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1
MEMOIRE	DE	RECHERCHE	APPLIQUEE	
	
	
	
Présenté	et	soutenu	par	
Pierre	GARCIA		
	
Septembre	2014	
	
QUELS	RESEAUX	SOCIAUX	POUR	LA	PROMOTION	D’ARTISTE	?	
	
MASTER	«	Web	Community	Manager	et	Réseaux	Sociaux	»	
Nom	de	l’entreprise	:	SIEN	
Tuteur	de	stage	:	Julien	BLAS	
Directeur	de	mémoire	:	Alain	TURBY
2
Remerciements
Je tiens tous particulièrement à remercier les artistes Dj et Beatmakers pour m’avoir accorder
de leurs temps pour répondre à mon enquête et ainsi concrétiser l’élaboration de ce mémoire.
Ils reflètent tout simplement les précurseurs de la promotion indépendante d’artistes musicaux
sur les réseaux sociaux.
Enfin je remercie Monsieur Turby pour son soutien et le temps qu’il m’a accordé durant sa
reconversion politique.
3
Partie 1 : La découverte musicale toujours plus sociales…………………………………..5
Introduction ................................................................................................................................4	
1.	 Chiffres et tendances ...........................................................................................................7	
	 Le streaming, un revenu durable...................................................................................8	1.1
	 La monétisation de la musique au format vidéo..........................................................11	1.2
	 L’avènement du Smartphone dans la découverte musicale.........................................13	1.3
	 Les droits d’auteur de la musique numérique, une source de conflit..........................15	1.4
2	 Les artistes sur les réseaux sociaux....................................................................................16	
	 Daft Punk : Une campagne physique dans le monde numérique................................16	2.1
	 Dj Avicii : Construire sa base fan sur les médias sociaux...........................................18	2.2
	 Hunter Hayes : L’orchestre YouTube .........................................................................19	2.3
	 Tommy Torres exploite la puissance de twitter ..........................................................20	2.4
3	 Les marques : créatrice d’expériences et de valeurs sur les réseaux sociaux.....................21	
	 Les leviers d’engagement les plus utilisés ..................................................................21	3.1
	 Heineken : Green Room Session 2013........................................................................22	3.2
3.2.1	 Les leviers d’engagement de Heineken................................................................22	
3.2.2	 Animations Facebook...........................................................................................23	
3.2.3	 Chiffres.................................................................................................................26	
3.2.4	 Partenariats...........................................................................................................26	
3.2.5	 Exemples de campagnes.......................................................................................27	
3.2.6	 Analyse.................................................................................................................28	
	 Red Bull : Red Bull Music Academy..........................................................................28	3.3
3.3.1	 Les leviers d’engagements de Red Bull ...............................................................29	
3.3.2	 Création de contenu original ................................................................................29	
3.3.3	 Chiffres.................................................................................................................30	
3.3.4	 Analyse.................................................................................................................31	
	 SFR Live Concerts ......................................................................................................31	3.4
3.4.1	 Les leviers d’engagement de SFR........................................................................32	
3.4.2	 Du Live musical innovant ....................................................................................33	
3.4.3	 Animations Facebook...........................................................................................33	
3.4.4	 Analyse.................................................................................................................35	
4	 L’artiste et sa vision des réseaux sociaux...........................................................................36	
	 Hypothèse centrale et sous-hypothèses.......................................................................364.1
Partie 2 : Etude quantitative………………………………………………………………..37
1	 Méthodologie employée.....................................................................................................38	
	 Choix de l’étude ..........................................................................................................38	1.1
	 Objectif de l’entretien..................................................................................................38	1.2
	 Réalisation du questionnaire .......................................................................................38	1.3
2	 Présentation des artistes interrogés.....................................................................................39	
	 Twinsmatic..................................................................................................................39	2.1
	 Bambz..........................................................................................................................40	2.2
	 Dj Supa........................................................................................................................41	2.3
	 Dj A-S T R V Y T .......................................................................................................42	2.4
3	 Interprétation des résultats..................................................................................................43	
	 Croisement des données..............................................................................................43	3.1
	 Les limites de l’étude ..................................................................................................44	3.2
	 Pistes de développement .............................................................................................45	3.3
4	 Conclusion..........................................................................................................................46	
Webographie ............................................................................................................................47	
Annexe......................................................................................................................................48
4
Introduction
La promotion musicale est une passion que j’entretiens depuis des années.
J’accompagne un groupe de DJ & Beatmakers depuis maintenant 4 ans et je suis confronté
aux réalités concernant la promotion d’artistes indépendants. Conscient du potentiel de
diffusion des réseaux sociaux, le sujet traite des leviers d’engagement à activer sur les
différentes plates-formes sociales disponibles.
À l’ère numérique, la musique en ligne est devenue un des axes majeurs de développement de
l’industrie musicale. Les services comme Deezer, Spotify, YouTube, SoundCloud ont su
innover pour améliorer l’expérience « utilisateur » de manière considérable : intégration aux
réseaux sociaux, recommandations ciblées, live streaming ... On comprend dès lors le succès
de telles plateformes. Selon une récente étude Ipsos MediaCT, deux tiers des internautes entre
16 et 64 ans ont utilisé un service de musique en ligne ces six derniers mois.
En effet, d’un côté comme de l’autre, réseaux sociaux et services de musique semblent
trouver un grand intérêt à travailler ensemble. Pour les musiciens, Facebook et Twitter sont
des bons moyens d’atteindre directement leurs fans. Ces plateformes sont devenues décisives
pour les labels afin d’encourager la découverte et la promotion de leurs artistes : 26 % des
revenus du secteur investis dans le marketing dit de « social media » soit 4,5 milliards de
dollars dans le monde. Ainsi la problématique dégagée est la suivante :
Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artiste ?
Les artistes à vocation internationale et les grandes marques constituent ensemble un
potentiel financier fort ainsi qu’une notoriété de masse ouvrant des champs d’action presque
infinies sur les médias sociaux.
Les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui, sans contact dans le milieu de
l’édition ou de la production musicale, leurs seule chance de vivre de la musique est de
construire une « base fan » qualifiée pour être visible. Les réseaux sociaux leur permettent de
le réaliser sans dépense. La limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une
augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile.
On a pu soulever un constat : les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété
pour les indépendants. On en a déduit une sous-hypothèse : les indépendants doivent
construire une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour
des marques qui investissent sur le marché.
Afin de répondre aux hypothèses émises, des artistes indépendants confrontés directement aux
réseaux sociaux ont été interrogés.
Pour obtenir des informations pertinentes, ont été interviewé deux catégories d’artistes très
convoités sur les réseaux sociaux : des DJs ainsi que des Beatmakers.
Ils sont pour certains des amis proches et pour d’autres des connaissances. Ils connaissent
parfaitement les processus de communication sur les médias sociaux et sont par conséquent
ouverts pour les partager autour d’un raisonnement construit.
5
Ainsi ils ont été interrogés sous la forme d’un entretien semi-directif. Je ne suis intervenu que
pour aiguiller l’enquêté à développer ses pensées ou relancer la conversation.
La première partie de l’entretien est une approche logique concernant la situation de l’artiste.
En effet il est primordiale avant toute entrée dans le détail de cerner son environnement
musicale, son expérience dans le secteur, quelle activité il exerce et enfin comprendre ses
motivations.
Dans une deuxième partie, on se concentre sur l’avis de l’artiste à propos de l’efficacité des
réseaux sociaux dans la réalisation de ses objectifs. Cela passe par des questions autour de sa
capacité à utiliser les leviers d’engagement des médias sociaux, et de son choix d’image par
rapport à la concurrence.
Dans une troisième partie, on s’intéresse aux relations qu’ont pu nouer les artistes avec des
marques. Comprendre quel a été l’échange de procédé. La marque s’est-elle engagée sur le
long terme avec l’artiste ?
Enfin, l’enquête converge sur les difficultés qu’ont pu rencontrer les artistes sur les médias
sociaux et appréhender leur vision de l’avenir.
6
PARTIE 1 – LA DECOUVERTE MUSICALE TOUJOURS PLUS
SOCIALE
7
1. Chiffres et tendances
L’industrie de la musique continue de se développer sur de nouveaux marchés, créer de
nouveaux modèles d’affaires et attire davantage d'utilisateurs et de services de musique
numériques pour présenter des artistes à un public plus large.
Selon le rapport 2014 de la Fédération internationale de l'Industrie Phonographique, les
revenus numériques de l'industrie musicale ont augmenté de 4,3 % en 2013 avec un total de
5,9 milliards de dollars. Depuis 2011 on relevait déjà une forte croissance des revenus et du
nombre d'utilisateurs des services d’abonnement en ligne. Aujourd’hui, la croissance continue
avec les services financés par la publicité ainsi que les revenus stables de téléchargement
légal. Globalement, le numérique représente désormais 39 % du total des revenus mondiaux
de l'industrie musicale et dans trois des 10 premiers marchés du monde, les chaînes
numériques représentent la majorité du chiffre d’affaires.
Dans l’ensemble, les revenus de la musique enregistrés ont augmenté en Europe et en
Amérique latine et continuent de se stabiliser aux Etats-Unis. Cependant, les ventes de
musique à l'échelle mondiale, ont été fortement touchées par une forte baisse de 16,7 % au
Japon, deuxième plus grand marché du monde. Les recettes mondiales de musique ont baissé
de 0,1% en 2014.
Figure 1 : Revenus numériques de l’industrie de la musique 2008 – 2013
© IFPI
8
Le streaming, un revenu durable1.1
Les services de streaming par abonnement, font partie d'un mélange de plus en plus
diversifié de sources de revenus, ils rencontrent un succès fort. D’après l’IFPI les revenus
provenant des services d'abonnement de musique, y compris le « free-to-consumer » et le
« paid-for-tiers » qui permet au consommateur de payer pour obtenir un niveau de service
supplémentaire, ont augmenté de 51,3% en 2013. Ils dépassent pour la première fois la
barrière du milliard de dollars.
Certaines marques mondiales telles que Deezer et Spotify récoltent les fruits de leur
expansion géographique, tandis que les services régionaux tels que Rdio, KKBOX et WiMP
continuent d'attirer de nouveaux utilisateurs. De nouveaux arrivants, comme Beats Musique et
YouTube ont annoncé leur intention de lancer des services d'abonnement au début 2014. Le
modèle de l'abonnement génère de plus en plus de paiement par les consommateurs, dont
beaucoup semblent être passés des services de piratage informatique à un environnement de
musique sous licence qui paie les artistes et les détenteurs de droits. Le nombre d’abonnés
optant pour la souscription de services est passé à 28 millions en 2013, contre seulement 8
millions en 2010.
Les revenus des services de streaming financés par la publicité, tels que YouTube et Vevo,
sont également en hausse de 17,6% en 2013. Les revenus de vidéo musique ont
particulièrement augmenté dès que YouTube a étendu la monétisation des vidéos en ligne à
plus de 50 pays, en ajoutant 13 territoires en 2013. Vevo a enregistré de bons résultats,
atteignant 5,5 milliards de vues mensuelles en décembre 2013, une augmentation d'année en
année de 46%. La firme continue d’attirer 243 millions de visiteurs uniques dans le monde
entier.
Figure 2 : Les acteurs majeurs de l’abonnement musicale en ligne
© Digital Music Report 2014
Les maisons de disques se sont adaptées à un modèle de plus en plus basé sur l'accès à la
musique, et pas seulement la propriété. L'industrie tire maintenant 27% de ses revenus
numériques de souscription et de services de streaming financés par la publicité contre 14%
en 2011.
Cependant le modèle de téléchargement numérique reste une source de revenus clé. Les
téléchargements représentent encore substantiellement les deux tiers des revenus numériques
et aident à propulser la croissance numérique dans certains marchés en développement tels
que l'Afrique du Sud, Hong Kong, les Philippines et la Slovaquie. Les téléchargements ont
9
connu une légère baisse de valeur à l'échelle mondiale, bien que les ventes d'albums
numériques restent sur une courbe ascendante et que les consommateurs montrent toujours
une forte demande de possession du bien musical. Les revenus provenant du téléchargement à
l'échelle mondiale ont légèrement diminué de 2,1%, la baisse étant compensée par des
augmentations en abonnement streaming.
Les revenus provenant des droits de diffusion ont connu une forte croissance avec les stations
de radio Internet... Les revenus provenant des offres de synchronisation quand la musique est
placée dans des publicités, des films ou des émissions de télévision, a diminué de 3,4% en
2013, et représente désormais 2,1% du chiffre d'affaires total de l'industrie musicale.
Malgré la transition globale vers le numérique, les ventes de musique physique représentent
toujours une part importante du chiffre d'affaires de l'industrie musicale dans de nombreux
grands marchés. Les formats physiques (albums) représentent plus de la moitié de l'ensemble
des revenus mondiaux. Bien que la valeur globale des ventes physiques ait diminuée de
11,7% en 2013, les principaux marchés, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni et les Etats-
Unis ont vu un ralentissement du taux de déclin des ventes physiques. Les ventes physiques
de la France ont augmenté de 0,8%, aidées par un boom local du répertoire musical français
avec Stromae.
Alors que les ventes de vinyle ne représentent qu'une petite fraction de l'ensemble des revenus
de l’industrie, ils marquent une augmentation ces dernières années dans certains marchés clés.
Aux États-Unis, selon Nielsen Soundscan, les ventes de vinyles ont augmenté de 32% en
2013, et comme en témoigne BPI, elles ont augmenté de 101% au Royaume-Unis en 2013.
Figure 3 : % d'internautes utilisant les services abonnements de musique / de téléchargement
dans les 6 derniers mois
© Ipsos MediaCT
10
Attirer les consommateurs vers des services sous licence
L'une des caractéristiques clés de la musique numérique d’aujourd’hui est le niveau
élevé de sensibilisation des consommateurs et l'engagement dans les services numériques. Les
maisons de disques ont mis sous licence une gamme diversifiée de services afin de répondre
avec succès aux différentes préférences des consommateurs. Ceci est illustré dans l’étude
menée par Ipsos MediaCT dans dix principaux marchés de la musique.
Dans sa deuxième année, l’étude montre que 61% des utilisateurs d'Internet âgés de 16-64 ans
sont engagés dans une activité de musique numérique légale dans les six derniers mois. Parmi
les jeunes consommateurs (16-24 ans), ce chiffre est supérieur à 77%. Ipsos MediaCT montre
également que la satisfaction des consommateurs avec des services numériques reste élevée.
Les trois quarts des clients de services autorisés décrivent le niveau de service comme
« excellent », « très bon » ou « bon ». La majorité de ceux qui utilise les services non
autorisés (56%) reconnaisse : « il y’a de bons services disponibles pour accéder légalement à
de la musique numérique ».
Les résultats indiquent également une série de raisons pour lesquelles les consommateurs
choisissent différents services, et quelles sont les qualités de ces services qu'ils apprécient le
plus :
• 41% des gens choisissent principalement des services de souscription pour découvrir
de nouvelles musiques,
• 39% disent qu'ils offrent un « environnement légitime »,
• 37% apprécient surtout la capacité d'écouter sans avoir à acheter chaque chanson.
Les principales raisons des choix de services de téléchargement sont :
• 46% la sécurité /facilité de paiement,
• 41% pour la valeur de la garantie de la légalité,
• 39% la « confiance » dans l’entreprise.
L'étude montre également que la grande majorité des consommateurs sont au courant de la
disponibilité de services autorisés et l'éventail des choix disponibles. Le graphique ci-dessous
(page 11) compare les niveaux de sensibilisation dans les 10 marchés sélectionnés et
interrogés par Ipsos MediaCT (il faut tenir compte du fait que les services ne sont pas lancés
dans tous les marchés).
11
Figure 4 : Connaissance des services sous licences par les consommateurs
© Ipsos MediaCT
La monétisation de la musique au format vidéo1.2
Les maisons de disques ont réalisé une avancée considérable dans la musique-vidéo,
notamment aidée par la résolution des problèmes de droits d'édition qui, jusqu'à présent
retardaient la monétisation de la musique-vidéo dans certains marchés clés. YouTube, le
service de musique le plus utilisé dans le monde, est maintenant autorisé et monétisé dans
pratiquement tous les pays avec 12 marchés ajoutés en 2013, dont la Suède, la Corée du Sud
et le Chili. YouTube est la plus grande plaque tournante d’accès à la musique-vidéo à l'échelle
internationale, avec un milliard d'utilisateurs à travers le monde.
L'amélioration de la gestion des « user generated content »1
(UGC) aident les titulaires de
droits à développer des revenus à partir de YouTube et d'autres plates-formes sous licence.
1
Un ensemble de médias dont le contenu est principalement, soit produit soit directement
influencé par les utilisateurs finaux. Il est opposé au contenu traditionnel produit, vendu ou
diffusé par les entreprises de média traditionnelles.
12
Le système de « ContentID » 2
de Google a rendu plus facile pour les détenteurs de droits de
faire la différence entre les types de vidéo (officielles et non officielles), ce qui permet la
diffusion en continu de contenus générés par l'utilisateur non officiel pouvant être
immatriculés et monétisés, plutôt que d’être supprimés pour violation de droit d’auteur.
L'outil de « TrueView »3
de YouTube pour la publicité a également un impact positif sur la
monétisation de musique-vidéo. Selon YouTube, les revenus générés par les UGC sur sa
plateforme ont maintenant dépassé ceux générés par les vidéos officielles.
Ceci s’illustre bien avec le film de Steve Kardynal, le comédien barbu habillé en femme qui
parodie Carly Rae Jepsen et son titre planétaire « Call Me Maybe », qui suscite des réactions
de fou rire et d'horreur venant des utilisateurs du service de webcam & chat : « Chatroulette ».
Depuis, deux vidéos musicales originales ont été enregistrées, leurs millions de vues ont
permis aux titulaires de droits d’être rémunérés.
YouTube, fut jusqu'à présent un service exclusivement financé par la publicité. Il prévoit
aujourd’hui ce que beaucoup considèrent comme un mouvement très important dans la
souscription payante : l’ouverture d’un service premium, qui offrira une expérience de valeur
plus élevée pour les utilisateurs de YouTube, Le plan a été annoncé mi 2013 avec un
lancement prévu en 2014.
Vevo a également fait des développements importants de son service en 2013 avec un
lancement en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne. Le service est maintenant disponible
dans 13 pays. Vevo a également lancé une chaîne numérique avec des vidéos en avant-
premières, des concerts et des spectacles originaux classés par thème musical. D'abord aux
États-Unis et au Canada, Vevo TV sera par la suite déployé sur plusieurs autres territoires en
2014.
Figure 5 : Evolution de la présence de Vevo à l’international
2
Les vidéos mises en ligne sur YouTube sont comparées à une base de données de fichiers
fournis par les propriétaires de contenu. Ce sont eux qui décident de la procédure à suivre
lorsqu'une correspondance est établie entre une vidéo mise en ligne sur YouTube et leur
propre contenu.
3
Les internautes choisissent de visionner les publicités qui leur conviennent.
© Digital Music Report 2014
13
L’avènement du Smartphone dans la découverte musicale1.3
L’industrie de la musique poursuit sa transformation numérique grâce à l’expansion
vers de nouveaux marchés avec des nouveaux modèles d’accès sur tous les continents. Les
maisons de disques ont su délivrer avec succès la musique à travers les chaînes numériques,
élargir le monde de la musique sous licence et enfin innover pour amener ses artistes vers un
public mondial. La musique a su ouvrir la voie à d’autres industries créatives comme par
exemple les livres, les films et la télévision. Une bonne façon de monétiser son produit de
base.
Le passage au mobile marque la base d’un développement où la consommation mondiale de
musique est passée rapidement d’une expérience fixe sur ordinateur vers la consommation
sans fil sur les Smartphones et tablettes. En effet le boom des Smartphones est une occasion
sans précédent pour l’industrie de la musique. A la fin 2012, seulement 12,9% des appareils
mobiles à travers le monde sont des Smartphone. Selon Portio Research Factbook4
, les
prévisions du taux d’équipement de Smartphone dans le monde devraient atteindre 36,2% en
2016. Ainsi il existe un énorme potentiel d’augmentation de la portée des services de musique
sur Smartphone. Comme en témoigne Ole Obermann, vice-président exécutif du
développement numérique de partenaires à Sony Music Entertainement : « Nous prévoyons 2
milliards de clients potentiels d’ici 2016 ».
D’après BOYE Maïa auteur de l’article « La découverte musicale, toujours plus sociale »
pour la revue Ina Global, les maisons de disques misent sur la puissance des Smartphones
avec une nouvelle génération de partenariats. Par exemple, Warner Music a signé un accord
avec Shazam5
pour stimuler son marketing et sa découverte de nouveaux artistes. La maison
de disques a récemment lancé le single de Linkin Park « Guilty All The Same »
exclusivement sur Shazam, pour stimuler son marketing et sa découverte de nouveaux
artistes. La maison de disques a récemment lancé le single de Linkin Park « Guilty All The
Same » exclusivement sur Shazam, ciblant les utilisateurs qui ont déjà « shazamé » le groupe.
Le dispositif vise à envoyer en avant-première une notification de la sortie du single avec un
lien de téléchargement de la piste. De plus, tous ceux qui utiliseront Shazam le jour de la
sortie du single recevront un lien d’écoute vers la piste.
La concurrence accrue entre les plateformes Android et Apple iOS a ouvert le marché et
élargi le choix des consommateurs. Les services de diffusion en continu sont en plein essor,
en particulier sur les appareils Android. Selon Stephen Bryan, vice-président exécutif en
stratégie numérique et développement des affaires à Warner Music Group : « Android a créé
un certain nombre de nouvelles possibilités pour nous afin d’atteindre les consommateurs qui
se tournent vers le Cloud ». L’éco-système Android offre un grand nombre de services de très
haute qualité.
4
Portio Research Ltd est un institut de recherche indépendant. Il fournit des rapports sur
l'industrie du mobile et du sans fil.
5
Shazam est une application mobile gratuite de reconnaissance musicale.
14
Il y a quelques années le volume de titre était le principal champ de bataille entre les services
numériques. Aujourd’hui, les principaux services offrent jusqu’à 37 millions de titres, ainsi la
concurrence a migré vers la recommandation et la découverte musicale. Les amateurs de
musique aiment découvrir de nouvelles musiques, et les services dédiés doivent être des
experts de la recommandation musicale. Les Smartphones sont désormais l’outil d’accès
principal à internet pour beaucoup de gens, Spotify a récemment introduit un volet mobile
gratuit qui vise à encourager d’avantage les utilisateurs à s’engager et à s’abonner au service
Premium payant. Une nouvelle fonctionnalité « Discover » propose des recommandations
améliorées ainsi que des playlists. Spotify a également introduit des pages éditoriales
« Parcourir » qui propose des playlists en fonction de l’humeur des consommateurs, le genre
musicale ou la date de sortie. Aujourd’hui Spotify est entré dans 38 nouveaux marchés en
2013 dont l’Argentine, Hong Kong, la Malaisie, le Mexique, Singapour et Taiwan, ainsi que
les pays d’Europe de l’Est. Le service est maintenant en ligne dans 55 marchés et dispose
d’une base de 6 millions d’abonnés payants.
Déjà présent dans plus de 180 territoires, Deezer a 5 millions d’abonnés payants, 12 millions
d’utilisateurs uniques actifs et des partenariats avec des opérateurs mobiles dans 31 territoires.
Selon Axel Dauchez PDG de Deezer « Être un jukebox répond aux besoins à court terme.
Mais dans le long terme, vous n’obtiendrez pas de différenciation par rapport à votre
concurrent ou même la piraterie. Si vous voulez réussir, aidez les gens à construire leur propre
identité musicale par le contrôle du processus de découverte. »
Google Play Music All Access est le service d’abonnement qui a connu la plus forte
croissance en 2013. Google Play Music est structuré autour de 3 composantes : le magasin
« Music Play » (téléchargement à la carte), le « Scan & Match » (le service de Google scanne
l'ordinateur d'un utilisateur, et lui donne accès en ligne a ses chansons. Si les morceaux ne
peuvent pas être trouvés, ils sont téléchargés sur le compte en ligne de l'utilisateur) et le « All
Access » (abonnement). Comme en témoigne Zahavah Levine, directeur des partenariats
mondiaux de musique pour Android : « La rapidité de navigation et de chargement du
système d’exploitation du Smartphone de Google a fortement contribué au succès de Google
Play car il offre un accès facile et rapide à une énorme bibliothèque musicale mondiale. »
© Digital Music Report 2014
Figure 6 :
Les points forts des principales plateformes de
streaming musicale
15
Les droits d’auteur de la musique numérique, une source de conflit1.4
D’après Laurent Rigoulet et Hugo Cassavetti pour Télérama, il existe un sérieux conflit
qui oppose artistes et plates-formes de streaming. Selon le chanteur des Talking Heads David
Byrne : « Internet va vider le monde de toute création artistique ». La raison principale d’une
telle vision réside dans les faibles revenus que tirent les musiciens de la diffusion en
streaming (quelques centimes par morceau lu). De plus les musiciens dénoncent que les trois
quarts des recettes obtenues par les géants du streaming sont redistribués avant tout aux
maisons de disques. Les majors rentrant principalement dans le capital des grandes sociétés
du streaming.
Les sites de streaming tentent de faire front aux critiques négatives très répandues parmi les
artistes. Dave Allen le bassiste britannique fondateur du label World Domination Recordings
dans son interview avec Beats Music délivre sa vision à long terme du phénomène : « Nous
n'avons plus le contrôle sur les habitudes des amateurs de musique. Ils ne veulent plus
acheter, mais éventuellement louer. Nous sommes obligés de les suivre et de nous adapter. Et
nous devons changer d'échelle, multiplier le nombre de personnes prêtes à s'acquitter d'un
forfait pour renforcer le développement d'une nouvelle industrie musicale. »
Pour résumer, les consommations évoluent et il faut s’y adapter. Certains annoncent la fin des
jeunes artistes et de nouveaux groupes dans un océan de titres disponibles en un clic. Un
modèle économique avec des partenariats de plus en plus nombreux avec les marques et les
opérateurs de téléphonie pour parvenir à faire survivre quelques acteurs majeurs, en bref,
créer une situation de monopole minant les artistes.
D’autres artistes parlent d’accompagnement de l’évolution et comprennent que leurs œuvres
ne constituent qu’une étape dans le processus de fidélisation de leur public. Comme en
témoigne Disiz, le rappeur membre du label Def Jam : « Je suis pragmatique : aujourd'hui,
pour gagner sa vie, il faut donner plus de concerts et accepter de faire le mannequin pour des
marques. Pas de problème, si ça me permet de m'exprimer librement et de garder mon cap. »
En parallèle, le parlement européen vient de valider, le 4 février 2014, une loi visant à faciliter
la gestion des droits d’auteur sur Internet pour permettre aux usagers d’accéder à la musique
dans différents pays européens. Marielle Gallo, eurodéputée de centre-droit ajoute : « Les
nouvelles règles bénéficieront avant tout à nos créateurs, nos artistes, qui seront rémunérés
plus rapidement et pourront exercer un contrôle sur les sommes provenant de l’exploitation de
leurs œuvres. La directive aura également un impact très positif sur le marché unique du
numérique. Nous offrons la possibilité aux fournisseurs de services en ligne, comme Spotify,
de proposer de nouveaux services dans toute l’Europe. » Un accès simple et destiné à un
public plus large pourrait permettre à des maisons d’édition de plus petite taille de pénétrer le
marché.
16
2 Les artistes sur les réseaux sociaux
Si les sites de streaming et l’avènement du Smartphone présente un avenir durable, le
téléchargement légal reste la source principale de revenus sur le marché. Comme on l’a vu
précédemment, les acteurs de la distribution musicale ne se concentrent plus sur l’abondance
de leurs bibliothèques numériques mais sur le processus de découverte musicale. Ainsi les
réseaux sociaux viennent jouer un rôle primordial dans le comportement d’achat des
consommateurs. En effet qui n’a pas déjà cliqué sur une piste écoutée par un ami ?
Avant d’aborder les sujets concernant les « bases fan », la gestion d’une campagne de
communication sur YouTube ou la combinaison des réseaux sociaux et du marketing
traditionnel, il est intéressant d’aborder un cas d’actualité, celui des Daft Punk, et notamment
la campagne de communication éblouissante qui les a poussés au-devant de la scène
internationale.
Daft Punk : Une campagne physique dans le monde numérique2.1
D’après le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, l’album des Daft Punk « Random
Access Memories » a été l’une des plus importantes sortie d’album en 2013. Le groupe a
délivré une œuvre sophistiquée et contemporaine que leur label a soutenu par une campagne
marketing innovante. John Fleckenstein, vice-président international à Sony Music
Entertainment, confie que c’est le partenariat de confiance entre la maison de disque et le
groupe qui leur a permis de créer une campagne aussi captivante que l’album lui-même.
« Dans l’été 2012, une dizaine d’entre nous a été convoqué dans un studio de Paris pour
écouter l’album et comprendre la vision et la façon dont les Daft Punk voulaient être perçus
dans le monde. »
Avec plus de 6 mois entre la première rencontre et la sortie de l’album, Sony Music a eu le
temps d’élaborer une campagne mondiale sophistiquée. « Une des clés de notre succès a été
notre capacité à communiquer la vision du projet et le pouvoir de la musique en interne. Nous
avons sondé tous les marchés clés avec le groupe et leurs managers. Nous avons évangélisé
les concepts derrière notre lancement. ». Les éléments qui ont fait du projet une campagne
unique en son genre sont tout d’abord l’identité des artistes. Ce sont deux robots qui ne
s’expriment pas en public, refusent toutes entrevues et sont dépourvus d’« e-réputation » sur
les réseaux sociaux. Ensuite ils possèdent une « base fan » qui distribue eux-mêmes la
musique et l’information. Enfin, Sony avait besoin d’être créatif sachant qu’il n’avait pas de
fonds illimités.
En réponse, Sony music pose les composantes du calendrier. Tout doit sortir simultanément
dans le monde entier. Ensuite, en accord avec la vision des Daft Punk, le label propose une
approche intéressante : chaque action doit être menée dans le monde physique mais doit se
refléter dans le monde numérique et notamment les médias sociaux. La vision de la campagne
est inspirée des Daft Punk qui entraîne leurs fans dans une volonté irrésistible de percer le
mystère des deux robots.
17
« Le projet a démarré avec une campagne d’affichage étroitement coordonnée et localisée
dans des endroits très reconnaissable à travers le monde (Londres, Tokyo, Los Angeles) pour
alimenter le sentiment du « ça se passe partout » qui suscite l’excitation parmi les fans. Le
label a lancé la diffusion d’une vidéo teaser très courte et mystérieuse utilisant un riff de Get
Lucky. Les fans ont mémorisé et partagé la vidéo de manière exponentielle. La vidéo a été
également confiée à Columbia records aux Etats-Unis en avant-première pendant les
SNL6
. Un fan a même créé une boucle audio de 10 minutes de la bande son du teaser vidéo de
« Get Lucky ».
Cette campagne internationale a également pris une tournure inattendue comme en témoigne
John Fleckenstein : « Par exemple, en Australie, notre entreprise locale a décidé de débuter la
diffusion de l’album à la foire du comté Wee Waa, qui en raison du décalage horaire est
devenu notre première diffusion. Une annonce a d’abord été diffusée dans les journaux locaux
et ensuite relayée sur internet dans une frénésie de spéculation. Beaucoup se demandait
pourquoi Les Daft Punk lançaient leur album dans une petite ville Australienne. L’intrigue a
généré des titres dans les plus gros médias TV et presse du monde entier. »
Ainsi l’album a explosé les records de précommande sur iTunes. D’après le Digital Music
Report 2014 de l’IFPI, l’album fut numéro un des ventes dans 97 iTunes Store et il bat le
record d‘écoute sur Spotify. Cette campagne est la consécration d’un travail d’équipe
parfaitement huilé entre un label et un artiste. De plus, on voit bien que la manifestation
d’événements à caractère physique pour le lancement d’un album peut être utilisée pour
motiver les fans à créer eux-mêmes une campagne numérique de l’artiste.
On observe que le travail de coordination entre les labels et les sociétés d’édition dans le
monde entier a été la colonne vertébrale de la campagne de communication. Les fans ont fait
vivre eux –même la campagne dans le temps suscitant soupçons et créations originales. Si les
fans sont le cœur du processus de diffusion alors voici ci-dessous comment DJ Avicii et son
label ont su construire leur « base fan » à travers le « Crowd Sourced Hit Song ».
6
Wikipédia : Saturday Night Live (ou SNL) est une émission de divertissement à sketchs
hebdomadaire américaine créée par Lorne Michaels. Elle est diffusée le samedi soir depuis
le 11 octobre 1975 sur NBC sous le titre original de NBC's Saturday Night.
18
Dj Avicii : Construire sa base fan sur les médias sociaux2.2
D’après Deffrennes Marine, auteur de « Musique en ligne : être et rester star à l’ère des
réseaux sociaux », Avicii est passé du petit DJ Suédois de clubs locaux à un artiste
international jouant dans les plus grands festivals du monde entier. Son secret ? Conquérir le
monde avec sa musique électronique avant-gardiste en exploitant les réseaux sociaux. C’est
Sundin, le vice-président d’Universal Music Group International du secteur région nordique
qui a découvert Avicii sur YouTube avec son titre « Bromance », la version instrumentale de
ce qui allait devenir « Seek Bromance ». Impressionné par la prestation de l’artiste et le
nombre de vues générées, Sundin prit contact avec Arash Pournouri, l’agent d’Avicii pour
signer un contrat de diffusion des œuvres de l’artiste dans toute la région nordique.
L’opération connut un succès sans précédent, et fut suivie par un second single « Fade Into
Darkness ». Face au succès de ces 2 singles (plus de 5 millions d’exemplaires vendus) Sundin
décide de propulser l’artiste sur la scène mondiale en le mettant en relation avec son réseau
mondial d’Universal Music.
En janvier 2013, ils lancent une campagne en partenariat avec Ericsson, pour créer le premier
« crowd sourced hit song ». Le principe est simple, les fans envoient des partitions de son
(ligne de basse, batterie, voix) à Avicii qui se charge d’en faire un single. Un single qu’il a
appellé « Three Million » en référence à ses 3 millions de fans Facebook. S’en suit la
promotion de l’album « True » et son single « Wake me up ». Un album dévoilé lors de la fête
de la musique à Miami en live avec une brochette d’artistes comme Aloe Black qui ont
collaboré sur l’album. Bien que les fans inconditionnels d’électro aient émis certaines
réticences face au caractère trop avant-gardiste de l’album durant l’événement, l’hostilité des
fans s’est fait ressentir sur les réseaux sociaux le lendemain. Selon Sundin : « C’est là que
nous devions tenir le coup. Nous savions que nous avions un grand album. Nous savions que
ce fut un choc pour les fans d’électro, mais nous étions convaincus que cet album propulserait
Avicii vers un autre niveau ». Une vision qui s’est avérée juste, l’album s’est retrouvé en tête
des charts dans plus de 20 pays et a été vendu à plus de 8,5 millions d’exemplaires dans le
monde entier. Le single « Wake Me Up » a connu un vif succès sur Spotify.
Comme en témoigne Sundin : « La campagne a été un tournant pour l’ensemble de l’industrie
de la musique. Avicii a bâti sa « base fan » mondiale à travers les réseaux sociaux. Nous
avons concentré nos ressources marketing sur le ciblage des moins de 30 ans, cela signifie se
concentrer beaucoup plus sur les médias sociaux. ». Sundin souligne aussi le succès des
partenariats avec les marques comme Ericsson et Ralph Lauren : « La musique est le
catalyseur des changements sociétales, elle exploite sa puissance émotionnelle. Les artistes
savent que travailler avec les marques, les aide à atteindre un public plus large. L’électro est
construit autour de collaborations de DJ, d'auteur-compositeurs et artistes et ce n’est que le
début. La collaboration est la nouvelle création. »
La campagne d’Avicii souligne que la participation des fans-auteurs, compositeurs de
musique dans le processus créatif de l’artiste s’avère être un succès. Il serait intéressant
d’analyser la possibilité d’exploiter le concept avec YouTube.
19
Hunter Hayes : L’orchestre YouTube2.3
C’est lors de la création d’une nouvelle version du single d’Hunter Hayes
« Everybody’s Got Somebody » accompagné de Jason Mraz que Warner Music
Nashville/Atlantic Records décide d’utiliser YouTube pour toucher une nouvelle audience
pour l’artiste. Estimant qu’il était possible d’atteindre la génération C7
, le label exprime sa
volonté d’étendre la portée de l’artiste vers de nouveaux publiques. Jeremy Holley, vice-
président au marketing interactif de Warner Music Nashville déclare que : « Il y’a une fausse
rumeur disant que les pays amateurs de musique ne sont pas des consommateurs numériques
avertis. Hunter et son public sont très engagés et nous avons pensé que ce serait une
excellente idée de leurs donner l’opportunité de créer ensemble. »
Le Label a donc contacté YouTube pour lui proposer une campagne attrayante. Plutôt que de
tourner un clip officiel à Nashville, Warner s’arrange pour tourner à Los Angeles, au sein du
propre espace de création de YouTube : Le YouTube Hangar. Cela a permis au label de
rassembler une brochette de « YouTube Stars » connues pour leur remix de chansons à succès
sur la plateforme, pour les inviter à jouer avec Hayes et Mraz. Les créateurs de contenu, allant
de Tyler Ward à Kina Granis ont livré leurs versions du single laissant Hayes combiner les
créations pour former un titre final prodigieux. Les parties prenantes ont ensuite été réunies
pour créer une vidéo interactive appelée le : « YouTube Orchestra ». D’après Jeremy Holley :
« Hunter et Jason se sont bien amusés, ils ont même partiellement recréé la vidéo quand ils
ont joué la chanson aux Country Music Awards. ». Une vidéo publiée avant le clip officiel :
« Cela nous a permis de susciter l’enthousiasme et les attentes autour de plusieurs versions de
la vidéo. Il nous a permis d’étendre sur un mois la durée de vie de la vidéo. Nous avons
généré un pic important de vue et d’engagement en construisant plus de familiarité autour de
la création de la piste ».
Holley témoigne d’une coopération étroite entre les labels de Warner Music Group (Warner
Music Nashville, Atlantic Records et Warner Bros Records). Il estime que les grands labels et
éditeurs sont encore au cœur de l’industrie musicale. « Nous avons des écrivains et des
artistes dans Nashville qui collaborent et ce phénomène s’étend vers d’autres musiciens de
l’éco-système. YouTube ne fait qu’ajouter de la valeur. »
C’est en diffusant à travers un clip vidéo l’ensemble des parties prenantes du projet à ses fans
que l’artiste a su attirer les foules. Une réussite catalysée par la plateforme YouTube et ses
« YouTube Stars ». Un autre réseau social vient aujourd’hui bouleverser la consommation de
musique en suscitant le débat entre les fans de l’artiste. Voici ci-dessous le cas de Tommy
Torres qui a su apporter à ses fans un sentiment d’adhésion sur Twitter.
7
Wikipédia : La génération C désigne, selon le Centre francophone d'informatisation des
organisations (CEFRIO) l'ensemble des personnes nées entre 1984 et 1996. Elle se caractérise
par le fait qu'elle a grandi avec les technologies de l'information et Internet, dont elle se sert
pour communiquer, collaborer et créer.
20
Tommy Torres exploite la puissance de Twitter2.4
D’après Virginie Berger, auteur de « Twitter pour les artistes », Tommy Torres est un
Portoricain, chanteur-compositeur qui était très respecté par ses pairs mais n’était pas encore
installé sur le marché de la musique. C’est Warner Music Group (WMG) qui a lancé l’artiste
à travers la création d’une campagne Twitter innovante.
Gaby Martinez, vice-président marketing à Warner Music Amérique latine et directeur
général de Warner Music Latina révèle que Torres a été en mesure d’exploiter Twitter pour
créer le débat autour de ses chansons, apportant un sentiment d’adhésion de ses fans : « Sa
chanson Querido, Tommy a été inspiré par un fan qui lui a écrit pour lui dire qu’il aimait sa
petite amie, mais ne trouvait pas les mots pour l’exprimer, demandant l’aide de l’artiste. Il a
lancé une campagne sur Twitter pour demander à ses fans s’il devait aider cet homme à
exprimer ses sentiments à sa petite amie. »
Ainsi selon le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, l’artiste a généré plus de 3000 interactions
dans ce débat en ligne, puis a posté sa chanson sur Twitter en avant-première. WMG a diffusé
la campagne Twitter générant une attention particulière de fans de musique. D’autres stars,
comme Ricky Martin et Alejandro Sanz ont retweeté ses messages. Gaby Martinez confie
que : « il est le reflet de ce que peut faire un artiste pour prendre le pouls de leurs fans. Les
gens sentaient qu’ils faisaient partie de l’histoire de Tommy et ressentaient un droit de
propriété sur la chanson. »
Torres a alors publié ses deux singles suivants en avant-première constatant à chaque fois une
augmentation des interactions. D’après le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, le compte
Twitter de l’artiste dispose aujourd’hui de plus de 500 000 followers. Son album « 12
historias » a fait ses débuts comme numéro un du tableau Nielsen Soudscan latine. Gaby
Martinez témoigne : « il n’est pas rare de voir des artistes latins utiliser des canaux
numériques pour eux-mêmes. Le marché de la musique latine évolue de plus en plus en terme
de génération de revenus. Aux Etats-Unis, nous voyons de jeunes artistes urbains latino
susciter beaucoup d’intérêt à travers les canaux numériques, tandis que les artistes
traditionnels latino comme Torres ont tendance à avoir plus de succès dans les ventes
physiques. Au Mexique le marché est divisé en deux avec iTunes qui se révèle être un
système efficace avec le paiement en monnaie locale. D’autres marchés, y compris Porto Rico
sont encore dominés par les ventes physiques. »
Martinez considère que les chaînes numériques sont à l’image du marché : « Oui, nous
signons des artistes urbains latino et ils influencent bien-sûr les canaux numériques mais ce
sont des artistes qui sont très vite oubliés. Le numérique reflète le marché. Alors que nous
voyons de nouvelles plates-formes arriver sur le marché, des revenus plus diversifiés
commencent à venir, notre travail est encore de dénicher les talents et de signer les meilleurs
artistes que nous pouvons. »
Pour conclure, on constate que les artistes suscitent l’engagement de leurs fans dans la
création de leur œuvre. Avec Tommy Torres qui crée le débat sur Twitter autour de ses
chansons, Hunter Hayes qui fait appel aux « YouTube Stars », en passant par DJ Avicii et sa
campagne de « crowd sourced hit song ». C’est sans compter sur les collaborations avec les
artistes et les partenariats avec les marques.
21
3 Les marques : créatrice d’expériences et de valeurs sur les réseaux
sociaux
Comme en témoigne la campagne de DJ Avicii avec Sony Ericsson pour créer le
premier « crowd sources hit song », la musique est un secteur que de nombreuses marques ne
peuvent se passer pour communiquer leurs valeurs et leurs images. D’après Romain Tarillon,
diplômé en Publicité et Social Media, certaines marques veulent simplement se calquer sur les
centres d’intérêt d’un jeune public en organisant des événements sur le court terme pendant
que d’autres vont se concentrer d’avantage sur les fans de musique en voulant créer une
véritable expérience utilisateur. Enfin des marques comme Redbull par exemple, se
positionne sur une volonté de faire évoluer la musique en obtenant la reconnaissance des
artistes eux-mêmes.
Les leviers d’engagement les plus utilisés3.1
© Havas Sports & Entertainment
Figure 7 : Les six leviers d’engagements marketing les plus utilisés par les marques de sport
et de divertissement
Afin de comprendre comment ils sont utilisés et en quoi ils sont sources de contenu
importants sur les réseaux sociaux voici quelques cas significatifs.
22
Heineken : Green Room Session 20133.2
3.2.1 Les leviers d’engagement de Heineken
Selon Irène Bastard, Marc Bourreau, Sisley Maillard et François Moreau, auteurs de « De la
visibilité à l’attention : les musiciens sur Internet », la marque brasseurs incontournable en Europe
et dans le monde entier promet d’accompagner ses fans dans leur recherche d’expériences fortes
avec un line up8
mêlant musiques actuelles et musiques électroniques. Si l’année précédente
Heineken se positionnait sur la découverte de jeunes talents à travers des concerts, évènements et
festivals partenaires, en 2013 son positionnement s’est radicalement modifié en permettant aux fans
de musique de voir sur scène des artistes d’exceptions. C’est là qu’intervient le levier sponsoring.
Avec greenroomsession.fr la marque choisis le support web pour développer sa stratégie de
contenu. En effet d’après Romain Tarillon, le site web a été conçu pour prolonger l’expérience live
et l’approfondir grâce à du contenu exclusif. Un support de diffusion très utilisé pour la découverte
musicale. La ligne éditoriale du site web est composée d’actus, de promotions, de report
d’évènements, de jeux concours et de playlists musicales.
8
Une ligne de goût
23
Enfin chaque année, Heineken noue un lien fort avec des stars de la musique actuelle. Comme en
témoigne Romain Tarillon « Heineken utilise ces partenariats pour créer du contenu exclusif,
animer ses réseaux sociaux, dynamiser son réseau de distribution et générer des retombées presses
importantes ».
3.2.2 Animations Facebook
Editoriale
Actualités sorties, Vie des artistes, Comparatifs artistes, Chronique d’albums
© Facebook Green Room Session
Figure 8 : Publication Facebook
24
Curateurs
Albums de la semaine, téléchargement, Playlists
Evénements/concours
Concours, bons plans, reporting
Figure 10 : Jeux concours Facebook du
compte Green Room Session
© Facebook Green Room Session
Figure 9 : Publication Facebook
© Facebook Green Room Session
25
Divertissement
Idées créatives, web culture
© Facebook Green Room Session
Figure 11 : Publication Facebook
26
3.2.3 Chiffres
© Romain Tarillon
Figure 12 : Nombres de followers des réseaux sociaux d’Heineken
© Romain Tarillon
Figure 13 : Evolution de la page Facebook Green Room Session Janvier – Avril 2013
Le nombre de fans a augmenté progressivement avant même l’arrivé de l’été, période propice pour
les festivals. Comme en témoigne Manuella Mengue M’Eyi, auteur de « Community Manager :
promouvoir l’artiste sur les réseaux sociaux » c’est son partenariat avec le label Ed Banger qui a
propulsé Heineken vers du contenu plus qualitatif et adapté au grand public.
3.2.4 Partenariats
Romain Tarillon nous indique que Heineken est partenaire de tous les plus gros évènements de
musiques actuelles et musiques électroniques françaises. La marque touche la majeure partie des
fans de musique via sa scène et ses activations in-site.
27
© Romain Tarillon
Figure 14 : Les partenariats d’Heineken
3.2.5 Exemples de campagnes
Partenariat ED BANGER
Pour fêter ses 140 ans, Heineken a noué un partenariat avec le label de musique électronique
français qui célébrait son 10ème
anniversaire. Romain Tarillon constate l’intégration de l’univers du
label dans celui de la marque :
• Partenaire exclusif de la soirée d’anniversaire,
• Bouteille en édition limitée désignée par SoMe (graphiste label),
• Coffret en édition limitée chez Colette avec la bouteille « une enceinte sans fil Lowdi »,
• Création d’un espace web retraçant l’histoire du label.
28
Green Bus Tour
C’est une campagne de recrutement sur Facebook. Le principe : faire gagner à une personne et cinq
de ses amis, 3 jours de musique et de live sur le festival de son choix. La marque a lancé en 2011
une série de vidéos interactives pour diffuser l’opération. Les fans de la page GreenRoom pouvait
participer sur Facebook en choisissant leurs amis à condition de partager l’opération.
3.2.6 Analyse
D’après Romain Tarillon Heineken a choisi de créer une marque annexe : « GREEN ROOM » pour
se lancer dans le marché du sponsoring musical. C’est une marque qui a su asseoir son
indépendance en se positionnant comme le partenaire des musiques actuelles et de ses évènements.
Heineken a réussi à diversifier son activité d’origine pour devenir un media référent sur les
musiques actuelles et électroniques. Son contenu éditorial et ses jeux concours sur les réseaux
sociaux sont en adéquation avec les attentes de sa cible hyper-connectée et friande d’actualités, de
bon plans et d’exclusivités lorsqu’il s’agit de leur passion.
Ses partenariats choisis selon les goûts musicaux de sa communauté, témoignent d’une démarche
donnant à la marque une crédibilité pour continuer à dominer le territoire de la musique.
Red Bull : Red Bull Music Academy3.3
D’après Redbull.fr, c’est depuis la première édition en 1999, que la Redbull Academy s’est
installée dans quelques-unes des plus grandes capitales musicales du monde : Berlin, New York,
Sao Paulo, Londres, Madrid, Cape Town… C’est dans une dynamique de partage d’une passion
commune à chaque artiste, la musique, que la marque propose à travers de nombreux ateliers et
autres festivals, une plateforme aux artistes de demain afin qu’ils puissent exprimer leurs talents et
apprendre les uns des autres.
29
3.3.1 Les leviers d’engagements de Red Bull
Présent sur de nombreux événements type clubbing et festivals, RedBull tient à faire valoir son
positionnement de partenaire mondial de la culture musicale généraliste et avant-gardiste.
La Redbull Academy organise chaque année son événement dans une ville différente pour la
transformer en place mondiale de la création musicale. Les artistes jouent ensemble dans plusieurs
lieux connus de la ville.
La marque dispose d’une radio : « Redbull Radio » assurant la diffusion de ses artistes et autres
artistes avant-gardistes. Enfin elle dispose d’un magazine physique et web avec de nombreuses
interviews, galeries photos, web séries, report d’événements…
3.3.2 Création de contenu original
Le compte Facebook « Red Bull Music Academy » centralise l’ensemble des contenus photos,
vidéos, éditoriaux crées par la marque. Comme en témoigne Matthias Riquier « Musique et réseaux
sociaux : et maintenant ? », fidèle à ses principes, la marque produit du contenu différenciant. Par
exemple elle a lancé la web série HASHTAGS, programme centré sur la création musicale issue
d’internet. Du contenu qui a bénéficié d’un très bon taux d’engagement permettant à sa page
Facebook de d’augmenter sa portée organique.
30
© Romain Tarillon
Figure 15 : Publications Facebook RBMA
3.3.3 Chiffres
© Romain Tarillon
Figure 16 : Nombre de followers des réseaux sociaux RBMA
© Romain Tarillon
Figure 17 : Nombre de personnes parlant de la RBMA
31
© Romain Tarillon
Figure 18 : Evolution de la page Facebook RBMA Octobre 2012 – Avril 2013
Les chiffres confirment le très bon taux d’engagement de la page Facebook de la marque suite à la
création de ses contenus originaux avec une croissance de 80 000 nouveaux fans en 3 mois. Période
durant laquelle la websérie « Hashtag » soutenue par de l’achat média a été diffusée.
3.3.4 Analyse
Selon Romain Tarillon, RedBull s’est très bien implanté en tant que partenaire de confiance sur le
marché musical. En effet la marque veut repousser les limites de la création musicale.
Si SFR a bien compris que la musique se renouvelle chaque année c’est en s’associant à des artistes
confirmés et avant-gardistes qu’elle agit en catalyseur et participe activement à la pérennité de la
musique. Redbull investit massivement sur ses contenus vidéo originaux pour amplifier son
message sur sa plateforme de contenu digitale.
Pour résumer la marque a réussi son pari de devenir la marque de référence de créateur de
tendances.
SFR Live Concerts3.4
D’après Caroline Llabres, « La promotion des artistes online » comme le mentionne le titre de la
campagne, SFR déploie son angle d’attaque sur le live. Orienté sur une ligne de goût généraliste la
marque apporte à un large public une expérience unique à travers le « livestreaming ».
32
3.4.1 Les leviers d’engagement de SFR
SFR s’est lancé dans une campagne de retransmission de grands évènements nationaux et
internationaux en live streaming (en direct sur internet). De plus sur certains évènements la marque
ajoute quelques fonctions interactives.
SFR possède son propre magasin en ligne de mp3. Les abonnés ont la possibilité de télécharger
légalement des fichiers musicaux. En partenariat avec les artistes, la marque propose des albums en
édition spéciale, contenant des titres en exclusivité.
Pour maintenir un lien étroit avec sa communauté et animer les périodes creuses en évènements,
SFR a développé un portail d’informations musicales avec des actualités sur les artistes, les
groupes, des vidéos de concerts en partenariat avec musicactu.fr qui duplique ses contenus pour
l’opérateur. Tous ces contenus sont diffusés sur les réseaux sociaux de SFR.
33
3.4.2 Du Live musical innovant
D’après Romain Tarillon, SFR a créé la première plateforme web de diffusion de concerts en direct
et en multi-caméras. Le service diffuse chaque mois un concert en direct gratuitement et véhicule
ainsi un courant d’innovation.
Toujours selon Romain Tarillon, SFR déploie son service autour de 3 étapes importantes :
• Impliquer les fans : poser des questions aux artistes, voter pour les meilleures questions
posées et enfin voir les réponses de l’artiste,
• Faire vivre une expérience unique : Retransmission en direct sur le web avec la possibilité
de changer d’angle de vue, de visiter virtuellement la salle de concert. Enfin partager ses
émotions en échangeant en direct avec les internautes connectés,
• Un travail éditorial pour faire perdurer l’expérience : SFR fait revivre les meilleurs moments
des concerts en mettant à disposition des vidéos gratuites et des photos de l’événement.
3.4.3 Animations Facebook
© Romain Tarillon
Figure 19 : Leviers d’engagement Facebook de SFR Live Concert
SFR a profité du festival international « Coachella » pour mettre en place son dispositif de live
streaming. Ainsi on observe durant la période que la page Facebook est centrée sur les faits
marquants autour de l’événement en temps réel.
34
© Romain Tarillon
Figure 20 : Leviers d’engagement Facebook de SFR Live Concert durant les « Coachella »
Enfin comme en témoigne Romain Tarillon ce qui suscite le plus d’intérêt concerne les billetteries
privatives, les posts divertissant de la web culture en catégorie musique et enfin les innovations live
streaming.
© Romain Tarillon
Figure 21 : Les meilleurs Posts Facebook de SFR Live Concerts
35
© Romain Tarillon
Figure 22 : Evolution du taux d’engagement de la page facebook SFR Live Concert
3.4.4 Analyse
Selon Romain Tarillon, SFR, engagé dans la musique depuis 2004, utilise massivement la carte du
live streaming en y intégrant de l’interactivité. Un moyen de faire valoir la force de son réseau de
distribution sur le web et d’adopter la posture d’une marque innovante à la pointe de la technologie.
Par ailleurs, on note que SFR a du mal à combler les brèches des périodes creuses en festival. Les
publications social media génèrent peu d’interactions dues à une ligne éditoriale trop généraliste qui
la place en concurrence directe avec les blogs souvent plus réactifs et privilégiés par les fans.
36
4 L’artiste et sa vision des réseaux sociaux
On constate que pour une poignée d’artiste, les réseaux sociaux constituent un relais de
communication entre leurs œuvres et les maisons de disques. Une aubaine pour celles-ci car l’artiste
a déjà constitué sa « base fan » et développer son image, diminuant fortement les risques
d’investissement. Certains créent le débat pour apporter du sens à leur œuvre et connaître l’opinion
de son public. Enfin d’autres les utilisent comme des plateformes de co-création instrumentale. On
constate que les champs d’actions sur les réseaux sociaux sont très variables selon le volume de fans
générés.
Les artistes à vocations internationales et les grandes marques exploitent les réseaux sociaux. Ils
constituent ensemble un potentiel financier fort ainsi qu’une notoriété de masse ouvrant des champs
d’actions presque infinis sur les médias sociaux.
Les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui, sans contacts dans le milieu de l’édition
ou de la production musicale, leur seule chance de vivre de la musique est de construire une « base
fan » qualifiée pour être visible. Les réseaux sociaux leur permettent de le réaliser sans dépense. La
limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une augmentation chaque année du nombre
d’artistes indépendants sur la toile.
Hypothèse centrale et sous-hypothèses4.1
De la problématique : « Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artistes », on peut soulever
l’hypothèse centrale suivante :
Les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété pour les indépendants
Enfin on peut alors en déduire une sous-hypothèse :
Les indépendants doivent construire une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur
musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le marché.
37
PARTIE 2 : ETUDE QUALITATIVE
38
1 Méthodologie employée
Afin de répondre aux hypothèses émises il serait intéressant d’aller voir directement des
artistes indépendants confrontés directement aux réseaux sociaux.
Afin d’obtenir des informations pertinentes, deux catégories d’artistes très convoités sur les réseaux
sociaux ont été interrogés : des DJs ainsi que des Beatmakers9
.
Choix de l’étude1.1
Les artistes interrogés sont pour certains des amis proches et pour d’autres des connaissances.
J’ai remarqué qu’ils connaissent parfaitement les processus de communication sur les médias
sociaux et sont ouverts pour les communiquer autour d’un raisonnement construit.
Ainsi ils seront interrogés sous la forme d’un entretien semi-directif. Je ne suis intervenu que pour
aiguiller l’enquêté à développer ses pensées ou relancer la conversation.
Objectif de l’entretien1.2
Qui d’autres que les artistes indépendants peuvent fournir des informations aussi précises
concernant leur utilisation des réseaux sociaux ?
La première partie de l’entretien est une approche logique concernant la situation de l’artiste. En
effet il est primordiale avant toute entrée dans le détail de cerner son environnement musicale, son
expérience dans le secteur, quelle activité il exerce et enfin comprendre ses motivations.
Dans une deuxième partie, on se concentre sur l’avis de l’artiste à propos de l’efficacité des réseaux
sociaux dans la réalisation de ses objectifs. Cela passe par des questions autour de sa capacité à
utiliser les leviers d’engagement des médias sociaux et son choix d’image par rapport à la
concurrence.
Dans une troisième partie, on s’intéresse aux relations qu’ont pu nouer les artistes avec des
marques. Comprendre quelle a été l’échange de procédés ? La marque s’est-elle engagée sur le long
terme avec l’artiste ?
Enfin, l’enquête converge sur les difficultés qu’ont pu rencontrer les artistes sur les médias sociaux
et appréhender sa vision de l’avenir.
Réalisation du questionnaire1.3
Au total 5 catégories (Situation de l’artiste, Réseaux Sociaux, Marques, Difficultés rencontrées,
Autres) avec 20 questions dont la plupart sont ouvertes pour laisser une liberté à l’enquêté de
développer ses pensées. Enfin quatre artistes interrogés présentés ci-dessous.
9
Compositeur de musique instrumentale Hip Hop, Rap, Soul, Electro
39
2 Présentation des artistes interrogés
Twinsmatic2.1
C’est le duo de Beatmakers formé en 2008
par Pierre Farade et Nadeem Roze. C’est
avec leur premier EP (extended play)
« GreenRoom » qu’ils ont commencé à
s’affirmer. Une reconnaissance d’abord
partagée par leur entourage mais aussi par
un public d’internautes parisiens. Des
titres phares de Drake à Pharell, en passant
par Katy Perry sans oublier Rihanna et
Beyonce, une touche « Twinsmatic »
reconnaissable par ses rythmiques mêlant
hiphop et Electro…
Des pochettes soignées comme en
témoignent celle de leur dernier EP
« TroubleSeason », un souci du détail dans
l’artwork (travail artistique) qui attire
l’attention. Influencé par Timbaland,
Kanye West et Neptunes, le duo parisien
se nourrie de différents genres musicaux :
hip hop, bossa nova, électro, dubstep.
Avec Supa, Bambz et Kyu, ils forment le collectif F*A*L*D (Fuck Art Let’s Dance) qui projette
de « faire partager leur vision du clubbing parisien sans prise de tête ». Ils ont pour but de réunir ce
qui se fait de mieux en matière d’’Electro, Hip-Hop, Dancehall et Future Beats.
Récemment signé chez Universal Music, le duo enchaine les productions et les remix sans pour
autant que la qualité en soit altérée. La dernière en date est leur participation à l’album de Booba, un
tremplin qui leur a permis de toucher un nouveau public bien plus large.
Une présence quasi écrasante sur les résultats Google, « web » et « image », les Twinsmatic ont su
occuper la toile et faire de leur nom une marque exploitable.
Réseaux sociaux :
40
Bambz2.2
Figure incontestée des clubs parisiens,
Bambz sort de l’inconnue lorsqu’il
rejoint le collectif F*A*L*D (Fuck Arts
Lets Dance). Ses sets (compositions
musicales) conçus et pensés pour
orienter son public vers des sauts
d’énergie périodique lui ont value le titre
de meilleurs DJ de l’année 2013 par le
Social Club.
Aujourd’hui, en partenariat avec la jeune
agence de tourneur sur Paris « YARD »,
il joue dans des endroits mythiques
comme le Wanderlust, le palais de
Tokyo ou encore le Grand Palais.
Son influence musicale lui vient de son
grand frère et de ses oncles. Une culture
Hip Hop Reggae et Dance hall qu’il a pu
développer depuis maintenant 15 ans.
Un DJ qui n’a pas froid aux yeux et qui n’hésite pas à travailler son Beatmaking. En effet c’est lors
de la sortie de son remix de Mila J., « Smoke Drink Break Up », la sœur de la célèbre Jhene Aiko,
que Bambz voit sa côte monter sur les réseaux sociaux. L’artiste elle-même a tenu à le remercier à
travers un tweet dont il se souviendra pendant longtemps.
Réseaux sociaux :
41
Dj Supa2.3
D’après Redbull.fr, Finaliste international de
l’édition 2011 du Red Bull Thre3style, Supa
est devenu au fil du temps une valeur sûre de
la scène des DJ’s français.
Depuis sa découverte des platines, tables de
mixage et autres samplers il y a un peu plus de
10 ans, DJ Supa en a fait du chemin. Après
avoir fait ses gammes lors de soirées
d’anniversaire ou lors de sessions privées, le
Parisien a commencé à voir plus grand, au fur
et à mesure que son talent s’est développé.
Un temps membre du collectif Jazzfiq, sous le
nom de DJ Kai, il a ensuite décidé de se lancer
en solo et est donc devenu Supa. Avec son
style très physique et sa capacité unique à
faire chavirer le dancefloor, Supa se produit
dans des lieux parisiens de plus en plus
célèbres, chez Régine ou au Nouveau Casino
par exemple, et explose littéralement lors des
qualifications nationale du Red Bull
Thre3style en 2011.
Réseaux sociaux :
42
Dj A-S T R V Y T2.4
Jeune DJ Bordelais et grand exportateur d’un mouvement musicale avant-gardiste : le
Futurbeats. Aujourd’hui Dj résident au Mama Shelter, Dj A-S T R V Y T anime des lieux influents
à Bordeaux comme à Paris et jusqu'à Bruxelles. Grand utilisateur des réseaux sociaux musicaux
type Soundcloud, il a bien compris comment se faire un nom dans cet océan de DJ que compte
l’Europe.
Réseaux sociaux :
43
3 Interprétation des résultats
Pour rappel, la problématique centrale du mémoire est la suivante : quels réseaux sociaux
pour la promotion d’artistes ? Cela sous-entend, la nature, le type de réseaux sociaux mais aussi et
surtout les leviers d’engagement à utiliser. On a pu constater dans la première partie que les artistes
comme les marques exploitent la puissance de YouTube, Twitter, Facebook… Cependant on
suppose que le volume de fans influe sur le champ d’action des acteurs sur les réseaux sociaux.
Ainsi on suppose que les indépendants doivent doublement qualifier leur public sur les réseaux
sociaux en cherchant des fans de leur musique mais aussi des fans de marque susceptible d’être
associé à leur musique.
Croisement des données3.1
Ayant interrogé des artistes d’une notoriété complètement différentes sur le marché on
remarque que les objectifs de carrière sont variés. Pendant que certains ont pour projet de quitter la
France pour exercer leur talent à l’étranger d’autres pensent déjà à se reconvertir comme en
témoigne DJ Supa qui veut devenir tourneur (organisateur de tournée musicale) sur Paris.
Un constat sans équivoque se dégage à travers la question 6 du questionnaire : Aucun artiste
interrogé ne peuvent aujourd’hui se passer des réseaux sociaux. En effet il est rare aujourd’hui
de passer par les créneaux traditionnels de découverte d’artiste comme le bouche à oreille, la
recommandation ou l’attaché de presse qui passait par hasard au bon endroit, au bon moment…
Aujourd’hui l’artiste doit construire sa « e-réputation » sur la toile comme une sorte de C.V qui le
suit dans le temps.
On retrouve généralement les mêmes types de réseaux sociaux utilisés par l’ensemble des interrogés
Certains en utilisent plus que d’autre, les Twinsmatic par exemple sont très actif sur 7 réseaux
sociaux. Une ligne éditoriale qu’il faut tenir dans le temps.
On distingue 3 objectifs différents chez les interrogés sur les réseaux sociaux :
• Diffuser ses œuvres,
• Informer des dates et lieux de représentation,
• Contacter des professionnels du secteur.
Si la moitié ont construit leur image uniquement sur les réseaux sociaux il est très intéressant de
soulever un cas particulier des Twinsmatic : « On essaye de transmettre le soucis du détail de nos
productions musicales par une vision minutieuse pour la mode et l’esthétique ». On peut tout à fait
rejoindre ce positionnement d’image à la sous hypothèse : « Les indépendants doivent construire
une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des
marques qui investissent sur le marché. » Les Twinsmatic ont su attirer un public de fan de prêt à
porter du streetwear et du sportsweat. Ils ont à la fois diffusé un avant-gardisme musical et
vestimentaire. C’est ce qui a attiré des marques comme Nike et Beats By Dre avec qui ils gardent
des relations étroites.
Les marques mentionnées ci-dessus fidélisent ses influenceurs sur la toile avec des goodies, des
représentations à des soirées privées à conditions que les artistes portent la marque. Dans certains
44
cas l’image d’une marque qui vous colle à la peau peut être une limite comme en témoigne le
cas de Dj Supa. Gagnant des Redbull Three Styles, une compétition de DJ connu dans le monde
entier. Trois ans après, l’image de la marque lui donne l’impression qu’il n’a pas évolué dans le
temps.
Il est intéressant de voir que l’outil plonge certains artistes dans une coupure totale avec la vie
sociale réelle. En effet Bambz nous explique qu’il a du mal à gérer son temps entre son activité de
Dj/Beatmaker et sa communication sur les réseaux sociaux, il est en d’autres termes coupé du
monde réel. Pour d’autres comme Dj Supa des améliorations sont à apporter au ciblage du public, il
aimerait en savoir plus sur son public. Enfin pour les Twinsmatic les réseaux sociaux reste un
complément de diffusion, une étape préalable avant d’atteindre une grande notoriété en maison de
disque.
L’étude nous renseigne sur l’état d’esprit que doit adopter un artiste à forte influence sur les réseaux
sociaux. Comme en témoigne les Twinsmatic, « on peut vite prendre la grosse tête quand on fait
240 000 plays avec une base fan de 5000 followers ». Le groupe sous-entend que les réseaux
sociaux sont un premier levier de notoriété, une « e-réputation » construite pour le publique avant
tous mais qui constitue aussi une sorte de C.V pour les majors afin de passé à un niveau de
notoriété supérieur.
En ce qui concerne le futur qu’envisage les interrogés sur les réseaux sociaux, l’ensemble y voit un
avenir certain avec la recommandation musicale qui boosterait la découverte d’artiste. On est en
effet beaucoup plus influencé quand un proche vous conseille une musique.
Les limites de l’étude3.2
L’étude qualitative de ces 4 artistes nous permet de comprendre que les marques sont attirées
par le public que génèrent ces artistes à forte influence sur les réseaux sociaux. Force est de
constater que les artistes eux-mêmes ont bien compris que leur participation à des évènements
organisés par des marques constitue un deuxième levier de notoriété pour construire une réputation
complète qui attirera les majors.
Le point de vue de l’artiste est riche mais il aurait été intéressant de réaliser une étude quantitative
sur un panel d’utilisateur qualifié sur les réseaux sociaux afin de comprendre l’écart entre le
contenu que proposent les artistes et l’attente du public. En effet comprendre les utilisations et le
comportement du public est un complément d’information riche pour croiser les visions de l’artiste
et de son public. Comprendre la proportion de public qui suit des artistes produits ou indépendants
mais aussi le nombre d’utilisateurs qui a découvert des artistes sur les réseaux sociaux, et enfin la
proportion du public fidélisé, pourrait permettre d’évaluer si ce type de communication est
éphémère ou durable.
Enfin la limite est que l’étude se concentre sur un seul acteur. Sur le marché on distingue quatre
types d’acteur : les artistes, le public, les labels et les marques. On peut élargir le champs en
différenciant les labels, des purs éditeurs ou en catégorisant les artistes par genre musical… Les
labels proposent des services de distribution et de promotion, ils sont au cœur de la communication
sociale. Interroger ces acteurs à travers une étude qualitative nous aurait apporté une vision experte
45
des leviers de communication sur les réseaux sociaux ainsi que l’évolution de l’industrie musicale
face aux changements radicaux des habitudes de consommation du public.
Pistes de développement3.3
Dans un marché en maturité, on observe une concurrence de plus en plus féroce avec une
augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile. En effet le public est
confronté à une masse d’artiste, difficile de trouver la perle rare parmi cette bibliothèque musicale
géante. Nous passons dans l’ère de la fidélisation. La partie 1 nous aiguille déjà sur les plateformes
de streaming sous license qui se mettent à contrôler le processus de recherche de l’internaute par la
socialisation de la découverte musicale.
Ainsi on pourrait se demander si l’artiste indépendant doit à la fois se concentrer sur la
qualité de sa musique mais aussi sur la capacité de sa communauté de fan à partager ses
contenus ?
L’avenir pour l’artiste indépendant est-il dans sa capacité à attirer un public à fort niveau
d’influence ?
Passons-nous dans une ère de l’influence au détriment de la qualité musicale ?
46
4 Conclusion
De la problématique : « Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artistes », a été soulevée
l’hypothèse centrale, « Les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété pour les
indépendants » et enfin la sous hypothèse, « les indépendants doivent construire une base fan
doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le
marché ».
Afin de répondre aux hypothèses émises, nous avons réalisé une étude qualitative auprès des artistes
indépendants confrontés directement aux réseaux sociaux. Afin d’obtenir des informations
pertinentes, deux catégories d’artistes très convoités sur les réseaux sociaux ont été interrogés sous
la forme d’un entretien semi-directif : des DJs ainsi que des Beatmakers10
.
Les objectifs de l’entretien sont de connaître leurs avis sur l’apport des réseaux sociaux dans leurs
projets musicaux et de connaître leurs relations avec les marques.
Les résultats ont permis de découvrir que les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui,
sans contact dans le milieu de l’édition ou de la production musicale, leurs seule chance de vivre de
la musique est de construire une « base fan » qualifiée pour être visible et les réseaux sociaux leur
permettent de le réaliser sans dépense. La limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une
augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile.
Les marques sont attirées par le publique que génèrent ces artistes à forte influence sur les réseaux
sociaux. Force est de constater que les artistes eux-mêmes ont bien compris que leur participation à
des évènements organisés par des marques constitue un deuxième levier de notoriété pour
construire une réputation complète qui attirera les majors. Il fût intéressant d’établir que les réseaux
sociaux plongent certains artistes dans une coupure totale avec la vie sociale réelle.
Cependant, l’étude se limite à un seul acteur alors que sur le marché on distingue quatre types
d’acteur : les artistes, le public, les labels et les marques. Les labels proposent des services de
distribution et de promotion, ils sont au cœur de la communication sociale. Interroger ces acteurs à
travers une étude qualitative nous aurait apporté une vision experte des leviers de communication
sur les réseaux sociaux ainsi que l’évolution de l’industrie musicale face aux changements radicaux
des habitudes de consommation du public.
Pour finir, l’observation de la concurrence et de l’augmentation de son volume dans le temps nous a
permis de dégager trois pistes de développement :
L’artiste indépendant doit –il à la fois se concentrer sur la qualité de sa musique mais aussi sur la
capacité de sa communauté de fan à partager ses contenus ?
L’avenir pour l’artiste indépendant est-il dans sa capacité à attirer un public à fort niveau
d’influence ?
Passons-nous dans une ère de l’influence au détriment de la qualité musicale ?
10
Compositeur de musique instrumentale Hip Hop, Rap, Soul, Electro
47
Webographie
Rapport de l’International Federation of the Phonographic Industry 2014 ;
http://www.ifpi.org/downloads/Digital-Music-Report-2014.pdf
TARILLON Romain « Benchmark Marques et Musique 2013 » ;
http://fr.slideshare.net/rnichel/benchmark-marques-et-musique-2013
LLABRES Caroline « La promotion des artistes online » ;
http://fr.slideshare.net/CarolineLlabrs/la-promotion-des-artistes-online?qid=e47c3f88-b7fa-4f3b-
88fd-a5cfccd709f4&v=qf1&b=&from_search=1
BOYE Maïa « La découverte musicale toujours plus sociale » ;
http://www.inaglobal.fr/musique/article/la-decouverte-musicale-toujours-plus-sociale
BERGER Virginie « Twitter pour les artistes » ;
http://fr.slideshare.net/virberg/dbth-prsente-twitter-pour-les-artistes?qid=e47c3f88-b7fa-4f3b-88fd-
a5cfccd709f4&v=qf1&b=&from_search=2
BASTARD Irène, BOURREAU Marc, MAILLARD Sisley, MOREAU François « De la visibilité à
l’attention : les musiciens sur Internet » ;
http://ses.telecom-paristech.fr/bourreau/Recherche/Visibilite.pdf
DEFFRENNES Marine « Musique en ligne : être et rester star à l’ère des réseaux sociaux » ;
http://www.terrafemina.com/culture/culture-web/articles/30954-musique-en-ligne-etre-et-rester-
star-a-lere-des-reseaux-sociaux.html
RIQUIER Matthias « Musique et réseaux sociaux : et maintenant ? » ;
http://www.greenroomsession.fr/32302-musique-et-reseaux-sociaux-et-maintenant/
MENGUE M’EYI Manuella « Community Manager : promouvoir l’artiste sur les réseaux
sociaux » ;
http://www.leprofyl.com/musique/pages-fan-du-community-manager/
48
Annexe
Guide d’entretien
Entretien semi-directifs de 4 artistes musicaux DJ & Beatmaker
Figure 1 page 48 : Les questions, les objectifs de chaque questionnement et les réponses attendues
Figure 2 page 49 : Les réponses des interrogés

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Mémoire de recherche 2014 "Quels réseaux sociaux pour la promotion d'artiste ?"

  • 2. 2 Remerciements Je tiens tous particulièrement à remercier les artistes Dj et Beatmakers pour m’avoir accorder de leurs temps pour répondre à mon enquête et ainsi concrétiser l’élaboration de ce mémoire. Ils reflètent tout simplement les précurseurs de la promotion indépendante d’artistes musicaux sur les réseaux sociaux. Enfin je remercie Monsieur Turby pour son soutien et le temps qu’il m’a accordé durant sa reconversion politique.
  • 3. 3 Partie 1 : La découverte musicale toujours plus sociales…………………………………..5 Introduction ................................................................................................................................4 1. Chiffres et tendances ...........................................................................................................7 Le streaming, un revenu durable...................................................................................8 1.1 La monétisation de la musique au format vidéo..........................................................11 1.2 L’avènement du Smartphone dans la découverte musicale.........................................13 1.3 Les droits d’auteur de la musique numérique, une source de conflit..........................15 1.4 2 Les artistes sur les réseaux sociaux....................................................................................16 Daft Punk : Une campagne physique dans le monde numérique................................16 2.1 Dj Avicii : Construire sa base fan sur les médias sociaux...........................................18 2.2 Hunter Hayes : L’orchestre YouTube .........................................................................19 2.3 Tommy Torres exploite la puissance de twitter ..........................................................20 2.4 3 Les marques : créatrice d’expériences et de valeurs sur les réseaux sociaux.....................21 Les leviers d’engagement les plus utilisés ..................................................................21 3.1 Heineken : Green Room Session 2013........................................................................22 3.2 3.2.1 Les leviers d’engagement de Heineken................................................................22 3.2.2 Animations Facebook...........................................................................................23 3.2.3 Chiffres.................................................................................................................26 3.2.4 Partenariats...........................................................................................................26 3.2.5 Exemples de campagnes.......................................................................................27 3.2.6 Analyse.................................................................................................................28 Red Bull : Red Bull Music Academy..........................................................................28 3.3 3.3.1 Les leviers d’engagements de Red Bull ...............................................................29 3.3.2 Création de contenu original ................................................................................29 3.3.3 Chiffres.................................................................................................................30 3.3.4 Analyse.................................................................................................................31 SFR Live Concerts ......................................................................................................31 3.4 3.4.1 Les leviers d’engagement de SFR........................................................................32 3.4.2 Du Live musical innovant ....................................................................................33 3.4.3 Animations Facebook...........................................................................................33 3.4.4 Analyse.................................................................................................................35 4 L’artiste et sa vision des réseaux sociaux...........................................................................36 Hypothèse centrale et sous-hypothèses.......................................................................364.1 Partie 2 : Etude quantitative………………………………………………………………..37 1 Méthodologie employée.....................................................................................................38 Choix de l’étude ..........................................................................................................38 1.1 Objectif de l’entretien..................................................................................................38 1.2 Réalisation du questionnaire .......................................................................................38 1.3 2 Présentation des artistes interrogés.....................................................................................39 Twinsmatic..................................................................................................................39 2.1 Bambz..........................................................................................................................40 2.2 Dj Supa........................................................................................................................41 2.3 Dj A-S T R V Y T .......................................................................................................42 2.4 3 Interprétation des résultats..................................................................................................43 Croisement des données..............................................................................................43 3.1 Les limites de l’étude ..................................................................................................44 3.2 Pistes de développement .............................................................................................45 3.3 4 Conclusion..........................................................................................................................46 Webographie ............................................................................................................................47 Annexe......................................................................................................................................48
  • 4. 4 Introduction La promotion musicale est une passion que j’entretiens depuis des années. J’accompagne un groupe de DJ & Beatmakers depuis maintenant 4 ans et je suis confronté aux réalités concernant la promotion d’artistes indépendants. Conscient du potentiel de diffusion des réseaux sociaux, le sujet traite des leviers d’engagement à activer sur les différentes plates-formes sociales disponibles. À l’ère numérique, la musique en ligne est devenue un des axes majeurs de développement de l’industrie musicale. Les services comme Deezer, Spotify, YouTube, SoundCloud ont su innover pour améliorer l’expérience « utilisateur » de manière considérable : intégration aux réseaux sociaux, recommandations ciblées, live streaming ... On comprend dès lors le succès de telles plateformes. Selon une récente étude Ipsos MediaCT, deux tiers des internautes entre 16 et 64 ans ont utilisé un service de musique en ligne ces six derniers mois. En effet, d’un côté comme de l’autre, réseaux sociaux et services de musique semblent trouver un grand intérêt à travailler ensemble. Pour les musiciens, Facebook et Twitter sont des bons moyens d’atteindre directement leurs fans. Ces plateformes sont devenues décisives pour les labels afin d’encourager la découverte et la promotion de leurs artistes : 26 % des revenus du secteur investis dans le marketing dit de « social media » soit 4,5 milliards de dollars dans le monde. Ainsi la problématique dégagée est la suivante : Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artiste ? Les artistes à vocation internationale et les grandes marques constituent ensemble un potentiel financier fort ainsi qu’une notoriété de masse ouvrant des champs d’action presque infinies sur les médias sociaux. Les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui, sans contact dans le milieu de l’édition ou de la production musicale, leurs seule chance de vivre de la musique est de construire une « base fan » qualifiée pour être visible. Les réseaux sociaux leur permettent de le réaliser sans dépense. La limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile. On a pu soulever un constat : les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété pour les indépendants. On en a déduit une sous-hypothèse : les indépendants doivent construire une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le marché. Afin de répondre aux hypothèses émises, des artistes indépendants confrontés directement aux réseaux sociaux ont été interrogés. Pour obtenir des informations pertinentes, ont été interviewé deux catégories d’artistes très convoités sur les réseaux sociaux : des DJs ainsi que des Beatmakers. Ils sont pour certains des amis proches et pour d’autres des connaissances. Ils connaissent parfaitement les processus de communication sur les médias sociaux et sont par conséquent ouverts pour les partager autour d’un raisonnement construit.
  • 5. 5 Ainsi ils ont été interrogés sous la forme d’un entretien semi-directif. Je ne suis intervenu que pour aiguiller l’enquêté à développer ses pensées ou relancer la conversation. La première partie de l’entretien est une approche logique concernant la situation de l’artiste. En effet il est primordiale avant toute entrée dans le détail de cerner son environnement musicale, son expérience dans le secteur, quelle activité il exerce et enfin comprendre ses motivations. Dans une deuxième partie, on se concentre sur l’avis de l’artiste à propos de l’efficacité des réseaux sociaux dans la réalisation de ses objectifs. Cela passe par des questions autour de sa capacité à utiliser les leviers d’engagement des médias sociaux, et de son choix d’image par rapport à la concurrence. Dans une troisième partie, on s’intéresse aux relations qu’ont pu nouer les artistes avec des marques. Comprendre quel a été l’échange de procédé. La marque s’est-elle engagée sur le long terme avec l’artiste ? Enfin, l’enquête converge sur les difficultés qu’ont pu rencontrer les artistes sur les médias sociaux et appréhender leur vision de l’avenir.
  • 6. 6 PARTIE 1 – LA DECOUVERTE MUSICALE TOUJOURS PLUS SOCIALE
  • 7. 7 1. Chiffres et tendances L’industrie de la musique continue de se développer sur de nouveaux marchés, créer de nouveaux modèles d’affaires et attire davantage d'utilisateurs et de services de musique numériques pour présenter des artistes à un public plus large. Selon le rapport 2014 de la Fédération internationale de l'Industrie Phonographique, les revenus numériques de l'industrie musicale ont augmenté de 4,3 % en 2013 avec un total de 5,9 milliards de dollars. Depuis 2011 on relevait déjà une forte croissance des revenus et du nombre d'utilisateurs des services d’abonnement en ligne. Aujourd’hui, la croissance continue avec les services financés par la publicité ainsi que les revenus stables de téléchargement légal. Globalement, le numérique représente désormais 39 % du total des revenus mondiaux de l'industrie musicale et dans trois des 10 premiers marchés du monde, les chaînes numériques représentent la majorité du chiffre d’affaires. Dans l’ensemble, les revenus de la musique enregistrés ont augmenté en Europe et en Amérique latine et continuent de se stabiliser aux Etats-Unis. Cependant, les ventes de musique à l'échelle mondiale, ont été fortement touchées par une forte baisse de 16,7 % au Japon, deuxième plus grand marché du monde. Les recettes mondiales de musique ont baissé de 0,1% en 2014. Figure 1 : Revenus numériques de l’industrie de la musique 2008 – 2013 © IFPI
  • 8. 8 Le streaming, un revenu durable1.1 Les services de streaming par abonnement, font partie d'un mélange de plus en plus diversifié de sources de revenus, ils rencontrent un succès fort. D’après l’IFPI les revenus provenant des services d'abonnement de musique, y compris le « free-to-consumer » et le « paid-for-tiers » qui permet au consommateur de payer pour obtenir un niveau de service supplémentaire, ont augmenté de 51,3% en 2013. Ils dépassent pour la première fois la barrière du milliard de dollars. Certaines marques mondiales telles que Deezer et Spotify récoltent les fruits de leur expansion géographique, tandis que les services régionaux tels que Rdio, KKBOX et WiMP continuent d'attirer de nouveaux utilisateurs. De nouveaux arrivants, comme Beats Musique et YouTube ont annoncé leur intention de lancer des services d'abonnement au début 2014. Le modèle de l'abonnement génère de plus en plus de paiement par les consommateurs, dont beaucoup semblent être passés des services de piratage informatique à un environnement de musique sous licence qui paie les artistes et les détenteurs de droits. Le nombre d’abonnés optant pour la souscription de services est passé à 28 millions en 2013, contre seulement 8 millions en 2010. Les revenus des services de streaming financés par la publicité, tels que YouTube et Vevo, sont également en hausse de 17,6% en 2013. Les revenus de vidéo musique ont particulièrement augmenté dès que YouTube a étendu la monétisation des vidéos en ligne à plus de 50 pays, en ajoutant 13 territoires en 2013. Vevo a enregistré de bons résultats, atteignant 5,5 milliards de vues mensuelles en décembre 2013, une augmentation d'année en année de 46%. La firme continue d’attirer 243 millions de visiteurs uniques dans le monde entier. Figure 2 : Les acteurs majeurs de l’abonnement musicale en ligne © Digital Music Report 2014 Les maisons de disques se sont adaptées à un modèle de plus en plus basé sur l'accès à la musique, et pas seulement la propriété. L'industrie tire maintenant 27% de ses revenus numériques de souscription et de services de streaming financés par la publicité contre 14% en 2011. Cependant le modèle de téléchargement numérique reste une source de revenus clé. Les téléchargements représentent encore substantiellement les deux tiers des revenus numériques et aident à propulser la croissance numérique dans certains marchés en développement tels que l'Afrique du Sud, Hong Kong, les Philippines et la Slovaquie. Les téléchargements ont
  • 9. 9 connu une légère baisse de valeur à l'échelle mondiale, bien que les ventes d'albums numériques restent sur une courbe ascendante et que les consommateurs montrent toujours une forte demande de possession du bien musical. Les revenus provenant du téléchargement à l'échelle mondiale ont légèrement diminué de 2,1%, la baisse étant compensée par des augmentations en abonnement streaming. Les revenus provenant des droits de diffusion ont connu une forte croissance avec les stations de radio Internet... Les revenus provenant des offres de synchronisation quand la musique est placée dans des publicités, des films ou des émissions de télévision, a diminué de 3,4% en 2013, et représente désormais 2,1% du chiffre d'affaires total de l'industrie musicale. Malgré la transition globale vers le numérique, les ventes de musique physique représentent toujours une part importante du chiffre d'affaires de l'industrie musicale dans de nombreux grands marchés. Les formats physiques (albums) représentent plus de la moitié de l'ensemble des revenus mondiaux. Bien que la valeur globale des ventes physiques ait diminuée de 11,7% en 2013, les principaux marchés, l'Allemagne, l'Italie, le Royaume-Uni et les Etats- Unis ont vu un ralentissement du taux de déclin des ventes physiques. Les ventes physiques de la France ont augmenté de 0,8%, aidées par un boom local du répertoire musical français avec Stromae. Alors que les ventes de vinyle ne représentent qu'une petite fraction de l'ensemble des revenus de l’industrie, ils marquent une augmentation ces dernières années dans certains marchés clés. Aux États-Unis, selon Nielsen Soundscan, les ventes de vinyles ont augmenté de 32% en 2013, et comme en témoigne BPI, elles ont augmenté de 101% au Royaume-Unis en 2013. Figure 3 : % d'internautes utilisant les services abonnements de musique / de téléchargement dans les 6 derniers mois © Ipsos MediaCT
  • 10. 10 Attirer les consommateurs vers des services sous licence L'une des caractéristiques clés de la musique numérique d’aujourd’hui est le niveau élevé de sensibilisation des consommateurs et l'engagement dans les services numériques. Les maisons de disques ont mis sous licence une gamme diversifiée de services afin de répondre avec succès aux différentes préférences des consommateurs. Ceci est illustré dans l’étude menée par Ipsos MediaCT dans dix principaux marchés de la musique. Dans sa deuxième année, l’étude montre que 61% des utilisateurs d'Internet âgés de 16-64 ans sont engagés dans une activité de musique numérique légale dans les six derniers mois. Parmi les jeunes consommateurs (16-24 ans), ce chiffre est supérieur à 77%. Ipsos MediaCT montre également que la satisfaction des consommateurs avec des services numériques reste élevée. Les trois quarts des clients de services autorisés décrivent le niveau de service comme « excellent », « très bon » ou « bon ». La majorité de ceux qui utilise les services non autorisés (56%) reconnaisse : « il y’a de bons services disponibles pour accéder légalement à de la musique numérique ». Les résultats indiquent également une série de raisons pour lesquelles les consommateurs choisissent différents services, et quelles sont les qualités de ces services qu'ils apprécient le plus : • 41% des gens choisissent principalement des services de souscription pour découvrir de nouvelles musiques, • 39% disent qu'ils offrent un « environnement légitime », • 37% apprécient surtout la capacité d'écouter sans avoir à acheter chaque chanson. Les principales raisons des choix de services de téléchargement sont : • 46% la sécurité /facilité de paiement, • 41% pour la valeur de la garantie de la légalité, • 39% la « confiance » dans l’entreprise. L'étude montre également que la grande majorité des consommateurs sont au courant de la disponibilité de services autorisés et l'éventail des choix disponibles. Le graphique ci-dessous (page 11) compare les niveaux de sensibilisation dans les 10 marchés sélectionnés et interrogés par Ipsos MediaCT (il faut tenir compte du fait que les services ne sont pas lancés dans tous les marchés).
  • 11. 11 Figure 4 : Connaissance des services sous licences par les consommateurs © Ipsos MediaCT La monétisation de la musique au format vidéo1.2 Les maisons de disques ont réalisé une avancée considérable dans la musique-vidéo, notamment aidée par la résolution des problèmes de droits d'édition qui, jusqu'à présent retardaient la monétisation de la musique-vidéo dans certains marchés clés. YouTube, le service de musique le plus utilisé dans le monde, est maintenant autorisé et monétisé dans pratiquement tous les pays avec 12 marchés ajoutés en 2013, dont la Suède, la Corée du Sud et le Chili. YouTube est la plus grande plaque tournante d’accès à la musique-vidéo à l'échelle internationale, avec un milliard d'utilisateurs à travers le monde. L'amélioration de la gestion des « user generated content »1 (UGC) aident les titulaires de droits à développer des revenus à partir de YouTube et d'autres plates-formes sous licence. 1 Un ensemble de médias dont le contenu est principalement, soit produit soit directement influencé par les utilisateurs finaux. Il est opposé au contenu traditionnel produit, vendu ou diffusé par les entreprises de média traditionnelles.
  • 12. 12 Le système de « ContentID » 2 de Google a rendu plus facile pour les détenteurs de droits de faire la différence entre les types de vidéo (officielles et non officielles), ce qui permet la diffusion en continu de contenus générés par l'utilisateur non officiel pouvant être immatriculés et monétisés, plutôt que d’être supprimés pour violation de droit d’auteur. L'outil de « TrueView »3 de YouTube pour la publicité a également un impact positif sur la monétisation de musique-vidéo. Selon YouTube, les revenus générés par les UGC sur sa plateforme ont maintenant dépassé ceux générés par les vidéos officielles. Ceci s’illustre bien avec le film de Steve Kardynal, le comédien barbu habillé en femme qui parodie Carly Rae Jepsen et son titre planétaire « Call Me Maybe », qui suscite des réactions de fou rire et d'horreur venant des utilisateurs du service de webcam & chat : « Chatroulette ». Depuis, deux vidéos musicales originales ont été enregistrées, leurs millions de vues ont permis aux titulaires de droits d’être rémunérés. YouTube, fut jusqu'à présent un service exclusivement financé par la publicité. Il prévoit aujourd’hui ce que beaucoup considèrent comme un mouvement très important dans la souscription payante : l’ouverture d’un service premium, qui offrira une expérience de valeur plus élevée pour les utilisateurs de YouTube, Le plan a été annoncé mi 2013 avec un lancement prévu en 2014. Vevo a également fait des développements importants de son service en 2013 avec un lancement en Allemagne, aux Pays-Bas et en Pologne. Le service est maintenant disponible dans 13 pays. Vevo a également lancé une chaîne numérique avec des vidéos en avant- premières, des concerts et des spectacles originaux classés par thème musical. D'abord aux États-Unis et au Canada, Vevo TV sera par la suite déployé sur plusieurs autres territoires en 2014. Figure 5 : Evolution de la présence de Vevo à l’international 2 Les vidéos mises en ligne sur YouTube sont comparées à une base de données de fichiers fournis par les propriétaires de contenu. Ce sont eux qui décident de la procédure à suivre lorsqu'une correspondance est établie entre une vidéo mise en ligne sur YouTube et leur propre contenu. 3 Les internautes choisissent de visionner les publicités qui leur conviennent. © Digital Music Report 2014
  • 13. 13 L’avènement du Smartphone dans la découverte musicale1.3 L’industrie de la musique poursuit sa transformation numérique grâce à l’expansion vers de nouveaux marchés avec des nouveaux modèles d’accès sur tous les continents. Les maisons de disques ont su délivrer avec succès la musique à travers les chaînes numériques, élargir le monde de la musique sous licence et enfin innover pour amener ses artistes vers un public mondial. La musique a su ouvrir la voie à d’autres industries créatives comme par exemple les livres, les films et la télévision. Une bonne façon de monétiser son produit de base. Le passage au mobile marque la base d’un développement où la consommation mondiale de musique est passée rapidement d’une expérience fixe sur ordinateur vers la consommation sans fil sur les Smartphones et tablettes. En effet le boom des Smartphones est une occasion sans précédent pour l’industrie de la musique. A la fin 2012, seulement 12,9% des appareils mobiles à travers le monde sont des Smartphone. Selon Portio Research Factbook4 , les prévisions du taux d’équipement de Smartphone dans le monde devraient atteindre 36,2% en 2016. Ainsi il existe un énorme potentiel d’augmentation de la portée des services de musique sur Smartphone. Comme en témoigne Ole Obermann, vice-président exécutif du développement numérique de partenaires à Sony Music Entertainement : « Nous prévoyons 2 milliards de clients potentiels d’ici 2016 ». D’après BOYE Maïa auteur de l’article « La découverte musicale, toujours plus sociale » pour la revue Ina Global, les maisons de disques misent sur la puissance des Smartphones avec une nouvelle génération de partenariats. Par exemple, Warner Music a signé un accord avec Shazam5 pour stimuler son marketing et sa découverte de nouveaux artistes. La maison de disques a récemment lancé le single de Linkin Park « Guilty All The Same » exclusivement sur Shazam, pour stimuler son marketing et sa découverte de nouveaux artistes. La maison de disques a récemment lancé le single de Linkin Park « Guilty All The Same » exclusivement sur Shazam, ciblant les utilisateurs qui ont déjà « shazamé » le groupe. Le dispositif vise à envoyer en avant-première une notification de la sortie du single avec un lien de téléchargement de la piste. De plus, tous ceux qui utiliseront Shazam le jour de la sortie du single recevront un lien d’écoute vers la piste. La concurrence accrue entre les plateformes Android et Apple iOS a ouvert le marché et élargi le choix des consommateurs. Les services de diffusion en continu sont en plein essor, en particulier sur les appareils Android. Selon Stephen Bryan, vice-président exécutif en stratégie numérique et développement des affaires à Warner Music Group : « Android a créé un certain nombre de nouvelles possibilités pour nous afin d’atteindre les consommateurs qui se tournent vers le Cloud ». L’éco-système Android offre un grand nombre de services de très haute qualité. 4 Portio Research Ltd est un institut de recherche indépendant. Il fournit des rapports sur l'industrie du mobile et du sans fil. 5 Shazam est une application mobile gratuite de reconnaissance musicale.
  • 14. 14 Il y a quelques années le volume de titre était le principal champ de bataille entre les services numériques. Aujourd’hui, les principaux services offrent jusqu’à 37 millions de titres, ainsi la concurrence a migré vers la recommandation et la découverte musicale. Les amateurs de musique aiment découvrir de nouvelles musiques, et les services dédiés doivent être des experts de la recommandation musicale. Les Smartphones sont désormais l’outil d’accès principal à internet pour beaucoup de gens, Spotify a récemment introduit un volet mobile gratuit qui vise à encourager d’avantage les utilisateurs à s’engager et à s’abonner au service Premium payant. Une nouvelle fonctionnalité « Discover » propose des recommandations améliorées ainsi que des playlists. Spotify a également introduit des pages éditoriales « Parcourir » qui propose des playlists en fonction de l’humeur des consommateurs, le genre musicale ou la date de sortie. Aujourd’hui Spotify est entré dans 38 nouveaux marchés en 2013 dont l’Argentine, Hong Kong, la Malaisie, le Mexique, Singapour et Taiwan, ainsi que les pays d’Europe de l’Est. Le service est maintenant en ligne dans 55 marchés et dispose d’une base de 6 millions d’abonnés payants. Déjà présent dans plus de 180 territoires, Deezer a 5 millions d’abonnés payants, 12 millions d’utilisateurs uniques actifs et des partenariats avec des opérateurs mobiles dans 31 territoires. Selon Axel Dauchez PDG de Deezer « Être un jukebox répond aux besoins à court terme. Mais dans le long terme, vous n’obtiendrez pas de différenciation par rapport à votre concurrent ou même la piraterie. Si vous voulez réussir, aidez les gens à construire leur propre identité musicale par le contrôle du processus de découverte. » Google Play Music All Access est le service d’abonnement qui a connu la plus forte croissance en 2013. Google Play Music est structuré autour de 3 composantes : le magasin « Music Play » (téléchargement à la carte), le « Scan & Match » (le service de Google scanne l'ordinateur d'un utilisateur, et lui donne accès en ligne a ses chansons. Si les morceaux ne peuvent pas être trouvés, ils sont téléchargés sur le compte en ligne de l'utilisateur) et le « All Access » (abonnement). Comme en témoigne Zahavah Levine, directeur des partenariats mondiaux de musique pour Android : « La rapidité de navigation et de chargement du système d’exploitation du Smartphone de Google a fortement contribué au succès de Google Play car il offre un accès facile et rapide à une énorme bibliothèque musicale mondiale. » © Digital Music Report 2014 Figure 6 : Les points forts des principales plateformes de streaming musicale
  • 15. 15 Les droits d’auteur de la musique numérique, une source de conflit1.4 D’après Laurent Rigoulet et Hugo Cassavetti pour Télérama, il existe un sérieux conflit qui oppose artistes et plates-formes de streaming. Selon le chanteur des Talking Heads David Byrne : « Internet va vider le monde de toute création artistique ». La raison principale d’une telle vision réside dans les faibles revenus que tirent les musiciens de la diffusion en streaming (quelques centimes par morceau lu). De plus les musiciens dénoncent que les trois quarts des recettes obtenues par les géants du streaming sont redistribués avant tout aux maisons de disques. Les majors rentrant principalement dans le capital des grandes sociétés du streaming. Les sites de streaming tentent de faire front aux critiques négatives très répandues parmi les artistes. Dave Allen le bassiste britannique fondateur du label World Domination Recordings dans son interview avec Beats Music délivre sa vision à long terme du phénomène : « Nous n'avons plus le contrôle sur les habitudes des amateurs de musique. Ils ne veulent plus acheter, mais éventuellement louer. Nous sommes obligés de les suivre et de nous adapter. Et nous devons changer d'échelle, multiplier le nombre de personnes prêtes à s'acquitter d'un forfait pour renforcer le développement d'une nouvelle industrie musicale. » Pour résumer, les consommations évoluent et il faut s’y adapter. Certains annoncent la fin des jeunes artistes et de nouveaux groupes dans un océan de titres disponibles en un clic. Un modèle économique avec des partenariats de plus en plus nombreux avec les marques et les opérateurs de téléphonie pour parvenir à faire survivre quelques acteurs majeurs, en bref, créer une situation de monopole minant les artistes. D’autres artistes parlent d’accompagnement de l’évolution et comprennent que leurs œuvres ne constituent qu’une étape dans le processus de fidélisation de leur public. Comme en témoigne Disiz, le rappeur membre du label Def Jam : « Je suis pragmatique : aujourd'hui, pour gagner sa vie, il faut donner plus de concerts et accepter de faire le mannequin pour des marques. Pas de problème, si ça me permet de m'exprimer librement et de garder mon cap. » En parallèle, le parlement européen vient de valider, le 4 février 2014, une loi visant à faciliter la gestion des droits d’auteur sur Internet pour permettre aux usagers d’accéder à la musique dans différents pays européens. Marielle Gallo, eurodéputée de centre-droit ajoute : « Les nouvelles règles bénéficieront avant tout à nos créateurs, nos artistes, qui seront rémunérés plus rapidement et pourront exercer un contrôle sur les sommes provenant de l’exploitation de leurs œuvres. La directive aura également un impact très positif sur le marché unique du numérique. Nous offrons la possibilité aux fournisseurs de services en ligne, comme Spotify, de proposer de nouveaux services dans toute l’Europe. » Un accès simple et destiné à un public plus large pourrait permettre à des maisons d’édition de plus petite taille de pénétrer le marché.
  • 16. 16 2 Les artistes sur les réseaux sociaux Si les sites de streaming et l’avènement du Smartphone présente un avenir durable, le téléchargement légal reste la source principale de revenus sur le marché. Comme on l’a vu précédemment, les acteurs de la distribution musicale ne se concentrent plus sur l’abondance de leurs bibliothèques numériques mais sur le processus de découverte musicale. Ainsi les réseaux sociaux viennent jouer un rôle primordial dans le comportement d’achat des consommateurs. En effet qui n’a pas déjà cliqué sur une piste écoutée par un ami ? Avant d’aborder les sujets concernant les « bases fan », la gestion d’une campagne de communication sur YouTube ou la combinaison des réseaux sociaux et du marketing traditionnel, il est intéressant d’aborder un cas d’actualité, celui des Daft Punk, et notamment la campagne de communication éblouissante qui les a poussés au-devant de la scène internationale. Daft Punk : Une campagne physique dans le monde numérique2.1 D’après le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, l’album des Daft Punk « Random Access Memories » a été l’une des plus importantes sortie d’album en 2013. Le groupe a délivré une œuvre sophistiquée et contemporaine que leur label a soutenu par une campagne marketing innovante. John Fleckenstein, vice-président international à Sony Music Entertainment, confie que c’est le partenariat de confiance entre la maison de disque et le groupe qui leur a permis de créer une campagne aussi captivante que l’album lui-même. « Dans l’été 2012, une dizaine d’entre nous a été convoqué dans un studio de Paris pour écouter l’album et comprendre la vision et la façon dont les Daft Punk voulaient être perçus dans le monde. » Avec plus de 6 mois entre la première rencontre et la sortie de l’album, Sony Music a eu le temps d’élaborer une campagne mondiale sophistiquée. « Une des clés de notre succès a été notre capacité à communiquer la vision du projet et le pouvoir de la musique en interne. Nous avons sondé tous les marchés clés avec le groupe et leurs managers. Nous avons évangélisé les concepts derrière notre lancement. ». Les éléments qui ont fait du projet une campagne unique en son genre sont tout d’abord l’identité des artistes. Ce sont deux robots qui ne s’expriment pas en public, refusent toutes entrevues et sont dépourvus d’« e-réputation » sur les réseaux sociaux. Ensuite ils possèdent une « base fan » qui distribue eux-mêmes la musique et l’information. Enfin, Sony avait besoin d’être créatif sachant qu’il n’avait pas de fonds illimités. En réponse, Sony music pose les composantes du calendrier. Tout doit sortir simultanément dans le monde entier. Ensuite, en accord avec la vision des Daft Punk, le label propose une approche intéressante : chaque action doit être menée dans le monde physique mais doit se refléter dans le monde numérique et notamment les médias sociaux. La vision de la campagne est inspirée des Daft Punk qui entraîne leurs fans dans une volonté irrésistible de percer le mystère des deux robots.
  • 17. 17 « Le projet a démarré avec une campagne d’affichage étroitement coordonnée et localisée dans des endroits très reconnaissable à travers le monde (Londres, Tokyo, Los Angeles) pour alimenter le sentiment du « ça se passe partout » qui suscite l’excitation parmi les fans. Le label a lancé la diffusion d’une vidéo teaser très courte et mystérieuse utilisant un riff de Get Lucky. Les fans ont mémorisé et partagé la vidéo de manière exponentielle. La vidéo a été également confiée à Columbia records aux Etats-Unis en avant-première pendant les SNL6 . Un fan a même créé une boucle audio de 10 minutes de la bande son du teaser vidéo de « Get Lucky ». Cette campagne internationale a également pris une tournure inattendue comme en témoigne John Fleckenstein : « Par exemple, en Australie, notre entreprise locale a décidé de débuter la diffusion de l’album à la foire du comté Wee Waa, qui en raison du décalage horaire est devenu notre première diffusion. Une annonce a d’abord été diffusée dans les journaux locaux et ensuite relayée sur internet dans une frénésie de spéculation. Beaucoup se demandait pourquoi Les Daft Punk lançaient leur album dans une petite ville Australienne. L’intrigue a généré des titres dans les plus gros médias TV et presse du monde entier. » Ainsi l’album a explosé les records de précommande sur iTunes. D’après le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, l’album fut numéro un des ventes dans 97 iTunes Store et il bat le record d‘écoute sur Spotify. Cette campagne est la consécration d’un travail d’équipe parfaitement huilé entre un label et un artiste. De plus, on voit bien que la manifestation d’événements à caractère physique pour le lancement d’un album peut être utilisée pour motiver les fans à créer eux-mêmes une campagne numérique de l’artiste. On observe que le travail de coordination entre les labels et les sociétés d’édition dans le monde entier a été la colonne vertébrale de la campagne de communication. Les fans ont fait vivre eux –même la campagne dans le temps suscitant soupçons et créations originales. Si les fans sont le cœur du processus de diffusion alors voici ci-dessous comment DJ Avicii et son label ont su construire leur « base fan » à travers le « Crowd Sourced Hit Song ». 6 Wikipédia : Saturday Night Live (ou SNL) est une émission de divertissement à sketchs hebdomadaire américaine créée par Lorne Michaels. Elle est diffusée le samedi soir depuis le 11 octobre 1975 sur NBC sous le titre original de NBC's Saturday Night.
  • 18. 18 Dj Avicii : Construire sa base fan sur les médias sociaux2.2 D’après Deffrennes Marine, auteur de « Musique en ligne : être et rester star à l’ère des réseaux sociaux », Avicii est passé du petit DJ Suédois de clubs locaux à un artiste international jouant dans les plus grands festivals du monde entier. Son secret ? Conquérir le monde avec sa musique électronique avant-gardiste en exploitant les réseaux sociaux. C’est Sundin, le vice-président d’Universal Music Group International du secteur région nordique qui a découvert Avicii sur YouTube avec son titre « Bromance », la version instrumentale de ce qui allait devenir « Seek Bromance ». Impressionné par la prestation de l’artiste et le nombre de vues générées, Sundin prit contact avec Arash Pournouri, l’agent d’Avicii pour signer un contrat de diffusion des œuvres de l’artiste dans toute la région nordique. L’opération connut un succès sans précédent, et fut suivie par un second single « Fade Into Darkness ». Face au succès de ces 2 singles (plus de 5 millions d’exemplaires vendus) Sundin décide de propulser l’artiste sur la scène mondiale en le mettant en relation avec son réseau mondial d’Universal Music. En janvier 2013, ils lancent une campagne en partenariat avec Ericsson, pour créer le premier « crowd sourced hit song ». Le principe est simple, les fans envoient des partitions de son (ligne de basse, batterie, voix) à Avicii qui se charge d’en faire un single. Un single qu’il a appellé « Three Million » en référence à ses 3 millions de fans Facebook. S’en suit la promotion de l’album « True » et son single « Wake me up ». Un album dévoilé lors de la fête de la musique à Miami en live avec une brochette d’artistes comme Aloe Black qui ont collaboré sur l’album. Bien que les fans inconditionnels d’électro aient émis certaines réticences face au caractère trop avant-gardiste de l’album durant l’événement, l’hostilité des fans s’est fait ressentir sur les réseaux sociaux le lendemain. Selon Sundin : « C’est là que nous devions tenir le coup. Nous savions que nous avions un grand album. Nous savions que ce fut un choc pour les fans d’électro, mais nous étions convaincus que cet album propulserait Avicii vers un autre niveau ». Une vision qui s’est avérée juste, l’album s’est retrouvé en tête des charts dans plus de 20 pays et a été vendu à plus de 8,5 millions d’exemplaires dans le monde entier. Le single « Wake Me Up » a connu un vif succès sur Spotify. Comme en témoigne Sundin : « La campagne a été un tournant pour l’ensemble de l’industrie de la musique. Avicii a bâti sa « base fan » mondiale à travers les réseaux sociaux. Nous avons concentré nos ressources marketing sur le ciblage des moins de 30 ans, cela signifie se concentrer beaucoup plus sur les médias sociaux. ». Sundin souligne aussi le succès des partenariats avec les marques comme Ericsson et Ralph Lauren : « La musique est le catalyseur des changements sociétales, elle exploite sa puissance émotionnelle. Les artistes savent que travailler avec les marques, les aide à atteindre un public plus large. L’électro est construit autour de collaborations de DJ, d'auteur-compositeurs et artistes et ce n’est que le début. La collaboration est la nouvelle création. » La campagne d’Avicii souligne que la participation des fans-auteurs, compositeurs de musique dans le processus créatif de l’artiste s’avère être un succès. Il serait intéressant d’analyser la possibilité d’exploiter le concept avec YouTube.
  • 19. 19 Hunter Hayes : L’orchestre YouTube2.3 C’est lors de la création d’une nouvelle version du single d’Hunter Hayes « Everybody’s Got Somebody » accompagné de Jason Mraz que Warner Music Nashville/Atlantic Records décide d’utiliser YouTube pour toucher une nouvelle audience pour l’artiste. Estimant qu’il était possible d’atteindre la génération C7 , le label exprime sa volonté d’étendre la portée de l’artiste vers de nouveaux publiques. Jeremy Holley, vice- président au marketing interactif de Warner Music Nashville déclare que : « Il y’a une fausse rumeur disant que les pays amateurs de musique ne sont pas des consommateurs numériques avertis. Hunter et son public sont très engagés et nous avons pensé que ce serait une excellente idée de leurs donner l’opportunité de créer ensemble. » Le Label a donc contacté YouTube pour lui proposer une campagne attrayante. Plutôt que de tourner un clip officiel à Nashville, Warner s’arrange pour tourner à Los Angeles, au sein du propre espace de création de YouTube : Le YouTube Hangar. Cela a permis au label de rassembler une brochette de « YouTube Stars » connues pour leur remix de chansons à succès sur la plateforme, pour les inviter à jouer avec Hayes et Mraz. Les créateurs de contenu, allant de Tyler Ward à Kina Granis ont livré leurs versions du single laissant Hayes combiner les créations pour former un titre final prodigieux. Les parties prenantes ont ensuite été réunies pour créer une vidéo interactive appelée le : « YouTube Orchestra ». D’après Jeremy Holley : « Hunter et Jason se sont bien amusés, ils ont même partiellement recréé la vidéo quand ils ont joué la chanson aux Country Music Awards. ». Une vidéo publiée avant le clip officiel : « Cela nous a permis de susciter l’enthousiasme et les attentes autour de plusieurs versions de la vidéo. Il nous a permis d’étendre sur un mois la durée de vie de la vidéo. Nous avons généré un pic important de vue et d’engagement en construisant plus de familiarité autour de la création de la piste ». Holley témoigne d’une coopération étroite entre les labels de Warner Music Group (Warner Music Nashville, Atlantic Records et Warner Bros Records). Il estime que les grands labels et éditeurs sont encore au cœur de l’industrie musicale. « Nous avons des écrivains et des artistes dans Nashville qui collaborent et ce phénomène s’étend vers d’autres musiciens de l’éco-système. YouTube ne fait qu’ajouter de la valeur. » C’est en diffusant à travers un clip vidéo l’ensemble des parties prenantes du projet à ses fans que l’artiste a su attirer les foules. Une réussite catalysée par la plateforme YouTube et ses « YouTube Stars ». Un autre réseau social vient aujourd’hui bouleverser la consommation de musique en suscitant le débat entre les fans de l’artiste. Voici ci-dessous le cas de Tommy Torres qui a su apporter à ses fans un sentiment d’adhésion sur Twitter. 7 Wikipédia : La génération C désigne, selon le Centre francophone d'informatisation des organisations (CEFRIO) l'ensemble des personnes nées entre 1984 et 1996. Elle se caractérise par le fait qu'elle a grandi avec les technologies de l'information et Internet, dont elle se sert pour communiquer, collaborer et créer.
  • 20. 20 Tommy Torres exploite la puissance de Twitter2.4 D’après Virginie Berger, auteur de « Twitter pour les artistes », Tommy Torres est un Portoricain, chanteur-compositeur qui était très respecté par ses pairs mais n’était pas encore installé sur le marché de la musique. C’est Warner Music Group (WMG) qui a lancé l’artiste à travers la création d’une campagne Twitter innovante. Gaby Martinez, vice-président marketing à Warner Music Amérique latine et directeur général de Warner Music Latina révèle que Torres a été en mesure d’exploiter Twitter pour créer le débat autour de ses chansons, apportant un sentiment d’adhésion de ses fans : « Sa chanson Querido, Tommy a été inspiré par un fan qui lui a écrit pour lui dire qu’il aimait sa petite amie, mais ne trouvait pas les mots pour l’exprimer, demandant l’aide de l’artiste. Il a lancé une campagne sur Twitter pour demander à ses fans s’il devait aider cet homme à exprimer ses sentiments à sa petite amie. » Ainsi selon le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, l’artiste a généré plus de 3000 interactions dans ce débat en ligne, puis a posté sa chanson sur Twitter en avant-première. WMG a diffusé la campagne Twitter générant une attention particulière de fans de musique. D’autres stars, comme Ricky Martin et Alejandro Sanz ont retweeté ses messages. Gaby Martinez confie que : « il est le reflet de ce que peut faire un artiste pour prendre le pouls de leurs fans. Les gens sentaient qu’ils faisaient partie de l’histoire de Tommy et ressentaient un droit de propriété sur la chanson. » Torres a alors publié ses deux singles suivants en avant-première constatant à chaque fois une augmentation des interactions. D’après le Digital Music Report 2014 de l’IFPI, le compte Twitter de l’artiste dispose aujourd’hui de plus de 500 000 followers. Son album « 12 historias » a fait ses débuts comme numéro un du tableau Nielsen Soudscan latine. Gaby Martinez témoigne : « il n’est pas rare de voir des artistes latins utiliser des canaux numériques pour eux-mêmes. Le marché de la musique latine évolue de plus en plus en terme de génération de revenus. Aux Etats-Unis, nous voyons de jeunes artistes urbains latino susciter beaucoup d’intérêt à travers les canaux numériques, tandis que les artistes traditionnels latino comme Torres ont tendance à avoir plus de succès dans les ventes physiques. Au Mexique le marché est divisé en deux avec iTunes qui se révèle être un système efficace avec le paiement en monnaie locale. D’autres marchés, y compris Porto Rico sont encore dominés par les ventes physiques. » Martinez considère que les chaînes numériques sont à l’image du marché : « Oui, nous signons des artistes urbains latino et ils influencent bien-sûr les canaux numériques mais ce sont des artistes qui sont très vite oubliés. Le numérique reflète le marché. Alors que nous voyons de nouvelles plates-formes arriver sur le marché, des revenus plus diversifiés commencent à venir, notre travail est encore de dénicher les talents et de signer les meilleurs artistes que nous pouvons. » Pour conclure, on constate que les artistes suscitent l’engagement de leurs fans dans la création de leur œuvre. Avec Tommy Torres qui crée le débat sur Twitter autour de ses chansons, Hunter Hayes qui fait appel aux « YouTube Stars », en passant par DJ Avicii et sa campagne de « crowd sourced hit song ». C’est sans compter sur les collaborations avec les artistes et les partenariats avec les marques.
  • 21. 21 3 Les marques : créatrice d’expériences et de valeurs sur les réseaux sociaux Comme en témoigne la campagne de DJ Avicii avec Sony Ericsson pour créer le premier « crowd sources hit song », la musique est un secteur que de nombreuses marques ne peuvent se passer pour communiquer leurs valeurs et leurs images. D’après Romain Tarillon, diplômé en Publicité et Social Media, certaines marques veulent simplement se calquer sur les centres d’intérêt d’un jeune public en organisant des événements sur le court terme pendant que d’autres vont se concentrer d’avantage sur les fans de musique en voulant créer une véritable expérience utilisateur. Enfin des marques comme Redbull par exemple, se positionne sur une volonté de faire évoluer la musique en obtenant la reconnaissance des artistes eux-mêmes. Les leviers d’engagement les plus utilisés3.1 © Havas Sports & Entertainment Figure 7 : Les six leviers d’engagements marketing les plus utilisés par les marques de sport et de divertissement Afin de comprendre comment ils sont utilisés et en quoi ils sont sources de contenu importants sur les réseaux sociaux voici quelques cas significatifs.
  • 22. 22 Heineken : Green Room Session 20133.2 3.2.1 Les leviers d’engagement de Heineken Selon Irène Bastard, Marc Bourreau, Sisley Maillard et François Moreau, auteurs de « De la visibilité à l’attention : les musiciens sur Internet », la marque brasseurs incontournable en Europe et dans le monde entier promet d’accompagner ses fans dans leur recherche d’expériences fortes avec un line up8 mêlant musiques actuelles et musiques électroniques. Si l’année précédente Heineken se positionnait sur la découverte de jeunes talents à travers des concerts, évènements et festivals partenaires, en 2013 son positionnement s’est radicalement modifié en permettant aux fans de musique de voir sur scène des artistes d’exceptions. C’est là qu’intervient le levier sponsoring. Avec greenroomsession.fr la marque choisis le support web pour développer sa stratégie de contenu. En effet d’après Romain Tarillon, le site web a été conçu pour prolonger l’expérience live et l’approfondir grâce à du contenu exclusif. Un support de diffusion très utilisé pour la découverte musicale. La ligne éditoriale du site web est composée d’actus, de promotions, de report d’évènements, de jeux concours et de playlists musicales. 8 Une ligne de goût
  • 23. 23 Enfin chaque année, Heineken noue un lien fort avec des stars de la musique actuelle. Comme en témoigne Romain Tarillon « Heineken utilise ces partenariats pour créer du contenu exclusif, animer ses réseaux sociaux, dynamiser son réseau de distribution et générer des retombées presses importantes ». 3.2.2 Animations Facebook Editoriale Actualités sorties, Vie des artistes, Comparatifs artistes, Chronique d’albums © Facebook Green Room Session Figure 8 : Publication Facebook
  • 24. 24 Curateurs Albums de la semaine, téléchargement, Playlists Evénements/concours Concours, bons plans, reporting Figure 10 : Jeux concours Facebook du compte Green Room Session © Facebook Green Room Session Figure 9 : Publication Facebook © Facebook Green Room Session
  • 25. 25 Divertissement Idées créatives, web culture © Facebook Green Room Session Figure 11 : Publication Facebook
  • 26. 26 3.2.3 Chiffres © Romain Tarillon Figure 12 : Nombres de followers des réseaux sociaux d’Heineken © Romain Tarillon Figure 13 : Evolution de la page Facebook Green Room Session Janvier – Avril 2013 Le nombre de fans a augmenté progressivement avant même l’arrivé de l’été, période propice pour les festivals. Comme en témoigne Manuella Mengue M’Eyi, auteur de « Community Manager : promouvoir l’artiste sur les réseaux sociaux » c’est son partenariat avec le label Ed Banger qui a propulsé Heineken vers du contenu plus qualitatif et adapté au grand public. 3.2.4 Partenariats Romain Tarillon nous indique que Heineken est partenaire de tous les plus gros évènements de musiques actuelles et musiques électroniques françaises. La marque touche la majeure partie des fans de musique via sa scène et ses activations in-site.
  • 27. 27 © Romain Tarillon Figure 14 : Les partenariats d’Heineken 3.2.5 Exemples de campagnes Partenariat ED BANGER Pour fêter ses 140 ans, Heineken a noué un partenariat avec le label de musique électronique français qui célébrait son 10ème anniversaire. Romain Tarillon constate l’intégration de l’univers du label dans celui de la marque : • Partenaire exclusif de la soirée d’anniversaire, • Bouteille en édition limitée désignée par SoMe (graphiste label), • Coffret en édition limitée chez Colette avec la bouteille « une enceinte sans fil Lowdi », • Création d’un espace web retraçant l’histoire du label.
  • 28. 28 Green Bus Tour C’est une campagne de recrutement sur Facebook. Le principe : faire gagner à une personne et cinq de ses amis, 3 jours de musique et de live sur le festival de son choix. La marque a lancé en 2011 une série de vidéos interactives pour diffuser l’opération. Les fans de la page GreenRoom pouvait participer sur Facebook en choisissant leurs amis à condition de partager l’opération. 3.2.6 Analyse D’après Romain Tarillon Heineken a choisi de créer une marque annexe : « GREEN ROOM » pour se lancer dans le marché du sponsoring musical. C’est une marque qui a su asseoir son indépendance en se positionnant comme le partenaire des musiques actuelles et de ses évènements. Heineken a réussi à diversifier son activité d’origine pour devenir un media référent sur les musiques actuelles et électroniques. Son contenu éditorial et ses jeux concours sur les réseaux sociaux sont en adéquation avec les attentes de sa cible hyper-connectée et friande d’actualités, de bon plans et d’exclusivités lorsqu’il s’agit de leur passion. Ses partenariats choisis selon les goûts musicaux de sa communauté, témoignent d’une démarche donnant à la marque une crédibilité pour continuer à dominer le territoire de la musique. Red Bull : Red Bull Music Academy3.3 D’après Redbull.fr, c’est depuis la première édition en 1999, que la Redbull Academy s’est installée dans quelques-unes des plus grandes capitales musicales du monde : Berlin, New York, Sao Paulo, Londres, Madrid, Cape Town… C’est dans une dynamique de partage d’une passion commune à chaque artiste, la musique, que la marque propose à travers de nombreux ateliers et autres festivals, une plateforme aux artistes de demain afin qu’ils puissent exprimer leurs talents et apprendre les uns des autres.
  • 29. 29 3.3.1 Les leviers d’engagements de Red Bull Présent sur de nombreux événements type clubbing et festivals, RedBull tient à faire valoir son positionnement de partenaire mondial de la culture musicale généraliste et avant-gardiste. La Redbull Academy organise chaque année son événement dans une ville différente pour la transformer en place mondiale de la création musicale. Les artistes jouent ensemble dans plusieurs lieux connus de la ville. La marque dispose d’une radio : « Redbull Radio » assurant la diffusion de ses artistes et autres artistes avant-gardistes. Enfin elle dispose d’un magazine physique et web avec de nombreuses interviews, galeries photos, web séries, report d’événements… 3.3.2 Création de contenu original Le compte Facebook « Red Bull Music Academy » centralise l’ensemble des contenus photos, vidéos, éditoriaux crées par la marque. Comme en témoigne Matthias Riquier « Musique et réseaux sociaux : et maintenant ? », fidèle à ses principes, la marque produit du contenu différenciant. Par exemple elle a lancé la web série HASHTAGS, programme centré sur la création musicale issue d’internet. Du contenu qui a bénéficié d’un très bon taux d’engagement permettant à sa page Facebook de d’augmenter sa portée organique.
  • 30. 30 © Romain Tarillon Figure 15 : Publications Facebook RBMA 3.3.3 Chiffres © Romain Tarillon Figure 16 : Nombre de followers des réseaux sociaux RBMA © Romain Tarillon Figure 17 : Nombre de personnes parlant de la RBMA
  • 31. 31 © Romain Tarillon Figure 18 : Evolution de la page Facebook RBMA Octobre 2012 – Avril 2013 Les chiffres confirment le très bon taux d’engagement de la page Facebook de la marque suite à la création de ses contenus originaux avec une croissance de 80 000 nouveaux fans en 3 mois. Période durant laquelle la websérie « Hashtag » soutenue par de l’achat média a été diffusée. 3.3.4 Analyse Selon Romain Tarillon, RedBull s’est très bien implanté en tant que partenaire de confiance sur le marché musical. En effet la marque veut repousser les limites de la création musicale. Si SFR a bien compris que la musique se renouvelle chaque année c’est en s’associant à des artistes confirmés et avant-gardistes qu’elle agit en catalyseur et participe activement à la pérennité de la musique. Redbull investit massivement sur ses contenus vidéo originaux pour amplifier son message sur sa plateforme de contenu digitale. Pour résumer la marque a réussi son pari de devenir la marque de référence de créateur de tendances. SFR Live Concerts3.4 D’après Caroline Llabres, « La promotion des artistes online » comme le mentionne le titre de la campagne, SFR déploie son angle d’attaque sur le live. Orienté sur une ligne de goût généraliste la marque apporte à un large public une expérience unique à travers le « livestreaming ».
  • 32. 32 3.4.1 Les leviers d’engagement de SFR SFR s’est lancé dans une campagne de retransmission de grands évènements nationaux et internationaux en live streaming (en direct sur internet). De plus sur certains évènements la marque ajoute quelques fonctions interactives. SFR possède son propre magasin en ligne de mp3. Les abonnés ont la possibilité de télécharger légalement des fichiers musicaux. En partenariat avec les artistes, la marque propose des albums en édition spéciale, contenant des titres en exclusivité. Pour maintenir un lien étroit avec sa communauté et animer les périodes creuses en évènements, SFR a développé un portail d’informations musicales avec des actualités sur les artistes, les groupes, des vidéos de concerts en partenariat avec musicactu.fr qui duplique ses contenus pour l’opérateur. Tous ces contenus sont diffusés sur les réseaux sociaux de SFR.
  • 33. 33 3.4.2 Du Live musical innovant D’après Romain Tarillon, SFR a créé la première plateforme web de diffusion de concerts en direct et en multi-caméras. Le service diffuse chaque mois un concert en direct gratuitement et véhicule ainsi un courant d’innovation. Toujours selon Romain Tarillon, SFR déploie son service autour de 3 étapes importantes : • Impliquer les fans : poser des questions aux artistes, voter pour les meilleures questions posées et enfin voir les réponses de l’artiste, • Faire vivre une expérience unique : Retransmission en direct sur le web avec la possibilité de changer d’angle de vue, de visiter virtuellement la salle de concert. Enfin partager ses émotions en échangeant en direct avec les internautes connectés, • Un travail éditorial pour faire perdurer l’expérience : SFR fait revivre les meilleurs moments des concerts en mettant à disposition des vidéos gratuites et des photos de l’événement. 3.4.3 Animations Facebook © Romain Tarillon Figure 19 : Leviers d’engagement Facebook de SFR Live Concert SFR a profité du festival international « Coachella » pour mettre en place son dispositif de live streaming. Ainsi on observe durant la période que la page Facebook est centrée sur les faits marquants autour de l’événement en temps réel.
  • 34. 34 © Romain Tarillon Figure 20 : Leviers d’engagement Facebook de SFR Live Concert durant les « Coachella » Enfin comme en témoigne Romain Tarillon ce qui suscite le plus d’intérêt concerne les billetteries privatives, les posts divertissant de la web culture en catégorie musique et enfin les innovations live streaming. © Romain Tarillon Figure 21 : Les meilleurs Posts Facebook de SFR Live Concerts
  • 35. 35 © Romain Tarillon Figure 22 : Evolution du taux d’engagement de la page facebook SFR Live Concert 3.4.4 Analyse Selon Romain Tarillon, SFR, engagé dans la musique depuis 2004, utilise massivement la carte du live streaming en y intégrant de l’interactivité. Un moyen de faire valoir la force de son réseau de distribution sur le web et d’adopter la posture d’une marque innovante à la pointe de la technologie. Par ailleurs, on note que SFR a du mal à combler les brèches des périodes creuses en festival. Les publications social media génèrent peu d’interactions dues à une ligne éditoriale trop généraliste qui la place en concurrence directe avec les blogs souvent plus réactifs et privilégiés par les fans.
  • 36. 36 4 L’artiste et sa vision des réseaux sociaux On constate que pour une poignée d’artiste, les réseaux sociaux constituent un relais de communication entre leurs œuvres et les maisons de disques. Une aubaine pour celles-ci car l’artiste a déjà constitué sa « base fan » et développer son image, diminuant fortement les risques d’investissement. Certains créent le débat pour apporter du sens à leur œuvre et connaître l’opinion de son public. Enfin d’autres les utilisent comme des plateformes de co-création instrumentale. On constate que les champs d’actions sur les réseaux sociaux sont très variables selon le volume de fans générés. Les artistes à vocations internationales et les grandes marques exploitent les réseaux sociaux. Ils constituent ensemble un potentiel financier fort ainsi qu’une notoriété de masse ouvrant des champs d’actions presque infinis sur les médias sociaux. Les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui, sans contacts dans le milieu de l’édition ou de la production musicale, leur seule chance de vivre de la musique est de construire une « base fan » qualifiée pour être visible. Les réseaux sociaux leur permettent de le réaliser sans dépense. La limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile. Hypothèse centrale et sous-hypothèses4.1 De la problématique : « Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artistes », on peut soulever l’hypothèse centrale suivante : Les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété pour les indépendants Enfin on peut alors en déduire une sous-hypothèse : Les indépendants doivent construire une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le marché.
  • 37. 37 PARTIE 2 : ETUDE QUALITATIVE
  • 38. 38 1 Méthodologie employée Afin de répondre aux hypothèses émises il serait intéressant d’aller voir directement des artistes indépendants confrontés directement aux réseaux sociaux. Afin d’obtenir des informations pertinentes, deux catégories d’artistes très convoités sur les réseaux sociaux ont été interrogés : des DJs ainsi que des Beatmakers9 . Choix de l’étude1.1 Les artistes interrogés sont pour certains des amis proches et pour d’autres des connaissances. J’ai remarqué qu’ils connaissent parfaitement les processus de communication sur les médias sociaux et sont ouverts pour les communiquer autour d’un raisonnement construit. Ainsi ils seront interrogés sous la forme d’un entretien semi-directif. Je ne suis intervenu que pour aiguiller l’enquêté à développer ses pensées ou relancer la conversation. Objectif de l’entretien1.2 Qui d’autres que les artistes indépendants peuvent fournir des informations aussi précises concernant leur utilisation des réseaux sociaux ? La première partie de l’entretien est une approche logique concernant la situation de l’artiste. En effet il est primordiale avant toute entrée dans le détail de cerner son environnement musicale, son expérience dans le secteur, quelle activité il exerce et enfin comprendre ses motivations. Dans une deuxième partie, on se concentre sur l’avis de l’artiste à propos de l’efficacité des réseaux sociaux dans la réalisation de ses objectifs. Cela passe par des questions autour de sa capacité à utiliser les leviers d’engagement des médias sociaux et son choix d’image par rapport à la concurrence. Dans une troisième partie, on s’intéresse aux relations qu’ont pu nouer les artistes avec des marques. Comprendre quelle a été l’échange de procédés ? La marque s’est-elle engagée sur le long terme avec l’artiste ? Enfin, l’enquête converge sur les difficultés qu’ont pu rencontrer les artistes sur les médias sociaux et appréhender sa vision de l’avenir. Réalisation du questionnaire1.3 Au total 5 catégories (Situation de l’artiste, Réseaux Sociaux, Marques, Difficultés rencontrées, Autres) avec 20 questions dont la plupart sont ouvertes pour laisser une liberté à l’enquêté de développer ses pensées. Enfin quatre artistes interrogés présentés ci-dessous. 9 Compositeur de musique instrumentale Hip Hop, Rap, Soul, Electro
  • 39. 39 2 Présentation des artistes interrogés Twinsmatic2.1 C’est le duo de Beatmakers formé en 2008 par Pierre Farade et Nadeem Roze. C’est avec leur premier EP (extended play) « GreenRoom » qu’ils ont commencé à s’affirmer. Une reconnaissance d’abord partagée par leur entourage mais aussi par un public d’internautes parisiens. Des titres phares de Drake à Pharell, en passant par Katy Perry sans oublier Rihanna et Beyonce, une touche « Twinsmatic » reconnaissable par ses rythmiques mêlant hiphop et Electro… Des pochettes soignées comme en témoignent celle de leur dernier EP « TroubleSeason », un souci du détail dans l’artwork (travail artistique) qui attire l’attention. Influencé par Timbaland, Kanye West et Neptunes, le duo parisien se nourrie de différents genres musicaux : hip hop, bossa nova, électro, dubstep. Avec Supa, Bambz et Kyu, ils forment le collectif F*A*L*D (Fuck Art Let’s Dance) qui projette de « faire partager leur vision du clubbing parisien sans prise de tête ». Ils ont pour but de réunir ce qui se fait de mieux en matière d’’Electro, Hip-Hop, Dancehall et Future Beats. Récemment signé chez Universal Music, le duo enchaine les productions et les remix sans pour autant que la qualité en soit altérée. La dernière en date est leur participation à l’album de Booba, un tremplin qui leur a permis de toucher un nouveau public bien plus large. Une présence quasi écrasante sur les résultats Google, « web » et « image », les Twinsmatic ont su occuper la toile et faire de leur nom une marque exploitable. Réseaux sociaux :
  • 40. 40 Bambz2.2 Figure incontestée des clubs parisiens, Bambz sort de l’inconnue lorsqu’il rejoint le collectif F*A*L*D (Fuck Arts Lets Dance). Ses sets (compositions musicales) conçus et pensés pour orienter son public vers des sauts d’énergie périodique lui ont value le titre de meilleurs DJ de l’année 2013 par le Social Club. Aujourd’hui, en partenariat avec la jeune agence de tourneur sur Paris « YARD », il joue dans des endroits mythiques comme le Wanderlust, le palais de Tokyo ou encore le Grand Palais. Son influence musicale lui vient de son grand frère et de ses oncles. Une culture Hip Hop Reggae et Dance hall qu’il a pu développer depuis maintenant 15 ans. Un DJ qui n’a pas froid aux yeux et qui n’hésite pas à travailler son Beatmaking. En effet c’est lors de la sortie de son remix de Mila J., « Smoke Drink Break Up », la sœur de la célèbre Jhene Aiko, que Bambz voit sa côte monter sur les réseaux sociaux. L’artiste elle-même a tenu à le remercier à travers un tweet dont il se souviendra pendant longtemps. Réseaux sociaux :
  • 41. 41 Dj Supa2.3 D’après Redbull.fr, Finaliste international de l’édition 2011 du Red Bull Thre3style, Supa est devenu au fil du temps une valeur sûre de la scène des DJ’s français. Depuis sa découverte des platines, tables de mixage et autres samplers il y a un peu plus de 10 ans, DJ Supa en a fait du chemin. Après avoir fait ses gammes lors de soirées d’anniversaire ou lors de sessions privées, le Parisien a commencé à voir plus grand, au fur et à mesure que son talent s’est développé. Un temps membre du collectif Jazzfiq, sous le nom de DJ Kai, il a ensuite décidé de se lancer en solo et est donc devenu Supa. Avec son style très physique et sa capacité unique à faire chavirer le dancefloor, Supa se produit dans des lieux parisiens de plus en plus célèbres, chez Régine ou au Nouveau Casino par exemple, et explose littéralement lors des qualifications nationale du Red Bull Thre3style en 2011. Réseaux sociaux :
  • 42. 42 Dj A-S T R V Y T2.4 Jeune DJ Bordelais et grand exportateur d’un mouvement musicale avant-gardiste : le Futurbeats. Aujourd’hui Dj résident au Mama Shelter, Dj A-S T R V Y T anime des lieux influents à Bordeaux comme à Paris et jusqu'à Bruxelles. Grand utilisateur des réseaux sociaux musicaux type Soundcloud, il a bien compris comment se faire un nom dans cet océan de DJ que compte l’Europe. Réseaux sociaux :
  • 43. 43 3 Interprétation des résultats Pour rappel, la problématique centrale du mémoire est la suivante : quels réseaux sociaux pour la promotion d’artistes ? Cela sous-entend, la nature, le type de réseaux sociaux mais aussi et surtout les leviers d’engagement à utiliser. On a pu constater dans la première partie que les artistes comme les marques exploitent la puissance de YouTube, Twitter, Facebook… Cependant on suppose que le volume de fans influe sur le champ d’action des acteurs sur les réseaux sociaux. Ainsi on suppose que les indépendants doivent doublement qualifier leur public sur les réseaux sociaux en cherchant des fans de leur musique mais aussi des fans de marque susceptible d’être associé à leur musique. Croisement des données3.1 Ayant interrogé des artistes d’une notoriété complètement différentes sur le marché on remarque que les objectifs de carrière sont variés. Pendant que certains ont pour projet de quitter la France pour exercer leur talent à l’étranger d’autres pensent déjà à se reconvertir comme en témoigne DJ Supa qui veut devenir tourneur (organisateur de tournée musicale) sur Paris. Un constat sans équivoque se dégage à travers la question 6 du questionnaire : Aucun artiste interrogé ne peuvent aujourd’hui se passer des réseaux sociaux. En effet il est rare aujourd’hui de passer par les créneaux traditionnels de découverte d’artiste comme le bouche à oreille, la recommandation ou l’attaché de presse qui passait par hasard au bon endroit, au bon moment… Aujourd’hui l’artiste doit construire sa « e-réputation » sur la toile comme une sorte de C.V qui le suit dans le temps. On retrouve généralement les mêmes types de réseaux sociaux utilisés par l’ensemble des interrogés Certains en utilisent plus que d’autre, les Twinsmatic par exemple sont très actif sur 7 réseaux sociaux. Une ligne éditoriale qu’il faut tenir dans le temps. On distingue 3 objectifs différents chez les interrogés sur les réseaux sociaux : • Diffuser ses œuvres, • Informer des dates et lieux de représentation, • Contacter des professionnels du secteur. Si la moitié ont construit leur image uniquement sur les réseaux sociaux il est très intéressant de soulever un cas particulier des Twinsmatic : « On essaye de transmettre le soucis du détail de nos productions musicales par une vision minutieuse pour la mode et l’esthétique ». On peut tout à fait rejoindre ce positionnement d’image à la sous hypothèse : « Les indépendants doivent construire une « base fan » doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le marché. » Les Twinsmatic ont su attirer un public de fan de prêt à porter du streetwear et du sportsweat. Ils ont à la fois diffusé un avant-gardisme musical et vestimentaire. C’est ce qui a attiré des marques comme Nike et Beats By Dre avec qui ils gardent des relations étroites. Les marques mentionnées ci-dessus fidélisent ses influenceurs sur la toile avec des goodies, des représentations à des soirées privées à conditions que les artistes portent la marque. Dans certains
  • 44. 44 cas l’image d’une marque qui vous colle à la peau peut être une limite comme en témoigne le cas de Dj Supa. Gagnant des Redbull Three Styles, une compétition de DJ connu dans le monde entier. Trois ans après, l’image de la marque lui donne l’impression qu’il n’a pas évolué dans le temps. Il est intéressant de voir que l’outil plonge certains artistes dans une coupure totale avec la vie sociale réelle. En effet Bambz nous explique qu’il a du mal à gérer son temps entre son activité de Dj/Beatmaker et sa communication sur les réseaux sociaux, il est en d’autres termes coupé du monde réel. Pour d’autres comme Dj Supa des améliorations sont à apporter au ciblage du public, il aimerait en savoir plus sur son public. Enfin pour les Twinsmatic les réseaux sociaux reste un complément de diffusion, une étape préalable avant d’atteindre une grande notoriété en maison de disque. L’étude nous renseigne sur l’état d’esprit que doit adopter un artiste à forte influence sur les réseaux sociaux. Comme en témoigne les Twinsmatic, « on peut vite prendre la grosse tête quand on fait 240 000 plays avec une base fan de 5000 followers ». Le groupe sous-entend que les réseaux sociaux sont un premier levier de notoriété, une « e-réputation » construite pour le publique avant tous mais qui constitue aussi une sorte de C.V pour les majors afin de passé à un niveau de notoriété supérieur. En ce qui concerne le futur qu’envisage les interrogés sur les réseaux sociaux, l’ensemble y voit un avenir certain avec la recommandation musicale qui boosterait la découverte d’artiste. On est en effet beaucoup plus influencé quand un proche vous conseille une musique. Les limites de l’étude3.2 L’étude qualitative de ces 4 artistes nous permet de comprendre que les marques sont attirées par le public que génèrent ces artistes à forte influence sur les réseaux sociaux. Force est de constater que les artistes eux-mêmes ont bien compris que leur participation à des évènements organisés par des marques constitue un deuxième levier de notoriété pour construire une réputation complète qui attirera les majors. Le point de vue de l’artiste est riche mais il aurait été intéressant de réaliser une étude quantitative sur un panel d’utilisateur qualifié sur les réseaux sociaux afin de comprendre l’écart entre le contenu que proposent les artistes et l’attente du public. En effet comprendre les utilisations et le comportement du public est un complément d’information riche pour croiser les visions de l’artiste et de son public. Comprendre la proportion de public qui suit des artistes produits ou indépendants mais aussi le nombre d’utilisateurs qui a découvert des artistes sur les réseaux sociaux, et enfin la proportion du public fidélisé, pourrait permettre d’évaluer si ce type de communication est éphémère ou durable. Enfin la limite est que l’étude se concentre sur un seul acteur. Sur le marché on distingue quatre types d’acteur : les artistes, le public, les labels et les marques. On peut élargir le champs en différenciant les labels, des purs éditeurs ou en catégorisant les artistes par genre musical… Les labels proposent des services de distribution et de promotion, ils sont au cœur de la communication sociale. Interroger ces acteurs à travers une étude qualitative nous aurait apporté une vision experte
  • 45. 45 des leviers de communication sur les réseaux sociaux ainsi que l’évolution de l’industrie musicale face aux changements radicaux des habitudes de consommation du public. Pistes de développement3.3 Dans un marché en maturité, on observe une concurrence de plus en plus féroce avec une augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile. En effet le public est confronté à une masse d’artiste, difficile de trouver la perle rare parmi cette bibliothèque musicale géante. Nous passons dans l’ère de la fidélisation. La partie 1 nous aiguille déjà sur les plateformes de streaming sous license qui se mettent à contrôler le processus de recherche de l’internaute par la socialisation de la découverte musicale. Ainsi on pourrait se demander si l’artiste indépendant doit à la fois se concentrer sur la qualité de sa musique mais aussi sur la capacité de sa communauté de fan à partager ses contenus ? L’avenir pour l’artiste indépendant est-il dans sa capacité à attirer un public à fort niveau d’influence ? Passons-nous dans une ère de l’influence au détriment de la qualité musicale ?
  • 46. 46 4 Conclusion De la problématique : « Quels réseaux sociaux pour la promotion d’artistes », a été soulevée l’hypothèse centrale, « Les réseaux sociaux constituent un premier levier de notoriété pour les indépendants » et enfin la sous hypothèse, « les indépendants doivent construire une base fan doublement qualifiée à la fois pour leur musique mais aussi pour des marques qui investissent sur le marché ». Afin de répondre aux hypothèses émises, nous avons réalisé une étude qualitative auprès des artistes indépendants confrontés directement aux réseaux sociaux. Afin d’obtenir des informations pertinentes, deux catégories d’artistes très convoités sur les réseaux sociaux ont été interrogés sous la forme d’un entretien semi-directif : des DJs ainsi que des Beatmakers10 . Les objectifs de l’entretien sont de connaître leurs avis sur l’apport des réseaux sociaux dans leurs projets musicaux et de connaître leurs relations avec les marques. Les résultats ont permis de découvrir que les artistes indépendants ont bien compris qu’aujourd’hui, sans contact dans le milieu de l’édition ou de la production musicale, leurs seule chance de vivre de la musique est de construire une « base fan » qualifiée pour être visible et les réseaux sociaux leur permettent de le réaliser sans dépense. La limite est la concurrence de plus en plus féroce avec une augmentation chaque année du nombre d’artistes indépendants sur la toile. Les marques sont attirées par le publique que génèrent ces artistes à forte influence sur les réseaux sociaux. Force est de constater que les artistes eux-mêmes ont bien compris que leur participation à des évènements organisés par des marques constitue un deuxième levier de notoriété pour construire une réputation complète qui attirera les majors. Il fût intéressant d’établir que les réseaux sociaux plongent certains artistes dans une coupure totale avec la vie sociale réelle. Cependant, l’étude se limite à un seul acteur alors que sur le marché on distingue quatre types d’acteur : les artistes, le public, les labels et les marques. Les labels proposent des services de distribution et de promotion, ils sont au cœur de la communication sociale. Interroger ces acteurs à travers une étude qualitative nous aurait apporté une vision experte des leviers de communication sur les réseaux sociaux ainsi que l’évolution de l’industrie musicale face aux changements radicaux des habitudes de consommation du public. Pour finir, l’observation de la concurrence et de l’augmentation de son volume dans le temps nous a permis de dégager trois pistes de développement : L’artiste indépendant doit –il à la fois se concentrer sur la qualité de sa musique mais aussi sur la capacité de sa communauté de fan à partager ses contenus ? L’avenir pour l’artiste indépendant est-il dans sa capacité à attirer un public à fort niveau d’influence ? Passons-nous dans une ère de l’influence au détriment de la qualité musicale ? 10 Compositeur de musique instrumentale Hip Hop, Rap, Soul, Electro
  • 47. 47 Webographie Rapport de l’International Federation of the Phonographic Industry 2014 ; http://www.ifpi.org/downloads/Digital-Music-Report-2014.pdf TARILLON Romain « Benchmark Marques et Musique 2013 » ; http://fr.slideshare.net/rnichel/benchmark-marques-et-musique-2013 LLABRES Caroline « La promotion des artistes online » ; http://fr.slideshare.net/CarolineLlabrs/la-promotion-des-artistes-online?qid=e47c3f88-b7fa-4f3b- 88fd-a5cfccd709f4&v=qf1&b=&from_search=1 BOYE Maïa « La découverte musicale toujours plus sociale » ; http://www.inaglobal.fr/musique/article/la-decouverte-musicale-toujours-plus-sociale BERGER Virginie « Twitter pour les artistes » ; http://fr.slideshare.net/virberg/dbth-prsente-twitter-pour-les-artistes?qid=e47c3f88-b7fa-4f3b-88fd- a5cfccd709f4&v=qf1&b=&from_search=2 BASTARD Irène, BOURREAU Marc, MAILLARD Sisley, MOREAU François « De la visibilité à l’attention : les musiciens sur Internet » ; http://ses.telecom-paristech.fr/bourreau/Recherche/Visibilite.pdf DEFFRENNES Marine « Musique en ligne : être et rester star à l’ère des réseaux sociaux » ; http://www.terrafemina.com/culture/culture-web/articles/30954-musique-en-ligne-etre-et-rester- star-a-lere-des-reseaux-sociaux.html RIQUIER Matthias « Musique et réseaux sociaux : et maintenant ? » ; http://www.greenroomsession.fr/32302-musique-et-reseaux-sociaux-et-maintenant/ MENGUE M’EYI Manuella « Community Manager : promouvoir l’artiste sur les réseaux sociaux » ; http://www.leprofyl.com/musique/pages-fan-du-community-manager/
  • 48. 48 Annexe Guide d’entretien Entretien semi-directifs de 4 artistes musicaux DJ & Beatmaker Figure 1 page 48 : Les questions, les objectifs de chaque questionnement et les réponses attendues Figure 2 page 49 : Les réponses des interrogés