1. Art et impression 3D : nouvelle forme
d'échange culturel, nouvelle forme de
création
2. Introduction
Généalogie de l'impression 3D
1986 : commercialisation de la première machine à impression 3D
1996 : lancement sur le marché de trois imprimantes marquantes
dans l'histoire de l'impression 3D : Genisys de Stratasys, l’Actua 2100
de 3D Systems et la Z402. Le nom d'imprimante 3D commence
officiellement à être utilisé.
2000 : La fabrication additive est utilisée pour des pièces de
production.
3. Introduction
Quelles sont les technologies et fichiers utilisés pour l'impression
3D ?
La stéréolithographie est une technique dite de prototypage rapide,
qui permet de fabriquer des objets solides à partir d'un modèle
numérique.
Fichiers STL : ce format est utilisé dans notamment dans les logiciels
de stéréolithographie, développé par les 3D systems.
Fichiers CAO : La conception assistée par ordinateur (CAO)
comprend l'ensemble des logiciels et des techniques de modélisation
géométrique permettant de concevoir, de tester virtuellement – à
l'aide d'un ordinateur et des techniques de simulation numérique – et
de réaliser des produits manufacturés et les outils pour les fabriquer.
4. Introduction
Le numérique a permis l'apparition de nombreuses nouvelles formes
d'art, comme l'art génératif par exemple
L'art à partir des imprimantes 3D peut être vu comme la suite cet art
génératif
L'usage artistique des imprimantes 3d est protéiforme et pose à
certains égards des questions d'ordre éthiques et juridiques, sa
particularité des imprimantes 3d est qu'elles se basent sur des fichiers
qui sont souvent mis à libre disposition et qui peuvent donc être copié
par tous
Cela pose donc la question des brevets et droits d'auteurs. Sont-ils
encore adaptés à cette nouvelle forme d'expression artistique
Nous voulons donc analyser la manière dont les nouvelles
technologies, à partir de l'exemple récent des imprimantes 3d,
contribuent à changer notre rapport à l'art et à la création.
5. Problématique et plan
Comment l'apparition d'une nouvelle technologie comme l'impression
3D permet un renouvellement du rapport à l'art et questionne de
manière concrète la juridiction qui entoure les pratiques artistiques ?
I – Fonction patrimoniale de l'art : l'imprimante 3D au service de la
société
II – La création originale depuis le domicile des usagers
III – Le droit d'auteur et les brevets en question
7. Avantages du scan 3D pour les
musées
Permet de faire une copie de n'importe quelle œuvre sans risque de
dégradations et offre la possibilité d'imprimer autant de répliques
voulues.
La réplique peut être exposée dans plusieurs lieux et être mise à
disposition d'un plus grand nombre de personnes.
Permet une étude plus approfondie de la pièce en rendant visibles
certains détails indiscernables à l’œil nu.
L'objet numérisé pourrait être reconstitué dans sa forme original.
Permet également de proposer des visites virtuelles en ligne ou au
sein du musée. Le public peut ainsi manipuler l’œuvre.
La modélisation 3D peut être mise à disposition de tous sur internet
pour que chacun puisse la télécharger et l'imprimer
Permet aussi la collaboration entre les chercheurs du monde entier
8. De nouveaux questionnements avec
l'arrivée de l'imprimante 3D dans les
musées
Si les musées en viennent à davantage exposer les répliques pour
éviter la dégradation des orignaux, le public trouverait-il moins
d'intérêt à se déplacer pour aller au musée ?
Est-ce que cette technologie 3D ne pousserait pas les gens à
déserter les musées pour préférer les visites virtuelles qui permettent
de manipuler l'objet ?
Quels valeurs accorderait-ont aux originaux s'ils devenaient
surprotégés ? Seraient-ils uniquement accessibles aux historiens et
archéologues qui continueraient leur recherches dessus ?
Le rôle des musées sera t-il toujours la protection et la distribution
d'un patrimoine historique ? Ou exposeront t-ils seulement les
copies ?
Grâce à l'imprimante 3D, ne pourrait-on pas exposer dans plusieurs
musées du monde une même pièce au même moment pour en
faciliter l’accès au plus grand nombre ?
9. « The other Nefertiti » de Nora Al-Badri
et Jan Nikolai Nelles
Nora al-Badri et Jan Nikolai Nelles devant une
impression 3D du buste de la Reine Nefertiti au
Caire (c) Jan Nikolai Nelles
10. Démocratisation de l'imprimante 3D
On parle aujourd'hui d'une démocratisation des imprimantes 3D, un
phénomène que l'ont doit fortement à la création en 2005 du RepRap
(Replication Rapid prototyper) par Adrian Bowyer. Ce projet visait
alors à créer une imprimante 3D capable d'en produire une autre sur
le principe de l'auto-replication et de la culture libre.
L'imprimante domestique à destination des particuliers a également
fait son apparition, mais peu de personnes en sont dotés car les prix
varient entre environ 250 euro et 7400 euro.
On trouve également des imprimantes 3D dans les Fablab, et autres
ateliers ouvert à tous pour bricoler, créer, réparer des objets.
N'importe qui peut se rendre dans un FabLab et créer à partir d'une
imprimante 3D.
11. Un système basé sur le partage de
fichiers STL
Il existe des plateformes de partage comme Thingivers ou sketchfab
sur lesquelles il est possible de télécharger gratuitement des fichiers
de modélisation en 3D de divers objets, ou œuvres d'art.
12. Exemples de créations originales à
partir de fichiers CAO avec l'artiste
Joshua Harker
13. Nuançons les discours sur la
démocratisation des imprimantes 3D
Les imprimantes 3D présentent dans les FabLab, les makerspaces et
disponibles au grand public ne sont pas celles des industriels de
l’aéronautique ou de la médecine.
Leurs performances sont limitées, ex : la taille des objets produits
Elle n'est pas si facile d'accès pour tous : pour faire fonctionner la
machine correctement, il faut avoir des compétences spécifiques en
électronique, en mécanique, en programmation, etc.
De plus au sein du phénomène de démocratisation des imprimantes
3D, les démonstrations faites avec la machine consistent à valoriser
le produit plutôt que le processus de création.
Selon Camille Bosqué, ces démonstrations avec leurs formules toutes
faites, évincent presque les possibilités de fabrication personnelle et
figent le savoir faire.
Illustration avec une étude dans une école menée par le chercheur
américain Paulo Blikstein et ce qu'il appelle le « Keychain syndrome »
(syndrome du porte-clés).
14. Brevet, droit d'auteur et impression 3D
L'imprimante 3D a pour but de concevoir des objets reproductibles.
Pour concevoir des objets grâce à cette technologie, il faut avoir
accès aux fichiers STL ou CAO. Ces fichiers sont souvent mis en
ligne. La question de la protection du droit d'auteur se pose alors.
Le droit d'auteur, qui porte sur les œuvres de l'esprit (écrits, photos,
partitions, logiciels, etc.), confère à l'auteur un droit de propriété
exclusif sur sa création, aussi bien en matière de droits moraux
(divulgation, par exemple) que patrimoniaux (droit d'exploitation de
l'œuvre : représentation, reproduction ou adaptation). Ces créations
ne sont protégées que pour autant qu'elles sont originales. C'est
le principe d'originalité de l’œuvre qui fonde le droit d'auteur.
Or, pour l'imprimante 3D, comme l’œuvre est reproductible grâce
une licence, elle n'est plus originale, vient alors se rajouter la
question du brevet.
Pour les brevets, la création parallèle n'est pas autorisée alors que
pour le le droit d'auteur elle est tolérée tant que le deuxième artiste
n'avait pas connaissance de l’œuvre du premier. Une fois une
invention brevetée, chaque reproduction non autorisée de cette
invention constitue une infraction, que le reproducteur ait
connaissance de l’invention originale ou non
15. Les alternatives au droit d'auteur et
aux brevets
Le copyleft est un mouvement apparu
il y a une dizaine d'années. Il
s'intéresse aux problèmes concernant
le droit d'auteur apparus avec
l'expansion du numérique. Sous
diverses formes, il consiste avant tout
en l'autorisation donnée par l'auteur
d'un travail soumis au droit d'auteur
(œuvre d'art, texte, programme
informatique ou autre) d'utiliser,
d'étudier, de modifier et de diffuser son
œuvre, dans la mesure où cette même
autorisation reste préservée. L'auteur
refuse donc que l'évolution possible de
son travail soit accompagnée d'une
restriction du droit à la copie, à l'étude,
ou à de nouvelles évolutions. En
France ce mouvement a été initié
notamment par Antoine Moreau
Le logo copyleft ci-dessous
16. La licence GPL
Le mouvement copyleft a vu le jour après que d'autres licences ont
été créées telles que la plus connue d'entre elles, la licence GPL.
L'objectif de la licence GNU GPL, selon ses créateurs est de garantir
à l'utilisateur les droits suivants (appelés libertés) sur un programme
informatique
Elle poursuit quatre objectifs : 1) La liberté d'exécuter le logiciel, pour
n'importe quel usage 2) La liberté d'étudier le fonctionnement d'un
programme et de l'adapter à ses besoins, ce qui passe par l'accès
aux codes sources 3) La liberté de redistribuer des copies 4)
L'obligation de faire bénéficier à la communauté des versions
modifiées
17. La licence Art Libre
Cette licence introduit plusieurs libertés telles que : la liberté de
copier, la liberté de diffuser à condition de joindre à chaque copie qui
sont les auteurs et où se trouve l’œuvre originale, la liberté de
modifier, etc.
18. La licence Art Libre
Elle est née de l’observation et de la pratique du numérique, du
logiciel libre, d’internet et de l’art. Elle est issue des rencontres
« Copyleft Attitude » Elle a pour but de promouvoir et protéger ces
productions de l’esprit selon les principes du copyleft : liberté d’usage,
de copie, de diffusion, de transformation et interdiction d’appropriation
exclusive.
Elle donne plusieurs définitions de l’œuvre
L’œuvre commune : une œuvre qui comprend l’œuvre initiale ainsi
que toutes les contributions postérieures (les originaux conséquents
et les copies). Elle est créée à l’initiative de l’auteur initial qui par cette
licence définit les conditions selon lesquelles les contributions sont
faites.
L’œuvre initiale : l’œuvre créée par l’initiateur de l’œuvre commune
dont les copies vont être modifiées par qui le souhaite.
Les œuvres conséquentes : les contributions des auteurs qui
participent à la formation de l’œuvre commune en faisant usage des
droits de reproduction, de diffusion et de modification que leur confère
la licence.
19. Conclusion
Le parallèle est fréquent entre la communauté de ceux qui possèdent
une imprimante 3D chez eux en 2016 et ceux qui avaient un PC dans
les années 90. Si ce parallèle s'avère, vrai, il devient effectivement
urgent de donner plus d'importance à une juridiction adaptée à
l'impression 3D dans le cadre de la création artistique.
La révolution de l'imprimante 3D peut être lue à deux échelles :
échelle domestique pour la création personnelle et à plus grande
échelle la fonction patrimoniale et l'apport de l'imprimante 3D dans les
musées.
Le parallèle avec l'art génératif est compréhensible mais peut être tout
de même questionné, car pour l'imprimante 3D, la médiation de
l'homme est toujours nécessaire, alors que pour l'art génératif, il est
n'est présent qu'au début du processus de création.
Toujours est-il que l'impression 3D conjuguée aux pratiques
artistiques est une forme d'échange culturel qui ne peut être niée et
qui semble encourager la création et l'accès à la culture
20. Sources
BELOT, Laure, « Projet Mossoul », un musée virtuel pour réagir face à la barbarie de l’Etat islamique
Le monde.fr [en ligne] mis à jour le 18/03/2015 (Page consultée le 29/12/2016)
http://www.lemonde.fr/arts/article/2015/03/17/projet-mossoul-un-musee-virtuel-pour-reagir-face-a-la-barbarie-de-l-etat-islamique_4595546_16550
L'OBS, « Un musée virtuel en 3D pour les œuvres détruites par Daech », tempsreel.nouvelobs.com [en ligne] publié le 17/03/2015 (page
consultée le 29/12/2016)
http://tempsreel.nouvelobs.com/culture/20150317.OBS4816/un-musee-virtuel-en-3d-pour-les-uvres-detruites-par-daech.html
« Imprimante 3D », fablablille.fr [en ligne] (page consultée le 02/01/2017) http://www.fablablille.fr/?q=imprimante3d
ALEXIS, «L’impression 3D, ce sera formidable… s’ils ne foutent pas tout en l’air », framablog.org [en ligne] publié le 25/05/2011 (page
consultée le 02/01/2017) https://framablog.org/2011/05/25/impression-3d-attention-danger/
CHARDRONNET, Ewem «L’impression 3D contre Daech » makery.info [en ligne] publié le 26 mai 2015 (page consultée le 23/12/2016)
http://www.makery.info/2015/05/26/limpression-3d-contre-daech/
MARTELA, Alexandre, « Le musée du Prado accessible aux non-voyants grâce à l’impression 3D » 3dnatives.com [en ligne] publié le
23/02/2015 (Page consultée le 29/12/2016) http://www.3dnatives.com/prado-non-voyants-impression-3d/
« Grâce à la numérisation et impression 3D, des artistes « restituent » à l’Egypte le buste de Néfertiti » club-innovation-culture.fr [en
ligne] publié le 05/03/2016 (page consultée le 04/01/2017)
http://www.club-innovation-culture.fr/grace-a-la-numerisation-et-impression-3d-des-artistes-restituent-a-legypte-le-buste-de-nefertiti/
ALLARD, Frédéric «Ze small factory impression 3D, Imprmante 3D et innovation »Zesmallfactory.com [en ligne] page consultée le
03/01/2017 http://www.zesmallfactory.com/news/impression-3d-musees/
BOIXIERE, Thibaut «Imprimante 3D : panorama des débats et des ruptures » unidivers.fr [en ligne] page consultée le 03/01/2017
https://www.unidivers.fr/imprimante-3d-technologie-debats-ruptures/
21. Sources
Bosqué Camille, « Réparer plus que répliquer. Les imprimantes 3D, des machines opérables », Techniques &
Culture, 1/2016 (n° 65-66), p. 220-235.
http://www.cairn.info.proxy.scd.univ-lille3.fr/revue-techniques-et-culture-2016-1-page-220.htm#anchor_citation
artlibre.org [en ligne] page cnsultée le 27/12/2016 http://artlibre.org/