Selon l’observatoire ANIMA-MIPO, les investissements directs étrangers (IDE) vers l'espace MED ont moins reculé qu’au niveau mondial. Le montant net d'IDE annoncé en 2009 s'élève à 32,3 milliards d'euros, soit -17% sur 2008 (contre -35% au niveau mondial selon la CNUCED).
Première nouveauté, ANIMA-MIPO enregistre désormais les projets de partenariats. Ils n’ont jamais été aussi nombreux (300 en 2009) : les entreprises s’adaptent aux nouvelles conditions de marché et lancent des projets plus petits et moins risqués. Autre effet de la crise, le bonus pour la proximité joue à plein : les IDE des entreprises européennes repartent à la hausse en 2009.
Deuxième évolution : un atlas en ligne de l’investissement est désormais associé à ANIMA-MIPO. Visualisez tous les projets en temps réel sur www.medmaps.eu, et téléchargez le bilan annuel 2009 ANIMA-MIPO et le communiqué de presse.
Auteurs : Bénédict de Saint-Laurent, Zoé Luçon, Pierre Henry, Samir Abdelkrim, Jeanne Lapujade / ANIMA : www.anima.coop
Boosting Business in the Mediterranean: Entrepreneurs' Success Stories
Investissements directs étrangers et partenariats vers les pays MED en 2009
1.
ETUDE N° 14 / Avril 2010
MED-AllianceInvestirenMéditerranée
Investissements directs
étrangers et partenariats
vers les pays MED en 2009
2.
Investissements directs
étrangers et
partenariats vers les
pays MED en 2009
E t u d e N ° 1 4
A v r i l 2 0 1 0
A N I M A I n v e s t m e n t N e t w o r k
Bénédict de Saint-Laurent, Zoé Luçon
Jeanne Lapujade, Samir Abdelkrim, Pierre Henry
4. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
2
Acronymes
AFII : Agence Française pour les Investissements Internationaux
ANIMA : Réseau euro‐méditerranéen d’acteurs du développement
économique
API : Agence de Promotion de l’Investissement
CNUCED (UNCTAD en anglais) : Conférence des Nations Unies sur le
Commerce et le Développement
IDE : Investissement Direct Etranger
MED‐11 : Ensemble de 11 pays du voisinage européen, soit 9 pays
partenaires méditerranéens de lʹUE (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie,
Liban, Maroc, Autorité Palestinienne, Syrie, Tunisie), un pays avec le
statut d’observateur (Libye) et un pays en voie d’adhésion, la Turquie.
Malte et Chypre ont rejoint l’Union en mai 2004.
MED‐10 : les mêmes sans la Libye
MENA : Middle East ‐ North Africa = MED‐10 + Mauritanie, Libye,
Soudan, pays du GCC + Yemen, Iran, Irak, Afghanistan, Pakistan
(géométrie parfois variable)
MIPO : Mediterranean Investment and Partnership Observatory
OMC : Organisation Mondiale du Commerce
PIB : Produit Intérieur Brut
PPM : Pays Partenaire Méditerranéen de l’UE
R&D : Recherche et Développement
SIG : Système d’Information Géographique
TIC : Technologies de l’Information et de la Communication
UE : Union européenne (on distingue souvent UE‐15, ou anciens
membres, UE‐10, ou nouveaux membres et UE‐27)
WIR : World Investment Report (rapport CNUCED sur l’investissement
dans le monde)
5. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
3
Table des matières
1. Synthèse : des projets plus modestes et plus partenariaux
en 2009 ..............................................................................................6
Une adaptation pragmatique à la crise ............................................................. 6
Une région relativement protégée ..................................................................... 9
Une certaine régionalisation des flux ................................................................ 11
Les perspectives : des signes de reprise ............................................................ 13
Les réformes doivent se poursuivre dans les pays MED ............................... 14
2. Partenariats : compensation au ralentissement des IDE? .............16
3. Secteurs : une baisse sensible du BTP, du tourisme et de la
finance................................................................................................20
Bilan sectoriel global pour 2009 ......................................................................... 20
Deux évolutions contrastées : l’énergie renoue avec le record de
2007, alors que le BTP poursuit son recul ......................................................... 22
Télécoms, finance, tourisme et ciment, la fin d’un âge d’or ? ........................ 23
Focus sur les filières d’avenir ............................................................................. 25
4. Destination des IDE en 2009 : une redistribution des
cartes..................................................................................................28
Des pays aux profils très inégaux ...................................................................... 28
Cartographie des investissements ..................................................................... 30
Une bonne année pour le Maghreb ................................................................... 37
Algérie : heureuse surprise .......................................................................................... 38
Maroc : volontarisme industriel payant ..................................................................... 38
Tunisie : moins de gros projets, mais une diversification effective ....................... 39
Libye : attrait de lʹor noir .............................................................................................. 40
Tendances très contradictoires au Machreck ................................................... 40
Palestine : régime sec ..................................................................................................... 41
Egypte : fin de crise en vue ? ........................................................................................ 41
Jordanie : un positionnement géopolitique clé ......................................................... 43
Liban : les dividendes économiques de la paix civile .............................................. 45
Syrie : l’ouverture se poursuit ..................................................................................... 46
6. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
4
Israël, Turquie, Chypre et Malte touchés par la crise ..................................... 47
Chypre : net repli, sauf dans lʹénergie ........................................................................ 48
Israël : dans lʹœil des européens .................................................................................. 48
Malte : la plateforme logistique compense la baisse du tourisme ......................... 50
Turquie : cap sur lʹénergie ............................................................................................ 50
5. Investisseurs : une nouvelle typologie d'acteurs...........................54
Origine des projets : la proximité redevient un atout ..................................... 54
Type dʹinvestisseur : la lente montée des PME... ............................................ 56
6. Annexes..........................................................................................60
Annexe 1. Liste des projets dʹIDE détectés en 2009 (ANIMA‐
MIPO) .................................................................................................................... 60
Annexe 2. Liste des projets de partenariat détectés en 2009
(ANIMA‐MIPO) .................................................................................................. 108
Annexe 3. Distribution sectorielle des projets d’IDE, (montants
annoncés et nombre de projets, ANIMA‐MIPO) ............................................. 135
Annexe 4. Nouvelle typologie des projets ........................................................ 136
Annexe 5. Autres rappels méthodologiques .................................................... 138
L’approche ...................................................................................................................... 138
Critères de sélection ...................................................................................................... 139
Changements méthodologiques récents .................................................................... 140
Nomenclature sectorielle .............................................................................................. 140
7.
8.
1. Synthèse : des projets plus
modestes et plus partenariaux
en 2009
Une adaptation pragmatique à la crise
Entrée plus tard dans la crise, la région MED1 semble y répondre de façon
nuancée. Certes, de très gros projets continuent dʹêtre annulés, en particulier
en provenance du Golfe. En contrepartie, la proximité avec lʹEurope et le
besoin de compétitivité des entreprises sʹintéressant au marché euro‐
méditerranéen favorisent lʹespace MED. A la recherche de diversification,
même les petites et moyennes entreprises (PME) considèrent le sud proche
comme un débouché possible, avec moins dʹobstacles linguistiques,
juridiques, ou logistiques quʹavec lʹAsie. Enfin, le discours sur lʹUnion pour
la Méditerranée semble avoir quelque effet, en particulier en France,
Espagne, Italie, Allemagne, pays où cette initiative a trouvé des relais
politiques (qui existent moins en Europe du nord ou de lʹest).
Toutes ces raisons peuvent expliquer, par comparaison avec les tendances
mondiales, une moindre décrue des investissements directs étrangers (IDE)
vers lʹespace MED. Selon lʹobservatoire ANIMA‐MIPO :
le montant net dʹIDE annoncé en 2009 sʹélève à 32,3 milliards dʹeuros
(soit ‐17% sur 2008, contre ‐35% à lʹéchelle mondiale selon la CNUCED),
ce sont surtout les grands projets qui souffrent. La taille moyenne des
investissements sʹest réduite à 62,3 millions dʹeuros (contre 75 en 2008,
77 en 2007 et surtout 89 millions dʹeuros en 2006),
à présent séparés des IDE, les partenariats nʹont jamais été aussi
nombreux (300 en 2009, contre 203 en 2008 et une centaine les années
précédentes) ; au total, le cap des 1 000 partenariats a été franchi en
2009.
1 MED‐11 : Ensemble de 11 pays du voisinage européen, soit 9 pays partenaires
méditerranéens de lʹUE (Algérie, Egypte, Israël, Jordanie, Liban, Maroc, Autorité
Palestinienne, Syrie, Tunisie), un pays avec le statut d’observateur (Libye) et un pays
en voie d’adhésion, la Turquie. Malte et Chypre ont rejoint l’Union en mai 2004.
9. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
7
Les entreprises semblent ainsi sʹadapter de façon pragmatique aux nouvelles
conditions de marché : projets moins risqués où elles sʹengagent de façon
mesurée (Figure 1), substitution de partenariats aux investissements (Figure
2), investissements plus modestes (Figure 3).
Figure 1. Evolution des projets selon lʹintensité de la prise de risque par le porteur
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, en nombre de projets 2003‐2009)
Figure 2. Evolution respective des nombres de projets dʹIDE et de partenariat
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, en nombre de projets 2003‐2009)
Figure 3. Evolution de la taille moyenne des projets
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, en montant brut en millions dʹeuros, 2003‐2009)
79%
64%
46%
56% 50% 53% 53%
21%
36%
54%
44% 50% 47% 47%
0%
20%
40%
60%
80%
100%
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Investissement "partiel"
(extension, JV, acquisition
partielle, concession)
Investissement "global"
(création, filiale, acquisition
totale)
234 298
637
732 774 738
519
38 88
113
118
145 204
300
0
200
400
600
800
1 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
IDE Partenariat
32,3 39,5
63,2
89,1 77,4 75,3 62,3
0,0
50,0
100,0
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
10. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
8
Le point dʹinflexion dans la stratégie des investisseurs semble synchronisé avec
la crise économique globale de 2008‐2009, mais présente aussi certaines causes
propres. Les IDE vers MED ont culminé en 2006 et 2007, sous la poussée dʹun
nouvel arrivant, les pays du Golfe, dans un contexte dʹEldorado (hausse des prix
pétroliers, opportunités très attrayantes liées par exemple aux privatisations des
télécoms, besoin de diversification des pétrodollars, se traduisant en particulier
dans lʹimmobilier, le tourisme et la banque). Dès 2008, une certaine récession est
apparue pour les mégaprojets, qui ont rencontré des difficultés diverses
(saturation du marché, hostilité des milieux dʹaffaires locaux, alertes sur
lʹenvironnement et les aspects sociaux, début de la crise de liquidité). LʹEurope
est redevenue le 1er investisseur, un partenaire de long terme, aux poches moins
profondes mais plus fiables.
Autre forme de cycle, une certaine rotation sectorielle peut être observée, avec
des engouements momentanés (mais compréhensibles) pour telle ou telle filière.
Le BTP a eu son heure de gloire (avec les cimenteries qui vont avec), mais
devrait rester un secteur majeur du fait des besoins en infrastructures. Dans un
contexte de remontée des prix et dʹinquiétudes sur lʹapprovisionnement, lʹagro‐
alimentaire gagne de lʹattrait. Un secteur comme la distribution apparaît
aujourdʹhui stratégique, car les positions sont à prendre dans les pays qui
libéralisent le commerce de détail et sʹouvrent au consumérisme occidental
(Turquie, Egypte, Maroc etc.). La Figure 4 illustre ainsi les fortunes diverses de
quelques grands secteurs, lʹénergie bénéficiant probablement de lʹattention la
plus constante (et toujours croissante...).
Figure 4. Evolution des flux investis sur quelques grands secteurs‐tous pays MED
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, montants nets en millions dʹeuros, 2003‐2009)
Banque, assurance,
autres services
financiers
BTP, immobilier,
infrastructures Energie
Opérateurs télécom &
internet
Tourisme, restauration
Verre, ciment,
minéraux, bois, papier0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
14 000
16 000
18 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Banque, assurance, autres services financiers BTP, immobilier, infrastructures
Energie Opérateurs télécom & internet
Tourisme, restauration Verre, ciment, minéraux, bois, papier
11. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
9
Une région relativement protégée
Comme ANIMA le pressentait dans les analyses des années précédentes, la
région MED traverse la crise de façon atténuée (Figure 5). Les annonces
dʹIDE bruts2, à 63 milliards dʹeuros en 2009, ne déclinent plus. Les flux
dʹinvestissement nets ont encore régressé, mais à un rythme plus faible, et
avec un redressement sensible en fin dʹannée. Ces flux nets ANIMA (somme
des annonces des entreprises) apparaissent proches des flux CNUCED
(transferts enregistrés par les banques centrales), bien quʹils recouvrent une
réalité différente (investissements tangibles annoncés par un opérateur
étranger, vs. versements réalisés depuis lʹétranger) et soient exprimés
respectivement en euros, et non en dollars US.
Figure 5. Evolution des flux investis et nombre de projets sur la région MED
(Sources : observatoire ANIMA‐MIPO, montants en millions €, CNUCED en mln US$,
2003‐2009)
Avec une base de flux entrants de lʹordre dʹune trentaine de milliards
dʹeuros annuels en pleine récession mondiale, la région MED a
probablement touché un plancher, nettement supérieur au support atteint
lors de la précédente crise de 2002‐2003 (entre 7 et 9 milliards dʹeuros). Elle
conserve une attractivité de lʹordre de 3% des IDE mondiaux (un peu plus de
1 000 milliards de dollars pour la CNUCED, contre 1 697 en 2008). Elle a
2 Pour les projets importants, lʹobservatoire ANIMA‐MIPO distingue entre les
annonces ʺbrutesʺ (total indiqué par lʹopérateur, avec souvent plusieurs phases) et les
montants nets, plus réalistes puisquʹils ne portent que sur la 1ère phase certaine.
8 999
13 463
62 997
112 686
102 618
63 086 63 642
7 570
11 763
40 251
65 226
59 934
39 080
32 309
13 738 13 394
35 415
59 021
54 678
52 562
30 772
234
298
637
732 774
738
519
0
100
200
300
400
500
600
700
800
0
20 000
40 000
60 000
80 000
100 000
120 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Nombredeprojets
Fluxd'IDE(millions€ou$)
Flux d'IDE brut (M€) Flux d'IDE net (M€)
Flux CNUCED (M$) Nombre de projets
12. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
10
donc indiscutablement franchi un palier, même si lʹobjectif des 1 000 projets
et 80 milliards dʹeuros dʹIDE annuels (5% des IDE mondiaux, pour une
région qui compte 4% des habitants de la planète) est remis à plus tard.
Par ailleurs, comme le montre la Figure 6, ce sont les pays dits « autres
MED », cʹest–à‐dire Israël et Turquie, plus mondialisés, et donc davantage
touchés par la crise, qui expliquent la baisse observée en 2009. Le montant
global dʹIDE a au contraire légèrement augmenté pour les pays arabes, au
Maghreb comme au Machreck (où il avait fortement baissé dès 2008,
conséquence du freinage sérieux des projets du Golfe).
Si les pays arabes de la région sont touchés, cʹest à travers des effets de
second tour, comme la baisse de la fréquentation touristique. Ils continuent
de bénéficier par contre dʹune demande intérieure forte (surtout
évidemment dans les pays pétroliers ou gaziers) et dʹeffets positifs de la
crise, comme les délocalisations dʹactivités à forte intensité de main dʹœuvre
(textile, automobile), ou le transfert dʹactivités difficilement rentables en
zone euro (cas de lʹaéronautique, les avions étant achetés en dollars).
Figure 6. Evolution des flux nets investis par région‐hôte
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, montants en millions dʹeuros, 2003‐2009)
1 805 3 612
11 572
26 545 26 825
9 867 10 989
4 518
6 760
7 004
10 438
14 858
8 088
8 511
1 247
1 391
21 675
28 243 18 252
21 125
12 808
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
70 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Machreck Maghreb Autres MED
13. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
11
La région MED continue bien sûr de profiter de ses avantages compétitifs,
dans un contexte dʹamélioration générale du climat dʹinvestissement
(Algérie mise à part), de plus grande attractivité de certains pôles du sud
(activités impliquant une logistique puissante comme à East Port Saïd ou
Tanger Med) et de basculement de la dynamique économique (croissance et
besoins des pays émergents). Dʹautres avantages sont moins glorieux : il est
par exemple très compliqué aujourdʹhui de réaliser des projets industriels
lourds sur la rive nord, pour des raisons dʹenvironnement. Le sud, moins
regardant et plus optimiste, récupère bon nombre de projets ou dʹactivités
que lʹEurope héberge moins facilement (sous‐traitance, télétravail, services
aux personnes etc.).
Une certaine régionalisation des flux
En 2009, lʹEurope conforte sa place de première région émettrice dʹIDE vers
les pays MED (54% des montants). Ses investissements au Maghreb et au
Machreck progressent (Figure 7). Le Golfe par contre (20% des montants
2009) poursuit le retrait engagé en 2008, en se concentrant essentiellement
sur le Machreck, qui aura attiré 61% de ses investissements sur 7 ans.
L’Amérique du nord (12% des montants 2009) poursuit également son
désengagement, en particulier au Maghreb. Quant aux « autres pays »,
essentiellement des pays émergents (12% des montants également), ils
maintiennent bon an mal an leur présence sur MED.
Figure 7. Origine et total des flux investis par origine et par région‐hôte
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, montants en millions dʹeuros, 2003‐2009)
12 680 M€
103 669 M€
69 567 M€
45 148 M€
25 068 M€
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
2003
2004
2005
2006
2007
2008
2009
Europe Golfe USA/Canada Autres pays MED-11
Maghreb Machreck Autres MED
14. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
12
Avec 12,7 milliards dʹeuros sur 7 ans, les investissements intra‐MED ne
représentent que 5% du flux total entrant sur la région, ce qui est conforme
aux échanges commerciaux, et reste évidemment insuffisant ‐cela témoigne
dʹune faible intégration régionale et de pays qui comptent davantage sur
lʹextérieur (Europe, Golfe, Amérique) que sur leurs voisins proches.
Lʹévolution des IDE en termes de pays dʹorigine est intéressante (Figure 8) :
forte présence de lʹEurope (en gras) et du Golfe (en italiques); déclin relatif
des Etats‐Unis, qui restent le 1er investisseur, de la France (dépassée
récemment par le Royaume‐Uni, qui investit beaucoup dans lʹénergie), de
lʹItalie ; montée de lʹAllemagne, des Pays‐Bas, des BRIC (Inde, Chine, Russie).
Figure 8. Flux investis par pays dʹorigine dans les dernières années
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, montants en millions dʹeuros)
# Origine 2005 2006 2007 2008 2009 Flux 2003-2009
1 États-Unis 6 776 19 040 4 300 4 564 3 696 40 791
2 Émirats Arabes Unis 3 343 10 234 13 668 4 447 2 678 35 578
3 Royaume-Uni 7 422 1 255 5 351 5 219 6 686 26 604
4 France 2 246 4 412 8 983 2 721 3 481 24 918
5 Arabie Saoudite 2 348 4 018 2 551 1 373 1 328 13 129
6 Koweït 1 859 4 296 2 802 1 892 740 12 769
7 Allemagne 937 1 235 1 086 1 562 2 087 7 738
8 Italie 1 552 2 485 1 297 450 918 7 382
9 Pays-Bas 959 332 2 889 1 812 1 120 7 266
10 Égypte 1 415 1 160 3 064 99 130 7 022
11 Espagne 875 1 115 1 417 1 224 945 6 334
12 Grèce 114 2 755 1 826 1 141 258 6 099
13 Inde 849 716 626 1 801 257 4 269
14 Qatar 219 925 1 331 1 061 721 4 256
15 Canada 755 687 1 802 599 216 4 147
16 Chine 197 1 070 81 1 699 793 4 021
17 Russie 2 059 110 229 1 004 489 3 891
18 Suède 2 705 88 87 124 442 3 624
19 Autriche 131 1 204 437 837 509 3 351
20 Bahreïn 61 1 518 408 128 945 3 060
21 Autre Europe 1 448 674 1 842 1 667 847 10 080
22 Autre MED-11 406 1 577 778 681 74 3 616
23 Reste du monde 1 574 4 319 3 078 2 976 2 948 16 189
Total 40 251 65 226 59 934 39 080 32 309 256 133
La situation est très différente en nombre de projets (pour les pays qui
dépassent 100 projets sur la période 2003‐2009) : la France vient en tête (765
15. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
13
projets), suivie des Etats‐Unis (612 projets), des Emirats (252 projets), du
Royaume‐Uni (232 projets), de lʹAllemagne (206 projets), de lʹEspagne (176
projets), de lʹArabie Saoudite (167 projets), du Koweït (161 projets), enfin de
lʹItalie (127 projets). Même si un biais est probable du fait de lʹinstallation en
France de lʹéquipe ANIMA, cette autre statistique témoigne de la très grande
différence de taille et de type de projets entre :
Européens continentaux (IDE moyen de 33 M€ pour la France, 38 pour
lʹAllemagne, 36 pour lʹEspagne, 58 pour lʹItalie),
Américains investissant aussi dans les start‐ups (moyenne de 67 M€), ou
Indiens dans toutes sortes de business (55 M€),
et méga‐investisseurs dans lʹénergie, lʹimmobilier ou les télécoms (IDE
moyen de 142 M€ pour le Qatar, 141 pour les Emirats, 115 pour le
Royaume‐Uni, 96 pour le Bahreïn, 91 pour les Pays‐Bas).
Les perspectives : des signes de reprise
Certains éléments laissent entrevoir des signes de reprise après la chute
sévère des IDE enregistrée en 2009. Une accélération sensible a été
enregistrée par ANIMA‐MIPO au cours du 4ème trimestre 2009 (176 projets
enregistrés, soit près du tiers du total annuel). Cette dynamique est
confirmée par les données du 1er trimestre 2010, avec près de 200 projets
enregistrés.
La CNUCED prévoit une hausse modeste des IDE en 2010 : rassurées par la
reprise mondiale prévue par le FMI, qui table sur une croissance de 3,1% en
2010 contre une récession de 1,1% en 2009, les entreprises devraient relancer
leurs plans d’investissements. Le réservoir important de croissance qui
existe mécaniquement dans la région MED (Figure 9) devrait les encourager.
Figure 9. Croissance du PIB dans quelques pays de la région MED (en %)
Source : Banque mondiale
Pays 1996-2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Algérie 4,0 2,0 3,0 3,0 2,1 3,9 4,0
Égypte 4,4 6,8 7,1 7,2 4,7 5,2 6,0
Jordanie 4,7 8,0 8,9 7,9 3,2 3,9 4,5
Liban 3,3 0,6 7,5 8,5 7,0 7,0 7,0
Maroc 4,5 7,8 2,7 5,6 5,0 3,0 4,4
Syrie 3,3 5,1 4,2 5,2 3,0 4,0 5,5
Tunisie 5,0 5,7 6,3 4,5 3,3 3,8 5,0
16. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
14
Les réformes doivent se poursuivre dans les pays MED
Le rapport Doing Business 2010 de la Banque mondiale classe les pays de la
région MENA parmi les meilleurs réformateurs en 2009 (90% des pays de la
région ont entrepris au moins une réforme facilitant les affaires), même s’il
n’enregistre pas de progression en termes de facilité à faire des affaires par
rapport aux autres régions du monde, avec un rang régional moyen de 92ème
sur 183 pays.
Ce constat positif sur la volonté de réforme des pays MED‐11 est quelque
peu terni par celui du Global Investment Promotion Benchmarking 2009 (GIPB
2009) de la même institution, qui analyse la capacité des Agences de
Développement Economique à promouvoir l’investissement (évaluation à
travers des clients mystères et les données disponibles via web). La région
MENA est dépassée par toutes les régions du monde, hormis l’Afrique
subsaharienne. Israël et surtout la Turquie, qui occupe le 15ème rang mondial,
font figure d’exception dans la région MED, où malgré les améliorations de
certains sites internet, une approche bureaucratique étouffe l’interaction avec des
investisseurs potentiels (GIPB).
En termes de compétitivité, le Global Competitiveness Report 2009‐2010 du
World Economic Forum, qui porte sur 134 pays, fait figurer Israël et la
Turquie dans la première moitié de son classement, ainsi que la Tunisie, et
l’Egypte, qui réussit une bonne progression en 2009. Les autres pays du
Maghreb (hors Tunisie), puis la Syrie, suivent dans la deuxième moitié du
classement (le reste du Machreck ne figurant pas dans les analyses du WEF),
et sont surtout pénalisés par le mauvais fonctionnement de leurs marchés
financiers et du travail. Le cas de lʹAlgérie, qui a les moyens dʹune stratégie
endogène, du fait de ses ressources pétrolières, est spécifique. En 2008‐2009,
le pays a délibérément rendu plus ardu lʹatterrissage dʹentreprises
étrangères jugées trop peu citoyennes. Mais, comme le montrent les
difficultés rencontrées par exemple sur lʹautoroute est‐ouest, lʹAlgérie
gagnerait à sʹouvrir aux IDE, non pas tant à cause du besoin de capitaux, que
pour permettre des transferts au bénéfice des sociétés nationales, établir un
climat des affaires qui soit favorable aux entrepreneurs (étrangers comme
nationaux), et se frotter à la concurrence mondiale.
Les pays MED disposent dʹune importante marge de progression possible en
termes d’attractivité des investissements. Un chemin considérable a été
parcouru depuis quelques années. Il ne faut surtout pas sʹarrêter !
17.
18.
2. Partenariats : compensation
au ralentissement des IDE?
Plus de 1 000 partenariats associant des entreprises MED ont été détectés sur
7 ans (Figure 10), avec une croissance dans les dernières années qui doit
probablement un peu à lʹamélioration de la veille assurée par ANIMA, mais
aussi à la crise économique mondiale (substitution aux projets dʹIDE).
Figure 10. Partenariats par type et année (observatoire ANIMA‐MIPO 2003‐2009)
Le Maghreb est la destination la plus attractive (Figure 11), en particulier
pour les enseignes et les accords de développement (coopération entre deux
entreprises sans projet encore localisé). Les partenariats technologiques
représentent 8% des projets pour Israël et la Turquie (« Autres MED »),
contre 4% pour le Maghreb et 3% pour le Machreck
Figure 11. Partenariats par type et région‐hôte
(Nombre et répartition. Source : observatoire ANIMA‐MIPO 2003‐2009)
La carte de la Figure 12 met en évidence la plus forte concentration de
partenariats dans les pays du Maghreb (Maroc et Tunisie essentiellement).
38
88
113 118
145
204
300
0
100
200
300
400
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Nombredepartenariats
Accord de développement
Partenariat technologique
Partenariat commercial
Enseigne, magasin, franchise
Contrat de gestion
Bureau de représentation
95
44
76
5
4
191
110 74
50
27 22
18
9 19
138
77
47
0
50
100
150
200
250
300
350
400
450
500
Maghreb Machreck Autres MED
Accord de développement
Partenariat technologique
Partenariat commercial
Enseigne, magasin, franchise
Contrat de gestion
Bureau de représentation
20. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
18
Les partenariats sont majoritairement le fait des entreprises importantes
(Figure 13). Les trois quarts viennent des multinationales (44%) et des
grandes entreprises (31%). Le Maghreb, qui dispose dʹune meilleure
intégration industrielle avec lʹEurope, accueille un peu plus de partenariats
de PME.
Figure 13. Partenariats par taille dʹentreprise et région‐hôte
(Nombre et répartition. Source : observatoire ANIMA‐MIPO 2003‐2009)
En termes de région dʹorigine (Figure 14), lʹEurope est associée à plus de la
moitié des partenariats (52%), contre 23% pour lʹAmérique du nord, 11%
pour les autres pays (émergents), 8% pour le Golfe et 6% pour les projets
intra‐MED. LʹEurope est surreprésentée dans les services à la personne
(distribution, ameublement, textile, agro‐alimentaire), lʹAmérique du nord
dans la filière électronique (composants, logiciels, équipements) et les
biotechs, le Golfe dans le BTP, la chimie et la banque, les autres pays
(émergents) dans les biens intermédiaires (automobile, électronique grand
public) et lʹénergie.
La comparaison avec lʹorigine des IDE est éclairante : lʹEurope se situe
davantage dans une logique partenariale, avec des IDE de taille plus
modeste, une plus forte présence des PME, et des liens industriels créés avec
des entreprises locales. Cette intégration relative vaut surtout sur le
Maghreb, qui est le pré carré de la coopération économique européenne. A
lʹopposé, le Golfe joue peu les partenariats, les Etats‐Unis se situant à mi‐
distance, avec une coopération très centrée sur quelques points forts
(secteurs high tech).
La Figure 14 illustre précisément la faiblesse relative des partenariats
technologiques. Les secteurs de pointe (en italiques et marqué par un point
●) sont moins bien représentés que les secteurs traditionnels (tourisme, BTP,
banque, distribution, textile, énergie).
49
87
129
136
152
207
64
67
107
0% 20% 40% 60% 80% 100%
PME
Grande entreprise
Multinationale
Machreck Maghreb Autres MED
21. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
19
Figure 14. Partenariats par secteur et région dʹorigine
(Nombre. Source : observatoire ANIMA‐MIPO 2003‐2009)
Secteur Europe USA/
Canada
Autres
pays
Golfe MED-11 Total
Tourisme, restauration 71 56 1 12 9 149
BTP, immobilier, infrastructures 44 16 9 21 7 97
Banque, assurance, autres services
financiers
41 18 6 22 9 96
●Ingénierie & services aux entreprises 42 22 3 7 5 79
Distribution 58 8 8 4 78
Textile, habillement, luxe 53 11 1 1 7 73
Energie 24 7 20 4 7 62
Equipements électriques &
électroniques
17 21 10 48
●Logiciels & prestations informatiques 24 17 3 1 45
●Constructeurs automobiles &
équipementiers
10 4 29 1 44
Agro-alimentaire 25 7 2 1 2 37
●Médicaments 22 7 1 1 31
Electronique grand public 8 4 10 1 23
Ameublement & équipement du foyer 19 2 1 1 23
●Matériels aéronautiques, navals,
ferroviaires
13 6 2 21
Chimie, plasturgie, engrais 4 5 6 4 19
Verre, ciment, minéraux, bois, papier 10 4 2 2 18
Machines et équipements mécaniques 9 5 1 1 1 17
●Opérateurs télécom & internet 9 3 2 1 15
Autre ou non spécifié 6 3 1 10
●Biotechnologies 3 4 1 8
●Composants électroniques 2 6 8
Métallurgie et recyclage 5 5
Total 519 236 106 85 60 1006
Bien quʹessentiellement « qualitatifs » (par rapport aux IDE qui seraient
« quantitatifs »), les partenariats ont un impact macro‐économique non
négligeable. Ils auraient ainsi créé 33 500 emplois en 7 ans (donnée connue
dans une minorité des cas), soit 33 emplois par projet. Par définition, ils
représentent peu en investissement direct (88 millions dʹeuros dans la base
ANIMA, chiffre qui a peu de signification), mais ils préparent par contre
souvent des investissements futurs. Beaucoup de partenariats généraux des
années 2003‐2005 se sont concrétisés en projets industriels effectifs.
22.
3. Secteurs : une baisse
sensible du BTP, du tourisme et
de la finance
Bilan sectoriel global pour 2009
Dans un contexte de régression du nombre de projets et des flux
dʹinvestissement3 vers les pays MED, certains secteurs sʹen tirent mieux que
dʹautres (Figure 15).
Figure 15. Variation sectorielle 2008‐09 du nombre de projets et du montant brut
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO)
3 Afin de mieux mesurer la dynamique des secteurs dʹIDE en Méditerranée, ce
chapitre sʹappuie sur les montants bruts des projets annoncés.
-100%
-99%
-87%
-83%
-77%
-63%
-62%
-61%
-57%
-55%
-39%
-26%
-18%
9%
17%
21%
38%
47%
53%
81%
91%
94%
223%
-100% 0% 100% 200%
Biotechnologies
Ingénierie & services aux entreprises
Electronique grand public
Distribution
Médicaments
Textile, habillement, luxe
Machines et équipements mécaniques
Chimie, plasturgie, engrais
Composants électroniques
Verre, ciment, minéraux, bois, papier
Tourisme, restauration
Banque, assurance, autres services financiers
BTP, immobilier, infrastructures
Métallurgie et recyclage
Equipements électriques & électroniques
Ameublement & équipement du foyer
Logiciels & prestations informatiques
Opérateurs télécom & internet
Energie
Agro-alimentaire
Constructeurs automobiles & équipementiers
Matériels aéronautiques, navals, ferroviaires
Autres secteurs
Variation 2009/2008 en montants bruts Variation 2009/2008 en nombre de projets
23. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
21
a. Les secteurs qui marquent le plus de points sont liés à la demande
locale : les services télécoms, qui continuent à se démocratiser et
constituent le seul secteur à gagner des projets par rapport à 2008 (+17%),
la sous‐traitance automobile (notamment en Turquie) et aéronautique (en
premier lieu dans les pays maghrébins), l’agro‐alimentaire, porté par des
investisseurs du Golfe en quête d’approvisionnements régionaux, et
enfin le secteur composite « autres », soutenu par des projets dans les
secteurs de la santé et des médias.
b. Les secteurs qui font plutôt bonne figure par rapport à 2008 sont
notamment les services informatiques & logiciels, l’ameublement, les
équipements électriques et électroniques et la métallurgie. Lʹénergie,
secteur porté par une demande mondiale forte, est également un cas à
part, avec un plafonnement en projets, mais une croissance en montants.
c. Les principaux secteurs perdants à court terme sont :
les projets concernant les matériaux (verre‐ciment‐minéraux‐papier) et la
chimie‐plasturgie‐engrais, projets lourds en capitaux et longs à mettre en
œuvre, victimes de cours mondiaux et locaux extrêmement volatils en
dépit d’une demande qui reste structurellement importante ;
les industries manufacturières légères, soumises à une forte concurrence
internationale (textile, médicaments, électronique) ;
la grande distribution, qui doit encore faire ses preuves sur certains
marchés (Algérie, Tunisie, Syrie, Libye), tandis que les marchés plus
mûrs (Turquie largement en tête, puis Egypte et Maroc) attirent moins de
projets.
d. Enfin, les secteurs qui devraient souffrir à moyen terme sont :
la construction, surtout sur le segment des mégaprojets résidentiels haut
de gamme, tandis que les mises en chantiers de petits projets immobiliers
et d’infrastructures se maintiennent ;
le tourisme, qui doit digérer un stock important de projets de création de
capacités nouvelles ;
la finance, qui fait face après quelques années folles à une raréfaction des
opportunités d’acquisitions ou de privatisations, avec une évolution vers
une croissance organique basée sur la demande locale.
24. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
22
Deux évolutions contrastées : l’énergie renoue avec le
record de 2007, alors que le BTP poursuit son recul
Les filières de l’énergie et de la construction, qui représentent à elles‐deux
25% du nombre de projets détectés sur 2003‐2009 et plus de la moitié des
montants bruts annoncés, ont connu des sorts différents face à la crise.
Figure 16. IDE dans l’énergie et le BTP, montants bruts et nombre de projets
annoncés (Source : observatoire ANIMA‐MIPO, millions d’euros)
Après un léger tassement en 2008, les investissements étrangers dans
l’énergie repartent à la hausse et dépassent à la fois leur niveau d’avant crise
et les IDE immobiliers, soutenus par des cours mondiaux du pétrole à la
hausse et le lancement de plans nationaux de soutien aux énergies
renouvelables tout autour de la Méditerranée. Après une année 2008 atone,
l’Algérie et l’Egypte, les deux grands producteurs d’hydrocarbures de la
région, connaissent une relance des programmes d’investissement des
majors.
Quant aux projets immobiliers et d’infrastructures (y compris transport), ils
souffrent d’un manque d’annonces de projets nouveaux (57 projets
seulement en 2009). Les profils de projets changent : à peine 3 mégaprojets
supérieurs à 500 millions d’euros en 2009, contre 16 et 17 en 2006 et 2007 au
plus fort du boom. Deux‐tiers des projets sont inférieurs à 50 millions (contre
60% en 2008). La petite Jordanie fait jeu égal avec le grand marché égyptien
13
30
93
67
74
103
99
14 25
56
105
136
124
57
0
20
40
60
80
100
120
140
160
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
30 000
35 000
40 000
45 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Flux énergie Flux BTP Projets énergie Projets BTP
25. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
23
en 2009 (84% des montants annoncés en cumul) grâce à la relance du
mégaprojet d’Al Maabar à Aqaba.
Une partie du stock des projets immobiliers surdimensionnés annoncés les
années précédentes peine à voir le jour (Cité de la Mer à Oran porté par le
saoudien Snasco, projet Zowara‐Abu Kemash Development Zone par Emaar
Properties en Libye, Sama Dubai et Gulf Finance House à Tunis), tandis que
certains projets ont été purement et simplement annulés (projets algériens
d’Emaar Properties, retrait de Sama Dubai du projet Amwaj dans la vallée
du Bouregreg au Maroc, échecs successifs du saoudien Dallah al‐Baraka puis
de l’américain Colony Capital pour développer la station balnéaire de
Taghazout toujours au Maroc).
Télécoms, finance, tourisme et ciment, la fin d’un âge
d’or ?
Ces quatre secteurs majeurs pour le sud et l’est de la Méditerranée ont
successivement ou conjointement connu de fortes accélérations des flux
d’IDE au début des années 2000, avant de trouver leur rythme de croisière
ou de faire l’expérience de brusques coups d’arrêts. Après la vague des
télécoms du début des années 2000 et son pic de 2005‐2006 (nouvelles
licences, privatisations), les pays MED ont bénéficié d’un boom dans le
tourisme (2005‐2006), les services financiers (2006‐2007) et enfin les
matériaux de construction, ciment en tête (rachat d’Orascom Cement par
Lafarge en 2007). La crise a impacté ces filières de façon différenciée.
Figure 17. IDE 2003‐2009, par secteur et par année, montants bruts
(Source : observatoire ANIMA‐MIPO, millions d’euros)
0
2 000
4 000
6 000
8 000
10 000
12 000
14 000
16 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Télécom Tourisme Services financiers Verre, ciment, minéraux, bois, papier
26. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
24
a. Malgré de fortes fluctuations des montants investis d’année en année, les
télécoms jouissent d’une attractivité stable avec une vingtaine de projets
étrangers enregistrés chaque année depuis 2005, même si la saturation de
certains marchés devient évidente (par exemple, en Tunisie, les abonnés au
téléphone ‐11 millions en 2009‐ dépassent le nombre dʹhabitants ‐ 10
millions). A retenir en 2009 : poursuite de la modernisation et de l’extension
des réseaux (Turquie, Algérie, Maroc), quelques nouvelles licences 3G (en
Jordanie), une licence fixe et mobile attribuée à Orange en Tunisie, cession
de l’opérateur Mirs en Israël, et cession partielle de l’opérateur marocain
Wana au koweitien Zain
b. Les services financiers connaissent un atterrissage en douceur (près de 60
projets encore en 2009), avec des perspectives favorables pour l’avenir
(modernisation inachevée du secteur, bancarisation en progression). Le désir
de trouver au sud des relais de croissance dans les produits d’assurance
(offensive du néerlandais Eureko en Turquie), la banque de détail (70
ouvertures pour Société Générale Algérie, programme d’investissement de
BNP Paribas au Maghreb, en Egypte et en Turquie) mais aussi la banque
d’affaires et les activités de marché (acquisition de Psagot par Apax Partner
en Israël) pousse les grands acteurs européens à investir. La volonté affichée
de plusieurs régulateurs MED (Algérie notamment) d’imposer des
augmentations importantes des fonds propres des banques locales, et
l’ouverture du secteur en Syrie notamment pourraient provoquer des flux
d’IDE supplémentaires à moyen terme.
c. N’était le projet Marina Al Qussor de l’émirati Emaar près dʹHergla en
Tunisie (1,5 milliards d’euros), le tourisme ferait grise mine. Il n’a attiré que
19 projets en 2009 (investissements directs dans les murs, hors ouverture de
nouveaux établissements sous enseignes étrangères en contrat de gestion),
contre plus de 40 par an en moyenne sur 2004‐2008. Cette baisse est due au
stock de projets en cours de réalisation, qui amène chaque année des
capacités nouvelles sur un marché régional où la concurrence est exacerbée
par la stagnation des volumes. Selon la Mediterranean Travel Association
(META), la Méditerranée dans son ensemble a subi en 2009 la plus forte
baisse d’activité touristique depuis 2000, avec une diminution de 6,4 % des
arrivées internationales qui impacterait plus fortement le Nord de la
Méditerranée (‐9,55 %), que le Sud (‐0,77 %), et l’Est (+4,31 %). Des données
officielles confirment ce repli en 2009 (‐4% pour les nuitées internationales
au Maroc, ‐2,3% de revenus touristiques pour l’Egypte, contre +12% pour la
27. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
25
Syrie et 39% pour le Liban, +2,8% en Turquie, qui se prépare à jouir de l’effet
« Istanbul capitale européenne de la culture ». Selon des estimations de
lʹOrganisation mondiale du tourisme, le marché mondial devrait croître de
4% en 2010, un chiffre qui ne suffira pas à absorber les capacités
excédentaires produites par les programmes pharaoniques des pays MED.
d. Malgré la mise en production de capacités nouvelles pour le ciment et
d’autres matériaux et produits semi‐finis, les prix restent hauts sur la
plupart des marchés MED. Les données de marchés disponibles semblent
indiquer que l’offre sera pourtant bientôt excédentaire dans certains pays
(Maroc, Algérie) en dépit des programmes de construction de logement et
d’infrastructures. En attendant, la surchauffe se poursuit, en Egypte
notamment où les importations explosent tandis que les exportations sont
interdites depuis avril 2009. Les investisseurs se sont concentrés en 2009 sur
la Syrie (où les prix du ciment ont été libéralisés fin 2009) et l’Egypte, ainsi
que, dans une moindre mesure, sur l’Algérie et la Libye.
Focus sur les filières d’avenir
Paradoxalement, alors que l’industrie pharmaceutique MED peine à attirer
des investissements significatifs, les services de santé jouissent d’une
attention croissante : poursuite des acquisitions par des fonds de capital‐
investissement dans le secteur privé turc des services de santé (Carlyle
MENA Partners et Medical Park), création par Saudi German Hospitals
Group (SGH) d’un hôpital de 300 lits près du Caire, acquisition par l’indien
Shetty de 100% dʹAlexandria Medical Services Co, etc. Le secteur de la santé,
l’industrie des médias et des loisirs (ouverture par l’allemand Cinemaxx de
40 cinémas à Istanbul, Izmir et Ankara) et l’éducation supérieure privée
(Supinfo au Maroc, Institut Télécom en Tunisie, etc.) forment ainsi le gros de
la catégorie « Autres secteurs » et expliquent son dynamisme.
Même si le secteur de l’ingénierie, du conseil et autres services aux
entreprises est en net recul en 2009, il constitue, avec celui du logiciel et des
services informatiques (+38% en montants annoncés en 2009, 45 projets par
an en moyenne depuis 2005) une filière promise à un bel avenir (demande
locale croissante, ressources locales compétitives et fort potentiel à l’export).
Les PME et groupes moyens européens, à l’origine de 60% des projets pour
l’ingénierie et autres services et de 30% des projets dans les services
informatiques, fragilisés par la récession, semblent avoir ralenti leurs projets
28. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
26
d’implantation. Les multinationales américaines du logiciel, plus solides,
poursuivent leurs acquisitions de technologies, surtout au bénéfice d’Israël
(80% des montants annoncés et des projets pour le logiciel en 2009).
L’industrie des biens d’équipements « made in MED » profite aussi à plein
de la crise, dans la mesure où les marchés locaux sont porteurs et où la crise
a accéléré les décisions de délocaliser certaines productions : automobile
(pôle Renault à Tanger), aéronautique (cluster autour d’Aérolia à Tunis),
équipements électriques et électroniques, infrastructure réseau,
équipements médicaux (2 projets en Israël et 2 autres en Tunisie). Ces
investissements profitent ainsi surtout aux économies MED dont les
structures de production et d’exportation sont les plus diversifiées : Maroc,
Tunisie, Egypte, Israël et Turquie.
L’agroalimentaire jouit d’un regain d’intérêt de la part des investisseurs
étrangers, du Golfe surtout. Ces derniers ont acquis en 2009 des dizaines de
milliers d’hectares au Maroc, en Egypte et en Turquie, et viennent bousculer
des positions établies dans les produits de marque destinés aux marchés
locaux (snacks, produits laitiers, etc.).
29.
30.
4. Destination des IDE en 2009:
une redistribution des cartes
La baisse des IDE dans la région en 2009 s’est accompagnée d’une
redistribution des flux, avec un rééquilibrage au profit du Maghreb et du
Machreck. Les IDE ont ainsi fortement baissé dans les « Autres pays MED »
(Turquie, Israël, Chypre et Malte), qui attirent un peu moins de 13 milliards
d’euros en 2009, soit une baisse équivalente à la moyenne mondiale : ‐ 39%.
En revanche Maghreb et Machreck résistent bien après la forte baisse de
2008 : le Machreck reste en tête avec près de 11 milliards d’euros d’IDE
annoncés (contre 10 en 2008), et le Maghreb attire 8,5 milliards d’euros
(contre 8 en 2008).
Des pays aux profils très inégaux
En termes dʹattraction des IDE (Figure 18), la région MED comporte 2 poids
lourds, la Turquie et lʹEgypte, qui ont reçu plus de 50 milliards dʹeuros entre
2003 et 2009, 3 pays majeurs (entre 15 et 30 milliards cumulés, Israël, Maroc,
Algérie), 4 pays intermédiaires (entre 10 et 15 milliards, Syrie, Jordanie,
Libye, Tunisie) et deux pays dont lʹattractivité a été limitée par les conflits
(Liban et Palestine).
Figure 18. Evolution des IDE par pays et montants nets annoncés
(Observatoire ANIMA‐MIPO)
18 789 M€
58 777 M€
30 814 M€
11 693 M€
6 772 M€
10 796 M€
20 197 M€
442 M€
13 532 M€ 10 394 M€
70 478 M€
0
5 000
10 000
15 000
20 000
25 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
31. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
29
Les performances réelles sont mieux mesurées en tenant compte de la taille
de chaque pays, comme illustré pour la population sur la Figure 19 avec des
montants dʹIDE lissés sur les 3 dernières années (2007‐2009). Quelle que soit
la source (ANIMA ou CNUCED), les flux dʹIDE par tête sont proches, soit
respectivement en moyenne 152 € ou 163 $ (la moyenne mondiale étant de
235 $ par tête). Sur ce critère, seul Israël tire véritablement son épingle du
jeu, les autres pays se partageant entre performance moyenne (Libye,
Jordanie, Tunisie, Turquie) et performance faible (Egypte, Syrie, Maroc,
Algérie). A nouveau le Liban (qui attire beaucoup de transferts financiers,
mais peu de projets industriels) et la Palestine (flux réellement
homéopathiques, même en valeur relative) constituent des cas particuliers.
Figure 19. Performance dʹIDE par pays et par tête (ANIMA‐MIPO et CNUCED)
Lʹanalyse en termes de PIB (Figure 20) amoindrit la performance dʹIsraël et
rehausse celle de pays moins riches comme la Jordanie, lʹEgypte, la Tunisie,
ou, à un degré moindre, la Syrie ou le Maroc. Ces pays font mieux que la
moyenne mondiale (259 $ pour 10 000 $ de PIB).
Figure 20. Performance dʹIDE par unité de PIB (ANIMA‐MIPO et CNUCED)
55
120
1 012
287
857
366
61
7
70
202 217
74
140
439
335
116
531
77
25
89
194 181
0
250
500
750
1 000
Algérie Egypte Israël Jordanie Liban Libye Maroc Palestine Syrie Tunisie Turquie
IDE/capita (CNUCED, US$) IDE/capita (ANIMA, €)
109
599
371
847
1 237
230 239
10
269
519
202146
703
161
988
168
334 302
39
342
499
168
0
250
500
750
1 000
1 250
1 500
Algérie Egypte Israël Jordanie Liban Libye MarocPalestine Syrie TunisieTurquie
IDE/PIB (x 10 000, CNUCED) IDE/PIB (x 10 000, ANIMA)
32. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
30
Lʹannée 2009 elle‐même a été marquée, selon ANIMA, par une baisse
sensible du Liban (‐90% en montants nets), de la Syrie (‐58%), de la Libye
(‐49%), de la Turquie (‐42%), de la Tunisie (‐34%) et dʹIsraël (‐23%), alors que
la Jordanie (+141%), lʹAlgérie (+70%), le Maroc (+65%) et lʹEgypte (+50%)
progressent. Mais, comme on le verra, ces évolutions peuvent tenir à un seul
projet géant, ce qui justifie souvent une analyse pluriannuelle.
Cartographie des investissements
Les cinq cartes qui suivent, issues du SIG d’ANIMA, présentent les annonces
d’investissements en 2009 :
a. dans tous les secteurs ;
b. de montants supérieurs à 100 millions d’euros : la Turquie en attire plus
du quart, suivie par le trio Egypte, Maroc, Algérie ;
c. dans les secteurs de l’énergie, la métallurgie et la chimie en 2009. La
Turquie rejoint les pays attirant le plus de projets d’investissements
dans l’énergie grâce au développement rapide de son secteur des
énergies renouvelables (hydro‐électricité, solaire et éolien) ;
d. dans le tourisme et le BTP : cette carte illustre la concentration
préoccupante sur le littoral, dans des zones particulièrement fragiles et
densément peuplées, de projets souvent bien éloignés des critères de
développement durable ;
e. dans les TIC : Israël conserve une bonne longueur d’avance face aux
autres pays de la région ;
f. dans l’automobile, l’aéronautique, le naval et le ferroviaire, avec des
projets d’investissement majoritairement localisés autour des pôles de
Casablanca et Tanger Med, Tunis et Bursa.
39. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
37
Une bonne année pour le Maghreb
Le Maghreb résiste plutôt bien au contexte de crise : la sous‐région fait
mieux que la moyenne MED en nombre de projets en 2009 (‐17% au lieu de
‐30%) et en montants annoncés (+5% en net et ‐14% en brut).
Les investissements venant de l’Europe arrivent en tête : 45% sur 2003‐2009.
Ils repartent à la hausse en 2009 (+24%), avec notamment des projets français
dont les montants bruts annoncés passent de moins de 2 milliards d’euros en
2008 à plus de 5 en 2009. Parmi les plus grosses annonces figurent les projets
pétroliers de Total et GDF Suez en Algérie, projet‐phare d’usine Renault‐
Nissan à Tanger, plusieurs projets télécoms : modernisation des
infrastructures de Maroc Telecom, filiale de Vivendi, 3ème licence de téléphonie
fixe et mobile remportée par Orange avec le local Divona en Tunisie.
Figure 27. Evolution des IDE vers le Maghreb, en nombre de projets et en montants
annoncés (Observatoire ANIMA‐MIPO)
Ces chiffres cachent néanmoins des situations nationales assez diverses :
malgré ses restrictions réglementaires, l’Algérie attire paradoxalement
davantage d’IDE en 2009 qu’en 2008;
le Maroc résiste bien en termes de montants;
la Tunisie et la Libye enregistrent une baisse marquée : ‐2/3 pour les flux
d’IDE en montants bruts.
Ces disparités reflètent des situations économiques assez variées : les pays
maghrébins ont diversement subi la crise.
128
158
278
285
328
263
219
0
50
100
150
200
250
300
350
0
10 000
20 000
30 000
40 000
50 000
60 000
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Flux d'IDE brut (€m) Flux d'IDE net (€m) Nombre de projets
40. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
38
Algérie : heureuse surprise
L’adoption en 2008 de mesures contraignantes pour les investisseurs
étrangers pouvait laisser présager un ralentissement des IDE vers l’Algérie.
Ces mesures prévoient notamment la généralisation du partenariat avec
l’obligation pour un investisseur étranger de s’associer à un partenaire
algérien à hauteur de 51% du capital social au minimum, la création de
nouvelles démarches administratives (déclaration auprès de l’Agence
Nationale pour le Développement de lʹInvestissement ‐ANDI), le recours
obligatoire au marché local, etc.
Or, malgré ces contraintes, la progression des IDE en Algérie est l’une des
plus fortes de la région pour l’année 2009. Le nombre de projets se maintient
et les montants nets annoncés passent de 1,5 à près de 2,5 milliards d’euros
d’après l’observatoire ANIMA‐MIPO, alors que l’ANDI enregistrait une
hausse de 40% au cours des 9 premiers mois de 2009. Ces bons chiffres sont
cependant quasi‐exclusivement imputables au secteur de l’énergie, qui
représente à lui seul 9 des 10 plus gros projets de l’année, avec notamment
les projets des groupements Total+Partex pour les gisements gaziers
dʹAhnet, Rosneft+Stroytransgaz dans le périmètre Gara Tisselit,
Anadarko+Conoco Phillips pour le complexe pétrolier et gazier dʹEl Merk, et
celui de GDF Suez dans le champ de Touat.
En revanche, les autres secteurs de l’économie algérienne attirent peu de
capitaux étrangers, hormis celui de la banque, boosté par le règlement
adopté en 2008 qui exige que le capital minimum des banques et des
succursales de banque soit quadruplé pour passer de 2,5 milliards de dinars
à 10 milliards de dinars. Cette mesure a notamment provoqué
l’augmentation de capital des filiales Fransabank, Trust Bank Algeria,
Citigroup, BNP Paribas, Société Générale et Gulf Bank Algérie.
Le bilan 2009 est donc mitigé : si l’on peut se réjouir de ne pas enregistrer
d’impact négatif évident des mesures prises en 2008, la diversification
industrielle qui préparera l’Algérie à l’après‐pétrole nʹavance guère.
Maroc : volontarisme industriel payant
Le Maroc enregistre une baisse proche de la moyenne régionale en termes de
nombre de projets, mais résiste très bien en termes de flux nets puisque les
montants passent de 2 milliards d’euros en 2008 à 3,3 milliards en 2009. Ces
bons résultats ont été rendus possibles par la politique volontariste du
41. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
39
Royaume, qui n’a pas hésité à mobiliser la Caisse de Dépôts et de Gestion
(CDG) dans des joint‐ventures pour la mise en œuvre de projets stratégiques
comme l’usine Renault de Tanger Med, la zone franche de Kenitra du
logisticien espagnol Edonia World ou encore les futurs complexes
touristiques de Chibka, aux cotés de l’égyptien Orascom, et d’Ifrane avec la
Kuwait Investment Authority. A travers sa filiale MedZ, la CDG est un
opérateur très actif dans la mise en place de zones industrielles, de clusters
et autres technopôles qui fleurissent au Maroc.
Les plus gros projets annoncés au Maroc en 2009 concernent un portefeuille
diversifié de secteurs : métallurgie (usine de production de billettes à Sidi el
Aïdi du britannique Liberty en joint venture avec le groupe local MIS),
énergie (contrat de concession remporté par l’émirati Taqa pour des
centrales électriques à Jorf Lasfar), automobile (usine Renault de Tanger
Med), télécoms (Vivendi et sa filiale Maroc Telecom à Rabat, prise de
participation de Zain et Al Ajial Investment Fund dans Wana), banque
(participation supplémentaire de Crédit Mutuel‐CIC au capital de la BMCE),
tourisme (construction de complexes touristiques dans les villes impériales
par Pierre et Vacances), etc.
Coté investisseurs, les européens creusent l’écart avec le Golfe en 2009 en
fournissant les deux‐tiers des flux d’IDE contre un quart pour le Golfe. Les
pays MED obtiennent un meilleur score que les années précédentes, grâce à
des investissements du gouvernement libyen dans les secteurs de
l’immobilier (hôtels à Marrakech et Casablanca) et de la chimie (unité de
production dʹacide phosphorique à Jorf Lasfar).
Tunisie : moins de gros projets, mais une diversification effective
En Tunisie, la tendance 2009 des IDE est plutôt atone, même si les objectifs
nationaux sont atteints avec 1,3 milliard d’euros d’entrées de capitaux
étrangers d’après l’agence de promotion des investissements tunisienne
‐FIPA. La FIPA avait ainsi enregistré une baisse de lʹordre de 32,2% à la fin
novembre 2009 par rapport à la même période de lʹannée précédente. Les
données ANIMA‐MIPO confirment ce recul (‐34%, mais seulement ‐18%
pour le nombre de projets).
La baisse des flux d’IDE est essentiellement imputable à l’absence de gros
projets, à l’exception du projet de marina dans le Golfe d’Hammamet de
l’émirati Emaar et de l’acquisition d’une licence de téléphonie par le français
42. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
40
Orange. La Tunisie avait attiré au cours des années précédentes davantage
de projets immobiliers liés aux capitaux du Golfe, et quelques projets
énergétiques d’envergure. Les secteurs de l’énergie et du tourisme restent
toutefois prédominants, tandis que FIPA relève pour sa part la hausse des
IDE dans le secteur des industries mécaniques, électriques et électroniques,
qui doublent par rapport à 2008. La constitution autour de sous‐traitant
dʹAirbus dʹun pôle aéronautique est un résultat remarquable.
Libye : attrait de l'or noir
La Libye enregistre une tendance similaire à la Tunisie : une baisse modeste
en termes de nombres de projets (‐22%), et plus marquée en termes de
montants (‐49%), soit 1,6 milliards d’euros en montants nets en 2009. Sans
surprise, les plus gros secteurs sont ceux de l’énergie, des BTP et
infrastructures. La chimie permet également d’attirer quelques gros projets :
le marocain OCP sʹassocie à Libya Oil Holding pour construire une unité de
production dʹammoniac de 800 000 t/an, permettant ainsi d’établir un projet
croisé à celui de la Libya Oil Holding qui investit dans la production d’acide
phosphorique à Jorf Lasfar ; le norvégien Yara prend 50% du complexe de
production dʹurée et dʹammoniaque de Marsa El Brega, développé en JV
avec des acteurs étatiques libyens.
Tendances très contradictoires au Machreck
Pour la première fois depuis le lancement de l’observatoire ANIMA‐MIPO en
2003, les montants d’IDE nets annoncés par les investisseurs européens
dépassent en 2009 ceux du Golfe (5,3 milliards d’euros contre 3,4 milliards
d’euros4). LʹAmérique du nord arrive 3ème avec 1,3 milliards d’euros
d’investissements annoncés en 2009 (dans les logiciels et les télécoms en Jordanie
et dans les territoires palestiniens ou encore dans l’énergie et l’agroalimentaire
en Egypte et en Syrie). En montants nets, les grands gagnants sont l’Egypte et la
Jordanie, avec respectivement 7,3 et 2,4 milliards d’euros perçus en 2009 (+50% et
+141% par rapport à 2008), alors que seulement 1,1 milliard d’euros ont été
enregistrés vers la Syrie en 2009 (‐58% par rapport à 2008).
4 Cependant, en montants bruts (incluant toutes les phases des projets annoncés), les
entreprises du Golfe restent très loin devant avec 15,2 milliards d’euros d’IDE (méga‐
projets de Barwa au Caire et al Maabar à Aqaba) contre 6,6 milliards pour l’Europe
(principalement dans l’énergie, avec par exemple les projets de BG, BP et ENI en Egypte).
43. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
41
Palestine : régime sec
La baisse de l’aide publique internationale (seuls 278 sur 394 millions
d’euros d’aide internationale promise ont été perçus durant le premier
semestre 2009) n’est guère compensée par les investissements privés
étrangers selon l’observatoire ANIMA‐MIPO. En effet en montant brut, les
flux d’IDE vers les territoires palestiniens représentent à peine 26 millions
d’euros en 2009, contre les 611 millions d’euros d’IDE atteints en 2008, cela
malgré les nombreuses promesses d’aide à la reconstruction faites depuis
l’étranger, et en particulier dans les capitales arabes. Trois projets d’IDE (à
vrai dire dʹinspiration publique pour deux dʹentre eux) ont été détectés vers
les territoires palestiniens en 2009 :
Lʹéquipe israélienne du groupe américain Cisco Systems poursuit ses
investissements au bénéfice de 2 start‐ups palestiniennes basées à
Ramallah, dont Asal Technologies ;
La Banque Européenne d’Investissement participe au Middle East
Venture Capital Fund, 1er fonds de capital‐risque axé sur les territoires
palestiniens et le secteur IT ;
La Banque mondiale prend une participation dans Wataniya Palestine,
qui construit un réseau de téléphonie mobile en Cisjordanie.
Les initiatives visant à revivifier l’économie nationale et à encourager
l’investissement étranger dans les territoires palestiniens restent plus que
jamais d’actualité, comme en témoignent les positions réformatrices et pro‐
business prises par l’actuel premier ministre. Ainsi l’Agence de Promotion
des Investissements de la Palestine (PIPA) organise en juin 2010 à Bethléem
une grande conférence sur l’investissement qui servira surtout, pour les
palestiniens, à rappeler à la communauté internationale les engagements
pris en faveur de la reconstruction économique des territoires palestiniens.
Egypte : fin de crise en vue ?
Bien que ses sources de financement externes aient été fortement dégradées
par le ralentissement économique mondial (flux touristique, trafic du canal
de Suez et transferts des émigrés entre autres), l’Egypte a tenu bon en 2009.
Après 5 années de très forte croissance « à la chinoise » (entre 6 et 8% de
croissance annuel du PIB dès 2004), le Caire maintient le taux de dynamisme
de son économie autour des 4,5% en 2009. La Banque mondiale anticipe
44. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
42
même un sursaut de croissance à partir de 2010, qui devrait permettre au
pays de renouer avec ses taux d’avant crise (+5,2% en 2010 et +6% en 2011).
Sans grand changement par rapport aux années antérieures, les secteurs de
l’immobilier et de l’énergie attirent les plus gros investissements étrangers
sur le sol égyptien (le secteur BTP, immobilier, infrastructures attire à lui
seul pratiquement 7 milliards d’euros d’IDE en 2009, l’énergie 5,9 milliards),
avec en tête de palmarès le qatari Barwa, qui lance un mégaprojet
immobilier dans la ville de New Cairo pour la bagatelle de 6,5 milliards
d’euros. Cependant, en nombre de projets immobiliers et urbains, les
investisseurs du Golfe se font beaucoup plus discrets par rapport aux belles
années de la période 2004‐2007, avec une certaine inflexion vers des projets
moins spéculatifs comme celui du dubaïote Emaar Properties, qui signe un
contrat avec le Water Authority Company of Great Cairo pour
lʹapprovisionnement en eau et lʹirrigation dʹUptown Cairo.
Dans la filière de l’aménagement industriel et urbain, les investisseurs
chinois et européens ont répondu présents en 2009. Alliant savoir‐faire
technique et forte maîtrise des coûts de main d’œuvre, les investisseurs
chinois continuent de grignoter des parts de marchés, à l’instar de TEDA qui
remporte pour 187 millions d’euros un nouveau projet dʹaménagement en
concession près du port de Sokhna. Côté européen, c’est l’espagnol Consorci
de la Zona Franca de Barcelona qui noue pour 86,7 millions d’euros un
partenariat avec lʹégyptien Pyramids Industrial Parks pour créer une zone
industrielle dédiée aux projets textiles et mécaniques (10th of Ramadan
City). Son compatriote FCC (Aqualia) obtient quant à lui le contrat de
concession sur 20 ans en BOT pour la station dʹépuration du Caire, en JV
avec Orascom Construction Industries.
Dans le secteur de l’énergie, le britannique BG Group investit via sa nouvelle
campagne de forage sur la concession West Delta Deep Marine (24 à 32
nouveaux puits nécessitant près de 2,2 milliards d’euros). L’appétit des
investisseurs européens pour les ressources pétrolières et gazières
égyptiennes se confirme en 2009 (déjà 21 projets dans ce secteur détectés en
2008), avec par exemple le britannique BP qui sʹassocie avec lʹitalien ENI
(multi‐investisseur en Egypte en 2009, en particulier dans le Sinaï) pour
exploiter le champ offshore de Ras El Bar, tandis que lʹentreprise étatique
polonaise PGiNG a obtenu un permis dʹexploration de 7 ans pour les
champs pétrolifères de Bahariya en coopération avec lʹégyptien EGPC.
45. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
43
Le positionnement récent comme plate‐forme technologique offshore offrant
coûts compétitifs (Smart Village et autres pôles technologiques qui
essaiment autour Caire et dans le delta du Nil) et proximité géographique
avec les marchés européens, africains et asiatiques suscite lʹintérêt
dʹentreprises technologiques étrangères ‐par exemple l’italien Interact ou
l’allemand SQS. Toujours au Caire, il faut citer l’ouverture du nouveau
centre de relation client par l’américain Stream tandis que l’Indien ICICI
Group, société dʹoutsourcing informatique, choisit l’Egypte pour créer son
centre régional de services.
Le monde égyptien de la finance et du private equity est resté attractif
malgré la tempête financière de 2009 (12 projets d’IDE détectés en 2009 dans
ce secteur, représentant 353 millions d’euros). Par exemple, le fonds
dʹinvestissement britannique Actis a pris 9,35% de Commercial International
Bank (CIB) pour 175 millions d’euros ; le fonds suisse SIFEM a investi dans
Sphinx Turnaround Fund, un fonds de capital‐investissement ciblant les
PME égyptiennes en difficulté financière. Selon la Banque mondiale, le
programme de réformes du secteur financier égyptien représente le
mouvement le plus avancé, profond et complet dans le monde arabe en
faveur dʹun renforcement du secteur financier. Le secteur bancaire est à
présent majoritairement contrôlé par le secteur privé et ouvert à la
concurrence, comme le symbolisent la privatisation de la 4ème plus grande
banque publique, Bank of Alexandria, et la cession de 94% des actions
bancaires possédées par lʹÉtat à des banques à capital partagé.
Jordanie : un positionnement géopolitique clé
Etat tampon stratégiquement situé entre Israël et la péninsule arabique, la
Jordanie continue d’apparaître aux yeux des opérateurs internationaux
comme une sorte de terrain neutre, ouvert sur le monde, favorable aux
capitaux étrangers et où il fait bon investir. Avec ses nombreuses zones
franches exportatrices, principalement concentrées autour du port d’Aqaba,
la Jordanie a clairement fait le choix d’internationaliser son économie pour
pallier l’absence de ressources pétrolières. Bien que durement frappé par la
crise (le taux de croissance du PIB est passé de 5,6% en 2008 à 2% en 2009),
Amman continue de mettre les bouchées doubles pour améliorer son climat
des affaires, l’un des plus favorables à l’investissement étranger dans la
région.
46. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
44
29 projets d’IDE ont été détectés par l’observatoire ANIMA‐MIPO vers la
Jordanie en 2009, pour un montant net cumulé de 2,4 milliards d’euros, soit
plus du double du montant enregistré en 2008 (1 milliard d’euros). Ce
doublement est en grande partie dû au mégaprojet immobilier porté par
l’émirati Al Maabar, qui construit le complexe touristique Marsa Zayed pour
la somme de 6,5 milliards d’euros échelonnés sur 5 ans. Comme entre 2005
et 2008, et en dépit du ralentissement économique mondial, le BTP et
l’immobilier continuent d’occuper une place de choix (7 projets d’IDE
recensés en 2009), avec notamment le projet du koweïtien Action Group
Holdings qui ouvre un hôtel à Amman sous la marque Ibis via son alliance
stratégique avec la chaine hôtelière française Accor. De son côté, la CDG
marocaine a racheté 50% du capital du local Al‐Sharq pour le projet de ville
Abdallah Ibn Abdelaziz à 25 km au nord dʹAmman.
Dans le secteur de l’eau, sujet d’intérêt national, c’est l’expertise européenne
qui est mise à contribution, comme en témoigne le projet du suédois Sweco
qui gagne un contrat de concession (BOT) de 25 ans pour construire un
système dʹapprovisionnement en eau (12,7 millions d’euros) tandis que le
français Degrémont sʹengage pour 148 millions d’euros dans un projet pour
approvisionner Amman en eau à partir de lʹaquifère de Disi, à 325 km au
sud de la capitale.
Dans les TIC, France Télécom marque des points en 2009 via sa filiale locale
Orange Jordan (création d’un centre dʹinformation pour la sécurité, dʹun
centre dʹappels au sein de lʹuniversité privée Al Ahliyyah Amman, achat
pour 26,6 millions d’euros d’une licence 3G). Grâce aux transferts de
technologie réalisés en partie avec l’appui de la diaspora, les start‐ups
internet locales attirent de nombreux investisseurs américains comme le
géant Yahoo! qui rachète pour 59 millions d’euros le portail Maktoob.com
pour renforcer ses contenus en langue arabe. Intel a également multiplié les
prises de participations dans les start‐ups jordaniennes (ShooFeeTV, site
agrégateur de programmes TV des chaînes satellites arabes; Jeeran, portail
web dont les contenus sont gérés par les utilisateurs).
Un noyau industriel militaire commence à se constituer autour de
l’entreprise publique jordanienne KADDB qui crée en 2009 une usine de
véhicules blindés légers en JV avec le sud‐africain Paramount Group, ainsi
qu’un chantier naval militaire pour produire des vedettes légères AMP‐137
en partenariat avec l’américain RiverHawk Group.
47. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
45
Liban : les dividendes économiques de la paix civile
Après plusieurs années de convulsions sociales et politiques, Beyrouth
perçoit les premiers dividendes économiques de la paix civile. Les signes de
stabilisation se multiplient. Ainsi, près de 2 millions de touristes (étrangers
et membres de la diaspora confondus) ont foulé le sol libanais en 2009, un
niveau jamais atteint même avant les années de guerre civile.
Comme en 2008, l’activité économique du pays s’est maintenue à un rythme
soutenu (6% de taux de croissance enregistré en 2009 et 7% envisagé pour
2010 selon la COFACE), même si le point noir de l’économie reste un taux
d’endettement public très élevé couplé à un sous‐investissement chronique
dans les infrastructures de base.
Cette bouffée d’optimisme n’est pas passée inaperçue à l’étranger : selon le
ministère libanais de l’économie, les investisseurs internationaux ont injecté
près de 4,3 milliards de dollars dans l’économie nationale en 2009, soit une
hausse nette de 20% par rapport à 2008 selon la même source. 10 projets
d’IDE ont été détectés vers le Liban par l’observatoire ANIMA‐MIPO en
2009, principalement dans le tourisme, la distribution et le secteur des
services aux entreprises :
dans la distribution, les investisseurs du Golfe arrivent en tête avec le
koweïtien Alshaya Group (3 boutiques H&M à Beyrouth), ou l’émirati
Majid Al Futtaim (centre commercial dans la banlieue sud de Beyrouth
pour 28,6 millions d’euros) ;
3 projets d’IDE ont été identifiés dans le secteur de lʹingénierie et des
services aux entreprises : le publicitaire américain Saatchi and Saatchi
crée une filiale à Beyrouth, « Saatchi & Saatchi Levant », pour servir les
marchés régionaux; les français Téléperformance et Aéroports de Paris
ouvrent respectivement un centre dʹappels et un bureau de
représentation dans le pays ;
malgré les perspectives de croissance dans le secteur du tourisme,
seulement 3 projets d’IDE ont été détectés en 2009, dont celui du groupe
hôtelier Four Seasons qui fait son entrée sur le marché libanais en
ouvrant un hôtel de luxe à Beyrouth pour 80 millions d’euros (300
emplois prévus). De son côté l’espagnol Fuenso Group double la mise
en créant dans la capitale son premier spa, ainsi qu’un hôtel‐boutique
(les deux établissements seront inaugurés en 2012).
48. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
46
Syrie : l’ouverture se poursuit
La diversification de l’économie syrienne s’est renforcée tout au long de
l’année 2009, portée par la volonté réformatrice des autorités. Sur fond de
rapprochement diplomatique décisif opéré entre Damas et ses voisins
arabes, et en particulier avec le Liban et l’Arabie Saoudite, les investisseurs
étrangers profitent des vagues successives de libéralisation pour remettre à
niveau un appareil industriel qui manque cruellement de nouvelles
technologies et d’argent frais. Mais malgré un taux de croissance honorable
si on le compare à celui des voisins turcs et jordaniens (3% en 2009, 4%
prévu en 2010 et 5,5% en 2011), les investissements étrangers ont fortement
reculé tant en nombre qu’en montants selon l’observatoire ANIMA‐MIPO.
Seulement 23 projets (principalement dans la banque, l’énergie et la
construction) ont été détectés en 2009.
L’ouverture du secteur bancaire et financier, qu’a symbolisé l’inauguration
en grande pompe du Damascus Stock Exchange en mars 2009, a généré un
réel engouement de la part des professionnels internationaux du secteur
(l’activité bancaire en Syrie aurait progressé de 14% en 2009 selon la Banque
Centrale Syrienne), même si en nombre de projets la tendance est baissière
par rapport à 2008. La société de courtage jordanienne Al Sanabel a obtenu
une licence pour opérer à la bourse de Damas; le groupe financier iranien
Bank Saderat Iran a créé une nouvelle banque commerciale en partenariat
avec Commercial Bank of Syria.
Le marché syrien des services aux entreprises continue de s’ouvrir, attirant
en 2009 le spécialiste de la communication institutionnelle Memac Ogilvy,
qui ouvre un bureau à Damas en partenariat avec Shafik Droubi.
En lançant son premier hôtel‐boutique à Damas en 2012, l’investisseur
espagnol Fuenso Group signe le seul investissement touristique de 2009
(contre 6 projets dans le secteur du tourisme détectés en 2008). Le secteur du
BTP et de la construction demeure stratégique aux yeux des investisseurs
étrangers (5 projets détectés en 2009, 6 en 2008) malgré la crise financière qui
a frappé Dubaï (100 millions d’euros investis dans l’immobilier syrien en
2009 contre 198 millions en 2008 et près de 829 millions en 2007). Parmi les
partenariats clés noués dans ce secteur, le turc BIOIAS a gagné pour 29
millions d’euros le contrat BOT pour le projet Aleppo Gate en partenariat
avec le groupe local Souria Holding. La Syrian‐Qatari Holding, société créée
par le fonds souverain Qatar Investment Authority pour investir en Syrie, a
49. Les investissements et partenariats dans la région MED en 2009
47
lancé 2 projets de stations dʹépuration à Jaramana et Swuedah en BOT (74
millions d’euros).
Plusieurs groupes étrangers ont poursuivi leurs investissements dans le
secteur énergétique en 2009, qui demeure vital pour le développement
économique syrien. Le Français Total augmente une nouvelle fois la
production du champ de Tabiyeh pour développer les exportations de gaz à
travers le réseau national. La China National Electric Equipment
Corporation remporte un contrat public pour lʹajout de 2 turbines à vapeur à
la centrale électrique existante de Zara. De leur côté, le croate INA et la
Syrian Petroleum Company ont noué un partenariat pour la construction
d’une raffinerie à l’ouest de Palmyre (15 millions d’euros), tandis que le
russe Tatneft signe un accord d’exploration pétrolière de 7 ans dans la
région de Deir Ez Zor.
Israël, Turquie, Chypre et Malte touchés par la crise
La région dite « Autres MED » a été atteinte de plein fouet par la crise :
croissance d’un demi‐point de PIB en Israël en 2009, récession en Turquie,
ainsi quʹà Chypre et Malte (qui bien quʹEtats membres de lʹUnion,
continuent dʹêtre suivi par ANIMA). Ces pays ont été durement affectés par
la baisse des IDE : aussi bien en termes de nombre de projets (168 projets
annoncés, soit ‐42%), de montants bruts (19,7 milliards d’euros, soit ‐23%),
que de flux nets (12,8 milliards d’euros, soit ‐39%).
Comme les années précédentes, l’Europe arrive en tête des régions
émettrices de projets, avec 60% des montants annoncés. Historiquement plus
élevés dans l’ensemble « Autres MED » que dans le reste de la région, les
investissements nord‐américains se maintiennent en deuxième position
malgré la forte contraction observée depuis 2007 (ils ne représentent plus
que 15% des montants annoncés contre 29% sur la période 2003‐2009). Les
pays émergents remportent une nouvelle fois la troisième place au
classement (avec 14% des montants annoncés), bien que le volume et la taille
de leurs investissements aient fortement baissé (en 2008, ils représentaient
23% des montants totaux annoncés). Les pays du Golfe arrivent légèrement
derrière (avec 12% des montants annoncés), marquant un nouveau recul par
rapport à l’année précédente.
En termes de type dʹinvestisseur, les grandes entreprises, particulièrement
actives en 2009, ont presque autant investi dans l’ensemble « Autres MED »