Les termites en tant qu’animaux mais aussi en tant que constructeurs ingénieux grâce à leurs différents systèmes au sein de la termitière.

1. Le génie d’une construction animale

2. Les termites sont les constructeurs les plus
acharnés de tout le règne animal. Ils
fabriquent les édifices les plus imposants et les
nids les plus complexes de tous.
Les termites se rencontrent
surtout dans les pays chauds et il
en existe environ 2 600 espèces
regroupées en familles.
Ils sont surtout considérés comme des
espèces essentielles dans plusieurs
écosystèmes (déserts, savanes, forêts
tropicales, etc.) en raison du rôle qu'ils
jouent dans la minéralisation de la
matière organique.
2

3. Ouvrier
Soldats
Reine secondaire
Reine primaire
Roi primaire
Reproductrice ailée
3
Les termites sont des insectes sociaux qui vivent au sein de colonies
hiérarchisées et organisées en castes. Les ouvriers creusent et nettoient les
galeries et recueillent les œufs pondus par les femelles reproductrices,
fécondées auparavant par les mâles.

4. Certains termites soldats sont pourvus de mandibules hypertrophiées qui leur
permettent de mordre leur adversaire, d'autres sont pourvus d'une trompe avec
laquelle ils projettent de l'acide sur l'ennemi.
Ouvrier
Soldats
Reine secondaire
Reine primaire
Roi primaire
Reproductrice ailée
4

5. Les termites se caractérisent
par une métamorphose
imparfaite (les larves
ressemblent à l'adulte). D'un
couple de termites naissent
des larves qui après
plusieurs mues, donnent des
ouvriers et des soldats
stériles, ou des nymphes qui
donneront des adultes
sexués, capables de se
reproduire.
5

6. Munis de pièces
buccales broyeuses, les
termites se nourrissent
surtout de bois et de
fragments de feuilles,
ils sont dits xylophages.
La société des termites est
caractérisée par un
échange complet de
l'aliment entre tous ses
membres, l'aliment passe
par l'ensemble des
appareils digestifs d'une
colonie en l'espace de près
de 3 jours.
Traces de tunnels qu’ont fait des termites dans du bois.
6

7. Mis à part les adultes sexués ailés qui seront
un jour amenés à sortir de la colonie pour
rechercher un partenaire sexuel, toutes les
autres castes sont aveugles. Les termites
communiquent donc essentiellement par voie
chimique et utilisent un grand nombre de
signaux.
1° L'envol, une fois par an, d'adultes sexués qui
quittent leur colonie pour en fonder de nouvelles.
2° Le marcottage qui correspond à une propagation
de proche en proche via un réseau de galeries
souterraines d'ouvriers parfois accompagnés d'autres
castes (soldats, nymphes, …). Ces groupes d'individus
peuvent se retrouver séparés volontairement ou
accidentellement de la colonie d'origine et fonder une
nouvelle colonie.
3° La dissémination par l'homme: transport de terre,
de gravats ou de matériaux cellulosiques contaminés .
7

8. Un nid de termites
dans les branches d'un
arbre au Mexique
En dehors des endroits habités, les termites installent leurs
nids dans les arbres blessés, les souches, entre les racines ou
à même le sol, profitant souvent de cavités naturelles qu'ils
divisent en loges de terre mâchée.
Les termites s'installent de
préférence à proximité d'une source
d'humidité, mais ils peuvent
néanmoins proliférer sur des bois
très secs.
Termitière en Somalie
Termitière en Thaïlande
8

9. Les maçons ne se constituent pas
en équipes de travail. Au début
de la construction, les tâches
individuelles sont incoordonnées;
elles consistent soit en forages,
soit en prises de terre, d'abord
malaxée entre les mandibules et
imbibée de salive, puis déposée
sous forme de boulettes sur des
supports variés.
Les lieux où les boulettes sont
déposées ne sont pas tout à fait
quelconques. Une réaction à la
pesanteur pousse les ouvriers
vers les petites éminences du
substrat et vers les parois
verticales du récipient qui
contient la population.
9

10. Lorsque le groupe possède une reine, les constructeurs, éprouvent à son égard
une vive attraction, et les boulettes se localisent surtout autour d'elle, dessinant
grossièrement une ellipse, et enfin une coupole, créant ainsi la loge royale.
En l'absence du puissant stimulus qu'est la reine, le comportement constructeur
se manifeste dans sa pureté.
10

11. La reine ne quitte plus la
loge royale car elle est
trop lourde pour bouger,
le roi ne la quitte plus
non plus car son rôle est
de féconder la reine, et
les deux sont gardés par
des soldats qui les
empêcheraient de sortir
s’ils essayaient de le
faire.
11

12. La loge royale, ou chambre royale,
est donc de forme elliptique et
constitue le noyau de la termitière.
Chambre royale
12

13. 13
L’énorme objet blanc représente le reine et les petits points noirs sont les termites.
Ces derniers effectuent des allers retours vers la reine pour établir la distance à
laquelle il faut construire la chambre, celle-ci sera donc de forme ovoïde, du fait
que les termites construisent tout autour de la reine, qui elle-même est plutôt de
forme elliptique

14. Lorsque les boulettes de terre, rendues
humides par la salive, atteignent sur une
surface restreinte une certaine densité,
qu'elles soient disposées en ligne ou en
amas, elles constituent un stimulus
significatif à l'égard des ouvriers, dont
désormais la pulsion a été canalisée et
orientée.
En effet, tout tas de boulettes encore
fraîches exerce une attraction sur les
ouvriers qui déposent sur son sommet la
boulette de terre qu'ils tiennent entre
les mandibules ; ils forment de la sorte
un pilier vertical.
14

15. Les ouvriers sont alors soumis à deux stimulations :
-l'une tient à la forme et au volume de l'amas de boulettes élevé
indépendamment d'eux par leurs congénères,
-l'autre à la position du support sur lequel sont fixées les boulettes, qui
déclenche, selon qu'elle est horizontale, oblique ou verticale des
réactions différentes : construction d'une lame horizontale ou oblique,
édification d'un pilier vertical. À leur tour, les lames et les piliers
deviennent des stimuli significatifs, et ainsi de suite.
15

16. Les Termites n'obéissent pas à un
programme d'informations classées
selon un ordre inflexible. La preuve en
est donnée par le fait qu'un ouvrier
passe avec la plus grande facilité d'une
tâche à une autre. Sa réaction, qui est
adéquate, dépend du stimulus
significatif agissant sur lui, et non d'un
acte antérieurement accompli.
Par exemple, si tel ouvrier qui participait à la
construction d'une cloison horizontale vient à
passer auprès d'un pilier en construction, il dépose
exactement sa boulette au sommet de celui-ci, tout
comme si antérieurement il avait participé à son
élévation. L‘insecte répond par un acte précis et
adapté à l'œuvre en cours au stimulus significatif
auquel il est soumis, sans subir l'influence des
travaux réalisés auparavant.
Termite ouvrier à la tâche 16

17. Lorsque les termites sont déposés dans un
vase avec quelque peu de matériaux de
construction, ils commencent par coller au
hasard sur le substrat des boulettes
grossièrement façonnées. Il peut arriver alors,
toujours par hasard, qu'une boulette soit
disposée au-dessus d'une autre plutôt qu'à
côté : alors l'embryon de colonne ainsi formé
excite davantage les ouvriers qui l'exhaussent
rapidement.
Lorsqu'une certaine hauteur limite est atteinte,
l'activité des termites prend un autre tour: ils
collent des boulettes non plus au sommet de la
colonne, mais latéralement par rapport à ce
sommet: le résultat en est une sorte d'arche.
Et comme le même processus se poursuit sur
tous les piliers, les arches finissent par se
rejoindre. On obtient finalement une structure
en éponge, celle même de la termitière.
Jeune termitière
17

18. Le termite isolé est tout
à fait incapable
d'apprendre quelque
chose. Il reste à peu
près immobile, ne
construit rien, et en
règle générale demeure
inerte devant toutes
sortes de sollicitations.
Pour construire une
galerie, la présence de
plusieurs termites,
quelques dizaines au
moins, est nécessaire.
18Site d’élevage de termites en France

19. 19
Si on élève des termites dans une boîte à
l'extrémité de laquelle se trouve un morceau
de bois, et que le nid où ils se sont réfugiés
occupe l'autre extrémité, ils vont très
rapidement bâtir une galerie qui reliera le nid
au bois. On peut alors intercaler différents
obstacles entre le bois et le nid, et, à la limite,
construire une sorte de labyrinthe que la
galerie devra franchir pour arriver au bois :
cette galerie représente en quelque sorte la «
solution collective » du problème, puisqu'un
seul termite ne saurait construire une galerie.
Or, le point intéressant est que la galerie suit
toujours le chemin plus court à travers des
obstacles, et que cela se fait pratiquement
sans tâtonnements.
Parois d’une caisse
d’élevage de termites

20. 20
On remarque néanmoins qu’il existe parfois,
au début de la construction de la galerie, des
hésitations, matérialisées par une galerie trop
longue, et qui se corrigent si l'expérimentateur
détruit une partie de galerie: la construction
suivante ne présentera plus de longueurs
inutiles.
Mais surtout, On dirait aussi que
l’apprentissage chez les termites est très
rapide. Si l'on marque d'un point de couleur
des termites expérimentés et qu'on les réunit à
une population de termites naïfs qui n'ont pas
encore construit de galerie, on constate que la
galerie de ces derniers sera parfaite d'emblée :
il y a donc eu d'une manière ou d'une autre
passage d'une information des termites
expérimentés vers les naïfs.
Bocal d’élevage de termites

21. La termitière peut être hypogée (souterraine) ou
épigée (au-dessus du sol).
Certains termites construisent leurs nids dans les
arbres avec un matériau constitué de cellulose
issu du bois digéré, plus ou moins lié par des
particules de terre. Ces termitières d'apparence
fragile ont des formes variées selon les espèces.
Elles résistent en fait très bien aux vents, aux
pluies et à la chaleur des zones tropicales.
21
Termitières suspendues en
Guyane

22. Les termitières épigées (qui croient au-dessus du sol) constituent quant à elles un
fabuleux système de climatisation capable de maintenir température interne constante,
quelles que soient les conditions climatiques extérieures.
22
Ces monticules peuvent atteindre 6 m de haut
(même jusqu'à 8 m en Afrique), et leur diamètre
à la base jusqu'à 30 m. La muraille de ces
termitières, très dure, est faite d'un mélange de
terre et de salive cuit par le soleil.
Certaines termitières se couvrent de végétaux, et
il arrive que les termites épargnent des arbres qui
y poussent.

23. 23
Termitière au nord de La Côte d’Ivoire
Termitière en Ethiopie

24. 24
Termitière en Ethiopie Termitière en Australie

25. La termitière est généralement
composée de loges reliées par des
galeries . Elle se compose d'une
enveloppe épaisse creusée de
diverses galeries; à l'intérieur, se
trouvent de nombreuses chambres
et vers le milieu, la loge royale, de
forme assez régulière et ovoïde, où
demeure la reine et le roi.
25

26. 26
Galeries de la termitière
visibles grâce à la technique
de l’endocasting.

27. 27
L’endocasting est une technique qui
consiste à mouler l’intérieur des
termitières avec du plâtre, attendre
que ca sèche, et rincer la terre et le
sable alentours avec de l’eau.

28. 28
Exemple d’une termitière qu’on a moulée au plâtre

29. La structure de la termitière est conçue pour une
ventilation passive et le maintien d'une température
et hygrométrie (degré d’humidité dans l’air)
optimales pour le nid, tout en éliminant le CO2. Il
faut donc un processus d’échange gazeux très
efficace. Un monticule type abrite 2 millions de
termites, et doit ainsi “respirer” un millier de litres
d’air frais par jour.
29

30. 30
Les murs de la termitière sont plus chauds
que le centre du nid. L’aération se fait par
les turbulences générées par les rafales
de vent qui balaient les monticules. Un
simple souffle renferme de petits
tourbillons et courants, aux vitesses et
directions de propagation variées, et aux
fréquences de rotations allant du très
rapide au très lent.
Or, les murs externes des monticules sont
construits de manière que seuls les
tourbillons tournant lentement peuvent
pénétrer à l’intérieur.

31. 31
L’air frais entre et l’air vicié ressortent par des narines percées dans les murs
poreux, l’air chaud monte par le principal conduit de la cheminée et se rafraichit,
et enfin l’air frais descend vers les chambres d’habitation, aidant au maintien
d’une température stable.

32. Dans des climats très chauds, les termites enfouissent profondément leur
monticule dans le vaste dissipateur de chaleur qu’est le sol, un moyen
très efficace de contrôler la température. D’autres espèces entretiennent
l’humidité en déposant un mélange de bois et d’herbe mastiqués sous le
monticule : ce mélange agit comme une éponge géante, capable de
relâcher ou d’absorber jusqu’à 80 litres d’eau pour contrebalancer les
variations d’humidité à l’intérieur du nid.
32

33. Termitière cathédrale d’Australie, 5m de
haut, colonie de termites y loge depuis
plus de 50 ans.
Le parc national de Litchfield en Australie
est réputé pour être constellé
d’imposantes colonies de termites.
Nous y retrouvons principalement deux
sortes de termitières: les termitières
cathédrales et les termitières
magnétiques.
33
Le matériau utilisé pour construire ces
nids est la boue mélangée aux
excréments, et aux sécrétions des
termites.

34. Les termites qui construisent ces monticules
sont communément appelées termites
cathédrales. Elles sont championnes de la
construction en hauteur puisque leurs
termitières sont les plus hautes du monde,
atteignant parfois 8m de haut.
34
La moitié de l’édifice est souterrain, percé d’un
réseau de galeries de 100m de long allant dans
toutes les directions.
Termitière cathédrale
de l’est de l'Afrique.

35. 35
Termitières cathédrales au nord de l’Australie

36. 36
Termitières cathédrales au nord de l’Australie

37. 37
Les plus larges termitières d’Australie: des termitières cathédrales

38. 38
Toutes les espèces de termites du
Territoire du nord ne réalisent pas de
titanesques termitières.
Dans le parc de Litchfield, nous
retrouvons un autre type de termitières,
les termitières magnétiques.
Ces termitières, plates et légèrement
moins hautes, sont l’œuvres d’une autre
espèce de termites: les termites
boussoles.
Au premier plan: termitière magnétique
Au dernier plan: termitière cathédrale

39. 39
Toutes ces termitières sont orientées dans la même direction: du nord au sud,
comme des aiguilles de boussoles. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’elles sont
appelées termitières magnétiques. Il se trouve qu’ en fait, les termites utilisent le
champ magnétique terrestre pour construire ces édifices. Cependant, le fait de
construire ainsi ne vient pas directement du champ magnétique, mais du
mouvement quotidien du soleil.

40. 40
Le matin, les rayons de soleil frappent la façade orientale de la termitière. Les
termites, refroidies par la nuit, ont besoin de chaleur et se trouvent donc dans des
galeries immédiatement adjacentes à la façade. Cependant, au fur et à mesure
que la journée avance, la température augmente, mais les termite ne surchauffent
pas car les rayons deviennent de plus en plus obliques et à midi, alors que le soleil
se déplace vers l’ouest, la façade occidentale devient brulante, et la face est se
trouve à l’ombre et devient relativement fraiche. Les termites restent donc à la
température qui leur convient le mieux tout au long de la journée.

41. Les termites boussoles échappent à la chaleur
en colonisant des territoires qui sont inondés
lors de la saison des pluies. Le sol sous les
termitières se retrouve alors souvent rempli
d’eau. La forme de leurs termitières est donc
une adaptation non seulement des
mouvements du soleil, mais aussi du fait de se
trouver dans des sites inondables.
41
Termitières magnétiques du parc
national de Litchfield en Australie

42. La partie la plus large des termitières magnétiques est toujours orientée vers le
sud. Un système de ventilation garantit une température agréable à l'intérieur du
nid. Les constructions peuvent atteindre jusqu'à trois mètres de haut et on les
trouve essentiellement en Afrique et en Australie.
42
Termitières magnétiques du parc
national de Litchfield en Australie.

44. 44

45. Le génie d’une construction animale
Réalisé par Aya Benbrahim