Le spécialiste du câblage utilise la méthode PIG pour fédérer tous ses services autour d’un objectif unique : améliorer le résultat global de l’entreprise.
Par FrédérIc ParIsot - L'Usine Nouvelle
1. guide
bonnes pratiques / organisation industrielle / droit / indices / achats
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StefanMEYER / ACOME ;D.R.
É
viter que les différents services travaillent en silo : un
vœu pieux dans la plupart des entreprises, mais une
réalité chez Acome. Les dirigeants du fabricant de
câbles en cuivre et fibre optique installé à Mortain, dans la
Manche, ont décidé de creuser la question. « Depuis dix ans,
nous avons lancé de nombreux projets qui ont amélioré
localement la performance dans les services, mais dont les
retombées sur le résultat de l’entreprise n’ont pas été celles
attendues », relate Jean-Yves Goblot, le directeur de la stra-
tégie, des programmes et des projets du groupe.
Pour fédérer tous ses services autour d’un objectif commun,
il faut un indicateur partagé par tous. En 2012, l’industriel
entend parler d’une méthode appelée PIG, pour performance
interactionnelle globale. Il s’agit de créer un indicateur
unique, compréhensible par tous (une valeur entre 0 et 1)
et partagé par les différents services de l’entreprise (vente,
conception, achat, production, logistique). « L’indice PIG
permet de s’assurer qu’un projet a un réel impact sur la per-
formance globale. Il est calculé à partir de la valeur ajoutée,
du temps de traversée des produits, de la qualité et de toutes
les charges d’exploitation », détaille José Gramdi, enseignant-
chercheur à l’Université de technologie de Troyes, qui a mis
au point la méthode et fondé le cabinet de conseil Interaxys.
La méthode
PIG permet
à Acome
d’identifier
les familles de
produits les
plus rentables
et de faire
des choix
de production.
Organisation industrielle
Acome fait converger
ses services
Le spécialiste du câblage utilise la méthode PIG pour
fédérer tous ses services autour d’un objectif unique :
améliorer le résultat global de l’entreprise.
Frédéric Parisot
Pour calculer cet indice, il faut modéliser toutes les activités
de l’entreprise. Acome décide de tester la méthode sur sa divi-
sion Fibre optique. Il faut plusieurs semaines pour recueillir
les informations nécessaires à cette modélisation, mais, dès
lors que l’indice PIG est opérationnel, il devient un élément
fédérateur pour l’entreprise. « Nous avons désormais une vue
globale de la valeur ajoutée », commente Jacques de Heere,
le président du groupe Acome qui emploie 1 500 personnes
pour un chiffre d’affaires de 405 millions d’euros.
Un outil pour mieux décider
La méthode PIG est avant tout un outil d’aide à la déci-
sion. Les responsables de la division Fibre optique d’Acome
l’utilisent comme arbitre dans les discussions. « Pour chaque
projet envisagé, on regarde si cela améliore l’indicateur PIG.
Si oui, c’est qu’il y a une piste à creuser, si non, le projet est
abandonné, indique Jean-Yves Goblot. De telles décisions
peuvent être prises en moins d’une heure. » Pour cela, on
utilise comme un outil de simulation le modèle réalisé sous
Excel. « Nous créons des scénarios, ce qui permet d’identi-
fier les familles de produits les plus compétitives », raconte
Christian Romero, le responsable de l’unité de production
fibres et câbles optiques. Et, partant de ces scénarios, les diri-
geants peuvent prioriser leurs investissements. « La méthode
PIG nous a permis d’identifier quel type de machines nous
devions acheter et notre programme d’investissement 2014-
2016 a été défini en partie sur la base de ces résultats »,
assure Jean-Yves Goblot.
Bien sûr, comme tout outil d’aide à la décision fondé
sur la simulation, le modèle propose parfois des solutions
irréalistes. Une expertise humaine sera donc toujours
indispensable pour déterminer quelles pistes sont envisa-
geables. Néanmoins, il dégage des tendances générales qui
peuvent se transformer en préconisations. Notamment pour
les commerciaux. « Nous avons entré, dans le modèle, les
familles de produits et les familles de clients et démontré
aux commerciaux que si l’on vend un produit X à un client Y,
la performance globale de l’entreprise se dégrade », illustre
Lucas Zukervar, le directeur associé d’Interaxys, qui a conduit
le projet chez Acome. À terme, Acome déploiera la méthode
PIG dans ses autres divisions. « Sur l’activité automobile,
nous l’utiliserons pour l’aide à la décision, mais aussi pour le
pilotage des plans d’amélioration, prévoit Jean-Yves Goblot.
Les collaborateurs proposent de nombreux projets, mais la
méthode PIG permettra de définir les chantiers prioritaires
à lancer, chantiers qui offriront une réelle contribution à
la performance globale de l’entreprise avec les équipes et
ressources disponibles. » ❚❚
« On regarde, pour chaque projet envisagé,
s’il améliore l’indice PIG. Si oui, c’est
qu’il y a une piste à creuser. Si non, le projet
est abandonné. »
Jean-Yves Goblot,directeurdelastratégie,desprogrammesetdesprojetschezAcome