Fort de son expérience de médecin-chef à l’hôpital de Bicêtre de 1793 à 1795, Philippe Pinel nous livre la seconde version de son traité médico-philosophique sur l’aliénation mentale en 1809. Dans l’esprit du siècle des Lumières, Pinel est partisan malgré lui d’une révolution dans le traitement des aliénés. Au service d’une certaine idée d’humanité, il redonne en effet aux « insensés » leur dignité de « sujet », conformément aux valeurs républicaines définies dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Il préconise à leur égard un « traitement moral », fondé sur « les voies de la douceur », mettant ainsi fin aux moyens physiques (chaînes de fer, bains froids, réclusion étroite, etc.) du traitement ordinaire jusque là pratiqué à l’époque du grand enfermement.
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2. du traitement ordinaire jusque là pratiqué à l’époque du grand enfermement.
Pinel avance une nouvelle pratique clinique relevant d’une
médecine basée sur l’observation et l’expérience. Il
s’attache aussi bien à la part encore intacte de la raison
des aliénés qu’à « l’histoire naturelle » de leur maladie. C’est
dans ce sens qu’il commence d’abord son ouvrage sur les causes
propres à déterminer l’aliénation mentale, qu’elles soient « pré-disposantes
» (héréditaires) ou « accidentelles » (« passions
contrariées ») ; ce qui n’est pas sans rappeler le modèle étiopa-thogénique
bio-psycho-social. En passant par la description des
caractères physiques et moraux avant-coureurs de l’aliénation
mentale, autrement dit les hypothèses physiopathologiques, no-tamment
la constipation opiniâtre dans la manie, Pinel poursuit
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continuité de sa nosographie philosophique de 1798. Il distingue
la « mélancolie » (délire exclusif) de la « manie » (délire géné-ralisé),
ou encore de la « démence » (affaiblissement intellectuel
généralisé) et de l’ « idiotisme » (abolition totale des fonctions de
l’entendement et des affections du coeur). Aux grands maux les
grands remèdes. Etant donné que la folie, selon lui, vient essen-tiellement
de causes morales, il suggère alors le recours au « trai-tement
moral » qui repose sur les valeurs morales bourgeoises :
le travail, le respect des règles, et la juste répression en cas de
transgression, allant de l’isolement à la contention. Le tout en
faisant preuve de « fermeté douce et compatissante ». L’impor-tance
donnée à l’hygiène de vie et aux règles à suivre est donc
garantie par la « police intérieure » des établissements consacrés
aux aliénés. La mise en oeuvre de son traitement moral, assu-rée
par la « parole bienveillante » de son illustre surveillant-chef
Jean-Baptiste Pussin, a aussi pour but de « gagner l’estime et
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rapeutique nécessaire au retour de la raison égarée. Pinel insiste
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période de leur affection (accès, déclin, convalescence). C’est
donc au sein de divisions successives qu’évoluent les patients
sur le chemin de la réhabilitation sociale. Tels sont les enjeux de
l’hôpital qui joue déjà le rôle de thérapie institutionnelle. Pinel
termine son traité en prouvant, dans les règles de l’art, la supé-riorité
de son traitement par rapport à l’expérience ancienne. Il
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morale vis-à-vis de certains « cas incurables », particulièrement
lors d’une évolution démentielle de la maladie. Si certains phi-losophes
nuancent « le mythe Pinel », celui dont le brillant élève
Jean-Etienne Esquirol parachèvera l’oeuvre, reste néanmoins le
fondateur de la psychiatrie moderne en France.
Pierre-Alain Hauseux
Interne de Montpellier
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