Plan pour la paix: Pour un renouveau des relations internationales
Le temps d’une Europe stratège, dotée d’une politique étrangère
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Le temps d’une Europe stratège, dotée d’une
politique étrangère
Réflexions ouvertes du Think Tank « Europe et Démocratie »
28 Juillet 2018
L’Europe, le chantier d’une indispensable politique étrangère
Face à l’opération de force menée par Donald Trump et aux menaces d’un monde en ébullition,
l’Europe doit créer les conditions de son unité et se mettre en capacité d’accomplir une vraie
politique extérieure. L’Europe est le chantier d’une indispensable politique étrangère. Une prise de
conscience s’est opérée et doit mener à des évolutions plus avancées, avant qu’il ne soit trop tard,
pour que l’Union européenne réponde à l’exigence de sécurité et soit en pointe dans la lutte contre
le terrorisme et la défense de l’environnement, ainsi que dans la construction d’un monde en paix.
Le défi pour l’Union est de parvenir à répondre à l’urgence, de se montrer à la hauteur de
l’incroyable crise que le monde traverse, tout en opérant une transformation de sa diplomatie pour
la rendre plus opérante et en faisant le choix de devenir une puissance mondiale, respectée et
crédible.
Construire une Diplomatie et une Défense européennes fortes
Poursuivre la relance de l’Europe de la défense, en engageant un important dialogue
stratégique à l’échelle de toute l’Union européenne, sur le rôle et la place de l’Europe, dans
le monde de demain.
Poser les fondements d’une grande stratégie de l’Union européenne, pour affronter les
enjeux redoutables d’un monde en profonde mutation
La période actuelle est propice à la réalisation d’une démarche de réflexion et de
responsabilisation des Etats membres de l’Union, de manière à garantir une capacité
d’intervention à l’international pour les pays européens, tout en élaborant des processus de
convergence plus ambitieux.
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Engager une vraie réflexion sur le rôle que l’Union européenne aura à tenir dans la gestion
de conflits, la médiation, ainsi que le maintien de la paix dans le monde.
L’Union devra se mettre en capacité d’exister en tant que puissance à part, de s’affirmer sur
les grandes questions internationales, de prendre des initiatives en toute indépendance et de
préserver son unité.
La philosophie globale du « gaullo-mitterrandisme » pourrait être adaptée à l’échelle
européenne, afin d’élaborer et de mettre en œuvre un « gaullo-mitterrandisme » européen.
Le refus français de la guerre d’Irak en 2003 a été le parfait accomplissement d’une
diplomatie « gaullo-mitterrandienne », dans le contexte d’un monde multipolaire, car se
fondant sur des principes universels, comme la prépondérance du droit international, ainsi
que sur une approche particulière de la France, face aux injonctions des Etats-Unis.
Accroître les convergences vers un Ministère européen des Affaires Etrangères
La Haute Représentante de l’Union pour les Affaires Etrangères et la politique de sécurité
reste dans un rôle de médiation. Elle n’a pas de pouvoir véritable et manque de visibilité.
La diplomatie européenne doit s’éloigner de ses excès déclaratoires. Elle doit disposer de
véritables leviers d’action.
Instaurer un poste de Ministre européen des Affaires Etrangères, comme l’a souhaité le
Président de la Commission européenne, Jean-Claude JUNCKER, le 14 septembre 2016, dans
son deuxième discours sur l’état de l’Union, devant les parlementaires européens réunis à
Strasbourg.
Créer des groupes d’expérimentation pour la Diplomatie, la Défense et la lutte contre le
terrorisme
Sortir d’une approche exclusivement conjoncturelle, anticiper, élaborer des organisations
adaptées, construire des actions à long terme.
Structurer un groupe d’Etats membres volontaires pour opérer un véritable transfert de
souveraineté et expérimenter une convergence plus aboutie, dans le secteur de la
politique étrangère et de la Défense.
Organiser une coopération renforcée, entre Etats membres volontaires, afin d’élaborer et
de mettre en œuvre une stratégie d’offensive face aux attaques terroristes islamistes.
Rendre la Défense européenne, plus crédible qu’une protection de l’OTAN.
Elaborer et mettre en œuvre une stratégie de l’Union européenne, pour éradiquer le
terrorisme
L’Union européenne doit avoir une véritable stratégie, pour éradiquer le terrorisme. Elle
doit contrer les dangers actuels, mais également anticiper les nouvelles menaces qui
apparaîtront. L’Union européenne doit mener des politiques en amont, afin d’avoir une
longueur d’avance sur les terroristes, par exemple en régulant les crypto-monnaies - qui
émergent. Les moyens d’action évoluent également : ces derniers temps, nous constatons
l’augmentation d’attentats « low-cost » : l’UE doit soutenir les autorités régionales, locales,
pour les aider à garantir la protection des espaces publics et des infrastructures critiques.
Optimiser la plus-value de l’Union européenne dans l’échange d’informations et la
coopération. Définir une stratégie pour le renseignement européen, dans le cadre de
différents cercles d’échanges d’informations, à l’échelle internationale.
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L’Union européenne doit affirmer des valeurs claires et instaurer un système pour les
protéger, les faisant respecter chez tous les Etats membres. La protection de la vie privée
est un droit fondamental, refusons le développement d’une société de surveillance
généralisée, où tout un chacun serait préjugé suspect.
Fondons toutes nos politiques de lutte anti-terroriste sur un principe clé: l’équilibre entre
l’exigence de sécurité, le respect des droits fondamentaux et des valeurs européennes.
Le Conseil de l’Europe développe des normes dans le domaine des Droits de l’homme et de
l’Etat de droit, surveille leur mise en œuvre sur le plan national et coopère avec les Etats afin
de faciliter cette mise en œuvre.
L'UE a adhéré en juin 2018, aux conventions anti-terrorisme du Conseil de l’Europe.
Madame Gabriella BATTAINI-DRAGONI, Secrétaire Générale adjointe du Conseil de l’Europe,
mène actuellement un travail notable en matière de gestion des questions migratoires, ainsi
que de lutte contre le crime transnational et le terrorisme.
L’idée d’Emmanuel Macron de structurer une Europe en trois cercles (d’ici 10 à 15 ans),
notamment avec un cercle large, peut-être au-delà des 27, organisé sous une forme
intermédiaire entre l’Union européenne et le Conseil de l’Europe actuel, formant une Europe
étendue, moins intégrée que l’UE mais très exigeante sur ses valeurs, est une approche qui
va dans le sens d’une Union qui consolide ses valeurs, voire qui parvienne à en faire un
atout d’influence, dans un modèle lié au Conseil de l’Europe.
Construire une véritable stratégie européenne de lutte contre le terrorisme, au Proche et
Moyen-Orient, en Afrique du Nord ainsi que dans le Sahel. La stabilisation et la
démocratisation, selon les normes du Conseil de l’Europe, sont des objectifs essentiels, dans
ces régions du monde, afin d’éradiquer le terrorisme.
Consolider davantage le contrôle des frontières externes de l’Union européenne,
notamment via l’européanisation de Frontex, l’Agence européenne des garde-côtes et garde-
frontières.
Engageons une réelle réflexion sur les sociétés européennes : sur l’intégration, sur le bien-
être social, sur l’emploi ; afin de comprendre les facteurs qui conduisent certains citoyens, et
notamment des jeunes, à la radicalisation.
Lutter contre la radicalisation nécessite de s’attaquer aux canaux de diffusion de la
propagande terroriste, notamment sur Internet et dans les prisons.
Former les citoyens aux enjeux de la lutte contre le terrorisme.
Ecouter et répondre aux besoins des victimes de terrorisme : toutes les victimes doivent
avoir accès aux mêmes droits, quelle que soit leur nationalité. De nombreuses initiatives
sont en réflexion afin de faciliter l’accès des victimes à leurs droits, comme la proposition de
création d’un « guichet unique » afin de simplifier les procédures administratives et l’accès
aux soins ; ou la proposition de l’instauration d’un fonds de compensation européen, à
destination des victimes de terrorisme.
Fonder un modèle européen fort et déployer le Soft Power de l’Union
Le déploiement d’une économie plus dynamique, d’une culture plus influente, d’une
éducation plus adaptée et efficace, seront des atouts dans la lutte contre le terrorisme.
Un Soft Power renforcé de l’Union européenne, consolidera sa place dans le monde et sa
prédominance sur ses concurrents.
Fonder un véritable modèle européen, dans les domaines de l’organisation politique, de
l’économie, du social, de la culture et de l’éducation.
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L’Union européenne doit devenir un modèle d’organisation politique et démocratique. Il
faut sortir des bricolages actuels, pour fonder une Union dotée d’institutions politiques
fortes et respectées.
Il est important de valoriser réellement le travail riche et considérable du Parlement
Européen.
L’Europe en trois cercles souhaitée par Emmanuel Macron, dans 10 à 15 ans, avec un
premier grand cercle de valeurs, un second cercle intermédiaire (entre l’Union européenne
actuelle et la zone euro) et un troisième cercle comme « cœur du réacteur » (monnaie
commune, marché du travail beaucoup plus intégré, vraie convergence sociale), est une
structure intéressante. Ce dispositif devra être validé par l’ensemble des Etats membres. Il
est nécessaire d’avoir un accord global, sur l’installation des cercles.
L’Europe politique doit se constituer autour d’un noyau d’Etats membres volontaires,
engagés dans un processus d’expérimentation, pouvant inclure tous ceux qui souhaitent
s’intégrer à la démarche et en respecter les règles. Démontrer par l’exemple, la pertinence
d’une Europe politique forte.
Il est important de maintenir une cohésion des Etats membres dans la construction
européenne, de ne pas instaurer de hiérarchie au niveau institutionnel, de préserver une
logique de coopération globale. Il est primordial d’éviter la constitution d’une sphère
élitiste d’Etats membres, entraînant la structuration d’une sphère plus large des exclus.
Une dynamique globale doit être entretenue et développée.
Dans le but de préserver l’unité de l’Union, tout en permettant également des avancées
ambitieuses, des groupes pilotes d’Etats membres pourraient se former, afin
d’expérimenter de nouveaux modèles d’organisations et de coopérations.
Construire des cercles de coopération et d’expérimentation au niveau européen, autour
des compétences.
Favoriser l’instauration de Régions transfrontalières, dans les contextes adaptés, sur la base
du volontariat.
Construire une identité européenne partagée. Valoriser une Culture européenne
consolidée, riche de sa diversité.
Favoriser les programmes de coopérations culturelles, à l’échelle de l’Union européenne.
Le développement culturel est un enjeu clé pour renforcer le vivre ensemble.
Créer des Médias européens. Instaurer des plateformes européennes, de distribution de
contenus culturels.
Protéger les créateurs de contenus culturels européens et soutenir leur développement.
L’Union européenne doit être en capacité de produire et de diffuser, ses propres
divertissements.
Défendre les intérêts économiques de l’Union et accroître les dynamiques
entrepreneuriales européennes.
Consolider les bases de l’UE et forger une conscience citoyenne européenne
La crise de la démocratie en Europe oblige l’Union à agir pour défendre ses fondements et
bâtir un nouveau modèle.
Développer des systèmes éducatifs en Europe, en dehors des cadres traditionnels,
favorisant l’innovation, la créativité et l’initiative.
Elaborer des structures éducatives européennes qui accompagnent les jeunes, vers leur
avenir professionnel, qui ne soient pas génératrices de contraintes excessives. Favoriser un
système d’orientation opérant.
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Construire un système de formation global, enseignant aux collégiens et aux lycéens, les
bases du fonctionnement civique. Ouvrir les jeunes citoyens européens sur les enjeux
mondiaux.
Dépasser Erasmus et accroître considérablement la mobilité des jeunes européens
(étudiants, professionnels...).
La démocratie a besoin de citoyens formés, avec un socle de connaissances indispensables
pour faire des choix.
Engager une réflexion sur la place des référendums dans la démocratie, en Europe.
Opérer la construction d’une réelle conscience citoyenne européenne. Consolider les bases
de l’Union et développer une véritable citoyenneté européenne.
Florian BRUNNER
Président du Think Tank « Europe et Démocratie »