Carenews Journal n°9 est dédié aux réfugiés. Découvrez l'entretien de Abd Al Malik, l'association Singa, le dossier sur la crise migratoire, notre rubrique expert ...
1. le premier journal gratuit dédié à l'intérêt général
J O U R N A L
N°
9 AUTOMNE 2017 CARENEWS.COM
ABD AL
MALIK
PARRAIN DE
L'ASSOCIATION
THOT
8 10
GRAND ANGLE ASSO
SINGA, LA FORCE DU LIEN
28
BÉNÉVOLE
BERTRAND ENSEIGNE
LE FRANÇAIS AUX MIGRANTS
DOSSIER CENTRAL
LA CRISE MIGRATOIRE
2. La Fondation la France s’engage prolonge le programme
de soutien à l’innovation sociale initié par l’Etat en 2014,
La France s’engage. Cette fondation reconnue d’utilité publique,
coopération public-privée, s’est donnée pour mission de détecter
de nouveaux acteurs de l’engagement, partout sur le territoire
français comme à l’international, tout en animant la communauté
des lauréats déjà labelisés.
Leprochainconcoursseraouvertcourantdécembre.Ils’adresse
aux structures de l’économie sociale et solidaire, basées en France,
qui portent des projets innovants et d’intérêt général.
Il récompense des projets évalués sur la base de 4 critères :
impact social, innovation, potentiel de changement d’échelle et
efficacité démontrée. Et d’autres concours suivront courant 2018…
fondationlafrancesengage.org
laFrancesengage laFrancesengage laFrancesengage
3. 3
GRAND ANGLE
ASSO
SINGA,
LA FORCE
DU LIEN
8
AUTOMNE 2017
ABD AL MALIK
PARRAIN DE L'ASSOCIATION THOT
4
10
CARENEWS
JOURNAL
OÙ NOUS TROUVER ?
30
BRUITS DE
MÉCÉNAT
20
LA PERSONNALITÉ
SOLIDAIRE
L
a crise des réfugiés, une urgence humanitaire
À la une des journaux depuis 2015, la crise des réfugiés met l'accent sur les
maux de notre société : difficulté d'anticipation face à un phénomène prévisible,
perte de confiance marquée par le repli de soi et absence de vision commune
comme le prouvent les désaccords européens sur cette question.
D'un autre côté, la crise migratoire révèle d'extraordinaires élans citoyens (lire le portrait
Bertrand page 28). Elle dévoile aussi le remarquable savoir-faire du secteur associatif et
de l’économie sociale et solidaire qui agit sur tous les fronts : sauvetage en mer avec SOS
Méditerranée, défense du droit d’asile, éducation et formation, logement, insertion (lire la
double page sur Singa page 8). L’intérêt général est désormais partout.
Cette urgence humanitaire illustre enfin l’implication de plus en plus forte du monde de
l'entreprise, en soutien aux pouvoirs publics. Avec le mécénat financier, en nature ou
de compétences, de nombreuses entreprises s’engagent sur ce sujet complexe et en
particulier les trois fondations qui ont soutenu le dossier central (à lire page 10) de ce
journal : Carrefour, Sanofi et Total.
Bonne lecture !
GUILLAUME
BRAULT
FONDATEUR DE
CARENEWSGROUP
ÉDITO
LA NOUVELLE
RÉALITÉ
DE LA CRISE MIGRATOIRE
DOSSIER
CENTRAL
BERTRAND
ENSEIGNE LE FRANÇAIS
AUX MIGRANTS
28
PORTRAIT
D’UN ENGAGEMENT
MÉTIER :CHARGÉ.EDE
PLAIDOYER
24
4. Abd Al Malik a été révélé au grand public parGibraltar, album iconique sorti il y a
dixans.Depuis,l'artistedéfendsasingularitéetledialoguepardesécritssouvent,
des films parfois et toujours la musique. Les Autres, pour Abd Al Malik, n'est pas
qu'une chanson phare, ce sont ceux qui nourrissent sa réflexion. Les autres donc,
et l'humanité qu'il cite souvent, sont le cœur de ses prises de position et de son
engagement pour l'éducation, la culture, l'environnement. Ainsi, il est depuis un
an le parrain de Thot, une école de français associative, gratuite et diplômante à
destination des réfugiés et demandeurs d’asile.
I
l vient de rentrer d'Argentine. Un
voyage pour aller présenter ses
œuvres au festival international
de films Cinemigrante. Les
organisateurs se battent pour la
cause des migrants et l'ont invité à
rencontrer des réfugiés d'origines
diverses, des prisonniers qui
malgré 20 ans d'univers carcéral
étudient et écrivent. Il en revient
« plein d'espoir » et marqué par le
contraste entre extrêmes richesses
et pauvretés qui se côtoient à
Buenos Aires.
Pour Abd Al Malik, la réponse à la
question des réfugiés est double.
On le verra plus tard, tout est
complexe chez cet artiste aux
talents multiples, à la fois auteur,
compositeur, réalisateur, chanteur,
philosophe et chevalier de l'ordre
des Arts et des Lettres. Double
donc, parce qu'il y a un contraste
entre l'accueil médiatique et le bruit
qu'on fait sur la question migratoire,
et la réalité, où il a l'impression
que peu de choses significatives
sont faites. Pourtant, « on pourrait
accueillir plus ; la France a une
responsabilité historique, et c'est un
pays qui a plus de moyens et bien
moins de conflits que d'autres »,
souligne-t-il.
La problématique migratoire,
c'est « LA problématique de notre
époque ». Cette crise migratoire
que connaît l'Europe est pour le
chanteur la conséquence mais aussi
la cause d'autres crises politiques,
diplomatiques, terroristes : tout est
lié, et pour lutter, « il n'y a pas de
petites actions. »
Il en parsème d'ailleurs son chemin
et dit avoir à cœur d'approfondir
ses connaissances et de rencontrer
de « vraies » gens. De faire les
choses réellement, au-delà des
apparences : « l'autre maladie de
notre époque, c'est l'engagement
médiatique sans le savoir.
L'indignation ne peut pas être un
métier, c'est quelque chose qui doit
tenir aux tripes, de façon humaine et
citoyenne. On a une responsabilité
en tant que Français. Tout ce que
porte notre culture est humaniste
LA PERSONNALITÉ SOLIDAIRE
« L'INDIGNATIONNE
PEUTPASÊTREUN
MÉTIER,C'ESTQUELQUE
CHOSEQUIDOITTENIR
AUXTRIPES,DEFAÇON
HUMAINE. »
ABD AL MALIK
PARRAIN DE
L'ASSOCIATION THOT
4 AUTOMNE 2017
5. 5AUTOMNE 2017
JE NE ME CONSIDÈRE PAS COMME
QUELQU'UN D'ENGAGÉ, J'AI UNE ATTITUDE
NORMALE, CITOYENNE.
et nous donne des devoirs. On ne
peut pas parler des grandes figures
intellectuelles françaises, ne rien
faire, et briller dans les salons. »
Sa responsabilité, c'est de
s’interroger tous les jours pour
savoir comment être utile et
comment sensibiliser. Ainsi, dès
qu'une association lui demande
un peu d'aide, il s'engage
« naturellement », même s’il
n'aime pas le terme « engagé ». Il
insiste : « je ne me considère pas
comme quelqu'un d'engagé, j'ai
une attitude normale, citoyenne. »
Il utilise son métier pour soutenir
quelques organismes caritatifs,
pour servir de « haut-parleur ».
Il aide de petites associations à
gagner en lumière, en parle dans
les médias et les aide à obtenir des
financements.
« LEPROJETTHOT
ÉTAITUNE
ÉVIDENCE. »
Ses priorités personnelles, son
histoire et ses convictions le
poussent à donner de la lumière
à ceux qui « font partie des
solutions », les associations et
les personnes qui agissent sur
l'éducation, en priorité, et sur la
culture. Les projets qui touchent
à l'illettrisme sont, pour lui, des
causes à défendre absolument :
« on existe dans la société par
rapport à notre culture, à notre
parole, aux mots qu'on a dans
notre besace. »
C'est ainsi qu'il a rencontré Thot.
Contacté par Judith Aquien,
la fondatrice de l'association,
il a accepté tout de suite : « le
projet Thot était une évidence,
c'est ma conception d'un début
de solution. » Pour Abd Al Malik,
l'éducation est la clé de tout,
pour tout le monde, et surtout
pour les populations stigmatisées
(les populations de périphérie,
de banlieues, exclues). Il a aidé
l'association qui avait besoin
de visibilité. Et dit apprécier
particulièrement les moments
où il peut échanger avec les
bénéficiaires et l'équipe, lors de la
remise des diplômes par exemple.
Il aide aussi Bibliothèques Sans
Frontières, une ONG qui agit
surtout lors de situations de crise
ou dans les camps de réfugiés, en
déployant des Ideas Box*.
* [médiathèques en kit transportables qui se déploient en 30 minutes]
6. « LECHANGEMENT
DOITÊTRERÉEL. »
Il n'aime pas trop mettre les causes
dans des cases, il insiste : tout est
lié. C'est pour cela qu'il travaille
aussi sur la sensibilisation du grand
public à l'écologie et à la
déforestation. Toutes les actions
comptent, il faut être éduqué
personnellement pour être efficace,
même à petite échelle. La partie
médiatique de l'engagement est
pour Abd Al Malik la partie visible
de l'iceberg : « le changement doit
être réel ; on entend beaucoup de
choses mais quand je vois le
quotidien des gens, des vraies, qui
ont un prénom et une famille, j'ai
l'impression qu'il n'y a pas grand-
chose de fait réellement. »
« NOTRECHEF
D'ŒUVRE,CELA
DOITÊTRENOTREVIE. »
Abd Al Malik s'enflamme quand il
parle d'humanité, et surtout de la
crise qui touche tous les continents :
« les contextes sont différents, mais
les problèmes sont mondialisés. Si
les marchands ont trouvé des
solutions mondialisées, les êtres
humains devraient réussir à se
fédérer. La clé, c'est l'éducation, et
c'est en ce sens que j'adhère à Thot.
Il faut être bien éduqué : il y a
l'école et les diplômes bien sûr, et il
y a aider l'autre, dire bonjour et au
revoir, sourire, avoir de l'empathie,
c'est une éducation globale. » Abd
Al Malik propose ainsi de travailler
sur des exemples concrets pour les
élèves de primaire et les collégiens.
Étudier l'ADN, pour apprendre que
la « race pure », cela n'existe pas.
Travailler sur les mythes, qu'il n'y ait
pas que des héros blancs. Et
valoriser la francophonie. Surtout, il
faudrait étudier un peu plus
l'histoire, pour comprendre qu'on
est tous des migrants ; qu'il y a des
cadavres dans les placards de
toutes les nations, et qu'il faut en
parler. Parce que l'éducation
implique l'intelligence, le recul, la
nuance, la compréhension du
besoin de l'autre. Elle combat la
stigmatisation et la généralisation.
Abd Al Malik porte donc surtout un
message de tolérance, même s’il
nous corrige : « la tolérance, ça veut
tout et rien dire. Je ne suis pas tant
tolérant qu'humain. La tolérance,
on n’a pas d'autre choix que d'être
comme ça. On a besoin les uns des
autres pour exister. Quand on voit
des erreurs, on veut les corriger ;
notre boussole intérieure, c'est
notre humanité et les déviances, on
ne peut pas les accepter. »
Il prône enfin, et on retrouve en
cela le sens de sa collaboration
avec Thot, l'amour de tous pour
tous, explique que la spiritualité fait
grandir et qu'on est tous artistes :
« notre chef d'œuvre, cela doit être
notre vie. »
Tout un programme.
LA PERSONNALITÉ SOLIDAIRE
6 AUTOMNE 2017
Actu : Tournée en hommage à Albert Camus, L’art et la révolte, dès octobre 2017.
Après Qu'Allah bénisse la France (2014), il travaille sur un second long-métrage qui sortira en 2018-2019.
Il est actuellement en train d'écrire un manifeste sur la culture et l'art, qui sortira en même temps qu'une installation multi-formes.
ABD AL MALIK ENTOURÉ DES TROIS FONDATRICES DE THOT :-
(DE G. À D.) JENNIFER LEBLOND, HÉLOÏSE NIO, JUDITH AQUIEN-
7. 7AUTOMNE 2017
Thot est une école de français diplômante
pour les réfugiés et demandeurs d’asile non
titulaires du niveau Bac dans leur pays.
Depuis son ouverture il y a 1 an, l’école a accueilli
près de 200 adultes venant d’Afghanistan, du
Soudan, du Tibet, d’Érythrée, du Tchad et de
d’autres pays où leurs vies étaient menacées.
Leurs besoins : l’autonomie et la possibilité d’un
ancrage.
Thot (Transmettre un Horizon à tous)
a donc réuni une équipe de professeurs
habilités, diplômés et rémunérés, d’artistes,
de psychothérapeutes, avocats et experts en
insertion professionnelle pour créer un dispositif
stable, professionnel et spécifique.
L’objectif : faire atteindre aux étudiants un
niveau d’autonomie valorisé par un diplôme en
3 mois et demi.
Ce pari fonctionne : 85% des étudiants de l’école
ont déjà été diplômés du DILF et du DELF, deux
diplômes d’État valables à vie et partout dans le
monde. Certains des étudiants de Thot n’avaient
jamais tenu un stylo de leur vie.
Thot a obtenu en janvier 2017 le label de La
France s’engage.
REMISE DES DIPLÔMES DE L’ÉCOLE THOT -
Toutes les informations sur
www.thot-fle.fr
8. 8 AUTOMNE 2017
SINGA,
LA FORCE DU LIEN
GRAND ANGLE ASSO
À contre-pied de l’actualité décliniste, la communauté Singa, constituée de
réfugiés et de non-réfugiés, travaille depuis 2012 à la construction d’une société
inclusive et joyeuse, renforcée par la diversité et la richesse de l’étranger. Au
servicedecettevision,desprogrammesstructurésd’accueiletd’accompagnement
àl’entrepreneuriatdesnouveauxarrivants.Unmodèled’optimismeetd'efficacité
qui s’exporte aujourd’hui dans le monde entier.
T
andis que « la crise des
réfugiés » envahit nos écrans,
la méfiance à l'égard des
nouveaux arrivants ne cesse de
grandir. « Dans ce contexte, il y a un
réflexe qui consiste à se demander ce
que ces gens vont nous prendre. Or
quelqu'un qui s'exile, c'est d'abord
quelqu'un qui prend des risques, qui
entreprend sa vie et qui en arrivant ici
réussit quelque chose, explique Alice
Barbe, directrice générale de Singa
France. Oser aller à sa rencontre,
c'est se rendre compte des richesses
qu'il porte et qu’il peut transmettre
au pays d'accueil. On a toujours
intérêt à échanger avec l’étranger »,
poursuit-elle.
Pas d’angélisme dans les propos
d’Alice, mais une authentique foi
dans le pouvoir de la rencontre,
forgée par son expérience
diplomatique et humanitaire outre-
Atlantique. Résultat, Alice parle
sept langues et c’est pour favoriser
le dialogue interculturel en France
qu’elle rejoint Singa et ses deux
fondateurs, Guillaume Capelle et
Nathanaël Molle, dès sa création en
2012. « Avec Singa, nous voulions
structurer un mouvement citoyen
pour construire avec les réfugiés
une société renouvelée, plus
résiliente et optimiste », explique-t-
elle. Une vision forte portée par un
programme d’activités qui favorise
l’intégration économique et sociale
dans la société d’accueil.
« J’AIPERDUD’UN
COUPTOUTMON
CAPITALSOCIAL. »
Hamze Ghalebi est le président de
Singa France. En 2009, c’est un
jeune responsable politique iranien –
conseillerdel’ancienPremierministre
et chef de campagne des jeunes pour
un candidat réformiste à l’élection
présidentielle. Arrêté et emprisonné
lors de la crise qui suit les élections,
il quitte son pays. À pied. « En un
claquement de doigts, j’ai perdu
tout mon capital social », témoigne-
t-il. Arrivé en France sans rien
connaître du pays, Hamze doit tout
recommencer : « J’étais un inconnu.
Je ne parlais pas la langue. Personne
ne pouvait valoriser mon expérience
et mes compétences. L’inscription
dans la communauté Singa et son
écosystème a totalement changé la
donne », explique-t-il.
Hamze a bénéficié du programme
CALM (Comme à la Maison), un
dispositif de mise en relation
permettant de connecter des
personnes réfugiées à la recherche
d’un accueil temporaire avec des
particuliers disposant d’une chambre
pour les accueillir. Le Airbnb des
réfugiés, dit-on. « Pendant trois
mois, j’ai habité en immersion au
sein d’une famille. J’ai non seulement
appris la langue, mais on m’a donné
les clés pour déchiffrer les nombreux
codes de la société française. Lui
était chef d’entreprise, elle avocate.
Ils m’ont donné des contacts pour
monter mon projet professionnel.
J’ai pu récupérer une partie de mon
capital social, » explique-t-il.
Hamze est aujourd’hui à la tête
d’une société de conseil qui facilite
les investissements européens
en Iran. « J’ai été accueilli à La
Fabrique, l’incubateur de Singa
qui accompagne pendant six mois
d’égal à égal les porteurs de projets
réfugiés et non réfugiés. J’y ai trouvé
9. 9AUTOMNE 2017
GRAND ANGLE ASSO
un mentor, des conseils et tout ce
dont j’avais besoin pour démarrer
mon activité. L’entrepreneuriat est
une voie d’insertion intéressante.
Cela permet une intégration
rapide, durable et utile à la société
d’accueil », poursuit-il.
PASBESOINDECARTE
POURINTÉGRERLACOMMUNAUTÉ
CALM, qui a bénéficié à 500
personnes, et La Fabrique des
entrepreneurs, qui a incubé 36
projets, s’adressent aux personnes
dont la qualité de réfugié est
reconnue par les autorités. Mais la
plupart des autres projets portés
par Singa France sont ouverts
à tous. « Chacun est libre de
participer à tous les évènements
organisés avec nos nombreux
partenaires. Le programme Passions
par exemple réunit les gens sans
aucune distinction autour d’intérêts
communs comme la culture, la
cuisine ou le coding. On n’a pas
besoin de carte, fort heureusement,
pour rejoindre notre communauté »,
insiste Alice.
Une communauté qui ne cesse de
s’agrandir : Singa est née en France
(Paris, Lille, Lyon, Montpellier) et
s’exporte à présent sous franchise
dans d’autres pays (Allemagne,
Suisse, Belgique, Québec,
prochainement Italie et Royaume-
Uni). « 2017 a été l’année de la
transition numérique. Nous avons
créé Waya, une startup dédiée à la
vente d’outils digitaux à destination
des nouveaux arrivants et sommes
en train de tester une nouvelle
plateforme numérique de matching
pour faciliter encore les mises en
lien et les rencontres. Ceci devrait
nous mettre sur les rails pour
atteindre notre objectif : une grande
communauté worldwide de 100 000
personnes en 2020 », conclut Alice
Barbe.
LA SOCIÉTÉ POSITIVEMENT ET OBJECTIVEMENT IMPACTÉE…
Des levées de fonds et une médiatisation importante ont permis à Singa de se développer rapidement. Cinq ans après sa
création, le temps était venu pour l’association d’évaluer objectivement son impact économique et social. Elle a commandé
au cabinet (Im)Prove une étude portant sur ce que les personnes réfugiées apportent à la société et la manière dont Singa
change l’image que les citoyens français ont des réfugiés. Les résultats de ce travail réalisé en début d’année confortent la
vision des fondateurs.
EN ATTENDANT LEUR SORTIE OFFICIELLE CET AUTOMNE, CARENEWS JOURNAL VOUS PROPOSE QUELQUES EXTRAITS EN EXCLUSIVITÉ :
POUR LES PERSONNES RÉFUGIÉES
Singa est un vecteur de lien social significatif pour les
personnes réfugiées. Une majorité du réseau social des
nouveaux arrivants (64%) est liée à Singa, que ce soit
directement ou indirectement.
POUR LES FRANÇAIS.ES
Si les origines des nouveaux arrivants présents dans le réseau
social des locaux sont très variées, la diversité culturelle est
beaucoup plus importante dans le réseau construit grâce à
Singa. La Syrie, l’Afghanistan et le Soudan sont les trois pays
les plus représentés.
Plus un membre de la communauté connaît de nouveaux
arrivants grâce à Singa, plus il a tendance à utiliser des mots
humanisants.
Plus le nombre de nouveaux arrivants dans le réseau d’un.e
Français.e est élevé, plus son niveau de connaissance sur la
France est élevé, car il est incité à parler et à faire connaître la
France, ce qui accroît mécaniquement son niveau de savoir.
10.
11. 11AUTOMNE 2017
RUBRIQUE
DE LA CRISE MIGRATOIRE
LA NOUVELLE RÉALITÉ
En 2015, les conflits ont poussé plus de 65 millions de personnes sur les routes. C'est la première fois depuis la création
du HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés), en 1950, que le seuil de 60 millions était franchi. Deux ans après, entre réalités
et fantasmes, la question des réfugiés et la crise migratoire ont fait couler beaucoup d’encre et mobilisé une mosaïque
d’acteurs. Du particulier qui offre des repas aux étudiants qui se sont organisés dans les facs pour donner des cours de
langue, la méthode des petits ruisseaux qui font, parfois, les grandes rivières s’est mise en place.
Parler de la question migratoire
et de celle des réfugiés, c’est
confronter la société à l’accueil puis à
l’installation, aux droits à la santé et à
l’éducation, et bien sûr à l’intégration
professionnelle. Beaucoup de
chercheurs soulignent que les
nombres ne sont pas si importants
lorsqu’on les place en perspective
avec ceux des pays européens, et
surtout avec un recul historique.
Pourtant, la thématique inspire la
méfiance, et les entreprises, sous le
spectre de leur volet d’engagement
sociétal en développement, ont
très rapidement dû s’emparer de la
problématique. Accueil, insertion,
emploi : en tant que puissances
économiques et membres de la
société, elles ne pouvaient pas rester
indifférentes ni immobiles.
Bien sûr, comme les particuliers,
plusieurs d’entre elles ont
immédiatement fait des dons
financiers et des dons dits en
nature (des denrées, des habits,
des produits d’hygiène). Remontant
la chaîne du mécénat, elles se
sont mises à appliquer le mécénat
de compétences pour aider les
associations. Elles s’engagent
souvent sur leur cœur de métier
comme le fait la Fondation Sanofi
Espoir pour la santé (partenaire de
ce dossier). Sollicitées par le grand
public et par le tiers-secteur, elles
se sont mobilisées. Associations et
ONG réfléchissent ensemble, parfois
en partenariat avec les entreprises
mécènes, pour mettre en œuvre
des solutions durables. L’intégration
et le mieux-vivre des réfugiés sont
l’objet de créations d’entreprises de
l’économie sociale et solidaire (le
traiteur Les Cuistots migrateurs par
exemple) ou concernent certains de
leurs programmes, comme Refugeeks
de Simplon.co. Des évènements sont
maintenant dédiés à la question :
le colloque de la Fondation EDF
l’été dernier ; Techfugees qui a
lieu fin octobre 2017 ; un colloque
qui rassemblera 260 associations
(dont de très grosses ONG comme
Amnesty International, Attac,
Cimade, Emmaüs, Médecins du
Monde, Secours catholique) en fin
d’année ou encore des sessions
dédiées dans des conférences
professionnelles (Convergences,
Forum des associations).
IL EXISTE 280 MILLIONS DE PERSONNES AYANT UN STATUT DE RÉFUGIÉ, SANS DRAPEAU, SANS HYMNE NATIONAL.
LEUR NOMBRE A AUGMENTÉ DE 40 % CES 10 DERNIÈRES ANNÉES. C’EST LA CINQUIÈME PLUS GRANDE NATION AU MONDE.
D’UN POINT DE VUE BUSINESS, VOUS VOULEZ IMPLANTER VOTRE ENTREPRISE DANS CETTE NATION, NON ?
HIKMET ERSEK, CEO DE WESTERN UNION, 46E
FORUM DE DAVOS, JANVIER 2016
S’il y a bien les dérives que l'on
imagine et le problème de l'emploi
non déclaré, notamment parce que
les personnes sans papiers n'ont pas
le droit de travailler légalement sur le
sol français, l'emploi des réfugiés est
une problématique importante. Le
problème est complexe et les chiffres
sont rares, ou peu exploitables. Les
profils sont uniques, tout comme
les parcours. Parmi les différences
marquantes, on peut noter que la
part des personnes en études est
plus importante pour les nouveaux
migrants réfugiés que pour les
non-réfugiés, ou encore que les
femmes migrantes sont de manière
générale plus souvent diplômées et
mieux diplômées que les hommes
selon l’enquête ELIPA 2009-2013.
L'emploi offrant l'intégration, cette
question est prise en charge par de
nombreux groupes. La plateforme
Action Emploi Réfugiés compte 200
membres qui postent des offres
d'emplois quotidiennement. Les
annonces sont d’une grande variété,
comme les niveaux de qualification.
La plateforme propose également
un accompagnement individuel. Les
entreprises embauchent, parfois à
grande échelle comme Starbucks
qui cet été annonçait employer
2 500 personnes réfugiées en
Europe dans le cadre d'un plan de
recrutement de 10 000 réfugiés
sur cinq ans dans 75 pays. Qu'elles
le disent ou qu'elles le taisent, les
entreprises françaises emploient de
plus en plus de personnes réfugiées,
en les accompagnant avec des
programmes de formation et de
coaching, comme Carrefour ou Total
dont les fondations sont partenaires
de ce journal. Adecco mène un projet
pilote en partenariat avec l’État pour
assurer l’intégration de réfugiés : ils
sont pris en charge, de l’évaluation
des compétences à la recherche
d’emploi.
On ne sait pas encore si une stabilité
émergera de cette multitude
d’actions. On ne peut que constater
les nombreux problèmes et les vies
humaines abîmées, avec l’espoir
– sinon nous ne ferions pas ces
métiers-là – que les volontés et
les moyens de tous les acteurs
(particuliers, associatifs, publics,
privés) parviennent à recréer un vivre
ensemble digne de ce nom.
FLAVIE DEPREZ
12. DOSSIER
12 AUTOMNE 2017
UNE SITUATION D’URGENCE POURTANT
ANNONCÉE PAR LES EXPERTS
Depuis plusieurs mois, les signaux
étaient au rouge. Les raisons de
cette migration étaient prévisibles :
enlisement du conflit en Syrie com-
mencé en 2011, détérioration des
conditions de vie dans les camps
de réfugiés en Turquie, au Liban ou
en Jordanie et dans les autres pays
limitrophes qui accueillent 3,8 mil-
lions de réfugiés syriens, extension
de la présence de Daesh en Irak et
en Iran, attentats suicides et ten-
sions interethniques en Afghanis-
tan, aggravation du conflit en Li-
bye, sans oublier la pauvreté et les
dictatures des pays de la corne de
l’Afrique. Autant de persécutions et
de misère qui poussent des familles
entières à prendre la route pour
survivre et chercher refuge chez
le voisin ou plus loin. Les experts
l’avaient annoncé, et pourtant tout
le monde semble surpris. À l’échelle
du monde, c’est près de 60 millions
de personnes déplacées ou réfu-
giées. Au niveau européen, c’est un
million de migrants en 2015 : des
hommes, des femmes et des en-
fants se retrouvent bloqués entre
deux frontières, dans des campe-
ments de fortune, les pieds dans la
boue, dans des camps de réfugiés
ou des gymnases transformés en
hébergement d’urgence.
PARALYSIE DES DIRIGEANTS
ET MUTATION DES MIGRATIONS
Face à cette réalité, les dirigeants
européens peinent à agir. De fortes
divisions et des tensions diplo-
matiques opposent les pays. Si
la Commission européenne veut
imposer, avec le soutien d’Angela
Juillet - août 2015. Des dizaines d’images d’hommes, de femmes et d’enfants traversant
les Balkans et la mer Méditerranée font la une des médias. En Allemagne, une foule en
liesse accueille les réfugiés syriens, irakiens ou encore afghans. Le 2 septembre, le corps
du petit Aylan noyé sur une plage turque alors que sa famille tentait de rejoindre la Grèce
rappelle toute l’horreur de la migration. En quelques semaines, la réalité des réfugiés et
des exilés s’impose à tous. L’Europe fait alors face à la plus grande vague de migrations
depuis la Seconde Guerre mondiale.
LA NOUVELLE RÉALITÉ DE LA
CRISE MIGRATOIRE
13. 13AUTOMNE 2017
Merkel et de François Hollande, des
quotas d’accueil à chaque pays de
l’Union, les pays de l’Europe de l’Est
s’y opposent avec force, ferment
leurs frontières et érigent des murs.
En 2016 et 2017, le nombre de réfu-
giés a certes fortement baissé, mais
le nombre de morts et de disparus
aux frontières de l’Europe, dans la
mer Méditerranée, a augmenté. Les
migrants qui arrivent sont de plus
en plus jeunes, de plus en plus fra-
gilisés par leurs parcours et de plus
en plus vulnérables. De nouvelles
routes migratoires sont tentées
malgré les risques encourus et la
violence subie lors des périples.
ZOOM SUR LA SITUATION FRANÇAISE :
UNE CRISE DE L’HOSPITALITÉ
En France, c’est dans les Hauts-
de-France et à Paris que cette réa-
lité se rend le plus visible. Jusqu’à
10 000 personnes originaires du
Soudan, d’Afghanistan, d’Irak, d’Iran
ou encore d’Érythrée, vivent dans
la jungle de Calais, un grand bi-
donville autoconstruit et autogéré
avant son expulsion en novembre
2016. Au nord de Paris, dans les
18e
et 19e
arrondissements, ce sont
plusieurs centaines de personnes
qui dorment, sous tente ou à même
les trottoirs, en attendant de pou-
voir déposer leurs demandes d’asile
et d’obtenir un hébergement d’ur-
gence. Ces situations ne laissent
personne indifférent et interpellent
les politiques, les médias, les cher-
cheurs et les structures caritatives.
Ce qui a longtemps été appelé
la « crise des migrants » se révèle
surtout une crise de l’asile et de
l’hospitalité, une crise d’autant plus
étonnante que la France a accueilli
nettement moins d’exilés que ses
voisins et que, par le passé, elle a
su accueillir d’autres vagues impor-
tantes de réfugiés – à l’image des
demandeurs d’asile yougoslaves
dans les années 1960, des Espa-
gnols et des Portugais entre 1950 et
1980 ou plus récemment des « boat
people* » en 1980. Aujourd’hui, le
système d’asile, de l’avis des auto-
rités et des associations de dé-
fense des réfugiés, est « à bout de
souffle » pour reprendre les mots
de Manuel Valls, en mai 2013, alors
ministre de l’Intérieur. La loi du 29
juillet 2015 relative à la réforme du
droit d’asile commence à porter
ses fruits bien que les délais d’at-
tente pour déposer une demande
demeurent très longs et que le sys-
tème d’hébergement et de mise à
l’abri soit fortement saturé [La loi
transpose de nouvelles directives
européennes adoptées en juin 2013
et vise à réformer en profondeur le
droit d’asile, afin d’une part de ren-
forcer les garanties des personnes
ayant besoin d’une protection inter-
nationale et d’autre part de statuer
rapidement sur les demandes.]
JUSQU’À 10 000 PERSONNES ORIGINAIRES DU SOUDAN,
D’AFGHANISTAN, D’IRAK, D’IRAN OU ENCORE D’ÉRYTHRÉE,
VIVAIENT DANS LA JUNGLE DE CALAIS.
LES MIGRANTS ESPÈRENT UN AVENIR MEILLEUR LOIN DES CAMPS,
OÙ SE CHEVAUCHENT LES TENTES-
*Les « boat people » sont des migrants qui fuyaient le Vietnam pour des raisons politiques et économiques sur les embarcations très
précaires. Souvent en surcharge et sans sécurité, ces départs ont fait de très nombreuses victimes qui ont succombé à la noyade, à
la famine ou au froid. Entre 1979 et 1986, c’est plus de 150 000 personnes originaires du Vietnam qui obtiennent automatiquement
le statut de réfugiés en France.
14. 14
DÉFINITION DES TERMES
AUTOMNE 2017
DOSSIER
MIGRANT
Selon l’ONU, il s’agit d’une personne qui vit plus
d’un an dans un pays autre que celui de sa naissance
suite à un déplacement volontaire ou forcé. Les 2/3
des migrants s’installent dans un pays limitrophe à
leur pays d’origine.
RÉFUGIÉ
D’après la convention de Genève (1951), le réfugié
est une personne qui, « craignant avec raison d’être
persécutée du fait de sa race, de sa religion, de
sa nationalité, de son appartenance à un certain
groupe social ou de ses opinions politiques, se
trouve hors du pays dont elle a la nationalité et
qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se
réclamer de la protection de ce pays ».
DEMANDEUR D’ASILE
Il s’agit d’une personne qui a déposé une demande
d’asile à l’OFPRA (Office Français de Protection
des Réfugiés et des Apatrides) et qui attend une
réponse. Durant l’examen de sa demande d’asile,
le demandeur reçoit une autorisation provisoire
de séjour qui n’ouvre pas le droit d’exercer une
activité professionnelle et reçoit l’allocation pour
demandeurs d’asile (ADA).
DÉBOUTÉ
Une personne « déboutée », appelée dans le
langage courant un « debouté », s’est vu refuser
l’asile, elle peut alors devenir « clandestin » ou
« sans-papiers ».
DUBLINÉ
Il s’agit d’un migrant qui, en vertu des accords de
Dublin III du 26 juin 2013, doit faire sa demande
d’asile dans le premier pays européen où il a été
contrôlé. En France, lorsqu’une personne est placée
en procédure Dublin, elle ne peut déposer de
demande d’asile et ce pendant les longs mois que
durent la procédure.
MIGRANT ÉCONOMIQUE
Terme largement utilisé par les politiques et
les médias ces derniers mois en opposition aux
« réfugiés ». Pour autant, il demeure très difficile
de définir avec précision qui serait un migrant
« économique » qui a quitté « volontairement » son
pays tant, dans les pays d’origine, conflits, guerre,
famine et crise sont intimement liés.
L’ÉMERGENCE D’UNE SOLIDARITÉ INDIVIDUELLE ET COLLECTIVE
Alors que les pouvoirs publics sont plus dans une
logique sécuritaire que dans une approche huma-
nitaire, les associations d’aide aux plus démunis
ou d’accompagnement des étrangers n’ont pas les
moyens d’intervenir partout où cela est nécessaire.
Dans ce contexte, les initiatives citoyennes, mili-
tantes, bénévoles, afin d’améliorer l’accès aux droits
et les conditions de vie des migrants, prennent une
place particulière. Si d’un côté on assiste à ce que
certains appellent une politique d’inimitié, de l’autre
LES POUVOIRS PUBLICS
SONT PLUS DANS UNE
LOGIQUE SÉCURITAIRE
QUE DANS UNE APPROCHE
HUMANITAIRE.
15. 15AUTOMNE 2017
on vante une solidarité citoyenne extraordinaire re-
posant sur l’hospitalité individuelle. Au côté des asso-
ciations comme Emmaüs, Médecins du Monde, le Se-
cours Catholique ou la Cimade, des universités et des
grandes écoles ouvrent des programmes dédiés aux
réfugiés, de jeunes structures voient le jour comme
la startup Singa, l’association Paris d’Exils ou l’école
Thot qui accompagnent les réfugiés dans tous les
domaines. Il faut surtout souligner que des citoyens
et des indépendants s’organisent pour venir en aide
aux exilés que ce soit dans la jungle de Calais, dans
les campements de Paris, dans les CAO (centres d’ac-
cueil et d’orientation) ouverts à travers la France pour
désengorger Calais, auprès des mineurs à Nantes et
Lille ou encore à la frontière italo-française.
Autant d’acteurs qui, au quotidien et souvent dans
l’ombre, dessinent avec les exilés une nouvelle hospi-
talité et des nouveaux outils d’accompagnement. La
solidarité individuelle et privée fait désormais pleine-
ment partie de la réalité des réfugiés et de la route
des migrants.
PERMETTRE L'ACCÈS
À LA SANTÉ
C'est le cas de la Fondation Sanofi
Espoir qui met en place des
projets d’accès à la santé pour les
populations les plus vulnérables
en France et dans les pays en
crises, notamment au bénéfice des
femmes et les enfants.
Les populations migrantes
et réfugiées font partie des
bénéficiaires de plusieurs de ses
actions menées en partenariat
avec la Croix-Rouge française, le
CASP (Centre d'Action Sociale
Protestant), la Maison des femmes
de Saint-Denis, le Samusocial de
Paris, Emmaüs Défi et ADSF (Agir
pour le Développement de la Santé
des Femmes).
Pour compléter les partenariats
en cours, la Fondation mobilise les
salariés du Groupe à travers des
actions de bénévolat, de mécénat
de compétences ou d’appels à
dons.
LES ENFANTS PROFITENT DE QUELQUES INSTANTS D’INSOUCIANCE POUR-
JOUER AU MILIEU DE CES VILLES DE FORTUNE-
16. 16 AUTOMNE 2017
POURQUOILEGROUPETOTALA-T-ILDÉCIDÉ
DES’ENGAGEREN2015POURL’EMPLOYABILITÉDES
PERSONNESRÉFUGIÉES ?
Nous sommes convaincus que
l’entreprise a un rôle à jouer dans la
société, en particulier sur des sujets
aussi importants que l’accueil des
réfugiés. Total est international :
nous sommes implantés dans
plus de 130 pays et près de 150
nationalités travaillent ensemble.
L’accueil, la diversité et l’inclusion
sont inscrits dans notre ADN. C’est
donc naturellement que le Groupe
s’est mobilisé pour contribuer à
l’insertion sociale et professionnelle
des réfugiés.
LESCOLLABORATEURSSONT-ILSIMPLIQUÉS
DIRECTEMENTDANSLESPROGRAMMESDESOUTIEN
AUXRÉFUGIÉS ?
Oui, c’est important pour le
Groupe. Ils ont la possibilité de
participer à certains programmes
par le biais du mentoring. Avec
l’association Kodiko, des rencontres
régulières sont organisées dans
nos bureaux entre des binômes
« réfugié-salarié ». Il s’agit pour nos
collaborateurs de transmettre les
codes professionnels et culturels
aux réfugiés et de les aider dans les
démarches de recherche d’emploi
de façon concrète : par la rédaction
de lettres de motivation et de
CV, la préparation aux entretiens,
la conversation en français pour
développer leur aisance… Les salariés
participants sont très impliqués et
satisfaits de ce « coaching » qui leur
permet d’établir de vrais échanges.
VOUSÊTESPARMILESPREMIERSPARTENAIRES
DE« REFUGEEKS »,PROGRAMMEDEFORMATION
AUMÉTIERDUCODE,ENQUOICELACONSISTE-T-IL ?
Le programme Refugeeks,
conçu par l’entreprise sociale et
solidaire simplon.co, en partenariat
avec l’association Singa, forme
gratuitement et rapidement
– puisque la formation dure 6
mois – des réfugiés au métier de
développeur informatique pour
lequel le marché du travail est en
demande.
POUR VOS ACTIONS SOCIÉTALES VOUS PARLEZ
D’ANCRAGE RÉGIONAL.
COMMENT SOUTENEZ-VOUS L’INSERTION
PROFESSIONNELLE DES PERSONNES RÉFUGIÉES
SUR LE TERRITOIRE ?
Il est essentiel d’agir sur l’ensemble
du territoire d’autant que la région
parisienne est saturée concernant
l’accueil des réfugiés. Avec
l’association Aurore, nous soutenons
le programme Un toit, un emploi
pour aider des familles de réfugiés à
s’installer dans de grandes villes de
France en les accompagnant pour
trouver un emploi ou
une formation. Depuis
un an, 40 familles ont été accueillies
avec succès dans la région de
Nantes, un territoire dans lequel le
groupe Total est un acteur important
avec la raffinerie de Donges.
PARTICIPEZ-VOUS À DES PROGRAMMES
MULTI-ACTEURS ?
Nos programmes sont par nature
multi-acteurs ! Nous travaillons avec
des associations et des entreprises
sociales et solidaires qualifiées
pour répondre à ces enjeux et
nous les accompagnons par nos
financements et nos compétences.
Mais les projets réunissent tous les
acteurs en puissance, y compris
d’autres entreprises. C’est en
conjuguant nos expériences et
nos regards que nous renforçons
l’efficacité et l’impact des projets. Le
nouveau programme de formation
pour la création d’activité que nous
soutenons est par exemple mené
en partenariat avec le MEDEF, la
Fondation Adecco et le cabinet
de conseil Audace. Son objectif
est d’accompagner les réfugiés
dans leur projet en favorisant leur
autonomie et en leur apprenant à
mobiliser les bons réseaux. Cette
formation « pilote » est en cours et
sera bientôt déployée.
ENTRETIEN AVEC
MANOELLE LEPOUTRE, DIRECTRICE « ENGAGEMENT SOCIÉTÉ CIVILE »
DU GROUPE TOTAL ET DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE DE LA FONDATION TOTAL
GRÂCE AU PROGRAMME REFUGEEKS LANCÉ PAR SIMPLON.CO,-
LES RÉFUGIÉS SONT FORMÉS AU MÉTIER DE DÉVELOPPEUR INFORMATIQUE -
17. 17AUTOMNE 2017
NATIONALITÉS DES DEMANDEURS D’ASILE
LE TOP 5 DES NATIONALITÉS DES PRIMO-DEMANDEURS D’ASILE EN FRANCE, EN 2016
ÉVOLUTION DES DEMANDES D’ASILE EN FRANCE
2014
2015
2016
2017 DE JANVIER À AOÛT
ARRIVÉE DE MIGRANTS EN EUROPE
MIGRANTSQuelques chiffres
HAÏTI
ALBANIE AFGHA-
NISTAN
ALLEMAGNE
ITALIE
FRANCE
GRÈCE
AUTRICHE
ROYAUME-UNI
60 %
10 %
6 %
4 %
3 %
3 %
RATIO DEMANDEUR D’ASILE / HABITANTS
NOMBRE DE DEMANDES D’ASILE
POUR 1000 HABITANTS
NOMBRE DE RÉFUGIÉS /MIGRANTS
POUR 1000 HABITANTS
SOURCE : HCR
SOURCES : EUROSTAT ET OFPRA
216 054
362 376
122 650
1 015 078
SOUDAN
SYRIE
AU NIVEAU EUROPÉEN, LA SYRIE RESTE, DEPUIS 2013, LE PRINCIPAL PAYS D'ORIGINE DES PRIMO-DEMANDEURS D'ASILE EN EUROPE, AVEC 28 % DES DEMANDES.
LE NOMBRE DE DÉCISIONS D’ACCORD D'UN STATUT DE PROTECTION PRISES PAR L'OFPRA ET LA CNDA S’ÉTABLIT EN 2016 À 26 499,
EN HAUSSE DE 35,9 % PAR RAPPORT AU TOTAL DES DÉCISIONS POSITIVES DE 2015 (19 506 DÉCISIONS PRISES CETTE ANNÉE-LÀ).
57 337 DEMANDES
EN 2011
DEMANDES
EN 201685 726
ALLEMAGNE
ITALIE
FRANCE
9
1,85
1,25
GRÈCE 4,75
LIBAN 183
TURQUIE 38
PERSPECTIVES
RÉPARTITION DES DEMANDES D’ASILE AU SEIN DE L’UNION EUROPÉENNE EN 2016
18. DOSSIER
18 AUTOMNE 2017
MOSTAFA
22 ANS, ORIGINAIRE D’ALEP EN SYRIE
Il a rejoint la Turquie avec des amis avant d’être bloqué plus d’une année en Grèce après la fermeture
de la frontière hongroise. Grâce au programme de relocalisation, il a été « sélectionné » par l’OFPRA
et a obtenu un visa pour s’installer en France en mars 2017. En juillet, il a obtenu une carte de séjour
de 10 ans. Aujourd’hui hébergé dans un centre géré par Coallia, il a pu s’inscrire à l’Université de
Rennes pour reprendre des études d’électronique.
FATOU
24 ANS, SOUDANAISE
Elle est accompagnée de son mari et de leur fils de 4 ans. Enceinte de 6 mois, après avoir passé
quelques nuits dehors, elle est hébergée avec sa famille depuis quelques semaines au Centre
d’hébergement d’urgence de la Ville de Paris situé à Ivry-sur-Seine (CHUM). Garagiste de formation,
son mari espère pouvoir rapidement travailler mais pour le moment ils n’ont aucune nouvelle de
leur demande d’asile. « Dublinés », ils attendent avec inquiétude une possible expulsion vers l’Italie.
BASHIR
16 ANS, AFGHAN
Il vient d’arriver en France. Il a quitté l’Afghanistan alors qu’il avait 12 ans et a vécu 3 ans en Iran avant
de rejoindre la France. Hébergé chez des particuliers militants à Lille, il a été déclaré majeur par l’Aide
sociale à l’Enfance et par le Juge aux enfants après avoir effectué une saisine. Aujourd’hui, il réfléchit
à engager une demande d’asile en tant que majeur. En attendant, il suit des cours de français auprès
d’un collectif citoyen et participe à des activités sportives avec une association de quartier. Sans
revenu, la famille d'hébergement et le collectif de soutien couvrent l’ensemble de ses frais.
ABDOU
25 ANS, MAURITANIEN
Il a rejoint Marseille en bateau, caché dans un container. Faiblement scolarisé dans son pays
d’origine, il ne sait ni lire ni écrire. Admis à l’asile après un premier refus par l’OFPRA, il travaille
comme plongeur dans un restaurant branché de la capitale et fait des extras chez un traiteur. Avec
le soutien d’une association, il a pu emménager dans un petit appartement de banlieue parisienne.
PORTRAITS
UNE MOBILISATION
À L'INTERNATIONAL
Pour leur assurer des conditions de
vie décentes et apporter un soutien
matériel, certaines ont également
agi pour la sécurité, l’hygiène et
la dignité des personnes dans les
camps. Les grands groupes ont
un pouvoir d’action à leur échelle,
internationale. Ils agissent lors des
crises humanitaires. Dans le cadre
decedossier,ilestinutiledepréciser
que les besoins engendrés par la
crise des réfugiés et les drames liés
aux migrations sont d’envergure.
Parmi les entreprises mécènes,
des géants de l’agroalimentaire,
orientés naturellement vers le don
de produits, mais développant
parallèlement un maillage de
solutions et de partenariats.
C’est le cas de la Fondation
Carrefour qui agit, entre autres, au
Moyen-Orient. Un partenariat avec
le Programme Alimentaire Mondial
(PAM) permet de distribuer des
coupons de nourriture en Jordanie,
au Liban, en Turquie et en Égypte.
En Irak, la Fondation Carrefour
soutient EliseCare, l’une des rares
ONG présentes sur les sites hors
camps, avec des camions en
cliniques mobiles pour assurer des
consultations et des soins gratuits.
EliseCare s’appuie sur le réseau de
santé existant pour distribuer des
colis alimentaires : l’objectif pour
2016-2017 est de nourrir 50 000
bénéficiaires. La fondation soutient
également Acted pour faciliter
l’accès à l’eau et à des sanitaires
décents, mais aussi à l’alimentation
et aux biens de première nécessité
et Solidarités International sur un
programme d’agriculture urbaine
via des kits de maraîchage pour
200 familles et des formations
pour améliorer le rendement des
cultures.
Photos et prénoms non contractuels
19. 19AUTOMNE 2017
Les entreprises partenaires
Les entreprises partenaires* constatent une forte mobilisation de leurs salariés pour
le co-training qui enrichit les deux parties.
Quel accompagnement pour les salariés volontaires ?
Après une formation initiale, durant 6 mois, tous les 15 jours, le salarié reçoit son binôme :
dialogue pour exercer le français professionnel et connaître le monde de l’entreprise,
aide à la définition de son projet, appui à ses démarches de recherches d’emploi
(lettres de motivations, CV, préparation aux entretiens, rédaction de mails).
parcours vers l’emploi : témoignages
MARIE – ANGÉLIQUE
Journaliste rwandaise
« J’ai bien avancé grâce à Kodiko avec
mon binôme, j’ai pu définir mon projet
professionnel qui était flou. »
MAGILAN
responsable de vente Kazakh
« J’ai appris beaucoup de choses utiles
durant la formation Kodiko pour ma
recherche de travail en France. »
*Entreprises dont les salariés sont impliqués dans le programme Kodiko : Total, Club Med, Sanofi, BETC et Société Générale.
En Indre-et-Loire : Pôle Emploi, EDF, Vinci, Sogarep, Domaine de la Tortinière.
Découvrez-nous: www.kodiko.fr | Contactez-nous : contact@kodiko.fr
L’association KodiKo
Kodiko favorise l’intégration professionnelle de réfugiés statutaires en France.
L’association gère un programme de co-training d’un binôme salarié-réfugié et organise des
ateliers spécifiques pour les personnes réfugiées. Ce dispositif leur permet d’orienter leur projet
professionnel et facilite leur démarche vers l’emploi. Les salariés de l’entreprise partenaire
de Kodiko apportent à leur binôme des codes culturels et professionnels en entreprise.
Vous êtes salariés, parlez-en à votre entreprise !
UN PRoGRAMME DE Co-TRAINING EN ENTREPRISE PoUR AIDER LES PERSoNNES
RÉFUGIÉES DANS LE CADRE PRoFESSIoNNEL. reJoignezLesentreprisespartenaires !
20. 20 AUTOMNE 2017
BRUITS
DE MÉCÉNAT
Le mécénat est en pleine évolution, il prend une dimension
stratégique dans l’entreprise. La mission des fondations
se rapproche de plus en plus des métiers. »
KARINE VIEL, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE FONDATION MONOPRIX
CARENEWS.COM, 15 JUIN 2017
Le mécénat, c'est un cercle vertueux : les premiers financements sont
difficiles à décrocher, mais ensuite il y a un mécanisme
d'entraînement. Ce cercle vertueux n'est pas que positif : il exclut parfois
ceux qui ont de super idées, mais pas les bons outils pour se développer, ce
qui peut aboutir sur un manque de diversité. »
SOAZIG BARTHELEMY, FONDATRICE ET DIRECTRICE D’EMPOW’HER.
CARENEWS.COM, 14 SEPTEMBRE 2017
Les jeunes n'accepteront plus de jobs « métro-boulot-dodo », il faut du sens.
Je vois la même recherche de sens dans les entreprises : les entreprises
qui ont su définir une mission authentique, une véritable raison d’être,
performent 1000 % plus que les autres parmi les 500 premières grandes
entreprises du Standard and Poor’s. Les performances économiques sont
plus fortes quand les collaborateurs sont impliqués. Une entreprise a
mission de réconcilier la stratégie économique à l'impact environnemental
et social sur son écosystème et sur ses parties prenantes. »
JEAN-PHILIPPE COURTOIS, COFONDATEUR DE LIVE FOR GOOD.
CARENEWS.COM, 6 JUILLET 2017
Il y a pour moi deux évolutions majeures. La première a été amorcée il y
a une dizaine d'années, c'est celle de la place du secteur privé dans l'aide
au développement. Il y a 10 ans, il était difficile pour les ONG d'entendre
cela; et que ces deux mondes parlaient le même langage. « Comment
concilier impératif économique et de solidarité » était une vraie question.
Aujourd'hui, le terme de partenariat multiacteurs est même galvaudé, cela
veut dire qu'il est admis. Maintenant, il va falloir rendre ces volontés et ces
partenariats opérationnels. Pour qu'on atteigne tous les ODD [Objectifs de
Développement Durable] d'ici 2030, il faut rendre les progrès concrets.
Deuxième évolution, c'est la place croissante de la numérisation et du
digital. Il est évident que les acteurs de la Tech ont des clés. Il faut qu'on
arrive à créer des ponts entre les solutions innovantes et les besoins partout
dans le monde ; l'open data sera la clé de ce partage. »
ÉMILIE POISSON, DIRECTRICE EXÉCUTIVE DE CONVERGENCES.
CARENEWS.COM, 31 AOÛT 2017
LE SAVIEZ-VOUS ?
Les salariés des fonds et fondations
AGENDA
DES ÉVÈNEMENTS À NE PAS MANQUER !
OCTOBRE
NOVEMBRE
DÉCEMBRE
JANVIER
22-28 PRO BONO WEEK
01-30 MOIS DE L’ESS
06-13 SEMAINE DE LA FINANCE SOLIDAIRE
08-09 8E
CONFÉRENCE DE FUNDRAISING
POUR LA CULTURE DE L’AFF
09-10 CONFÉRENCE EVPA (EUROPEAN VENTURE
PHILANTHROPY ASSOCIATION) À OSLO
13-19 SEMAINE EUROPÉENNE POUR L’EMPLOI
DES PERSONNES HANDICAPÉES
16 JOURNÉE INTERNATIONALE DE LA TOLÉRANCE
17 FESTIVAL DES SOLIDARITÉS (FIN LE 03/12)
20 JOURNÉE INTERNATIONALE DES DROITS
DE L’ENFANT
20 NUIT DE LA RSE
30 SOCIAL GOOD WEEK (FIN LE 06/12)
01 JOURNÉE MONDIALE DE LUTTE CONTRE SIDA
02 OPÉRATION PIÈCES JAUNES (FIN LE 11/01)
05 JOURNÉE INTERNATIONALE DES VOLONTAIRES
08-09 TÉLÉTHON
20 JOURNÉEINTERNATIONALEDELASOLIDARITÉHUMAINE
01 JOURNÉE MONDIALE DE LA PAIX
30 FESTIVAL ADIE (FIN LE 03/02)
AUXÉTATS-UNIS,
PLUS D’INFOS SUR
CARENEWS.COM
Source : Fondation nouvelle(s) génération(s) : Des besoins, des métiers et des Hommes, Centre Français des Fonds et des Fondations, septembre 2017
AUXÉTATS-UNIS,
11%DESSALARIÉSDEFONDATIONS
DISTRIBUTIVESÉTAIENTÂGÉS
DEMOINSDE30ANSEN2015
25%DESDÉLÉGUÉSGÉNÉRAUX
ONTACCÉDÉÀLEURPOSTE
ENÉVOLUANTENINTERNE
TOP 3 DES DOMAINES
D’EXPERTISE
1. L’ÉLABORATION DE STRATÉGIE
2. LE SUIVI/REPORTING
3. IDENTIFICATION, ANALYSE ET
SÉLECTION DES BÉNÉFICIAIRES
PRINCIPALES MISSIONS
LA GESTION DE PROJETS 44,3%
LA STRATÉGIE ET L’ORGANISATION 31,1%
UNE/DES COMPÉTENCE(S)
THÉMATIQUE(S) 19,8%
21. AVIS D'EXPERT
21AUTOMNE 2017
C
,
ESTbon
LA SOCIET
,,POUR
L’alimentation
de l’insertion et de la formation, en France et dans le monde. Dotée de 6,75 millions d’euros,de la Fondation Carrefour depuis 17 ans : mettre l’alimentation au service de la solidarité,
la Fondation Carrefour soutient chaque année une centaine de projets répartis dans plus de 15 pays.
Pour en savoir plus sur nos actions, rendez-vous sur www.fondation-carrefour.org
L alimentation est essentielle à la vie. Elle peut l’être aussi à la société. C’est le rôle‘
E
652014051RCSNanterre–Crédits:Kerdudo–RauzierRivière–Septembre2017
22. 22
AVIS D'EXPERT
AVIS D’EXPERT
« Rien n’est permanent sauf le changement », estimait Héraclite.
Le mécénat n’échappe pas à cette règle, et si les mécanismes mis en place
depuis 2003 sont bien intégrés désormais, le secteur demande aussi que
l’on explore des nouvelles pistes. Le premier facteur d’innovation dans le
mécénat, c’est le porteur de projets lui-même ! Véritable pierre angulaire
du projet, il doit s’émanciper du mécénat traditionnel et être force de
proposition s’il veut bâtir celui de demain par sa manière de prospecter,
sa stratégie de fidélisation, sa vision transversale, son ambition de créer
des synergies vertueuses, ses convictions et son engagement… Dans
un monde où la concurrence des financements se fait rude, il doit sans
cesse être créatif, se réinventer et trouver de nouvelles manières de faire
du mécénat de façon efficiente.
L’innovation passe également par les nouvelles formes de collecte. Tandis
que le mécénat participatif ne cesse de se démocratiser, regardons du
côté des bornes de dons. Elles ne doivent pas être simplement des
urnes, des troncs contemporains sans âme parfois posés sans lien avec
le lieu ou l’œuvre. Elles devraient être plus que des outils de collecte et
devenir des dispositifs novateurs, esthétiques, pédagogiques, ludiques,
qui donnent du sens et font vivre une véritable expérience au donateur
et créent un sentiment d'appartenance au projet soutenu. Ces bornes
peuvent être elles-mêmes des innovations en utilisant la technologie
sans contact, en proposant une contrepartie innovante et en se parant
d’un design très contemporain.
Si l'on parle d’innovation technologique, quid des data ? Elles sont
essentielles pour connaître ses communautés de donateurs, travailler la
médiation et la gamification du don par la personnalisation et gérer de
manière optimisée de la collecte. Par ailleurs, l’arrondi sur salaire et le
microdon en caisse, entre autres, sont des options de collectes à fort
potentiel. Le don en caisse reste très marginal en France ; il représente 8
millions d’euros en 2016 alors qu’il pèse 4,5 milliards de dollars aux États-
Unis et 1,8 milliard de livres au Royaume-Uni.
Enfin, remarquons que l’innovation dans le mécénat culturel concerne
surtout les particuliers avec l’adoption, le ticket-mécène, le produit-
partage... Cette créativité peut également venir de l’entreprise, à
commencer par le mécénat de compétences des startups, TPE et PME.
Quand 73 % des grandes entreprises consacrent moins de 0,1 % de leur
chiffre d'affaires au mécénat, 58 % des PME-TPE y investissent plus de
0,1 %, voire plus de 0,5 %. Pourquoi ne pas faire évoluer la législation
fiscale et tendre vers les 1 % du CA pour les TPE-PME ? Cela ne pourrait
que libérer leur inventivité et donner un nouvel élan. Nous ne répéterons
jamais assez que le mécénat des startups, TPE et PME constitue l’enjeu du
mécénat de demain, celui d’un développement massif de l’engagement
philanthropique de toutes les entreprises afin de faire vivre des projets
de société.
Alors, quel mécénat pour demain ? Pour répondre à cette question, il
faudra toujours fixer des objectifs afin de déterminer des moyens à leur
mesure. Si le chemin est parfois long du projet à la chose, à mon sens,
la solution se trouve dans une approche systémique, bienveillante et de
crowdsourcing, vers des valeurs de transmission et d'élévation vis-à-vis
de l'intérêt général. Il y a un mécène en chacun de nous et chacun de
ces dons compte et contribue à ce que chaque acte de mécénat soit
une victoire !
LE PORTEUR DE PROJETS 3.0 #MECENAT
OLIVIER IBAÑEZ
RESPONSABLE DU MÉCÉNAT
ET DES PARTENARIATS,
MINISTÈRE DE LA CULTURE
Publi-rédactionnel
QUELS SONT LES GRANDS OBJECTIFS
DE LA FONDATION ?
La Fondation reprend les objectifs du
chantier présidentiel mis en place de
2014 à 2017. Sa vocation est de promou-
voir l’engagement de tous pour l’intérêt
général et d’accompagner les projets à
fort impact social et à caractère innovant.
QUELS SONT LES AXES IMPORTANTS
DE LA FONDATION LA FRANCE S’ENGAGE ?
L’accompagnement offert par la Fonda-
tion se concentre essentiellement sur le
changement d’échelle : comment des
projets qui ont fait leurs preuves à une
échelle locale peuvent-ils se développer
au niveau national ? Nous mettons en
avant cette volonté d’essaimage, et nous
la renforcerons dans le futur. Les initia-
tives innovantes et à fort impact social
pourront ainsi bénéficier au plus grand
nombre. Nous encourageons également
chaque porteur de projets à s’enga-
ger pour la communauté en les accom-
pagnant au quotidien, mais aussi avec
des temps forts comme des sessions
d’échanges et de renforcement mutuel.
Nous organiserons aussi prochainement
des forums, en régions et à Paris. Ces
forums rassembleront des centaines de
porteurs de projets partout en France.
COMMENT EST COMPOSÉE LA COMMUNAUTÉ
DES LAURÉATS DE LA FONDATION LA FRANCE
S’ENGAGE ?
Les lauréats ont tous une vocation tour-
née vers l’intérêt général. Les profils
sont variés : associations ou acteurs de
l’ESS en grande majorité, des fondations
et des ONG sur le volet international du
programme. Les dossiers sont examinés
lors de hackathons qui rassemblent des
jurys composés de plusieurs dizaines de
personnes (représentants de la sphère
publique, du monde de l’entreprise et du
secteur associatif). Les dossiers sont no-
tés selon quatre critères : impact social,
innovation, capacité d'essaimage et effi-
cience démontrée.
Les candidats sont invités à déposer un
dossier plus complet lors d’une deuxième
étape, puis à présenter leur projet à l’oral
(pitch) pour les finalistes.
POUVEZ-VOUS NOUS DÉTAILLER
CE QUE GAGNENT LES LAURÉATS ?
Les lauréats bénéficient d’un financement
important pour 3 ans et d’un accompa-
gnement sur mesure, focalisé sur l’essai-
mage. Cet accompagnement est fourni
par des organismes spécialisés ou via du
mécénat de compétences de nos entre-
prises fondatrices ou partenaires.
QUELLES SONT LES PERSPECTIVES
DES PROCHAINS MOIS POUR LA FONDATION
LA FRANCE S’ENGAGE ?
La Fondation travaille au développe-
ment de filières spécifiques comme par
exemple un prix pour les jeunes pousses
(pour les nouvelles idées), un prix artis-
tique sur l’engagement et un concours
international en 2018. Nous avons la
volonté d’agir sur tous les territoires, no-
tamment sur les territoires parfois oubliés
(en milieu rural et en Outre-mer). Dès
décembre, nous diffuserons les modalités
de la prochaine session qui se déroulera
en 2018.
ENTRETIEN AVEC
JEAN SASLAWSKY, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA FONDATION LA FRANCE S’ENGAGE
La Fondation la France s’engage, reconnue d’utilité publique, a été créée en mars dernier. Elle accompagne
les lauréats vers leur changement d’échelle (essaimage de leur projet) et les aide à s’engager pour la
communauté La France s’engage. Une attention toute particulière est accordée au numérique, avec la
conviction qu’il peut développer fortement l’impact des projets. 30 millions d’euros sont engagés sur les
cinq prochaines années pour accompagner, financièrement et en compétences, les lauréats.
AUTOMNE 2017
23. Diffuz est une plateforme citoyenne et solidaire créée et mise à la disposition de tous par la Macif: MUTUELLE ASSURANCE DES COMMERÇANTS ET INDUSTRIELS DE FRANCE ET DES CADRES ET SALARIÉS DE
L’INDUSTRIE ET DU COMMERCE, Société d’assurance mutuelle à cotisations variables. Entreprise régie par le Code des assurances. Siège social: 2 et 4 rue de Pied de Fond 79000 Niort.
Créditphoto:GraphicObsession
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le réseau social
des défis solidaires
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Diffuz, initié par et soutenu par
Diffuz,LEréseausocialdesdéfissolidaires!
Gratuit, ouvert à tous, il facilite l’engagement
solidaire et crée du lien entre les associations
en quête de bénévoles et les citoyens
en quête d’action.
Initié par la Macif et soutenu par les plus
grands acteurs de la solidarité en France,
il permet de se mobiliser pour une cause,
de trouver des ressources ou de lancer
une collecte près de chez soi.
Grâce à Diffuz, chacun a le pouvoir d’agir
au service de la solidarité, ponctuellement,
où il veut et quand il veut, en fonction
de ses centres d’intérêt.
24. 24 AUTOMNE 2017
MÉTIER D'INTÉRÊT GÉNÉRAL
CHARGÉ.E DE PLAIDOYER
Qu’elle intervienne dans les questions des droits de l’homme, de la lutte contre la faim ou encore de
l’écologie, une Organisation Non Gouvernementale (ONG) traite avant tout de l’intérêt général. Pour
faire connaître ses revendications et défendre au mieux les intérêts des citoyens, elles ont recours à
des chargé.e.s de plaidoyer. Dominique Curis est, depuis 6 ans et demi, chargée de plaidoyer libertés
individuelles et publiques chez Amnesty International.
En quoi consiste votre métier ?
J’ai pour objectif de mettre en œuvre tout ce qui est
en mon pouvoir pour influencer les décideurs (l’État
et ses différentes institutions) et le grand public sur
diverses questions telles que la liberté d’expression.
Régulièrement, je suis en contact avec le gouvernement,
les parlementaires et la société civile pour échanger et
argumenter les causes que l'ONG défend. Je veille à ce
que les actions de l’État soient toujours en accord avec
la protection des droits. Je suis également chargée
d’évaluer la cible et de mettre en place une stratégie
d’influence.
Quel a été votre parcours ?
J’ai commencé dans le monde du travail social, puis
j’ai travaillé à l’international dans la défense des droits
humains. Pendant ma carrière professionnelle, j’ai
été amenée à travailler avec des ONG, dont Amnesty
International. Déjà membre d’un groupe local de
l’association, j’ai décidé de m’engager davantage en
y travaillant. Ce qui me plaît dans ce métier, c’est de
pouvoir influencer les décisions à différents niveaux.
Ce travail d’influence se fait autant auprès de la société
civile que des décideurs.
LE MÉTIER DE CHARGÉ.E DE PLAIDOYER
Comme son nom l’indique, le.a chargé.e de plaidoyer porte des messages stratégiques auprès des
différents organismes politiques et civils pour influencer les décisions. De la défense des libertés à
celle de la santé, ses domaines d’action sont divers, mais l’objectif est le même : obtenir des acteurs
concernés un changement de politique ou de règles.
Il n’existe pas de parcours type pour devenir chargé.e de plaidoyer. Il faut avoir acquis une certaine
maîtrise du domaine dans lequel on veut intervenir, en connaître les différentes thématiques et
problématiques. L’idéal est d’avoir été préalablement dans un mouvement ou une entreprise traitant
des questions que l’on souhaite plaider. Il est indispensable de connaître le fonctionnement des
différentes institutions pour éviter les pièges et savoir au mieux comment les influencer.
Un.e chargé.e de plaidoyer doit impérativement avoir une forte capacité d’adaptation puisqu’il/elle sera
amené.e à côtoyer des personnes de secteurs différents (un militant, un politique, un contradicteur…).
Il doit savoir faire passer des messages et définir un objectif clair pour élaborer et adapter sa stratégie.
La qualité la plus importante pour exercer ce métier, bien qu’elle soit évidente, est d’être convaincu.e
du sujet que l’on porte, qu’il soit polémique ou non.
QUELLE RÉMUNÉRATION ?
Comme tout métier, la rémunération varie selon le parcours et l’ancienneté d’un.e chargé.e de
plaidoyer : entre 2 000 et 3 000 euros/mois. Il y a peu de perspectives d’évolution dans le même
domaine, mais il est possible d’occuper un poste plus important dans les Ressources humaines.
QUELQUES DOMAINES D’EXPERTISES : la défense des droits de l’enfance, du droit d’asile et
migration, de sécurité nutritionnelle…
Polyvalence
Dialogue social
Être acteur du changement
Rester réaliste dans ses objectifs
Renonciation
LES + LES ---
26. 26 AUTOMNE 2017
ARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEWS
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CARENEWS.COM LE PORTAIL PARTI
26 AUTOMNE 2017
TÉMOIGNAGE
DE COLLABORATEURS
Parmi ces bénévoles, une collaboratrice Bouygues Te-
lecom tient un rôle très actif au sein de l’association.
Membre du bureau permanent, Laëtitia Paul a parrainé
Meuphine auprès de la Fondation Bouygues Telecom
pour le séjour qui a eu lieu cette année. « L'association
aide les enfants porteurs de handicap à s'intégrer dans
le monde dit "normal" et à dépasser leur handicap dans des situations du quoti-
dien. Le séjour permet aux familles de partager des moments de découvertes,
de loisirs, d'apprentissages. Les parents échangent sur leur quotidien, les enfants
vivent en communauté et participent à des activités nouvelles. Meuphine et ses
bénévoles méritent qu'on les soutienne dans leurs actions. »
Le 27 juin, la Fondation Veolia a signé une convention
de mécénat avec l'association Acta Vista. L'organisa-
tion, membre du groupe SOS, met en place dans le sud
de la France des chantiers d'insertion et de formation
professionnelle aux métiers du patrimoine pour quali-
fier et insérer des personnes éloignées de l'emploi.
La Fondation Carrefour lance une
aide d’urgence pour venir en aide
aux populations touchées par le
passage de l’ouragan Irma, qui a
notamment frappé les Antilles.
Une dotation de 103 000 euros
a été débloquée pour permettre
l’acheminement et la distribution
de nourriture, d’eau ainsi que des
produits d’hygiène et d’entretien.
Les préjugés ont
la peau dure.
Chez Entourage,
on pense qu’al-
ler vers l’autre
est la meilleure
solution pour
les déconstruire. Voici quelques
chiffres pour commencer le proces-
sus du changement de regard sur
les personnes SDF.
La musique classique, au même titre que les autres
arts, fait partie d'un patrimoine universel auquel cha-
cun a le droit d'avoir accès. Il est prouvé que sa pra-
tique, intrinsèquement collective, favorise le développe-
ment personnel et peut avoir des effets extrêmement
bénéfiques sur les capacités d'apprentissage des ado-
lescents, notamment sur la concentration, la sociabilité, la tolérance et l'ouverture
au monde.
Elle peut cependant paraître parfois éloignée des réalités sociales et difficilement
accessible à tous. C'est sur ces fondements que la Fondation du Groupe ADP, qui
fait de l'éducation une de ses priorités, l'a mise au cœur de ses actions, en soutenant
des projets favorisant l'accès à la pratique de la musique classique des enfants les
plus fragiles qui en sont éloignés.
PRÉSENTATION DE PARTENARIAT
APPROFONDISSEMENT DE L’ACTION
SUR UN AXE D’INTERVENTION
ACTUALITÉS
ÉTUDES ET
SENSIBILISATION
CÔTÉ MEMBRES
Sur carenews.com , vous pouvez ouvrir un espace de publication pour votre association, votre
fondation ou votre entreprise et ainsi contribuer à notre média participatif. Cette espace vous permet
de parler de vos actions, de vos partenaires et de l'engagement de vos collaborateurs sur un site
d'information dédié à l'intérêt général. Vous bénéficiez ainsi d'un référencement de grande qualité (qui
multipliera par dix votre visibilité web) et d'une audience sensible à vos informations (professionnels du
secteur, influenceurs, bénévoles, et tout le grand public qui s'intéresse à l'engagement sociétal).
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27. 27AUTOMNE 2017
CARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEW
CARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEWS CARENEW
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CIPATIF DE L'INTÉRÊT GÉNÉRAL
27AUTOMNE 2017
Pendant longtemps, le concept
marketing de l’adoption était
réservé aux campagnes de la So-
ciété Protectrice des Animaux,
avec ses visuels kitsch à souhait.
Arriva la tempête du 26 décembre
1999 qui fit des ravages en Europe.
À Versailles, elle arracha des mil-
liers d’arbres. Face à l’émotion que
ce spectacle de désolation suscita
dans le monde entier, le domaine
national lança aussitôt une sous-
cription pour la replantation du
parc, sans référence à celle bien ou-
bliée de 1952 pour la « sauvegarde
de Versailles ».
Un photographe transforme les enfants malades en
super-héros. Le photographe américain Josh Rossi
s’est récemment lancé dans une mission très spé-
ciale : transformer six enfants de moins de huit ans
atteints d’une maladie et/ou d’un handicap en su-
per-héros de Justice League. Zoom sur cette belle
initiative. Beaucoup d’enfants rêvent de devenir des super-héros. Pour six enfants
de moins de huit ans atteints d’une maladie grave et/ou d’un handicap, ce rêve est
devenu réalité grâce au travail de Josh Rossi, photographe installé à Los Angeles.
Avec l’idée de montrer que ce sont précisément leurs faiblesses qui les rendent si
forts, Josh a photographié les jeunes patients dans des costumes sur mesure de
super-héros de Justice League, avant d’éditer les clichés à la manière d’affiches de
film, de les imprimer en grand format et de les offrir aux enfants. Plus que réussis,
les portraits ont suscité excitation et émerveillement au moment de leur déballage.
Parmi ces super-héros en chair et en os, on retrouve Kayden Kinckle : âgé de cinq
ans et amputé des deux jambes suite à une malformation de naissance entraînant
le développement d’organes internes à l’extérieur de son corps, il incarne Cyborg.
Il y a également Sofie Loftus, trois ans, atteinte d’un cancer très rare des tissus
conjonctifs, dans la peau de Wonder Woman.
L'économie sociale et solidaire (ESS), nous
l'avons déjà vu plusieurs fois sur carenews.
com, est un écosystème qui regroupe environ
200 000 acteurs : les fondations, fonds de dota-
tions (et ceux d'entreprises mécènes), les associa-
tions, les coopératives, les mutuelles et toutes les
entreprises et acteurs) qui se rangent dans les principes du secteur (un autre but
que le partage des bénéfices, une gouvernance démocratique et des bénéfices
dédiés majoritairement aux activités de l'entreprise). L'ESS représente 10% du
PIB et près de 10% des emplois en France, ce qui n'est pas négligeable, surtout
dans un contexte de prise de conscience d'une responsabilisation de tous. Dans
ce monde solidaire, de plus en plus densément occupé et plus souvent interpellé
aussi, les ESUS, agrémentées, ont souvent une place particulière par leur statut.
Le plastique est une matière qui
fait grincer les dents des amou-
reux de la nature. Et pour cause :
un simple sac plastique met en
moyenne 450 ans à se biodégrader,
est difficilement recyclable et finit
trop souvent dans les océans. La
careteam a concocté un petit Topi-
care afin de mettre en lumière 5 ini-
tiatives pour lutter contre ce fléau.
POSITIVONS
DES RUBRIQUES
D’EXPERTS
LE TOPICARE
DIS FLAVIE,
LA RUBRIQUE PÉDAGOGIQUE
DE CARENEWS
CÔTÉ CARENEWS
Sur carenews.com , nous souhaitons faire circuler l’information, nourrir les réflexions, apporter de la
transparence, fédérer les acteurs et donner de la visibilité.
Notre ligne éditoriale indépendante couvre le secteur associatif, le mécénat d’entreprise, la philanthropie
individuelle, la Responsabilité sociétale des entreprises (RSE), l’Économie sociale et solidaire (ESS) et
plus largement l’engagement citoyen.
Elle est composée de rubriques récurrentes destinées essentiellement au secteur : nominations, études,
tendances, cas d'école, débats ; et d'articles qui relayent et diffusent le dynamisme de l’intérêt général :
actualités, appels à projets, campagnes de sensibilisation, remises de prix, projets coconstruits...
28. 28 AUTOMNE 2017
Bertrand Guillot, 43 ans, ne se définit pas comme un militant, mais bien comme
un simple citoyen sensible à la situation de ceux qui ont tout laissé derrière eux
pour tenter de reconstruire une vie nouvelle en France. Il y a deux ans, face à
l'arrivée massive de migrants à Paris, la solidarité s'est organisée spontanément
danscertainsquartiersdelacapitale.Bertrandadécidéderejoindrel'association
Entraides-Citoyennes parce qu'il ne pouvait pas « fermer les yeux ». Il enseigne
aujourd'hui bénévolement les bases du français à un groupe d'hommes issus de
culturesetdepaysdifférents.Unsoirparsemaine,ilretrouvesesélèvesauPetit
Ney, un café associatif situé à deux pas de chez lui dans le 18e
arrondissement
de Paris. Une expérience humaine et solidaire d'une formidable richesse qui a
transformé sa vision du monde. Rencontre.
POURQUOIAVEZ-VOUSDÉCIDÉDEVENIREN
AIDEAUXMIGRANTS ?QUELAÉTÉLEDÉCLIC ?
En 2015, des migrants soudanais se
sont installés devant la mairie du
18e
arrondissement, juste à côté de
chez moi. Ils dormaient dans la rue,
à même le trottoir. Je les croisais
chaque matin, et chaque matin je
me demandais : « Pourquoi vous
êtes là, les gars ? » Je suis allé à
leur rencontre pour comprendre la
situation, mais les échanges étaient
compliqués à cause du barrage
de la langue. Dans le quartier, la
solidarité s'est organisée. Des
habitants ont commencé à faire des
dons de vêtements et de nourriture.
Je me suis dit que je ne pouvais
pas rester là sans rien faire. Par
hasard, je suis tombé sur l'annonce
d'une association qui recherchait
des bénévoles pour enseigner le
français aux migrants. Je ne savais
pas exactement comment j'allais
m'y prendre, mais j'ai décidé d'offrir
un peu de mon temps pour aider
ces gens à prendre leurs repères ici.
COMMENT SE DÉROULENT LES COURS
D'ENSEIGNEMENT DU FRANÇAIS ?
Pendant une heure et demie, une
fois par semaine, j'encadre, avec
une autre bénévole, un groupe de
moins d'une dizaine d'hommes de
tous âges, originaires du Tchad,
du Soudan, d'Afghanistan. Ils ne
parlent donc pas la même langue
et certains d'entre eux, issus du
monde rural n'ont pas été à l'école
dans leur pays. Apprendre le
français, pour eux, c'est donc très
compliqué, mais ils sont déterminés
et volontaires. Leur principal
objectif est de surmonter la
frustration de vivre dans un monde
qu'ils ne comprennent pas. Ils savent
que leur avenir en France dépendra
de leur capacité à s'exprimer. Nous
utilisons des livres pour enfants
et des manuels scolaires, mais
l'idée est vraiment d'être le plus
concret possible afin qu'ils puissent
acquérir les bases du vocabulaire
pour savoir se présenter, demander
leur chemin, se repérer dans le
métro. Nous privilégions beaucoup
l'apprentissage oral et nous
communiquons par gestes. C'est
assez théâtral ! Cela fonctionne bien
avec un public aussi hétérogène.
QUELLE EST VOTRE PLUS GRANDE
SATISFACTION EN TANT QUE BÉNÉVOLE ?
Ma plus grande satisfaction est
d'observer les progrès de mes
élèves.Lesmigrantsn'ontpasledroit
de travailler, alors ils s'investissent
énormément. Les cours de français
sont souvent leur seule activité de
la semaine. Certains d'entre eux
avancent très vite. Je pense à un
jeune Afghan qui a obtenu son titre
PORTRAIT D’UN ENGAGEMENT
BERTRAND,
« SIMPLE CITOYEN », ENSEIGNE
LE FRANÇAIS AUX MIGRANTS
29. 29AUTOMNE 2017
PORTRAIT D’UN ENGAGEMENT
VOUS SOUHAITEZ VOUS AUSSI AIDER
LES MIGRANTS ? DÉCOUVREZ LES ACTIONS
PROPOSÉES PAR L'ASSOCIATION
ENTRAIDES-CITOYENNES
DONS DE VÊTEMENTS
À l'approche de l'hiver, les besoins
en couvertures, sacs de couchage,
chaussures et vêtements chauds
pour homme augmentent. Vous
pouvez effectuer vos dons dès
aujourd'hui auprès de l'association.
COLLECTES ALIMENTAIRES
Il s’agit de récupérer auprès
des magasins partenaires de
l'association des denrées offertes
gracieusement (fruits, viennoiseries,
pain) et de les acheminer dans
les locaux de l'association
situés à Montreuil et dans le 18e
arrondissement de Paris.
PRÉPARATION DES REPAS
Le rendez-vous « cuisine » a lieu
à Montreuil chaque samedi entre
17 h et 20 h. Les bénévoles sont
invités à trier les dons alimentaires
et à préparer les repas qui seront
distribués le soir même durant la
maraude. 500 plats chauds sont
confectionnés chaque semaine
en moyenne dans les locaux de
l'association.
MARAUDES
Une équipe composée de quatre
à six bénévoles part à la rencontre
des migrants Porte de la Chapelle
tous les samedis soirs. Il manque
régulièrement des volontaires pour
distribuer les repas.
Informations et inscriptions :
-entraides-citoyennes.org-
PLUS D’INFOS SUR
CARENEWS.COM
de séjour, il y a quelques mois. Il n'est
pas encore parfaitement bilingue, mais
il a aujourd'hui un très bon niveau et
cela lui a permis de trouver du travail
sans l'aide de quiconque. Je pense
aussi à cet adolescent qui a quitté
le Darfour après l'assassinat de ses
parents. Il a effectué la traversée de la
Méditerranée seul et a vécu beaucoup
de choses difficiles. À force de volonté,
il est devenu le meilleur élève de mon
groupe alors qu'il ne parlait pas un mot
de français à son arrivée.
QUE VOUS A APPORTÉ CETTE EXPÉRIENCE
AU CONTACT DES MIGRANTS ?
J'avais entendu parler de la crise des
migrants comme tout le monde, dans
les journaux. Pour moi cela représentait
une réalité lointaine illustrée par des
statistiques. Tout a changé lorsque j'ai
été confronté à la réalité de la situation
au coin de ma rue. J'ai rencontré des
êtres humains. Il suffit de quelques
petites actions pour améliorer le sort de
ceux qui ont tout quitté pour l'inconnu.
Je ne me pose pas la question de savoir
si la France doit ou non les accueillir. Ils
sont là. C'est un fait. Ce serait inhumain
de les laisser livrés à eux-mêmes. Ils ont
juste besoin d'ouverture et d'espoir.
Comme un petit colibri, je fais ma part.
L'ASSOCIATION ENTRAIDES-CITOYENNES
RECHERCHE DE NOUVEAUX BÉNÉVOLES POUR
ASSURER LES COURS DE FRANÇAIS.
DE QUELS PROFILS AVEZ-VOUS BESOIN ?
Il n'est pas nécessaire d'être déjà
professeur pour enseigner les bases
du français aux migrants. C'est
vraiment une barrière à lever. La
seule compétence requise est la
motivation, l'envie de transmettre et
de créer un pont entre des mondes
différents. Les nouveaux bénévoles
sont toujours accompagnés par les
anciens. Chacun développe ensuite sa
pédagogie très naturellement. Nous
échangeons beaucoup entre nous,
nous expérimentons des méthodes,
des techniques et nous avançons avec
les élèves de manière assez intuitive.
Ce qui compte c'est vraiment la qualité
du lien que nous construisons avec
eux. Actuellement, les besoins se
concentrent dans le 18e
arrondissement
de Paris où nous proposons des cours
le mardi soir. Nous avons besoin de
trois personnes pour renforcer notre
équipe. C'est une aventure collective
qui a du sens et j'invite vraiment toutes
les bonnes volontés à venir la partager
avec nous.