Le gouvernement affiche un positivisme et une confiance en ses choix de politique économique, ses mesures pour dynamiser l'activité.
Malgré les appels formulés lors du dernier congrès du PS ainsi que des multiples analyses contradictoires, l'exécutif (Michel Sapin) n'entend pas réorienter ses efforts vers les ménages (entre autres).
Les indicateurs sont globalement au rouge (excepté celui des exportations) dont celui de l'emploi (virtuellement stable du fait d'un appel massif à de l'intérim) et du chômage pour lequel l'inversion de tendance nécessiterait une croissance bien au-delà des chiffres attendus (minimum 1.5% contre 1% attendu "au mieux").
Dans ce contexte sous pression, quelles solutions "radicales" envisager pour redresser le navire France ?
Croissance T2-2015 : signes alarmants pour le S2-2015 ?
1. SAMEDI 15 - DIMANCHE 16 - LUNDI 17 AOÛT 20150123
investissements réalisés entre le
15 avril 2015 et le 15 avril 2016, n’a
pas encore produit ses effets. Ce-
pendant, dans l’enquête réalisée
en avril par l’Insee, les chefs d’en-
treprises relevaient leurs prévi-
sions de janvier dans ce domaine
et anticipaient une progression
de 7 % pour 2015. De quoi, peut-
être, redynamiser l’activité dans
la seconde partie de l’année.
Chômage de masse
Le seul point positif dans les der-
niers chiffres de la croissance est
fourni par la bonne tenue des ex-
portations. Elles ont enregistré
une nouvelle accélération de 1,7 %
après 1,3 % au trimestre précé-
dant, malgré le repli des exporta-
tions de produits pétroliers raffi-
nés(-7,5%)favoriséesparlabaisse
de l’euro. Alors que, dans le même
temps, les importations ralentis-
sent (+ 0,6 % après 2,2 %), du fait
du fort recul des achats d’hydro-
carbures bruts et du ralentisse-
ment des matériels de transport.
Le commerce extérieur contribue
ainsipour0,3pointdePIBausou-
tien de l’activité au deuxième tri-
mestre.
Reste que, globalement, les élé-
ments ponctuels qui avaient con-
tribué à doper la croissance du
premier trimestre se sont, pour la
plupart, volatilisés. Certes, la
croissance sur le début de l’année
reste la plus élevée en moyenne
depuisleprintemps2011.Etellese
Croissance en berne au T2-2015 : signes
alarmants pour le S2-2015 ?
les mesures mises en œuvre en
faveur des entreprises vont finir
par porter leurs fruits et compte
sur les premiers effets de la loi
Macron pour dynamiser l’acti-
vité. Mais il adresse une fin de
non-recevoir aux recommanda-
tions formulées lors du dernier
congrès du PS, lequel appelait à
un infléchissement de la ligne
économique et à une « réorienta-
tion » d’une partie des efforts du
pacte de responsabilité vers les
ménages et les collectivités terri-
toriales. « Je ne suis pas favorable
à ce qu’on transforme ce qui était
destiné aux entreprises en baisses
d’impôt pour les ménages », a
réaffirmé le ministre des finan-
ces, pour ceux qui ne l’auraient
pas compris. La prochaine loi de
finances, qui sera présentée en
septembre et viendra ensuite de-
vant le Parlement, devrait donc
confirmer les choix de politique
économique engagés par le gou-
vernement depuis le début de
l’année 2014.
Dans cet environnement mo-
rose, une timide éclaircie sur le
front de l’emploi vient, toutefois,
atténuer le bilan. Selon l’estima-
tion publiée également vendredi
14aoûtparl’Insee,l’emploisalarié
dans les secteurs marchands a en-
registré une légère progression de
0,2 % au deuxième trimestre (+
27 300 postes), après une stabilité
au premier trimestre. Sur un an, il
est quasiment stable
(- 4 200 postes). Ce résultat est dû,
notamment, à la hausse de l’inté-
rim. Mais, pour que le chômage
recule, il faudra que la croissance
retrouve,auminimum,unniveau
de 1,5 %. « On est sur le chemin.
Nous serons sur ce rythme à la fin
de l’année », veut croire M. Sa-
pin. p
PATRICK ROGER, complété ERIC LEGER
T1 T2 T3 T4
2012
T1 T2 T3 T4
2013
T1 T2 T3 T4
2014
T1 T2
2015
T1 T2 T3 T4
2012
T1 T2 T3 T4
2013
T1 T2 T3 T4
2014
T1 T2
2015
T1 T2 T3 T4
2012
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2015
T1 T2 T3 T4
2012
T1 T2 T3 T4
2013
T1 T2 T3 T4
2014
T1 T2
2015
−0,1
0,1
−0,1
0,9
0,2
0,2 0,2
0,40,4
0,5
0,1 0,1
0
−0,3
− 0,6
− 0,5
−0,2
0 0,100,1
0,2
0,6
0,2 0,2
0,1
0,7
VARIATION TRIMESTRIELLE DU PIB, EN %
La croissance française cale à nouveau...
... malgré une légère reprise des exportations.
0
EXPORTATIONS, EN %
1,6
2,7 2,8
1,3
0,40,40,4
−0,4−0,5
−0,8
0,3
1
1,7
DÉPENSES DE CONSOMMATION DES MÉNAGES, EN %
... pénalisée par le recul de la consommation...
INVESTISSEMENTS DES ENTREPRISES NON FINANCIÈRES, EN %
0,8
0,5 0,2
0,30,3
0,6
−0,9 −0,9
−0,5
0
−1,1
−0,5
−1,5
... et par le ralentissement des investissements...
0,2
SOURCE : INSEE
Election
de François
Hollande
Seules les exportations connaissent un léger mieux L’exécutif
demeure
convaincu
que les mesures
en faveur
des entreprises
vont finir par
porter leurs fruits
s’appuyer sur un redémarrage de
laproductionindustriellenisurle
dynamisme de la consommation
des ménages. Faute de moteur
puissant, la croissance navigue
dans une zone de basses eaux, ca-
ractérisée par des à-coups, en lé-
gère augmentation par rapport
aux trois dernières années mais
sans vrai redémarrage. La persis-
tance d’un chômage de masse
n’incline pas à penser que la ten-
dance pourrait durablement s’in-
fléchir.
Le gouvernement n’entend pas,
pour autant, changer d’orienta-
tion. « La première des priorités,
c’est de maintenir le cap », a redit
M. Sapin, vendredi sur France In-
ter. L’exécutif est convaincu que
situe à un niveau identique à celle
del’Allemagne.Maiselledemeure
à la merci des aléas de la consom-
mation d’énergie ou autres fac-
teurs conjoncturels, sans pouvoir
Faute de moteur
puissant,
la croissance
reste dans
une zone
de basses eaux,
caractérisée
par des à-coups
L’
économie française es-
suie un sérieux coup de
mou au deuxième tri-
mestre. Selon les chif-
fres de l’Insee publiés vendredi
14 août, le produit intérieur brut
(PIB) a stagné : 0,0 % après une
progression de 0,7 % au pre-
miertrimestre,lechiffredelapré-
cédente publication, en mai, des
résultats au premier trimestre
ayant été réévalué. L’acquis de
croissance au milieu de l’année
atteint 0,8 %. Le ministre des fi-
nances, Michel Sapin, estime de
ce fait que l’objectif de 1 % à la fin
de l’année est conforté.
Il n’empêche : en dépit des indi-
cateurs conjoncturels qui lais-
saient anticiper un ralentisse-
ment de la croissance, un coup
d’arrêt aussi brutal n’était pas at-
tendu. Cela témoigne de la fragi-
lité de la reprise dont François
Hollande, le 14 juillet, assurait
qu’elle«[était]là»etdontManuel
Valls, début août, voyait qu’elle
« se précis [ait] ».
En fait, les résultats du premier
trimestre étaient trompeurs. Ils
étaient tirés par une accélération
de la consommation (+ 0,9 %) due
pour partie au rebond des dépen-
ses d’énergie pour le chauffage.
Au deuxième trimestre, la con-
sommation ralentit fortement
(0,1 %). Les dépenses d’énergie re-
culent (- 2,2 %) et les dépenses en
bienssereplientde+1,7%à-0,1%.
La baisse de l’investissement des
ménages s’accentue : - 1,6 % après
- 1,2 % au premier trimestre. Sur-
tout, l’investissement en cons-
truction de logements connaît
une nouvelle baisse significative
(-1,3%)pourlehuitièmetrimestre
consécutif.
Du côté des entreprises, l’inves-
tissement enregistre lui aussi une
décélération:0,2%après0,6%au
premier trimestre. Malgré le re-
dressementdeleursmargesgrâce
aux effets du Crédit d’impôt com-
pétitivité emploi (CICE) et aux
premières mesures du Pacte de
responsabilité,lesentreprisesres-
tent frileuses alors que les carnets
de commande ne s’étoffent que
trèslégèrement.Laloisurlacrois-
sance et l’activité a bien prévu un
coupdepoucesupplémentaireen
intégrant un avantage fiscal ex-
ceptionnel. Cette mesure de sura-
mortissement, qui s’applique aux