1. SUPER 15 LA GRAVE BLESSURE À UN BICEPS SUBIE VENDREDI SOIR
POURRAIT REMETTRE EN QUESTION L’AMBITION DE L’ANCIEN ALL BLACK
DE JOUER AU PLUS HAUT NIVEAU JUSQU’À 40 ANS.
THORN, LE RÊVE BRISÉ ?
Par Jérôme FREDON
(avec Gregor Paul, correspondant)
Brad Thorn aurait-il voulu trop en faire ? À force de
constamment chercher à repousser l’heure de la retraite,
le champion du monde 2011 a été rattrapé vendredi soir
par les limites de son âge. Le deuxième ligne d’Otago,
âgé de 39 ans depuis le 3 février dernier, a été lâché par
son meilleur allié jusqu’ici : le physique. Thorn a dû se
faire opérer dimanche matin à Dunedin après s’être
rompu les ligaments du biceps droit lors du succès des
Highlanders face aux Bulls (27-20). Un coup dur pour ce
John Wayne des temps modernes ! Ce minot de 39 ans a la peau tannée au sel de mille
aventures. Un gosse capé 60 fois pour les All Blacks, 8 fois pour les Kangaroos et aux 200
apparitions sous le maillot des Broncos. Un héros, un vrai ! Tatoué de quasiment tous les titres
majeurs à XIII et à XV. Thorn est le seul rugbyman de l’histoire à avoir remporté la NRL, le Stade of
Origin, le Super rugby, la H Cup et le trophée William Webb-Ellis ! Seul manque à son immense
palmarès la Coupe du monde à XIII. Malgré tout, Thorn a conservé un amour intact pour le jeu.
Avant cette blessure tragique, il nous déclarait ainsi vouloir tenir jusqu’en 2015 et prolonger sa
carrière jusqu’à 40 ans.
FIN DE SAISON
« C’est quand même ridicule de continuer à jouer à mon âge canonique, je sais, mais je me sens
super bien, nous confiait-il avec un sourire de gosse. Je pense que j’ai encore une carte à jouer, je
verrai bien où cela me mène. J’aurais 40 ans en février 2015. Évoluer à haut niveau à cet âge-là a
toujours été mon objectif. Après ça, je raccroche. Ce sera soit ici soit en Europe. C’est un sacré
défi, et je pourrais ne pas réussir. Si je sens que j’en ai assez à la fin de cette saison, alors je
n’insisterai pas. Mais j’ai envie d’aller au bout de mes possibilités. » Ce coup du sort inattendu a-t-il
changé la façon de voir de Thorn ? Impossible de savoir précisément car le géant de Mosgiel
restait injoignable après l’opération. Mais ce dur au mal, implacable et brutal, n’est pas du genre à

2. se laisser ronger par le doute.
Par contre, cette tuile pourrait remettre en question l’avenir de Thorn au sein de la province
méridionale de Nouvelle-Zélande. Une blessure à l’épaule l’avait déjà éloigné des terrains cette
année d’un mois. Son contrat avec les Highlanders expire à la fin de la campagne actuelle.
Cette blessure devrait éloigner Thorn des terrains du Super 15 jusqu’à la fin de saison. Dans ce
cas, le joueur pourrait tourner son regard vers l’Europe pour une ultime saison, avant de
raccrocher les crampons. Clermont, avec lequel il était en contacts avancés il y a deux saisons
pourrait-il être tenté de revenir dans la danse ? À moins que le très « papyvore » Rugby club
toulonnais ne soit tenté d’offrir un challenge à la hauteur du talent de cet immense champion ? Une
chose est sûre. Amoureux de sport et d’un naturel généreux, Thorn s’appliquera à toujours
prendre soin de sa belle mécanique. Sa double décision d’arrêter de boire et de devenir un fervent
chrétien alors qu’il avait une vingtaine d’années a très certainement eu un impact important sur sa
longévité ! À l’époque, Thorn avait l’impression de s’être perdu dans une vie dissolue et une
débauche de sexe et d’alcool. Cette orgie de défonce l’aurait conduite droit dans un mur. Il trouva
dans la foi et sa future épouse australienne Mary-Ann les piliers de sa nouvelle vie, heureuse,
entouré de ses quatre enfants.