Même si les licenciements peuvent malheureusement s’avérer incontournables dans un certain nombre de situations, ils ont des effets délétères et à plus d’un égard : sur les individus, sur les autres membres du personnel, sur la collectivité.
1. P. Namotte & M.C. Mathelot L’Echo 07/03/2013 1/2
Les impacts des licenciements
Lors de licenciements, le rôle des organisations syndicales – au travers notamment des
conseils d’entreprise (CE), comités de prévention et de protection au travail (CPPT) ou encore
de la délégation syndicale (DS) – consiste à recevoir les explications concernant les évolutions,
à les examiner, à les compléter puis à relayer ces informations. Les représentants du
personnel et des organisations syndicales doivent également se prononcer sur les critères de
licenciement ainsi que sur les modalités de fin de contrat de travail des personnes
concernées : les indemnités, l’accompagnement de type outplacement, l’opérateur qui en sera
chargé, etc. Ils ont pour objectif de veiller aux intérêts de leurs affiliés et, enfin, ils seront
attentifs à l’application des accords conclus.
Cela étant, même si les licenciements peuvent malheureusement s’avérer incontournables
dans un certain nombre de situations, ils ont des effets délétères et à plus d’un égard.
Sur les individus concernés …
Parfois, le licenciement peut être vécu comme la fin d’un calvaire et provoquer un sentiment
de soulagement : en cas de licenciement collectif, cela peut être la fin d’une période d’attente
et d’incertitude et la décision « finale » permet de tourner la page ; en cas de licenciement
individuel, il peut apparaître à la personne qu’elle n’était finalement plus si bien dans sa
fonction et que c’est peut-être l’occasion de trouver un job qui lui convient mieux.
Dans la plupart des situations, au niveau personnel, l’annonce d’un licenciement constitue un
choc et, comme face à la mort ou toute autre perte catastrophique , il génère un processus de
deuil dont les principales étapes sont : le déni, la colère, le marchandage, la dépression et
enfin, l’acceptation (Elisabeth Kübler-Ross).
S’y ajoute le regard des autres qui peut donner à penser à la personne licenciée qu’elle ne fait
plus partie de la « population active », est mise sur le carreau, est jugée par sa famille, ses
proches, ses amis. Pour elle, répondre à la « bête » question : « et toi, tu fais quoi dans la
vie ? » peut paraître insurmontable …
Le rythme « métro boulot dodo », qui abrutit parfois, manque soudainement ! La personne a
du mal à trouver un sens à sa journée, attend des nouvelles d’un entretien, d’une lettre de
candidature, d’un contact …
Enfin, il y a la perte du salaire et les questions qui en découlent : comment rembourser sa
maison, payer les études de ses enfants, maintenir son train de vie, etc. Cette période
d’insécurité financière n’est certainement pas agréable, a fortiori si l’individu est isolé ou s’il
représente le seul revenu du ménage.
Sur les autres membres du personnel …
Ici aussi les psychologues opèrent un rapprochement avec la survenance d’un événement
catastrophique : on parle du « syndrome du survivant » qui apparaît suite à un événement
collectif, de nature imprévisible au cours duquel certaines personnes sont décédées alors que
d’autres ont survécu. Ce sont des « survivants » qui peuvent être confrontés à une certaine
ambivalence, oscillant entre le soulagement d’avoir survécu et la culpabilité d’avoir assisté,
impuissants, à « la mort » d’autres personnes.
Le syndrome du survivant a été transposé au monde professionnel. Chaque licenciement de
collègue est un choc pour les personnes restées en poste, les « survivants ». Ce choc est
d’autant plus grand que le contrat psychologique de l’individu avec l’entreprise est fort; plus la
confiance en son employeur est élevée avant les licenciements, plus la désillusion est forte. De
celle-ci peut découler un sentiment de trahison, de colère et une perte de confiance envers son
entreprise. L’engagement, l’investissement dans son travail deviennent moindre pour le
« survivant » qui est aux prises avec des émotions fortes telles que la méfiance ou encore le
sentiment d’injustice
2. P. Namotte & M.C. Mathelot L’Echo 07/03/2013 2/2
In fine, un moindre engagement des personnes ou leur démotivation, conséquences d’un
monde de l’entreprise perçu comme pouvant être déloyal à l’égard des employés, entrainent
des coûts cachés qui peuvent s’avérer énormes …
Sur la collectivité …
Comme évoqué ci-avant, les licenciements – en hausse exponentielle ces derniers temps – ont
un impact sur la santé physique et psychique des personnes concernées, la perte de pouvoir
d’achat, l’endettement des ménages, la perte du lien social et l’exclusion sociale.
Les pertes d’emplois ont des répercussions directes et indirectes sur le budget de l’état dont
l’augmentation des allocations sociales et des dépenses de remise au travail ainsi que de
santé, les pertes de cotisations sociales et de recettes fiscales, etc.
D’un point de vue politique, l‘insécurité, la perte de repères et la souffrance liée à la hausse du
chômage augmentent le risque de voir une partie de la population séduite par les discours
démagogiques.
Alors, dans l’intérêt des individus, des organisations, de la collectivité, comment limiter les
conséquences des licenciements ?
Une question ? Posez-la à namotte-patrick@skynet.be
Plus d’infos sur les auteurs :
Marie-Caroline Mathelot, Manager Galilei http://tinyurl.com/cftu3cq
Patrick Namotte, Consultant indépendant http://tinyurl.com/c6j37o6