Aujourd'hui, 25 avril, l'Association des Habitants de la Maison Radieuse a 60 ans ! Bien sûr, à l'heure de l'apéritif, nous allons nous retrouver pour le verre de l'amitié et nous avons voulu marquer l'occasion par un numéro spécial d'Ici Corbu qui revient sur nos 60 ans d'histoire.
Bonne lecture.
1. ICICORBUjournal des habitants de la maison radieuse
Et avant « ICI CORBU » ?
La date de parution du premier Bulletin
d’information est incertaine mais le n°2
est rédigé le 25 août 1955 : trois feuilles
dactylographiées reproduites avec les
moyens de l’époque, puis un n°3 en oc-
tobre de la même année.
En novembre 1956, les adhérents re-
çoivent Maison Radieuse, un petit for-
mat, beige, bleu ou vert selon les mo-
ments. Quatorze numéros se succèdent
jusqu’en juin 1960.
Entre 1966 et 1971, le Bulletin de liaison
a une parution irrégulière et une couver-
ture illustrée.
Depuis 1998, ICI CORBU, à raison de
quatre numéros en moyenne par an,
donne la parole aux habitants, au Conseil
syndical, aux enfants de l’Ecole mater-
nelle…
L’événement
En 2015, l’A.H.M.R. a 60 ans
mais ce n’est pas l’heure de la
retraite pour autant…
Aucontraire,nousnepouvonsque
souhaiter une nouvelle jeunesse
à l’association avec toutes les
nouvelles générations qui gran‑
dissent dans notre Maison et qui
espérons-le, auront envie de s’in-
vestir eux aussi dans la vie convi-
viale, dynamique et enrichissante
de l’immeuble, comme leurs
aînés.
Car ces Anciens ont œuvré pen-
dant 60 ans au travers de l’asso
ciation pour que la Maison Ra‑
dieuse soit celle qu’elle est au-
jourd’hui.
Cette année est aussi celle du cin-
quantenaire de la mort de Le Cor-
busier et, à cette occasion, nous
vous offrons une petite exclusi-
vité : une dédicace du Maître et
une photo très rare de celui-ci sur
la passerelle de l’étang, le 2 juil-
let 1955, lors de l’inauguration de
l’immeuble.
Concours de pêche dans les années 60
25 Avril1
95 5 - 2 015
60ans A.H.M.R.
EDITION SPECIALE
N°60
Le Corbusier sur la passerelle
2. Dans les premières années, la partici-
pation à la gestion de l’immeuble et
les interventions pour améliorer la vie
quotidienne mobilisent une grande par-
tie des énergies. Le Comité de gestion
traite les sujets les plus divers : les loyers,
la mise au point des statuts de la coopé-
ration, le chauffage (dont le réglage a été
difficile entre les températures insuffi-
santes de la 1re
rue et l’ambiance tropi-
cale de la 6e
), le gardiennage, la création
des nouveaux parkings, l’agrandissement
du parc, etc. L’Association des Habitants
ne perd jamais de vue la défense des in-
térêts des habitants, ses représentants
assistent à des dizaines de réunions avec
divers partenaires en particulier lors des
grands chantiers de rénovation auxquels
elle a toujours été associée. Elle multi-
plie les démarches, initie ou soutient les
luttes : à partir de 1971 contre la loi Cha-
landon qui supprime les coopératives
d’habitation, lors des menaces contre
l’école, le parc, l’agence postale.
A l’origine la population de l’immeuble
comporte un nombre important de fa-
milles modestes et l’A.H.M.R. met sur
pied une solidarité active. Le bénéfice
du Service des visites, géré par l’associa-
tion, permet de proposer des prêts dans
les circonstances difficiles comme les
grandes grèves du milieu des années 50.
Le Comité d’Entraide a ensuite réorienté
ses activités vers la création de services
accessibles à tous. Certains ont disparu :
la cireuse électrique louée à l’heure pour
reluire le dalami, le taxiphone dans le
hall, l’aire de lavage pour les voitures, les
commandes de jouets à prix de gros au
moment de Noël. D’autres existent tou-
jours, comme les Petites annonces ou le
Club Vêtements. L’A.H.M.R. sait adapter
ses services à l’époque actuelle : le pa-
villon de compostage collectif a été le
premier du département et le Tritout,
tout à la fois stockage des encombrants,
espace de troc et lieu de convivialité, n’a
rien à envier aux recycleries qui se déve-
loppent ici et là.
Tout au long de ces 60 ans, les activi-
tés culturelles et de loisirs n’ont jamais
cessé d’animer la vie de l’immeuble. Les
archives permettent de recenser plus
d’une centaine de clubs, d’ateliers, d’ex-
positions et de sorties. La Bibliothèque
est la plus ancienne (1955) avec le Club
Photo (1958). Le Télé Club (1957-1987), le
Club des Jeunes (1960-1991), l’Atelier Re-
liure-Cartonnage (1963-1995) ont mar-
qué des générations de Corbuséens. Ces
dix dernières années, le Club Nature-Jar-
dins et l’Atelier de Sérigraphie figurent
parmi les activités les plus dynamiques.
Parmi les plus récents, le Club Sténopé a
commencé en 2014.
Un peu d’histoire…
Dès 1954, de futurs habitants de l’immeuble se regroupent en Commission de gestion pour trouver, avec la Maison
Familiale, des solutions aux multiples problèmes que le démarrage de ce bâtiment hors normes va poser.
De fréquentes réunions aboutissent à la rédaction des statuts et l’Association des Habitants de la Maison Radieuse,
association loi 1901, voit officiellement le jour le 25 avril 1955, date de déclaration à la Préfecture.
ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Niveau 11 - Télé-club
Journée du Patrimoine
Sortie nature dans le parc
Fête des enfants - 1997
60 ans d’action(s) de l’A.H.M.R.
3. Et les fêtes ? A une époque où la majeure
partie de la population de la Maison Ra-
dieuse ne possédait ni voiture, ni télévi-
sion, le parc a tout naturellement trouvé
une vocation festive : concours de pêche
dans l’étang, concours de boules. En
1997, la dénomination Fête de l’Eté est
utilisée pour la première fois. Au tradi-
tionnel pique-nique s’ajoutent, selon les
années : expositions, chasse au trésor,
pêche à la ligne, promenades en poney,
soirée dansante. La Galette des rois (dans
le Hall depuis 1991), la Fête des enfants
et les anniversaires de l’immeuble com-
plètent le chapitre des moments festifs.
L’A.H.M.R. sait aussi s’ouvrir sur l’exté-
rieur. Elle accueille, y compris dans les
appartements privés, des centaines de
visiteurs à l’occasion des Journées du Pa-
trimoine. Elle reçoit aussi, tout au long de
l’année, journalistes, sociologues et étu-
diants. Depuis 2004, elle appartient à la
Fédération européenne des Associations
d’Habitants des Unités d’Habitation de
Le Corbusier dont elle est membre fon-
dateur. La Fédération permet de renfor-
cer les liens et les échanges entre les ha-
bitants des œuvres de Le Corbusier.
Comme toute association, l’A.H.M.R. a
connu des périodes d’intense activité et
des moments de sommeil. Le nombre
d’adhérents a considérablement va-
rié : 241 appartements en 1956, 150 en
2005, 170 en 2014. Depuis 3 ou 4 ans la
tendance est à la stabilité mais le dyna-
misme de ses bénévoles ne se dément
pas. Rendez-vous dans 10 ans pour un
nouveau bilan !
ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Club sérigraphie
Concours de boules
Musique au Corbu
Les jardins
Cet article a été écrit à partir des Archives
de l’A.H.M.R. en dépôt aux Archives mu-
nicipales de Rezé qui en assure le clas-
sement, l’inventaire et la conservation.
Elles sont en consultation publique.
4. Chers voisins
Cela fait 7 ans que j’ai quitté le Corbu, en réalité je ne
l’ai jamais quitté totalement.
Aujourd’hui, je n’ai plus l’occasion de dire bonjour à de
nombreuses personnes chaque jour. Lorsque j’y habitais,
je n’avais pas conscience de ce type de liens que j’appelle
aujourd’hui de voisinage, de bon voisinage, Une sorte de
proximité qui n’est pas familiarité, une forme de distance
qui n’est pas gratuité, un sentiment d’être relié aux autres
dans une forme de quotidienneté quelque peu banale, et que
je n’ai trouvé nulle part ailleurs. C’est un peu ce que
ressens lorsque je viens au Corbu au petit marché, chercher
des poulets, en effet je les oublierais presque (les poulets)
tant j’ai plaisir à discuter à papoter avec d’anciens
voisins. Dernièrement, j’ai retrouvé ce sentiment lors d’une
rencontre à la Bernerie, pour dire au revoir à une belle
voisine, là j’ai pu encore mesurer la nature et surtout la
qualité des relations qui nous unissent, j’ai retrouvé de la
reconnaissance, du respect, je mesure que nous ne sommes pas
des étrangers mais bien des proches… et non pas de simples
voisins. C’est certainement cette vie et ces relations de
voisinage qui ont laissé la trace la plus marquée chez moi,
celle d’un long passage au Corbu, par lequel j’ai pu éprouver
que l’expression « vivre ensemble » peut et doit encore avoir
du sens, voici mon impression du jour.
Cordialement, Alexander
ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Notre Maison a traversé six décennies, quelques clichés…
La parole est aux habitants, qu’ils soient nés ICI ou qu’ils y vivent depuis 10, 20, 30, 40 ans ou plus, partis et/ou revenus,
ils s’expriment avec leur cœur pour offrir ces différents récits… touchants, poétiques, anecdotiques.
20151957
Fin des années 50
Vue de la terrasse
D’hier à aujourd’hui…
La vie au Corbu…
Etymologie de l’expression
"se faire pigeonner”
Années 8O. Pour grandir, il
faut manger un peu de tout !
C’est bien connu, et nos pa-
rents, bien décidés à assurer
leur rôle éducatif, s’efforcent de nous en
convaincre (nous : 2 garçons d’une dizaine
d’années). C’est pas gagné, surtout pour la
viande…
Ils ne cèdent pas. Nous non plus ! Bien
obligés, nous enfournons (avec réticence) de
minuscules bouchées, et faisons traîner les
choses.
"Bon ! Tant pis : ce que vous n’aurez pas
mangé ce midi, vous le retrouverez au goûter
ce soir !”
Et ils ont tenu parole ces bourreaux d’en-
fants ! Une fois, une seule fois, et ça a suf-
fi. Il n’y a jamais eu de problème par la
suite : les assiettes étaient vides à la fin du
déjeuner.
Ce n’est que dernièrement (aux alentours de
la quarantaine aujourd’hui) que nous leur
avons avoué que, dès qu’ils quittaient la
table, nous virions nos bouchées non termi-
nées sur le pare-soleil, pour le plus grand
plaisir des pigeons qui squattaient le Corbu
avant la grippe aviaire…
Bon, maintenant nous raffolons de la viande
(entre autre !)… et de toutes façons, depuis le
temps, il y a prescription ! Seul point gê-
nant : nos (leurs petits-) enfants ont tout
entendu. Maintenant, va falloir gérer…
Erwan et Alan
5. Le Corbu, ce sont ses habitants qui en parlent le mieux.ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Ce qui me plaît à la Maison Radieuse ? Ici, on ne se sent pas
seul, il y a de la solidarité.
C’est cet esprit collectif qui régnait parmi les ouvriers de
l’aérospatiale, les militants syndicaux et politiques qui
vivaient ici à l’époque, qui a conduit mon frère à venir. Ma
mère et moi avons suivi. Je suis arrivée officiellement en 1972,
mais ça faisait déjà plusieurs années que je passais tous mes
jours de congé ici.
Dans les premières années, la nuit, à partir d’une certaine
heure, seul un côté de la rue restait éclairé. Ramassage
scolaire original : les parents déposaient et récupéraient
leurs petits directement aux ascenseurs. Les arbres étaient
moins hauts que maintenant, et le parc moins grand.
C’est peut-être pourquoi les enfants allaient y jouer seuls.
Ils avaient tous la clé de chez eux autour du cou. Aux heures
des repas, on entendait les mères les appeler des loggias.
J’habite la 3e
rue, qui est très différente des autres : il n’y a
que deux niveaux (et non trois), et tous les appartements sont
descendants. C’était pour pouvoir proposer des appartements
plus petits que les T4 : des T3, des T2 et
des studios. Moins de familles y vivent, mais plus d’étudiants
et de personnes âgées.
Autre particularité de la 3e
rue, certains T3 sont non-
traversants, ce qui explique que l’on y voie des loggias
petites et grandes.
Originalité supplémentaire, certains appartements présentent
des loggias sur toutes les pièces. Erreur ou coûts de
construction trop importants ? Ce ne sont en tous cas pas les
habitants qui s’en plaignent !
Il s’en est passé, des choses, dans la 3e
rue ! Je me souviens
par exemple qu’un couple avait acheté deux T2 face à face :
la journée, ils se voyaient dans l’un des appartements ;
le soir, chacun dormait chez soi.
Avec une architecture aussi originale, les habitants ne
pouvaient que l’être aussi !
Une habitante de la 3e
rue
Jardin d’hiver
2015, le bateau fleuri
2004, l’installation
du bateau
Jardin
… en mots et en photos
Souvenirs, souvenirs
J’habite un grand vaisseau qui m’emmène vers demain.
Comme un pays, il est peuplé de mille visages
de mille fenêtres grandes comme vos regards éclairés
d’autant de silhouettes gracieuses et légères qui en frôlent
d’autres plus cabossées
de celles qui portent des peines de toutes tailles
et de toutes formes.
J’habite un palais rempli d’amoureux qui se cherchent
d’amis qui se trouvent, de yeux rieurs, de sourires fidèles
de soirs bavards ou silencieux.
J’habite un édifice fier, dressé sur des jambes de colosse
Qui portent de longs corridors
Où résonne le pas du cow-boy en cavale
Où martèle celui de plusieurs oiseaux noirs
pressés par leurs santiagues et leurs blousons pointus
Où chuchote celui d’autres gens aux cheveux blancs
qui s’affairent tout autant
Où vibre encore celui là : le pas absolument lent de celui
qui médite.
Les cellules montent et descendent nuit et jour dans ses artères
pour y jouer la partition de rencontres fantasques.
On y flaire son prochain dans l’angle du miroir
ou bien on ne regarde rien d’autre que le bout de ses chaussures
usées par tous ces pas.
J’habite une cité où des migrants parfois se nichent
et s’attachent à bon port
où des bohèmes se réinventent
où des révoltes se disent sans cris.
Et certains soirs d’été elle explose de beauté.
Par ma fenêtre, les arbres noirs tracent le dessin de l’hiver
dans le ciel blanc.
Ce matin froid, frappé de soleil
l’ombre des branches s’allonge infinie
portée jusqu’au béton
pour dire les lignes de désir du printemps.
Dehors
les enfants rient et pleurent
je les entends jouer à la guerre
comme les grands.
Avec leurs ailes de fées, leurs capes et leurs épées
ils inventent le pays des merveilles
comme avant.
L’architecte a bien raison de la nommer maison
elle est très grande
elle abrite une très grande famille
et moi comme tant d’autres
je suis passée
d’une vie à une autre.
Et toujours les pruniers ont fleuri
Et toujours ma famille a grandi.
Sandrine,
Février 2015
6. ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Souvenirs du 30 e anniversaire
Juin 1985 : 30 ans déjà ! Parmi les animations organisées à cette occasion,
l’une des plus spectaculaires fut sans conteste la descente en rappel de la
face ouest du Corbu, depuis la terrasse.
Assuré par les moniteurs du Club Alpin Français, l’exercice était ouvert aux
volontaires, habitants de l’immeuble pour la plupart. Le défi fut également
relevé par le Maire de l’époque, Jacques Floch.
C’était la fin de matinée, et tout se déroulait normalement jusqu’à ce qu’il
arrive à la hauteur du balcon de l’un de ses amis. Lui tendant un verre de
pastis, ce dernier le convia à une “descente” d’un autre genre pour arroser
son exploit ! Difficile de refuser… mais cette initiative donna des idées aux
habitants des appartements inférieurs qui ne voulurent pas être en reste…
Sans doute ne put-il pas accepter toutes les invitations qui lui furent faites,
et c’est frais et dispos qu’il regagna le plancher des vaches.
En tout cas, ce fut un petit échauffement pour la suite : le comité d’accueil
l’entraîna illico vers l’apéritif officiel lançant les festivités de la journée…
Michel
D’hier à aujourd’hui…
Les jeux d’enfants
1957
1967
2015
Hiver 1955
Quand on m’a parlé d’écrire sur mes impressions, mon
ressenti sur le Corbusier. J’ai opiné du bonnet, oui,
pourquoi pas ! Et me voilà devant ma feuille à me torturer
les méninges en quête d’anecdotes, d’inspirations et même
de sens.
Lorsque je pense à ma vie au Corbu, il y a mille et une
images qui se déroulent devant mes yeux. De la période
de l’enfance, il y a l’école maternelle sur le toit
de la Maison, le parc et les copains et copines aux
joues rouges, les pantalons déchirés et les écorchures.
De l’adolescence, nettement moins de parc, horizon
trop réduit, amis partis et une envie d’ailleurs et
d’anonymat.
De la femme adulte que je suis devenue et ce depuis
longtemps, une construction, des enfants, des ruptures,
des manques, des rires et des fêtes.
Je suis revenue vivre au Corbusier, comme on revient au
village.
Ma vie dans l’immeuble ressemble à un ruban de réglisse,
elle se déroule tranquillement et puis soudain il y a
des coupures, des fragments s’en vont, on rafistole des
morceaux mais le déroulé reprend le cours des choses.
Eve
7. A l’intérieur
ICI CORBU - 60 ANS A.H.M.R. - 25 avril 1955 - 2015
Parler du lieu où l’on a grandi, que ce soit un lieu spécial
ou non, c’est pas facile. Quand on est enfant, on ne se rend
pas compte de ces choses là.
Et moi à part l’herbe haute du parc l’été où je pouvais faire
le tigre et bondir sur mes frères je ne voyais pas grand
chose... Bon, j’exagère un peu, j’avais quand même conscience
du bâtiment, je le trouvais très beau, magnifique même et
tous mes amis le trouvaient moche et gris. Moi, je ne voyais
que des touches de couleurs entourant des fenêtres. Mais ça
c’était en primaire, revenons en arrière.
La maternelle.
Je n’ai plus beaucoup de souvenir de la maternelle, je
me souviens qu’il y avait du vent mais que dès que l’on
se mettait derrière les grands garde-corps on se sentait
protégé, il n’y avait plus de bruit, plus rien, une bulle.
C’était vraiment une sensation que j’adorais.
Avec les autres enfants on se battait souvent pour prendre
la « place du roi » sur le rocher. J’avais fait une alliance
avec d’autres pour que j’accède au trône en escaladant par
derrière, mais comme c’était plutôt malhonnête de prendre
le trône dans le dos du roi, le destin à voulu que je tombe
sur le menton. J’ai eu un bleu qui changeait de couleurs tous
les jours, il est resté plusieurs semaines. C’est à partir de
ce moment là que j’ai commencé à complexer sur ma fossette.
Aujourd’hui et vu de l’extérieur, il est vrai que cet
immeuble peut faire peur, il est sombre, venteux mais à moi,
il ne m’a jamais fait peur, même la nuit.
Et pourquoi cela ? Parce que tout le monde se connait, ça
rassure.
Kaya
1960, famille d’hier
Années 70 2015
2015, famille d’aujourd’hui
Poème de l’angle droit
Le Corbusier, 1955
Je suis un constructeur
de maisons et de palais
je vis au milieu des hommes
en plein dans leur écheveau
embrouillé
Faire une architecture c’est
faire une créature. (…)
Apparaîtront je le sens
la splendeur du béton brut
et la grandeur qu’il y aura
eu à penser le mariage
des lignes
à peser les formes
A peser…
”
La cour de la maternelle
Le Corbu, ce sont ses habitants qui en parlent le mieux.
“
Souvenirs, souvenirs