Après nous avoir détaillé les neuf axes en question au téléphone, Pierre Mériaux a accepté de nous transmettre la note programmatique qu'il a transmise à l'équipe de campagne de Benoît Hamon. Nous la publions ici. L'élu précise toutefois qu'il s'agit d'"une contribution à la réflexion du candidat, qui n'engage que [lui] dans tous ses termes." Il affirme n'avoir "pas eu de retours négatifs, au contraire", mais ajoute que le candidat n'en a logiquement retenu que "la substantifique moelle".
Conférence itm 2017 la coopération décentralisée dans le tourisme durable
Projet Montagne Benoît Hamon 2017
1. Présidentielles 2017 « La Montagne doit vivre, toute l’année » Benoit HAMON
La montagne est un bien commun à préserver.
La montagne est un espace particulier, notre château d’eau, ou la biodiversité règne encore, un espace pluriel dédié à
la fois au pastoralisme, à l’agriculture, au tourisme, au besoin de se confronter à la nature sauvage. Cet espace, 30%
de notre territoire, est riche de sa diversité mais vulnérable et précurseur de nombreuses évolutions.
C’est une sentinelle avancée et une victime du changement climatique à l’œuvre. Car dans nos territoires de montagne
le GIEC nous dit que la hausse des températures moyennes frappe deux fois plus fort qu'en plaine ! Tout ce que nous
réussirons en montagne aura les meilleures chances de réussir ailleurs. C’est en cela qu’elle doit bénéficier
d’attentions particulières de la communauté nationale.
Des montagnes plurielles et contrastées.
Sur le plan économique certains territoires de montagne ont les PIB par habitant parmi les plus forts du pays alors que
d'autres ont réellement besoin d'être soutenus. Donc la conditionnalité et la péréquation, vecteurs de solidarité, seront
utilisées. La politique montagne doit cultiver la diversité pour renforcer la résilience des territoires.
Orientations de la politique montagne, cohérentes avec le projet global de transition :
Mieux soutenir l’agriculture de montagne, à travers les politiques de qualité, les circuits courts, la prise en
compte de la taille humaine des exploitations, la gestion des facteurs environnementaux.
Chaque territoire de montagne doit avoir un Schéma prescriptif des services locaux avec l’ensemble des
services primordiaux nécessaires aux habitants (alimentation, courrier, banque, santé, culture, emploi, assistance
sociale, communication...). La puissance publique doit veiller à favoriser les activités locales, notamment par
l’utilisation du « levier numérique », l’accès à la fibre optique, la qualité des réseaux de transports,...
Préserver le rapport exceptionnel de l’Homme à la nature sauvage : Déploiement et consolidation
d’outils tels que les Parcs naturels régionaux et nationaux, les réserves naturelles, les zones de tranquillité,
l’interdiction des survols aériens et déposes par hélicoptères (sauf secours et besoins des refuges), le
renforcement des études d’impact pour tout nouveau projet d’équipement.
Les montagnes sont un lieu unique d’apprentissage, notamment pour les jeunes : découverte d’une nature
fragile, gestion du risque, sobriété, solidarité. Pour ouvrir la montagne à tous il faut lever les barrières
juridiques (arrêté REF 7 du 20 octobre 2014 restreignant l’accès des jeunes aux refuges) et socio-culturelles
(soutien public fort à assurer à un programme « Accès des Jeunes en Montagne », avec des actions conjointes
des professionnels et des collectivités locales, associations, ministères,…)
Démocratiser la gouvernance, renforcer la présence des associations de protection de la nature, des
professionnels et pratiquants au sein du Conseil national de la montagne (CNM, à saisir de toutes les évolutions
législatives ou réglementaires sur la montagne) et des comités de massifs, comme la présence de l’Etat dans ses
missions de régulation au profit de l’intérêt général.
Atteindre l’autosuffisance énergétique et la neutralité carbone des espaces montagnards en 2050.
Les montagnes sont des territoires où l’autonomie a un sens très fort. Viser l’autosuffisance énergétique en montagne
lancera une dynamique de créations d’emplois et de richesses locales : pour chaque territoire montagnard (échelle
intercommunale) faite une analyse partagée de ses vulnérabilités (agriculture, environnement, risques naturels,
tourisme...) au regard du changement climatique. Puis un programme TEPOS (Territoire à Energie Positive) et des
Plans Climat comme « plans de développement de l’économie circulaire » avec ingénierie, formation aux collectivités
locales, travaux d’efficacité énergétique des bâtiments, développement des énergies renouvelables .
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2. Les stations de sports d’hiver, un modèle en danger : course à l’investissement, coût pour la collectivité,
multiplication des lits froids, spéculation foncière excluant les habitants de l’accès au logement, abus d’usage de la
ressource en eau, asphyxie due au transport routier, impacts paysagers... Malgré les canons à neige les grandes
stations sont désormais des « colosses aux pieds d’argile » dépendantes du prix de l’énergie, du changement
climatique (la hauteur de neige a déjà diminué de 25 à 75% selon les massifs), du pouvoir d’achat des 7 % seulement
des français adeptes du ski avec séjour + 3 jours... Il faut accélérer la transition et réduire l’impact des domaines
skiables, notamment en limitant les liaisons entre domaines. Stopper tout financement public des canons à neige et
limiter d’éventuelles installations nouvelles aux stations déjà implantées pour concentrer l’argent public sur la
diversification, la montagne « 4 saisons ».
Stopper l’urbanisation sans limite des stations (et les dispositifs de défiscalisation qui l’alimentent) : obligation de
reconstruction de la station sur la station, de valorisation de l’existant, relèvement de la fiscalité sur les résidences
secondaires (lié à leur fréquentation) pour remettre des logements non utilisés sur le marché locatif ou transformer des
lits froids en lits chauds, suppression de la défiscalisation Censi-Bouvard pour les résidences neuves, PLUI intégrant
une véritable solidarité station(s) / vallée(s).
Malmené par la loi Macron, le dispositif des Unités touristiques nouvelles (UTN), doit être amélioré pour les
projets publics et privés. L'inscription à une UTN doit faire l'objet d'une publication pour avoir les avis des citoyens.
Les projets doivent être évalués par une grille d'analyse sur les impacts fonciers, environnementaux, infrastructures, la
faisabilité économique, les retombées sociales, l’anticipation des évolutions climatiques, etc. Le vote de la
commission doit être rendu public.
Améliorer la situation des travailleurs saisonniers
Reconduction automatique des contrats de travail saisonniers pour toutes les branches, y compris non touristiques (et
non plus uniquement dans les remontées mécaniques) et accès au CDI intermittent.
Amélioration des conditions d’accueil, de logement, de santé, de formation par une négociation en commission
paritaire locale, par bassin d’emploi, des conditions d’emploi des saisonniers.
Les déplacements en zone de montagne sont une composante majeure de l’équilibre en montagne :
Révolutionner, dans les 5 années à venir, la mobilité touristique pour accéder à la montagne : incitation au report
massif de la voiture et de l’avion sur le « train + car » via une tarification et une offre quantitative/qualitative
attrayantes, restriction d’accès aux voitures / voies réservées au car, développement de produits touristiques « sans
voiture », étalement des jours d’arrivée/départ, politique tarifaire.
Améliorer les dessertes en transports collectifs en optimisant, en premier lieu, l’utilisation des infrastructures
existantes dans le cadre de Plans de Protection de l’Atmosphère ambitieux, réseau viable de « petites lignes »
ferroviaires, pouvant servir quotidiennement aux habitants et de support au lancement d’une nouvelle offre touristique
dé-carbonée, transport à la demande, transport par câble pour les derniers kilomètres, offre organisée en vélos
électriques, covoiturage, auto-partage, mise en place de plans de déplacement touristique local...
Apporter de l’ingénierie pour organiser des transports de marchandises en desserte locale avec des centres de
distribution mutualisés utilisant des véhicules « propres », du transport par câble,... L’utilisation de ces centres sera
obligatoire sur les territoires subissant une pollution atmosphérique continue ou des pics fréquents.
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