1. La musique de Bali à Java
! L’Indonésie
! Java
" Présentation
" Histoire
! Bali
" Présentation
" Histoire
! Influence islamique ?
! Etude du gamelan
" Généralité
" Particularité
" Colotomie
" Motif des crapauds
" Echelles
! Slendro
! Pelog
" Sonorité
" Influence sur les occidentaux
! Ecoute comparée
! Liens internet
2. Présentation et géographie de
l’Indonésie
! 250 millions d’habitants en Indonésie
sont concentrés sur 7% du territoire.
! 10.000 îles
! 1er pays musulman du monde
! ressources naturelles importantes : riz,
pétrole
! Caractéristiques sociologiques :
" 2 types de société :
! Agricole
! Commerçante
! La cellule de base = le village, dont le
chef est élu
! Absence de fossé entre Art savant et
Art populaire
Sommaire
Emblème de
l’Indonésie
Drapeau
4. Présentation de Java
! Superficie :
" 132.000 km²
! Population :
" 112 millions d'habitants
! La capitale :
" Jakarta (10.000.000 d’hab.)
! longueur : 1000 km
! largeur : 180 km
! Yogyakarta est la
capitale culturelle…
! Fortement islamisée
" même si au niveau
architectural il reste de
nombreux témoignages
hindo-bouddhiques
Sommaire
5. Histoire de Java
! Indianisation et premiers Royaumes indo-bouddhiques (Vème –
Xème siècle)
" L’influence de l’Inde ne cessera de se faire sentir jusqu’au XIVème siècle,
tant dans la religion (hindouisme ou bouddhisme), dans l’iconographie
des temples que dans la littérature, souvent inspirée des épopées
indiennes, de même que dans la langue (sanscrit).
" MajaPahit et la suprématie de Java-Est (Xème – XVème siècle)
" Les centres de Pouvoir se déplacent à cette époque vers Java-Est ;
fondé à la fin du XIIIème siècle, le Royaume de Majapahit fait la conquête
de Bali en 1343 et étend son pouvoir au delà des frontières actuelles de
l’Indonésie. Il est considéré comme le grand royaume civilisateur et
unificateur de l’Indonésie même si peu de traces subsistent de son rôle
et de sa vie culturelle. Les rares témoignages confirment tout de même
la pratique des carillons de gongs (cf. bas-reliefs du temple de Candi
Panataran [XIVème siècle] et sa rangée de huit petits gongs horizontaux
à mamelon frappés par quatre hommes).
" Cet empire tombe en décadence fin XVème siècle puis s’effondre en
1527, probablement sous les coups du Sultanat de Demak.
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6. Histoire de Java (suite)
! L’ Islamisation et les Sultanats côtiers
" À partir du XIVème siècle et surtout du XVème, deux phénomènes ont une
influence déterminante sur l’évolution de l’archipel : l’introduction de l’islam et
l’arrivée des Chinois. À Java, la période est marquée par l’apparition sur la côte
de petites communautés musulmanes, dont les progrès entraînent peu à peu le
déclin puis la chute de Majapahit. Le XVIème siècle est le temps de la grande
expansion de l’islam à Java.
" Les sultanats côtiers vont ainsi prendre le pouvoir à l’intérieur des terres de l’île
de Java pendant deux siècles (XVème – XVIème) au cours desquels l’islamisation
se généralise. Le royaume de Pajajaran, dernier résistant hindouiste à Sunda,
tombe en 1579.
" Les principaux propagateurs de la foi islamique à Java sont pour l’essentiel des
marchands chinois.
" Un second royaume de Mataram va renaître au début du XVIIème siècle ; pourtant
islamisé, de nombreux traits culturels de l’indo-bouddhisme retrouvent une place
et le patrimoine royal intègre des gamelan chargés d’une valeur magique.
" Dans un premier temps, les religieux musulmans se sont montré hostiles à la
musique instrumentale ; devant l’attachement des javanais à leur art, certains ont
au contraire choisi d’en faire la propagande : ainsi sont nés les gamelan sekaten
qui scellent l’alliance de la royauté javanaise et de l’islam. Un rituel javano-
musulman (Sekaten), reliant le palais à la mosquée pour l’anniversaire de la mort
du Prophète, est ainsi institué.
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7. Histoire de Java (suite)
! Présence occidentale – la colonisation
hollandaise
" Les Portugais ont tout d’abord commencé à commercer dans
l’archipel à partir de 1509 et vont longtemps dominer la partie
Est ; la Hollande fonde ensuite Batavia (forteresse construite
par les Néerlandais à l’ouest de l’île) en 1619. Dans la
seconde moitié du XVIIème siècle, le grand commerce
musulman décline peu à peu. Le contrôle du réseau passe
pour une bonne part à la Compagnie hollandaise des Indes
occidentales. La Hollande conquiert les îles de l’Est puis Java
au XVIIIème siècle.
" La formation des « Indes néerlandaises » date du XIXème -
début du XXème siècle.
" La politique des hollandais va indirectement influencer les
arts : en résistance, les javanais expriment leur pouvoir dans
des manifestations artistiques, dans des rituels magiques.
! La fondation de la République Indonésienne
Sommaire
8. Présentation de Bali
! Superficie :
" 5 561 km²
! Population :
" 3 millions d’habitants
! La capitale :
" Denpasar
! Volcan le plus élevé :
" Gunung Agung 3 142 m
! Ressources principales :
" Riz, manioc, maïs, fruits
tropicaux, exploitation de
la forêt, pêche.
Sommaire
! Bali possède la
particularité d'être
peuplée à 95%
d'hindouistes
9. Histoire de Bali
! 1000 av. J.-C. - La civilisation de Dong Son, apparue au Viêt-nam et
dans le sud de la Chine, se répand en Indonésie, lui léguant différents
rituels, techniques et cultes.
! VIIème siècle - Le royaume Srivijaya, dont la puissance repose sur le
contrôle d'un important commerce international mené par les Tamouls
et les Chinois, apparaît à Sumatra.
! VIIIème/Xème siècles - La dynastie bouddhiste de Sailendra et la
dynastie hindoue de Mataram prospèrent sur les plaines du centre de
Java. De cette époque datent le gigantesque monument bouddhique
de Borobudur et les temples hindous de Prambanan.
! 1200 - Avènement du royaume de Majapahit. Hindouisme et
bouddhisme fusionnent. La civilisation javanaise commence à
s'imposer. Le règne de Hayam Wuruk, au XIVème siècle, est souvent
considéré comme l'âge d'or de l'Indonésie.
! XVème/XVIème siècles - Les souverains indonésiens se tournent vers
l'islam (introduit au nord de Sumatra dès le XIIIème siècle), qui devient
religion d'État.
! 1512 - Les Portugais débarquent aux Moluques. Ils exercent
rapidement une mainmise sur les comptoirs qui s'étendaient des
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10. Histoire de Bali (suite)
! 1596 - Arrivée des Hollandais. Le gouvernement, conscient des richesses
potentielles du commerce des épices, fonde la Compagnie hollandaise des
Indes orientales.
! 1641 - Les Hollandais, menés par l'impitoyable Jan P. Coen, prennent Malacca.
Après avoir acquis le monopole sur le commerce des épices, ils se rendent
maîtres des mers de la région.
" La colonisation de Bali a commencé tardivement , au XIXème siècle ; les autochtones
opposèrent une résistance héroïque et les hollandais optèrent pour une colonisation
douce et la protection de la culture balinaise, contribuant ainsi à faire de l’île un
« musée de traditions ».
" Appauvris par la colonisation, les palais furent contraints de céder aux collectivités
villageoises l’entretien des gamelan et des troupes artistiques. Ainsi se confirme à Bali
un phénomène rare de « culture savante populaire », les balinais faisant preuve d’une
forte volonté de conservation de leurs pratiques traditionnelles.
! 1799 - Liquidation de la Compagnie. L'empire commercial se mue
progressivement en empire colonial, les Indes néerlandaises.
! 1824 - Suite à leur prise, en 1811, de plusieurs comptoirs de la Compagnie
(dont Java), les Britanniques échangent leurs conquêtes indonésiennes contre
des possessions hollandaises en Inde et sur la péninsule malaise.
! XIXème siècle - L'archipel est déchiré par plusieurs révoltes ; l'islam devient le
symbole de l'opposition aux Hollandais. Les Pays-Bas, qui ont perdu la
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11. Influence islamique ?
! Non, du tout. Java (ou plutôt l’Indonésie) est le premier pays
musulman du monde pour le nombre de fidèles, mais cela n’a
strictement aucune incidence sur la musique javanaise. Lors de
l’islamisation, les Javanais ont enterré leurs instruments, mais les
ont ressortis aussitôt la peur passée pour recommencer comme
avant. Même les rares chrétiens plus tardifs font parfois la messe
avec le gamelan (!!!).
! Bali est depuis toujours le bastion où se sont réfugié les
bouddhistes javanais (auprès des animistes balinais
autochtones). La musique balinaise ne doit quasiment rien à la
musique javanaise. Ces deux musiques sont extraordinairement
vivantes, et uniques envers et contre tous.
Est-ce que le fait que Java soit quasi-complètement islamisée, alors que
Bali "résiste" encore à cette islamisation, a une incidence sur la
préservation et la perpétuation de ces musiques ?
# Lire Sang et Volupté à Bali, de Vicki Baum (éd. Livre de Poche). Sommaire
Éléments de réponse donnés par Alain Swietlik.
12. Influence islamique ?
! Il y a deux pôles musicaux sur la planète comme il y a deux pôles
géographiques : ce sont les deux petites îles de Bali et de
Trinidad. Nulle part ailleurs sur la planète il n’y a une telle
concentration et une telle proportion de musiciens et de
musiques. Nulle part au monde il n’y a de tels volcans de
musique, en activité partout et pour tous et à toute heure et à
toutes occasions. A tel point qu’à Bali que les mots "musique" et
"artiste" n’existent pas, tellement ces choses sont naturelles,
évidentes et omniprésentes, et partagées par tous.
! L’influence de l’Islam sur la musique javanaise nulle, à ce détail
près :
" On utilise dans la musique classique javanaise une vièle à archet à
deux cordes nommée REBAB comme dans tous les pays arabes (et un
bon nombre de pays musulmans). Elle est utilisée à Java pour un
prélude (improvisé) aux compositions javanaises.
Rappel : cette vièle à deux cordes REBAB a été apportée aussi chez
nous, et a été nommée en français REBEC, ancêtre de notre VIOLON.
NB : les Arabes d’Afrique du Nord nous ont aujourd’hui repris le
VIOLON dans la musique arabo-andalouse (ce qu’on appelle les
"noubas", c’est-à-dire le répertoire classique arabo-andalou).
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13. Le gamelan
! du verbe javanais gamel = frapper.
! le gamelan désigne, à Java et à Bali, un
« orchestre » (ou plutôt un ensemble instrumental) où
prédominent les instruments de percussion en bronze
et comprenant essentiellement des gongs, des
métallophones, des tambours et éventuellement des
flûtes, voire des cordophones (= instruments à
cordes).
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14. Généralités
! Il existe différents types de gamelans dont le nom, comme le
nombre et la nature des instruments qui les composent, varient
en fonction du genre de musique jouée, elle-même liée aux
circonstances de leur emploi : théâtres d’ombres ou de
marionnettes, danses masquées, processions, cérémonies
religieuses, fêtes solennelles.
! La musique se joue en phrases de coupe binaire dans
lesquelles chaque instrument tient sa partie. Les instruments de
registre aigu effectuant des phrases courtes et rapides
constituent des éléments paraphrasants. Ceux de registre
grave produisant des phrases longues sont chargés de la
ponctuation. C’est le tambour qui dirige l’ensemble et donne
des rythmes fluctuant suivant le déroulement de la pièce
musicale.
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15. Particularités
! Dans bien des cas on mélange en fait Java
et Bali. Pourtant, les musiques de ces deux
îles sont complètement opposées.
! La confusion entre musique de Java et
musique de Bali vient du fait qu’en France (et
ailleurs en Europe ?), on emploie le mot
GAMELAN indifféremment pour l’orchestre
javanais et l’orchestre balinais. C’est une
erreur répétée à satiété en France.
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16. Particularités (suite)
" JAVA : L’orchestre s’appelle un GAMELAN.
! Musique douce, sensuelle, éthérée, lente.
" SUNDA (= Java-Ouest) :
! musique ressemblant à la précédente (Java-Centre), mais qui est
d’un style particulier à la région.
! De plus, Sunda pratique le théâtre de marionnettes (Wayang Golek)
et la musique de chambre Tembang (poésie chantée d’un charme
qu’on ne trouve nulle part ailleurs), qui n’existent pas à Java-Centre.
" BALI : L’orchestre s’appelle un GONG.
! Musique violente, brillante, agitée, nerveuse, rapide.
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17. Particularités (suite)
! L’orchestre javanais et l’orchestre balinais n’ont en
commun que le fait d’être constitués de
métallophones (+ flûte, + tambour conducteur) et
d’être non pas un « orchestre » au sens occidental
du terme, mais un « instrument » constitué d’unités
jouées par des individus interchangeables,
capables de jouer n’importe quelle micro-unité de
l’ensemble. Comme les Pygmées, capables de
chanter n’importe quelle partie vocale de leur
polyphonie.
! Catherine Basset a trouvé la formule juste qui
résume parfaitement : « Ce n’est pas un orchestre,
c’est un piano à cinquante mains ».
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18. Particularités (suite)
! Pas de chant à Bali.
! Le gamelan est le point commun à Java, Bali et Sunda.
! Les marionnettes plates sont de tradition indienne.
! Un gamelan est un orchestre de gongs et d’instruments métalliques (et des
instruments d’élaboration à Java). C’est un instrument collectif lié à un lieu
(cour, institution, conservatoire) sur lequel les musiciens se rendent.
! Chaque instrument a son accord et ne peut pas se mélanger.
! Il y a une dimension individuelle dans les instruments d’élaboration.
! Le gong est une ponctuation (ageng, kempul…) et n’est pas étouffé.
! Balungan : corps de la mélodie.
! Motif des crapauds : piang tuk
! C’est le kendang qui fait changer le tempo (appels)
! Un gamelan complet comprend le double d’instruments pour avoir les deux
échelles (slendro et pélog pentatoniques de 7 notes mais seules 5 sont jouées.
! Des princes javanais en venant en Belgique ont décidé d’utiliser la notation
chiffrée de Jean-Jacques Rousseau.
! La musique de gamelan est horizontale.
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19. La colotomie
! Les gongs ponctuent régulièrement la mélodie. Les gongs
sont des instruments dits « colotomiques » c’est-à-dire
qu’ils marquent la ponctuation.
! Le terme est issu de l’anglais colotomy et désigne la
ponctuation, la métrique du temps musical.
! Il met en évidence la notion de cycle, de répétition
obligatoire, omniprésente dans la musique de gamelan.
! Il s’agit en fait d’un marquage régulier du temps, chacun
des points étant coloré par un instrument particulier.
! La colotomie sert de cadre à l’ensemble de la structure,
comme une carrure harmonique.
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20. La colotomie (suite)
! La colotomie est assurée, par les instruments à percussion
isolés :
" Le gong le plus grave est le point du temps qui a le plus de force
et d’épaisseur, de part sa résonance riche et longue mais aussi
parce qu’il marque la réunion de tous les instruments. Sa
fonction est désignée par le terme ulu qui signifie chef, tête,
source ; le registre grave gouverne (fonction symbolique). Ainsi
à la fin de chaque partie de la pièce, on frappe le plus grand
gong suspendu verticalement, appelé gong ageng ; ce coup
équivaut à un point, et même à un point à la ligne.
" Chaque partie ou chaque longue phrase est subdivisée en
courtes phrases à la fin desquelles on fait sonner le kenong ; un
coup de kenong équivaut à un point-virgule.
" Chaque phrase est divisée en périodes marquées par un coup
de ketuk ; chaque coup de ketuk équivaut à une virgule.
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21. Le motif des crapauds
! Motif des crapauds, motif pan-indonésien ou motif standard
! Il y a beaucoup de grenouilles (kodok) à Java et à Bali. Elles sont
omniprésentes le soir. L’Indonésie exporte beaucoup de cuisses de
grenouilles (pas chères en supermarché chez nous !), et sur place
tu peux te gaver de cuisses pour deux fois rien.
! C’est un son tellement présent (dans les rizières !) que Javanais et
Balinais le mentionnent dans leurs musiques.
! L’un des gamelans du palais (kraton) de Yogyakarta, gamelan
historique, s’appelle Kyahi Kodok Ngorek (= Le Vénérable
"Grenouille qui coasse").
! Les Balinais font une musique (le Ngo) qui imite franchement le
coassement. Chaque musicien joue une anche libre taillée dans
une plaquette de bambou.
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22. Echelles
! 2 échelles mélodiques principales :
" Slendro
! échelle de 5 degrés, aux intervalles équidistants
! un approchant de do-ré-mi-sol-la
" Pelog
! échelle de 7 degrés, aux intervalles inégaux
! mi-fa-sol-si-do, plus ou moins altéré $ gamme phrygienne non-
tempérée dont les 4ème et 7ème degrés sont beaucoup plus
rarement joués.
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23. Notes de Catherine BASSET sur les
échelles
! à Bali en tout cas, on ne parle pas en vérité de pélog et slèndro, et s’en fiche pas mal des
échelles.
! à Java, ça commence à être standardisé, mais c’est à mon sens une trahison de l’esprit
de la chose, qui réside dans une diversité identitaire : un communautarisme.
! Les accords sont terriblement divers, c’est une manière de marquer l’identité d’un
gamelan : on choisit son accord, ou bien demande au fondeur d’imiter celui de tel gamelan
de tel village. Pour les carillons (jeux de gongs accordés joués en complémentarité) qu’on
trouve dans tous l’archipel, c’est même l’identité des villages qui est marquée par les
accords (pas de termes d’échelle, je crois) : des villages voisins de l’Indonésie de l’Est, par
exemple, ont exactement le même instrumentarium, mais ils diffèrent justement par
l’accord, ou l’échelle, propre à chaque village.
! En gros, le pélog c’est une échelle de 7 notes à intervalles inégaux (mais pas diatonique
tempéré), sur laquelle on peut construire des modes pentatoniques. Mais à Bali par
exemple, la forme à 7 notes est très rare, les ensembles ont le plus souvent seulement 5
notes (en hauteurs relatives, type mi-fa-sol-si-do, plus ou moins altéré).
! Et le slèndro, une échelle à 5 notes (avec versions à 4 notes) presque équidistantes
(mais je peux entendre un approchant de do-ré-mi-sol-la). A Java, on fait aussi des modes
sur le slendro, mais ils se différencient moins bien que sur le pélog.
! Mais donner des notes précises, ce serait ne donner qu’une des dizaines ou centaines de
versions possibles. Hérétique, à mon sens. Non, il vaut mieux passer le message de ce
qui est différent de chez nous : la diversité (identitaire) comme je le disais. Le fait que ça
se fige et standardise est une influence occidentale.
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24. Slendro
! Le nom de cette échelle, selon A. Daniélou, pourrait être dérivé Shilendra
(« seigneur des vertus »), l’une des épithètes de Shiva (dieu de la destruction).
! C’est une échelle pentaphonique.
! A la différence des échelles du groupe thaï-khmer, qui soulignent 5 degrés
dans une échelle de 7 intervalles égaux, l’échelle slendro divise l’octave,
approximativement, en 5 intervalles égaux, supérieurs de 1/5 de ton à notre
système tempéré.
! L’échelle type (dont il existe des variantes) peut donc être définie de la façon
suivante (le 1/10 de ton, choisi comme terme de comparaison, est
légèrement inférieur au comma) :
! Cette gamme, dont le caractère est réputé masculin et grave, sonne
admirablement à nos oreilles, si l’on en juge par le succès rencontré en Occident
par les musiques de Java et Bali… succès en contradiction avec l’idée largement
répandue que les intervalles musicaux étrangers à la culture d’une race ou d’un
peuple ne peuvent lui être perceptibles comme « justes » !
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25. Pelog
! Ce type d’échelle, auquel on attribue un caractère féminin et
doux, est très mystérieuse, tant par sa structure que par son
origine indiscernable.
! C’est une échelle de 7 degrés, aux intervalles inégaux et
probablement assez variables, car ses notations différent
sensiblement selon les observateurs.
! En voici une détermination moyenne :
Soit en partant de mi :
Sommaire
26. Pelog (suite)
! L’échelle pelog s’apparente ainsi à une doristi grecque (« mode de
mi ») c’est-à-dire un mode phrygien. Mais il paraît en exister des
formes différentes, pouvant avoir chacune plusieurs aspects selon
le choix du son fondamental de la gamme. Ainsi, la principale
gamme malaise est une gamme pelog défective, qui néglige les
4ème et 7ème degrés de l’échelle type et prend le 5ème degré pour
fondamentale :
! Cela ressemble à une mixolydisti grecque (« mode de si »)
défective c'est-à-dire un mode locrien (moderne) défectif,
avec une tierce majeure au sommet de chaque tétracorde. On
trouve aussi, dans la musique balinaise, des gammes
pentaphoniques de ce type, issues de l’échelle pelog.
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27. Echelles (conclusion)
! Il n’existe, en Asie du Sud-Est, aucun
système musical explicité, aucune théorie
des échelles et des modes.
! La notion même de mode n’est représentée
que par les patet de Java, qui définissent
plusieurs « manières d’être » des échelles
slendro et pélog.
! Le patet javanais s’apparente ainsi au raga
indien ou au diêu vietnamien ou au tiao
chinois…
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28. Modes : les « patet »
! Le concept du patet à Java présente selon M. Hood
les caractères fondamentaux d’un « mode » :
" l’existence d’une échelle caractéristique (l’une des six
échelles de base : trois échelles slendro et trois échelles
pelog)
" la hiérarchie des degrés (pour chaque patet, le degré le
plus important est le dasar, puis viennent dans l’ordre le
premier gong et le second gong)
" l’existence d’une formule mélodique (à part la mélodie fixe
de chaque patet, il y a des formules de cadences)
" le sentiment modal (chacun des trois patet de chaque type
d’échelle est associé avec l’une des trois périodes des
représentations de théâtre d’ombres, qui correspondent à
certaines heures du jour et de la nuit).
29. Sonorité
! Etagement de la polyphonie.
! Pas de hauteur fixe car son brouillé obtenu par
désaccordage des instruments au 6ème de ton.
! Presque tous les instruments existent en paire et
chaque paire présente un certain désaccord
intentionnel, destiné à produire le tanguran, c’est-à-
dire les battements qui résultent des interférences
d’ondes très voisines.
" Les battements minutieusement ajustés dans toutes les
paires d’instruments, donnent aux gamelan cet admirable
brillant.
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30. Influence sur les occidentaux
! C’est au cours du 19ème siècle que furent introduits en Europe, puis aux
États-Unis, les premiers gamelans. Certains d’entre eux figurent dans
les collections de musées et d’institutions spécialisées. Musiciens et
compositeurs eurent alors l’occasion de découvrir une musique
inconnue dont Debussy a pu dire :
" « … qu’elle observe un contrepoint auprès duquel celui de Palestrina n’est
qu’un jeu d’enfant. Et, si l’on écoute, sans parti pris européen, le charme de
leur “percussion”, on est bien obligé de constater que la nôtre n’est qu’un
bruit barbare de cirque forain. »
! La découverte de la musique de gamelan par l’Occident est
généralement décrite comme une série de rencontres avec des
compositeurs occidentaux dont l'œuvre s'en trouva influencée. Ces
compositeurs vont de Debussy à John Cage, Lou Harrison et Steve
Reich en passant par Colin Mc Phee, Benjamin Britten et Olivier
Messiaen. Avant la vogue de la « world music », la musique de
gamelan intéressait surtout les chercheurs. Depuis au moins les
années 1960, on l'étudie et on la joue dans les départements de
musicologie des universités occidentales. Plus récemment, elle a
commencé à attirer un public plus large.
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31. Ecoute comparée
! Reich : Clapping Music
" structures répétitives, masses qui peuvent s’empiler,
percussions, pas d’échelle.
! Bach : un choral harmonisé
" musique verticale, horizontale, musique de circonstance
(culte), participation populaire, aspect formel (coupures)
! Phil Glass
! Cage : Sonates pour piano
! Debussy : Des pas sur la neige, Voiles
! Britten : La princesse des pagodes
" orchestre qui joue comme un gamelan
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32. Ecoute comparée
! Bali plage 4 / Senti Likuta
" instruments/voix, tempo linéaire / interruptions,
percussions vocales / balafon
! Bali / Bach :
" rituel, mélodie / rythme, texte / pas de texte, point d’orgue,
petites séquences, participation de la foule, voix /
instruments
! Bali plage 6 / Reich Six marimbas
" Bois / métallophones, claviers, subdivision par 4, binaire,
répétitif, rupture du temps dans Bali / évolution progressive
chez Reich
! Bali plage 7 / Sonnerie de Ste Geneviève Du Mont
de Marin Marais : basse
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33. Liens internet
! Présentation de l’Indonésie :
" http://www.alovelyworld.com/webindo/indosie.html
! Le gamelan :
" http://www.ac-orleans-tours.fr/musique/bac2002.htm
" http://webware.cite-musique.fr/www/gamelan
" http://www.cba.hawaii.edu/remus/gamelan/home.htm
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