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I. S. A.
V E N E Z I A
BIBLIOTECA
DOCUMENTI PER LA STORIA DEI RAPPORTI
FRA L ’ITALIA E LA JUGOSLAVIA
PROPRIETÀ LETTERARIA RISERVATA
Tipografia dell'Anonima Romana Editoriale — Via degli Scipioni, • Roma
P U B B L I C A Z I O N I D E L L ’ « I S T I T U T O
P E R L ’ E U R O P A O R I E N T A L E » R O M A
QUARTA SERIE
LEGGI FONDAMENTALI E TRA TTATI INTERNAZIONALI
XII
AMEDEO GIANNINI
DOCUMENTI PER LA STORIA DEI RAPPORTI
FRA L’ITALIA E LA JUGOSLAVIA
ROMA - ISTITUTO PER L’ EUROPA ORIENTALE - MCMXXXIV
P R E F A Z I O N E
Essendosi da tempo esaurita la seconda edizione
della mia raccolta dei Trattati ed accordi per la pace
adriatica (Roma, ed. Politica, 1924), mentre questi
ebbero successivamente larghi sviluppi e assai varie
vicende, mi sono deciso a raccogliere su più larga base
i documenti diplomatici che riguardano i rapporti fra
l’Italia e la Jugoslavia, non solo per rinnovare l’edi­
zione, ma anche perchè possano servire di documenta­
zione per un lavoro sulla storia diplomatica della cosi­
detta « questione adriatica », al quale attendo da più
anni e forse pubblicherò prossimamente.
Su più larga base, ma non con tutta l’ ampiezza
necessaria, perchè, anche limitando, come ho fatto, la
raccolta ai documenti fondamentali, essa è riuscita piut­
tosto voluminosa, ed a farla più ampia avrebbe assunto
una mole editorialmente non consentitami. Ho però inse­
rito in un’appendice un elenco degli accordi collettivi e
bilaterali, esclusi dalla raccolta, che possono servire ad
integrare la visione dello sviluppo dei rapporti fra i due
Paesi, con le indicazioni necessarie perchè possano esser
facilmente rintracciali da chi ne abbia bisogno.
Per ognuno dei documenti sono date in nota talune
informazioni fondamentali. Più ampie notizie, riferi­
menti, indicazioni bibliografiche, saranno date nel lavoro
di cui ho fatto cenno, dato che i due volumi, secondo il
6 PREFAZIONE
mio disegno, si integrano a vicenda. Non ho voluto ritar­
dare ulteriormente la pubblicazione di questo volume,
benché convenisse forse farli uscire insieme, perchè, il
presente è pronto ed ha, in sè, mi sembra, una suffi­
ciente autonomia, mentre l’altro potrebbe seguire con
sollecitudine, ma potrebbe anche tardare, perchè non è
del tutto terminato, e il domani è sempre sulle ginoc­
chia di Giove (1).
Roma, ottobre 1933.
A m e d e o G i a n n i n i
(1) Tengo a ringraziare vivamente il dr. Manlio Minozzi, che mi
ha cortesemente coadiuvato nella revisione delle bozze.
A
ACCORDO DI LONDRA (*)
(26 aprile 1915)
D ’ordre de son Gouvernement, le marquis Imperiali,
ambassadeur de Sa Majesté le Roi d’Italie, a l’honneur de
communiquer au très honorable sir Edward Grey, principal
secrétaire d’Etat de Sa Majesté britannique pour les affaires
étrangères, et à Leurs Excellences M. Paul Cambon, ambas­
sadeur de la République française, et M. le Comte de Ben-
ckendorff, ambassadeur de Sa Majesté l’Empereur de Toutes
les Russies, le mémorandum suivant:
MEMORANDUM
Art. 1. — Une convention militaire sera immédiate­
ment conclue entre les états-majors généraux de la France,
de la Grande Bretagne, de l’Italie et de la Russie; cette con­
vention fixera le minimum des forces militaires que la Rus­
sie devra employer contre l’Autriche-Hongrie afin d’empê­
cher cette Puissance de concentrer tous ses efforts contre
l’Italie, dans le cas où la Russie déciderait de porter son
principal effort contre l’Allemagne.
La convention militaire réglera la question des armis­
tices, qui relève essentiellement du commandement en chef
des armées.
Art. 2. — De son côté, l’Italie s’engage à employer la
totalité de ses ressources à poursuivre la guerre en commun
avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie contre tous
leurs ennemis.
(*) Il testo degli accordi di Londra, divulgato dai bolscevichi
durante il conflitto mondiale, e riprodotto quindi dai giornali di diversi
Stati, è stato pubblicato ufficialmente dal Governo italiano soltanto nel
1920, in un libro verde (Camera deputati, Leg. XXV, Sess. 1919-20,
doc. V ili).
8 ACCORDO DI LONDRA
Art. 3. — Les flottes de la France et de la Grande-Bre­
tagne donneront leur concours actif et permanent à l’Italie
jusqu’à la destruction de la flotte austro-hongroise ou jus­
qu’à la conclusion de la paix.
Une convention navale sera immédiatement conclue à
cet effet entre la France, la Grande-Bretagne et l ’Italie.
Art. 4. — Dans le traité de paix, l’Italie obtiendra le
Trentin, le Tyrol cisalpin avec sa frontière géographique et
naturelle (la frontière du Brenner); ainsi que Trieste, les
Comtés de Gorizia et de Gradisca, toute l’Istrie jusqu’ à
Quarnero et y compris Volosca et les îles istriennes de Cher-
so, Lussin, de même que les petites îles de Plavnik, Unie,
Canidole, Palazzuoli, San Pietro di Nembi, Asinello, Gruica,
et les îlots voisins.
Note. — La frontière nécessaire pour assurer l’exécution
de l ’article 4 sera tracée comme suit:
Du Piz Umbrail jusqu’à nord du Stelvio, elle suivra
la crête des Alpes rhétiennes jusqu’aux sources de l’Adige et
de l’Eisach, passant alors sur les monts Reschen et Brenner
et sur les hauteurs de l'Oetz et du Ziller. La frontière en­
suite se dirigera vers le sud, traversera le mont Toblach et
rejoindra la frontière actuelle des Alpes carniques. Elle sui­
vra cette frontière jusqu’ au mont Tarvis, et après le mont
Tarvis la ligne de partage des eaux des Alpes julienne par
le col Predil, le mont Mangart, le Tricorno (Terglou) et la
ligne de partage des eaux des cols de Podberdo, de Pod-
laniscam et d’Idria. A partir de ce point, la frontière sui­
vra la direction du sud-est vers le Sclineeberg, laissant hors
du territoire italien tout le bassin de la Save et de ses tri­
butaires; du Schneeberg la frontière descendra vers la côte
de manière à inclure Castua, Mattuglia e Volosca dans le
territoire italien.
Art. 5. — L ’Italie recevra également la province de Dal-
matie dans ses limites administratives actuelles en y compre­
nant au nord Lisarica et Tribania, et au sud jusqu’à une
ligne partant sur la côte du cap Planka et suivant vers l ’est
les sommes des hauteurs formant la ligne de partage des
eaux de manière à laisser dans le territoire italien toutes
les vallées et cours d’eau descendant vers Sebenico, comme
la Cicola, la Kerka, la Butisnica et leurs affluents. Elle re­
cevra aussi toutes les îles situées au nord et à l’ouest de la
Dalmatie depuis Preinuda, Selve, Ulbo, Sclierda, Maon, Pa-
ACCORDO DI LONDRA 9
go et Patadura au nord, jusqu’à Meleda au sud en y com ­
prenant Sant’Andrea, Busi, Lissa, Lésina, Tercola, Curzola,
Cazza e Lagosta, ainsi que les rochers et îlots environnants
et Pelagosa, à l ’exception seulement des îles Grande et Pe­
tite Zirona, Bua, Solta et Brazza.
Seront neutralisées:
1) toute la côte depuis le cap Planka au nord jusqu'à
la racine méridionale de la péninsule de Sabioncello au sud,
de manière à comprendre toute cette péninsule;
2) la partie du littoral commençant au nord à un
point situé à 10 kilom. au sud de la pointe de Ragusa Vec-
chia descendant au sud jusqu’à la rivière Voïussa, dé ma­
nière à comprendre le golfe et les ports de Cattaro, Antiva-
ri, Dulcigno, Saint-Jean de Medua, Durazzo, sans préjudice
des droits du Monténégro résultant des déclarations échan­
gées entre le puissances en avril et mai 1909. Ces droits ne
s’appliquant qu’au territoire actuel monténégrin ne pourront
être étendus aux territoires et aux ports qui pourraient être
attribués au Monténégro. En conséquence, aucune partie
des côtes appartenant actuellement au Monténégro ne pour­
ra être neutralisée. Resteront en vigueur les restrictions con­
cernant le port d’Antivari auxquelles le Monténégro a lui-
même consenti en 1909;
3) et enfin toutes les îles qui ne sont pas attribuées à
l’Italie.
Note. — Les territoires de l’Adriatique énumérés ci-
dessous seront attribués par les quatre puissances alliées à
la Croatie, à la Serbie et au Monténégro.
Dans le Haut-Adriatique, toute la côte depuis la baie
de Volosca sur les confins de l’Istrie jusqu’à la frontière
septentrionale de la Dalmatie comprenant le littoral actuel­
lement hongrois et toute la côte de la Croatie, avec le port
de Fiume et les petits ports de Novi et de Carlopago, ainsi
que les îles de Veglia, Pervichio, Gregorio, Goli et Arbe. Et,
dans le Bas-Adriatique (dans la région intéressant la Ser­
bie et le Monténégro) toute la côte du cap Planka jusqu’ à
la rivière Drin, avec les ports importants de Spalato, Raguse,
Cattaro, Antivari, Dulcigno et Saint-Jean de Medua, et les
îles de Zirona Grande, Zirona Piccola, Bua, Solta, Brazza,
Jaclian et Calamotta. Le port de Durazzo resterait attribué
à l’Etat indépendant musulman d’Albanie.
Art. 6. — L ’Italie recevra l’entière souveraineté sur Va-
lona, l ’île de Sasseno et un territoire suffisamment étendu
pour assurer la défense de ces points (depuis Voïussa au
10 ACCORDO DI LONDKA
nord et à l’est, approximativement jusqu’ à la frontière sep­
tentrionale du district de Cliimara au sud).
Art. 7. — Si l’Italie obtient le Trentin et l ’Istrie con­
formément aux termes de l’article 4, la Dalmatie et les îles
de l’Adriatique dans les limites indiquées dans l’article 5
et la baie de Vallona (article 6) et si la partie centrale de
l ’Albanie est réservée pour la constitution d’un petit Etat
autonome neutralisé, elle ne s’opposera pas à ce que les
parties septentrionale et méridionale de l’Albanie soient,
si tel est le désir de la France, de la Grande-Bretagne et de
la Russie, partagées entre le Monténégro, la Serbie et la
Grèce. La côte à partir de la frontière méridionale de la
possession italienne de Vallona (voyez article 6) jvsqu’fu
cap Stylos sera neutralisée.
L ’Italie sera chargée de représenter l ’Etat d’Albanie
dans ses relations avec l’étranger.
L ’Italie accepte, d’ autre part, de laisser dans tous les
cas à l’est de l ’Albanie un territoire suffisant pour assurer
l’existence d’une frontière commune à la Grèce et à la Ser­
bie à l’ouest du lac d’Ochrida.
Art. 8. — L ’Italie recevra l’entière souveraineté sur les
îles du Dodécanèse qu’elle occupe actuellement.
Art. 9. — D ’une manière générale, la France, la Gran­
de-Bretagne et la Russie reconnaissent que l’Italie est inté­
ressée au maintien de l’équilibre dans la Méditerranée et
qu’elle devra, en cas de partage total ou partiel de la Tur­
quie d’Asie, obtenir une part équitable dans la région mé­
diterranéenne avoisinant la province d’Adalia où l’Italie a
déjà acquis des droits et des intérêts qui ont fait l ’objet
d’une convention italo-britannique. La zone qui sera éven­
tuellement attx-ibuée à l ’Italie sera délimitée, le moment ve­
nu, en tenant compte des intérêts existants de la France et
de la Grande-Bretagne.
Les intérêts de l’Italie seront également pris en consi­
dération dans le cas où l ’intégrité territoriale de l ’empire ot­
toman serait maintenue et où des modifications seraient fai­
tes aux zones d’intérêt des puissances.
Si la France, la Grande-Bretagne et la Russie occupent
les territoires de la Turquie d’Asie pendant la durée de la
guerre, la région méditerranéenne avoisinant la province d’A ­
dalia dans les limites indiquées ci-dessus sera réservée à l’Ita­
lie qui aura le droit de l’occuper.
ACCORDO DI LONDRA 11
Art. 10. — L'Italie sera substituée en Lybie aux droits
et privilèges appartenant actuellement au Sultan en vertu du
Traité de Lausanne.
Art. 11. — L ’Italie recevra une part correspondant à
ses efforts et à ses sacrifices dans l’indemnité de guerre éven­
tuelle.
Art. 12. — L'Italie déclare s'associer à la déclaration
faite par la France, la Grande-Bretagne et la Russie à l’effet
de laisser l’Arabie et les lieux saints musulmans en Arabie
sous l ’autorité d’un pouvoir musulman indépendant.
Art. 13. — Dans le cas où la France et la Grande-Bre­
tagne augmenteraient leurs domaines coloniaux d ’Afrique
aux dépens de l ’Allemagne, ces deux puissances reconnais­
sent en principe que l’Italie purrait réclamer quelques com ­
pensations équitables, notamment dans le règlement en sa
faveur des questions concernant les frontières des colonies
italiennes de l ’Erythrée, de la Somalie et de la Lybie et
des colonies voisines de la France et de la Grande-Bretagne.
Art. 14. — La Grande-Bretagne s’engage à faciliter la
conclusion immédiate, dans des conditions équitables, d’un
emprunt d’au moins L. 50.000.000 à émettre sur le marché
de Londres.
Art. 15. — La France, la Grande-Bretagne et la Rus­
sie appuieront l’opposition que l'Italie formera à toute pro­
position tendant à introduire un représentant du Saint-Siè­
ge dans toutes les négociations pour la paix et pour règle­
ment des questions soulevées par la présente guerre.
Art. 16. — Le présent arrangement sera tenu secret.
L ’adhésion de l’Italie à la déclaration du 5 septembre 1914,
sera seule rendue publique aussitôt après la déclaration de
guerre par ou contre l’Italie.
Après avoir pris acte du mémorandum ci-dessus, les re­
présentants de la France, de la Grande-Bretagne et de la
Russie, dûment autorisés à cet effet, ont conclu avec le re­
présentant de l’Italie, également autorisé par son Gouver­
nement, l ’accord suivant:
La France, la Grande-Bretagne et la Russie donnent leur
plein assentiment au mémorandum présenté par le Gouver­
nement italien.
12 ACCORDO DI LONDRA
Se référant aux articles 1, 2 et 3 du mémorandum, qui
prévoient la coopération militaire et navale des quatre puis­
sances, l’Italie déclare qu’elle entrera en campagne le plus
tôt possible et dans un délai qui ne pourra excéder un mois
à partir de la signature des présentes.
En foi de quoi les soussignés ont signé le présent accord
et y ont apposé leurs cachets.
Fait à Londres, en quadruple original, le 26 avril 1915.
B
MEMORIA DELLA DELEGAZIONE ITALIAN A
ALLA CONFERENZA DELLA PACE
(7 febbraio 1919)
LES REVENDICATIONS DE L ’ITALIE
SUR LES ALPES ET DANS L ’ADRIATIQUE (*)
Les pages qui suivent ont pour but d’exposer les reven­
dications de l’Italie pour ce qui concerne les territoires de
l ’ancienne Monarchie austro-hongroise. Elle mettent en lu­
mière l ’ensemble des raisons sur lesquelles se trouvaient fon ­
dées les Conventions réglant l’entrée en guerre de l ’Italie.
En faisant abstraction de ces Conventions, les revendi­
cations italiennes se présentent, dans cet exposé, animées
de tels éléments de justice, de légitimité et de modération
qu’elles entrent parfaitement dans le cadx-e des principes
énoncés par le Président Wilson et peuvent, par conséquent,
être reconnues par tous.
Certes, nos demandes signifient .l’adjonction à l ’ Etat
italien d’un certain nombre de citoyens d’origine et de lan­
gue différentes de la nôtre, mais ce phénomène se vérifie
dans une proportion bien plus grande dans des Etats déjà
pleinement constitués et il est sur le point d’être reconnu
et légalisé dans les Etats qui vont naître. Le fait est que
trop longtemps l ’idée de la coïncidence entre la constitu­
tion des Etats et les frontières, des nations a été méprisée.
Les Gouvernements nés sous les auspices de l ’équilibre des
forces grâce au traités de Westphalie, d’Utrecht, de Campo-
Formio, de Vienne avaient tout intérêt à détruire les ti­
tres des Nations pour mettre obstacle à leurs revendications
politiques; partant ils ont favorisé les infiltrations et les
apports de races étrangères au delà des limites que la na­
ture avait données aux Patries. En dépit de cela, le tort fait
à un peuple ne pourrait jamais devenir une source de droit
(*) Un sunto ne fu diramato dalla Stefani il 12 febbraio 1919.
14 MEMORIALE ITALIANO
pour ceux qui en ont pris la responsabilité vis-à-vis de l'His-
toire.
Si les Polonais pouvaient réaliser pleinement leurs as­
pirations nationales, ils engloberaient, par l’adjonction de
la Galicie, de Dantzig, de la Posnanie et des territoires
prussiens, 40 p. 100 au moins de populations d’origine
étrangère; les Tchèques, 30 p. 100, en Slovaquie, Bohême
et Silésie); les Roumains, 1" p. 100 (en acquérant la Tran­
sylvanie, la Bessarabie, la Bukovine et une portion du Ba-
nat); les Yougo-Slaves, 11 p. 100, puisqu’ils réclament en
dehors des frontières italiennes des territoires où les Slaves
forment un pourcentage minime de population; la France,
4 p. 100, et l’Italie, par la rédemption de ses frères, 3 p.
100 seulement. Pour ce qui concerne l’Italie, nous pouvons
exclure, à la lumière des précédents historiques, le danger
de la création d’« irrédentismes » qui ne peuvent découler
que d’injustices et de persécutions. Les citoyens de la val­
lée d ’Aoste qui parlent français, les Slaves du Natisone, les
Allemands des Sept-Communes ne se sont jamais aperçus
qu’il étaient soumis à une domination étrangère, car ‘cur
individualité particulière a été constamment respectée. L’ Eu­
rope n ’a jamais entendu une seule voix de protestation ou
de reproche prononcée par ces allogènes, vieux citoyens de
l’Etat italien, et, pour sûr, elle ne sera jamais troublée par
l’écho de dénis de justice infligés à Allemands ou Slaves
amenés par le changement d’Etat en deçà des nouvelles fron­
tières italiennes.
Lorsqu’on comprend de la sorte la coexistence de ci­
toyens de langues différentes, l ’on peut bien penser qu'el­
le est conforme au sens intime des principes wilsoniens exi­
geant la solution équitable des contestations territoriales,
ethniques et nationales longtemps disputées et l’égalité des
peuples, fondement nécessaire de la paix.
LES DEMANDES DE L’ iTALIE
L ’Italie, en entrant en guerre pour tenir tête à l’atta­
que des Empires centraux, se proposait aussi, comme buts
particuliers, de délivrer ses fils opprimés par l ’étranger et
de compléter la sécurité de ses frontières par terre et par
mer. A présent que la victoire est venue, une victoire à la­
quelle a contribué par un effort qui peut soutenir sans crain­
te toute comparaison avec celui de n’importe lequel de ses
Alliés, l’Italie formule ses demandes sur la base de ces prin­
cipes qui ont dicté sa décision de prendre part au conflit
du côté de l’Entente contre ses alliés de jadis. Ces princi­
MEMORIALE ITALIANO 15
pes, si l ’on veut concilier autant que possible les buts na­
tionaux avec les sûretés nécessaires, peuvent être formulés
par la revendication d’une frontière terrestre qui est celle
des Alpes, en embrassant le Haut Adige, le Trentin, la Vé-
nétie Julienne et par l’amélioration indispensable de la si­
tuation de l’Italie dans la mer Adriatique afin de la tirer
de cet état d’infériorité absolue et dangereuse qui lui a été
imposée Jusqu’ à présent. Ces revendications ne sont pas
pour nuire aux aspirations légitimes des nouveaux Etats qui
trouvent un débouché sur cette mer.
Les demandes de l’Italie, en tant qu’elles se fondent
essentiellement sur le principe de nationalité, n’ont pas be­
soin d’être développées d’une façon spéciale. Ses demandes
qui visent à lui garantir son avenir, indépendamment de l’at­
titude que pourront avoir dans le présent ou dans le futur
les Etats avoisinants, ne sont pas moins concordantes avec
les principes qui ont réglé l’action des Puissances alliées et
associées, et cela même si elles s’écartent partiellement de
l ’application rigoureuse de la formule ethnique. Il est en
effet évident que la Société des Nations, vers laquelle ten­
dent nos voeux, aura des racines d’autant plus solides et du­
rables que chaque peuple se sentira mieux garanti contre
tout danger extérieur et contre toute violence, et que la
possibilité même de menaces de la part de l’étranger sera
plus sûrement écartée par des moyens aussi absolus que les
obstacles physiques.
Les demandes de l’Italie à cet égard ne constituent au­
cune menace pour les autres, elles tendent seulemnt à pré­
venir les menaces des autres qui pourraient être dirigées con­
tre elle. Ce n’est qu'ainsi que l’Italie, délivrée de toute
préoccupation, pourra appliquer dans la pratique cette ré­
duction des armements qui doit être pour l’humanité le ré­
sultat le plus bienfaisant de la nouvelle organisation qu’at­
tend le monde.
LA FRONTIERE DES ALPES SEPTENTRIONALES
Dans les Alpes, la nouvelle frontière que l’Italie doit
atteindre correspond dans son ensemble à la ligne tracée
au moment de l’armistice entre les Puissances alliées et as­
sociées et l’Autriche-Hongrie, le 3 novembre 1918. Prenant
racine au Piz Umbrail, au Nord du col du Stelvio, cette li­
gne accompagne la crête des Alpes Réthiques jusqu’aux
sources de l’Adige et de l’Isarco, en passant par le col de
Reschen, le Brenner et les massifs de l’Oetz et du Ziller.
De là, elle se dirige vers le Sud en atteignant les monts de
16 MEMORIALE ITALIANO
Dobiaco (Toblach) et se relie aux Alpes Juliennes. Nous
avons là, dans les Alpes, une véritable frontière géogra­
phique dans la ligne de partage des eaux. Cette frontière est
la seule qui puisse être constituée par un obstacle réel con­
sistant dans un mur de rochers. Ce mur imposant a toujours
été considéré comme la limite de l ’Italie; car il a la valeur
d ’une garantie nécessaire et suffisante, il barre les passages
parcourus par deux grandes voies de communication, il con­
sent aux habitants des hautes vallées la faculté de descendre
vers le plaine selon leur mouvement naturel; il se déroule
enfin sans le moindre artifice suivant des échelons successifs
qui peuvent être précisés les uns après les autres d’une fa­
çon nette et incontestable. Pour sûr le développement na­
turel de cette ligne nous amènerait jusqu’aux hauts Tauern
et devrait les comprendre; mais l’Italie se laisse diriger par
la préoccupation de ne rien demander au delà de ce qui
est requis comme indispensable par les lois de sa propre dé­
fense, L ’Italie donc coupe cette ligne à partir du Pic des
Trois Seigneurs, dans le massif du Ziller, en suivant, à par­
tir de là, la direction du Midi evrs le Hoch-Gall. La fron­
tière ainsi réduite passe ensuite le long des cimes du Kreutz-
spitz et du Hochhornspitz pour se relier à Cima Vanscuro
aux Alpes Carniques au delà de la vallée de Sexten qu’elle
comprend tout entière avec Innichen. A partir de Cima Van­
scuro, la nouvelle frontière, se tenant toujours sur le pina­
cle des Alpes Carniques, suit, jusqu’au Mont Lodin, l’an­
cienne limite politique du royaume d’Italie.
L ’importance stratégique du Haut-Adige a toujours été
reconnue, puisque dans la vallée supérieure de l’Adige trou­
vent leur naissance toutes les routes qui ont servi aux inva­
sions allemandes vers l’Italie. Même si l’Italie avait Trente,
les Allemands tiendraient encore là-haut les portes d’Italie.
L’Italie est obligée d’arriver bien au delà de Bolzano pour
empêcher les Allemands de dominer tout le côté italien des
Alpes, grâce à la jonction des deux grandes lignes de che­
mins de fer qui ont franchi les Alpes au Brenner et à D o­
biaco. Le général autrichien Kuhn l’a écrit: « Si les Ita­
liens veulent défendre Venise, ils doivent s’emparer du Tv-
rol méridional jusqu’ au Brenner ».
Toute autre ligne de frontière plus en arrière ne signi­
fierait qu’une amputation artificielle et imposerait des ar­
mements coûteux en contraste avec les principes dirigeants
de la paix que l’on prépare. La ligne proposée assure, au
contraire, un même sentiment de tranquillité au peuple qui
habite au Nord, car la nature âpre du terrain sans routes
ôte toute possibilité d’opérations militaires de quelque en­
MEMORIALE ITALIANO 17
vergure soit du côté nord, soit du côté sud. Cette frontière
du Brenner est donc dictée par la nature, par la vie des deux
peuples et par les raisons suprêmes de la sûreté et de la
paix. Elle place les deux peuples voisins dans un état d'éga­
lité parfaite à tous les points de vue. Elle nous ramène à la
nature et, quisqu’elle s’identifie avec la réalité, elle a un
caractère définitif.
En ne perdant pas de vue la nécessité et la convenance
suprême d’une telle frontière, l ’on voit que l ’inclusion de
presque 200.000 habitants de langue allemande n’a plus de
portée. Si même l ’on fait abstraction des rapports qui ont
toujours existé, au cours de l’histoire, entre ce pays et l’Ita­
lie, rapports dont témoignent les monuments et des souve­
nirs ineffaçables et qui sont sanctionnés sous le double as­
pect politique et militaire par l’annexion au royaume d’Ita­
lie sous Napoléon, l ’on 11e saurait oublier que la physiono­
mie ethnique que présente le Haut-Adige à l’heure qu’il est
11’est que le produit de superpositions forcées et d’invasions
étrangères, dans un bassin qui, à la lumière de la géogra­
phie, de l’histoire et de l’économie politique, apparaît net­
tement italien. Encore au commencement du XIXe siècle,
l'élément italien prédominait non seulement au sud de la
frontière napoléonienne, mais dans toute la vallée Venosta
et dans une portion des districts de Bressanone et de Sterzing.
La vallée de Badia est encore italienne aujourd’hui et dans
l’ensemble au moins 45.000 Italiens vivent toujours dans le
Haut-Adige proprement dit. Mais, même si l ’on fait abstrac­
tion de tout ce qui précède, la conclusion ne s’en impose
pas moins que le territoire placé entre la frontière politique
antérieure à la guerre et celle requise aujourd’hui, c’est-à-
dire le pays de Trente et du Haut-Adige, qui constitue une
même unité géographique, est habité dans son ensemble par
une popidation de 600.000 âmes, dont 420.000 (380.000
d’après les statistiques autrichiennes elles-mêmes) sont de
langue italienne. Dans le cas même où tant de raisons de
défense et de sûreté ne pourraient être avancées en faveur
de l ’inclusion du Haut-Adige dans le royaume d’Italie, le
fait de la supériorité numérique de la population italienne
(en raison de presque 70 p. 100) dans un pays indivisible
pour des raisons péremptoires exigerait que le tout fût relié
à son milieu naturel économique et national.
La frontière destinée à l’Italie s’éloigne de nouveau de
celle d’avant-guerre aux environs du Mont Lodin, pour sui­
vre la pinacle des Alpes et embrasser en premier lieu la
conque de Tarvis, pivôt de toutes les lignes qui aboutissent
au Tagliamento et par là, clef de la défense de la porte
2
18 MEMORIALE ITALIANO
orientale de l’Italie, centre de ralliement de chemins de fer
de grande envergure et centre principal des routes qui s’ou-
vrent vers les trois chaînes de montagnes: les Juliennes, les
Carniques et les Caravanques. Le nom de Terviso (Trois
Visages) lui vient probablement de ce que le passage est
ouvert dans trois directions ainsi que Napoléon put en faire
l ’expérience lorsque, voulant assurer la défense du Frioul
et de l’Italie, il souda la haute vaullée du Fella avec Weis-
senfels à Tarvis et à tout son royaume italien. Des raisons
découlant de considérations économiques s’ajoutent à cel­
les d’ordre militaire pour recommander une solution qui
seule peut rendre viable la communication directe entre la
vallée du Fella et la haute vallée de l’Isonzo par un chemin
transversal de 17 kilomètres (au lieu de 150). A cette recti­
fication l’on ne peut certes pas faire des objections de carac­
tère ethnique, car la population de cette bande de territoi­
re est seulement, de 5,800 âmes, à vrai dire surtout des Alle­
mands.
LA FRONTIERE TERRESTRE ORIENTALE
11 faut suivre aussi dans le territoire de la Vénétie Ju­
lienne ces mêmes indications que nous offrent la nature et
l’histoire, si l’on veut rectifier la faute inique par laquelle
l’Italie fut obligée, en 1866, de recevoir comme frontière du
côté de l’Autriche la ligne tout à fait artificielle établie par
le Gouvernement de Vienne entre deux de ses circonscrip­
tions administratives: le royaume Lombardo-Vénitien et la
province vénitienne du Littoral. Pour tracer la nouvelle fron­
tière de l’Italie il faut arriver à la ligne de partage des Alpes
Juliennes, jusqu’au golfe de Quarnero, en obéissant aux mê­
mes idées directrices de séparation géopraphique, de défense
naturelle, de tradition historique, de rachat des populations.
Les géographes de tous les pays et de toutes les époques
ont placé sur les Alpes Juliennes les frontières de l’Italie. La
région vénéto-julienne a suivi un développement historique
comparable à celui de toutes les autres parties de la péninsule
italienne, avec cette seule différence que le mouvement de
réintégration du territoire national qui a regroupé l'Italie
dans un seul système politique avait été incapable jusqu’à
présent de racheter ces régions extrêmes de la patrie ita­
lienne, de même que Venise était restée irrédimée jusqu’en
1866 et la Lombardie jusqu’en 1859. Si l’on remonte de la
mer à la montagne, on retrouve à chaque pas les traces de
Rome et de Saint-Marc, se rattachant encore à présent à la
vie du peuple et dont les moeurs, l’état d'âme sont dominés
MEMORIALE ITALIANO 19
par le caractère italien, même dans les villages où <ans le
cours des siècles la composition ethnique de la population a
été métissée par des infiltrations étrangères. Dans ces pays-là,
il s’ agit vraiment d’appliquer le mot de Renan qui a défini
l’existence quotidienne du peuple « un plébiscite de chaque
jour », car la constance dans le sacrifice qui ne s’arrête pas
même devant les épreuves du martyre offre dans des do­
cuments d’une grande éloquence le témoignage du consente­
ment harmonieux et instinctif de cette région à tout le mou­
vement séculaire, de pensée et d’ action, pour la délivrance
et l'unité de l’Italie, but permanent d’un peuple qui tendait
sans cesse à se réunir, à la faveur d’une occasion convoitée,
aux frères déjà rédimés. Le Gouvernement autrichien a été
obligé, le jour même de la proclamation de l’état de guerre
avec l’Italie, à dissoudre tous les corps électifs dans les mu­
nicipalités de la Vénétie Julienne, en reconnaissant par là
que les Italiens s’identifiaient avec les ennemis irréductibles
et menaçants de son existence d’ État intrus et oppresseur.
Dès que le mouvement de dissolution de cet État eut con­
traint les Gouvernements de Vienne et de Budapest à pro­
mettre à leurs peuples le droit de disposer d’eux-mêmes, im ­
médiatement à Gorizia et à Trieste comme dans le Trentin,
dans toute l ’Istrie et à Fiume, les populations, en dépit de
toutes les persécutions, les souffrances, les condamnations à
l’internement infligées même aux vieillards, aux femmes et
aux enfants, se levèrent pour chasser les représentants du
pouvoir austro-hongrois. Elles se trouvèrent d’accord pour
proclamer l ’annexion au royaume d’Italie, tandis que les
troupes encore armées occupaient le territoire avant la de­
mande et la signature de l’Armistice, sans attendre que les
forces de l’Italie et des Alliés fussent en mesure de protéger
l’insurrection. De la sorte, la Vénétie Julienne, n’obéissant
qu’à la voix de son instinct, « se jetait en pleurant de joie
au cou de sa mère retrouvée », pour employer les mêmes
mots que le Président Poincaré a appliqués à l’Alsace.
Le mouvement de 1’« irrédentisme » italien prit nais­
sance le jour même où le Traité de paix de 1866 n’accom­
plit que partiellement le rite expiatoire pour cet acte de
grande violence politique qui, signé à Campo-Formio, fut
confirmé par le Congrès de Vienne. Si l’on veut donner de
nouveau la paix à l’Europe centrale et à l’Adriatique, il est
indispensable de reprendre l’effort interrompu en 1866, de
déchirer le dernier lambeau qui subsiste du Traité de Vien­
ne par lequel l’Italie a été privée d’une partie de ses enfants
et la sûreté de sa frontière vers l’Adriatique a été com pro­
mise sur terre et sur mer. Pour parvenir à ce résultat néces-
20 MEMORIALE ITALIANO
6aire, la frontière du royaume d’Italie doit être, en premier
lieu, ramenée a la ligne de partage des Alpes Juliennes qui,
par 3e Moistrovka, à l'est dit Manhard, le Tricorne, les cols
d’Idria et de Nauporto, dévale le long d’une série de coupes
massives, selon le tracé de la carte ci-jointe, en se modelant
ensuite sur la ligne naturelle qui sépare les eaux entre le
Quarnero et le Canal du Maltempo, près de la côte de Croa­
tie. L ’on rejoint ainsi la mer en face de l’île de Veglia là
où des récifs ont gardé le nom fatidique de Saint-Marc.
La description de la frontière n’ a pas même besoin de
commentaires là où de très minces variations sont apportées
à la ligne d’ensemble tracée par le Convention de Londres,
car il ne s’agit que de préciser et d’interpréter quelques
points douteux. Ce n’est qu’avec cette frontière que l’on peut
fermer la porte orientale de l’Italie, que l ’on peut barrer les
routes qui ont été nommées à bon droit les routes des barba­
res. Du reste, il ne s’agit que d’appliquer du côté de l’Orient
les mêmes principes qui vers le Nord placent la frontière de
l ’Italie au col du Brenner. Le territoire vénéto-julien était
morcelé jusqu’ici entre six provinces de la monarchie austro-
hongroise. Le bassin de l’Isonzo s’appelait la « Comtée prin-
cière de Gorizia et Gradisca » ; Trieste avec son territoire
constituait une province en elle-même « fief immédiat de
l ’Empire » ; le « Margraviat d’Istrie » était composé de la
péninsule istrienne et des îles du Quarnero. La plus grande
partie de l ’intérieur du Carso avait été agrégée à la Carniole,
tandis que la ville de Fiume, avec son district, faisait partie
de la Couronne de Hongrie à titre de « Corps séparé », et le
triangle entre Fiume, le col de Polizza et le rocher de Saint-
Marc avait été annexé à la Croatie. Mais la nature, tout au
contraire, avait fait de la Vénétie Julienne un tout géogra­
phique clairement défini. Si l’injustice du sort, sortout dans
le dernier siècle, en a démembré la possession sans le moindre
égard à la volonté et aux intérêts des habitants, en jetant les
semences de conflits extérieurs et intestins, il faut redonner
libre cours ici encore à la nature des choses, reconstituer
l’unité politique du pays et reconnaître qu’il appartient à la
formation étatique italienne, selon les revendications natu­
relles, historiques et économiques. Les centres les plus im ­
portants de la Vénétie Julienne, Gorizia, Trieste, Pola, Fiu­
me, sont des villes italiennes et non seulement dans leur
passé, mais dans l ’immense majorité de leur population
actuelle, certifiée par les statistiques officielles elles-mêmes du
Gouvernement autrichen et du Gouvernement hongrois. Les
villes et les bourgs de moindre importance sont italiens, ainsi
que de vastes étendues de la campagne dont des attaches
MEMORIALE ITALIANO 21
indestructibles lient l’existence économique et civile à celle
des villes avoisinantes. Les adversaires de la cause de l’Italie
eux-mêmes ne se risquent pas à soutenir que la Vénétie Ju­
lienne puisse être démembrée encore une fois de façon à at­
tribuer quelques parties plus intérieures de son territoire à
un État autre que celui qui aura les centres plus importants
placés la plupart le long des côtes. Puisque ces centres, soit
sur la côte, soit à l ’intérieur des terres, sont tous italiens sans
contestation possible et dominent la vie morale et matérielle
de la région tout entière, ce n’est qu’à l’Italie que l’on pour­
rait reconnaître la possession de tout le pays et plus encore
que par les motifs supérieurs de sa défense vers l’Orient, de
son histoire, de sa civilisation, en force surtout des lois qui ré­
gissent la vie économique de l’endroit et pour sauvegarder le
bien-être de sa poulation de n’importe quelle origine. Même
en laissant de côté les sûretés miliaires et les nécessités géo­
graphiques, une ligne de frontière transactionnelle qui ne
soit pas fondée sur des données territoriales très précises ne
saurait résoudre dans aucun cas la lutte de races que semble
menacer aux yeux de quelqu’un l'annexion des minorités slo-
vènes et n ’aurait, d’ autre part, la moindre valeur économique
permanente. Les débouchés naturels des zones de montagne
devenues slaves, et très peu peuplées d’ailleurs, ne sont au­
tres que la plaine de Venise et du Frioul et les ports italiens
de la région vénéto-julienne de Trieste à Fiume. Supposons
un istant que ces zones, où actuellement les Slaves sont les
plus nombreux, fussent reliées à un autre État que l’Italie:
elles deviendraient les noyaux de forces nationalistes exaspé­
rées dans un sens opposé aux Italiens, car leur tendance iné­
vitable les ramènerait à la mer vers laquelle elles exerce­
raient, avec toute leur énergie, avec le secours aussi des
régions intérieures slovènes et croates, une pression mena­
çante. Les pays italiens de frontière vivraient alors dans une
agitation perpétuelle et les deux États voisins dans une ten­
sion ininterrompue. Au contraire, si la frontière italienne
embrassait tout le territoire en deçà des Alpes, y compris les
fragments où les Slaves habitent et même prévalent entière­
ment, il n’y aurait aucun danger d’un irrédentisme slave,
empêché de se développer par un régime éclairé des minori­
tés ethniques. Cette solution est la seule qui puisse éviter
ou rendre inoffensif et, partant, éteindre aux premières étin­
celles tout mouvement de désannexion slave qui serait créé
par une frontière artificielle sous la pression des nécessités
économiques sauvegardées dans l’intérêt des Slaves cisalpins,
ainsi qu’il leur est arrivé jusqu'ici dans les agglomérations
urbaines et dans les ports italiens de la côte sous la protec­
MEMORIALE ITALIANO
tion du régime italien. Une fois que l’indivisibilité de la terre
et l’obligation où l’on est d’en faire le rempart oriental de
l’Italie à la ligne des Alpes auront été proclamées, peu im ­
porte pour la valeur de la revendication formulée par l’Italie
le nombre des habitants parlant une autre langue qui pour­
ront se trouver ou mêlés comme minorité ethnique aux Ita­
liens dans quelques districts ou même constituant la majorité
dans quelques parties extrêmes de la région. La raison, l’as­
pect et la portée de pareils phénomènes sur les marges terri­
toriales d’autres unités nationales qui n’en sont pas pour cela
amoindries ou brisées ont trouvé plus haut leur explication.
De toute façon, l’on ne saurait accepter des impressions faus­
ses quoicpie répandues et il faut tirer au clair que la Vénétie
Julienne n’est qu’une partie, détachée récemment par une
violence politique, de l’ensemble géographiquement uni de
la Vénétie qui, sur 3.600.000 habitants, n ’héberge qu’un peu
plus de 400.000 Slaves. Si l’on restreint le calcul à la région
qui a été jusqu’ici séparée du royaume (Vénétie Julienne),
les statistiques officielles autrichiennes témoignent l’existence
dans l’ensemble de la région vénéto-julienne de 482.000 Ita­
liens (y compris les citoyens du îoyaume) vis-à-vis de 411.000
Slaves (Slovènes et Croates).
L ’on doit encore remarquer que tous les Italiens, sans
en excepter l’immense majorité de ceux qui étaient citoyens
du Royaume, sont d’origine locale et nés dans le pays même,
tandis que les Slaves, surtout dans les villes, n’y sont arrivés
que très récemment dans leur très grande majorité à la suite
d’une immigration expressément organisée avec visées poli­
tiques. A cela il faut encore ajouter que les recensements
officiels ont modifié l ’état réel des choses au détriment des
Italiens, ainsi que l’a reconnu une déclaration explicite de
la Commission centrale autrichienne de statistique, qui ad­
mit l’artifice des méthodes employées dans certaines révisions
atrificielles du dernier recensement. Après cela, sans s’ attar­
der dans des exemples et des démonstrations détaillées, il
faut admettre que le rapport entre les nationalités dans toute
la Vénétie Julienne est en fait bien plus favorable aux Ita­
liens qu’il n’apparaît par les statistiques officielles qui déjà
ont dû en montrer l’aspect en prévalence italien. Tel qu’il
est, l’état de fait est entièrement à l’appui du droit des Ita­
liens fondé sur les raisons géographiques et historiques et sur
la prédominance dans la vie civile et économique. Même en
laissant de côté les souvenirs de l’activité politique locale, il
nous suffira de rappeler que, dans les trois provinces de
Trieste, de Gorizia et Gradisca et de l’Istrie (dans lesquelles
les statistiques officielles ont dénombré 44 .p. 100 de popu­
MEMORIALE ITALIANO 23
lation italienne, 32 p. 100 de Slovènes et 20 p. 100 de Croates)
les Italiens ont en main l’administration de municipalités qui
embrassent 70 p. 100 de toute la population de la Vénétie
Julienne. Or, la vie communale, qui constitue la base essen­
tielle et traditionnelle de la vie publique, est organisée selon
un système électoral largement ouvert à toutes les couches
populaires. Sous le même régime, les municipalités, ayant à
leur tête une administration slave ne comptent que le 30
p. 100 de la population réunie des trois provinces. Trieste
est gouvernée par un conseil, tenant, de même, lieu de diète,
de 80 membres, dont 68 étaient Italiens, et de même dans
l ’Istrie et dans le Comtat de Gorizia, les règlements électo-
raux façonnés par le Gouvernement avec la préoccupation
de favoriser les Slaves n’avaient pu empêcher les Italiens de
garder la majorité dans les diètes provinciales. Il suffit de ces
quelques manifestations plus importantes dans la vie politi­
que de la Vénétie Julienne pour démontrer que les Italiens
constituent, en dépit des statistiques officielles, la grande
majorité de la population, ou encore qu’une bonne partie
des Slaves, bravant les pressions et les agitations des adversai­
res, s’inclinent devant la supériorité des Italiens, en appré­
ciant les avantages, voir même la nécessité, de la cohabita­
tion avec les éléments italiens, en parlent la langue et en
acceptent le programme politique qui, à vrai dire, n ’a ja­
mais été caché par le parti italien, même dans les luttes
pour les administrations locales. L ’importance singulière de
ces données se trouve augmentée lorsqu’on tient compte de
la tâche de persécution nationale poursuivie par tous les
moyens — et surtout pendant les derniers cinquante ans —
par le Gouvernement de Vienne contre la population ita­
lienne. Contrairement aux lois constitutionnelles, celle-ci se
vit constamment refuser des écoles soit inférieures, soit m o­
yennes ou supérieures, tandis que les Slovènes et les Croates
(comme prix de leur fidélité inébranlable à la Monarchie,
confirmée par la motion du mois de mai 1917 au Parlement
Autrichien, et par l ’effort militaire soutenu jusqu’au mois
d’octobre 1918) gardèrent toujours une situation de faveur et
de privilège au sein même des villes nettement italiennes.
LA DEFENSE DE L ’ ADRIATIQUE
Grâce à la nouvelle frontière fixée sur les Alpes Julien­
nes, qui renferme dans les limites du royaume la côte de
l’Istrie jusqu’à Fiume, y compris Pola, l’infériorité de l’Ita­
lie dans la mer Adriatique, qui lui avait nui si profondé­
ment et au détriment de la paix générale de l’Europe, ya
24 MEMORIALE ITALIANO
être diminuée, mais pas encore éliminée. Pour compléter
la réparation de ces dommages en mettant de côté les dan­
gers qui la menaçaient, l'Italie doit avoir une part conve­
nable des côtes et des îles de la Dalmatie.
A partir du moment dans lequel, au lendemain de la
chute de Venise, l’Istrie et la Dalmatie ont été livrées à l’Au­
triche et l’unité naturelle de la mer Adriatique a été émiettée
dans des partages militaires et politiques, ce problème est là
clair et précis dans toute sa gravité menaçante. Les jeunes dé­
mocraties que le génie de la Révolution française avait fait
naître en Italie en ont été tourmentées; Napoléon lui-même
en a eu le remords lorsqu’il a essayé de réparer à Presbourg
la faute de Campo-Formio, la réaction germano-viennoise
s’en fit un cauchemar dès qu’elle voulut river sur le rivage
d’en face les boulons des chaînes qui tenaient l’Italie. Mais
les penseurs et les hommes d’Etat en eurent la révélation bien
nette, non moins d’ailleurs que les peuples et les soldats
d’Italie, qui ne furent empêchés que par des malheurs et des
fautes, jusqu’à Lissa et au congrès de Berlin, dans leur sou­
ci d’assurer le sort de l’Italie et la paix du monde. Les
temps et les conditions ont changé et l’Italie est en mesure
de modifier son postulat adriatique. Désormais, elle n’a plus
besoin de la maîtrise absolue de cette mer, mais elle peut
se contenter de demander que sa liberté soit reconnue sans
penser à exclure de la possession des côtes adriatiques la
nouvelle organisation yougo-slave. Toutefois elle doit deman­
der pour elle rien de plus et aussi rien de moins de ce qui
peut lui suffire pour la garantie de sa tranquillité et pour la
mettre à l’abri des menaces d’autrui. Si l’Italie fait cela,
elle ne s’oppose certes pas aux lois de la géographie et de
l’histoire, ni aux principes de nationalité et d’économie pu­
blique. Tout au contraire. La Dalmatie tout entière du temps
de Rome et de Venise a été unie à l’Italie pour son propre
bonheur et pour la paix du monde. Le Gouvernement Au­
trichien lui-même a considéré la Dalmatie jusqu’en 1866
comme un territoire italien tel que la Lombardie et la Vé-
nétie. Il n’y a qu’ à lire les textes de géographie que ce gou­
vernement faisait étudier dans des écoles de guerre.
Les conventions négociées à la veille de l’entrée en guer­
re de l’Italie se proposaient au contraire de lui garantir seu­
lement telle portion des îles et du continent de la Dalmatie
qui pût être considérée suffisante à éliminer tous les dan­
gers et toutes les menaces. Ce ne fut qu’un compromis.
Mais il faut encore montrer à quel point de modéra­
tion arrive le compromis auquel l’Italie s’était adaptée en
1915. D'abord ce compromis ne comprenait pas Spalato,
MEMORIALE ITALIANO 25
l’ancienne ville qui renferme les témoignages les plus écla­
tants de la latinité et que, pourtant, pourrait et devrait y
être ajoutée. De 12.385 kilomètres carrés que comporte la
Dalmatie, l’Italie n’en obtiendrait que 6.326, c’est-à-dire la
moitié à peine; mais des 645.000 habitants que compte la
population de la Dalmatie, 287.000 seulement seraient ci­
toyens italiens (le 44 p. 100) et l’Italie n’obtiendrait que
117 lieues (le sixième) de la côte continentale qui se dé­
veloppe de Fiume aux embouchures de la Boiana, tandis que
les Slaves en obtiendraient 647. Cela revient à dire que les
Yougo-Slaves auraient sur le rivage oriental d e -l’ Adriatique
une ampleur côtière six fois plus grande que celle consen­
tie à l’Italie et en même temps ils garderaient plus que la
moitié de la population et la moitié de l’extension super­
ficielle du continent et des îles de la Dalmatie. Si l’on pense
qu’en 1909 des écrivains serbes officieux considéraient suf­
fisante à garantir l’indépendance de la Serbie une extension
côtière sur l’Adriatique de 5 kilomètres entre Raguse et Cat-
taro, on ne pourra empêcher de reconnaître la modération
des aspirations de l’Italie et sa libéralité vis-à-vis des peuples
avoisinants. En effet non seulement ils pourraient obtenir les
ports de la côte croate (Buccari, Porto Re, Segna, etc.), mais
on leur attribuerait les plus grands ports de la Dalmatie.
Pour ce qui concerne le point de vue national, le ter­
ritoire dalmate garanti à l’Italie par les pactes compte en­
viron 280.000 habitants dont les statistiques officielles autri-
ciennes ne reconnaissent que 12.000 comme Italiens, mais
vous avez là le résultat de la plus cruelle violence que
puisse enregistrer l’histoire politique de l’Europe dans le cou­
rant du siècle dernier. L’Autriche en Dalmatie ne s’est abs­
tenue d’ aucune supercherie et elle a eu même recours à la
violence lorsque après 1866 elle voulut empêcher la résur­
rection de tout mouvement d’annexion à 1 Italie, et après
1878 et 1882 elle eut besoin de supprimer l’élément italien
pour réaliser ses plans balkaniques. A la rigueur, l ’on pour­
rait bien mettre en ligne de compte l’origine illyrico-romai-
ne des « Morlaques », nettement distincts des Slaves et plu­
tôt apparentés aux Albanais. Or ils constituent presque un
tiers de la population de la Dalmatie. Mais même en vou­
lant oublier ces souvenirs, et en relevant impartialement les
résultats des statistiques scolaires, des consultations électo­
rales, des différentes manifestations de la vie sociale, l’on
aboutit à donner un portrait de la nationalité de la popula­
26 MEMORIALE ITALIANO
tion dalmate incluse dans les limites assignées à l’Italie tout
autre que celui que voudraient nous apprendre les statisti­
ciens viennois. Non moins de 50.000 Italiens de nom, de
fait, d’opinion y habitent, mais les 4/5 furent supprimés
par des recensements inexacts; au moins 15.000 soi-disant
Slaves se déclarant tels par opportunisme politique ignorent
le slave, et, ne le parlant pas, emploient dans leur usage
familier exclusivement la langue italienne. Plus de 100.000
Slaves possèdent et parlent couramment l’italien, n’ont ja ­
mais pu ni ne peuvent se passer de la cohabitation avec
les Italiens, qu’ils verront d ’un oeil favorable dès qu’ils se­
ront délivrés des agitations étrangères. Enfin guère plus de
100.000 Slaves vivant dans les campagnes n’emploient pas
l’italien et pourraient soustraire leur vie à l’influence de
l’Italie; mais eux non plus, remarquez-le bien, pas même à
présent sous la pression d’agitations déchaînées sans frein de­
puis des dizaines d’années, ne manifestent la moindre hos­
tilité réelle vis-à-vis des italiens des villes et des villages le
long de la côte, population italienne dont ils ont toujours
reconnu la supériorité civile et économique. La vitalité de
l’élément italien sur la côte dalmate est malgré tout en­
core telle que les Croates eux-mêmes doivent déplorer pu­
bliquement dans leurs journaux que le visiteur de la Dalma-
tie ne peut qu’en rapporter une impression tout autre que
celle qu’ils voudraient, c’est-à-dire l’impression d’une terre
italienne. Ils reprochent alors aux Dalmates l’habitude
« honteuse » de parler l’italien. Comment pourrait-il en être
autrement dans un pays où seule la violence employée par
le Gouvernement autrichien a pu priver les Italiens de leur
représentation parlementaire, qui en 1869 comptait sept
députés italiens et deux slaves, et de la majorité dans la
Diète de la province, qui dans les premières élections de
1861 était de trente députés italiens contre treize slaves?
Néanmoins cette même violence fut impuissante à entamer
le caractère italien de Zara, qui s'affirma triomphalement
dans la municipalité entièrement italienne, à empêcher que
par exemple la Chambre de commerce des districts de Zara
et de Sebenico fût italienne et le collège des contribuables
les plus imposés dans ces mêmes districts envoyât sans lutte
à la Diète toujours des députés italiens, témoignage évident
que l’activité de l’industrie et du commerce et de la pro­
priété terrienne sont encore et toujours, justement dans le
territoire assigné à l’Italie, dans les mains des Italiens. Vous
MEMORIALE ITALIANO 27
avez là une preuve, tirée du domaine économique, de la
persistance de cette vie italienne, historique et sentimen­
tale, qui lors de l’occupation italienne, le lendemain de l ’Ar-
mistice, s’est montrée par des manifestations si éloquentes et
émouvantes, par des invocations si spontanées et si insis­
tantes.
Mais supposons même que les droits historiques et la
réalité de la vie nationale ne soient pas tels qu’ils sont,
tout autres que ce qu’ont voulu les faire apparaître les Au­
trichiens pour favoriser les Slaves. Il resterait toujours que
l’Italie ne pouvait sans compromettre son avenir renoncer
à un minimum de possession dans la Dalmatie. Nous ne sau­
rions nous laisser entraîner trop loin par l ’examen du pro­
blème stratégique de la mer Adriatique, mais nous donne­
rons seulement un coup d’oeil à la carte qui en précise les
points fondamentaux, apparus dans la guerre récente sous
un jour tragique. Une magnifique barrière de récifs et d’îles
s’avance devant la côte orientale pour protéger la terre fer­
me et couvrir les voies de communication qui sillonnent la
côte. En face est le rivage occidental, peu ou point élevé,
sans défense, exposé à toutes les attaques. D ’un côté il est
loisible de naviguer le long des côtes quel que soit le vent
qui souffle; mais de l’autre nul abri, donc une navigation
qui devient facilement dangereuse. Là des ports et des rades
profondes, qui permettent de jeter l’ancre où que ce soit; ici
absence complète d’escales, grand'peine à s’assurer des hal­
tes ou des refuges. Chaque point de la côte orientale, qui est
élevée, offre un point d’observation excellent, tandis que les
terres basses du rivage opposé (à l’exception du Gargano et
du Concro) ôtent toute possibilité de surveiller les eaux pro­
fondes. On peut attaquer la flotte italienne sans être vu,
sortant de la couverture des îles dalmates, qui permettent
de transporter à plaisir les bateaux du Nord au Sud et en
sens invers dans tout le trajet Pola-Cattaro (c’est-à-dire dans
la plus grande partie de l’Adriatique) et toujours à l’ abri des
embûches des mines et des sous-marins. Au contraire, dès
qu’on abandonne Brindisi on est à la merci de la marine
qui tient la côte opposée et qui demeure maîtresse de guet­
ter et de suivre l’adversaire, le tenant en son pouvoir jus­
qu’à Venise.
Un ennemi qui aurait dans son domaine exclusif la por­
tion centrale du rivage dalmate entre Zara et Spalato, avec
le port militaire de Sebenico, et qui en même temps serait
28 MEMORIALE ITALIANO
le maître des îles, aurait à chaque instant le loisir de faire
de la pleine mer Adriatique le théâtre d’une bataille navale.
Dans ce cas la flotte italienne, qui devrait en partie arriver
de Venise, en partie de Brindisi, se trouverait exposée à
voir contre une partie seulement de cette force tout le gros
des forces ennemies et courrait le risque de se voir battre
successivement dans ses deux fractions avant d’avoir pu réa­
liser sa jonction tactique. Cet état de choses ne serait pas
profondément modifié par l’acquisition de Pola et produirait
toujours l’assujettissement absolu de l ’Etat qui ne serait
maître que de la seule côte occidentale de l’Adriatique. La
Dalmatie constitue donc une menace pour l ’Italie dès qu’elle
est entièrement dans les mains d’une autre Puissance; mais
une partie de la Dalmatie dans les mains de l’Italie, tout
particulièrement dans des limites réduites, auxquelles se res­
treindraient désormais les demandes de l’Italie, ne constitue
une menace pour personne. La dernière guerre en a donné
la preuve. Avec toute sa flotte l’Italie a été empêché« d'ope-
rer une attaque de valeur décisive contre la force navale de son
adversaire qui se tenait cachée dans les ports et dans les ca­
naux du rivage d’en face. Et même la coopération de forces
navales françaises et anglaises d’une certaine importance ne
parvint pas à lui permettre de réaliser un plan de bataille.
L’Italie fut obligée de consacrer toutes les forces de sa marine
dans le cours de la guerre à des efforts épuisants pour so pro­
pre défense, se limitant à lancer un défi qui ne fut jamais ac­
cepté et à accomplir quelques audacieuses actions d’éclat.
L’Autriche-Hongrie, au contraire, eut le moyen d’attaquer,
de bombarder les villes sans défense de la côte italienne et
parvint toujours à s’abriter derrière le rideau admirable de
sa côte avant qu’elle pût être rejointe par les forces de l’Ita­
lie et de ses Alliés qui pourtant montaient sans cesse la garde.
Pour empêcher qu’elle puisse rester dans un état d’infério­
rité permanente et absolue dans l’Adriatique, l’Italie est
donc qualifiée pour demander, d’accord avec le principe
énoncé, que la côte èt les îles de l’Adriatique qui seront at­
tribuées à d’autres Etats soient neutralisées, en défendant
toute fortification maritime et terrestre et en exigeant le dé­
mantèlement immédiat de tous les ouvrages militaires et de
tous les armements qui pourraient V exister. Pour ce qui
concerne la zone entre Zara et Sebenico, aucune forme de
neutralisation — vu la configuration générale de la côte
avec ses îles — ne suffirait pour empêcher à n’importe quel
MEMORIALE ITALIANO 29
ennemi de la transformer, en quelques heures, en une base
navale de premier ordre par l’emploi tout moderne et extra­
rapide de mines, de barrages de filets et de sous-marins, ce
qui créerait entre la côte et les îles extérieures un bassin im­
possible à atteindre. Seul, en tenant en son pouvoir cette
zone, l ’Italie est garantie.
FIUM E ET LES DROITS DE L ’ iTALIE
Les droits naturels et historiques, les besoins économi­
ques, les exigences de la défense militaire qui sont néces­
saires à l’Italie pour son intégrité terrestre et maritime, ain­
si qu’on vient de le voir, lui ont été garantis par la Con­
vention avec ses Alliés qui a précédé son entrée en guerre.
Ce n’est pas le cas de Fiume avec son district, que l ’Italie
revendique actuellement et non pas seulement comme une
part inséparable de la Vénétie Julienne, comme un com plé­
ment indispensable de la défense de la côte orientale, mais
essentiellement parce qu'il s'agit de la ville italienne qui,
après Trieste, Gorizia et Pola, est la plus importante dans
l ’Adriatique orientale. 33.000 Italiens vivent entourés de
10.927 Slaves et 1.300 Magyars, en cette ville qui a toujours
été italienne dans son histoire ancienne et moderne. Le Ban
de Croatie Jellacic lui-même qui, en 1848, s’en empara par
ordre de l ’empereur d’Autriche et pour y dompter la rébel­
lion de la Hongrie contre les Habsbourg, se vit obligé de
garantir aux habitants de Fiume par une déclaration publi­
que « leur » langue italienne.
Cette ville de Fiume a été à tel point jalouse de sa civi­
lisation italienne, qu’elle ne voulut pas admettre l’introduc­
tion d’autres langues dans ses écoles « pour ne pas semer
dans les âmes enfantines le mauvais grain contre la langue
italienne, la seule parlée depuis toujours à Fiume et l’un
des instruments principaux dont la ville se servit pour at­
teindre son degré actuel de civilisation et son progrès com ­
mercial et industriel » (1861). Jusqu’à l’heure actuelle les
podestats ou les membres du Conseil municipal, les députés
au Parlement ont toujours été Italiens et, par égard pour
l ’italianité de Fiume, le royaume de Hongrie promulguait jus­
qu’ici ses lois aussi dans un texte officiel italien. Le carac­
tère italien et autonome, qui a toujours été celui de la ville
de Fiume, a été encore accentué depuis que l ’impératrice
Marie-Thérèse, par son diplôme du 23 avril 1779, déclarait
30 MEMORIALE ITALIANO
Fiume ville libre de tout mélange ou union avec la Croatie:
Separatum sacrum regni Hungariae coronae adnexum corpus...
neque cum alio Buccarano vel ad regnum Croatiae pertinente
ulla ratione commisceatur. Ces privilèges furent confirmés
par des lois hongroises successives et par la « Constitution
de la libre ville de Fiume ». Dès que fut proclamée la déca­
dence de la dynastie des Habsbourg, Fiume revendiqua le
droit de disposer d’elle-même et proclama, le 29 octobre
1918, son union à l ’Italie, à laquelle, affirmant la tradition
du Risorgimento, le programme des Carbonari l’avait déjà
attribuée en 1822. L’Italie, lorsqu’elle proclame son droit
d’accepter et de faire reconnaître l’acte spontané par lequel
Fiume s’est donnée à elle, a, en même temps, la conscience
d’obéir aux exigences de l’exploitation économique ration­
nelle du territoire auquel ce port doit servir. D’autre part,
l’Italie sait bien que, par là, elle n’obtient qu’une des com ­
pensations qui lui sont dues, selon l’esprit de la Convention
signée avec ses Alliés à la suite des plus grands efforts et sa­
crifices accomplis par l’Italie pendant la guerre et en vue
des conditions nouvelles créées par l’écroulement de l’Autri-
clie-Hongrie.
Au moment où l’Italie entra dans la coalition formée
par ses Alliés actuels, elle prit un engagement limité, d’après
la Convention militaire signée dans cette occasion, par
l’obligation qu’avait prise la Russie de tenir engagées contre
l’Autriche-Honrgie un minimum donné de forces (afin d’évi­
ter que l’Autriche-Hongrie concentrât tout son effort contre
l ’Italie dans le cas que la Russie se tournât principalement
contre l’Allemagne). Les événements politiques intérieurs de
la Russie l’amenèrent à la paix séparée et eurent ce double
résultat que l’Autriche-Hongrie, délivrée de toute nouvelle
pression, put concentrer la totalité de ses forces contre l’Ita­
lie, et que l’Allemagne, libre à son tour de l’étreinte de son
ennemi oriental, eut le moyen de prêter à l ’Autriche-Hon-
grie ce secours considérable qui, à un moment donné, déter­
mina un contre-coup si grave, au détriment de l’Ialie. En
vérité, si les autres alliés furent dédommagés de l’effort sup­
plémentaire rendu nécessaire par la défection de la Russie,
grâce à l’intervention américaine, par contre le front ita­
lien, ainsi que l’a reconnu et regretté si noblement le Pré­
sident Wilson, ne reçut aucun apport du même genre, qui
permît de diminuer l’âpre effort soutenu par l’armée na­
tionale. L'Italie dut donc supporter plus que toute autre
MEMORIALE ITALIANO 31
les doubles conséquences de la défection russe, devant mul­
tiplier son effort militaire et faire supporter à ses popula­
tions les plus grands sacrifices, ce qui autoriserait un déve­
loppement général des compensations prévues pour un ef­
fort et des sacrifices tellement plus restreints. L ’Italie veut
prouver encore une fois sa grande modération et se contente
de demander ici, toujours selon l ’esprit de ce même pacte,
la ville de Fiume (avec son district) qui, au point de vue
national, est italienne dans sa très grande majorité, qui a
proclamé librement sa volonté d’être unie à l’Italie et qui
complète, sur un point extrême et justement pour cela plus
délicat, l’organisation défensive .de la frontière terrestre qui,
sans cela, aboutirait à une ligne insoutenable fixée par la
frontière administrative entre l’Istrie et Fiume, jusqu’à pré­
sent faisant partie du même Etat.
La possession italienne de Fiume complète le program­
me de défense antiallemand dans l’Adriatique. Il n’y a que
l ’Italie, grande puissance maritime, qui peut avoir le moyen
de réaliser ce programme répondant a un intérêt collectif des
nations qui ont combattu ensemble cette guerre. Un écrivain
français, traçant les grandes lignes de la paix future, écrivait
dès 1915: « Trieste et Fiume, sous des dehors autrichiens et
hongrois, sont surtout des ports allemands, les organes mé­
ridionaux de ce système de domination, dans lequel Ham­
bourg et Brème remplissent dans la mer du Nord les mê­
mes fonctions ». Il faut empêcher qu’après avoir enlevé à
cette domination indirecte de l’Allemagne sur la mer Adria­
tique l’un de ses organes, Trieste, l’autre, Fiume, ait le m o­
yen de continuer sous des dehors yougo-slaves sa fonction
d’instrument germanique et cela peut-être bien malgré l ’in­
tention et la volonté d’un nouvel Etat slave, incapable, dans
son impréparation inévitable, d’éliminer les anciennes in­
fluences et de prévenir le redoublement des efforts allemands
qui se concentreront, après avoir été éloignés de Trieste,
sur ce seul point d ’infiltration possible. D ’ autre part, même
une confédération danubienne orientée contre l ’Allemagne,
au cas où elle pouvait se constituer, ne serait pas capable de
remplacer l’Italie dans cette mission sans de grands retards
dont l ’ennemi profiterait à l’aide de ces fictions financières
dans lesquelles il est passé maître. Les aptitudes naturelles
et les moyens techniques, que possède une nation maritime
comme l’Italie, sont indispensables. Or, l’Italie, en mettant
son nouveau port, comme celui de Trieste, complètement à
32 MEMORIALE ITALIANO
la disposition du territoire dont il est le débouché naturel,
ne farait autre chose que d’harmoniser, de la façon techni­
quement et économiquement la plus profitable, son propre
intérêt avec celui de sa clientèle, sans mettre en mouvement
des influences et des dépendances politiques contraires au
jeu de l’intérêt commun. L ’Italie pourrait garantir à ces
différents Etats des privilèges spéciaux: point franc et zones
franches, enclos réservé dans les magasin généraux, môles
nationaux, tarifs préférentiels pour les opérations portuai­
res, marchés spéciaux; accords pour des tarifs cumulatifs
dans les transports par chemin de fer et par mer, traités
pour les services d’émigration, etc. L’Italie pourrait être sûre
d’agir ainsi dans l’intérêt de ses propres ports dont la vie
par le fait même de leur fonction est étroitement liée à la
vie des Etats de l’intérieur. A Trieste et à Fiume devront
aboutir les territoires allemands, soit de l’Allemagne propre­
ment dite, soit de l’Autriche allemande, les pays tchécoslova­
ques, les pays yougo-slaves (slovènes et croates) et la Hongrie.
D ’où découle clairement la difficulté, pour ne pas dire l ’impos­
sibilité qu’une souveraineté autre que celle de l’Italie, étran­
gère et supérieure aux compétitions inévitables, de caractère
politique et économique, entre ces différents Etats, puisse leur
garantir des débouchés communs dans la mer sous un régime
techniquement impartial et objectif, tel que l’exige l ’exploita­
tion rapide et bon marché de ces mêmes ports, des chemins
de fer et des lignes de navigation qui devront y aboutir.
Pour ce qui cencerne plus particulièrement Fiume, l ’on ne
peut guère soutenir que ce port doive être réservé aux exi­
gences économiques de la Croatie. Le trafic de la Croatie
n’entre en ligne de compte, pour ce qui concerne le mou­
vement d’ensemble du port de Fiume (importations et ex­
portations), que dans la mesure du 7 p. 100. Tout le reste
a rapport à d’autres pays de l’intérieur et plus largement
qu’aux autres à la Hongrie. Le trafic d’ensemble de la Croa­
tie, de la Slavonie, de la Dalmatie, de la Bosnie et de l’Her-
zégovine s’acheminait par la voie de Fiume seulement dans
la proportion du 13 p. 100, tandis que tout le reste était
canalisé vers les ports de la Dalmatie méridionale. Les servi­
ce maritime dans le port de Fiume qui était jusqu'ici le fait
d’une société subventionnée par l ’Etat hongrois, ne pourrait
pas passer à un nouvel Etat qui apporte à la ville une partie
si exiguë de son propre trafic, qui aura des besoins telle­
ment plus urgents et qui ne sera préparé d’aucune façon
à une tel rôle. Encore une fois, seul un grand Etat mariti­
me comme l’Italie, riche de traditions, de moyens, de rela­
tions, d’expérience, pourra aider Fiume à remplir sa mis­
MEMORIALE ITALIANO 33
sion, peut-être bien même dans les premiers temps au prix
de quelques sacrifices que son budget pourra aisément sup­
porter en équilibrant les profits et les pertes qui dériveront
de l ’administration cumulative de tous ces ports. Trieste et
Fiume, dans les mains de l'Italie, pourront jouir, sans entrer
en conflit et au profit de leur territoire respectif, de ser­
vices maritimes raccordés plus vastes et meilleur marché,
toujours plus parfaits, tandis que certains services mariti­
mes aménagés séparément pour Trieste et pour Fiume ne
pourraient être ni rationnels ni bon marché. Trieste s’ ap­
puyant à une grande nation comme l’Italie pourrait les obte­
nir, mais non Fiume, au détriment de la ville même et du ter­
ritoire qu’elle dessert, qui serait obligé de payer pour ces ser­
vices des frais beaucoup plus élevés que ceux qui lui incom­
beront si Fiume est italienne et peut profiter des services
cumulatifs que l ’Italie organisera pour les deux ports de
l ’Adriatique septentrionale. En d’autres termes et non seule­
ment à cet égard, l ’Italie pourra exercer, au profit des deux
ports et des pays producteurs et consommateurs de l’inté­
rieur, cette fonction de régularisation, d’intégration et d’ai­
de pour laquelle las autres Etats et surtout un Etat croate ou
yougo-slave n’auraient pas des moyens suffisants, une prépa­
ration technique ni même un critérium d’impartialité.
Le problème de Fiume relié si étroitement à celui de
Trieste est un problème italien, il est vrai, en tant qu’ il
concerne les intérêts d’une ville surtout italienne et se relie
à l’ autre problème de la frontière orientale de l’Italie, mais
en même temps problème européen par la signification qu’il
acquiert de défense anti-germanique, puisque seulement
Fiume italienne peut garantir le développement de l’entre­
pôt sauvegardant le port et les pays qu’il dessert (surtout la
Hongrie) contre le danger du dilemme : ou la ruine écono­
mique ou l’ aide et alors l’hégémonie, ne fût-ce qu’économi­
que, des Allemands. Ainsi qu’on l’ a répété, Fiume croate
veut dire Fiume hongrois ou austro-hongrois ou allemand,
ce qui au fond revient au même. En concluant, s’il est vrai
que d’après le Pacte de Londres Fiume pouvait se relier au
royaume de Croatie par la continuité territoriale avec ces
pays, il n’est pas moins vrai que ce pacte ne présupposait
pas la chute de la monarchie des Habsbourg dont ce royau­
me faisait partie. Dans ce cas on pouvait s’expliquer qu’ à
la Transleithanie et encore mieux à une population de 50
millions d’habitants l’on réservât la domination politique
d’un port libre dans l’Adriatique dont elle aurait été bien
capable de soutenir le poids. Mais à présent la monarchie
des Habsbourg est tombée sur le champ de bataille de Yit-
3
34 MEMORIALE ITALIANO
torio Veneto, sous le dernier choc violent de l’armée ita­
lienne. Une fois que la monarchie a disparu de la liste des
Etats, la nécessité cesse de lui conférer la domination poli­
tique de ce débouché commercial. La leçon de plus d’un
siècle, de la proclamation de Marie-Thérèse qui déclare Fiu-
me port séparé de l’Etat hongrois sans la moindre immixtion
de la Croatie, jusqu'aux dernières délibérations du Conseil
national, est bien qu'il serait impossible de lier Fiume au
sort d’un nouvel Etat yougo-slave sans déformer une situa­
tion de fait dans laquelle se traduit un état d’âme invaria­
ble. Personne ne pourrait donc contester raisonnablement le
droit de l ’Italie à recueillir de la paix de tels fruits dont la
plupart lui avaient été garantis avant son entrée en guerre
en vue d’un effort et de sacrifices infiniment moindres que
ceux qu’elle dut s’imposer dans l’intérêt commun. Si l’on
conteste ou marchande les requêtes de l’Italie on ne peut
le faire pour des raisons objectives et intrinsèques, mais seu­
lement en s’inclinant outre mesure devant les prétentions
des Yougo-Slaves. Or ces prétentions semblent bien singuliè­
res venant de ces Slaves qui jusqu'à la dernière minute prirent
une part déterminante à cette guerre, se battant avec une éner­
gie particulière contre l’Italie. Hier encore l ’un des journaux
les plus importants des Yougo-Salves avouait qu’ils s’étaient
battus comme des lions contre l’Italie, c’est-à-dire contre
l’ Entente, pour ce qu'ils voulaient appeler leur domaine. Le
Gouvernement austro-hongrois, voulant presque les récom­
penser du caractère loyaliste et dynastique qu’ils avaient
conservé jusqu’aux derniers temps à leur mouvement en fa­
veur d ’un Etat yougo-slave dans le cadre de la monarchie
des Habsbourg, leur conféra, à la dernière minute, par la
livraison de la flotte, une sorte de mandat de confiance qui
doit tout au moins rendre les Alliés circonspects au moment
où ils auront à délibérer sur l’avenir de ces peuples. De tou­
te façon l’Italie avait prévu, à la veille de se joindre aux
ennemis des empires centraux, cette éventualité de voir con­
testées, au lendemain de la victoire, ses justes revendica­
tions, et cela de la part d’alliés qui auraient pu avoir, à cer­
tains égards, des intérêts et des programmes politiques diffé­
rents et partiellement même opposés aux siens. C’est en vue
d’une pareille éventualité qu’elle proposa et accepta un com ­
promis comportant des renonciations indiscutables sur la ré­
demption intégrale des terres et des gens de nationalité ita­
lienne, et que l’Italie précisa le minimum des acquisitions
qui, tout en donnant satisfaction dans une certaine mesure
aux demandes justifiées des autres, lui auraient donné la cer­
titude que, la guerre une fois terminée avec succès, les es­
MEMORIALE ITALIANO 35
poirs italiens ne devaient pas être déçus à la suite d’une
pression que pourraient exercer ceux avec lesquels l ’Italie
avait combattu.
Après avoir donc, dès ce moment, dans le but de pré­
venir de futurs malentendus, rappelé l’ attention des nouveaux
alliés sur la possibilité de ces contestations éventuelles, qui
à présent sont formulées sur l’appui d’arguments entière­
ment injustifiés, l ’Italie peut loyalement s’ attendre à ce que
ses demandes modérées, correspondant à son droit et à ses
exigences et si largement étayées par le consentement des
populations intéressées, reçoivent leur pleine satisfaction (*).
(*) Il punto di vista iugoslavo, oltre che in una memoria sullo
sforzo militare compiuto dai S. H. S., risulta, in forma generica, nel
M ém oire concernant les revendications du Royaume des S. H. S., nel quale
si chiede l’ unità dei terreni abitati da iugoslavi. Che cosa volesse dire,
nei riguardi dell’Italia, l’ applicazione di tale principio, risulta da cinque
memorie, nelle quali si espone il punto di vista iugoslavo su Les pays de
Goritzn et de Gradisca et la ville de Goritza, La ville de Trieste, l’Istrie,
La ville de Ryéka (Fiume), Mém. sur la question dalmate. Ma tali
memorie restano assorbite da quella generale sulla frontiera fra l’Italia
ed il Regno S.H.S., che, secondo gli iugoslavi, doveva esser nelle sue
linee principali quella già separante l’ Italia dall’ Austria. Ci limitiamo
a far cenno di tali documenti, non essendo possibile riprodurli. Occorre
anche tener presente che essi erano integrati con altrettante mem o­
rie ufficiose, redatte da studiosi e specialisti iugoslavi, e numerosi
fogli volanti, memorie, studi, che servivano a confortare la tesi uffi­
ciale, o avevano carattere polemico.
c
GLI ACCORDI DI RAPALLO (*)
I.
TRATTATO DI RAPALLO
(12 novembre 1920)
Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni,
desiderando stabilire tra di loro un regime di sincera ami­
cizia e cordiali rapporti per il bene comune dei due popoli;
Il Regno d’Italia riconoscendo nella costituzione dello
Stato vicino il raggiungimento di uno dei più alti fini della
guerra da esso sostenuta;
S u a M a e s t à il R e d ’ I t a l ia ba nominato suoi Plenipon-
ziari:
il cavaliere G io v a n n i G i o l i t o , Presidente del Consi­
glio dei ministri e ministro dell’interno;
il co n te C arlo Sf o r z a , m in is tr o d e g li a ffa ri e s te ri;
il p r o f. I vanoe B o n o m i, m in is tr o d e lla g u e rra ;
e
S u a M a e s t à il R e dei Se r b i, C r o a ti e Sl o v e n i b a n o m i­
n a to s u o i P le n ip o n te n z ia r i :
(*) Dopo il fallimento delle trattative in sede di Conferenza, sulla
base della memoria italiana, segui un lungo periodo di ricerca di un
compromesso. Di tali progetti abbiamo una documentazione frammen­
taria. Le trattative dirette, annunziate ufficialmente nel convegno di
San Rem o (aprile 1920), iniziate dall’on. Scialoja a Pallanza (11 maggio)
e sospese in seguito alla sopraggiunta crisi ministeriale, furono riprese
e condotte a termine a Rapallo (8-12 novembre 1920) con la stipula­
zione del tr. di Rapallo, della conv. antiabsburgica ed uno scambio di
note suH’approvvigionamento idrico di Fiume. Il tr. di Rapallo fu rati­
ficato dalla Jugoslavia il 20 novembre. Contemporaneamente veniva
discusso ed approvato dal Parlamento italiano ed approvato con L. 19
novembre 1920 n. 1178.
Una completa raccolta dei documenti sulle trattative adriatiche
manca. Ufficialmente il Governo Italiano ha diramato 13 documenti a
mezzo della Stefani il 2 marzo 1920 ed ha pubblicato i documenti sui
negoziati diretti di Pallanza e Rapallo. (Pei primi cfr. l’ appendice di
I
TRATTATO DI RAPALLO 37
il signor M ileinko R. V e s n it c h , Presidente del Con­
siglio dei ministri;
il dott. A n t e T rUm b ic h , ministro degli affari esteri;
il signor C o s t a St o ia n o v it c h , ministro delle finanze;
i quali essendosi scambiati i loro Pieni Poteri, che sono stati
riconosciuti validi, hanno convenuto quanto segue:
Art. 1. — Fra il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi,
Croati e Sloveni è stabilito il seguente confine:
dal monte Pec (quota 1511), comune alle tre frontie­
re fra l ’Italia, l’Austria e il Regno dei Serbi, Croati e Slove­
ni, fino al monte Jalovez (quota 2643): una linea da deter­
minare sul terreno con andamento generale nord-sud, che
passi per la quota 2272 (Ponca);
dopo il monte Jalovez (quota 2643): una linea che se­
gua lo spartiacque fra il bacino dellTsonzo e quello della
Sava di Vurzen fino al monte Tricorno (Triglav) (quota
2863) ;quindi lo spartiacque fra il bacino dell’Isonzo e quel­
lo della Sava di Wochein (Bokini), fino alle pendici nord-
orientali del monte Mosick (quota 1602), toccando le quote
2348 del Vogel, 2003 del Lavsevica, 2086 del K uk;
documenti in T i t t o n i e S c ia lo ia , L ’Italia alla conferernza della pace,
discorsi raccolti a cura di A . Giannini, Roma, 1921; pei secondi, Libro
verde sui negoziati diretti, ecc., ed a cura di A . Giannini, Roma, 1921,
oltre che negli Atti parlamentari, Legislatura 1921, doc. N. I li per la
Camera dei Deputati e N. XVII pel Senato). Private sono le raccolte
di T a m a r o , (Politica, fase. XI-XII, doc. 94, dal trattato di Londra al 15
aprile 1920); F e d e r z o n i, (Il trattato di Rapallo, Bologna, 1921, pag. 195-
308); A d r i a t i c u s , (La question adriatique, Paris, 1920, iugoslava, uffi­
ciosa, arriva fino a Rapallo); S h i s h i c h , ( ladransko pitanje nu Konfe-
rencij mira u Parizu - Zbirka akata i dokumenta, Zagabria, 1920, 38
documenti). Per la corrispondenza tra gli Alleati dal memorandum del
9 dicembre 1919 al 26 febbraio 1920 (15 documenti), cfr. infine il libro
bianco inglese, Corrispondence ìelating to thè Adriatic question, Miscel-
laneous, N. 2 (1920).
Per la discussione al Parlamento italiano cfr. Il trattato di Rapallo
al Parlameno italiano a cura di A. Giannini, Roma, 1921.
Per i discorsi pronunziati dagli on . O rlando, T ittoni, Scialoja e
Sforza in difesa della loro opera cfr. O rlando, Discorsi per la guerra
e la pace, raccolti a cura di A . Giannini, F olign o, 1923; T ittoni e Scia­
loja, L’Italia alla conferenza della pace, ecc., cit. ; Sforza, Un anno di
politica estera, discorsi raccolti a cura di G iannini, R om a, 1921.
Per le ripercussioni del trattato di Rapallo nella stampa mondiale
cfr. la raccolta da me curata: Il trattato di Rapallo nei commenti della
stampa, Roma, 1921.
38 TRATTATO DI RAPALLO
dalle pendici nord-orientali del monte Mosic alle pen­
dici orientali del monte Porzen (quota 1631): una linea da
determinare sul terreno, con andamento generale nord-sud;
dalle pendici orientali del monte Porzen (quota 1631)
alle pendici occidentali del monte Blegos (quota 1562): una
linea da determinare sul terreno, con andamento generale
ovest-est, lasciando l'abitato di Dautscha al Regno dei Serbi,
Croati e Sloveni, e quello di Novalce DI. all'Italia;
dalle pendici occidentali del monte Blegos (quota
1562) alle pendici orientali del monte Bevk (quota 1050):
una linea da determinare sul terreno, con andamento gene­
rale nord-est sud-ovest, lasciando gli abitati di Leskovza, Ko-
pacnina e Zavoden al Regno dei Serbi, Croaoti e Sloveni, e
i due passi di Podlanischam all'Italia;
dalle pendici orientali del monte Bevk (quota 1050)
sino immediatamente ad ovest dell’abitato di Hotedrazica:
una linea da determinare sul terreno, che lasci gli abitati di
Javorjudol, Zirj, Opale, Hlevische, Rovte, Hotedrazica al
Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, il monte Prapretni (quo­
ta 1006) e gli abitati di Bresnik, Wrednik, Zavratec, Ned-
wedjeberdo all’Italia;
quindi fino all’ abitato di Zesle: una linea che dappri­
ma costeggi ad ovest il fosso adiacente alla strada rotabile
Hotedrazica-Planina, lasci quindi gli abitati di Planina,
linee, Zelse e Rakek al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni;
dall’abitato di Zelse a Cabranska : una linea da deter­
minare sul terreno, con andamento generale nord-ovest sud­
est, che si svolga dapprima sulle falde orientali del monte
Pomario (Javornik) (quota 1268), lasciando gli abitati di
Dolenja Vas e Dolenje Jezero e Olok al Regno dei Serbi,
Croati e Sloveni, e alture di quote 875, 985, 963 allTtalia;
quindi sulle falde orientali del Bicka Gora (quota 1236) e
del Pleca Gora (quota 1067), attribuendo allTtalia l’abitato
di Leskova Dolina ed i bivii stradali di quota 912 ad ovest
di Skodnik e di quota 1146 ad est del Cifri (quota 1399), e
raggiunga Cabranska, che rimarrà nel territorio italiano, in­
sieme alla strada rotabile svolgentesi sulle falde orientali
del monte Nevoso, da Leskova Dolina a Cabranska;
da Cabranska al Griza (quota 502): una linea da de­
terminare sul terreno, con andamento generale nord-est sud-
ovest, che passi ad oriente del monte Terstenico (Terstenik)
(quota 1243), tocchi la quota 817 a sud-est di Suhova, passi
a sud di Zidovje (quota 660), quindi ad est di Griza (quota
TRATTATO DI RAPALLO 39
502), lasciando gli abitati di Ciana e di Bresa all’Italia, e
quello di Studenta al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni;
da Griza (quota 502) al confine con lo Stato di Fiu­
m e: una linea da determinare sul terreno, che abbia anda-
meno generale nord-sud fino a raggiungere la rotabile Rupa-
Castua circa a metà distanza fra Jussici e Spincici; tagli po­
scia detta strada e circondando ad occidente gli abitati di
Miseri e Trinaistici, che restano al Regno dei Serbi, Croati
e Sloveni, raggiunga la rotabile Mattuglie-Castua a monte del
bivio ad oriente di Mattuglie; raggiunga quindi sulla stra­
da Fiutne-Castua il confine nord dello Stato libero di Fiu­
me, e precisamente al margine settentrionale dell’abitato di
Rubesi (bivio della carrareccia di Tornatici, 500 metri circa
a sud del trivio ad ovest di Castua).
Fino a quando però non saranno sistemati in territorio
italiano i regolari raccordi stradali, l'uso delle rotabili sud­
dette e del trivio ad ovest di Castua resterà di pieno e libero
uso del Regno d’Italia come dello Stato di Fiume.
Art. 2. *— Zara e il territorio qui descritto sono ricono­
sciuti come facenti parte del Regno d’Italia.
Il territorio di Zara di sovranità italiana somprende: la
città e il comune censuario di Zara e i comuni censuari (fra­
zioni) di Borgo Frizzo, Cerno, Boccagnazzo, e quella parte
del comune censuario (frazione) di Diclo determinata da una
linea che, partendo dal mare a circa 700 metri a sud-est del
villaggio di Diclo, va in linea retta verso nord-est sino alla
quota 66 (Gruc).
Una convenzione speciale stabilirà quanto attiene alla
esecuzione di questo articolo nei riguardi del comune di Za­
ra e delle sue relazioni con il distretto e la provincia della
Dalmazia, e regolerà i vicendevoli rapporti tra il territorio
finora facente parte dello stesso comune, distretto e provin­
cia, appartenente al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni ivi
compreso l’equo riparto dei beni provinciali e comunali, e
relativi archivi.
Art. 3. — Sono riconosciute del pari come facenti parte
del Regno d’Italia le isole di Cherso e Lussin con le isole mi­
nori e gli scogli compresi nei rispettivi distretti giudiziari,
nonché le isole minori e gli scogli compresi nei confini am­
ministrativi della provincia d’Istria, in quanto come sopra
attribuita allTtalia, e le isole di Lagosta e Pelagosa con gli
isolotti adiacenti.
40 TRATTATO DI RAPALLO
Tutte le altre isole che appartenevano alla cessata Mo­
narchia austro-ungarica sono riconosciute coinè facenti parte
del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni.
Art. 4. — Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati
e Sloveni riconoscono la piena libertà ed indipendenza dello
Stato di Fiume e si impegnano a rispettarle in perpetuo.
Lo Stato di Fiume è costituito:
o) dal Corpus separatimi, quale attualmente è deli­
mitato dai confini della città e del distretto di Fiume;
b) da un tratto di territorio già istriano, delimitato
come segue:
a nord: da una linea da determinare sul terreno che,
partendo immediatamente a sud dell’abitato di Castua, rag­
giunga sulla strada S. Mattia-Fiume il limite del Corpus
separatum, lasciando gli abitati di Serdoci e di Hosti al Re­
gno dei Serbi, Croati e Sloveni, e lasciando tutta la rotabile
che, a nord della ferrovia, per Mattuglie ed il bivio di quo­
ta 377, ad ovest di Castua, conduce a Rupa, allo Stato di
Fiume;
ad occidente : da una linea che da Mattuglie scenda al
mare a Preluca, lasciando la stazione ferroviaria e la località
di Mattuglie nel territorio italiano.
Art. 5. — I confini dei territori di cui agli articoli pre­
cedenti saranno tracciati sul terreno da Commissioni di de­
limitazione composte per metà di delegati del Regno d’Italia
e per metà di delegati del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni.
In caso di divergenze sarà sollecitato l ’arbitrato inappella­
bile del Presidente della Confederazione elvetica.
Per chiarezza e maggior precisione è annessa al presente
trattato una carta al 200.000, sulla quale è riportato l ’anda­
mento dei confini di cui agli articoli 1 e 4.
Art. 6. — Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e
Sloveni convocheranno una conferenza composta di tecnici
competenti dei due Paesi, entro due mesi dall’entrata in vi­
gore del presente trattato. La detta conferenza dovrà, nel
più breve termine, sottoporre ai due Governi precise propo­
ste su tutti gli argomenti atti a stabilire i più cordiali rap­
porti economici e finanziari fra i due Paesi (1).
Art. 7. — Il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni dichiara
di riconoscere a favore dei cittadini italiani e degli interessi
italiani in Dalmazia quanto segue:
(1) Con R. D. 2 febbraio 1925; vennero costituite tre commissioni
per lo studio delle questioni di cui è cenno all’art. 6.
TRATTATO DI RAPALLO 41
1) Le concessioni di carattere economico fatte dal Go­
verno e da enti pubblici degli Stati ai quali è succeduto il
Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, a società o cittadini ita­
liani, o da questi possedute in virtù di titoli legali di conces­
sione fino al 12 dicembre 1920, sono pienamente rispettate,
obbligandosi il Governo del Regno dei Serbi, Croati e Slo­
veni a mantenere tutti gli impegni assunti dai Governi an­
teriori.
2) Il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni conviene che
gli Italiani, pertinenti fino al 3 novembre 1918 al territorio
della cessata Monarchia austro-ungarica il quale in virtù dei
trattati di pace con l ’Austria e con l’Ungheria e del presente
trattato è riconosciuto come facente parte del Regno dei Ser­
bi, Croati e Sloveni, avranno il diritto di optare per la cit­
tadinanza italiana entro un anno dall’entrata in vigore del
presente trattato, e li esenta dall’obbligo di trasferire il pro­
prio domicilio fuori del territorio del Regno predetto. Essi
conserveranno il libero uso della propria lingua ed il libero
esercizio della propria religione, con tutte le facoltà inerenti
a queste libertà.
3) Le lauree o altri titoli universitari già conseguiti
da cittadini del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni in univer­
sità o in altri istituti di studi superiori del Regno d’Italia
saranno riconosciuti dal Governo dei Serbi, Croati e Sloveni
come validi nel suo territorio e conferiranno diritti profes­
sionali pari a quelli derivanti dalle lauree e dai titoli otte­
nuti presso le università e gli istituti di studi superiori del
Regno dei Serbi, Croati e Sloveni.
Formerà oggetto di ulteriori accordi quanto riguarda la
validità degli studi superiori che vengano compiuti da sudditi
italiani nel Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, e da sudditi
del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni in Italia.
Art. 8. — Nell’interesse dei buoni rapporti intellettuali
e morali dei due popoli, i due Governi stipuleranno quanto
prima una convenzione che avrà per fine di intensificare l ’in­
timo sviluppo reciproco delle relazioni di cultura fra i due
Paesi.
Art. 9. -— Il presente trattato è redatto in due esemplari,
uno in italiano, uno in serbo-croato.
In caso di divergenza farà fede il testo italiano, come
lingua nota a tutti i Plenipotenziari.
In fede di che, i Plenipotenziari predetti hanno sotto-
scritto il presente trattato.
Fatto a Rapallo, il 12 novembre 1920.
42 CONVENZIONE ANTIABSBURGICA
II.
CONVENZIONE ANTIABSBURGICA
(Rapallo, 12 novembre 1920) (*)
Allo scopo di assicurare i benefici della pace ottenuta a
prezzo di tanti sacrifici colla vittoria sulla Monarcliia austro-
ungarica, il Governo di Sua Maestà il Re d’Italia e il G o­
verno di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni hanno
stabilito di stipulare la presente convenzione e a questo scopo
hanno delegato:
per il Governo italiano, il cavaliere Giovanni Giolitti,
Presidente del Consiglio dei ministri; il conte Carlo Sforza,
ministro degli affari esteri e il professore Ivanoe Bonomi,
ministro della guerra;
per il Governo serbo-croato-sloveno, il signor Milenko
R. Vesnich, Presidente del Consiglio dei ministri; il dottor
Ante Trumbich, ministro degli affari esteri e il signor Costa
Stojanovich, ministro delle finanze, i quali hanno convenuto
quanto segue:
Art. 1. — I due Governi contraenti s’ impegnano recipro­
camente di vegliare alla stretta osservanza dei trattati di pace
firmati a San Germano e al Trianon. In particolar modo essi
prenderanno di comune accordo quelle misure politiche atte
a prevenire la restaurazione della Casa di Absburgo sul trono
di Austria e di Ungheria.
Art. 2. — I due Governi contraenti s’impegnano a pre­
starsi reciprocamente quell’appoggio diplomatico che essi
giudicheranno il più appropriato a tale scopo.
Art. 3. — Conformandosi allo spirito di questo accordo
i due Governi contraenti si impegnano nello stesso tempo a
sorvegliare ogni attività diretta contro la loro sicurezza reci­
proca sia dal territorio dell’Austria sia da quello dell’Unghe-
ria e a tenersi in stretto contatto mediante scambio di infor­
mazioni.
Art. 4. — Il Governo italiano, che ha appreso con soddi­
sfazione l’intesa stabilita tra il Governo serbo-croato-sloveno
e il Governo ceco-slovacco esclusivamente agli stessi fini del
(*) Pubbl. nel Libro verde sui negoziati diretti ecc., doc. 73.
ACCORDI DI RAPALLO 43
presente accordo, e il Governo serbo-croato-sloveno porteran­
no questa convenzione a conoscenza del Governo ceco-slo­
vacco.
Qualora fossero state stabilite nuove intese di questo ge­
nere, i due Governi si concerteranno prima di renderle ef­
fettive.
Art. 5. — Questa convenzione resterà in vigore per due
anni dopo lo scambio delle ratifiche. Essa sarà rinnovabile
per lo stesso periodo di tempo ove sei mesi prima non sarà
stata denunciata.
Art. 6. — La presente convenzione sarà ratificata al più
presto e le ratifiche saranno scambiate a Roma.
Rapallo, 12 novembre 1920.
III.
NOTE SCAMBIATE
IN OCCASIONE DEL TRATTATO DI RAPALLO (*)
Il Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati
e Sloveni al Ministro degli Affari Esteri d'Italia
Rapallo, 12 novembre 1920
Signor ministro,
Conformemente agli accordi verbali presi questa mattina
ho l’onore di comunicare a Vostra Eccellenza che il Governo
di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni s’impegna a
non apportare alcun cambiamento sia alle sorgenti sia al
corso della Recina che possa in qualsiasi modo nuocere alla
alimentazione d’acqua della città e dello Stato di Fiume.
Colgo quest’occasione per rinnovarle ecc.
T r u m b ic h
(*) Le note qui riprodotte furono pubblicate ai n.ri 74-75-76 e 77 dei
documenti compresi nel Libro verde sui negoziati diretti ecc.
Segreta è rimasta la nota concernente Porto Baross, oggetto di vivace
discussione alla Camera subito dopo l’avvento al potere dell’ on. Bonomi
(giugno 1921).
44 ACCORDI DI RAPALLO
Il Ministro degli Affari Esteri d’Italia al Ministro degli Affari
Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni
Signor ministro,
Ho l ’onore di accusare ricevuta all’Eccellenza Vostra
della lettera in data odierna con la quale Ella si è compia­
ciuta comunicarmi che il Governo di Sua Maestà il Re dei
Serbi, Croati e Sloveni s’impegna a non apportare alcun cam­
biamento sia alle sorgenti sia al corso della Recina, che possa
in qualsiasi modo nuocere all’alimentazione della città e dello
Stato di Fiume.
Mentre ringrazio l’Eccellenza Vostra di questa comuni­
cazione la prego di gradire, ecc.
Sfo rza
Il Ministro degli Affari Esteri d’Italia al Ministro degli Affari
Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni
Signor ministro,
Conformemente agli accordi verbali stabiliti tra noi, ho
l’onore di comunicare all’Eccellenza Vostra che il R. G o­
verno si propone di sottoporre, al più presto possibile, alla
firma di Sua Maestà il Re un decreto di amnistia per ogni
crimine o delitto di carattere militare o politico commesso
dagli abitanti dei territori che sono stati riconosciuti come
facenti parte dell’Italia dal trattato firmato in data odierna
dai due Governi, sia in occasione della guerra sia durante
l’occupazione di questi territori, e che non sia contemplato
da disposizioni analoghe adottate in favore degli apparte­
nenti alle nuove provincie del Regno.
Mi permetto di esprimere la speranza che il Governo di
Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni vorrà sottoporre
all’approvazione di Sua Maestà un’egual misura di clemenza
in favore degli abitanti dei territori che sono stati ricono­
sciuti come facenti parte del suo Regno.
Mi e grato approfittare di quest’occasione per rinno­
varle, ecc.
Sfo rza
ACCORDI DI RAPALLO 4 3
II Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati
e Sloveni al Ministro degli Affari Esteri d’Italia
Rapallo, 12 novembre 1920
Signor ministro,
Ringrazio l’Eccellenza Vostra della comunicazione che si
è compiaciuta di farmi riguardante l’amnistia che il Governo
italiano si propone di sottoporre all’approvazione di S. M. il
Re per i crimini e i delitti politici e militari commessi dagli
abitanti dei territori che resteranno definitivamente sotto la
sovranità del Regno d’Italia, sia in ocacsione della guerra sia
durante la occupazione di questi territori.
Ho l’onore di assicurare l’Eccellenza Vostra, che, con­
formemente ai nostri accordi, il Governo del Regno dei Serbi-
Croati-Sloveni non tarderà a proporre a S. M. il Re un’uguale
misura in favore degli abitanti dei territori definitivamente
attribuiti alla sovranità del suo Regno.
La prego, ecc.
Dott. A. T r u m b ic h
D
ACCORDO FRA I DELEGATI DEL REGNO D ’ITALIA E
DEL REGNO DEI SERBI, CROATI E SLOVENI PER
UN PROGETTO DI CONVENZIONE PER REGOLARE
LA PESCA NELL’ADRIATICO (*).
(Brioni, 14 settembre 1921)
La Commissione italo-serba, croata, slovena per la rego­
lazione della pesca nell’Adriatico composta per il Regno d’I­
talia dai signori:......
e per il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, dai signori: .
Tenuto conto delle indagini fatte sopraluogo nei princi­
pali centri pescherecci, dei pareri espressi dagli esperti, cd
in base alle discussioni avvenute, delibera di comune accordo
di raccomandare ai Governi dei due Stati il seguente progetto
di Convenzione fra il Regno d’Italia ed il Regno dei Serbi,
Croati e Sloveni.
T ito lo I.
DEFINIZIONE E DELIMITAZIONE DELLE ACQUE
DI PESCA PROMISCUA
Art. 1. — Si conviene di denominare « Acqua di pesca
promiscua » quelle zone dell’Adriatico orientale, precisa-
mente delimitate nei seguenti articoli, nelle quali, in forza
della presente Convenzione, senza pregiudizio ai diritti di so­
vranità dei rispettivi Stati, vengano ammessi ad esercitare la
pesca cittadini dell’una e dell’altra Alta Parte Contraente.
Saranno da considerarsi come acque di pesca promiscua :
Gruppo I. — Acque con sovranità costiera diversa:
a) il golfo di Fiume sino alla congiungente, Punta Ja-
blanac (Cherso), Moschienizze (costa orientale istriana),
escluse le acque territoriali dello Stato libero di Fiume;
i>) il canale di Veglia;
c) il canale della Corsia;
(*) Appr. con L. 21 febbraio 1923 n. 281. Scambiate le ratifiche il
26 febraio 1923.
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Amedeo Giannini - Documenti per la storia dei rapporti fra l'Italia e la Jugoslavia (1934)

  • 1. Ill Sii! 111!!!! ¡II ¡ i rKk TMSSßm É fiM É' K " ; ¡ f i l i l í 'I ’ lì''!"1 liiipjpiiii•i' í 5!:;>3:í;a•!!• Í!Í!ÍÜ 11J * } ’ . 'i" ! J | . ii jlllitllilil! í '; ¡ : ! : - Í ! iÍ Í s Í ! ií l t Í T Í l f t | | i n ¡ i ? igaiigaiiiiiiifiigi ïïêkëssêëèm :-V:i ' í i i " ■: ' 1 ■ ■" ■ , ' ■■i
  • 2.
  • 3. I. S. A. V E N E Z I A BIBLIOTECA
  • 4.
  • 5. DOCUMENTI PER LA STORIA DEI RAPPORTI FRA L ’ITALIA E LA JUGOSLAVIA
  • 6. PROPRIETÀ LETTERARIA RISERVATA Tipografia dell'Anonima Romana Editoriale — Via degli Scipioni, • Roma
  • 7. P U B B L I C A Z I O N I D E L L ’ « I S T I T U T O P E R L ’ E U R O P A O R I E N T A L E » R O M A QUARTA SERIE LEGGI FONDAMENTALI E TRA TTATI INTERNAZIONALI XII AMEDEO GIANNINI DOCUMENTI PER LA STORIA DEI RAPPORTI FRA L’ITALIA E LA JUGOSLAVIA ROMA - ISTITUTO PER L’ EUROPA ORIENTALE - MCMXXXIV
  • 8.
  • 9. P R E F A Z I O N E Essendosi da tempo esaurita la seconda edizione della mia raccolta dei Trattati ed accordi per la pace adriatica (Roma, ed. Politica, 1924), mentre questi ebbero successivamente larghi sviluppi e assai varie vicende, mi sono deciso a raccogliere su più larga base i documenti diplomatici che riguardano i rapporti fra l’Italia e la Jugoslavia, non solo per rinnovare l’edi­ zione, ma anche perchè possano servire di documenta­ zione per un lavoro sulla storia diplomatica della cosi­ detta « questione adriatica », al quale attendo da più anni e forse pubblicherò prossimamente. Su più larga base, ma non con tutta l’ ampiezza necessaria, perchè, anche limitando, come ho fatto, la raccolta ai documenti fondamentali, essa è riuscita piut­ tosto voluminosa, ed a farla più ampia avrebbe assunto una mole editorialmente non consentitami. Ho però inse­ rito in un’appendice un elenco degli accordi collettivi e bilaterali, esclusi dalla raccolta, che possono servire ad integrare la visione dello sviluppo dei rapporti fra i due Paesi, con le indicazioni necessarie perchè possano esser facilmente rintracciali da chi ne abbia bisogno. Per ognuno dei documenti sono date in nota talune informazioni fondamentali. Più ampie notizie, riferi­ menti, indicazioni bibliografiche, saranno date nel lavoro di cui ho fatto cenno, dato che i due volumi, secondo il
  • 10. 6 PREFAZIONE mio disegno, si integrano a vicenda. Non ho voluto ritar­ dare ulteriormente la pubblicazione di questo volume, benché convenisse forse farli uscire insieme, perchè, il presente è pronto ed ha, in sè, mi sembra, una suffi­ ciente autonomia, mentre l’altro potrebbe seguire con sollecitudine, ma potrebbe anche tardare, perchè non è del tutto terminato, e il domani è sempre sulle ginoc­ chia di Giove (1). Roma, ottobre 1933. A m e d e o G i a n n i n i (1) Tengo a ringraziare vivamente il dr. Manlio Minozzi, che mi ha cortesemente coadiuvato nella revisione delle bozze.
  • 11. A ACCORDO DI LONDRA (*) (26 aprile 1915) D ’ordre de son Gouvernement, le marquis Imperiali, ambassadeur de Sa Majesté le Roi d’Italie, a l’honneur de communiquer au très honorable sir Edward Grey, principal secrétaire d’Etat de Sa Majesté britannique pour les affaires étrangères, et à Leurs Excellences M. Paul Cambon, ambas­ sadeur de la République française, et M. le Comte de Ben- ckendorff, ambassadeur de Sa Majesté l’Empereur de Toutes les Russies, le mémorandum suivant: MEMORANDUM Art. 1. — Une convention militaire sera immédiate­ ment conclue entre les états-majors généraux de la France, de la Grande Bretagne, de l’Italie et de la Russie; cette con­ vention fixera le minimum des forces militaires que la Rus­ sie devra employer contre l’Autriche-Hongrie afin d’empê­ cher cette Puissance de concentrer tous ses efforts contre l’Italie, dans le cas où la Russie déciderait de porter son principal effort contre l’Allemagne. La convention militaire réglera la question des armis­ tices, qui relève essentiellement du commandement en chef des armées. Art. 2. — De son côté, l’Italie s’engage à employer la totalité de ses ressources à poursuivre la guerre en commun avec la France, la Grande-Bretagne et la Russie contre tous leurs ennemis. (*) Il testo degli accordi di Londra, divulgato dai bolscevichi durante il conflitto mondiale, e riprodotto quindi dai giornali di diversi Stati, è stato pubblicato ufficialmente dal Governo italiano soltanto nel 1920, in un libro verde (Camera deputati, Leg. XXV, Sess. 1919-20, doc. V ili).
  • 12. 8 ACCORDO DI LONDRA Art. 3. — Les flottes de la France et de la Grande-Bre­ tagne donneront leur concours actif et permanent à l’Italie jusqu’à la destruction de la flotte austro-hongroise ou jus­ qu’à la conclusion de la paix. Une convention navale sera immédiatement conclue à cet effet entre la France, la Grande-Bretagne et l ’Italie. Art. 4. — Dans le traité de paix, l’Italie obtiendra le Trentin, le Tyrol cisalpin avec sa frontière géographique et naturelle (la frontière du Brenner); ainsi que Trieste, les Comtés de Gorizia et de Gradisca, toute l’Istrie jusqu’ à Quarnero et y compris Volosca et les îles istriennes de Cher- so, Lussin, de même que les petites îles de Plavnik, Unie, Canidole, Palazzuoli, San Pietro di Nembi, Asinello, Gruica, et les îlots voisins. Note. — La frontière nécessaire pour assurer l’exécution de l ’article 4 sera tracée comme suit: Du Piz Umbrail jusqu’à nord du Stelvio, elle suivra la crête des Alpes rhétiennes jusqu’aux sources de l’Adige et de l’Eisach, passant alors sur les monts Reschen et Brenner et sur les hauteurs de l'Oetz et du Ziller. La frontière en­ suite se dirigera vers le sud, traversera le mont Toblach et rejoindra la frontière actuelle des Alpes carniques. Elle sui­ vra cette frontière jusqu’ au mont Tarvis, et après le mont Tarvis la ligne de partage des eaux des Alpes julienne par le col Predil, le mont Mangart, le Tricorno (Terglou) et la ligne de partage des eaux des cols de Podberdo, de Pod- laniscam et d’Idria. A partir de ce point, la frontière sui­ vra la direction du sud-est vers le Sclineeberg, laissant hors du territoire italien tout le bassin de la Save et de ses tri­ butaires; du Schneeberg la frontière descendra vers la côte de manière à inclure Castua, Mattuglia e Volosca dans le territoire italien. Art. 5. — L ’Italie recevra également la province de Dal- matie dans ses limites administratives actuelles en y compre­ nant au nord Lisarica et Tribania, et au sud jusqu’à une ligne partant sur la côte du cap Planka et suivant vers l ’est les sommes des hauteurs formant la ligne de partage des eaux de manière à laisser dans le territoire italien toutes les vallées et cours d’eau descendant vers Sebenico, comme la Cicola, la Kerka, la Butisnica et leurs affluents. Elle re­ cevra aussi toutes les îles situées au nord et à l’ouest de la Dalmatie depuis Preinuda, Selve, Ulbo, Sclierda, Maon, Pa-
  • 13. ACCORDO DI LONDRA 9 go et Patadura au nord, jusqu’à Meleda au sud en y com ­ prenant Sant’Andrea, Busi, Lissa, Lésina, Tercola, Curzola, Cazza e Lagosta, ainsi que les rochers et îlots environnants et Pelagosa, à l ’exception seulement des îles Grande et Pe­ tite Zirona, Bua, Solta et Brazza. Seront neutralisées: 1) toute la côte depuis le cap Planka au nord jusqu'à la racine méridionale de la péninsule de Sabioncello au sud, de manière à comprendre toute cette péninsule; 2) la partie du littoral commençant au nord à un point situé à 10 kilom. au sud de la pointe de Ragusa Vec- chia descendant au sud jusqu’à la rivière Voïussa, dé ma­ nière à comprendre le golfe et les ports de Cattaro, Antiva- ri, Dulcigno, Saint-Jean de Medua, Durazzo, sans préjudice des droits du Monténégro résultant des déclarations échan­ gées entre le puissances en avril et mai 1909. Ces droits ne s’appliquant qu’au territoire actuel monténégrin ne pourront être étendus aux territoires et aux ports qui pourraient être attribués au Monténégro. En conséquence, aucune partie des côtes appartenant actuellement au Monténégro ne pour­ ra être neutralisée. Resteront en vigueur les restrictions con­ cernant le port d’Antivari auxquelles le Monténégro a lui- même consenti en 1909; 3) et enfin toutes les îles qui ne sont pas attribuées à l’Italie. Note. — Les territoires de l’Adriatique énumérés ci- dessous seront attribués par les quatre puissances alliées à la Croatie, à la Serbie et au Monténégro. Dans le Haut-Adriatique, toute la côte depuis la baie de Volosca sur les confins de l’Istrie jusqu’à la frontière septentrionale de la Dalmatie comprenant le littoral actuel­ lement hongrois et toute la côte de la Croatie, avec le port de Fiume et les petits ports de Novi et de Carlopago, ainsi que les îles de Veglia, Pervichio, Gregorio, Goli et Arbe. Et, dans le Bas-Adriatique (dans la région intéressant la Ser­ bie et le Monténégro) toute la côte du cap Planka jusqu’ à la rivière Drin, avec les ports importants de Spalato, Raguse, Cattaro, Antivari, Dulcigno et Saint-Jean de Medua, et les îles de Zirona Grande, Zirona Piccola, Bua, Solta, Brazza, Jaclian et Calamotta. Le port de Durazzo resterait attribué à l’Etat indépendant musulman d’Albanie. Art. 6. — L ’Italie recevra l’entière souveraineté sur Va- lona, l ’île de Sasseno et un territoire suffisamment étendu pour assurer la défense de ces points (depuis Voïussa au
  • 14. 10 ACCORDO DI LONDKA nord et à l’est, approximativement jusqu’ à la frontière sep­ tentrionale du district de Cliimara au sud). Art. 7. — Si l’Italie obtient le Trentin et l ’Istrie con­ formément aux termes de l’article 4, la Dalmatie et les îles de l’Adriatique dans les limites indiquées dans l’article 5 et la baie de Vallona (article 6) et si la partie centrale de l ’Albanie est réservée pour la constitution d’un petit Etat autonome neutralisé, elle ne s’opposera pas à ce que les parties septentrionale et méridionale de l’Albanie soient, si tel est le désir de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie, partagées entre le Monténégro, la Serbie et la Grèce. La côte à partir de la frontière méridionale de la possession italienne de Vallona (voyez article 6) jvsqu’fu cap Stylos sera neutralisée. L ’Italie sera chargée de représenter l ’Etat d’Albanie dans ses relations avec l’étranger. L ’Italie accepte, d’ autre part, de laisser dans tous les cas à l’est de l ’Albanie un territoire suffisant pour assurer l’existence d’une frontière commune à la Grèce et à la Ser­ bie à l’ouest du lac d’Ochrida. Art. 8. — L ’Italie recevra l’entière souveraineté sur les îles du Dodécanèse qu’elle occupe actuellement. Art. 9. — D ’une manière générale, la France, la Gran­ de-Bretagne et la Russie reconnaissent que l’Italie est inté­ ressée au maintien de l’équilibre dans la Méditerranée et qu’elle devra, en cas de partage total ou partiel de la Tur­ quie d’Asie, obtenir une part équitable dans la région mé­ diterranéenne avoisinant la province d’Adalia où l’Italie a déjà acquis des droits et des intérêts qui ont fait l ’objet d’une convention italo-britannique. La zone qui sera éven­ tuellement attx-ibuée à l ’Italie sera délimitée, le moment ve­ nu, en tenant compte des intérêts existants de la France et de la Grande-Bretagne. Les intérêts de l’Italie seront également pris en consi­ dération dans le cas où l ’intégrité territoriale de l ’empire ot­ toman serait maintenue et où des modifications seraient fai­ tes aux zones d’intérêt des puissances. Si la France, la Grande-Bretagne et la Russie occupent les territoires de la Turquie d’Asie pendant la durée de la guerre, la région méditerranéenne avoisinant la province d’A ­ dalia dans les limites indiquées ci-dessus sera réservée à l’Ita­ lie qui aura le droit de l’occuper.
  • 15. ACCORDO DI LONDRA 11 Art. 10. — L'Italie sera substituée en Lybie aux droits et privilèges appartenant actuellement au Sultan en vertu du Traité de Lausanne. Art. 11. — L ’Italie recevra une part correspondant à ses efforts et à ses sacrifices dans l’indemnité de guerre éven­ tuelle. Art. 12. — L'Italie déclare s'associer à la déclaration faite par la France, la Grande-Bretagne et la Russie à l’effet de laisser l’Arabie et les lieux saints musulmans en Arabie sous l ’autorité d’un pouvoir musulman indépendant. Art. 13. — Dans le cas où la France et la Grande-Bre­ tagne augmenteraient leurs domaines coloniaux d ’Afrique aux dépens de l ’Allemagne, ces deux puissances reconnais­ sent en principe que l’Italie purrait réclamer quelques com ­ pensations équitables, notamment dans le règlement en sa faveur des questions concernant les frontières des colonies italiennes de l ’Erythrée, de la Somalie et de la Lybie et des colonies voisines de la France et de la Grande-Bretagne. Art. 14. — La Grande-Bretagne s’engage à faciliter la conclusion immédiate, dans des conditions équitables, d’un emprunt d’au moins L. 50.000.000 à émettre sur le marché de Londres. Art. 15. — La France, la Grande-Bretagne et la Rus­ sie appuieront l’opposition que l'Italie formera à toute pro­ position tendant à introduire un représentant du Saint-Siè­ ge dans toutes les négociations pour la paix et pour règle­ ment des questions soulevées par la présente guerre. Art. 16. — Le présent arrangement sera tenu secret. L ’adhésion de l’Italie à la déclaration du 5 septembre 1914, sera seule rendue publique aussitôt après la déclaration de guerre par ou contre l’Italie. Après avoir pris acte du mémorandum ci-dessus, les re­ présentants de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie, dûment autorisés à cet effet, ont conclu avec le re­ présentant de l’Italie, également autorisé par son Gouver­ nement, l ’accord suivant: La France, la Grande-Bretagne et la Russie donnent leur plein assentiment au mémorandum présenté par le Gouver­ nement italien.
  • 16. 12 ACCORDO DI LONDRA Se référant aux articles 1, 2 et 3 du mémorandum, qui prévoient la coopération militaire et navale des quatre puis­ sances, l’Italie déclare qu’elle entrera en campagne le plus tôt possible et dans un délai qui ne pourra excéder un mois à partir de la signature des présentes. En foi de quoi les soussignés ont signé le présent accord et y ont apposé leurs cachets. Fait à Londres, en quadruple original, le 26 avril 1915.
  • 17. B MEMORIA DELLA DELEGAZIONE ITALIAN A ALLA CONFERENZA DELLA PACE (7 febbraio 1919) LES REVENDICATIONS DE L ’ITALIE SUR LES ALPES ET DANS L ’ADRIATIQUE (*) Les pages qui suivent ont pour but d’exposer les reven­ dications de l’Italie pour ce qui concerne les territoires de l ’ancienne Monarchie austro-hongroise. Elle mettent en lu­ mière l ’ensemble des raisons sur lesquelles se trouvaient fon ­ dées les Conventions réglant l’entrée en guerre de l ’Italie. En faisant abstraction de ces Conventions, les revendi­ cations italiennes se présentent, dans cet exposé, animées de tels éléments de justice, de légitimité et de modération qu’elles entrent parfaitement dans le cadx-e des principes énoncés par le Président Wilson et peuvent, par conséquent, être reconnues par tous. Certes, nos demandes signifient .l’adjonction à l ’ Etat italien d’un certain nombre de citoyens d’origine et de lan­ gue différentes de la nôtre, mais ce phénomène se vérifie dans une proportion bien plus grande dans des Etats déjà pleinement constitués et il est sur le point d’être reconnu et légalisé dans les Etats qui vont naître. Le fait est que trop longtemps l ’idée de la coïncidence entre la constitu­ tion des Etats et les frontières, des nations a été méprisée. Les Gouvernements nés sous les auspices de l ’équilibre des forces grâce au traités de Westphalie, d’Utrecht, de Campo- Formio, de Vienne avaient tout intérêt à détruire les ti­ tres des Nations pour mettre obstacle à leurs revendications politiques; partant ils ont favorisé les infiltrations et les apports de races étrangères au delà des limites que la na­ ture avait données aux Patries. En dépit de cela, le tort fait à un peuple ne pourrait jamais devenir une source de droit (*) Un sunto ne fu diramato dalla Stefani il 12 febbraio 1919.
  • 18. 14 MEMORIALE ITALIANO pour ceux qui en ont pris la responsabilité vis-à-vis de l'His- toire. Si les Polonais pouvaient réaliser pleinement leurs as­ pirations nationales, ils engloberaient, par l’adjonction de la Galicie, de Dantzig, de la Posnanie et des territoires prussiens, 40 p. 100 au moins de populations d’origine étrangère; les Tchèques, 30 p. 100, en Slovaquie, Bohême et Silésie); les Roumains, 1" p. 100 (en acquérant la Tran­ sylvanie, la Bessarabie, la Bukovine et une portion du Ba- nat); les Yougo-Slaves, 11 p. 100, puisqu’ils réclament en dehors des frontières italiennes des territoires où les Slaves forment un pourcentage minime de population; la France, 4 p. 100, et l’Italie, par la rédemption de ses frères, 3 p. 100 seulement. Pour ce qui concerne l’Italie, nous pouvons exclure, à la lumière des précédents historiques, le danger de la création d’« irrédentismes » qui ne peuvent découler que d’injustices et de persécutions. Les citoyens de la val­ lée d ’Aoste qui parlent français, les Slaves du Natisone, les Allemands des Sept-Communes ne se sont jamais aperçus qu’il étaient soumis à une domination étrangère, car ‘cur individualité particulière a été constamment respectée. L’ Eu­ rope n ’a jamais entendu une seule voix de protestation ou de reproche prononcée par ces allogènes, vieux citoyens de l’Etat italien, et, pour sûr, elle ne sera jamais troublée par l’écho de dénis de justice infligés à Allemands ou Slaves amenés par le changement d’Etat en deçà des nouvelles fron­ tières italiennes. Lorsqu’on comprend de la sorte la coexistence de ci­ toyens de langues différentes, l ’on peut bien penser qu'el­ le est conforme au sens intime des principes wilsoniens exi­ geant la solution équitable des contestations territoriales, ethniques et nationales longtemps disputées et l’égalité des peuples, fondement nécessaire de la paix. LES DEMANDES DE L’ iTALIE L ’Italie, en entrant en guerre pour tenir tête à l’atta­ que des Empires centraux, se proposait aussi, comme buts particuliers, de délivrer ses fils opprimés par l ’étranger et de compléter la sécurité de ses frontières par terre et par mer. A présent que la victoire est venue, une victoire à la­ quelle a contribué par un effort qui peut soutenir sans crain­ te toute comparaison avec celui de n’importe lequel de ses Alliés, l’Italie formule ses demandes sur la base de ces prin­ cipes qui ont dicté sa décision de prendre part au conflit du côté de l’Entente contre ses alliés de jadis. Ces princi­
  • 19. MEMORIALE ITALIANO 15 pes, si l ’on veut concilier autant que possible les buts na­ tionaux avec les sûretés nécessaires, peuvent être formulés par la revendication d’une frontière terrestre qui est celle des Alpes, en embrassant le Haut Adige, le Trentin, la Vé- nétie Julienne et par l’amélioration indispensable de la si­ tuation de l’Italie dans la mer Adriatique afin de la tirer de cet état d’infériorité absolue et dangereuse qui lui a été imposée Jusqu’ à présent. Ces revendications ne sont pas pour nuire aux aspirations légitimes des nouveaux Etats qui trouvent un débouché sur cette mer. Les demandes de l’Italie, en tant qu’elles se fondent essentiellement sur le principe de nationalité, n’ont pas be­ soin d’être développées d’une façon spéciale. Ses demandes qui visent à lui garantir son avenir, indépendamment de l’at­ titude que pourront avoir dans le présent ou dans le futur les Etats avoisinants, ne sont pas moins concordantes avec les principes qui ont réglé l’action des Puissances alliées et associées, et cela même si elles s’écartent partiellement de l ’application rigoureuse de la formule ethnique. Il est en effet évident que la Société des Nations, vers laquelle ten­ dent nos voeux, aura des racines d’autant plus solides et du­ rables que chaque peuple se sentira mieux garanti contre tout danger extérieur et contre toute violence, et que la possibilité même de menaces de la part de l’étranger sera plus sûrement écartée par des moyens aussi absolus que les obstacles physiques. Les demandes de l’Italie à cet égard ne constituent au­ cune menace pour les autres, elles tendent seulemnt à pré­ venir les menaces des autres qui pourraient être dirigées con­ tre elle. Ce n’est qu'ainsi que l’Italie, délivrée de toute préoccupation, pourra appliquer dans la pratique cette ré­ duction des armements qui doit être pour l’humanité le ré­ sultat le plus bienfaisant de la nouvelle organisation qu’at­ tend le monde. LA FRONTIERE DES ALPES SEPTENTRIONALES Dans les Alpes, la nouvelle frontière que l’Italie doit atteindre correspond dans son ensemble à la ligne tracée au moment de l’armistice entre les Puissances alliées et as­ sociées et l’Autriche-Hongrie, le 3 novembre 1918. Prenant racine au Piz Umbrail, au Nord du col du Stelvio, cette li­ gne accompagne la crête des Alpes Réthiques jusqu’aux sources de l’Adige et de l’Isarco, en passant par le col de Reschen, le Brenner et les massifs de l’Oetz et du Ziller. De là, elle se dirige vers le Sud en atteignant les monts de
  • 20. 16 MEMORIALE ITALIANO Dobiaco (Toblach) et se relie aux Alpes Juliennes. Nous avons là, dans les Alpes, une véritable frontière géogra­ phique dans la ligne de partage des eaux. Cette frontière est la seule qui puisse être constituée par un obstacle réel con­ sistant dans un mur de rochers. Ce mur imposant a toujours été considéré comme la limite de l ’Italie; car il a la valeur d ’une garantie nécessaire et suffisante, il barre les passages parcourus par deux grandes voies de communication, il con­ sent aux habitants des hautes vallées la faculté de descendre vers le plaine selon leur mouvement naturel; il se déroule enfin sans le moindre artifice suivant des échelons successifs qui peuvent être précisés les uns après les autres d’une fa­ çon nette et incontestable. Pour sûr le développement na­ turel de cette ligne nous amènerait jusqu’aux hauts Tauern et devrait les comprendre; mais l’Italie se laisse diriger par la préoccupation de ne rien demander au delà de ce qui est requis comme indispensable par les lois de sa propre dé­ fense, L ’Italie donc coupe cette ligne à partir du Pic des Trois Seigneurs, dans le massif du Ziller, en suivant, à par­ tir de là, la direction du Midi evrs le Hoch-Gall. La fron­ tière ainsi réduite passe ensuite le long des cimes du Kreutz- spitz et du Hochhornspitz pour se relier à Cima Vanscuro aux Alpes Carniques au delà de la vallée de Sexten qu’elle comprend tout entière avec Innichen. A partir de Cima Van­ scuro, la nouvelle frontière, se tenant toujours sur le pina­ cle des Alpes Carniques, suit, jusqu’au Mont Lodin, l’an­ cienne limite politique du royaume d’Italie. L ’importance stratégique du Haut-Adige a toujours été reconnue, puisque dans la vallée supérieure de l’Adige trou­ vent leur naissance toutes les routes qui ont servi aux inva­ sions allemandes vers l’Italie. Même si l’Italie avait Trente, les Allemands tiendraient encore là-haut les portes d’Italie. L’Italie est obligée d’arriver bien au delà de Bolzano pour empêcher les Allemands de dominer tout le côté italien des Alpes, grâce à la jonction des deux grandes lignes de che­ mins de fer qui ont franchi les Alpes au Brenner et à D o­ biaco. Le général autrichien Kuhn l’a écrit: « Si les Ita­ liens veulent défendre Venise, ils doivent s’emparer du Tv- rol méridional jusqu’ au Brenner ». Toute autre ligne de frontière plus en arrière ne signi­ fierait qu’une amputation artificielle et imposerait des ar­ mements coûteux en contraste avec les principes dirigeants de la paix que l’on prépare. La ligne proposée assure, au contraire, un même sentiment de tranquillité au peuple qui habite au Nord, car la nature âpre du terrain sans routes ôte toute possibilité d’opérations militaires de quelque en­
  • 21. MEMORIALE ITALIANO 17 vergure soit du côté nord, soit du côté sud. Cette frontière du Brenner est donc dictée par la nature, par la vie des deux peuples et par les raisons suprêmes de la sûreté et de la paix. Elle place les deux peuples voisins dans un état d'éga­ lité parfaite à tous les points de vue. Elle nous ramène à la nature et, quisqu’elle s’identifie avec la réalité, elle a un caractère définitif. En ne perdant pas de vue la nécessité et la convenance suprême d’une telle frontière, l ’on voit que l ’inclusion de presque 200.000 habitants de langue allemande n’a plus de portée. Si même l ’on fait abstraction des rapports qui ont toujours existé, au cours de l’histoire, entre ce pays et l’Ita­ lie, rapports dont témoignent les monuments et des souve­ nirs ineffaçables et qui sont sanctionnés sous le double as­ pect politique et militaire par l’annexion au royaume d’Ita­ lie sous Napoléon, l ’on 11e saurait oublier que la physiono­ mie ethnique que présente le Haut-Adige à l’heure qu’il est 11’est que le produit de superpositions forcées et d’invasions étrangères, dans un bassin qui, à la lumière de la géogra­ phie, de l’histoire et de l’économie politique, apparaît net­ tement italien. Encore au commencement du XIXe siècle, l'élément italien prédominait non seulement au sud de la frontière napoléonienne, mais dans toute la vallée Venosta et dans une portion des districts de Bressanone et de Sterzing. La vallée de Badia est encore italienne aujourd’hui et dans l’ensemble au moins 45.000 Italiens vivent toujours dans le Haut-Adige proprement dit. Mais, même si l ’on fait abstrac­ tion de tout ce qui précède, la conclusion ne s’en impose pas moins que le territoire placé entre la frontière politique antérieure à la guerre et celle requise aujourd’hui, c’est-à- dire le pays de Trente et du Haut-Adige, qui constitue une même unité géographique, est habité dans son ensemble par une popidation de 600.000 âmes, dont 420.000 (380.000 d’après les statistiques autrichiennes elles-mêmes) sont de langue italienne. Dans le cas même où tant de raisons de défense et de sûreté ne pourraient être avancées en faveur de l ’inclusion du Haut-Adige dans le royaume d’Italie, le fait de la supériorité numérique de la population italienne (en raison de presque 70 p. 100) dans un pays indivisible pour des raisons péremptoires exigerait que le tout fût relié à son milieu naturel économique et national. La frontière destinée à l’Italie s’éloigne de nouveau de celle d’avant-guerre aux environs du Mont Lodin, pour sui­ vre la pinacle des Alpes et embrasser en premier lieu la conque de Tarvis, pivôt de toutes les lignes qui aboutissent au Tagliamento et par là, clef de la défense de la porte 2
  • 22. 18 MEMORIALE ITALIANO orientale de l’Italie, centre de ralliement de chemins de fer de grande envergure et centre principal des routes qui s’ou- vrent vers les trois chaînes de montagnes: les Juliennes, les Carniques et les Caravanques. Le nom de Terviso (Trois Visages) lui vient probablement de ce que le passage est ouvert dans trois directions ainsi que Napoléon put en faire l ’expérience lorsque, voulant assurer la défense du Frioul et de l’Italie, il souda la haute vaullée du Fella avec Weis- senfels à Tarvis et à tout son royaume italien. Des raisons découlant de considérations économiques s’ajoutent à cel­ les d’ordre militaire pour recommander une solution qui seule peut rendre viable la communication directe entre la vallée du Fella et la haute vallée de l’Isonzo par un chemin transversal de 17 kilomètres (au lieu de 150). A cette recti­ fication l’on ne peut certes pas faire des objections de carac­ tère ethnique, car la population de cette bande de territoi­ re est seulement, de 5,800 âmes, à vrai dire surtout des Alle­ mands. LA FRONTIERE TERRESTRE ORIENTALE 11 faut suivre aussi dans le territoire de la Vénétie Ju­ lienne ces mêmes indications que nous offrent la nature et l’histoire, si l’on veut rectifier la faute inique par laquelle l’Italie fut obligée, en 1866, de recevoir comme frontière du côté de l’Autriche la ligne tout à fait artificielle établie par le Gouvernement de Vienne entre deux de ses circonscrip­ tions administratives: le royaume Lombardo-Vénitien et la province vénitienne du Littoral. Pour tracer la nouvelle fron­ tière de l’Italie il faut arriver à la ligne de partage des Alpes Juliennes, jusqu’au golfe de Quarnero, en obéissant aux mê­ mes idées directrices de séparation géopraphique, de défense naturelle, de tradition historique, de rachat des populations. Les géographes de tous les pays et de toutes les époques ont placé sur les Alpes Juliennes les frontières de l’Italie. La région vénéto-julienne a suivi un développement historique comparable à celui de toutes les autres parties de la péninsule italienne, avec cette seule différence que le mouvement de réintégration du territoire national qui a regroupé l'Italie dans un seul système politique avait été incapable jusqu’à présent de racheter ces régions extrêmes de la patrie ita­ lienne, de même que Venise était restée irrédimée jusqu’en 1866 et la Lombardie jusqu’en 1859. Si l’on remonte de la mer à la montagne, on retrouve à chaque pas les traces de Rome et de Saint-Marc, se rattachant encore à présent à la vie du peuple et dont les moeurs, l’état d'âme sont dominés
  • 23. MEMORIALE ITALIANO 19 par le caractère italien, même dans les villages où <ans le cours des siècles la composition ethnique de la population a été métissée par des infiltrations étrangères. Dans ces pays-là, il s’ agit vraiment d’appliquer le mot de Renan qui a défini l’existence quotidienne du peuple « un plébiscite de chaque jour », car la constance dans le sacrifice qui ne s’arrête pas même devant les épreuves du martyre offre dans des do­ cuments d’une grande éloquence le témoignage du consente­ ment harmonieux et instinctif de cette région à tout le mou­ vement séculaire, de pensée et d’ action, pour la délivrance et l'unité de l’Italie, but permanent d’un peuple qui tendait sans cesse à se réunir, à la faveur d’une occasion convoitée, aux frères déjà rédimés. Le Gouvernement autrichien a été obligé, le jour même de la proclamation de l’état de guerre avec l’Italie, à dissoudre tous les corps électifs dans les mu­ nicipalités de la Vénétie Julienne, en reconnaissant par là que les Italiens s’identifiaient avec les ennemis irréductibles et menaçants de son existence d’ État intrus et oppresseur. Dès que le mouvement de dissolution de cet État eut con­ traint les Gouvernements de Vienne et de Budapest à pro­ mettre à leurs peuples le droit de disposer d’eux-mêmes, im ­ médiatement à Gorizia et à Trieste comme dans le Trentin, dans toute l ’Istrie et à Fiume, les populations, en dépit de toutes les persécutions, les souffrances, les condamnations à l’internement infligées même aux vieillards, aux femmes et aux enfants, se levèrent pour chasser les représentants du pouvoir austro-hongrois. Elles se trouvèrent d’accord pour proclamer l ’annexion au royaume d’Italie, tandis que les troupes encore armées occupaient le territoire avant la de­ mande et la signature de l’Armistice, sans attendre que les forces de l’Italie et des Alliés fussent en mesure de protéger l’insurrection. De la sorte, la Vénétie Julienne, n’obéissant qu’à la voix de son instinct, « se jetait en pleurant de joie au cou de sa mère retrouvée », pour employer les mêmes mots que le Président Poincaré a appliqués à l’Alsace. Le mouvement de 1’« irrédentisme » italien prit nais­ sance le jour même où le Traité de paix de 1866 n’accom­ plit que partiellement le rite expiatoire pour cet acte de grande violence politique qui, signé à Campo-Formio, fut confirmé par le Congrès de Vienne. Si l’on veut donner de nouveau la paix à l’Europe centrale et à l’Adriatique, il est indispensable de reprendre l’effort interrompu en 1866, de déchirer le dernier lambeau qui subsiste du Traité de Vien­ ne par lequel l’Italie a été privée d’une partie de ses enfants et la sûreté de sa frontière vers l’Adriatique a été com pro­ mise sur terre et sur mer. Pour parvenir à ce résultat néces-
  • 24. 20 MEMORIALE ITALIANO 6aire, la frontière du royaume d’Italie doit être, en premier lieu, ramenée a la ligne de partage des Alpes Juliennes qui, par 3e Moistrovka, à l'est dit Manhard, le Tricorne, les cols d’Idria et de Nauporto, dévale le long d’une série de coupes massives, selon le tracé de la carte ci-jointe, en se modelant ensuite sur la ligne naturelle qui sépare les eaux entre le Quarnero et le Canal du Maltempo, près de la côte de Croa­ tie. L ’on rejoint ainsi la mer en face de l’île de Veglia là où des récifs ont gardé le nom fatidique de Saint-Marc. La description de la frontière n’ a pas même besoin de commentaires là où de très minces variations sont apportées à la ligne d’ensemble tracée par le Convention de Londres, car il ne s’agit que de préciser et d’interpréter quelques points douteux. Ce n’est qu’avec cette frontière que l’on peut fermer la porte orientale de l’Italie, que l ’on peut barrer les routes qui ont été nommées à bon droit les routes des barba­ res. Du reste, il ne s’agit que d’appliquer du côté de l’Orient les mêmes principes qui vers le Nord placent la frontière de l ’Italie au col du Brenner. Le territoire vénéto-julien était morcelé jusqu’ici entre six provinces de la monarchie austro- hongroise. Le bassin de l’Isonzo s’appelait la « Comtée prin- cière de Gorizia et Gradisca » ; Trieste avec son territoire constituait une province en elle-même « fief immédiat de l ’Empire » ; le « Margraviat d’Istrie » était composé de la péninsule istrienne et des îles du Quarnero. La plus grande partie de l ’intérieur du Carso avait été agrégée à la Carniole, tandis que la ville de Fiume, avec son district, faisait partie de la Couronne de Hongrie à titre de « Corps séparé », et le triangle entre Fiume, le col de Polizza et le rocher de Saint- Marc avait été annexé à la Croatie. Mais la nature, tout au contraire, avait fait de la Vénétie Julienne un tout géogra­ phique clairement défini. Si l’injustice du sort, sortout dans le dernier siècle, en a démembré la possession sans le moindre égard à la volonté et aux intérêts des habitants, en jetant les semences de conflits extérieurs et intestins, il faut redonner libre cours ici encore à la nature des choses, reconstituer l’unité politique du pays et reconnaître qu’il appartient à la formation étatique italienne, selon les revendications natu­ relles, historiques et économiques. Les centres les plus im ­ portants de la Vénétie Julienne, Gorizia, Trieste, Pola, Fiu­ me, sont des villes italiennes et non seulement dans leur passé, mais dans l ’immense majorité de leur population actuelle, certifiée par les statistiques officielles elles-mêmes du Gouvernement autrichen et du Gouvernement hongrois. Les villes et les bourgs de moindre importance sont italiens, ainsi que de vastes étendues de la campagne dont des attaches
  • 25. MEMORIALE ITALIANO 21 indestructibles lient l’existence économique et civile à celle des villes avoisinantes. Les adversaires de la cause de l’Italie eux-mêmes ne se risquent pas à soutenir que la Vénétie Ju­ lienne puisse être démembrée encore une fois de façon à at­ tribuer quelques parties plus intérieures de son territoire à un État autre que celui qui aura les centres plus importants placés la plupart le long des côtes. Puisque ces centres, soit sur la côte, soit à l ’intérieur des terres, sont tous italiens sans contestation possible et dominent la vie morale et matérielle de la région tout entière, ce n’est qu’à l’Italie que l’on pour­ rait reconnaître la possession de tout le pays et plus encore que par les motifs supérieurs de sa défense vers l’Orient, de son histoire, de sa civilisation, en force surtout des lois qui ré­ gissent la vie économique de l’endroit et pour sauvegarder le bien-être de sa poulation de n’importe quelle origine. Même en laissant de côté les sûretés miliaires et les nécessités géo­ graphiques, une ligne de frontière transactionnelle qui ne soit pas fondée sur des données territoriales très précises ne saurait résoudre dans aucun cas la lutte de races que semble menacer aux yeux de quelqu’un l'annexion des minorités slo- vènes et n ’aurait, d’ autre part, la moindre valeur économique permanente. Les débouchés naturels des zones de montagne devenues slaves, et très peu peuplées d’ailleurs, ne sont au­ tres que la plaine de Venise et du Frioul et les ports italiens de la région vénéto-julienne de Trieste à Fiume. Supposons un istant que ces zones, où actuellement les Slaves sont les plus nombreux, fussent reliées à un autre État que l’Italie: elles deviendraient les noyaux de forces nationalistes exaspé­ rées dans un sens opposé aux Italiens, car leur tendance iné­ vitable les ramènerait à la mer vers laquelle elles exerce­ raient, avec toute leur énergie, avec le secours aussi des régions intérieures slovènes et croates, une pression mena­ çante. Les pays italiens de frontière vivraient alors dans une agitation perpétuelle et les deux États voisins dans une ten­ sion ininterrompue. Au contraire, si la frontière italienne embrassait tout le territoire en deçà des Alpes, y compris les fragments où les Slaves habitent et même prévalent entière­ ment, il n’y aurait aucun danger d’un irrédentisme slave, empêché de se développer par un régime éclairé des minori­ tés ethniques. Cette solution est la seule qui puisse éviter ou rendre inoffensif et, partant, éteindre aux premières étin­ celles tout mouvement de désannexion slave qui serait créé par une frontière artificielle sous la pression des nécessités économiques sauvegardées dans l’intérêt des Slaves cisalpins, ainsi qu’il leur est arrivé jusqu'ici dans les agglomérations urbaines et dans les ports italiens de la côte sous la protec­
  • 26. MEMORIALE ITALIANO tion du régime italien. Une fois que l’indivisibilité de la terre et l’obligation où l’on est d’en faire le rempart oriental de l’Italie à la ligne des Alpes auront été proclamées, peu im ­ porte pour la valeur de la revendication formulée par l’Italie le nombre des habitants parlant une autre langue qui pour­ ront se trouver ou mêlés comme minorité ethnique aux Ita­ liens dans quelques districts ou même constituant la majorité dans quelques parties extrêmes de la région. La raison, l’as­ pect et la portée de pareils phénomènes sur les marges terri­ toriales d’autres unités nationales qui n’en sont pas pour cela amoindries ou brisées ont trouvé plus haut leur explication. De toute façon, l’on ne saurait accepter des impressions faus­ ses quoicpie répandues et il faut tirer au clair que la Vénétie Julienne n’est qu’une partie, détachée récemment par une violence politique, de l’ensemble géographiquement uni de la Vénétie qui, sur 3.600.000 habitants, n ’héberge qu’un peu plus de 400.000 Slaves. Si l’on restreint le calcul à la région qui a été jusqu’ici séparée du royaume (Vénétie Julienne), les statistiques officielles autrichiennes témoignent l’existence dans l’ensemble de la région vénéto-julienne de 482.000 Ita­ liens (y compris les citoyens du îoyaume) vis-à-vis de 411.000 Slaves (Slovènes et Croates). L ’on doit encore remarquer que tous les Italiens, sans en excepter l’immense majorité de ceux qui étaient citoyens du Royaume, sont d’origine locale et nés dans le pays même, tandis que les Slaves, surtout dans les villes, n’y sont arrivés que très récemment dans leur très grande majorité à la suite d’une immigration expressément organisée avec visées poli­ tiques. A cela il faut encore ajouter que les recensements officiels ont modifié l ’état réel des choses au détriment des Italiens, ainsi que l’a reconnu une déclaration explicite de la Commission centrale autrichienne de statistique, qui ad­ mit l’artifice des méthodes employées dans certaines révisions atrificielles du dernier recensement. Après cela, sans s’ attar­ der dans des exemples et des démonstrations détaillées, il faut admettre que le rapport entre les nationalités dans toute la Vénétie Julienne est en fait bien plus favorable aux Ita­ liens qu’il n’apparaît par les statistiques officielles qui déjà ont dû en montrer l’aspect en prévalence italien. Tel qu’il est, l’état de fait est entièrement à l’appui du droit des Ita­ liens fondé sur les raisons géographiques et historiques et sur la prédominance dans la vie civile et économique. Même en laissant de côté les souvenirs de l’activité politique locale, il nous suffira de rappeler que, dans les trois provinces de Trieste, de Gorizia et Gradisca et de l’Istrie (dans lesquelles les statistiques officielles ont dénombré 44 .p. 100 de popu­
  • 27. MEMORIALE ITALIANO 23 lation italienne, 32 p. 100 de Slovènes et 20 p. 100 de Croates) les Italiens ont en main l’administration de municipalités qui embrassent 70 p. 100 de toute la population de la Vénétie Julienne. Or, la vie communale, qui constitue la base essen­ tielle et traditionnelle de la vie publique, est organisée selon un système électoral largement ouvert à toutes les couches populaires. Sous le même régime, les municipalités, ayant à leur tête une administration slave ne comptent que le 30 p. 100 de la population réunie des trois provinces. Trieste est gouvernée par un conseil, tenant, de même, lieu de diète, de 80 membres, dont 68 étaient Italiens, et de même dans l ’Istrie et dans le Comtat de Gorizia, les règlements électo- raux façonnés par le Gouvernement avec la préoccupation de favoriser les Slaves n’avaient pu empêcher les Italiens de garder la majorité dans les diètes provinciales. Il suffit de ces quelques manifestations plus importantes dans la vie politi­ que de la Vénétie Julienne pour démontrer que les Italiens constituent, en dépit des statistiques officielles, la grande majorité de la population, ou encore qu’une bonne partie des Slaves, bravant les pressions et les agitations des adversai­ res, s’inclinent devant la supériorité des Italiens, en appré­ ciant les avantages, voir même la nécessité, de la cohabita­ tion avec les éléments italiens, en parlent la langue et en acceptent le programme politique qui, à vrai dire, n ’a ja­ mais été caché par le parti italien, même dans les luttes pour les administrations locales. L ’importance singulière de ces données se trouve augmentée lorsqu’on tient compte de la tâche de persécution nationale poursuivie par tous les moyens — et surtout pendant les derniers cinquante ans — par le Gouvernement de Vienne contre la population ita­ lienne. Contrairement aux lois constitutionnelles, celle-ci se vit constamment refuser des écoles soit inférieures, soit m o­ yennes ou supérieures, tandis que les Slovènes et les Croates (comme prix de leur fidélité inébranlable à la Monarchie, confirmée par la motion du mois de mai 1917 au Parlement Autrichien, et par l ’effort militaire soutenu jusqu’au mois d’octobre 1918) gardèrent toujours une situation de faveur et de privilège au sein même des villes nettement italiennes. LA DEFENSE DE L ’ ADRIATIQUE Grâce à la nouvelle frontière fixée sur les Alpes Julien­ nes, qui renferme dans les limites du royaume la côte de l’Istrie jusqu’à Fiume, y compris Pola, l’infériorité de l’Ita­ lie dans la mer Adriatique, qui lui avait nui si profondé­ ment et au détriment de la paix générale de l’Europe, ya
  • 28. 24 MEMORIALE ITALIANO être diminuée, mais pas encore éliminée. Pour compléter la réparation de ces dommages en mettant de côté les dan­ gers qui la menaçaient, l'Italie doit avoir une part conve­ nable des côtes et des îles de la Dalmatie. A partir du moment dans lequel, au lendemain de la chute de Venise, l’Istrie et la Dalmatie ont été livrées à l’Au­ triche et l’unité naturelle de la mer Adriatique a été émiettée dans des partages militaires et politiques, ce problème est là clair et précis dans toute sa gravité menaçante. Les jeunes dé­ mocraties que le génie de la Révolution française avait fait naître en Italie en ont été tourmentées; Napoléon lui-même en a eu le remords lorsqu’il a essayé de réparer à Presbourg la faute de Campo-Formio, la réaction germano-viennoise s’en fit un cauchemar dès qu’elle voulut river sur le rivage d’en face les boulons des chaînes qui tenaient l’Italie. Mais les penseurs et les hommes d’Etat en eurent la révélation bien nette, non moins d’ailleurs que les peuples et les soldats d’Italie, qui ne furent empêchés que par des malheurs et des fautes, jusqu’à Lissa et au congrès de Berlin, dans leur sou­ ci d’assurer le sort de l’Italie et la paix du monde. Les temps et les conditions ont changé et l’Italie est en mesure de modifier son postulat adriatique. Désormais, elle n’a plus besoin de la maîtrise absolue de cette mer, mais elle peut se contenter de demander que sa liberté soit reconnue sans penser à exclure de la possession des côtes adriatiques la nouvelle organisation yougo-slave. Toutefois elle doit deman­ der pour elle rien de plus et aussi rien de moins de ce qui peut lui suffire pour la garantie de sa tranquillité et pour la mettre à l’abri des menaces d’autrui. Si l’Italie fait cela, elle ne s’oppose certes pas aux lois de la géographie et de l’histoire, ni aux principes de nationalité et d’économie pu­ blique. Tout au contraire. La Dalmatie tout entière du temps de Rome et de Venise a été unie à l’Italie pour son propre bonheur et pour la paix du monde. Le Gouvernement Au­ trichien lui-même a considéré la Dalmatie jusqu’en 1866 comme un territoire italien tel que la Lombardie et la Vé- nétie. Il n’y a qu’ à lire les textes de géographie que ce gou­ vernement faisait étudier dans des écoles de guerre. Les conventions négociées à la veille de l’entrée en guer­ re de l’Italie se proposaient au contraire de lui garantir seu­ lement telle portion des îles et du continent de la Dalmatie qui pût être considérée suffisante à éliminer tous les dan­ gers et toutes les menaces. Ce ne fut qu’un compromis. Mais il faut encore montrer à quel point de modéra­ tion arrive le compromis auquel l’Italie s’était adaptée en 1915. D'abord ce compromis ne comprenait pas Spalato,
  • 29. MEMORIALE ITALIANO 25 l’ancienne ville qui renferme les témoignages les plus écla­ tants de la latinité et que, pourtant, pourrait et devrait y être ajoutée. De 12.385 kilomètres carrés que comporte la Dalmatie, l’Italie n’en obtiendrait que 6.326, c’est-à-dire la moitié à peine; mais des 645.000 habitants que compte la population de la Dalmatie, 287.000 seulement seraient ci­ toyens italiens (le 44 p. 100) et l’Italie n’obtiendrait que 117 lieues (le sixième) de la côte continentale qui se dé­ veloppe de Fiume aux embouchures de la Boiana, tandis que les Slaves en obtiendraient 647. Cela revient à dire que les Yougo-Slaves auraient sur le rivage oriental d e -l’ Adriatique une ampleur côtière six fois plus grande que celle consen­ tie à l’Italie et en même temps ils garderaient plus que la moitié de la population et la moitié de l’extension super­ ficielle du continent et des îles de la Dalmatie. Si l’on pense qu’en 1909 des écrivains serbes officieux considéraient suf­ fisante à garantir l’indépendance de la Serbie une extension côtière sur l’Adriatique de 5 kilomètres entre Raguse et Cat- taro, on ne pourra empêcher de reconnaître la modération des aspirations de l’Italie et sa libéralité vis-à-vis des peuples avoisinants. En effet non seulement ils pourraient obtenir les ports de la côte croate (Buccari, Porto Re, Segna, etc.), mais on leur attribuerait les plus grands ports de la Dalmatie. Pour ce qui concerne le point de vue national, le ter­ ritoire dalmate garanti à l’Italie par les pactes compte en­ viron 280.000 habitants dont les statistiques officielles autri- ciennes ne reconnaissent que 12.000 comme Italiens, mais vous avez là le résultat de la plus cruelle violence que puisse enregistrer l’histoire politique de l’Europe dans le cou­ rant du siècle dernier. L’Autriche en Dalmatie ne s’est abs­ tenue d’ aucune supercherie et elle a eu même recours à la violence lorsque après 1866 elle voulut empêcher la résur­ rection de tout mouvement d’annexion à 1 Italie, et après 1878 et 1882 elle eut besoin de supprimer l’élément italien pour réaliser ses plans balkaniques. A la rigueur, l ’on pour­ rait bien mettre en ligne de compte l’origine illyrico-romai- ne des « Morlaques », nettement distincts des Slaves et plu­ tôt apparentés aux Albanais. Or ils constituent presque un tiers de la population de la Dalmatie. Mais même en vou­ lant oublier ces souvenirs, et en relevant impartialement les résultats des statistiques scolaires, des consultations électo­ rales, des différentes manifestations de la vie sociale, l’on aboutit à donner un portrait de la nationalité de la popula­
  • 30. 26 MEMORIALE ITALIANO tion dalmate incluse dans les limites assignées à l’Italie tout autre que celui que voudraient nous apprendre les statisti­ ciens viennois. Non moins de 50.000 Italiens de nom, de fait, d’opinion y habitent, mais les 4/5 furent supprimés par des recensements inexacts; au moins 15.000 soi-disant Slaves se déclarant tels par opportunisme politique ignorent le slave, et, ne le parlant pas, emploient dans leur usage familier exclusivement la langue italienne. Plus de 100.000 Slaves possèdent et parlent couramment l’italien, n’ont ja ­ mais pu ni ne peuvent se passer de la cohabitation avec les Italiens, qu’ils verront d ’un oeil favorable dès qu’ils se­ ront délivrés des agitations étrangères. Enfin guère plus de 100.000 Slaves vivant dans les campagnes n’emploient pas l’italien et pourraient soustraire leur vie à l’influence de l’Italie; mais eux non plus, remarquez-le bien, pas même à présent sous la pression d’agitations déchaînées sans frein de­ puis des dizaines d’années, ne manifestent la moindre hos­ tilité réelle vis-à-vis des italiens des villes et des villages le long de la côte, population italienne dont ils ont toujours reconnu la supériorité civile et économique. La vitalité de l’élément italien sur la côte dalmate est malgré tout en­ core telle que les Croates eux-mêmes doivent déplorer pu­ bliquement dans leurs journaux que le visiteur de la Dalma- tie ne peut qu’en rapporter une impression tout autre que celle qu’ils voudraient, c’est-à-dire l’impression d’une terre italienne. Ils reprochent alors aux Dalmates l’habitude « honteuse » de parler l’italien. Comment pourrait-il en être autrement dans un pays où seule la violence employée par le Gouvernement autrichien a pu priver les Italiens de leur représentation parlementaire, qui en 1869 comptait sept députés italiens et deux slaves, et de la majorité dans la Diète de la province, qui dans les premières élections de 1861 était de trente députés italiens contre treize slaves? Néanmoins cette même violence fut impuissante à entamer le caractère italien de Zara, qui s'affirma triomphalement dans la municipalité entièrement italienne, à empêcher que par exemple la Chambre de commerce des districts de Zara et de Sebenico fût italienne et le collège des contribuables les plus imposés dans ces mêmes districts envoyât sans lutte à la Diète toujours des députés italiens, témoignage évident que l’activité de l’industrie et du commerce et de la pro­ priété terrienne sont encore et toujours, justement dans le territoire assigné à l’Italie, dans les mains des Italiens. Vous
  • 31. MEMORIALE ITALIANO 27 avez là une preuve, tirée du domaine économique, de la persistance de cette vie italienne, historique et sentimen­ tale, qui lors de l’occupation italienne, le lendemain de l ’Ar- mistice, s’est montrée par des manifestations si éloquentes et émouvantes, par des invocations si spontanées et si insis­ tantes. Mais supposons même que les droits historiques et la réalité de la vie nationale ne soient pas tels qu’ils sont, tout autres que ce qu’ont voulu les faire apparaître les Au­ trichiens pour favoriser les Slaves. Il resterait toujours que l’Italie ne pouvait sans compromettre son avenir renoncer à un minimum de possession dans la Dalmatie. Nous ne sau­ rions nous laisser entraîner trop loin par l ’examen du pro­ blème stratégique de la mer Adriatique, mais nous donne­ rons seulement un coup d’oeil à la carte qui en précise les points fondamentaux, apparus dans la guerre récente sous un jour tragique. Une magnifique barrière de récifs et d’îles s’avance devant la côte orientale pour protéger la terre fer­ me et couvrir les voies de communication qui sillonnent la côte. En face est le rivage occidental, peu ou point élevé, sans défense, exposé à toutes les attaques. D ’un côté il est loisible de naviguer le long des côtes quel que soit le vent qui souffle; mais de l’autre nul abri, donc une navigation qui devient facilement dangereuse. Là des ports et des rades profondes, qui permettent de jeter l’ancre où que ce soit; ici absence complète d’escales, grand'peine à s’assurer des hal­ tes ou des refuges. Chaque point de la côte orientale, qui est élevée, offre un point d’observation excellent, tandis que les terres basses du rivage opposé (à l’exception du Gargano et du Concro) ôtent toute possibilité de surveiller les eaux pro­ fondes. On peut attaquer la flotte italienne sans être vu, sortant de la couverture des îles dalmates, qui permettent de transporter à plaisir les bateaux du Nord au Sud et en sens invers dans tout le trajet Pola-Cattaro (c’est-à-dire dans la plus grande partie de l’Adriatique) et toujours à l’ abri des embûches des mines et des sous-marins. Au contraire, dès qu’on abandonne Brindisi on est à la merci de la marine qui tient la côte opposée et qui demeure maîtresse de guet­ ter et de suivre l’adversaire, le tenant en son pouvoir jus­ qu’à Venise. Un ennemi qui aurait dans son domaine exclusif la por­ tion centrale du rivage dalmate entre Zara et Spalato, avec le port militaire de Sebenico, et qui en même temps serait
  • 32. 28 MEMORIALE ITALIANO le maître des îles, aurait à chaque instant le loisir de faire de la pleine mer Adriatique le théâtre d’une bataille navale. Dans ce cas la flotte italienne, qui devrait en partie arriver de Venise, en partie de Brindisi, se trouverait exposée à voir contre une partie seulement de cette force tout le gros des forces ennemies et courrait le risque de se voir battre successivement dans ses deux fractions avant d’avoir pu réa­ liser sa jonction tactique. Cet état de choses ne serait pas profondément modifié par l’acquisition de Pola et produirait toujours l’assujettissement absolu de l ’Etat qui ne serait maître que de la seule côte occidentale de l’Adriatique. La Dalmatie constitue donc une menace pour l ’Italie dès qu’elle est entièrement dans les mains d’une autre Puissance; mais une partie de la Dalmatie dans les mains de l’Italie, tout particulièrement dans des limites réduites, auxquelles se res­ treindraient désormais les demandes de l’Italie, ne constitue une menace pour personne. La dernière guerre en a donné la preuve. Avec toute sa flotte l’Italie a été empêché« d'ope- rer une attaque de valeur décisive contre la force navale de son adversaire qui se tenait cachée dans les ports et dans les ca­ naux du rivage d’en face. Et même la coopération de forces navales françaises et anglaises d’une certaine importance ne parvint pas à lui permettre de réaliser un plan de bataille. L’Italie fut obligée de consacrer toutes les forces de sa marine dans le cours de la guerre à des efforts épuisants pour so pro­ pre défense, se limitant à lancer un défi qui ne fut jamais ac­ cepté et à accomplir quelques audacieuses actions d’éclat. L’Autriche-Hongrie, au contraire, eut le moyen d’attaquer, de bombarder les villes sans défense de la côte italienne et parvint toujours à s’abriter derrière le rideau admirable de sa côte avant qu’elle pût être rejointe par les forces de l’Ita­ lie et de ses Alliés qui pourtant montaient sans cesse la garde. Pour empêcher qu’elle puisse rester dans un état d’infério­ rité permanente et absolue dans l’Adriatique, l’Italie est donc qualifiée pour demander, d’accord avec le principe énoncé, que la côte èt les îles de l’Adriatique qui seront at­ tribuées à d’autres Etats soient neutralisées, en défendant toute fortification maritime et terrestre et en exigeant le dé­ mantèlement immédiat de tous les ouvrages militaires et de tous les armements qui pourraient V exister. Pour ce qui concerne la zone entre Zara et Sebenico, aucune forme de neutralisation — vu la configuration générale de la côte avec ses îles — ne suffirait pour empêcher à n’importe quel
  • 33. MEMORIALE ITALIANO 29 ennemi de la transformer, en quelques heures, en une base navale de premier ordre par l’emploi tout moderne et extra­ rapide de mines, de barrages de filets et de sous-marins, ce qui créerait entre la côte et les îles extérieures un bassin im­ possible à atteindre. Seul, en tenant en son pouvoir cette zone, l ’Italie est garantie. FIUM E ET LES DROITS DE L ’ iTALIE Les droits naturels et historiques, les besoins économi­ ques, les exigences de la défense militaire qui sont néces­ saires à l’Italie pour son intégrité terrestre et maritime, ain­ si qu’on vient de le voir, lui ont été garantis par la Con­ vention avec ses Alliés qui a précédé son entrée en guerre. Ce n’est pas le cas de Fiume avec son district, que l ’Italie revendique actuellement et non pas seulement comme une part inséparable de la Vénétie Julienne, comme un com plé­ ment indispensable de la défense de la côte orientale, mais essentiellement parce qu'il s'agit de la ville italienne qui, après Trieste, Gorizia et Pola, est la plus importante dans l ’Adriatique orientale. 33.000 Italiens vivent entourés de 10.927 Slaves et 1.300 Magyars, en cette ville qui a toujours été italienne dans son histoire ancienne et moderne. Le Ban de Croatie Jellacic lui-même qui, en 1848, s’en empara par ordre de l ’empereur d’Autriche et pour y dompter la rébel­ lion de la Hongrie contre les Habsbourg, se vit obligé de garantir aux habitants de Fiume par une déclaration publi­ que « leur » langue italienne. Cette ville de Fiume a été à tel point jalouse de sa civi­ lisation italienne, qu’elle ne voulut pas admettre l’introduc­ tion d’autres langues dans ses écoles « pour ne pas semer dans les âmes enfantines le mauvais grain contre la langue italienne, la seule parlée depuis toujours à Fiume et l’un des instruments principaux dont la ville se servit pour at­ teindre son degré actuel de civilisation et son progrès com ­ mercial et industriel » (1861). Jusqu’à l’heure actuelle les podestats ou les membres du Conseil municipal, les députés au Parlement ont toujours été Italiens et, par égard pour l ’italianité de Fiume, le royaume de Hongrie promulguait jus­ qu’ici ses lois aussi dans un texte officiel italien. Le carac­ tère italien et autonome, qui a toujours été celui de la ville de Fiume, a été encore accentué depuis que l ’impératrice Marie-Thérèse, par son diplôme du 23 avril 1779, déclarait
  • 34. 30 MEMORIALE ITALIANO Fiume ville libre de tout mélange ou union avec la Croatie: Separatum sacrum regni Hungariae coronae adnexum corpus... neque cum alio Buccarano vel ad regnum Croatiae pertinente ulla ratione commisceatur. Ces privilèges furent confirmés par des lois hongroises successives et par la « Constitution de la libre ville de Fiume ». Dès que fut proclamée la déca­ dence de la dynastie des Habsbourg, Fiume revendiqua le droit de disposer d’elle-même et proclama, le 29 octobre 1918, son union à l ’Italie, à laquelle, affirmant la tradition du Risorgimento, le programme des Carbonari l’avait déjà attribuée en 1822. L’Italie, lorsqu’elle proclame son droit d’accepter et de faire reconnaître l’acte spontané par lequel Fiume s’est donnée à elle, a, en même temps, la conscience d’obéir aux exigences de l’exploitation économique ration­ nelle du territoire auquel ce port doit servir. D’autre part, l’Italie sait bien que, par là, elle n’obtient qu’une des com ­ pensations qui lui sont dues, selon l’esprit de la Convention signée avec ses Alliés à la suite des plus grands efforts et sa­ crifices accomplis par l’Italie pendant la guerre et en vue des conditions nouvelles créées par l’écroulement de l’Autri- clie-Hongrie. Au moment où l’Italie entra dans la coalition formée par ses Alliés actuels, elle prit un engagement limité, d’après la Convention militaire signée dans cette occasion, par l’obligation qu’avait prise la Russie de tenir engagées contre l’Autriche-Honrgie un minimum donné de forces (afin d’évi­ ter que l’Autriche-Hongrie concentrât tout son effort contre l ’Italie dans le cas que la Russie se tournât principalement contre l’Allemagne). Les événements politiques intérieurs de la Russie l’amenèrent à la paix séparée et eurent ce double résultat que l’Autriche-Hongrie, délivrée de toute nouvelle pression, put concentrer la totalité de ses forces contre l’Ita­ lie, et que l’Allemagne, libre à son tour de l’étreinte de son ennemi oriental, eut le moyen de prêter à l ’Autriche-Hon- grie ce secours considérable qui, à un moment donné, déter­ mina un contre-coup si grave, au détriment de l’Ialie. En vérité, si les autres alliés furent dédommagés de l’effort sup­ plémentaire rendu nécessaire par la défection de la Russie, grâce à l’intervention américaine, par contre le front ita­ lien, ainsi que l’a reconnu et regretté si noblement le Pré­ sident Wilson, ne reçut aucun apport du même genre, qui permît de diminuer l’âpre effort soutenu par l’armée na­ tionale. L'Italie dut donc supporter plus que toute autre
  • 35. MEMORIALE ITALIANO 31 les doubles conséquences de la défection russe, devant mul­ tiplier son effort militaire et faire supporter à ses popula­ tions les plus grands sacrifices, ce qui autoriserait un déve­ loppement général des compensations prévues pour un ef­ fort et des sacrifices tellement plus restreints. L ’Italie veut prouver encore une fois sa grande modération et se contente de demander ici, toujours selon l ’esprit de ce même pacte, la ville de Fiume (avec son district) qui, au point de vue national, est italienne dans sa très grande majorité, qui a proclamé librement sa volonté d’être unie à l’Italie et qui complète, sur un point extrême et justement pour cela plus délicat, l’organisation défensive .de la frontière terrestre qui, sans cela, aboutirait à une ligne insoutenable fixée par la frontière administrative entre l’Istrie et Fiume, jusqu’à pré­ sent faisant partie du même Etat. La possession italienne de Fiume complète le program­ me de défense antiallemand dans l’Adriatique. Il n’y a que l ’Italie, grande puissance maritime, qui peut avoir le moyen de réaliser ce programme répondant a un intérêt collectif des nations qui ont combattu ensemble cette guerre. Un écrivain français, traçant les grandes lignes de la paix future, écrivait dès 1915: « Trieste et Fiume, sous des dehors autrichiens et hongrois, sont surtout des ports allemands, les organes mé­ ridionaux de ce système de domination, dans lequel Ham­ bourg et Brème remplissent dans la mer du Nord les mê­ mes fonctions ». Il faut empêcher qu’après avoir enlevé à cette domination indirecte de l’Allemagne sur la mer Adria­ tique l’un de ses organes, Trieste, l’autre, Fiume, ait le m o­ yen de continuer sous des dehors yougo-slaves sa fonction d’instrument germanique et cela peut-être bien malgré l ’in­ tention et la volonté d’un nouvel Etat slave, incapable, dans son impréparation inévitable, d’éliminer les anciennes in­ fluences et de prévenir le redoublement des efforts allemands qui se concentreront, après avoir été éloignés de Trieste, sur ce seul point d ’infiltration possible. D ’ autre part, même une confédération danubienne orientée contre l ’Allemagne, au cas où elle pouvait se constituer, ne serait pas capable de remplacer l’Italie dans cette mission sans de grands retards dont l ’ennemi profiterait à l’aide de ces fictions financières dans lesquelles il est passé maître. Les aptitudes naturelles et les moyens techniques, que possède une nation maritime comme l’Italie, sont indispensables. Or, l’Italie, en mettant son nouveau port, comme celui de Trieste, complètement à
  • 36. 32 MEMORIALE ITALIANO la disposition du territoire dont il est le débouché naturel, ne farait autre chose que d’harmoniser, de la façon techni­ quement et économiquement la plus profitable, son propre intérêt avec celui de sa clientèle, sans mettre en mouvement des influences et des dépendances politiques contraires au jeu de l’intérêt commun. L ’Italie pourrait garantir à ces différents Etats des privilèges spéciaux: point franc et zones franches, enclos réservé dans les magasin généraux, môles nationaux, tarifs préférentiels pour les opérations portuai­ res, marchés spéciaux; accords pour des tarifs cumulatifs dans les transports par chemin de fer et par mer, traités pour les services d’émigration, etc. L’Italie pourrait être sûre d’agir ainsi dans l’intérêt de ses propres ports dont la vie par le fait même de leur fonction est étroitement liée à la vie des Etats de l’intérieur. A Trieste et à Fiume devront aboutir les territoires allemands, soit de l’Allemagne propre­ ment dite, soit de l’Autriche allemande, les pays tchécoslova­ ques, les pays yougo-slaves (slovènes et croates) et la Hongrie. D ’où découle clairement la difficulté, pour ne pas dire l ’impos­ sibilité qu’une souveraineté autre que celle de l’Italie, étran­ gère et supérieure aux compétitions inévitables, de caractère politique et économique, entre ces différents Etats, puisse leur garantir des débouchés communs dans la mer sous un régime techniquement impartial et objectif, tel que l’exige l ’exploita­ tion rapide et bon marché de ces mêmes ports, des chemins de fer et des lignes de navigation qui devront y aboutir. Pour ce qui cencerne plus particulièrement Fiume, l ’on ne peut guère soutenir que ce port doive être réservé aux exi­ gences économiques de la Croatie. Le trafic de la Croatie n’entre en ligne de compte, pour ce qui concerne le mou­ vement d’ensemble du port de Fiume (importations et ex­ portations), que dans la mesure du 7 p. 100. Tout le reste a rapport à d’autres pays de l’intérieur et plus largement qu’aux autres à la Hongrie. Le trafic d’ensemble de la Croa­ tie, de la Slavonie, de la Dalmatie, de la Bosnie et de l’Her- zégovine s’acheminait par la voie de Fiume seulement dans la proportion du 13 p. 100, tandis que tout le reste était canalisé vers les ports de la Dalmatie méridionale. Les servi­ ce maritime dans le port de Fiume qui était jusqu'ici le fait d’une société subventionnée par l ’Etat hongrois, ne pourrait pas passer à un nouvel Etat qui apporte à la ville une partie si exiguë de son propre trafic, qui aura des besoins telle­ ment plus urgents et qui ne sera préparé d’aucune façon à une tel rôle. Encore une fois, seul un grand Etat mariti­ me comme l’Italie, riche de traditions, de moyens, de rela­ tions, d’expérience, pourra aider Fiume à remplir sa mis­
  • 37. MEMORIALE ITALIANO 33 sion, peut-être bien même dans les premiers temps au prix de quelques sacrifices que son budget pourra aisément sup­ porter en équilibrant les profits et les pertes qui dériveront de l ’administration cumulative de tous ces ports. Trieste et Fiume, dans les mains de l'Italie, pourront jouir, sans entrer en conflit et au profit de leur territoire respectif, de ser­ vices maritimes raccordés plus vastes et meilleur marché, toujours plus parfaits, tandis que certains services mariti­ mes aménagés séparément pour Trieste et pour Fiume ne pourraient être ni rationnels ni bon marché. Trieste s’ ap­ puyant à une grande nation comme l’Italie pourrait les obte­ nir, mais non Fiume, au détriment de la ville même et du ter­ ritoire qu’elle dessert, qui serait obligé de payer pour ces ser­ vices des frais beaucoup plus élevés que ceux qui lui incom­ beront si Fiume est italienne et peut profiter des services cumulatifs que l ’Italie organisera pour les deux ports de l ’Adriatique septentrionale. En d’autres termes et non seule­ ment à cet égard, l ’Italie pourra exercer, au profit des deux ports et des pays producteurs et consommateurs de l’inté­ rieur, cette fonction de régularisation, d’intégration et d’ai­ de pour laquelle las autres Etats et surtout un Etat croate ou yougo-slave n’auraient pas des moyens suffisants, une prépa­ ration technique ni même un critérium d’impartialité. Le problème de Fiume relié si étroitement à celui de Trieste est un problème italien, il est vrai, en tant qu’ il concerne les intérêts d’une ville surtout italienne et se relie à l’ autre problème de la frontière orientale de l’Italie, mais en même temps problème européen par la signification qu’il acquiert de défense anti-germanique, puisque seulement Fiume italienne peut garantir le développement de l’entre­ pôt sauvegardant le port et les pays qu’il dessert (surtout la Hongrie) contre le danger du dilemme : ou la ruine écono­ mique ou l’ aide et alors l’hégémonie, ne fût-ce qu’économi­ que, des Allemands. Ainsi qu’on l’ a répété, Fiume croate veut dire Fiume hongrois ou austro-hongrois ou allemand, ce qui au fond revient au même. En concluant, s’il est vrai que d’après le Pacte de Londres Fiume pouvait se relier au royaume de Croatie par la continuité territoriale avec ces pays, il n’est pas moins vrai que ce pacte ne présupposait pas la chute de la monarchie des Habsbourg dont ce royau­ me faisait partie. Dans ce cas on pouvait s’expliquer qu’ à la Transleithanie et encore mieux à une population de 50 millions d’habitants l’on réservât la domination politique d’un port libre dans l’Adriatique dont elle aurait été bien capable de soutenir le poids. Mais à présent la monarchie des Habsbourg est tombée sur le champ de bataille de Yit- 3
  • 38. 34 MEMORIALE ITALIANO torio Veneto, sous le dernier choc violent de l’armée ita­ lienne. Une fois que la monarchie a disparu de la liste des Etats, la nécessité cesse de lui conférer la domination poli­ tique de ce débouché commercial. La leçon de plus d’un siècle, de la proclamation de Marie-Thérèse qui déclare Fiu- me port séparé de l’Etat hongrois sans la moindre immixtion de la Croatie, jusqu'aux dernières délibérations du Conseil national, est bien qu'il serait impossible de lier Fiume au sort d’un nouvel Etat yougo-slave sans déformer une situa­ tion de fait dans laquelle se traduit un état d’âme invaria­ ble. Personne ne pourrait donc contester raisonnablement le droit de l ’Italie à recueillir de la paix de tels fruits dont la plupart lui avaient été garantis avant son entrée en guerre en vue d’un effort et de sacrifices infiniment moindres que ceux qu’elle dut s’imposer dans l’intérêt commun. Si l’on conteste ou marchande les requêtes de l’Italie on ne peut le faire pour des raisons objectives et intrinsèques, mais seu­ lement en s’inclinant outre mesure devant les prétentions des Yougo-Slaves. Or ces prétentions semblent bien singuliè­ res venant de ces Slaves qui jusqu'à la dernière minute prirent une part déterminante à cette guerre, se battant avec une éner­ gie particulière contre l’Italie. Hier encore l ’un des journaux les plus importants des Yougo-Salves avouait qu’ils s’étaient battus comme des lions contre l’Italie, c’est-à-dire contre l’ Entente, pour ce qu'ils voulaient appeler leur domaine. Le Gouvernement austro-hongrois, voulant presque les récom­ penser du caractère loyaliste et dynastique qu’ils avaient conservé jusqu’aux derniers temps à leur mouvement en fa­ veur d ’un Etat yougo-slave dans le cadre de la monarchie des Habsbourg, leur conféra, à la dernière minute, par la livraison de la flotte, une sorte de mandat de confiance qui doit tout au moins rendre les Alliés circonspects au moment où ils auront à délibérer sur l’avenir de ces peuples. De tou­ te façon l’Italie avait prévu, à la veille de se joindre aux ennemis des empires centraux, cette éventualité de voir con­ testées, au lendemain de la victoire, ses justes revendica­ tions, et cela de la part d’alliés qui auraient pu avoir, à cer­ tains égards, des intérêts et des programmes politiques diffé­ rents et partiellement même opposés aux siens. C’est en vue d’une pareille éventualité qu’elle proposa et accepta un com ­ promis comportant des renonciations indiscutables sur la ré­ demption intégrale des terres et des gens de nationalité ita­ lienne, et que l’Italie précisa le minimum des acquisitions qui, tout en donnant satisfaction dans une certaine mesure aux demandes justifiées des autres, lui auraient donné la cer­ titude que, la guerre une fois terminée avec succès, les es­
  • 39. MEMORIALE ITALIANO 35 poirs italiens ne devaient pas être déçus à la suite d’une pression que pourraient exercer ceux avec lesquels l ’Italie avait combattu. Après avoir donc, dès ce moment, dans le but de pré­ venir de futurs malentendus, rappelé l’ attention des nouveaux alliés sur la possibilité de ces contestations éventuelles, qui à présent sont formulées sur l’appui d’arguments entière­ ment injustifiés, l ’Italie peut loyalement s’ attendre à ce que ses demandes modérées, correspondant à son droit et à ses exigences et si largement étayées par le consentement des populations intéressées, reçoivent leur pleine satisfaction (*). (*) Il punto di vista iugoslavo, oltre che in una memoria sullo sforzo militare compiuto dai S. H. S., risulta, in forma generica, nel M ém oire concernant les revendications du Royaume des S. H. S., nel quale si chiede l’ unità dei terreni abitati da iugoslavi. Che cosa volesse dire, nei riguardi dell’Italia, l’ applicazione di tale principio, risulta da cinque memorie, nelle quali si espone il punto di vista iugoslavo su Les pays de Goritzn et de Gradisca et la ville de Goritza, La ville de Trieste, l’Istrie, La ville de Ryéka (Fiume), Mém. sur la question dalmate. Ma tali memorie restano assorbite da quella generale sulla frontiera fra l’Italia ed il Regno S.H.S., che, secondo gli iugoslavi, doveva esser nelle sue linee principali quella già separante l’ Italia dall’ Austria. Ci limitiamo a far cenno di tali documenti, non essendo possibile riprodurli. Occorre anche tener presente che essi erano integrati con altrettante mem o­ rie ufficiose, redatte da studiosi e specialisti iugoslavi, e numerosi fogli volanti, memorie, studi, che servivano a confortare la tesi uffi­ ciale, o avevano carattere polemico.
  • 40. c GLI ACCORDI DI RAPALLO (*) I. TRATTATO DI RAPALLO (12 novembre 1920) Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, desiderando stabilire tra di loro un regime di sincera ami­ cizia e cordiali rapporti per il bene comune dei due popoli; Il Regno d’Italia riconoscendo nella costituzione dello Stato vicino il raggiungimento di uno dei più alti fini della guerra da esso sostenuta; S u a M a e s t à il R e d ’ I t a l ia ba nominato suoi Plenipon- ziari: il cavaliere G io v a n n i G i o l i t o , Presidente del Consi­ glio dei ministri e ministro dell’interno; il co n te C arlo Sf o r z a , m in is tr o d e g li a ffa ri e s te ri; il p r o f. I vanoe B o n o m i, m in is tr o d e lla g u e rra ; e S u a M a e s t à il R e dei Se r b i, C r o a ti e Sl o v e n i b a n o m i­ n a to s u o i P le n ip o n te n z ia r i : (*) Dopo il fallimento delle trattative in sede di Conferenza, sulla base della memoria italiana, segui un lungo periodo di ricerca di un compromesso. Di tali progetti abbiamo una documentazione frammen­ taria. Le trattative dirette, annunziate ufficialmente nel convegno di San Rem o (aprile 1920), iniziate dall’on. Scialoja a Pallanza (11 maggio) e sospese in seguito alla sopraggiunta crisi ministeriale, furono riprese e condotte a termine a Rapallo (8-12 novembre 1920) con la stipula­ zione del tr. di Rapallo, della conv. antiabsburgica ed uno scambio di note suH’approvvigionamento idrico di Fiume. Il tr. di Rapallo fu rati­ ficato dalla Jugoslavia il 20 novembre. Contemporaneamente veniva discusso ed approvato dal Parlamento italiano ed approvato con L. 19 novembre 1920 n. 1178. Una completa raccolta dei documenti sulle trattative adriatiche manca. Ufficialmente il Governo Italiano ha diramato 13 documenti a mezzo della Stefani il 2 marzo 1920 ed ha pubblicato i documenti sui negoziati diretti di Pallanza e Rapallo. (Pei primi cfr. l’ appendice di I
  • 41. TRATTATO DI RAPALLO 37 il signor M ileinko R. V e s n it c h , Presidente del Con­ siglio dei ministri; il dott. A n t e T rUm b ic h , ministro degli affari esteri; il signor C o s t a St o ia n o v it c h , ministro delle finanze; i quali essendosi scambiati i loro Pieni Poteri, che sono stati riconosciuti validi, hanno convenuto quanto segue: Art. 1. — Fra il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni è stabilito il seguente confine: dal monte Pec (quota 1511), comune alle tre frontie­ re fra l ’Italia, l’Austria e il Regno dei Serbi, Croati e Slove­ ni, fino al monte Jalovez (quota 2643): una linea da deter­ minare sul terreno con andamento generale nord-sud, che passi per la quota 2272 (Ponca); dopo il monte Jalovez (quota 2643): una linea che se­ gua lo spartiacque fra il bacino dellTsonzo e quello della Sava di Vurzen fino al monte Tricorno (Triglav) (quota 2863) ;quindi lo spartiacque fra il bacino dell’Isonzo e quel­ lo della Sava di Wochein (Bokini), fino alle pendici nord- orientali del monte Mosick (quota 1602), toccando le quote 2348 del Vogel, 2003 del Lavsevica, 2086 del K uk; documenti in T i t t o n i e S c ia lo ia , L ’Italia alla conferernza della pace, discorsi raccolti a cura di A . Giannini, Roma, 1921; pei secondi, Libro verde sui negoziati diretti, ecc., ed a cura di A . Giannini, Roma, 1921, oltre che negli Atti parlamentari, Legislatura 1921, doc. N. I li per la Camera dei Deputati e N. XVII pel Senato). Private sono le raccolte di T a m a r o , (Politica, fase. XI-XII, doc. 94, dal trattato di Londra al 15 aprile 1920); F e d e r z o n i, (Il trattato di Rapallo, Bologna, 1921, pag. 195- 308); A d r i a t i c u s , (La question adriatique, Paris, 1920, iugoslava, uffi­ ciosa, arriva fino a Rapallo); S h i s h i c h , ( ladransko pitanje nu Konfe- rencij mira u Parizu - Zbirka akata i dokumenta, Zagabria, 1920, 38 documenti). Per la corrispondenza tra gli Alleati dal memorandum del 9 dicembre 1919 al 26 febbraio 1920 (15 documenti), cfr. infine il libro bianco inglese, Corrispondence ìelating to thè Adriatic question, Miscel- laneous, N. 2 (1920). Per la discussione al Parlamento italiano cfr. Il trattato di Rapallo al Parlameno italiano a cura di A. Giannini, Roma, 1921. Per i discorsi pronunziati dagli on . O rlando, T ittoni, Scialoja e Sforza in difesa della loro opera cfr. O rlando, Discorsi per la guerra e la pace, raccolti a cura di A . Giannini, F olign o, 1923; T ittoni e Scia­ loja, L’Italia alla conferenza della pace, ecc., cit. ; Sforza, Un anno di politica estera, discorsi raccolti a cura di G iannini, R om a, 1921. Per le ripercussioni del trattato di Rapallo nella stampa mondiale cfr. la raccolta da me curata: Il trattato di Rapallo nei commenti della stampa, Roma, 1921.
  • 42. 38 TRATTATO DI RAPALLO dalle pendici nord-orientali del monte Mosic alle pen­ dici orientali del monte Porzen (quota 1631): una linea da determinare sul terreno, con andamento generale nord-sud; dalle pendici orientali del monte Porzen (quota 1631) alle pendici occidentali del monte Blegos (quota 1562): una linea da determinare sul terreno, con andamento generale ovest-est, lasciando l'abitato di Dautscha al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, e quello di Novalce DI. all'Italia; dalle pendici occidentali del monte Blegos (quota 1562) alle pendici orientali del monte Bevk (quota 1050): una linea da determinare sul terreno, con andamento gene­ rale nord-est sud-ovest, lasciando gli abitati di Leskovza, Ko- pacnina e Zavoden al Regno dei Serbi, Croaoti e Sloveni, e i due passi di Podlanischam all'Italia; dalle pendici orientali del monte Bevk (quota 1050) sino immediatamente ad ovest dell’abitato di Hotedrazica: una linea da determinare sul terreno, che lasci gli abitati di Javorjudol, Zirj, Opale, Hlevische, Rovte, Hotedrazica al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, il monte Prapretni (quo­ ta 1006) e gli abitati di Bresnik, Wrednik, Zavratec, Ned- wedjeberdo all’Italia; quindi fino all’ abitato di Zesle: una linea che dappri­ ma costeggi ad ovest il fosso adiacente alla strada rotabile Hotedrazica-Planina, lasci quindi gli abitati di Planina, linee, Zelse e Rakek al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni; dall’abitato di Zelse a Cabranska : una linea da deter­ minare sul terreno, con andamento generale nord-ovest sud­ est, che si svolga dapprima sulle falde orientali del monte Pomario (Javornik) (quota 1268), lasciando gli abitati di Dolenja Vas e Dolenje Jezero e Olok al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, e alture di quote 875, 985, 963 allTtalia; quindi sulle falde orientali del Bicka Gora (quota 1236) e del Pleca Gora (quota 1067), attribuendo allTtalia l’abitato di Leskova Dolina ed i bivii stradali di quota 912 ad ovest di Skodnik e di quota 1146 ad est del Cifri (quota 1399), e raggiunga Cabranska, che rimarrà nel territorio italiano, in­ sieme alla strada rotabile svolgentesi sulle falde orientali del monte Nevoso, da Leskova Dolina a Cabranska; da Cabranska al Griza (quota 502): una linea da de­ terminare sul terreno, con andamento generale nord-est sud- ovest, che passi ad oriente del monte Terstenico (Terstenik) (quota 1243), tocchi la quota 817 a sud-est di Suhova, passi a sud di Zidovje (quota 660), quindi ad est di Griza (quota
  • 43. TRATTATO DI RAPALLO 39 502), lasciando gli abitati di Ciana e di Bresa all’Italia, e quello di Studenta al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni; da Griza (quota 502) al confine con lo Stato di Fiu­ m e: una linea da determinare sul terreno, che abbia anda- meno generale nord-sud fino a raggiungere la rotabile Rupa- Castua circa a metà distanza fra Jussici e Spincici; tagli po­ scia detta strada e circondando ad occidente gli abitati di Miseri e Trinaistici, che restano al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, raggiunga la rotabile Mattuglie-Castua a monte del bivio ad oriente di Mattuglie; raggiunga quindi sulla stra­ da Fiutne-Castua il confine nord dello Stato libero di Fiu­ me, e precisamente al margine settentrionale dell’abitato di Rubesi (bivio della carrareccia di Tornatici, 500 metri circa a sud del trivio ad ovest di Castua). Fino a quando però non saranno sistemati in territorio italiano i regolari raccordi stradali, l'uso delle rotabili sud­ dette e del trivio ad ovest di Castua resterà di pieno e libero uso del Regno d’Italia come dello Stato di Fiume. Art. 2. *— Zara e il territorio qui descritto sono ricono­ sciuti come facenti parte del Regno d’Italia. Il territorio di Zara di sovranità italiana somprende: la città e il comune censuario di Zara e i comuni censuari (fra­ zioni) di Borgo Frizzo, Cerno, Boccagnazzo, e quella parte del comune censuario (frazione) di Diclo determinata da una linea che, partendo dal mare a circa 700 metri a sud-est del villaggio di Diclo, va in linea retta verso nord-est sino alla quota 66 (Gruc). Una convenzione speciale stabilirà quanto attiene alla esecuzione di questo articolo nei riguardi del comune di Za­ ra e delle sue relazioni con il distretto e la provincia della Dalmazia, e regolerà i vicendevoli rapporti tra il territorio finora facente parte dello stesso comune, distretto e provin­ cia, appartenente al Regno dei Serbi, Croati e Sloveni ivi compreso l’equo riparto dei beni provinciali e comunali, e relativi archivi. Art. 3. — Sono riconosciute del pari come facenti parte del Regno d’Italia le isole di Cherso e Lussin con le isole mi­ nori e gli scogli compresi nei rispettivi distretti giudiziari, nonché le isole minori e gli scogli compresi nei confini am­ ministrativi della provincia d’Istria, in quanto come sopra attribuita allTtalia, e le isole di Lagosta e Pelagosa con gli isolotti adiacenti.
  • 44. 40 TRATTATO DI RAPALLO Tutte le altre isole che appartenevano alla cessata Mo­ narchia austro-ungarica sono riconosciute coinè facenti parte del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni. Art. 4. — Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni riconoscono la piena libertà ed indipendenza dello Stato di Fiume e si impegnano a rispettarle in perpetuo. Lo Stato di Fiume è costituito: o) dal Corpus separatimi, quale attualmente è deli­ mitato dai confini della città e del distretto di Fiume; b) da un tratto di territorio già istriano, delimitato come segue: a nord: da una linea da determinare sul terreno che, partendo immediatamente a sud dell’abitato di Castua, rag­ giunga sulla strada S. Mattia-Fiume il limite del Corpus separatum, lasciando gli abitati di Serdoci e di Hosti al Re­ gno dei Serbi, Croati e Sloveni, e lasciando tutta la rotabile che, a nord della ferrovia, per Mattuglie ed il bivio di quo­ ta 377, ad ovest di Castua, conduce a Rupa, allo Stato di Fiume; ad occidente : da una linea che da Mattuglie scenda al mare a Preluca, lasciando la stazione ferroviaria e la località di Mattuglie nel territorio italiano. Art. 5. — I confini dei territori di cui agli articoli pre­ cedenti saranno tracciati sul terreno da Commissioni di de­ limitazione composte per metà di delegati del Regno d’Italia e per metà di delegati del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni. In caso di divergenze sarà sollecitato l ’arbitrato inappella­ bile del Presidente della Confederazione elvetica. Per chiarezza e maggior precisione è annessa al presente trattato una carta al 200.000, sulla quale è riportato l ’anda­ mento dei confini di cui agli articoli 1 e 4. Art. 6. — Il Regno d’Italia e il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni convocheranno una conferenza composta di tecnici competenti dei due Paesi, entro due mesi dall’entrata in vi­ gore del presente trattato. La detta conferenza dovrà, nel più breve termine, sottoporre ai due Governi precise propo­ ste su tutti gli argomenti atti a stabilire i più cordiali rap­ porti economici e finanziari fra i due Paesi (1). Art. 7. — Il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni dichiara di riconoscere a favore dei cittadini italiani e degli interessi italiani in Dalmazia quanto segue: (1) Con R. D. 2 febbraio 1925; vennero costituite tre commissioni per lo studio delle questioni di cui è cenno all’art. 6.
  • 45. TRATTATO DI RAPALLO 41 1) Le concessioni di carattere economico fatte dal Go­ verno e da enti pubblici degli Stati ai quali è succeduto il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, a società o cittadini ita­ liani, o da questi possedute in virtù di titoli legali di conces­ sione fino al 12 dicembre 1920, sono pienamente rispettate, obbligandosi il Governo del Regno dei Serbi, Croati e Slo­ veni a mantenere tutti gli impegni assunti dai Governi an­ teriori. 2) Il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni conviene che gli Italiani, pertinenti fino al 3 novembre 1918 al territorio della cessata Monarchia austro-ungarica il quale in virtù dei trattati di pace con l ’Austria e con l’Ungheria e del presente trattato è riconosciuto come facente parte del Regno dei Ser­ bi, Croati e Sloveni, avranno il diritto di optare per la cit­ tadinanza italiana entro un anno dall’entrata in vigore del presente trattato, e li esenta dall’obbligo di trasferire il pro­ prio domicilio fuori del territorio del Regno predetto. Essi conserveranno il libero uso della propria lingua ed il libero esercizio della propria religione, con tutte le facoltà inerenti a queste libertà. 3) Le lauree o altri titoli universitari già conseguiti da cittadini del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni in univer­ sità o in altri istituti di studi superiori del Regno d’Italia saranno riconosciuti dal Governo dei Serbi, Croati e Sloveni come validi nel suo territorio e conferiranno diritti profes­ sionali pari a quelli derivanti dalle lauree e dai titoli otte­ nuti presso le università e gli istituti di studi superiori del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni. Formerà oggetto di ulteriori accordi quanto riguarda la validità degli studi superiori che vengano compiuti da sudditi italiani nel Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, e da sudditi del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni in Italia. Art. 8. — Nell’interesse dei buoni rapporti intellettuali e morali dei due popoli, i due Governi stipuleranno quanto prima una convenzione che avrà per fine di intensificare l ’in­ timo sviluppo reciproco delle relazioni di cultura fra i due Paesi. Art. 9. -— Il presente trattato è redatto in due esemplari, uno in italiano, uno in serbo-croato. In caso di divergenza farà fede il testo italiano, come lingua nota a tutti i Plenipotenziari. In fede di che, i Plenipotenziari predetti hanno sotto- scritto il presente trattato. Fatto a Rapallo, il 12 novembre 1920.
  • 46. 42 CONVENZIONE ANTIABSBURGICA II. CONVENZIONE ANTIABSBURGICA (Rapallo, 12 novembre 1920) (*) Allo scopo di assicurare i benefici della pace ottenuta a prezzo di tanti sacrifici colla vittoria sulla Monarcliia austro- ungarica, il Governo di Sua Maestà il Re d’Italia e il G o­ verno di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni hanno stabilito di stipulare la presente convenzione e a questo scopo hanno delegato: per il Governo italiano, il cavaliere Giovanni Giolitti, Presidente del Consiglio dei ministri; il conte Carlo Sforza, ministro degli affari esteri e il professore Ivanoe Bonomi, ministro della guerra; per il Governo serbo-croato-sloveno, il signor Milenko R. Vesnich, Presidente del Consiglio dei ministri; il dottor Ante Trumbich, ministro degli affari esteri e il signor Costa Stojanovich, ministro delle finanze, i quali hanno convenuto quanto segue: Art. 1. — I due Governi contraenti s’ impegnano recipro­ camente di vegliare alla stretta osservanza dei trattati di pace firmati a San Germano e al Trianon. In particolar modo essi prenderanno di comune accordo quelle misure politiche atte a prevenire la restaurazione della Casa di Absburgo sul trono di Austria e di Ungheria. Art. 2. — I due Governi contraenti s’impegnano a pre­ starsi reciprocamente quell’appoggio diplomatico che essi giudicheranno il più appropriato a tale scopo. Art. 3. — Conformandosi allo spirito di questo accordo i due Governi contraenti si impegnano nello stesso tempo a sorvegliare ogni attività diretta contro la loro sicurezza reci­ proca sia dal territorio dell’Austria sia da quello dell’Unghe- ria e a tenersi in stretto contatto mediante scambio di infor­ mazioni. Art. 4. — Il Governo italiano, che ha appreso con soddi­ sfazione l’intesa stabilita tra il Governo serbo-croato-sloveno e il Governo ceco-slovacco esclusivamente agli stessi fini del (*) Pubbl. nel Libro verde sui negoziati diretti ecc., doc. 73.
  • 47. ACCORDI DI RAPALLO 43 presente accordo, e il Governo serbo-croato-sloveno porteran­ no questa convenzione a conoscenza del Governo ceco-slo­ vacco. Qualora fossero state stabilite nuove intese di questo ge­ nere, i due Governi si concerteranno prima di renderle ef­ fettive. Art. 5. — Questa convenzione resterà in vigore per due anni dopo lo scambio delle ratifiche. Essa sarà rinnovabile per lo stesso periodo di tempo ove sei mesi prima non sarà stata denunciata. Art. 6. — La presente convenzione sarà ratificata al più presto e le ratifiche saranno scambiate a Roma. Rapallo, 12 novembre 1920. III. NOTE SCAMBIATE IN OCCASIONE DEL TRATTATO DI RAPALLO (*) Il Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni al Ministro degli Affari Esteri d'Italia Rapallo, 12 novembre 1920 Signor ministro, Conformemente agli accordi verbali presi questa mattina ho l’onore di comunicare a Vostra Eccellenza che il Governo di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni s’impegna a non apportare alcun cambiamento sia alle sorgenti sia al corso della Recina che possa in qualsiasi modo nuocere alla alimentazione d’acqua della città e dello Stato di Fiume. Colgo quest’occasione per rinnovarle ecc. T r u m b ic h (*) Le note qui riprodotte furono pubblicate ai n.ri 74-75-76 e 77 dei documenti compresi nel Libro verde sui negoziati diretti ecc. Segreta è rimasta la nota concernente Porto Baross, oggetto di vivace discussione alla Camera subito dopo l’avvento al potere dell’ on. Bonomi (giugno 1921).
  • 48. 44 ACCORDI DI RAPALLO Il Ministro degli Affari Esteri d’Italia al Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni Signor ministro, Ho l ’onore di accusare ricevuta all’Eccellenza Vostra della lettera in data odierna con la quale Ella si è compia­ ciuta comunicarmi che il Governo di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni s’impegna a non apportare alcun cam­ biamento sia alle sorgenti sia al corso della Recina, che possa in qualsiasi modo nuocere all’alimentazione della città e dello Stato di Fiume. Mentre ringrazio l’Eccellenza Vostra di questa comuni­ cazione la prego di gradire, ecc. Sfo rza Il Ministro degli Affari Esteri d’Italia al Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni Signor ministro, Conformemente agli accordi verbali stabiliti tra noi, ho l’onore di comunicare all’Eccellenza Vostra che il R. G o­ verno si propone di sottoporre, al più presto possibile, alla firma di Sua Maestà il Re un decreto di amnistia per ogni crimine o delitto di carattere militare o politico commesso dagli abitanti dei territori che sono stati riconosciuti come facenti parte dell’Italia dal trattato firmato in data odierna dai due Governi, sia in occasione della guerra sia durante l’occupazione di questi territori, e che non sia contemplato da disposizioni analoghe adottate in favore degli apparte­ nenti alle nuove provincie del Regno. Mi permetto di esprimere la speranza che il Governo di Sua Maestà il Re dei Serbi, Croati e Sloveni vorrà sottoporre all’approvazione di Sua Maestà un’egual misura di clemenza in favore degli abitanti dei territori che sono stati ricono­ sciuti come facenti parte del suo Regno. Mi e grato approfittare di quest’occasione per rinno­ varle, ecc. Sfo rza
  • 49. ACCORDI DI RAPALLO 4 3 II Ministro degli Affari Esteri del Regno dei Serbi, Croati e Sloveni al Ministro degli Affari Esteri d’Italia Rapallo, 12 novembre 1920 Signor ministro, Ringrazio l’Eccellenza Vostra della comunicazione che si è compiaciuta di farmi riguardante l’amnistia che il Governo italiano si propone di sottoporre all’approvazione di S. M. il Re per i crimini e i delitti politici e militari commessi dagli abitanti dei territori che resteranno definitivamente sotto la sovranità del Regno d’Italia, sia in ocacsione della guerra sia durante la occupazione di questi territori. Ho l’onore di assicurare l’Eccellenza Vostra, che, con­ formemente ai nostri accordi, il Governo del Regno dei Serbi- Croati-Sloveni non tarderà a proporre a S. M. il Re un’uguale misura in favore degli abitanti dei territori definitivamente attribuiti alla sovranità del suo Regno. La prego, ecc. Dott. A. T r u m b ic h
  • 50. D ACCORDO FRA I DELEGATI DEL REGNO D ’ITALIA E DEL REGNO DEI SERBI, CROATI E SLOVENI PER UN PROGETTO DI CONVENZIONE PER REGOLARE LA PESCA NELL’ADRIATICO (*). (Brioni, 14 settembre 1921) La Commissione italo-serba, croata, slovena per la rego­ lazione della pesca nell’Adriatico composta per il Regno d’I­ talia dai signori:...... e per il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni, dai signori: . Tenuto conto delle indagini fatte sopraluogo nei princi­ pali centri pescherecci, dei pareri espressi dagli esperti, cd in base alle discussioni avvenute, delibera di comune accordo di raccomandare ai Governi dei due Stati il seguente progetto di Convenzione fra il Regno d’Italia ed il Regno dei Serbi, Croati e Sloveni. T ito lo I. DEFINIZIONE E DELIMITAZIONE DELLE ACQUE DI PESCA PROMISCUA Art. 1. — Si conviene di denominare « Acqua di pesca promiscua » quelle zone dell’Adriatico orientale, precisa- mente delimitate nei seguenti articoli, nelle quali, in forza della presente Convenzione, senza pregiudizio ai diritti di so­ vranità dei rispettivi Stati, vengano ammessi ad esercitare la pesca cittadini dell’una e dell’altra Alta Parte Contraente. Saranno da considerarsi come acque di pesca promiscua : Gruppo I. — Acque con sovranità costiera diversa: a) il golfo di Fiume sino alla congiungente, Punta Ja- blanac (Cherso), Moschienizze (costa orientale istriana), escluse le acque territoriali dello Stato libero di Fiume; i>) il canale di Veglia; c) il canale della Corsia; (*) Appr. con L. 21 febbraio 1923 n. 281. Scambiate le ratifiche il 26 febraio 1923.