1. HIS 10 - LES CHEMINS DE LA PUISSANCE :
LA CHINE ET LE MONDE DEPUIS 1919
Livre page 250 et 251
2. Le Lotus bleu, cinquième album des Aventures de Tintin date du début des années 1930 mais
rend bien compte de la situation de la Chine du début du siècle : une société encore
traditionnelle, soumise aux puissances occidentales
3. Septembre 2012 : La République populaire de
Chine inaugure son premier porte-avion
4. Comment la Chine est-elle passée en moins d’un
siècle du statut de pays affaibli et dominé au statut
de puissance émergente ?
5. I – La Chine entre domination étrangère et
nationalisme (1919-1949)
Pourquoi la Chine est-elle une puissance dominée dans la première moitié
du XXe siècle ?
A – Une grande puissance déchue et dominée par les puissances
étrangères
17. Télégramme de Sun Yat-sen aux dirigeants de l’URSS (février 1925)
Chers camarades du Comité central exécutif des soviets,
Atteint d'un mal incurable, ma pensée se tourne vers vous, vers l'avenir de mon parti et de mon
pays. Vous êtes les chefs d'une libre et grande union de républiques. Cette union est un legs de
l'immortel Lénine aux peuples opprimés du monde. Grâce à lui, les malheureux peuples soumis à
l'impérialisme obtiendront leur liberté et s'émanciperont d'un système international fondé sur
l'esclavage ancien, sur la conquête et sur l'égoïsme.
Je laisse le Guomintang. J'espère que le Guomintang en accomplissant sa tâche historique, libérer
la Chine de l'impérialisme et libérer aussi d'autres pays, pourra coopérer étroitement avec vous. Le
sort m'oblige à laisser mon œuvre inachevée et à la confier à ceux qui tout en respectant les
principes et les enseignements du Guomintang sauront organiser nos véritables camarades. Aussi
ai-je donné au Guomintang l'ordre de poursuivre le mouvement de révolution nationale afin que la
Chine puisse échapper aux contraintes de la situation de semi-colonie que lui impose
l'impérialisme. Dans ce but, j'ai donné instruction au Kuomintang de continuer à marcher avec vous
la main dans la main. Je suis persuadé que votre gouvernement continuera comme par le passé à
apporter son aide à mon pays.
Chers camarades, au moment de vous quitter, je veux exprimer un ardent espoir, l'espoir que
bientôt brillera l'aurore, alors l'Union soviétique, ses amis et ses alliés accueilleront une Chine forte,
prospère et indépendante. Dans la grande lutte pour l'émancipation des peuples du monde, nos
deux pays marcheront la main dans la main vers la victoire.
Je vous adresse mes souhaits fraternels.
Sun Yat-sen.
18. C - La Chine déchirée par la Guerre civile et meurtrie par
l’occupation japonaise
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25. II – La Chine communiste à la reconquête de sa
puissance (1949-1978)
Comment le régime communiste de Mao Zedong parvient-il à redonner à
la Chine une place sur la scène internationale ?
A – Construire une puissance nouvelle sur le modèle soviétique
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31. B - Une nouvelle place internationale : la Chine, leader du Tiers
Monde
Zhou Enlai, premier ministre de Mao Zedong lors
de la Conférence afro-asiatique de Bandung en
compagnie de Nehru (Inde), Sukarno (Indonésie)
et Nasser (Egypte) en 1955.
46. III – L’affirmation d’une puissance de rang mondial
par la modernisation et l’ouverture sur le monde
(depuis 1978)
À quels défis la Chine d’aujourd’hui doit-elle faire face en s’ouvrant à la
mondialisation des échanges?
A – La Chine dans la mondialisation : une ouverture économique
sans ouverture politique
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54. Après la répression de Tian’anmen (1989) la Chine se retrouve isolée sur la scène
internationale ce qui entrave le développement économique. Retiré des affaires, Deng Xiaoping
surprend en réalisant un grand voyage dans les grandes villes du Sud où il y prononce des
discours annonçant la poursuite de l’ouverture et des réformes économiques.
Cette confirmation se traduit par une accélération des investissements étrangers et un essor
considérable de la croissance économique.
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56. B – Des ambitions mondiales dans tous les domaines
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63. C – Une superpuissance en devenir qui inquiète
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73. Le souci de ne pas apparaître menaçant
Observant le même réalité, d’autres experts aboutissent à des conclusions résolument opposées [au fait que la
Chine recherche l’hégémonie mondiale]. La conduite de la Chine dans le système international ne dénote aucune
volonté de bouleverser un statut quo qui lui est largement favorable. La prospérité de la Chine repose sur sa «
socialisation » au sein de la société internationale. Son ralliement progressif aux normes et règles de celle-ci lui
évite d’être perçue comme menaçante par ses voisins et de déclencher des réactions de défense de leur part.
D’où la politique très active d’adhésion de la Chine aux traités de contrôle des armements – ceux qui la
contraignent le moins , il est vrai – et aux organisations régionales et internationales, de l’ASEAN à l’OMC,
indicative d’une volonté d’intégration dans le système.
Une comparaison des votes de la Chine à l’ONU avec ceux des quatre autres membres permanents du Conseil de
sécurité montre que celle-ci a été la moins encline à s’opposer à la majorité du Conseil, n’usant de son droit de veto
qu’à deux reprises entre 1976 et 2002 – contre 8 pour l’URSS puis la Russie, 12 pour la France, 19 pour le
Royaume-Uni et 63 pour les États-unis. Et la Chine accepte quelques entorses au sacro-saint principe de
souveraineté des États en participant à des actions de lutte contre la prolifération nucléaire, des opérations de
maintien de la paix – auxquelles elle contribue à hauteur de 2000 hommes. Elle a même entériné l’opération
conduite en Libye au nom de la « responsabilité de protéger ».
Enfin, le lancement en 2008 des sommets du G20, où la Chine occupe une place centrale, a été perçu comme une
reconnaissance de son poids dans le système financier mondial. Au total une posture d’intégration de la Chine
dans le système international l’emporte sur l’isolement ou le « révisionnisme » vis-à-vis des « règles du jeu ». La
Chine, résume le politologue chinois Xinbo Wu, « comprend que le meilleur moyen de défendre ses intérêts est de
se faire entendre dans le processus d’élaboration des règles ».
Pour Zbigniew Brzezinski, la Chine est sur une trajectoire d’assimilation dans le système international, préférée à
une posture de confrontation. Celle-ci serait pénalisante pour une nation vouée à rester longtemps encore dans
une phase de développement, sans espoir de disputer aux États-Unis leur suprématie militaire et d’une vulnérabilité
sans remède quant à ses approvisionnements maritimes. « Il est peu probable que la Chine s’estime prête à mettre
en cause la hiérarchie existante de l’ordre international », écrit l’ancien conseiller du président Carter, « les
dirigeants chinois se montrent rationnels, calculateurs et conscients non seulement de l’ascension de la Chine,
mais aussi de sa faiblesse persistance [...] »
Pierre Buhler, La puissance au XXIe siècle. Les nouvelles définitions du monde, CNRS éditions, 2011, pages
340-341
74. Sylvie Kauffmann, « Le prochain Steve Jobs sera-t-il chinois ? »
[…] Partie des Etats-Unis, la révolution numérique s'est propagée dans le monde entier et, aujourd'hui, les
puissances émergentes se veulent à leur tour foyers d'innovation. « Il n'y aura pas d'autre Steve Jobs »,
commentait tristement, après l'annonce de sa mort, Fred Anderson, qui fut à ses côtés le directeur financier
d'Apple. Peut-être faut-il poser la question autrement : le prochain Steve Jobs sera-t-il américain ?
[…] La Chine, ne se satisfait plus d'être l'atelier du monde, elle veut aussi en être le laboratoire. […] Trois prix
Nobel scientifiques (physique, chimie et médecine) ont été attribués cette semaine à sept lauréats. Tous les sept
sont occidentaux. La Chine en rêve, mais elle ne compte encore aucun prix Nobel, hormis ceux attribués à des
Chinois émigrés en Occident.
La dernière livraison du tableau de bord que publie régulièrement l'OCDE sur l'industrie, la science et la
technologie montre que les Etats-Unis conservent une très large avance dans le domaine de l'innovation et de la
science, en termes d'investissement, de taille et de portée. En 2009, ils ont consacré près de 400 milliards de
dollars à la recherche, soit 2,7 % de leur PIB, loin devant la Chine, certes arrivée en deuxième position (si l'on
excepte l'Union européenne), mais avec 154 milliards et 1,7 % de son PIB. Si l'on s'en tient aux classements
d'universités, aux travaux publiés dans les revues académiques et au nombre de brevets, les pays occidentaux
gardent aussi une confortable avance. Cela ne doit pas les aveugler : une étude de Thomson Reuters prévoit
qu'en 2011 la Chine dépassera les Etats-Unis et le Japon en le nombre de brevets déposés. Dans certains
secteurs, comme la génétique et la recherche pharmaceutique, les Chinois sont très en pointe. Aucun horizon ne
saurait les arrêter : ils s'aventurent dans l'espace et viennent d'installer une base d'exploration au pôle Sud.
Pour autant, la Chine n'a pas réussi à reproduire les recettes du prodigieux succès de la Silicon Valley - la
coïncidence, sur le même site, de la matière grise, du capital et de l'industrie - ni la richesse que constitue, aux
Etats-Unis, le tissu de foyers d'innovation plus petits, géographiquement diversifiés, de la Côte ouest à la Côte
est. Surtout, l'innovation est aussi une culture, une philosophie. Elle ne donne sa pleine mesure que dans un
climat de libre compétition, de libre circulation des idées, de libre confrontation de points de vue opposés. Ce n'est
pas ce climat-là qui règne aujourd'hui en Chine, et c'est sans doute pour cela que le prochain Steve Jobs ne sera
pas chinois. […]
Source : Le Monde, lundi 10 octobre 2011, p. 16