Syrine Catahier - Article sur l'économie et le d"veloppement urbain durable
1. Un couple infernal : transports, lieux de résidence et d’habitat
« Dis-moi où tu habites et je te dirai dans quel type de logement tu vis et comme tu te
déplaces ! ». Et tout est presque dit sur les rapports entre transports, lieux de résidence et
habitat. C’est le sujet du projet de recherche ETHEL (énergie, transport, habitat,
environnement et localisations), mené par Charles Raux et Jean-Pierre Traisnel1. Celui-ci est
l’une des contributions à l’ouvrage collectif, « Economie et développement urbain durable2 ».
Ces chercheurs simulent les consommations d’énergie et les émissions de gaz à effet de serre,
à l’horizon 2020-2030, dans les secteurs des résidences principales et du transport des
personnes sont analysés dont les mobilités locales et longue distance.
Ils relèvent ainsi que les émissions de dioxyde de carbone (CO2) dues aux déplacements
générés par les choix de localisation urbaine est préoccupant. Entre 1970 et 2003, le secteur
des transports passe de la 5e à la 1e place, avec une augmentation des distances parcourues, de
45% en 15 ans (1988-2003).
En raison de deux phénomènes : l’augmentation des distances parcourues par ménages dans
une zone donnée et l’augmentation plus rapide de la population dans les zones les moins
denses. En fonction des catégories sociodémographiques distinguées (scolaires, actifs et
retraités), les facteurs déterminants sont l’âge, le revenu du ménage, la densité de la commune
de résidence, la disponibilité d’une voiture et la taille de l’aire urbaine. Le facteur majeur tient
à l’accroissement des distances parcourues par les actifs. L’amélioration technologique des
émissions du parc automobile ne parvient pas à contrebalancer le bilan CO2.
La mobilité longue distance est fortement corrélée avec la croissance des revenus. De plus, les
déplacements de loisirs augmentent avec le temps disponible (week-ends élargis,
augmentation du nombre de retraités etc.), l’offre de transports rapides (autoroutes, TGV) et
la proximité avec des « hubs » que sont les aéroports internationaux.
Pourtant pour réduire les émissions de CO2, trois pistes d’amélioration différentes et
complémentaires sont à mener. L’amélioration des technologies par une production
d’hydrocarbures de synthèse ou la production et commercialisation à grande échelle de
véhicules hybrides rechargeables, avec une production massive d’électricité, d’origine
nucléaire.
Améliorer l’agencement des services de transport implique de séparer les transports de
personnes de ceux des marchandises. Dans les zones périurbaines et les espaces ruraux,
l’alternative à la voiture demeure restreinte. Le financement des transports collectifs soulève
des interrogations par son coût social.
Enfin, la troisième piste vise à influencer les comportements des usagers de transports, en
dépit de l’étalement urbain et des modes de vie. La sensibilité au prix du carburant peut-être
renforcée par une taxe carbone, en plus des taxes actuelles sur les carburants. Et un
mécanisme de quotas qui fixe les quantités de carburant consommées, distribuées ou vendues
aux consommateurs finaux de carburant et échangeables sur le marché.
1
« Prospective des émissions de gaz à effet de serre : quel couplage entre transports, lieux de résidence et
habitat », p. 59
2
Economie et développement urbain durable, modèles économiques appliqués à la ville ; financement et coût de
l’investissement durable, coordonné par Jean Carassus et Bruno, Mines-ParisTech, collection développement
durable, Presse des Mines, mars 2010.