1. En plein dans le centenaire !
Vendredi 6 février la Comédie a célébré l’ouverture du festival Reims scène d’Europe. Deux pièces
étaient jouées à l’occasion. Front est une pièce de Luke Perceval. Il s’agit d’un mélange des
témoignages de soldats de différentes origines durant la Première guerre Mondiale. Elle s’inscrit
dans la thématique du festival, Guerre et Paix.
La voix de la guerre.
La pièce commence. Un homme apparaît. Il joue de la trompette. Le son est nasillard, désagréable.
Le clairon du service militaire signe le début de la pièce. Les acteurs entrent sur la scène. Ils se
tiennent sur le devant. Ils forment une ligne militaire barrant le regard du spectateur, le forçant dès
le début à se concentrer sur leurs paroles.
La pièce commence. Les acteurs n’ont pas de rôle fixe. Ils incarnent des témoignages venus de
l’ensemble de l’Europe. Le dramaturge puise dans Le Feu d’Henry Barbusse mais également à
L’Ouest rien de nouveau de Erich Maria Remarche.
Cette pièce ne propose pas un témoignage unique. Elle entrechoque différentes visions et vécus. Ce
flux ininterrompu de parole provoque une polyphonie assourdissante. Les comédiens ne nous offrent
aucun répit. Les rares moments heureux sont soufflés par la violence intense du conflit. Les
comédiens n’incarnent pas un rôle. Ils incarnent la voix de la guerre.
Bouleversant.
A l’arrière des pans de métal forment un mur. Sur une moitié du mur sont projetées des photos de la
grande guerre. L’autre moitié est découpé en plaque carrée et rectangulaires. Ils servent
d’instrument de musique pour les comédiens. Lorsque la narration devient insupportable, les
comédiens se précipitent pour tambouriner sur les plaques. Le son métallique renforce le chaos.
Parole, musique, vidéo. Ces trois éléments contribuent à oppresser le spectateur. Cette synesthésie
le plonge au milieu d’un chaos. Par ces trois éléments, le metteur en scène fait revivre les horreurs
de la Première guerre Mondiale.
La pièce suit l’ordre chronologique de la guerre. A travers les témoignages, on reconnaît
implicitement les événements survenus. De ce fait, la pièce est longue. Tout comme la guerre. Le
spectateur ne peut pas fuir. Il subit l’aggravation des événements sans pouvoir lutter. Comme les
soldats à l’époque. La pièce est bouleversante. Pas seulement en raison de son sujet. Le metteur en
scène utilise le langage, sa mise en scène pour recréer l’univers de cette guerre. Et nous faire
comprendre à quel point la paix est précieuse.
D’autres pièces sur la thématique de la Grande Guerre sont proposées. Rendez-vous le 18 février
pour Trauerzeit mis en scène par Johan Leysen ou encore le 20 février pour 1914 mis en scène par
Robert Wilson.
Chloé NIEUWJAER