Transmission et épidémiologie du paludisme - Conférence de la 2e édition du Cours international « Atelier Paludisme » - ROBERT Vincent - Institut de Recherche pour le Développement - robert@pasteur.mg
1. La transmission,
composante majeure de
l’épidémiologie du paludisme
V. Robert
DR de l’IRD
GRP de l’IPM
2. Trois modes de transmission :
Transmission • vectorielle
• transfusionnelle
• placentaire
3. La transmission ? ou les deux transmissions ?
MOUSTIQUE
TRANSMISSION TRANSMISSION
HOMME-MOUSTIQUE MOUSTIQUE-HOMME
HOMME
4. Le paludisme en une diapo
transmission morbidité mortalité
Homme + Homme + Homme + Homme
sain infecté malade décédé
- - - -- - -
-
lutte
- traitement
prévention de
l’impaludation antivectorielle médicament
chimioprophylaxie
prémunition
5. Rantan Plan
La caractérisation de la transmission vecteur-
homme
La mesure de la transmission
Conséquence de la transmission en santé
publique
Implication pour la lutte
Supplément (gratuit) : Questions de vocabulaire
7. La gamme des possibles
1) pour le nombre de piqûres d’anophèles infectés
Nombre de
piqûres
d’anophèle
s infectés
0 100 000
( = 3/nuit x 100 ans)
Borne inférieure Borne supérieure
8. Source : Population Reference Bureau 2002
Population Population impaludée
(en millions) au moins une fois / vie
Afrique 840
Afrique sub-saharienne, non australe 630 500
Amérique Nord 319
Centrale 140 30
Sud 354
Amazonie s.l. = Haïti 105
Asie 3766 1000
Europe 728
32 5
Océanie
MO NDE 6200 1640
1/4
9. La gamme des possibles
1) pour le nombre de piqûres d’anophèles infectés
5 000
4 000
3 000 Nombre de
2 000 piqûres
1 000 d’anophèles
infectés
0
0 1 10 100 103 104 105
Borne inférieure Borne supérieure
10. La gamme des possibles
1) pour le nombre de piqûres d’anophèles infectés
Population humaine concernée (en millions)
5 000
4 000 1 640
3 000 700 Nombre de
2 000 300 piqûres
1 000 d’anophèles
infectés
0
0 1 10 100 103 104 105
Borne inférieure Borne supérieure
11. La gamme des possibles
2) pour le nombre de sporozoïtes par piqûre
Nombre de
sporozoïtes injectés
par piqûre
d’un anophèle
0 70 400 1 000
Beier et al., 1992
Borne Borne(s) Ponnudurai et al., 1991
inférieure supérieure(s) Rosenberg et al., 1990
Moyenne : 10 à 20
soit <1% du Nb total de sporozoïtes par glandes salivaires infestées
Dépend de l’espèce vectrice : An. gambiae injecte 2x sporos qu’An. freeborni
12. L’injection des sporozoïtes
Sidjanski & Vanderberg 1997
Anopheles stephensi / Plasmodium yoelii
Oreille de Contrôle Infection
souris blanche 0 - 5 min Pas d’infection
≥ 15 min Idem contrôle
• Les sporos injectés dans le sang sont ré-ingérés dans le bol alimentaire
• Seuls les sporos injectés dans le compartiment cutané (lors du « probing »)
sont efficaces pour l’infection
• Les sporos rejoignent-ils le foie par voie sanguine ou lymphatique?
13. L’efficacité d’une piqûre d’anophèle infecté
Question : quelle est la probabilité pour qu’une piqûre d’anophèle infecté soit
réellement infestante (i.e. entraîne une parasitémie sanguine) ?
Réponse : modèles animaux « Y-a-t-il-un-modèle-animal-parfait-? » voir Laminou
Réponse : chez l’homme Rickman et al., 1990
Nombre de piqûre simultanées d’An. stephensi
Succès de
avec des sporos de P. falciparum
dans les glandes salivaires par volontaires (américains) l’infection
5 100% des volontaires
2 2 / 5 volontaires
1 3 / 5 volontaires
14. Importance de l’intensité du contact homme-vecteur
Gradient de densité des vecteurs
Trape et al., Pikine, Sénégal, 1992
No. d ’ An.arabiensis pour 100 chambres
500 500
Saison sèche Saison
414
400 pluvieuse 400
300 300
229
200 200
84 110
100 100 84 99 69
40
5 2 2 0,4 0 21
0 0
0 160 410 660 910 0 160 410 660 910
Distance / marécage (mètres) Distance / marécage (mètres)
15. Importance de l’intensité du contact homme-vecteur (suite)
Nombre annuel d’accès palustres
par enfant scolarisé ( 7-11 ans )
Trape et al., Pikine, Sénégal, 1993
1
No. annuel d’ accès
Le paludisme a été responsable
0,8 de 36% des absences
pour raison médicale
0,6 lors de la période de transmission maximale
0,4
0,2
0
0 160 410 660 910
Distance / marécage (mètres)
16. EIR : Entomological Inoculation Rate
Taux d’inoculation entomologique
ma = taux de piqûres (biting rate)
EIR = ma x s
s = indice sporozoïtique
Unité : Nb de piqûres d’anophèles infectés par
période (nuit, mois, an)
17. L’EIR constitue-il la mesure dont on a besoin?
• Moyenne : pas de prise en compte des variations temporelles
Nécessité de préciser si transmission pérenne ou saisonnière
• Moyenne : pas de prise en compte des variations individuelles
pour un homme adulte
dans un environnement « moyen »
• Taux établi à partir de captureurs volontaires éveillés
• Procure le Nb de piqûres d’anophèles infectés
soit approximativement 2 x le Nb de piqûres infestantes
18. Le EIR est à la transmission
ce que le QI est à l’intelligence
19. Satellite-derived predictions of Entomological
Inoculation Rates (EIR) in sub-Saharan Africa
Source: Rogers DJ et al. Nature. 2002. 415: 710-715.
20. Pourquoi la transmission en Afrique
est-elle très supérieure à celle observée
dans le reste du monde?
Les vecteurs africains sont les plus
efficaces.
Longévité +++
Antropophilie +++
Cycle gonotrophique court +++
Abondance +++
Leur capacité vectrice est très élevée.
Rappel : « Au commencement était l’entomologie »
21. Moyenne des taux annuels d’inoculation entomologique (EIR)
1,000 Robert et al., 2003
100 168
46
E I R annuel
10
7
1
0.1
0.01
0
centre périphérie
VILLE RURAL
VILLE
Diagramme montrant le taux d’inoculation entomologique (EIR), exprimé en
nombre de piqûres d’anophèles infectés par homme et par an,
dans trois catégories environnementales.
22. La relation entre le niveau de transmission
et la prévalence parasitaire
Beier et al., 1999
100
Prévalence parasitaire (%)
80
Portage de P. falciparum
60
40
20
0
0 100 200 300 400 500
Taux annuel d’inoculation entomologique
(nombre de piqûres d ’anophèles infectés par homme et par an)
25. L’exemple de Brazzaville, Congo
3 principales conclusions :
• Existence d’une transmission variable entre 100 piqûres
d’anophèles infectés (An. gambiae) par homme et par an
et 0.3, selon les quartiers.
Aspect mosaïque de la transmission
• Forte relation inverse entre le niveau de transmission
et l’ancienneté de l’urbanisation du quartier
• Aucune relation entre le quartier et le taux d’accès pernicieux
26. Le paludisme en une diapo (2)
Les relations complexes entre le niveau de transmission
et le poids de la maladie palustre en santé publique
0 1 10 100 1000
Taux d’inoculation
(nombre de piqûres d ’anophèles infectés
par homme et par an)
Niveau d’endémie Nul Hypo Méso Hyper et Holo
Nombre moyen d’accès Propor-
0 Saturation (± 50)
au cours de la vie tionalité
Age "à risque" aucun tous enfance prime enfance
Clinique dominante neuropaludisme anémie
27. Épidémie vs. endémie
Transmision exceptionnelle routinière
Évènement borné dans le temps permanent ou saisonnier
Toutes les tranches d’âge plutôt les enfants
Niveaux d’endémie
La littérature mentionne des niveaux :
hypo, méso, hyper et holoendémique
Classification souvent délicate à employer et d ’utilité discutable
29. Quel est le qualificatif approprié ?
Piqûre piqûre d’anophèle infecté ; piqûre infectée vs. infestante
Transmission faible, forte ;
permanente, temporaire, exceptionnelle ;
et tout ce qui relève de la distribution d’une
variable quantitative :
moyenne, médiane, mode, maximum, minimum...
Epidémie Nb de cas ; Nb de décès ; dates de début et de fin
Endémie Hypo-, méso-; hyper- ; holoendémie
Paludisme Stable, instable (Macdonald, 1957)
Indice de stabilité I.St. = a /-Loge p
a = nombre de repas de sang pris sur homme par un anophèle en 24 heures
1/ -Loge p = espérance de vie d ’une population d ’anophèle
instable 0,5 intermédiaire 2,5 stable