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Le phénomène d’ionisation
La charge électrique charge électrique confère à une particule la faculté d’agir à distance et
d’arracher des électrons appartenant aux atomes du milieu traversé. Elle « ionise » la matière,
car les atomes neutres qui ont perdu des électrons sont appelés des « ions ». L’ionisation est
d’autant plus forte que la charge électrique du projectile est élevée.
L’énergie d’une particule alpha ou d’un électron bêta est des centaines de milliers de fois
supérieure aux quelques électronvolts nécessaires pour ioniser un atome. Il faut environ 30
électronvolts pour arracher un électron d’un atome de gaz, et beaucoup moins dans une
structure cristalline. Par exemple, dans des cristaux de silicium utilisés dans certains détecteurs
(et puces de micro-ordinateurs) il suffit de 3 électronvolts pour rendre mobile un électron du
cristal. Une particule alpha, de 4,2 MeV (millions d'électron volts), issue de la désintégration
d’un noyau lourd, possède la faculté d’arracher 140 000 électrons d’atomes de gaz ou 1 million
400 mille dans le silicium.
La perte en énergie due à l’ionisation est proportionnelle à la masse et au carré de la charge de
la particule. Elle varie beaucoup avec sa vitesse. Quand la particule est lente, elle passe
davantage de temps dans un atome et elle a plus de chances d’interagir en le traversant.
L’ionisation devient particulièrement intense en fin de parcours quand le projectile a perdu
presque toute sa vitesse. Cette propriété est utilisée pour des applications thérapeutiques. Dans
le traitement par irradiations de tumeurs cancéreuses, on règle le parcours des particules
chargées pour qu’elles s’arrêtent dans les cellules malignes.
À force d’arracher des électrons, la particule perd son énergie, se ralentit et finit par s’arrêter.
Plus l’ionisation est intense, plus le trajet est court. Tel est le cas des particules alpha, dont la
longueur du parcours dépend de l’énergie initiale. Le parcours d’un électron bêta est sinueux,
mais ne peut dépasser une certaine longueur caractéristique de l’énergie. Du point de vue de la
protection, une épaisseur de blindage supérieure au parcours maximum assure une sécurité
parfaite.
Les électrons et les ions créés se recombinent après le passage de la particule ionisante.
L’énergie perdue est rapidement dissipée sous forme de chaleur le long de la trajectoire. Cette
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chaleur suffit à déclencher la formation de bulles dans un liquide sur le point de bouillir. Dans
la bière, des bulles sont déclenchées par des particules chargées du rayonnement cosmique. Les
effets de l’ionisation sont multiples : ruptures de liaisons moléculaires, créations de radicaux
libres, déclenchements de réactions chimiques, génération de défauts dans des structures
cristallines, etc… Dans certaines matières plastiques transparentes, les atomes retournent à
l’équilibre en émettant de la lumière.
Quand l’électron arraché (par ionisation ou par effet photoélectrique dans le cas d’un gamma)
est proche du noyau, l’atome réagit en émettant un rayon X caractéristique et lui-même
pénétrant. C’est le phénomène de la fluorescence X qui a de nombreuses applications.
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