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2. APPRENDRE LES SCIENCES EN JOUANT DEHORS,
EST-CE POSSIBLE ? OUI, SOUTIENT L’ENSEIGNANTE
ISABELLE BOUCHARD, INSTIGATRICE DU PROGRAMME SCIENCE
PLEIN AIR À L’ÉCOLE SECONDAIRE MGR-A.-M.-PARENT,
SUR LA RIVE SUD DE MONTRÉAL. EXPLICATIONS.
texte_maxime bilodeau photos_alice chiche
DEHORS,
L’ÉCOLE !
REPORTAGEGPA
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3. geopleinair.com mai_juin 2016 P 45
« Faites des signes ! » lance Isabelle Bouchard
alors qu’elle signale ses intentions de tourner,
de freiner ou de contourner des obstacles, au gui‑
don de son vieux Devinci. Derrière elle, 28 jeu‑
nes âgés de 12 ou 13 ans roulent à la queue leu
leu en exécutant les consignes dictées par leur
enseignante en tête de cortège. L’exercice est
périlleux ; la majorité en sont manifestement à
leur première expérience en peloton. Certains
passent même à deux doigts de la chute. Pour‑
tant, au bout de quelques minutes de ce manège
singulier, les messages se rendent à l’arrière avec
fluidité. La procession défile lentement, mais ef‑
ficacement. « On est le meilleur groupe de tout
l’univers ! » s’exclame un des jeunes, visiblement
fier de lui.
C’est jour d’« expédition scientifique » pour
le groupe 131, en ce jeudi matin d’octobre, au
départ du stationnement désert de l’école secon‑
daire Mgr-Alphonse-Marie-Parent. Direction :
le parc de la Cité, un espace naturel situé au
beau milieu de l’arrondissement longueuillois
de Saint-Hubert, à moins de 5 km de l’institu‑
tion. Le parc de 96 hectares comprend un lac de
grande superficie autour duquel se greffent des
boisés, des milieux humides et des tourbières.
Bref, tout ce qu’il faut pour faire de l’échantil‑
lonnage, collecter des données, observer des
phénomènes naturels et, chemin faisant, s’ini‑
tier au plein air.
À L’EXTÉRIEUR, POINT À LA LIGNE
Bienvenue dans le programme Science plein
air, qui consiste à joindre l’enseignement des
sciences et le contact avec la nature. Ce qui si‑
gnifie deux fois plus de cours de sciences et trois
fois plus de cours d’éducation physique. Ici et
là dans le calendrier, des demi-journées et des
journées complètes sont consacrées à des sor‑
ties. Offert seulement depuis l’automne dernier
à une cohorte d’élèves de 1re
secondaire, le pro‑
gramme est piloté par l’enseignante de sciences
(et adepte de plein air) Isabelle Bouchard. Il y
a deux ans, la géologue de formation s’était vu
confier la responsabilité de mettre sur pied un
nouveau programme de sciences. « Ça ne pou‑
vait se passer qu’à l’extérieur », dit celle qui bat
de la semelle en nature depuis sa plus tendre
enfance.
Plus qu’une occasion de concilier deux pas‑
sions, ce programme permet à la professeure
d’illustrer de façon concrète la discipline qu’elle
enseigne. « Comment voulez-vous qu’un jeune
constate la résistance de la tanaisie à la séche‑
resse, le long de la voie ferrée, s’il ne peut pas
la voir cette foutue plante ? » s’exclame-t-elle.
Selon elle, vivre les notions académiques est
bien plus stimulant et enrichissant que de les
étudier dans un livre. Seulement deux mois
après le début de l’année scolaire, elle note déjà
des différences dans le rythme d’apprentissage
de ses élèves. « En moins d’un mois, nous avons
complété un bloc de matière, qui prend norma‑
lement deux mois à assimiler, s’étonne-t-elle. Je
suis renversée, je n’ai jamais vu ça. »
Après une courte randonnée sur deux roues,
nous arrivons enfin à notre classe à ciel ouvert.
À peine les vélos déposés et les casques enle‑
vés, les jeunes se dispersent aux quatre vents
pour… jouer. Ça court, ça saute, ça grimpe par‑
tout, le tout dans un joyeux bordel consenti par
Isabelle Bouchard et
ses collègues. Même
la pluie froide d’au‑
tomne qui se met à
tomber ne stoppe pas
leurs ardeurs. Une
fois le trop-plein
d’énergie évacué,
l’enseignante donne
ses consignes. Au‑
jourd’hui, le but est
d’échantillonner divers types de sols afin d’en
analyser différents paramètres plus tard en la‑
boratoire. On collectera également quelques
données sur les eaux, comme le pH et la tempé‑
rature. « On abîme la nature le moins possible,
rappelle-t-elle. Et on laisse les bibittes sur place,
s’il vous plaît ! »
Au cours de ces ateliers, mais aussi durant
celui d’initiation à la marche nordique, qui se
déroulera plus tard, on a affaire à des jeunes cu‑
rieux et allumés. Surtout, tous sont souriants,
détendus, réceptifs. Pas une once de stress à
l’horizon. « Depuis le début de l’année, ma fille
a pris de l’assurance, soutient la mère d’Hélène,
Dominique Bilodeau. Je la trouve plus épanouie,
plus ouverte, moins éparpillée. Et puis, elle est
heureuse de pouvoir jouer dehors pendant que
les autres étudient. »
L’ÉCOLE REVISITÉE
Voilà un modèle pédagogique qui ne déplai‑
rait pas à l’éditorialiste de La Presse François
Cardinal, qui a consacré un essai en 2010 sur le
sujet1
: « L’apprentissage par
essais et erreurs, la stimula‑
tion des sens, les occasions
de toucher, de sentir, de
voir de près, de goûter, de
se tenir en équilibre entre
deux roches à moitié im‑
mergées, d’entendre ce
qui se déroule en dehors
des murs de la classe : voi‑
ci ce qui manque à l’école
d’aujourd’hui », y écrit-il.
Le journaliste, qui est aussi
père de famille, appuie ses dires sur les témoi‑
gnages de nombreux experts qui regrettent que
« la classe [moderne] soit exclusivement orientée
vers une éducation théorique ».
Une observation qui semble faire écho aux
théories de l’auteur américain Richard Louv, qui
déplore, dans son livre Last Child in the Woods2
,
ce qu’il baptise le Nature Deficit Disorder (« dé‑
ficit nature »), un syndrome lié à la carence de
la nature dans le quotidien des enfants. Cofon‑
dateur de l’organisation Children & Nature
Network, un mouvement international qui
fonde le bonheur sur le lien à la nature, Richard
Louv évoque les effets délétères d’un modèle pé‑
dagogique occidental, qui consiste à noircir des
« En moins d’un mois, nous
avons complété un bloc de
matière, qui prend normalement
deux mois à assimiler, s’étonne
Isabelle Bouchard »
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4. REPORTAGEGPA
46 P mai_juin 2016 geopleinair.com
cahiers, à écouter sagement les exposés du profes
seur et à découvrir le monde par l’entremise de
manuels scolaires. Ce bourrage de crâne en règle
vient, selon lui, avec une série d’effets secon
daires indésirables : difficulté d’attention, anxié
té de performance, troubles de comportement,
etc. Plus encore, c’est dans le lien à la nature que
l’apprentissage se fait le mieux. « Contextuali
ser les sciences et technologies crée un climat
favorable à leur apprentissage, affirme Patrice
Potvin, professeur au Département de didac
tique à l’UQAM et cotitulaire de la Chaire de
recherche sur l’intérêt des jeunes pour les sciences
et la technologie. Cela a un effet positif sur la
motivation et les aptitudes des élèves envers ces
matières de plus en plus boudées. »
Même son de cloche du côté de Patrick
Daigle, chargé de cours au Département des
sciences de l’activité physique à l’UQAM :
« Créer des moments où différentes matières
se conjuguent est d’une grande richesse péda
gogique », soutient-il. Selon lui, ce genre d’ap
proche est rare dans les écoles québécoises. Trop
rare même. « Nous avons certes une très grande
offre en matière de sports compétitifs, mais ces
derniers ne rejoignent pas tous les jeunes, dé
plore-t-il. Ce n’est pas tout le monde qui peut
bénéficier de ce type de programme. » Une rai
son pour laquelle le jeune professeur préconise
l’introduction obligatoire de cours de plein air
dans les programmes d’éducation physique de
la province, comme c’est le cas entre autres en
Nouvelle-Zélande.
Car le principe qui consiste à fusionner la
nature et l’éducation existe déjà ailleurs. En
Suède, on voit fleurir les jardins d’enfant Ur och
Skur (dehors par tous les temps), qui insistent
sur la nécessité d’inclure le milieu naturel dans
le quotidien des enfants. En Allemagne, il
existerait plus de 1500 waldkindergarten (garde
ries en forêt) et 10 écoles du genre. Au Dane
mark, l’organisation Skoven i Skolen (la forêt
à l’école) a mis sur pied la méthode udeskole
(école de dehors) à l’intention des jeunes de
16 ans et moins.
Plus près de nous, au Nouveau-Brunswick (à
Sussex, Saint-Jean et Quispamsis), trois écoles
REPORTAGEGPA
44-47_03_16_ reportage ecole.indd 46 16-04-19 1:50 PM
5. geopleinair.com mai_juin 2016 P 47
de la forêt (Forest School) offrent aux enfants
d’âge préscolaire un programme pédagogique
100 % extérieur. En Ontario, l’organisme Forest
School Canada propose des formations d’éduca-
tion par le plein air depuis 2012.
Qui sait si l’initiative de l’enseignante qué-
bécoise ne sera pas suivie sur une plus grande
échelle ?
RETOUR EN CLASSE
Les joues rouges et la tête bien aérée, nous re-
broussons chemin et retournons à l’école. Au
menu de cet après-midi : la visite d’Alain Lam-
pron, responsable du marketing et des commu-
nications chez Xprezo, une petite entreprise
québécoise qui se spécialise dans la conception
et la fabrication de vélos de montagne. Ce der-
nier vient présenter l’ensemble du processus, de
la conceptualisation à la peinture en passant par
les choix de matériaux.
À plusieurs reprises au cours de l’année sco-
laire, les élèves du programme recevront de telles
visites de la part d’entreprises d’ici. Le but : abor-
der les aspects techniques et technologiques du
plein air tout en faisant profiter les jeunes de
l’expertise québécoise en la matière. « Le Qué-
bec déborde de talents dans le domaine, fait va-
loir Isabelle Bouchard. Que ce soit en matière
de vêtements, de skis ou de vélos, des gens qui
rivalisent d’ingéniosité et d’innovation, il y en a !
Pourquoi se priver de leur expertise ? »
Pour l’occasion, Alain Lampron a apporté des
échantillons de cadres ainsi qu’un vélo démons-
trateur, que tous les jeunes garçons de la classe dé-
vorent des yeux. Sa première question à l’endroit
de son public donne le ton : « Comment crée-t-on
un vélo à partir de rien ? » Les mains se lèvent.
« En regardant ce que les autres font », crie l’un.
« En l’imaginant », renchérit une autre. Pendant
deux heures, l’ensemble du groupe est suspendu
à ses lèvres, répondant du tac au tac à chacune
des sollicitations du conférencier.
Tous les thèmes possibles et inimaginables
relatifs à un vélo de montagne sont abordés.
On décortique la structure du cadre, pesant les
pour et les contre du carbone, de l’aluminium et
de l’acier. On jase thermoformage, peinture de
cadre et soudures sans que personne ne roule des
yeux. On va même jusqu’à discourir longuement
sur le degré d’inclinaison du tube supérieur, c’est
tout dire.
Ce jour-là, c’est complètement sous le charme
que nous quittons le groupe 131. Je l’avoue :
j’aurais bien aimé profiter d’un tel programme
lors de mon propre passage au secondaire. Un
peu parce qu’aller jouer dehors est ici monnaie
courante. Mais surtout, comme l’affirme la
prof Bouchard, « c’est en côtoyant les milieux
naturels qu’on apprend à les aimer, à bien s’y
sentir et, ultimement, à vouloir les protéger. »
Et ça, ça ne s’apprend pas dans les livres. P
1
Perdus sans la nature, Québec Amérique, 2010.
2
Algonquin Books, 2005.
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6. AVRIL2016
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Une petite pilule
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7. 30 VÉLO MAG GUIDE D’ACHAT MONTAGNE • URBAIN 2016
REPORTAGE /
Une boucle de 1000 km et de 8900 m
de dénivelé positif à effectuer à vélo
en moins de 65 heures, oui, une telle
chose est possible. Et pas n’importe où,
mais bien au Québec, peut-être même
dans votre cour arrière.Vélo Mag
a pris part à la deuxième édition de
l’Ultra Défi, une course d’ultracylisme
qui s’est tenue du 21 au 23 août 2015.
En voici le récit.
MAXIME BILODEAU
ULTRADÉFI
L’ULTRA DÉFI
ÉCHAPPÉEAUPAYS
FATIGUE
DEL’EXTRÊME
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8. VÉLO MAG 31
Sylvain Grenier,
organisateur de
la seule course
d’ultracyclisme
au Canada
30-39_VM2_REPORTAGE ULTRA DEFI MB.indd 31 14/03/16 12:14
9. 32 VÉLO MAG GUIDE D’ACHAT MONTAGNE • URBAIN 2016
REPORTAGE / L’ULTRA DÉFI
C’est ainsi que, par un vendredi
après-midi du mois de juin, j’ac-
cepte de m’aligner sur une course
de 1000 km : l’Ultra Défi Vee Kom-
bucha. Le vendredi 21 août à 6 h,
je prendrai le départ des monts
Valin, au Saguenay, pour ensuite
y revenir le dimanche suivant
avant 23 h, soit moins de 65 heures
plus tard.
Entre-temps, j’aurai littérale-
ment fait un mini-tour du Québec.
Du Saguenay, j’aurai gagné le lac
Saint-Jean, roulé jusqu’à La Tuque
puis Shawinigan, vaincu les côtes
du parc de la Mauricie, péri d’ennui
sur le plat séparant Trois-Rivières
et Québec, grimpé de peine et de
misère les pentes jusqu’à Baie-
Saint-Paul et, la cerise sur le sun-
dae, affronté le parc des Grands-
Jardins. Une boucle en neuf étapes
distinctes allant de 82 km à 151 km,
avec un dénivelé positif de 8900 m.
Le tout chronométré en continu,
pauses et dodos inclus. L’assistance
extérieure est permise, quoiqu’il
faille se familiariser avec le par-
cours, prévoir ses ravitaillements,
planifier ses couchers…
Bref,c’estunefolleaventuredans
laquelle je m’embarque. D’autant
plus que je n’ai aucun kilométrage
danslespattes.Aucuncommedans
zérokilomètre.Nada.Vousavezdit
plan foireux ? J’en conviens.
Vous prendrez des photos
2500 km dans les jambes plus
tard, me voici à la station de ski du
Valinouët. Alors que le soleil se
couche, j’assiste à une rencontre
précourse animée par Sylvain
Grenier, l’organisateur et concep-
teur de l’Ultra Défi. Autour de moi,
22 cyclistes et leur escorte boivent
ses paroles.
« Au kilomètre 610, faites atten-
tion au pont de métal. Aussi, on a
mesurélepourcentagedelacôtede
l’église, au kilomètre 718 : 23 % au
pluspentu.Etladescentedelacôte
de la baie des Ha! Ha! de nuit, c’est
du suicide. » Borne par borne, côte
par côte, Sylvain décortique le
monstre qui se dresse devant nous.
À l’entendre, toutefois, on jurerait
que le parcours est « bucolique »,
qu’onvaavoirletempsde« prendre
des photos ».
J’aborde quelques participants.
Parmi la masse, on trouve certes
quelques femmes – quatre –, mais
surtout des hommes (18 sur 22 par-
ticipants). La moyenne d’âge frôle
lacinquantaine.Laplupartviennent
du Québec, quoique deux cyclistes
aient fait tout le chemin à partir du
Nouveau-Brunswick.Ahoui,j’allais
oublier :toutlemondesembleavoir
lecouteauentrelesdents.Saufmoi.
Sans le savoir, Michel Gariépy
trouve néanmoins les mots justes
pour me rassurer. « Pour faire
1000 km en trois jours, il faut être
fou », dit-il. « Ou déterminé », ra-
joute son partenaire de route, Paul
Morin. Les deux avouent craindre
la gestion du sommeil, l’alimenta-
tion et « les douleurs au popotin ».
« Une chance qu’on a de bons cuis-
sards et beaucoup de crème ! »
Tout le monde regarde tout le
monde, mais l’une des partici-
pantes retient davantage l’atten-
tion. Elle se nomme Jessica Bélisle
et, depuis le début de la saison, elle
cumule plus de 12 000 km. À la
suite de sa traversée du Canada en
moins d’un mois, la cyclovore –
c’est son surnom – a entre autres
Votre humble serviteur...
disons-le, un peu au bout
de son rouleau !
« — Veux-tu y participer ? me demande
le rédac’chef de votre revue bien aimée.
— Euh…, m’entends-je répondre de
la voix de celui qui n’est vraiment pas sûr.
— Ça ferait vraiment un bon reportage,
insiste-t-il.
— Hmmm… OK, je me lance. »
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10. VÉLO MAG 33
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11. 34 VÉLO MAG GUIDE D’ACHAT MONTAGNE • URBAIN 2016
REPORTAGE / L’ULTRA DÉFI
gagné le Défi des 21, une course
de 330 km comportant plus de
4200 m de dénivelé positif à effec-
tuer en moins de 16 heures dans
Charlevoix. Elle avoue « aimer la
longue distance parce qu’à force
de participer à des courses de
160 km, il me restait toujours du
jus ». C’est tout dire.
À 26 ans, c’est la première fois
que Jessica fait un tel exercice. Elle
ne sait pas vraiment à quoi s’at-
tendre.Ellesaitparcontrequ’ellea
la pancarte, comme on dit en cy-
clisme. Et qu’aucun cadeau ne lui
sera fait.
C’est un départ !
Mon départ est fixé à 6 h du matin
avec le groupe dit des « randos ».
Par opposition aux « cyclos », qui
partent trois heures plus tard, les
« randos » ne convoitent pas la vic-
toire. Leur but – mon but – est de
rallierlaligned’arrivée,pointbarre.
À5 h 55,quelquesgouttesdepluie
perlent sur nos casques. Parfait, ça
vient ajouter à la tension drama-
tique du moment. À 5 h 57, la pluie
s’intensifie soudainement. « Bon,
medis-je,ilfautbiencroirequ’iln’y
en aura pas de facile ! » À 5 h 59, il
tombe des cordes et ça fait scouish
quandjemarcheavecmessouliers
de vélo. Misère.
6 h, enfin. La course débute. Ra-
pidement, je m’arrange pour
prendre la tête de course. C’est un
choix stratégique : les dix premiers
kilomètres sont en descente. Et
commepluieetdénivelénégatifne
fontpasbonménage,jeveuxéviter
une chute.
Une fois rendus sur le plat, les
autres coureurs, regroupés en pe-
loton,medoublentlesunsaprèsles
autres.Jefinisparm’accrocheràun
petit groupe qui me semble rouler
égal. S’ensuit un jeu de chat et de
souris de 70 km dans l’arrière-pays
saguenéen, où chemins de terre et
virages trop nombreux à mon goût
sont au programme. Heureuse-
ment, la pluie cesse entre-temps.
Nousnelareverronspasdurantles
troisprochainsjours.Bondébarras.
J’arrive au premier point de
contrôle, au kilomètre 78, un peu
avant 9 h, heure de son ouverture.
Je suis en avance sur l’horaire que
je me suis fixé. J’en
profite pour respecter
àlalettrelaroutinequej’aiélabo-
rée pour chacune de mes pauses :
vêtements, mécanique, bouffe, éti-
rements, plan de match en vue de
la suite des opérations, alouette.
Rien n’est laissé au hasard, pas
mêmelenombredecalories(15 320)
que je dois absorber dans le but de
combler tant bien que mal ma dé-
penseénergétiqueprévueaucours
del’UltraDéfi
(28 386 cal).
Dès 9 h, plusieurs des
participants reprennent la route.
Je fais de même peu après. Direc-
tion : l’aire de repos du lac
Bouchette, à 130 km de là.
Les heures qui suivent me font
voirlavilledeSaguenay,les« terres
des concessions » près du lac
Kénogami et, finalement, le vaste
lacSaint-Jean.Toutlelong,jeroule
seul, question de maintenir un
rythmequimeconvientplutôtque
de me plier à celui d’un autre. J’af-
fronte donc en solitaire le vent,
assez fort par moments, la chaleur
et les inévitables pépins méca-
niques. Seule mon accompagna-
trice, en voiture, me tient compa-
gnie,m’offrantlesupportlogistique
dontj’aibesoin,maiségalementdes
encouragements.
Car, entre vous et moi, 1000 km,
c’est long. Très long. Trop long.
Après 200 km, les jambes sont
« Au lieu d’hypothéquer ma santé et ma
carrière de vélo, je préfère arrêter, lance-t-il.
Quand ton corps te parle, écoute-le. »
Jacques Desmeules,
gagnant de l'édition 2014,
qui a dû abandonner cette année
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12. VÉLO MAG 35
lourdes, je ne sais plus comment me
placer sur mon vélo et je n’ai plus le
goût d’avaler une seule barre énergé-
tique. Surtout, j’entrevois la suite des
choses avec, disons, pessimisme.
C’est que la première partie de la
course, celle que je viens de complé-
ter, a la réputation d’être la plus facile.
Le vrai fun, c’est-à-dire les côtes,
commence bientôt. Aussi, je ne peux
m’empêcher de penser à l’état d’épui-
sement extrême dans lequel je ne fais
que commencer à plonger.
L’espritinfecté,jedécidedemettre
le flasher. C’est fini, pour moi ça
s’arrête ici, très exactement au kilo-
mètre 203. Une fois assis dans la voi-
ture, je regrette instantanément ma
décision. Ce soir-là, en me couchant
au troisième point de contrôle situé à
La Tuque, j’ai la mort dans l’âme.
Écouter son corps
Le lendemain matin, au chic Hôtel
Marineau de La Tuque, je croise les
responsablesdelavoiture-balai.J’ap-
prends que Jessica « la cyclovore »
Bélisle mène la course. Celle qui est
pourtantpartieauseindugroupedes
« randos »aatteintl’entréeduparcde
la Mauricie (km 450 environ) au mi-
lieu de la nuit.
C’est alors qu’un des participants
fait irruption dans la conversation.
C’est Jacques Desmeules, le gagnant
de l’édition 2014. L’homme de 53 ans
a les traits tirés et l’air piteux de celui
quisouffre.« J’abandonne »,annonce-
t-il aux officiels d’une voix brisée. Il
raconte avoir pris le départ de la
course « avec des bobos » aux mains,
aux bras et à la nuque qu’il traîne
depuis sa victoire de l’année passée.
« Au lieu d’hypothéquer ma santé et
macarrièredevélo,jepréfèrearrêter,
lance-t-il. Quand ton corps te parle,
écoute-le. »
Endirectionduquatrièmepointde
contrôle, à Shawinigan (km 447), je
croise deux autres participants. L’un
d’eux, Martin l’Hérault, s’apprête lui
aussi à jeter l’éponge. Ses genoux lui
fontsouffrirlemartyre.« Jesuisdéçu,
mais c’est la bonne décision à
prendre », concède-t-il. Son compa-
gnonderoute,PascalBilodeau,esten
pleine forme. Il a hâte de s’attaquer
au parc.
Vélo Mag : Comment
vous est venue l’idée
de l’Ultra Défi ?
Il n’y a pas de courses
au Québec pour les
rouleurs de longue
distance. C’est afin de
répondre à la demande
de quelques mordus,
mais aussi de faire
connaître l’ultracyclisme
aux cyclistes québécois,
que l’Ultra Défi a
été créé.
VM : Jessica Bélisle a
dominé la compétition.
Était-ce une surprise ?
Pas vraiment. Avec
Jacques [Desmeules] et
Mireille [Montmigny],
elle figurait dans mon
top 3. Jessica a merveil-
leusement bien géré sa
course, ne laissant rien
au hasard. Elle a compris
l’importance de bien
s’entourer. Surtout, elle
a pris les bonnes
décisions au bon
moment, choisissant par
exemple de laisser aller
le groupe avec lequel
elle roulait en début de
course au lieu de se
brûler. Chose certaine,
une étoile est née.
VM : Que nous réserve
la troisième édition
de l’Ultra Défi ?
Je vous l’annonce en
primeur : l’Ultra Défi
sera, en 2016, un
événement de qualifica-
tion, le seul au Canada,
pour la Race Across
America (RAAM). Cela
signifie que tous les
Canadiens et les
Est-Américains devront
passer par chez nous en
vue de s’y qualifier.
Pour info :
ultradefi.com
L’Ultra Défi, c’est son idée.
Entrevue avec Sylvain
Grenier, organisateur
de la seule course
d’ultracyclisme au Canada.
« Je veux québéciser
l’ultracyclisme. »
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13. 36 VÉLO MAG GUIDE D’ACHAT MONTAGNE • URBAIN 2016
REPORTAGE / L’ULTRA DÉFI
Justement, me voilà rendu de
l’autrecôtéduparcdelaMauricie,
au cinquième point de contrôle
(km 540). On me confirme que
Jessica y est passée tôt ce matin. À
l’heure où on se parle, elle vogue
déjà vers Québec avec, à ses
trousses, un seul poursuivant…
trois heures après elle.
Les participants commencent à
arriver. Et là, c’est le massacre : les
uns après les autres, ils abdiquent,
tantôt aux prises avec des bles-
sures, tantôt minés par l’épuise-
ment, la chaleur et le manque de
sommeil. Michel Bujold, de
Rimouski, ne reprendra pas le
départ à cause « d’une blessure de
selle trop douloureuse ». Mireille
Montmigny, deuxième au classe-
ment général l’année passée, n’en
peut plus de souffrir d’un genou.
Personne ne pleure ni ne pousse
de hauts cris. Et il ne reste que
douze cyclistes sur le parcours de
l’Ultra Défi.
En mission
Pendant ce temps, Jessica Bélisle
est en mission. Après avoir gagné
la ville de Québec (km 688) en
milieud’après-midilesamedi,elle
arrête à Saint-Ferréol-les-Neiges
vers18h,letempsderechargerses
piles. À 22 h, elle rembarque sur le
vélo.Direction :Baie-Saint-Paul.À
ce moment, elle bénéficie d’un
avantage tactique indéniable : du
repos. À moins d’une défaillance
majeureoud’unaccident,c’estdans
la poche.
À 1 h du matin, le dimanche, la
voilàauseptièmepointdecontrôle
(km 805). Elle signe son nom et
repart aussitôt. À 4 h, c’est à près
de 800 m d’altitude, sur la route du
parc national des Grands-Jardins,
qu’on la retrouve. Il y fait 4 petits
degrés Celsius. Pour ne pas geler
surplace,ellen’ad’autrechoixque
derevêtircequ’elleasouslamain :
unevesteenpolar,degrosjoggings,
des gants, un foulard.
À 8 h 30, c’est à l’ultime point de
contrôle, à Chicoutimi (km 951),
qu’on l’aperçoit. Il ne lui reste que
56 malheureuses bornes à franchir
pour revenir à son lieu de départ,
le Valinouët. À 11 h 27, elle donne
lesdernierstoursdemanivellequi
laséparentdesontriomphe.Après
50 h 27 min de folle cavale dans
quatrerégionsduQuébec,c’estfait :
la voilà championne de l’édition
2015 de l’Ultra Défi. Sa victoire est
impériale : son plus proche pour-
suivant, Sylvain Grenier – oui, l’or-
ganisateur –, finira près de
2 h 30 min après elle.
La grande gagnante
de cette épreuve,
Jessica Bélisle, avec un
temps de 50 h 27 min
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14. VÉLO MAG 37
Il entraîne des
sportifs d’endu-
rance depuis 1984,
dirige l’équipe de
coachs du club
Orange Triathlon
et s’occupe per-
sonnellement de la
préparation phy-
sique de l’illustre
Pierre Lavoie : en matière d’efforts
solitaires au long cours, Pierre
Svartmanestincollable.Voicisestrucs.
pour réussir
l’Ultra Défi
5 TRUCS
1 • Prendre le départ avec
du kilométrage…
3000 km en trois mois pour
espérer rallier la ligne d’arrivée.
Pour être confortable : 5000 km.
« Pour gagner ? Il faut quasiment
que tu vendes ta voiture et que
tu roules 8 heures par jour. »
2 • … Et du dénivelé positif !
Une course d’ultracyclisme est
davantage « musculaire » que
« cardiovasculaire ». C’est
pourquoi il est important
d’intégrer beaucoup de
répétitions de côtes et de sorties
longues. « Il faut une technique
de grimpe impeccable. »
3 • Manger : oui, mais encore ?
Certains peuvent manger
beaucoup, d’autres moins. Les
uns tolèrent uniquement les
sucres tandis que les autres
peuvent s’enfiler des aliments
gras et lourds. « Essayer quelque
chose de nouveau en compéti-
tion peut avoir de fâcheuses
conséquences. »
4 • 25 heures pour se reposer
À une moyenne de 25 km/h sur
route, compléter l’Ultra Défi
nécessite 40 heures. Cela laisse
donc 25 heures pour s’arrêter, se
ravitailler et dormir. « La période
entre minuit et 4 h du matin est
à privilégier. C’est durant ce
creux que le sommeil est
le plus réparateur. »
5 • De l’importance
de bien s’entourer
Il est impératif d’avoir dans son
équipe une personne-ressource
à qui il est possible de confier sa
gestion émotionnelle et
stratégique. « Cette personne est
difficile à trouver. Il ne faut
surtout pas qu’elle soit un
proche ou un membre de la
famille, car elle n’aura pas le
détachement nécessaire pour
bien accomplir ce rôle. »
Qu’advient-ildesautresparticipants ?
Après l’ultra-hécatombe, qui a duré
jusqu’à Québec, seuls sept valeureux
étaientencoreenpiste.Heureusement,
ils allaient rallier la ligne d’arrivée.
Certains avec une difficulté évidente,
comme en témoigne le temps officiel
de 64 h 34 min du dernier arrivé – à
26 minutes près de la disqualification.
Tousontnéanmoinsencommunune
chose : la fierté d’être allé au bout de
leurs forces, de leurs souffrances et de
leur courage. Cela ne les rend pas sur
humains ni particulièrement maso-
chistes.Mais,l’airderien,leurescapade
dans des territoires d’extrême fatigue
physique et mentale a peut-être contri-
bué à la mise au monde d’une nouvelle
discipline au Québec : l’ultracyclisme.
En passant, la troisième édition de
l’Ultra Défi a lieu du 19 au 21 août 2016.
Paul Morin, un des survivants de la se-
conde édition, n’y sera peut-être pas : il
est inscrit à la Race Across America,
une course de vélo de 4800 km qui
traverse les États-Unis à la mi-juin.
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15. 38 VÉLO MAG GUIDE D’ACHAT MONTAGNE • URBAIN 2016
REPORTAGE / L’ULTRA DÉFI
Chaque année, Pierre Lavoie
prend le départ de son Grand
Défi de 1000 km au guidon
de ce vélo conçu par l’entreprise
québécoise Devinci.
On le comprend : le vélo
comme le gars sont
des bêtes taillées pour
un tel exercice.
En l’absence de vélos réputés
spécifiques à l’ultra, Vélo Mag
s’est tourné vers des territoires
connus. Chaque année, Pierre
Lavoie parcourt 1000 km en
trois jours entre le Saguenay–
Lac-Saint-Jean et Montréal au
guidon d’un Leo SL de Devinci.
Même boiteux, le parallèle avec
l’Ultra Défi est manifeste. C’est
le vélo qu’il nous faut.
Verdict : nous ne regrettons
pas notre choix. La version 2015
équipée en Shimano Dura-Ace
tient ses promesses. Les
changements de vitesse sont
rapides et précis. L’équipement
périphérique, principalement de
marque Easton, est impeccable,
tout comme la très confortable
selle Italia. À 1400 g la paire, les
roues en aluminium Easton
EA90 SLX font une grande
différence et contribuent
largement aux performances
du Leo SL.
Sur la route, le bolide respire
l’équilibre. À la fois rigide et
confortable, il excelle aussi bien
dans le court que le long.
Relances, montées en danseuse,
pointes de vitesse : il ne souffre
d’aucune lacune, malgré son
poids moyen pour un vélo de
cette catégorie et sa position de
guidon neutre. Et puis, il a de la
gueule : ses haubans attirent
immédiatement l’attention,
d’autant plus qu’ils sont dénués
de freins, ces derniers étant
dissimulés sur les bases, à la
hauteur du pédalier.
À un peu plus de 6000 $, ce
monocoque carbone tient ses
promesses. Surtout, il relève
avec brio les défis propres à
l’ultracyclisme. Normal,
a-t-on envie de dire : n’est-il pas,
lui aussi, un fier représentant
du Saguenay ?
LE LEO SL DE DEVINCI
Une machine taillée pour l’ultra
challenge des bleuets_2016_pub demi page_Layout 1 2016-03-08 15:45 Page 1
30-39_VM2_REPORTAGE ULTRA DEFI MB.indd 38 14/03/16 12:14
16. #ry EIAIS.UIIF /16
OBAITA, Ail BOALEI
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ACHETER E]I LIG]IE,
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EA BRASSE
AU NPD
tI,6E D'T*U
Ils dansent
avec les rividres
*n.48-
LA DOULEUR
F
t
,IEF
JUIN 2015
17. PLEIN AIR
ItS DA]ISE]II AUEC
LES RIUIERESAllonges sur leur planche, palmes aux pieds, les
adeptes de la luge d'eau avancent en surface, en
dessous et au-dessus des rapides des rivieres du
Quebec et d'ailleurs. Coup d'ceilsur un sport
spectaculaire en plein essor,
LE Y;lr:;nflul:.*i:
Monstre au visage blanc... Ces
rapides de 1a rividre des Outaouais
porlent bien ieurs noms i donner
froid dans le dos. Longs de p1u-
sieurs centaines de n.rdtres, 6cla-
boussant d'6cume quicor-rque
les approche, ils sont repr-rt6s
difficiles m6me par les adeptes
de la nage en eaux vives les plus
aguerris. Mais pour Ttrm Patersoq
22 ans, star montante de la luge
d'eau - un m6lange de nage, de
surf et de k:ry:rk de rividre -, c'est
un terrain de jeu formidable !
Le voili d'ai11eurs qui, palmes
aux pieds, se propulse entre deux
rochers, le haut du corps
"pp.ry6
sur Lrne sorte de planche (un flot-
teur en polystyrdne), avant de
disparaitre quelques secondes,
l.otrr r-nieLrr lcsurgir sur 1a cr6te vives (1es rivcrboarders, conlmc
.l ulc r-:rsrLe. i ger-ronl sur sa ir-tge. ils s'appellent entre eux), c'est la
C'esr :..',-rr's qr-r i1 1 :,g.-r'ippc et compositnte aeriennc clc 1a1uge
s'eluce.i:r.rr. i.rc. i'iile :tt-dessus c1'errn. . Personue ar-rrnt ltti t-t'avait
cles eaur. f.,.Li. :tr --.!r)a :.it'l:t tttilttr' t'clrrlise .1c telles l',r'ouesses tech-
vague. sil1rs se.::i.s.:' jr :r-r1':c' niqr-res,,. .1it l:r|tin Beltt'atlcl.
par les flots r.rr:r-rl:.... rr'e.ilcr-rt .l Ho|izon . lrL societe
Depr-ris tt'oi. :lrl.. Ll -
-:,' c:l ,1: :'-:-:.11.- LrtlI:loLLtlisc oit Totn
r6voltttionnesLrns,.l(rr':.:,,,--- l'-.:r,-r,rtr'-'.r,ri1lecot'tttt'tcgtticle.
clantlcsrir.ieleslesp.ll,.; -:.. TL,irP:1tet'sttt-tcstbiettconuu
du Qr-rebcc, faisrrnt .1e cl::,.,ii. .ie> irrrg..elrrs c1'eattr r-ivcs cle pirr
ra!$e Lln trcrrplin poul e..u,ur' 1c nrrrntle grice aux vid6os clc scs
des acrobaties de hrl-rtc r olti!c. c:ip1oits, c1-r'il proclr-rit pour son
<Jc r-n'inspire de 1ir tenrl:rrcc conrlrrlnclitaire, Face Lcvcl
freestvle clans le n-roncle r1u krrr rrk lntir,Lstric's, ttn site de nouvellcs
clc rividre, dit Ton.r Paterson. et sur' lcs sports . clui se pratiquent
jc f aclapte ar-r fait cltfen luge c1'eiru tOtc premidre >. < 11 ). a m0me
tu es dans la rividre et non en rlcs Franqais qlti r-icuucut en
surface. > Outaouais pour apprendre de
Ce que le jeune homme lui>,ditMartinBertrand.
apporte de nouveau dans la com- ftonnant, puisque c'est i un
munaut6 des nageurs d'eaux Parisien, Claude Puch, que l'on
48 i 1." JUtN 2015
18. o
I
o
:o
e*
I
)
I
il
*
rffreee
;r>I
Itq
doit f invention de la toute pre-
midre hydroluge, commercialis6e
sous ce nom i la fin des ann6es
1970. L activite s'est d6velopp6e
dans l'Hexagone sous 1'6gide de
la F6d6ration frangaise de nage
en eaux vives, puis, i partir de
1991. de la Federation frangaise
de cano6-kayak, mais elle est
rest6e confinee i un relatifano-
nymat ailleurs dans le monde.
Trop marginale, disait-on.
Les choses changent, toute-
fois. A preuve, depuis 2013 se
tient un Championnat du monde,
organis6 par la World River-
boarding Association (wRA).
Du 12 au 19 octobre 2015, des
athldtes des quatre coins de la
plandte envahiront Lanquin, au
Guatemala, pour sa seconde
6dition.
<Et j'ai la ferme conviction que
d'ici quelques anl6es, si nous con-
tinuons sur notre 1anc6e, ce sport
pour-rait se faufiler jusqu'aux Jeux
oiyr,piques>, ditDenis Morin, de
Quebec, adepte de longue date de
i'hydroluge et membre du comit6
organisateur des Mondiaux de
1aWRA. Ceux-ci attestent. selon
Iui. l'rtteinte d'une cet't:t. -=
maturit6 pour ce spolt. ,, Ol :=,-, -
qu'il y a utt rerirrhle c-:':.: ...
corps. Avant le lon.li: .:.. - -:
tour le monde etr.it seu -.," - - l
coin,,, dir l'homnre.l..:.: -:r-
Mais ar.ar-rt de reveL r'.L., i::-.=" --,-
olynrpiques. lr co"'t:: --:'.:..:- *= -
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Paterson pour les a
d'une aide precieu I
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S:,' .* .reryjp
1, 3 et 5. La star
montante Tom
Paterson (en
jaune) adore le
bouillonnement
printanier.
2. Ado, il
domptait des
rivi6res au Costa
Rica. 4. En20'13,
au Championnat
du monde.
19. quEbEc SciEncEAvril-Mai 2016 QUEBECSCIENCE.QC.CA
6,45$
MESSAGERIEDYNAMIQUE10682
PP40065387
L’AMOUR...
COUPLE?
SOMMES-NOUS FAITS POUR VIVRE EN
AÉRONAUTIQUE
VOLER VERT
CARIES
À LA RACINE
DU MAL
ASTRONOMIE
ONDES DE CHOC
EMBALLEZ LA SCIENCE !
Même
nos vêtements
deviennent
intelligents
CURIEUX BOUCAR
ENTREVUE
CouvQSavril-mai2016Finales_Layout 1 16-03-14 1:31 PM Page 1
20. athieu Tourangeau
est un crack de l’en-
traînement. De cinq
à six fois par se-
maine, l’adepte de
course à obstacles
enfile ses chaus-
sures de sport et
sort fouler le bi-
tume. Sa montre GPS au poignet, il ana-
lyse en temps réel son allure, sa fréquence
cardiaque et sa consommation d’oxy-
gène. Sa forme physique, le quadragé-
naire la connaît sur le bout des doigts.
Ou presque car, malgré l’abondance
de données auxquelles il a accès, Mathieu
peine à expliquer certaines de ses per-
formances. «Par exemple, je comprends
difficilement pourquoi je peux maintenir
une fréquence cardiaque de presque 200
battements par minute pendant 45 mi-
nutes, tout en contrôlant bien ma res-
piration», dit-il.
Désireux de «mieux se connaître», il
s’est donc récemment procuré un maillot
biométrique qui peut mesurer la fré-
quence cardiaque, la fréquence et le vo-
lume respiratoire, les déplacements et
le sommeil.
Ses premières impressions après quel-
ques semaines d’utilisation? Bonnes,
mais pas dithyrambiques. «Je trouve ça
dommage de ne pas avoir accès à toutes
mes données pendant que je cours. Il
faudrait que j’aie une montre intelligente
pour bien les visualiser en direct et ne
pas avoir à traîner mon téléphone», re-
grette-t-il. Aussi, il ne sait pas trop quoi
penser des informations supplémentaires
auxquels il a accès : «La fréquence et le
volume respiratoires, c’est bien beau,
mais ça veut dire quoi?»
Prix prohibitifs, données difficiles à
consulter et à interpréter, les commen-
taires peu flatteurs de Mathieu à l’endroit
des «vêtements du futur» ont de quoi
refroidir les ardeurs. Surtout, ils vont à
l’encontre d’un discours démesurément
optimiste selon lequel la «révolution»
des vêtements intelligents est pour de-
main. «Dans 10 ans, tout le monde aura
au moins une pièce de vêtement intelli-
gent», prédisait Jacek Mlynarek, P.D.G.
du Groupe CTT (Centre des techno-
le high tex
M
ON RÉUSSIT À CONFECTIONNER DES
VÊTEMENTSTISSÉS DE COTON ET DE
COMPOSANTES ÉLECTRONIQUES,MAIS
LEUR MISE EN MARCHÉ EST DIFFICILE.
Par Maxime Bilodeau
28 Québec Science | Avril ~ Mai 2016
L’intelligence
PRÊTE-À-PORTER
La couture du XXIe
siècle. En haut,
des vêtements
conçus dans le
laboratoire de
recherche XS Labs
de l’Université
Concordia.
Tissus QS avril-mai 2016_2_Layout 1 16-03-14 10:46 AM Page 28
21. Avril ~ Mai 2016 | Québec Science 29
JOANNABERZOWSKA
KARENZALAMEA/MICHAELLOVEGUILLAUMEPELLETIER
SHERMINESAWALHA/HUGUESBRUYÈRE
Tissus QS avril-mai 2016_2_Layout 1 16-03-14 10:46 AM Page 29
22. 30 Québec Science | Avril ~ Mai 2016
le high tex
EN MATIÈRE DE MARKETING,LES
CONNAISSANCES SONT À POINT.
LÀ OU ÇA BLOQUE,C’EST
DANS LA PRODUCTION À
GRANDE ÉCHELLE.
logies textiles) à Saint-Hyacinthe, dans
le numéro d’août 2002 de L’actualité.
«La réalité, en 2016, c’est que les gens
ne portent pas ce type de vêtements au
quotidien», tranche Joanna Berzowska,
professeure titulaire de la Chaire de
design et d’arts numériques de l’Uni-
versité Concordia et directrice-fondatrice
du laboratoire de recherche XS Labs.
D’ailleurs, des chiffres sur l’industrie
des technologies portables (wearables),
dévoilés en 2015 par l’International
Data Corporation, le confirment: ce
sont les bracelets, montres et lunettes
intelligentes qui envahiront le marché
canadien d’ici 2019, pas les vêtements.
«En matière de matériaux, de design
et de procédés de fabrication, les con-
naissances sont pourtant à point», af-
firme Joanna Berzowska qui travaille
également comme directrice des textiles
intelligents au sein de la compagnie
montréalaise OMSignal. Ainsi, pour
confectionner un gilet pouvant capter
des données biométriques, il suffit d’in-
tégrer à même le textile un fil conducteur
recouvert de particules d’argent, de
cuivre ou de polymères. Parfois, il faut
doter le vêtement de petites «poches»
renfermant des composantes électro-
niques. Le tout pendant ou après sa fa-
brication, selon le niveau d’intégration
souhaité.
Là où ça bloque, c’est surtout dans la
production à grande échelle de ces vê-
tements. Il existe, au dire de Joanna Ber-
zowska, un énorme fossé entre les
prototypes conçus en laboratoire et la
chaîne de production. Un exemple? Le
partenariat d’OMSignal avec Ralph
Lauren pour fabriquer le PoloTech Shirt,
un polo intelligent.
«Le manufacturier sri-lankais avec
qui nous faisions affaire a dû repenser
au complet sa manière de produire des
maillots, ce qu’il fait pourtant depuis
au moins 100 ans, raconte-t-elle. La rai-
son : un simple millimètre de jeu dans
le tissage des fibres introduit un bruit
dans le signal, ce qui rend le vêtement
“dysfonctionnel”.»
Joanna Berzowska, professeure titulaire de la Chaire de design et d’arts numériques de l’Université Concordia, à Montréal:
«Il existe un énorme fossé entre les prototypes conçus en laboratoire et la chaîne de production.»
DONALDROBITAILLE/OSAIMAGES
Tissus QS avril-mai 2016_2_Layout 1 16-03-14 10:46 AM Page 30
23. Tisser la fibre optique!
C’est ce que réussit à faire
l’équipe de Younès Messaddeq,
de l’Université Laval.
utre obstacle majeur
qui freine l’adoption
en masse du prêt-à-
porter du futur : les
contraintes – nom-
breuses – qu’il impose
à ceux et celles qui
l’enfilent. D’abord,
tout le monde n’est
pas prêt à porter des vêtements mou-
lants. Et puis, rares sont ceux qui ap-
précient la présence, à l’aisselle, d’un
boîtier miniaturisé faisant office de bat-
terie et de transmetteur. Et c’est sans
parler des considérations esthétiques.
Adieu le petit kit qui «fitte»; bonjour,
chandails et pantalons monochromes
ou carrément futuristes!
Enfin, il y a le problème de la machine
à laver. Malgré les techniques de lami-
nage, de revêtement et de finition utilisées
pour préserver les fibres, le risque de les
rendre «idiotes» en les aspergeant de
détergent et en les passant au cycle délicat
est bien réel. «Il y a un danger que le
tissage se rompe, que les fils s’oxydent
et que leurs propriétés électromécaniques
changent», convient Joanna Berzowska.
Devant l’absence de normes ISO propres
à cette question, chaque compagnie a
aujourd’hui ses propres protocoles d’éva-
luation maison, à l’efficacité au mieux
avérée; au pire, douteuse.
Cette longue liste de défauts, Younès
Messaddeq, professeur à l’Université
Laval et titulaire de la Chaire d’excel-
lence en recherche du Canada sur l’in-
novation en photonique, ne la connaît
que trop bien. «Aujourd’hui, ce qu’on
trouve sur le marché, ce sont essentiel-
lement des composantes électroniques
ajoutées à des textiles. À mes yeux, ce
sont des tentatives plus ou moins réussies
d’application à des vêtements de tech-
nologies conçues pour des accessoires
portables. Avec tous les défis et les pro-
blèmes que cela occasionne», analyse le
spécialiste du verre et des fibres optiques.
Intelligent,
dites-vous?
En 2002, Jacek Mlynarek, du Groupe CTT
(Centre des technologies textiles) à Saint-
Hyacinthe, affirmait que, 10 ans plus tard, tout
le monde aurait au moins un vêtement
intelligent dans son placard. «Selon la
définition que l’on donne au terme
“intelligent”, on peut dire que ma prédiction
n’était pas fausse. Bien au contraire!
s’exclame aujourd’hui le P.D.G. Qui, en effet,
n’a pas un maillot qui respire bien et sèche
rapidement?»
«De fait, fait valoir Olivier Vermeersch, vice-
président du Groupe CTT et titulaire de la
Chaire de recherche industrielle dans les
collèges du CRSNG en textiles techniques
innovants, lorsqu’on parle de vêtements
intelligents, on pense presque toujours à des
vêtements biométriques capables de lire les
données biologiques. Or, ces derniers ne
représentent qu’une infime partie du domaine
des textiles intelligents. Il y en a bien
d’autres!» Comme les semelles chauffantes
Thermastrom, les sacs de maroquinerie avec
DEL intégrés Joanel ou les ceintures de sécurité
intelligentes Bell-Tech, tous des produits
développés au Québec ou au Canada.
(-) Électrode négative
Alternance d’électrodes
positives et négatives
Capteur
cardiaque Fil
conducteur
Fil
isolateur
L’ÉTOFFE DES NERDZ
A
Comment on tisse et on adapte des vêtements
biométriques pour les sportifs.
STEPANGORGUSTA
(+) Électrode positive
EXTRAIT DE: K. JOST, B. ANASORI, M. BEIDAGHI, G. DION, Y. GOGOTSI, WEARABLE POWER, SCIENCE, 343, 602-603 (2014) (FIRST PLACE AND
PEOPLE’S CHOICE WINNER IN THE INTERNATIONAL SCIENCE AND ENGINEERING VISUALIZATION CHALLENGE)
Tissus QS avril-mai 2016_2_Layout 1 16-03-14 10:46 AM Page 31
24. Stepan Gorgutsa, étudiant au doctorat
en physique à l’Université Laval et
proche collaborateur de M. Messaddeq,
est encore plus catégorique : on n’a pas
innové en ce domaine depuis 20 ans!
Selon lui, les vêtements intelligents d’au-
jourd’hui «ressemblent beaucoup» à
ceux mis au point par le Georgia
Institute of Technology à la fin des
années 1990. «En fait, seul l’aspect es-
thétique et fonctionnel s’est un peu amé-
lioré, mais à peine», résume-t-il, en
référence au Wearable Motherboard,
considéré comme le premier chandail
intelligent du monde.
’équipe multidisciplinaire
dirigée par Younès Mes-
saddeq travaille depuis
plus de trois ans à la
conception d’une fibre de
nouvelle génération qui
réinventerait le vêtement
intelligent. Son idée, ex-
posée au grand jour dans
un article publié fin 2014 dans le journal
en libre accès Sensors, est de tisser de
la fibre optique – une technologie qui a
maintes fois fait ses preuves par le passé
– avec des textiles standard obtenus à
partir de la laine ou du coton, entre au-
tres. Plus précisément, l’équipe a intégré
un verre multifonctionnel à une fibre à
base de cuivre, de polyimide et d’argent,
qui agit à la fois comme capteur et
comme antenne.
Le résultat est un prototype de tissu
théoriquement capable de capter des in-
formations sur le taux de glucose, le
rythme cardiaque, l’activité cérébrale,
les mouvements, les coordonnées spa-
tiales ou toute autre fonction souhaitée.
«La qualité de signal impeccable des fi-
bres permet au tissu de communiquer
avec n’importe quel réseau wifi ou cel-
lulaire déjà établi, sans subir d’interfé-
rences électromagnétiques ou radio.
Concrètement, cela signifie que le por-
teur pourrait être connecté 24 heures
par jour, mais sans qu’il s’en rende vrai-
ment compte», s’extasie Younès Mes-
saddeq qui rêve de voir un jour ses
vêtements 3.0 sauver des vies et apaiser
des souffrances.
Outre son coût de fabrication peu
élevé – «Tout le matériel pour le pro-
totype a été acheté à la boutique du
coin», jure Stepan Gorgutsa – et sa quasi-
indépendance relativement à l’alimenta-
tion électrique due à la miniaturisation
de ses composantes, c’est l’apparente sim-
plicité de ce tissu qui étonne. Pas de boîtier
miniaturisé ni de fils conducteurs visibles.
L’étoffe semble, à tous points de vue,
normale et commercialisable. «Mais
avant, il va falloir régler la question du
lavage et du traitement de toute cette
masse de données captées», convient
Younès Messaddeq.
Le but des deux chercheurs est clair :
concevoir un vêtement intelligent iden-
tique à celui qu’on porte tous les jours.
«Les gens ne veulent pas d’un maillot
plus lourd, moins flexible, plus chaud
ou moins beau. Ils désirent continuer
de s’habiller à leur goût, tout en profitant
de fonctionnalités intelligentes», dit
Younès Messaddeq qui, malgré son en-
thousiasme, se garde bien de se lancer
dans le jeu des prédictions : «Je laisse
ce plaisir-là à d’autres.» IQS
32 Québec Science | Avril ~ Mai 2016
le high tex
QUELQUES VÊTEMENTS INTELLIGENTS
Lumo
Un short pour la course
à pied, doté de
capteurs biométriques
à la taille.
Heddoko
Un habit de compression
intelligent avec capteurs de
mouvement intégrés qui
détectent en 3D les mouvements
de tout le corps.
Garrison Bespoke
Un complet-cravate bon chic,
bon genre… et à l’épreuve
des balles.
Fuel Wear
Un chandail intelligent à
manches longues, qui assure une
température corporelle constante
à celui ou celle qui le porte.
Athos
Un ensemble maillot et
culotte de compression qui
mesure l’activité musculaire
en temps réel.
À LA GUERRE COMME
À LA GUERRE
Adidas, Ralph Lauren, Carré Technologies
(Hexoskin), OMSignal, Victoria’s Secret: la liste
des compagnies poursuivies par Sarvint
Technologies est longue. L’entreprise états-
unienne, qui regroupe plusieurs des concepteurs
du Wearable Motherboard – et qui en détient la
propriété intellectuelle depuis 2014 –, prétend
que ces dernières ont violé les deux brevets
relatifs à son maillot intelligent en
commercialisant leur propre version.
Cet épisode n’est qu’un des nombreux
chapitres dans ce que Geneviève Hallé-Désilets,
avocate spécialisée en droit des marques de
commerce et en droit d’auteur au cabinet
canadien Robic, désigne comme «la guerre des
vêtements intelligents». «Ceux-là, contrairement
à un teeshirt de coton ordinaire, sont dotés de
plusieurs composantes pouvant être brevetées,
explique-t-elle. On n’a qu’à penser aux circuits
électroniques, aux capteurs et aux systèmes
d’exploitation.» Les deux seuls critères à respecter
pour obtenir un brevet: la nouveauté et l’utilité.
Une fois cela fait, le demandeur a le droit
exclusif d’utiliser l’idée pendant 20 ans. «Si un
tiers empiète sur ce monopole, il est en
contrefaçon et s’expose donc à payer des
dommages et intérêts», souligne l’avocate. Dans
sa plainte déposée devant un tribunal du district
d’Atlanta, aux États-Unis, en janvier 2015,
Sarvint Technologies exige justement une
condamnation pour contrefaçon, ainsi qu’une
injonction permanente contre les compagnies
qu’elle poursuit.
L’air de rien, cette bataille juridique en dit long
sur le marché des vêtements. «C’est une vraie
mine d’or à breveter», illustre Geneviève Hallé-
Désilets.
L
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