1. Elias tugged thoughtfully at his
beard and frowned at his son. “I
don’t want you going off to see
Jesus again. He’s a trouble-
maker.”
Jeremias fidgeted. He didn’t
really understand why his father
was so set against the rabbi
Jesus. All the stories going
around their community told of
this teacher performing acts of
great kindness. He healed the
sick. He provided food for those
who had followed Him into the
Judean hills to listen through the
day and into the evening hours.
What could be intolerable in a
rabbi such as this? The thoughts
remained unspoken. Jeremias’s
head was bowed subserviently.
“Now go back to your studies
and remember, do not meddle
with those who disrespect our
traditions!”
Elias was profoundly irritated
at what he heard of Jesus’
teachings. He left the house,
walking fast to the far corner of
the village where several other
elders were gathered, awaiting
his arrival.
The Heart of the Law
Le cœur de la Loi
Pensivement, Elias se tira la barbe.
Avec un froncement de sourcils, il dit
à son fils : ― Je ne veux pas que tu
retournes voir Jésus. C’est un fauteur
de troubles.
Jeremias laissa entrevoir quelques
signes d’embarras. Il ne comprenait
pas pourquoi son père était à ce point
monté contre le rabbi Jésus. Toutes
les histoires qu’on racontait dans leur
communauté au sujet de ce maître se
rapportaient à des actes de grande
sollicitude. Il guérissait les malades.
Des foules L’avaient suivi dans les
collines reculées de Judée pour
L’écouter toute la journée et jusque
tard dans la soirée, et Il leur avait
donné à manger. Que faisait-il, ce
rabbi, d’aussi répréhensible ? Mais,
la tête basse, Jeremias garda
soigneusement cette pensée pour lui-
même.
― À présent, retourne à tes études,
et rappelle-toi ne fréquente pas ceux
qui ne respectent pas nos traditions !
Les échos qu’il avait entendus des
enseignements de Jésus avaient
profondément irrité Elias. Il sortit de
chez lui et se rendit d’un pas rapide
jusqu’à l’autre extrémité du village, où
l’attendaient quelques autres anciens.
2. “We are glad you came, Elias.
It is time to confront this
preacher. He has been seen
profaning the Sabbath!”
***
The midday sun shone
brightly, and the ripening stalks
of corn swayed in the gentle
breeze, giving an appearance of
a field of gold. The sky was a
beautiful blue, not a cloud in
sight. At one corner of the field,
a group of young men were
gathered under the shade of a
tree, munching hungrily on ears
of grain as they talked. They
stopped talking as the black-
robed Pharisees approached.
Polite greetings were
interrupted by Elias.
“Take a look at this!” he
exclaimed. “They’re eating
grain! Grain picked on the
Sabbath!”
― Nous sommes heureux que tu sois
venu, Elias. Il est temps de confondre ce
prêcheur. On l’a vu profaner le Sabbat !
***
Le soleil de midi brillait dans toute
sa beauté ; les épis de maïs étaient
mûrs et se balançaient au gré d’une
douce brise, donnant au champ
l’apparence d’une masse d’or en
mouvement. Le ciel était d’un bleu
sublime, sans le moindre nuage. Au
bout du champ, à l’ombre d’un arbre,
il y avait un groupe de jeunes hommes
qui, tout en bavardant, croquaient des
épis à peines dents. Leur conversation
stoppa net lorsque approchèrent les
pharisiens vêtus de leurs longues robes
noires. Les salutations polies furent
soudain interrompues par Elias.
― Voyez-vous ça ! s’exclama-t-il. Du
maïs. Ils sont en train de manger du
maïs ! Des épis cueillis en un jour de
Sabbat !
3. Elias turned angrily to Jesus.
“Don’t you know it’s against the
law given to us by Moses? Why
are they breaking the Sabbath by
picking grain?”
The men standing before Jesus
valued the letter of the law, not
its heart. He calmly replied, “The
Sabbath was made for man, and
not man for the Sabbath.”
Elias scowled at him and
turned back to the other elders.
They walked a few paces away,
huddling together as they
murmured amongst themselves,
“Who does this man think he is?
Defiling the Sabbath!” Not willing
to subject themselves to further
blasphemy, they walked back to
the village synagogue, discussing
as they went their outrage that
Jesus did not accept the
supremacy of the Law.
Back in the synagogue, the
congregation was gathering for
prayer. Elias cast his eye over the
crowd. Yes, there was his son.
“God be praised,” Elias thought
to himself.
The small band from the grain
field had also walked back to
town and now entered the
synagogue. Elias nudged one of
the other elders. “Look, he’s
here! We’d better keep close and
listen to every word he says!”
Puis se tournant vers leur leader avec
colère, il ajouta : ― Ne sais-tu pas que
ceci est contre la Loi que nous a donnée
Moïse ? Pourquoi tes amis enfreignent-
ils le Sabbat en cueillant du maïs ?
Les hommes qui se tenaient devant
Jésus respectaient la lettre de la Loi,
mais non pas son esprit. Celui-ci
répondit avec le calme qui Le
caractérisait: – Le Sabbat a été fait pour
l’homme, et non pas l’homme pour le
Sabbat.
Élias, l’air renfrogné, se retourna vers
les autres anciens. Ils s’éloignèrent à
quelques pas de là, pour tenir
conciliabule, chuchotant entre eux : ―
Pour qui cet homme se prend-il pour
profaner ainsi le Sabbat ? Afin
d’épargner à leurs oreilles de nouveaux
blasphèmes, ils marchèrent jusqu’à la
synagogue du village, tout en exprimant
leur indignation face à ce Jésus qui
semblait ignorer la suprématie de la Loi.
Lorsqu’ils parvinrent à la synagogue,
les fidèles se rassemblaient déjà pour
prier. Une pensée traversa l’esprit
d’Elias : Au moins, dans la maison du
Seigneur, mon fils Jeremias est en
sécurité.
Le petit groupe qu’ils avaient
rencontré dans le champ était
également venu au village, et il était
entré dans la synagogue. Elias donna un
petit coup de coude à l’un des anciens :
― Regarde, Il est là ! On ferait bien de
se rapprocher pour écouter chacune de
Ses paroles !
4. It was Amoz that drew Jesus’
attention. Amoz was a gaunt
man in his forties. He came from
a family of farmers, but had
struggled all his life due to his
handicap. His right hand was
withered and useless. There was
no feeling in the fingers, no
power of movement in his wrist,
no strength whatsoever. His arm
hung lifelessly at his side. This was
no small problem. His left arm was
unusually strong as it was used to
doing the work of two; but still,
the handicap hindered his labors
on the land and Amoz and his
family were desperately poor.
Amoz turned as a stranger, who
appeared by his bearing to be a
teacher, moved in his direction.
“Stand over here,” he asked.
Ce fut Amoz qui attira l’attention de
Jésus. C’était un homme décharné,
dans la quarantaine. Il venait d’une
famille de fermiers, mais, toute sa vie
durant, il avait dû combattre un
handicap. Sa main droite était
paralysée, il ne pouvait l’utiliser. Il
n’avait pas la moindre sensation au
bout des doigts et ne pouvait remuer
le poignet. Sa main était dénuée de
toute force et retombait sans vie le
long de son corps. (Cela n’était pas un
mince problème.) Sa main gauche était
exceptionnellement forte, habituée
qu’elle était à travailler pour les deux ;
néanmoins, le handicap gênait son
travail de paysan et lui et sa famille ne
parvenaient pas à sortir de la pauvreté.
Amoz se retourna au moment où un
étranger, qui avait les allures d’un
maître, se dirigeait vers lui. ― Tiens-
toi là au milieu, lui demanda-t-il.
5. It was a gentle but commanding
voice. Amoz came over to Jesus. He
had never seen him before and
didn’t know why he had been
called out, but there was a strange
feeling rising in his heart. Some
indefinable expectation, some
hope was leaping up inside.
Jesus was well aware that
everything He said and did was
being scrutinized by the small
group of Pharisees who were now
pushing their way through the
congregation. They wanted to hear
and see everything that went on.
Elias stood with the other elders.
He glared at Jesus, ready to see
what would follow.
La voix était marquée d’une douce
autorité. Amoz s’approcha de Jésus. Il
ne L’avait jamais vu et ne savait pas
pourquoi Il l’avait fait venir, mais il
sentait monter en lui une étrange
sensation. Comme une indéfinissable
aspiration, une forme d’espoir qui
bondissait au-dedans de lui.
Jésus était parfaitement conscient
que tous Ses faits et gestes étaient
minutieusement surveillés par le
petit groupe de pharisiens qui, à
présent, jouaient des coudes pour
accéder au premier rang. Ils
voulaient voir et entendre ce qui se
passait. Elias se tenait avec les autres
anciens. Les yeux rivés sur Jésus, il
guettait ce qui allait arriver.
6. Jeremias also edged his way
closer. He had wanted to hear
Jesus speak again, like he had on
the hillside some months
previously. He wanted to
understand what was different
about Jesus’ teaching, and why
his father opposed him so
vehemently.
Jesus spoke again, this time
directly to the Pharisees. “Is it
lawful to do good on the Sabbath
days, or to do evil? To save life, or
to kill?” There was an anger in His
voice. He could see that their
hearts were hard. They cared
more about the days of the week
than they did for those in need.
Elias was silent. The other
elders also held their peace,
watching to see what would
follow. Jeremias held his breath.
Jesus turned back to Amoz.
“Stretch out your hand.”
Amoz could not do this; his
hand was hanging limply. But
that mysterious hope in his heart
caused him to want to obey the
teacher and he made the effort.
As he did so, there came a
tingling in his right arm that he
had not felt since he could
remember. His hand stretched
out firmly—he moved his
fingers—his hand was healed! It
was a miracle!
Jeremias, lui aussi, chercha à se
rapprocher. À nouveau, il voulait
entendre Jésus parler, comme il L’avait
entendu sur la colline quelques mois
auparavant. Il voulait comprendre en
quoi exactement Son enseignement
différait des autres, et pourquoi son
père s’opposait à Lui avec autant de
véhémence.
À nouveau Jésus parla, mais cette
fois c’était à l’adresse des pharisiens. ―
Est-il permis, le jour du Sabbat, de faire
du bien ou de faire du mal ? Il y avait de
la colère dans le ton de Sa voix. Il
pouvait voir que leurs cœurs étaient
endurcis. Ils étaient davantage
concernés par la loi du Sabbat que par
ceux et celles qui étaient dans le besoin.
Elias gardait le silence, ainsi que les
autres. Ils attendaient de voir ce qui
allait se passer. Jeremias retenait son
souffle.
Finalement, Jésus se tourna vers
Amoz. ― Étends la main, lui dit-Il.
Cela lui était impossible ! Comment
aurait-il pu étendre une main qui
pendait mollement ? Toutefois, la petite
lueur d’espoir qui s’était allumée dans
son cœur lui donna la volonté d’obéir au
maître, et il fit l’effort.
Au moment où il fournissait cet
effort, il se produisit un picotement
dans son bras droit, quelque chose qu’il
n’avait jamais ressenti. Sa main s’étendit
fermement. Voici qu’il remuait les
doigts : sa main était guérie ! C’était
un miracle !
7. He raised his right hand—the
hand that had been withered
away—to his face in wonder. He put
both hands together. They were of
equal strength! He moved each
finger in turn; he twisted his hand
palm up, palm down. He flexed his
hand. He made a fist, then stretched
the fingers. Again he clenched, again
he stretched. He stared at his hands,
and then he looked at Jesus. Words
could not express his thanks. Jesus
smiled, and stepped back, as the
crowd was now pressing forward to
see Amoz closer.
Jeremias peered over the heads
of the throng to get a better view.
Exclamations of astonishment
could be heard throughout the
congregation. His father had
stormed out in a silent rage. The
Sabbath had been defiled, again!
Avec émerveillement, il l’éleva
jusqu’à son visage. Il joignit ses deux
mains : toutes deux avaient la même
force ! Il bougea ses doigts l’un après
l’autre ; il tourna sa main, paume
vers le haut, puis la retourna, paume
vers le bas, et la plia. Il serra le poing,
puis étendit sa main. Comme cela,
plusieurs fois. Après avoir regardé
ses deux mains, il leva les yeux vers
Jésus, incapable de trouver les mots
pour exprimer sa gratitude. Jésus lui
sourit, puis se retira, tandis que la
foule se pressait autour du miraculé
pour le voir de plus près.
Jeremias regardait par-dessus les
têtes de la foule dans l’espoir d’en
voir davantage. On pouvait entendre
des exclamations d’étonnement qui
fusaient de l’assemblée. Son père
était sorti, fumant de rage, mais sans
dire mot. À nouveau, le Sabbat avait
été profané !
8. Jesus and His followers had
withdrawn from the synagogue.
Jeremias also made his way
outside. One of the followers of
Jesus was standing quietly by the
well, drinking water. This was a
youth of about his age—younger
than the others. Jeremias
approached him.
“Are you one of His followers?”
“Yes, that is my privilege!”
“I don’t understand the conflict.
Your rabbi seems to do good, but
the elders are angry with him.
Why doesn’t He respect the Law?
Couldn’t He have waited until
tomorrow to heal old Amoz?”
The young man looked closely
at his questioner. “But why should
he suffer a day longer than
needed? If you were in his place,
wouldn’t you want to be healed as
soon as possible?”
“I have heard Jesus speak
before, and I hear the stories that
people tell, but what does His
message really mean?” Jeremias
burst out, giving voice to the
anxiety and confusion that filled
his mind. “I saw His anger today,
at my father among others, yet I
also saw His compassion. Why
does He defy the elders? His
performance today aggravated
them, but on the other hand, I
can’t help but see that He is
Jésus et Ses disciples étaient sortis
de la synagogue. Jeremias se fraya, lui
aussi, un chemin vers l’extérieur. Un
des disciples de Jésus se tenait
calmement près de la fontaine et y
buvait de l’eau. C’était un jeune
homme, de son âge environ, donc un
peu plus jeune que les autres. Jeremias
s’approcha de lui.
― Es-tu l’un des disciples de Jésus ?
― Oui, j’ai ce privilège !
― Je ne comprends pas la raison de
cette confrontation. Votre rabbi
semble faire le bien mais les anciens
sont furieux contre Lui. Pourquoi ne
respecte-t-Il pas la Loi ? N’aurait-Il pas
pu attendre jusqu’à demain pour le
guérir ?
Le jeune homme examina son
interlocuteur. ― Mais pourquoi aurait-
il dû souffrir un jour de plus que
nécessaire ? Si tu avais été à sa place,
n’aurais-tu pas désiré être guéri dès
aujourd’hui ?
― J’ai déjà entendu Jésus parler, et
toutes les histoires que racontent les
gens à Son sujet… Mais au fond, que
signifie Son message ? Alors, donnant
libre cours à toute l’anxiété et à la
confusion qui tourmentaient son
esprit, Jeremias ajouta : ― J’ai vu Sa
colère aujourd’hui, à l’égard de mon
père en particulier, mais j’ai aussi vu Sa
compassion. Pourquoi provoque-t-Il les
anciens ? Ce qu’Il a fait aujourd’hui les
a exaspérés, mais, par ailleurs, je ne
9. working miracles. And I cannot
understand how or why God
would empower Him to perform
miracles when he is obviously
a lawbreaker!”
“Jeremias, grace, mercy, love
… this is the heart of the law, not
the dutiful keeping of every fine
detail of the commandments.
Isn’t healing Amoz more
important than keeping the jot
and tittle of Sabbath day law?”
***
It was late in the evening, and
Jeremias was breathless when he
made it back to the door of his
home. He had hurried over
several miles of countryside. He
didn’t want his father to know
where he had been.
Elias jumped up when his son
entered the room. He stared hard
at him, as though the scrutiny
would reveal his son’s
recent whereabouts.
“Well, what do you have to say
for yourself?” he demanded
angrily.
Jeremias adopted the meek
pose of a dutiful son. But it was
an outward show. On the inside,
he no longer feared the wrath of
his father. No, he would leave
everything behind and follow the
peux m’empêcher de constater qu’Il
fait des miracles. Et je ne parviens pas
à comprendre comment et pourquoi
Dieu Lui donne la puissance
d’accomplir des miracles quand, de
toute évidence, Il transgresse la Loi !
― Jeremias, la grâce, la miséricorde,
l’amour, c’est ça le cœur de la Loi, et
non pas le respect, par pure obligation
morale, de chaque petite prescription.
Ne crois-tu pas que la guérison d’Amoz
était plus importante que le fait de
respecter à la lettre toutes les
interdictions concernant le jour du
Sabbat ?
***
Il se faisait tard à présent, et
Jeremias était à bout de souffle
lorsqu’il arriva devant chez lui. Il
avait parcouru, en pressant le pas,
plusieurs kilomètres à travers la
campagne. Il ne voulait pas que son
père sache où il avait été. Mais lorsque
son fils pénétra dans la pièce, Elias
bondit sur ses pieds et le regarda
fixement, comme si cette inspection
allait lui révéler exactement chacune
de ses allées et venues.
― Eh bien, qu’est-ce que tu as à dire
pour ta défense ? demanda-t-il avec
colère.
Jeremias feignit l’humilité d’un fils
qui se soumet à l’autorité de son père.
Mais ce n’était que faux semblant. À
l’intérieur, il ne craignait plus la colère