreprise, la délégation syndicale (DS), le comité de prévention et de protection au
travail (CPPT) et le conseil d’entreprise (CE) sont des lieux privilégiés d’information réciproque,
d’écoute, d’observation, de concertation. Si la DS a pour compétences essentielles la
négociation de conventions collectives de travail (CCT), le respect de la législation sociale et
l’information, le CPPT et le CE sont des organes d’information, de consultation.
Y sont traitées des questions d’ordre général, des questions particulières que la hiérarchie n’a
pas su ou pas voulu traiter, des questions que les représentants du personnel ont collectées
sans les aborder avec les membres concernés de l’encadrement, des questions nouvelles et
des questions récurrentes, des questions locales et d’autres globales. Les intérêts en jeu y sont
multiples : des considérations idéologiques, des conflits de personnalité, la représentation
d’intérêts différents, etc.
Or, dans nombre d’entreprise, les réunions de ces instances sont considérées comme peu
intéressantes, inutiles, peu productives ; on y aborde des futilités en lieu et place des vrais
problèmes, des stratégies, etc. Dans bien des endroits, ces réunions trainent en longueur, sont
l’objet de joutes verbales stériles, sont sclérosées ou ont sombré dans la léthargie.
Les jeux de pouvoir entre les individus sont notamment au centre du dysfonctionnement. Et à
l’affirmation que ces « jeux » ont pour origine l’ego, employés, ouvriers, managers et même
des dirigeants hochent la tête manifestant ainsi leur accord avec ce principe.
Toutes les parties ont cependant intérêt à en faire un lieu plus constructif et à tenter d’y
instaurer un autre style de relation.
La dynamique participative
La dynamique participative est une méthode de collaboration qui repose sur l’intelligence
collective et sociale. Elle provient des principes de fonctionnement d’un type de gouvernance,
la « sociocratie ». La dynamique participative ne s’intéresse pas à identifier les différents jeux
de pouvoir. Par contre, elle propose des mécanismes simples pour les limiter en canalisant
l’ego des membres autour de la table.
Pour cela, elle a pour ambition de systématiser le “RESPECT” de tout ce qui est important dans
la bonne tenue d’une réunion. Qu’il s’agisse d’une réunion de réflexion, d’information, de
décision ou de mise en oeuvre, elle invite chacun à respecter les idées, les personnes, le cadre,
les décisions et tout ce qui contribue à rendre un groupe intelligent, performant et
responsable.
La dynamique participative comprend plusieurs principes de fonctionnement redoutablement
efficaces :
- 1er
principe, le mode circulaire permet de faire tourner la parole. Ainsi personne n’a à se
battre pour pouvoir s’exprimer, mais chacun sait quand il aura la parole pour partager son
point de vue. Cela permet de canaliser ceux qui sont trop expansifs et donner un espace à
ceux qui sont plus timorés. « Qui a dit que celui qui a une facilité de prise de parole, a les
choses les plus intelligentes à dire ? » ;
- 2nd
principe, la prise de décision. Nous connaissons bien les 3 types de décisions habituels.
L’autocratie, la démocratie par la majorité et le consensus qui vise à avoir 100% des
personnes d’accord ; pour ce faire on élabore une décision en prenant en compte les désirs de
chacun. Le consentement est une autre façon de prendre les décisions. Il s’inscrit comme à
l’opposé du consensus. En effet, là où le consensus cherche à obtenir « 100% des accords », le
consentement souhaite « zéro objection ». Et cela fait une grande différence car il s’intéresse
P. Namotte & L. Barets L’Echo 06/06/2013 2/2
aux limites de tolérance d’une personne. A défaut de ne pouvoir obtenir ce qu’elle souhaite,
est-ce que la personne peut « vivre avec la décision » ?
En respectant les limites de ce que chacun est prêt à supporter, le consentement fait
disparaître les oppositions à l’obtention et à la mise en oeuvre de la décision tout en offrant un
espace de compromis beaucoup plus large. En effet, il est plus facile de trouver des solutions
qui respectent tout le monde plutôt que des solutions qui contiennent les désirs de chacun.
La dynamique participative offre d’autres principes complémentaires à ces deux premiers qui
permettent également : de préparer des propositions matures et créatives avant la prise de
décision, de mettre en oeuvre efficacement les décisions prises, de désigner les meilleurs
personnes pour les fonctions importantes en étant soutenues par tous, etc ...
Alors, la dynamique participative, une alternative pour rendre ces réunions efficientes ? Et la
sociocratie ?
Une question ? Posez-la à namotte-patrick@skynet.be
Plus d’infos sur les auteurs :
Lionel Barets, Fondateur Convidencia http://tinyurl.com/mc2k5gj
Patrick Namotte, Consultant indépendant http://tinyurl.com/c6j37o6

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Relations sociales et dynamique participative ?

  • 1. P. Namotte & L. Barets L’Echo 06/06/2013 1/2 Relations sociales et dynamique participative ? Au-delà de la prévention des conflits sociaux, les relations sociales visent à créer une synergie entre les exigences de l’entreprise et celles de son personnel par la consultation et la concertation. Leur objectif fondamental est de permettre l’adoption de solutions concrètes, adaptées aux circonstances locales et qui conviennent aux parties en présence. Dans l’entreprise, la délégation syndicale (DS), le comité de prévention et de protection au travail (CPPT) et le conseil d’entreprise (CE) sont des lieux privilégiés d’information réciproque, d’écoute, d’observation, de concertation. Si la DS a pour compétences essentielles la négociation de conventions collectives de travail (CCT), le respect de la législation sociale et l’information, le CPPT et le CE sont des organes d’information, de consultation. Y sont traitées des questions d’ordre général, des questions particulières que la hiérarchie n’a pas su ou pas voulu traiter, des questions que les représentants du personnel ont collectées sans les aborder avec les membres concernés de l’encadrement, des questions nouvelles et des questions récurrentes, des questions locales et d’autres globales. Les intérêts en jeu y sont multiples : des considérations idéologiques, des conflits de personnalité, la représentation d’intérêts différents, etc. Or, dans nombre d’entreprise, les réunions de ces instances sont considérées comme peu intéressantes, inutiles, peu productives ; on y aborde des futilités en lieu et place des vrais problèmes, des stratégies, etc. Dans bien des endroits, ces réunions trainent en longueur, sont l’objet de joutes verbales stériles, sont sclérosées ou ont sombré dans la léthargie. Les jeux de pouvoir entre les individus sont notamment au centre du dysfonctionnement. Et à l’affirmation que ces « jeux » ont pour origine l’ego, employés, ouvriers, managers et même des dirigeants hochent la tête manifestant ainsi leur accord avec ce principe. Toutes les parties ont cependant intérêt à en faire un lieu plus constructif et à tenter d’y instaurer un autre style de relation. La dynamique participative La dynamique participative est une méthode de collaboration qui repose sur l’intelligence collective et sociale. Elle provient des principes de fonctionnement d’un type de gouvernance, la « sociocratie ». La dynamique participative ne s’intéresse pas à identifier les différents jeux de pouvoir. Par contre, elle propose des mécanismes simples pour les limiter en canalisant l’ego des membres autour de la table. Pour cela, elle a pour ambition de systématiser le “RESPECT” de tout ce qui est important dans la bonne tenue d’une réunion. Qu’il s’agisse d’une réunion de réflexion, d’information, de décision ou de mise en oeuvre, elle invite chacun à respecter les idées, les personnes, le cadre, les décisions et tout ce qui contribue à rendre un groupe intelligent, performant et responsable. La dynamique participative comprend plusieurs principes de fonctionnement redoutablement efficaces : - 1er principe, le mode circulaire permet de faire tourner la parole. Ainsi personne n’a à se battre pour pouvoir s’exprimer, mais chacun sait quand il aura la parole pour partager son point de vue. Cela permet de canaliser ceux qui sont trop expansifs et donner un espace à ceux qui sont plus timorés. « Qui a dit que celui qui a une facilité de prise de parole, a les choses les plus intelligentes à dire ? » ; - 2nd principe, la prise de décision. Nous connaissons bien les 3 types de décisions habituels. L’autocratie, la démocratie par la majorité et le consensus qui vise à avoir 100% des personnes d’accord ; pour ce faire on élabore une décision en prenant en compte les désirs de chacun. Le consentement est une autre façon de prendre les décisions. Il s’inscrit comme à l’opposé du consensus. En effet, là où le consensus cherche à obtenir « 100% des accords », le consentement souhaite « zéro objection ». Et cela fait une grande différence car il s’intéresse
  • 2. P. Namotte & L. Barets L’Echo 06/06/2013 2/2 aux limites de tolérance d’une personne. A défaut de ne pouvoir obtenir ce qu’elle souhaite, est-ce que la personne peut « vivre avec la décision » ? En respectant les limites de ce que chacun est prêt à supporter, le consentement fait disparaître les oppositions à l’obtention et à la mise en oeuvre de la décision tout en offrant un espace de compromis beaucoup plus large. En effet, il est plus facile de trouver des solutions qui respectent tout le monde plutôt que des solutions qui contiennent les désirs de chacun. La dynamique participative offre d’autres principes complémentaires à ces deux premiers qui permettent également : de préparer des propositions matures et créatives avant la prise de décision, de mettre en oeuvre efficacement les décisions prises, de désigner les meilleurs personnes pour les fonctions importantes en étant soutenues par tous, etc ... Alors, la dynamique participative, une alternative pour rendre ces réunions efficientes ? Et la sociocratie ? Une question ? Posez-la à namotte-patrick@skynet.be Plus d’infos sur les auteurs : Lionel Barets, Fondateur Convidencia http://tinyurl.com/mc2k5gj Patrick Namotte, Consultant indépendant http://tinyurl.com/c6j37o6