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REMERCIEMENTS
Nous remercions M. Remy Lacrampe, notre professeur de Psychologie & Management,
pour l’aide qu’il nous a apportée et pour nous avoir donné plaisir à découvrir cette discipline.
3
SOMMAIRE
INTRODUCTION AU PROBLEME..................................................................................................................................4
NOTRE ETUDE ...................................................................................................................................................................7
QUELLES CARACTERISTIQUES DE L’INDIVIDU FAVORISENT LA PROCRASTINATION ?.................................................................7
QUELLE EST LA RELATION ENTRE LA PROCRASTINATION ET LES DATES LIMITES ?...................................................................8
QUELS PRETEXTES/EXCUSES SONT DONNEES PAR LES SONDES POUR EXPLIQUER LEUR PROCRASTINATION ?..................11
CONCLUSION...................................................................................................................................................................13
BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................................................15
4
INTRODUCTION AU PROBLEME
70% des étudiants seraient touchés par la procrastination, contre 20% pour les autres adultes
(Ellis et Knaus, 19771
). La procrastination, cette tendance à retarder la réalisation d’une tâche,
est pourtant irrationnelle : la non-réalisation ou la réalisation de mauvaise qualité d’un travail
engendre de mauvaises conséquences.
Il s’agit donc d’un phénomène très courant et qui, par conséquent, a intéressé de nombreux
chercheurs. Cependant, il est difficile de trancher si la procrastination est une conséquence de
certains traits de personnalités ou de l’environnement.
En ce qui concerne les effets de l’environnement, l’impact de la mise en place de dates limites
pour la réalisation d’une tâche démontre que l’environnement extérieur a un impact sur la
procrastination. La mise en place d’échéances se révèle très utile pour s’assurer de la réalisation
d’une tâche (Herweg & Müller2
, 1991). En effet, ayant comparé la qualité d’un travail selon si
des échéances intermédiaires avaient été fixées, les chercheurs s’étaient aperçu que la mise en
place de telles échéances étaient bénéfiques pour la qualité du travail.
Les autres effets de l’environnement sur la procrastination peuvent être liés aux récompenses
et punitions perçues, et temps perçu restant (Zhang S, Liu P, Feng T, 20193
).
Se fixer un objectif inatteignable engendre en toute évidence de la procrastination (Ellis et
Knaus, 1977). On peut ajouter à cela le fait que l’attente de gains futurs et le temps d’attente
pour obtenir ces avantages ont une influence sur la qualité du travail (Zhang, Liu & Feng,
20194
).
Cependant, un procrastinateur pourrait avoir tendance à justifier son comportement en
attribuant la faute, consciemment ou non, aux facteurs situationnels alors qu’elle est liée à lui
seul. En effet, les procrastinateurs, pourtant de compétences similaires à leurs homologues
assidus, ont tendance à percevoir la tâche dont ils avaient retardé leur exécution de manière
négative, expliquant qu’elles manquaient de clarté (Ferrari, Mason et Hammer, 20065
).
1
ELLIS Albert, KNAUS William (1977), “Overcoming Procrastination”
2
HERWEG Fabian, MÜLLER Daniel (1991), “Performance of procrastinators: On the value of deadlines”
3 Zhang S, Liu P, Feng T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates
underlying procrastination. WIREs Cogn Sci.
4
SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The cognitive
mechanisms and neural substrates underlying procrastination”
5
FERRARI Joseph R., MASON Christopher P., HAMMER Corey (2006), Procrastination as a Predictor of
Task Perceptions: Examining Delayed and Non-delayed Tasks Across Varied Deadlines
5
Ainsi, on peut s’interroger si les caractéristiques de la personnalité sont liées à la
procrastination.
La procrastination serait liée à un manque de confiance en soi, à un caractère névrosé,
désorganisé et un manque d’énergie (Beswick , Rothblum et Mann, 19986
). De même, ceux qui
procrastinent ne voient pas au premier abord les conséquences négatives futures et n’arrivent
pas à gérer leur humeur à court-terme (Pychyl et Sirois, 20137
). C’est ce que confirment d’autres
chercheurs, en insistant sur le fait que la procrastination est liée à un manque de contrôle de soi
(Shunmin Zhang, Peiwei Liu et Tingyong Feng, 20198
).
De plus, la conscience de ses problèmes de contrôle de soi peut s’avérer avoir un impact positif
sur la réalisation de la tâche (Fabian Herweg et Daniel Müller, 1991). Les chercheurs ont en
effet comparé deux types de sujets – un qui avait du mal à se contrôler mais qui le savait, et un
autre qui ne le savait pas – et se sont rendus compte que celui qui le savait était plus performant
lors de la réalisation d’une tâche. Cela est lié au fait que cette personne peut alors essayer de se
gérer en se fixant lui-même des limites, tandis que la personne qui ne connaît pas ses limites
aura tendance à être trop optimiste dans sa motivation future à réaliser la tâche.
Il a été établi que les seuls paramètres du big five qui affectent la procrastination sont le
caractère consciencieux et la nervosité (Zhang S, Liu P, Feng T, 20199
).
Cependant, les adultes ont moins tendance à procrastiner que les étudiants, ce qui peut laisser
douter de l’importance de la personnalité dans l’explication de la procrastination. Ce seraient
alors les facteurs situationnels (des impératifs économiques, le nouveau cadre de travail dans
les entreprises) qui feraient que les procrastinateurs adoptent un tel comportement.
On voit alors que la procrastination est une conséquence à la fois des facteurs situationnels
et environnementaux. Selon une théorie (Steel, 200710
), on pourrait mesurer l’intérêt que
quelqu’un à pour une tâche par la formule suivante :
Utilité =
𝑉 × 𝐴
Γ × D + 1
6
BESWICK Gery, ROTHBLUM Esther, MANN Leon (1988), “Psychological antecedents of student
procrastination”
7
Sirois, F., Pychyl, T. (2013). “Procrastination and the Priority of Short-Term Mood Regulation: Consequences
for Future Self”, Social and Personality Psychology Compass, 7(2), 115-127
8
SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The cognitive
mechanisms and neural substrates underlying procrastination”
9 Zhang S, Liu P, Feng T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates
underlying procrastination. WIREs Cogn Sci.
10 Steel, P. (2007). The nature of procrastination: A meta-analytic and theoretical review of
quintessential self-regulatory failure. Psychological Bulletin, 133, 65–94.
6
où :
- 𝑉 : Valeur de la tâche
- 𝐴 : Attente
- 𝐷 : Délai
- Γ : Sensibilité au délai
Ainsi, au fur et à mesure que le délai diminue, l’utilité augmente en fonction de la sensibilité
de la personne au délai. Ce modèle est intéressant car il intègre à la fois les facteurs
environnementaux (la tâche, le délai) et personnels (la valeur de la tâche, la sensibilité au
délai).
C’est pourquoi il nous a semblé pertinent de s’interroger sur le lien entre la personnalité, les
différentes dates limites imposées (i.e. l’environnement) et la procrastination. Il s’agira, plutôt
que de séparer environnement de personnalité, de savoir comment les différents facteurs
situationnels et la personnalité peuvent avoir un impact sur le retard dans la réalisation d’une
tâche.
7
NOTRE ETUDE
Nous avons réalisé un sondage destiné aux étudiants pour lequel nous avons récolté 170
réponses. Nous avons prudemment essayé d’en tirer des conclusions.
QUELLES CARACTERISTIQUES
DE L’INDIVIDU FAVORISENT LA
PROCRASTINATION ?
Nous avons privilégié l’approche
typologique de description de la
personnalité proposée par Carl
Gustav Jung. Après avoir établie la
personnalité de l’étudiant selon
cette classification appelée MBTI, nous leur avons demandé quelle était leur avance dans un
projet : le chiffre 5 correspond au fait de faire directement le travail demandé et le chiffre 1
correspondant à une tendance à réaliser un travail au dernier moment.
Sur la base de ces résultats, nous avons remarqué une corrélation entre la personnalité et la
procrastination pour deux caractéristiques : le segment jugeurs/perceveurs, et le segment
intuitifs/sensitifs.
En effet, d’une part, les jugeurs sont ceux qui ont une tendance plus importante à ne pas
remettre au lendemain une tâche car ils planifient. On peut justifier de tels résultats par le désir
du jugeur de terminer ses actions. Les jugeurs auraient de plus une meilleure gestion de leur
humeur à court terme. Néanmoins, il faut
remarqué que dans nos résultats, il restent
en majorité procrastinateur, mais avec un
écart considérable par rapport aux
perceveurs.
8
En contraire, une personne « perceveuse » qui ne se préoccupe pas du temps et vit au jour le
jour, a davantage tendance à prendre du retard. Ceci est lié à une mauvaise gestion de leur
humeur à court terme.
De la même manière, les personnes sensitives
s’avancent davantage dans la réalisation d’un
projet, notamment car une personne sensitive est
plus réaliste quant aux conséquences de ses actions.
Au contraire, une personne intuitive a davantage
tendance à prendre du retard.
Pourtant, ce ne sont pas les caractéristiques
seules qui déterminent le caractère procrastinateur
d’une personne ou non, mais la combinaison des
différentes caractéristiques.
En effet, une personne intuitive est d’autant plus
procrastinatrice qu’elle est perceveuse. (76,54%
des personnes intuitive – perceveuse ont un faible
niveau d’avance de 1 ou de 2).
Néanmoins, il est plus difficile de trouver une tendance générale pour la combinaison avec
d’autres traits de la personnalité, et la combinaison de plus de deux traits pourrait engendrer des
imprécisions liées au nombre limité des personnes sondées.
QUELLE EST LA RELATION ENTRE LA PROCRASTINATION ET LES DATES LIMITES ?
En fonction du niveau de procrastination
Pour répondre à cette question, nous avons demandé aux sondés comment ils réagissaient
lorsque la date buttoir du projet était repoussée à dans une semaine : continuent-ils de travailler,
ou s’arrêtent-ils ?
Nous avons croisé cette information avec le « niveau d’avance dans les travaux ». On constate
qu’une personne ponctuelle ne va pas cesser de travailler après le report de la deadline, tandis
qu’une personne qui procrastine va s’arrêter de travailler. En effet, si une deadline est retardé,
66,67% et 71,43% de ceux qui ont un niveau d’avance de 4 et de 5 respectivement continuent
9
à travailler contre entre 12,82% et 36,36% pour ceux avec un niveau d’avance de 1 et 2
respectivement.
Si on considère la période allouée
pour réaliser le travail, on se rend
compte que sa fin va peut influencer
les personnes ponctuelles : si celle-
ci varie, une personne ponctuelle va
tout de même continuer à travailler.
Au contraire, une personne qui
procrastine est très sensible à la date
de fin d’un projet : lorsque celle-ci
varie, son niveau de travail varie beaucoup. La disparition de la stimulation l’ayant fait travailler
explique cet arrêt lorsque l’échéance est reportée. Si une deadline est avancée à dans une
semaine plutôt que reportée dans l’avenir, 90% en moyenne de personnes moyennement
procrastinatrice et non procrastinatrice continuent à travailler. L’écart est très important face
aux personnes très procrastinatrice, puisque, parmi les personnes qui se sont situées à 1 sur leur
échelle d’avance (1 étant le moins d’avance, 5 étant le plus d’avance) 17,95% travaillent, et
parmi ceux qui se sont situés à 2, 56,45% travaillent.
Ceci est assez intéressant : il est difficile d’établir lequel des plus ou moins procrastinateurs
est sensible à la deadline. On peut résumer de manière très simplifiée la situation par le
tableau suivant :
Procrastinateur Non-procrastinateur
Deadline avancée à dans une
semaine
Ne travaillent pas Travaillent
Deadline repoussée à dans
une semaine
Ne travaillent pas Travaillent
Travaillent ou pas quand une deadline
est repoussée en fonction de son niveau
d'avance
0% 20% 40% 60% 80% 100%
1
2
3
4
5
Travaillent ou pas quand une deadline est
avancée en fonction de son niveau d'avance
Non Oui
10
Ce n’est donc pas en fonction de si on est procrastinateur ou pas que l’on est plus ou moins
sensible à une deadline. Il faut alors trouver un autre facteur pertinent de sensibilité à la
deadline.
Peut-on dire que la différence entre le procrastinateur et celui qui ne procrastine pas réside
dans la différente source de motivation ? Le procrastinateur verrait l’impératif de rendre le
travail face à l’arrivée de la deadline. Au contraire, le non procrastinateur soit ne verrait pas
l’échéance et mais ferait le travail selon une autre source de motivation (ce qui explique qu’il
le fait d’avance) ou soit le non procrastinateur est plus sensible à la deadline, i.e. faire le projet
la veille ne le satisfait pas (il veut le faire bien avant pour éviter toute catastrophe)
En fonction de la personnalité
En ce qui concernent les types de personnalité, ce sont les traits jugeurs/perceveurs qui
semblent le plus affectés par l’avance de l’échéance à dans une semaine. C’est en effet là que
l’on observe les écarts les plus importants. 74,19% des jugeurs travailleraient après l’avance à
dans une semaine d’une échéance, contre 42,47% pour les perceveurs. Les jugeurs seraient
alors plus sensibles à l’échéance lorsqu’elle est avancée dans le temps.
Il est intéressant de remarquer que pour les autres traits de personnalité du MBTI, le
pourcentage de personnes qui se mettent à travailler se situe à entre 57% et 65%, la différence
étant trop faible pour tirer des conclusions. De plus, en ce qui concerne le retard de l’échéance
a posteriori, la majorité s’arrête de travailler quelle que soit la personnalité.
Ceci est le constat d’un échec quant à la détermination d’une tendance générale qui prédirait
si oui ou non une personne est sensible à une deadline. Cependant, nous avons tout de même
plus avoir des résultats assez intéressants en remarquant qu’une personne perceveuse est
moins sensible à une deadline lorsqu’elle est avancée (puisqu’elle ne se met toujours pas à
travailler) par rapport à une personne jugeuse.
11
QUELS PRETEXTES/EXCUSES SONT DONNEES PAR LES SONDES POUR EXPLIQUER
LEUR PROCRASTINATION ?
En ce qui concerne les excuses
expliquant leur procrastination, on a des
écarts selon si on est procrastinateur ou
non.
Excuses fonction de si on est
procrastinateur ou non
71,43% de ceux qui se sont dits très en
avance dans la réalisation de leurs projets
indiquent que c’est la surcharge qui peut leur empêcher d’être ponctuel, contre 20% pour les
plus procrastinateurs (niveaux 1 et 2) et 40% pour les moyennement procrastinateurs (le
niveau 3).
Entre 63% et 80% des moins
procrastinateurs citent l’excuse des
problèmes de coordination contre entre
15,38% et 41,94% pour les plus
procrastinateurs : pour les non
procrastinateurs, le retard est lié à un
élément externe. On peut alors facilement
comprendre les problèmes liés à la
constitution d’équipes avec des
personnes très procrastinatrices et d’autre
non procrastinatrices.
Les procrastinateurs utilisent principalement comme excuse : le non intérêt, la « flemme » et
dans une moindre mesure l’oubli de l’existence du projet. Au contraire, ils n’utilisent que très
peu les autres excuses : la surcharge et les problèmes de coordination.
Alors, les procrastinateurs utilisent des excuses internes à eux : ils reconnaissent ici ne pas
avoir d’intérêt pour la tâche ou la « flemme » ; tandis que les non procrastinateurs évoquent
des facteurs externes : les problèmes de coordination et les problèmes de surcharge. Les dits
0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00%
1
2
3
4
5
Personne qui évoquent la surcharge comme
une raison de leur retard en fonction de leur
niveau d'avance dans leurs projets
Non Oui
0% 20% 40% 60% 80% 100%
1
2
3
4
5
Personne qui évoquent les problèmes de
coordination comme une raison de leur retard
en fonction de leur niveau d'avance dans leurs
projets
Non Oui
12
procrastinateurs reconnaissent leur faute, tandis que les dits non-procrastineurs ne
reconnaissent pas avoir fait une faute.
Excuses en fonction de sa personnalité
En ce qui concernent les traits MBTI, les perceveurs ont tendance à utiliser à 67,12%
l’excuse de la flemme (contre 41,94% des jugeurs), à 65,75% le non intérêt (contre 47,31%
des jugeurs) et pour seulement 20,55% la surcharge de travail (contre 47,31% des jugeurs).
On ne peut être plus clair : les perceveurs, adeptes de l’excuse de la flemme et du non intérêt,
ont davantage tendance à repousser leurs décisions et privilégier l’amusement au travail. Ou
encore, les perceveurs prêtent peut-être plus attention à l’utilité de la tâche à leurs yeux. C’est
là où les différences sont encore les plus importantes par rapport aux autres traits. Cela est
d’autant plus visible que les problèmes de coordinations sont évoqués par seulement 39,73%
des perceveurs contre 52,69% des jugeurs, qui par conséquent sont fortement affectés par la
procrastination des autres membres du groupe.
13
CONCLUSION
Pour conclure, le milieu étudiant étant très procrastinateur, nous avons décidé d’étudier les
différents facteurs expliquant la procrastination ou encore le fait plus rare de la non-
procrastination.
Résumé
Nous avons remarqué de grands écarts en ce qui concerne les traits de personnalité du MBTI
perceveurs/jugeurs et intuitifs/sensitifs, les sensitifs et les jugeurs ayant bien plus tendance
que les perceveurs/intuitifs à être non-procrastinateur.
En ce qui concerne le changement d’une deadline, il a été intéressant de remarquer que les
non-procrastinateurs sont peu sensibles à la deadline lorsqu’elle est finalement repoussée (à
dans une semaine) s’ils se sont déjà mis à travailler, tandis qu’ils sont plus touchés lorsque
l’échéance est avancée que les non-procrastinateurs. Au contraire, les procrastinateurs ne
travaillent plus en général lorsque la date limite est repoussée et ne font pas plus lorsqu’elle
est avancée à dans une semaine. Néanmoins, ces résultats ne révèlent aucune sensibilité à la
deadline de la part des procrastinateurs et non-procrastinateurs.
Le trait de personnalité qui montre l’écart le plus important est le couple jugeurs/perceveurs,
les jugeurs se mettant en plus grande proportion à travailler (avec un écart de 30 points de
pourcentage) par rapport aux perceveurs. Lorsque la deadline est repoussée à plus tard, une
grande majorité des personnalités, quelle que soit la trait, s’arrête de travailler.
Enfin, les excuses les plus données selon si on est procrastinateur ou non sont très parlantes :
les procrastinateurs citent principalement la « flemme », le « non-intérêt » (des facteurs
internes à eux) tandis que les non-procrastinateurs évoquent en majorité les problèmes de
coordination et la surcharge de travail (des facteurs externes à eux). Ceci est le principal biais
de notre étude : elle a davantage détecté que procrastinateurs assumés et les non-
procrastinateurs assumés ou qui croient l’être. En fait, il faudrait pour cela être sûr que les
personnes qui croient être procrastinatrices le soient, et c’est la supposition que nous faisons
ici car nous pensons qu’une personne qui dit qu’elle a beaucoup d’avance dans son projet est
en fait une personne qui a beaucoup d’avance et inversement. Cette hypothèse est raisonnable.
En termes de personnalité, les écarts les plus importants sont encore pour le couple
jugeurs/perceveurs : les perceveurs citent comme excuse la flemme et le non intérêt
contrairement aux jugeurs qui évoquent la surcharge de travail.
14
Ouverture
Cette étude a révélé de nombreuses corrélations dont on a pu tirer quelques conclusions.
Bien sûr, beaucoup d’autres conclusions auraient pu être tirées.
Beaucoup d’autres sujets auraient pu être traités autour du thème de la procrastination. On
aurait pu se demander si une personne qui se dit procrastinatrice est vraiment ou pas
procrastinatrice. C’est une question importante qui rejoint celle déjà soulevée par des
chercheurs (Fabian Herweg et Daniel Müller, 1991), qui, rappelons-le, avaient remarqué que
des gens qui avaient conscience de leur problème de procrastination étaient plus performants
dans la réalisation d’une tâche que ceux qui n’en avaient pas conscience.
15
BIBLIOGRAPHIE
• BESWICK Gery, ROTHBLUM Esther, MANN Leon (1988), “Psychological antecedents
of student procrastination”
• ELLIS Albert, KNAUS William (1977), “Overcoming Procrastination”
• HERWEG Fabian, MÜLLER Daniel (1991), “Performance of procrastinators: On the
value of deadlines”
• FERRARI Joseph R., MASON Christopher P., HAMMER Corey (2006), Procrastination
as a Predictor of Task Perceptions: Examining Delayed and Non-delayed Tasks Across
Varied Deadlines
• SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The
cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination”
• SIROIS, F., PYCHYL, T. (2013). “Procrastination and the Priority of Short-Term Mood
Regulation: Consequences for Future Self”, Social and Personality Psychology Compass,
7(2), 115-127
• STEEL P. (2007). The nature of procrastination: A meta-analytic and theoretical review
of quintessential self-regulatory failure. Psychological Bulletin, 133, 65–94.
• ZHANG S, LIU P, FENG T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and
neural substrates underlying procrastination. WIREs Cogn Sci.

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Procrastination, deadline & personnalité

  • 1.
  • 2. 2 REMERCIEMENTS Nous remercions M. Remy Lacrampe, notre professeur de Psychologie & Management, pour l’aide qu’il nous a apportée et pour nous avoir donné plaisir à découvrir cette discipline.
  • 3. 3 SOMMAIRE INTRODUCTION AU PROBLEME..................................................................................................................................4 NOTRE ETUDE ...................................................................................................................................................................7 QUELLES CARACTERISTIQUES DE L’INDIVIDU FAVORISENT LA PROCRASTINATION ?.................................................................7 QUELLE EST LA RELATION ENTRE LA PROCRASTINATION ET LES DATES LIMITES ?...................................................................8 QUELS PRETEXTES/EXCUSES SONT DONNEES PAR LES SONDES POUR EXPLIQUER LEUR PROCRASTINATION ?..................11 CONCLUSION...................................................................................................................................................................13 BIBLIOGRAPHIE.............................................................................................................................................................15
  • 4. 4 INTRODUCTION AU PROBLEME 70% des étudiants seraient touchés par la procrastination, contre 20% pour les autres adultes (Ellis et Knaus, 19771 ). La procrastination, cette tendance à retarder la réalisation d’une tâche, est pourtant irrationnelle : la non-réalisation ou la réalisation de mauvaise qualité d’un travail engendre de mauvaises conséquences. Il s’agit donc d’un phénomène très courant et qui, par conséquent, a intéressé de nombreux chercheurs. Cependant, il est difficile de trancher si la procrastination est une conséquence de certains traits de personnalités ou de l’environnement. En ce qui concerne les effets de l’environnement, l’impact de la mise en place de dates limites pour la réalisation d’une tâche démontre que l’environnement extérieur a un impact sur la procrastination. La mise en place d’échéances se révèle très utile pour s’assurer de la réalisation d’une tâche (Herweg & Müller2 , 1991). En effet, ayant comparé la qualité d’un travail selon si des échéances intermédiaires avaient été fixées, les chercheurs s’étaient aperçu que la mise en place de telles échéances étaient bénéfiques pour la qualité du travail. Les autres effets de l’environnement sur la procrastination peuvent être liés aux récompenses et punitions perçues, et temps perçu restant (Zhang S, Liu P, Feng T, 20193 ). Se fixer un objectif inatteignable engendre en toute évidence de la procrastination (Ellis et Knaus, 1977). On peut ajouter à cela le fait que l’attente de gains futurs et le temps d’attente pour obtenir ces avantages ont une influence sur la qualité du travail (Zhang, Liu & Feng, 20194 ). Cependant, un procrastinateur pourrait avoir tendance à justifier son comportement en attribuant la faute, consciemment ou non, aux facteurs situationnels alors qu’elle est liée à lui seul. En effet, les procrastinateurs, pourtant de compétences similaires à leurs homologues assidus, ont tendance à percevoir la tâche dont ils avaient retardé leur exécution de manière négative, expliquant qu’elles manquaient de clarté (Ferrari, Mason et Hammer, 20065 ). 1 ELLIS Albert, KNAUS William (1977), “Overcoming Procrastination” 2 HERWEG Fabian, MÜLLER Daniel (1991), “Performance of procrastinators: On the value of deadlines” 3 Zhang S, Liu P, Feng T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination. WIREs Cogn Sci. 4 SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination” 5 FERRARI Joseph R., MASON Christopher P., HAMMER Corey (2006), Procrastination as a Predictor of Task Perceptions: Examining Delayed and Non-delayed Tasks Across Varied Deadlines
  • 5. 5 Ainsi, on peut s’interroger si les caractéristiques de la personnalité sont liées à la procrastination. La procrastination serait liée à un manque de confiance en soi, à un caractère névrosé, désorganisé et un manque d’énergie (Beswick , Rothblum et Mann, 19986 ). De même, ceux qui procrastinent ne voient pas au premier abord les conséquences négatives futures et n’arrivent pas à gérer leur humeur à court-terme (Pychyl et Sirois, 20137 ). C’est ce que confirment d’autres chercheurs, en insistant sur le fait que la procrastination est liée à un manque de contrôle de soi (Shunmin Zhang, Peiwei Liu et Tingyong Feng, 20198 ). De plus, la conscience de ses problèmes de contrôle de soi peut s’avérer avoir un impact positif sur la réalisation de la tâche (Fabian Herweg et Daniel Müller, 1991). Les chercheurs ont en effet comparé deux types de sujets – un qui avait du mal à se contrôler mais qui le savait, et un autre qui ne le savait pas – et se sont rendus compte que celui qui le savait était plus performant lors de la réalisation d’une tâche. Cela est lié au fait que cette personne peut alors essayer de se gérer en se fixant lui-même des limites, tandis que la personne qui ne connaît pas ses limites aura tendance à être trop optimiste dans sa motivation future à réaliser la tâche. Il a été établi que les seuls paramètres du big five qui affectent la procrastination sont le caractère consciencieux et la nervosité (Zhang S, Liu P, Feng T, 20199 ). Cependant, les adultes ont moins tendance à procrastiner que les étudiants, ce qui peut laisser douter de l’importance de la personnalité dans l’explication de la procrastination. Ce seraient alors les facteurs situationnels (des impératifs économiques, le nouveau cadre de travail dans les entreprises) qui feraient que les procrastinateurs adoptent un tel comportement. On voit alors que la procrastination est une conséquence à la fois des facteurs situationnels et environnementaux. Selon une théorie (Steel, 200710 ), on pourrait mesurer l’intérêt que quelqu’un à pour une tâche par la formule suivante : Utilité = 𝑉 × 𝐴 Γ × D + 1 6 BESWICK Gery, ROTHBLUM Esther, MANN Leon (1988), “Psychological antecedents of student procrastination” 7 Sirois, F., Pychyl, T. (2013). “Procrastination and the Priority of Short-Term Mood Regulation: Consequences for Future Self”, Social and Personality Psychology Compass, 7(2), 115-127 8 SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination” 9 Zhang S, Liu P, Feng T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination. WIREs Cogn Sci. 10 Steel, P. (2007). The nature of procrastination: A meta-analytic and theoretical review of quintessential self-regulatory failure. Psychological Bulletin, 133, 65–94.
  • 6. 6 où : - 𝑉 : Valeur de la tâche - 𝐴 : Attente - 𝐷 : Délai - Γ : Sensibilité au délai Ainsi, au fur et à mesure que le délai diminue, l’utilité augmente en fonction de la sensibilité de la personne au délai. Ce modèle est intéressant car il intègre à la fois les facteurs environnementaux (la tâche, le délai) et personnels (la valeur de la tâche, la sensibilité au délai). C’est pourquoi il nous a semblé pertinent de s’interroger sur le lien entre la personnalité, les différentes dates limites imposées (i.e. l’environnement) et la procrastination. Il s’agira, plutôt que de séparer environnement de personnalité, de savoir comment les différents facteurs situationnels et la personnalité peuvent avoir un impact sur le retard dans la réalisation d’une tâche.
  • 7. 7 NOTRE ETUDE Nous avons réalisé un sondage destiné aux étudiants pour lequel nous avons récolté 170 réponses. Nous avons prudemment essayé d’en tirer des conclusions. QUELLES CARACTERISTIQUES DE L’INDIVIDU FAVORISENT LA PROCRASTINATION ? Nous avons privilégié l’approche typologique de description de la personnalité proposée par Carl Gustav Jung. Après avoir établie la personnalité de l’étudiant selon cette classification appelée MBTI, nous leur avons demandé quelle était leur avance dans un projet : le chiffre 5 correspond au fait de faire directement le travail demandé et le chiffre 1 correspondant à une tendance à réaliser un travail au dernier moment. Sur la base de ces résultats, nous avons remarqué une corrélation entre la personnalité et la procrastination pour deux caractéristiques : le segment jugeurs/perceveurs, et le segment intuitifs/sensitifs. En effet, d’une part, les jugeurs sont ceux qui ont une tendance plus importante à ne pas remettre au lendemain une tâche car ils planifient. On peut justifier de tels résultats par le désir du jugeur de terminer ses actions. Les jugeurs auraient de plus une meilleure gestion de leur humeur à court terme. Néanmoins, il faut remarqué que dans nos résultats, il restent en majorité procrastinateur, mais avec un écart considérable par rapport aux perceveurs.
  • 8. 8 En contraire, une personne « perceveuse » qui ne se préoccupe pas du temps et vit au jour le jour, a davantage tendance à prendre du retard. Ceci est lié à une mauvaise gestion de leur humeur à court terme. De la même manière, les personnes sensitives s’avancent davantage dans la réalisation d’un projet, notamment car une personne sensitive est plus réaliste quant aux conséquences de ses actions. Au contraire, une personne intuitive a davantage tendance à prendre du retard. Pourtant, ce ne sont pas les caractéristiques seules qui déterminent le caractère procrastinateur d’une personne ou non, mais la combinaison des différentes caractéristiques. En effet, une personne intuitive est d’autant plus procrastinatrice qu’elle est perceveuse. (76,54% des personnes intuitive – perceveuse ont un faible niveau d’avance de 1 ou de 2). Néanmoins, il est plus difficile de trouver une tendance générale pour la combinaison avec d’autres traits de la personnalité, et la combinaison de plus de deux traits pourrait engendrer des imprécisions liées au nombre limité des personnes sondées. QUELLE EST LA RELATION ENTRE LA PROCRASTINATION ET LES DATES LIMITES ? En fonction du niveau de procrastination Pour répondre à cette question, nous avons demandé aux sondés comment ils réagissaient lorsque la date buttoir du projet était repoussée à dans une semaine : continuent-ils de travailler, ou s’arrêtent-ils ? Nous avons croisé cette information avec le « niveau d’avance dans les travaux ». On constate qu’une personne ponctuelle ne va pas cesser de travailler après le report de la deadline, tandis qu’une personne qui procrastine va s’arrêter de travailler. En effet, si une deadline est retardé, 66,67% et 71,43% de ceux qui ont un niveau d’avance de 4 et de 5 respectivement continuent
  • 9. 9 à travailler contre entre 12,82% et 36,36% pour ceux avec un niveau d’avance de 1 et 2 respectivement. Si on considère la période allouée pour réaliser le travail, on se rend compte que sa fin va peut influencer les personnes ponctuelles : si celle- ci varie, une personne ponctuelle va tout de même continuer à travailler. Au contraire, une personne qui procrastine est très sensible à la date de fin d’un projet : lorsque celle-ci varie, son niveau de travail varie beaucoup. La disparition de la stimulation l’ayant fait travailler explique cet arrêt lorsque l’échéance est reportée. Si une deadline est avancée à dans une semaine plutôt que reportée dans l’avenir, 90% en moyenne de personnes moyennement procrastinatrice et non procrastinatrice continuent à travailler. L’écart est très important face aux personnes très procrastinatrice, puisque, parmi les personnes qui se sont situées à 1 sur leur échelle d’avance (1 étant le moins d’avance, 5 étant le plus d’avance) 17,95% travaillent, et parmi ceux qui se sont situés à 2, 56,45% travaillent. Ceci est assez intéressant : il est difficile d’établir lequel des plus ou moins procrastinateurs est sensible à la deadline. On peut résumer de manière très simplifiée la situation par le tableau suivant : Procrastinateur Non-procrastinateur Deadline avancée à dans une semaine Ne travaillent pas Travaillent Deadline repoussée à dans une semaine Ne travaillent pas Travaillent Travaillent ou pas quand une deadline est repoussée en fonction de son niveau d'avance 0% 20% 40% 60% 80% 100% 1 2 3 4 5 Travaillent ou pas quand une deadline est avancée en fonction de son niveau d'avance Non Oui
  • 10. 10 Ce n’est donc pas en fonction de si on est procrastinateur ou pas que l’on est plus ou moins sensible à une deadline. Il faut alors trouver un autre facteur pertinent de sensibilité à la deadline. Peut-on dire que la différence entre le procrastinateur et celui qui ne procrastine pas réside dans la différente source de motivation ? Le procrastinateur verrait l’impératif de rendre le travail face à l’arrivée de la deadline. Au contraire, le non procrastinateur soit ne verrait pas l’échéance et mais ferait le travail selon une autre source de motivation (ce qui explique qu’il le fait d’avance) ou soit le non procrastinateur est plus sensible à la deadline, i.e. faire le projet la veille ne le satisfait pas (il veut le faire bien avant pour éviter toute catastrophe) En fonction de la personnalité En ce qui concernent les types de personnalité, ce sont les traits jugeurs/perceveurs qui semblent le plus affectés par l’avance de l’échéance à dans une semaine. C’est en effet là que l’on observe les écarts les plus importants. 74,19% des jugeurs travailleraient après l’avance à dans une semaine d’une échéance, contre 42,47% pour les perceveurs. Les jugeurs seraient alors plus sensibles à l’échéance lorsqu’elle est avancée dans le temps. Il est intéressant de remarquer que pour les autres traits de personnalité du MBTI, le pourcentage de personnes qui se mettent à travailler se situe à entre 57% et 65%, la différence étant trop faible pour tirer des conclusions. De plus, en ce qui concerne le retard de l’échéance a posteriori, la majorité s’arrête de travailler quelle que soit la personnalité. Ceci est le constat d’un échec quant à la détermination d’une tendance générale qui prédirait si oui ou non une personne est sensible à une deadline. Cependant, nous avons tout de même plus avoir des résultats assez intéressants en remarquant qu’une personne perceveuse est moins sensible à une deadline lorsqu’elle est avancée (puisqu’elle ne se met toujours pas à travailler) par rapport à une personne jugeuse.
  • 11. 11 QUELS PRETEXTES/EXCUSES SONT DONNEES PAR LES SONDES POUR EXPLIQUER LEUR PROCRASTINATION ? En ce qui concerne les excuses expliquant leur procrastination, on a des écarts selon si on est procrastinateur ou non. Excuses fonction de si on est procrastinateur ou non 71,43% de ceux qui se sont dits très en avance dans la réalisation de leurs projets indiquent que c’est la surcharge qui peut leur empêcher d’être ponctuel, contre 20% pour les plus procrastinateurs (niveaux 1 et 2) et 40% pour les moyennement procrastinateurs (le niveau 3). Entre 63% et 80% des moins procrastinateurs citent l’excuse des problèmes de coordination contre entre 15,38% et 41,94% pour les plus procrastinateurs : pour les non procrastinateurs, le retard est lié à un élément externe. On peut alors facilement comprendre les problèmes liés à la constitution d’équipes avec des personnes très procrastinatrices et d’autre non procrastinatrices. Les procrastinateurs utilisent principalement comme excuse : le non intérêt, la « flemme » et dans une moindre mesure l’oubli de l’existence du projet. Au contraire, ils n’utilisent que très peu les autres excuses : la surcharge et les problèmes de coordination. Alors, les procrastinateurs utilisent des excuses internes à eux : ils reconnaissent ici ne pas avoir d’intérêt pour la tâche ou la « flemme » ; tandis que les non procrastinateurs évoquent des facteurs externes : les problèmes de coordination et les problèmes de surcharge. Les dits 0,00% 20,00% 40,00% 60,00% 80,00% 100,00% 1 2 3 4 5 Personne qui évoquent la surcharge comme une raison de leur retard en fonction de leur niveau d'avance dans leurs projets Non Oui 0% 20% 40% 60% 80% 100% 1 2 3 4 5 Personne qui évoquent les problèmes de coordination comme une raison de leur retard en fonction de leur niveau d'avance dans leurs projets Non Oui
  • 12. 12 procrastinateurs reconnaissent leur faute, tandis que les dits non-procrastineurs ne reconnaissent pas avoir fait une faute. Excuses en fonction de sa personnalité En ce qui concernent les traits MBTI, les perceveurs ont tendance à utiliser à 67,12% l’excuse de la flemme (contre 41,94% des jugeurs), à 65,75% le non intérêt (contre 47,31% des jugeurs) et pour seulement 20,55% la surcharge de travail (contre 47,31% des jugeurs). On ne peut être plus clair : les perceveurs, adeptes de l’excuse de la flemme et du non intérêt, ont davantage tendance à repousser leurs décisions et privilégier l’amusement au travail. Ou encore, les perceveurs prêtent peut-être plus attention à l’utilité de la tâche à leurs yeux. C’est là où les différences sont encore les plus importantes par rapport aux autres traits. Cela est d’autant plus visible que les problèmes de coordinations sont évoqués par seulement 39,73% des perceveurs contre 52,69% des jugeurs, qui par conséquent sont fortement affectés par la procrastination des autres membres du groupe.
  • 13. 13 CONCLUSION Pour conclure, le milieu étudiant étant très procrastinateur, nous avons décidé d’étudier les différents facteurs expliquant la procrastination ou encore le fait plus rare de la non- procrastination. Résumé Nous avons remarqué de grands écarts en ce qui concerne les traits de personnalité du MBTI perceveurs/jugeurs et intuitifs/sensitifs, les sensitifs et les jugeurs ayant bien plus tendance que les perceveurs/intuitifs à être non-procrastinateur. En ce qui concerne le changement d’une deadline, il a été intéressant de remarquer que les non-procrastinateurs sont peu sensibles à la deadline lorsqu’elle est finalement repoussée (à dans une semaine) s’ils se sont déjà mis à travailler, tandis qu’ils sont plus touchés lorsque l’échéance est avancée que les non-procrastinateurs. Au contraire, les procrastinateurs ne travaillent plus en général lorsque la date limite est repoussée et ne font pas plus lorsqu’elle est avancée à dans une semaine. Néanmoins, ces résultats ne révèlent aucune sensibilité à la deadline de la part des procrastinateurs et non-procrastinateurs. Le trait de personnalité qui montre l’écart le plus important est le couple jugeurs/perceveurs, les jugeurs se mettant en plus grande proportion à travailler (avec un écart de 30 points de pourcentage) par rapport aux perceveurs. Lorsque la deadline est repoussée à plus tard, une grande majorité des personnalités, quelle que soit la trait, s’arrête de travailler. Enfin, les excuses les plus données selon si on est procrastinateur ou non sont très parlantes : les procrastinateurs citent principalement la « flemme », le « non-intérêt » (des facteurs internes à eux) tandis que les non-procrastinateurs évoquent en majorité les problèmes de coordination et la surcharge de travail (des facteurs externes à eux). Ceci est le principal biais de notre étude : elle a davantage détecté que procrastinateurs assumés et les non- procrastinateurs assumés ou qui croient l’être. En fait, il faudrait pour cela être sûr que les personnes qui croient être procrastinatrices le soient, et c’est la supposition que nous faisons ici car nous pensons qu’une personne qui dit qu’elle a beaucoup d’avance dans son projet est en fait une personne qui a beaucoup d’avance et inversement. Cette hypothèse est raisonnable. En termes de personnalité, les écarts les plus importants sont encore pour le couple jugeurs/perceveurs : les perceveurs citent comme excuse la flemme et le non intérêt contrairement aux jugeurs qui évoquent la surcharge de travail.
  • 14. 14 Ouverture Cette étude a révélé de nombreuses corrélations dont on a pu tirer quelques conclusions. Bien sûr, beaucoup d’autres conclusions auraient pu être tirées. Beaucoup d’autres sujets auraient pu être traités autour du thème de la procrastination. On aurait pu se demander si une personne qui se dit procrastinatrice est vraiment ou pas procrastinatrice. C’est une question importante qui rejoint celle déjà soulevée par des chercheurs (Fabian Herweg et Daniel Müller, 1991), qui, rappelons-le, avaient remarqué que des gens qui avaient conscience de leur problème de procrastination étaient plus performants dans la réalisation d’une tâche que ceux qui n’en avaient pas conscience.
  • 15. 15 BIBLIOGRAPHIE • BESWICK Gery, ROTHBLUM Esther, MANN Leon (1988), “Psychological antecedents of student procrastination” • ELLIS Albert, KNAUS William (1977), “Overcoming Procrastination” • HERWEG Fabian, MÜLLER Daniel (1991), “Performance of procrastinators: On the value of deadlines” • FERRARI Joseph R., MASON Christopher P., HAMMER Corey (2006), Procrastination as a Predictor of Task Perceptions: Examining Delayed and Non-delayed Tasks Across Varied Deadlines • SHUNMIN Zhang, PEIWEI Liu, TINGYONG Feng (2019), “To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination” • SIROIS, F., PYCHYL, T. (2013). “Procrastination and the Priority of Short-Term Mood Regulation: Consequences for Future Self”, Social and Personality Psychology Compass, 7(2), 115-127 • STEEL P. (2007). The nature of procrastination: A meta-analytic and theoretical review of quintessential self-regulatory failure. Psychological Bulletin, 133, 65–94. • ZHANG S, LIU P, FENG T (2019), To do it now or later: The cognitive mechanisms and neural substrates underlying procrastination. WIREs Cogn Sci.