6. S’il y a bien un artiste qui m’a pris de court ces der-
nières années, c’est Butcher Billy. Ses références
cross culturelles mélangeant les classiques de la pop
culture des années 80 : l’univers des comics, mais
aussi ceux du cinéma et des jeux vidéo à ceux de la
scène pop rock est juste génial. Ces références sont
souvent utilisées par les artistes amateurs baignants
dans le rétro ou la nostalgie. Mais y mélanger Bily
Idol, David Bowie, Robert Smith ou Ian Curtis, créer
des passerelles entre le monde rugueux et dark de
la scène rock alternative des années 80, malgré les
paillettes, et celui clairement plus acidulé de l’en-
tertainment candide, tel qu’il a émergé à cette pé-
riode est simplement brillant. c’est comme créer
une passerelle entre Bruce Banner et the The Hulk,
un héro et son alter égo, entre Butcher et Bily, c’est
mettre en exergue le paradoxe, diluer les opposés.
Bily est aussi le premier artiste présent dans un ou-
vrage collectif à qui j’ai demandé de réaliser la cou-
verture d’un ARTtitude (édition classique) alors que
jusqu’ici je m’interdisais cette mise en avant. Cette
contradiction nous amène à ce BOOTleg au format
original. Un titre indispensable qui vous permettra
de découvrir tout l’univers de Butcher Billy !
Frederic Claquin
ARTtitude, Tattooisme, Guerrilla Cam
If there’s an artist that has caught me off guard
these last few years, that’s Butcher Billy. His cross-
culture references that amalgamate the 80s’ pop
culture classics (he can combine the universes of
comic books, cinema, and video games to that of
the pop rock scene) is just fantastic. Amateur artists
imbibed with retro or nostalgia often use these re-
ferences. But including Billy Idol, David Bowie, Ro-
bert Smith or Ian Curtis, creating bridges between
the rough, dark world of the 80s’ alternative rock
scene – in spite of the sequins – and the indeed tan-
gier world of ingenuous entertainment that emer-
ged in that time is simply brilliant. It is like building
a bridge between Bruce Banner and The Hulk, a
hero and his alter ego, between Butcher and Billy.
It implies highlighting the paradox and attenuating
opposites.
Billy is also the first artist that takes part in a collec-
tive work whom I have asked to design the front
page of an ARTtitude (classic edition), whereas I
had hitherto forbidden myself to take such an ini-
tiative. This contradiction leads us to this original-
format BOOTleg. An indispensable volume that will
allow you to discover Butcher Billy’s universe!
Frédéric Claquin
ARTtitude, Tattooisme, Guerilla Magazine…
5
8. 7
Billy, tu peux te présenter ?
Heureux de vous rencontrer, j’espère que vous de-
vinez mon nom, mais ce qui vous intrigue est la na-
ture de mon jeu.
Comment as-tu fini par faire du design graphique ?
J’ai toujours adoré dessiner, depuis que je suis tout
petit. Lorsque j’ai fait le choix de mes études, je
me suis donc naturellement orienté vers le design
graphique. On m’a considéré comme un artiste
plus souvent que j’aurais pu l’imaginer – ce qui est
étrange, étant donné que je me suis toujours consi-
déré graphiste. Pour être honnête, je n’ai jamais
pensé que ce que je faisais soit de l’art jusqu’à ce
que les gens ne commencent à en parler comme
tel.
Comment décrirais-tu ton processus créatif ?
En général, tout commence par des esquisses faites
sous alcool sur des serviettes de bars louches. Quand
cela m’arrive de trouver l’une de ces serviettes dans
ma poche une fois sobre, j’utilise les outils Adobe
pour faire le travail :)
En tant qu’artiste graffiti frustré, ce que j’essaie de
faire est, essentiellement, une émulation numérique
de ce que ces mecs font sur des murs. Dans mon
Bily, can you introduce yourself
Pleased to me you, I hope you guess my
name. But what’s puzzling you is the nature
of my game.
How did you end up doing graphic design?
I’ve always loved to draw since I was very
little - so when the time came to go to college,
Graphic Design was a very natural choice. I’ve
been called an artist more than I ever imagined
I’d be - which is still strange since I’ve always
thought of myself as a designer.
To be quite honest I’ve never thought I was ma-
king art until people started to call it that.
What’s your creative process?
Usually it all starts with drunken sketches on
napkins from sleazy bars. When I happen to
find any of those in my pocket when sober, I
use Adobe tools to get things done :)
As a frustrated graffiti artist, what I do is to ba-
sically try to emulate digitally what those guys
do on walls. I’m actually an experienced graphic
designer on my day job - but as Butcher Billy
I choose to keep things as simple as possible,
using very basic color palettes and old graphic
10. 9
travail de jour, je suis un graphiste expérimenté, mais
sous le nom de Butcher Billy je choisis de garder les
choses aussi simples que possible, en utilisant des
palettes de couleur très basiques et de vieilles tech-
niques graphiques dans le but de créer un style bien
distinct. La nostalgie m’inspire fortement, offrant par
ailleurs au public de nouveaux horizons.
Tes influences sont un creuset unique des réfé-
rences des années 70 et 80. Peux-tu nous en dire
un peu plus ?
Je suis né à la fin des années 70, j’étais enfant
pendant les années 80 et adolescent dans les années
90. Sans doute suis-je un mélange vivant de toutes
les références culturelles pop de ces décennies. J’ai
été pratiquement élevé par la télévision et tout ce
qui allait avec : les magnétoscopes, les jeux vidéo, le
« geekness » et l’aliénation. Par ailleurs, j’ai toujours
été, d’une part, un grand amateur de cinéma, de
jeux, de comics, de musique, de télé et d’art, et,
d’autre part, un observateur. Je me souviens que
petit garçon, je lisais des magazines sur l’industrie
musicale. Je ne connaissais pas la musique à
laquelle ils faisaient référence mais m’intéressais aux
histoires, aux styles de vie et à tout ce qui était en
lien avec ce monde-là. Je crois que j’ai toujours été
fasciné par les icônes, la manière dont elles peuvent
être plus grandes que nature, dépassant les gens
normaux et devenant de véritables personnages
dans l’imaginaire collectif.
D’où t’est venu l’idée de faire coexister des icônes
du rock et des super-héros ou des références pop
comme tu l’as fait avec Breakfast Club ? Quand
est-ce que cela a commencé ? Quelle est l’histoire
derrière ?
La fusion entre la réalité et la fiction est un thème
récurrent dans l’ensemble de l’œuvre de Butcher
Billy. Quand j’étais jeune, Joy Division et les Smiths
étaient pour moi aussi iconiques que Batman et Su-
perman. Enfant des années 80, je m’intéressais à la
tricks in order to create a style that stands out -
drawing heavily on nostalgia while, at the same
time, providing the audience with a fresh take.
Your influence is a unique melting pot of the
pop references from the 70’s and the 80’s.
Can you tell us more about it?
I was born in the late 70’s, grew up as a child
in the 80’s and a teenager in the 90’s. I’m
most probably a living mashup of all the pop
cultural references from these decades. I was
practically raised by television and all that
came plugged on it, like VCRs, videogames,
geekness and alienation. Apart from that I’ve
always been a big fan of cinema, games, co-
mics, music, tv and arts, but also an observer.
I remember being just a little boy and reading
music industry magazines – I didn’t even know
the music but I was interested in the stories,
the lifestyles and everything about that world.
I guess I was always fascinated by cult icons –
the way they can be larger than life, more than
just normal people and become characters in
people’s minds.
Where did you get this idea of mixing rock
icons and super heroes or pop references
like what you did with Breakfast Club? When
did it start? What’s the story behind?
As Butcher Billy, the fusion between reality and
fiction is a recurring theme on my body of work.
Growing up, Joy Division and The Smiths were
as iconic to me as Batman or Superman. As a
child of the 80’s I was as interested in the music
coming from the radio and in the Saturday
morning cartoons on TV. The concept that
these music icons could be heroes to people,
saving their lives through what they sang to
them. That was the main inspiration, but as
pop culture is to me an infinite source, what
I’m really interested in are the ideas that are
11. 10
musique qui passait à la radio et à celle des des-
sins animés du samedi matin à la télé. Le fait que
les icônes de la musique puissent être des héros
pour les gens en leur sauvant la vie grâce à la mu-
sique a été ma principale inspiration, mais, en vérité,
la culture pop est pour moi une source infinie. Je
m’intéresse d’ailleurs à des idées aussi simples que
naïves, celles qui font naître des pensées nouvelles
chez les gens mais qui donnent l’impression de tou-
jours avoir été devant leurs yeux.
Quel est ton groupe de musique, ton film, ton jeu
vidéo, ton comic préférés ?
Les Smiths. Orange mécanique. Castlevania. The
Dark Knight Returns.
as simple as they are ingenious. The ones that
make people think as they’ve never thought
before, and yet it seemed as if it was always
right there, in front of their noses.
What are your favorite band, movie, video
game, comics?
The Smiths. A Clockwork Orange. Castlevania.
The Dark Knight Returns.
Have you ever imagined working on a comic
book of your own?
I have, actually. However I got exhausted just by
thinking of how much work would be needed ;)
I do have some ideas for characters and stories
though.
14. 13
As-tu déjà imaginé de faire ton propre comic ?
Ça m’est déjà arrivé mais l’idée même de considé-
rer la quantité de travail que cela pouvait supposer
m’a vite achevé ;) J’ai néanmoins quelques idées de
personnages et d’histoires.
Presque tout ce que l’on connait de ton œuvre est
de contenu libre. Fais-tu aussi des œuvres sur com-
mande ?
Oui, tout à fait. Je suis représenté par une agence
internationale d’illustration installée en Europe et
aux États-Unis. Ils gèrent mes œuvres de commande
pour ESPN, Foot Locker, Michael Jordan, Stylist Ma-
gazine, Winsor & Newton, E-Leclerc, Wacom etc.
Most of the art we know and see from you
is what you do for you, but do you also do
commission jobs?
I do, yes. I’m represented by an international
illustration agency with offices in Europe and
theUSA.Theymanagemycommissionedworks
for clients such as ESPN, Foot Locker, Michael
Jordan, Stylist Magazine, Winsor & Newton,
E-Leclerc, Wacom etc.
Do you think, like many, the 80’s were the
most creative years for the entertainment
industry, talking about music of course, but
movies, video games as well?
15. 14
Penses-tu, comme beaucoup d’autres, que les an-
nées 80 étaient les plus créatives pour l’industrie
du divertissement ? Je parle bien entendu de la
musique, mais aussi des films, des jeux vidéo…
J’ai une tendance à m’enivrer de nostalgie, donc
je ne suis sans doute pas la bonne personne
pour répondre à cette question. Je crois en effet
que la culture pop telle que nous la connaissons
aujourd’hui, les franchises cinématographiques,
les jeux vidéo et le monde de l’informatique ont
connu leur essor dans les années 80. Le concept
de « musique pop » est apparu après le post-punk
et la new wave, juste au moment où MTV a vu le
jour en 1981. À bien y penser, presque tout ce que
l’on voit aujourd’hui est certainement une resucée
de ce qu’il y avait avant. Pour ma part, il est vrai
que j’essaie au possible de référencer les icônes,
mais c’est l’approfondissement de la connaissance
du rétro – la recherche de ce qui rend les choses
classiques et établies à jamais dans la culture pop –
qui représente un enjeu majeur pour moi.
Quelle est la chose la plus loufoque que The But-
cher ait jamais faite ?
Récemment je suis allé à l’enterrement d’une
femme âgée parce que je souhaitais louer l’appar-
tement qu’elle libérait. J’ai même aidé à porter le
cercueil.
Es-tu une espèce de type “à double face », comme
Harvey Dent ? Butcher et Billy sont-ils deux per-
sonnes ou bien le même mec loufoque ?
J’imagine que c’est proche d’une dynamique rela-
tionnelle comme celle de Dr. Jekyll et Mr. Hyde, ou
encore, de Bruce Banner et The Hulk. Ce que je sais
est que The Butcher fume beaucoup plus de cigares
que moi.
Quelque chose à ajouter avant la sortie de ton
premier bouquin d’art ?
Les enfants, n’achetez pas de drogue. Devenez un
artiste pop et vous en aurez gratuitement. ;)
I usually tend to get really drunk with nostalgia
so probably I’m not the best person to answer
that. I do believe that pop culture as we know
and love today really kicked off in the 80’s as
most of the movie franchises, video-games
and even personal computers kick-started in
that decade. The concept of «pop music» as
we know it began after post-punk and new
wave, right when MTV came up in 1981. So if
you think about it it’s only natural that most of
what we see today is indeed a rehash of what
came before. As for myself the truth is that I
do try to reference today’s icons as much as I
can, but the appeal of the retro - to explore
what truly makes something classic and esta-
blished in pop culture forever - is much bigger
for me.
What’s the craziest thing the Butcher ever
did?
Recently I went to the funeral of an old lady
because I was really interested in renting the
apartment she left. I even helped to carry the
coffin.
Are you some kind of «double face» guy, like
Harvey Dent ? Are Butcher and Billy are two
different people or just the same crazy guy?
I suppose it’s close to a Dr. Jekyll and Mr. Hyde
relationship dynamic, or Bruce Banner and The
Hulk if you will, but I know for sure that The
Butcher smokes a lot more cigars than myself.
Anything to add before releasing your first
art book?
Don’t buy drugs, kids. Become a pop artist
and they’ll give you for free. ;)
17. 16
Alors, on le fait enfin ce Radio Caroline
Oui, j’avais déjà eu un ouvrage de fait sur moi il y a
quelques années mais il était plus générique, moins
rock et avec moins d’archives. POUR CE BOOTLEG
on a retrouvé quelques pépites qui ne figuraient
pas dans le premier ouvrage.
C’est la faute du conseilleur d’orientation, c’est
en voyant son bulletin que l’idée de ce livre est
venue
Quel con celui-là mais c’est vrai que son petit mot
est à l’origine de ce projet. Son avis sur mes capaci-
tés aura au moins donné quelque chose de produc-
tif 55 ans après avoir été écrit !
Pourquoi ce nom d’ailleurs ?
C’est une radio mythique des années 60, des vrais
pirates à tous les sens du terme. C’était rock au ni-
veau de la programmation, mais au niveau aussi de
la raison d’être de cette radio et de la diffusion. Je
conseille le film « Good Morning England » à ceux
qui ne connaissent pas.
How did everything start?
In 2000, when I moved to Paris, I got in touch with
the 9e
Concept. Discovering their universe aroused
my curiosity and made me want to create.
Talk to us about your universe.
I have always been strongly attracted towards eth-
nical art. The symbolism of masks has always fol-
lowed me. I constantly work with the purpose of
finding a perfect balance in my art, experimenting
with the opposition between structuration and de-
construction.
Your discovery of the 9e
Concept?
On the occasion of Steph, Ned and Jerk’s “Urba
Ethnism” exhibition, I was impressed by their work.
This made me want to follow them.
We are seeing more and more site-specific instal-
lations (Texas, Florida, Paris…). Are you more of a
studio or a street artist? What is the importance
of the interaction between these two universes,
in & out?
193. Crédits / Credits
Auteur / Author : Frédéric Claquin. Traduction / Translation : Bárbara Jáuregui Espinosa.
Maquette / Layout : Sylvie Chesnay. Crédits photos DR
ARTtitude et Drawing Is Not A Crime sont des marques déposées, tous droits réservés.
ARTtitude et Drawing Is Not A Crime are trademarks, all rights reserved.
Remerciements spéciaux à tous les libraires indépendants, galeries et concept-stores qui
soutiennent la collection BOOTleg.
www.facebook.com/arttitudebook, www.drawingisnotacrime.com
Notre boutique / Our e-store shop.plan9-entertainment.com
butcherbilly.tumblr.com
https://www.facebook.com/ButcherBillyIsEvil
https://www.instagram.com/thebutcherbilly
Imprimé en Italie par / Printed in Italy by Pixart Printing
N° d’édition / Edition N° 979-10-93398-11-2
Dépôt légal / Legal Desposit Avril 2016