Synthèse de l’étude des dimensions sexospécifiques de l’extrémisme violent au #Mali, conduite par ONU Femmes et le PNUD. Elle fait ressortir les résultats clés des dynamiques sexospécifiques de l’extrémisme violent dans 25 localités du Mali. L'étude a été menée auprès de 272 personnes dont 51 femmes (18,8%), 217 hommes (79,8%)
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Synthèse de l’étude des dimensions sexospécifiques de l’extrémisme violent au Mali _ PNUD Mali et ONU Femmes Mali_ Oct. 2023.pdf
1. Contexte de l’étude
Cette étude est une activité importante du programme conjoint d’appui à la
Stabilisation du Mali à travers le renforcement de l’Etat de Droit (PROSMED)
du PNUD et ONU Femmes Mali qui s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre
de l’axe 1 du Cadre Stratégique pour la relance économique et le
développement durable du Mali (CREDD 2019-23) relatif à la «Consolidation
de la démocratie et de l’amélioration de la gouvernance »; des effets des axes
1 et 2 du Cadre de Coopération des Nations Unies pour le Développement
Durable au Mali (UNSDCF 2020-24) qui stipulent : « D’ici 2024, les populations
vivent dans un Etat de droit, un environnement de paix et de redevabilité grâce
à des institutions publiques fortes, des médias et une société civile exerçant
leurs rôles et responsabilités pour une gouvernance efficace et inclusive » et
« D’ici 2024, les populations sont résilientes face aux conflits, vivent
réconciliées et en harmonie dans un environnement de paix, sécurisé et
respectueux des Droits de l’Homme et des traditions culturelles positives ».
L’extrémisme violent au Mali et sa dimension sexospécifique
Au Mali, l’extrémisme violent est au cœur de toutes les
préoccupations sécuritaires et plus particulièrement au Nord,
au Centre qui s’étend désormais dans le Sud du pays. Les
tensions et les violences qui en découlent ont pour
conséquences directes la violation des droits de l’Homme ; un
quasi-effondrement de l’administration publique ; la
fermeture d’écoles, un accès limité aux soins de santé ; la
perturbation de la production vivrière et de son
acheminement, des déplacements de population ; les
violences basées sur le genre ; la perte de vies humaines et
matérielles et surtout une expansion des groupes extrémistes
issus de l’Islam radical, des violences communautaire et
intercommunautaire.
La pauvreté, le chômage des jeunes, le radicalisme religieux, le
sous-développement, l’accès limité à une éducation de qualité
et l’analphabétisme constituent des causes. A noter
également que la dimension foncière constitue la cause
principale de la plupart des conflits communautaires locaux. Il
ressort de cette étude que les groupes terroristes et les
groupes armés non identifiés de toute nature représentent
plus de 80,2% des acteurs impliqués dans l’extrémisme
violent.
SYNTHESE DE L’ETUDE DES DIMENSIONS
SEXOSPECIFIQUES DE L’EXTREMISME
VIOLENT AU MALI
2. En dehors des groupes terroristes et armés, d’autres
acteurs à hauteur de 6,2% restent impliqués dans
l’extrémisme violent, à savoir : les groupes
d’autodéfense (Les chasseurs etc.) ; les groupes
narcotrafiquants ; les jeunes désœuvrés ; les femmes
radicales et analphabètes ; les leaders politiques,
religieux et communautaires ; les victimes et les
auteurs de l'esclavage par ascendance ; les
personnes se distinguant de par leur rang social
supérieur : les nobles ; les communautés ethniques
ou religieuses ; les individus d’idéologie radicale ; les
leaders religieux (Imams).
L’extrémisme violent au Mali et sa dimension sexospécifique
La cohésion sociale entre jeunes, femmes et hommes est menacée, d’où l’essence de cette étude sur les
dimensions sexospécifiques de l’extrémisme violent. Elle se porte sur comment les femmes, les hommes et
les jeunes sont affectés et contribuent à l’extrémisme violent ou au radicalisme qui aggravent les conflits au
Mali.
Méthodologie de l’étude
• Revue documentaire de la littérature sur l’extrémisme violent
• Entretien auprès des structures gouvernementales et des
parties prenantes (leaders communautaires et religieux,
autorités locales, membres des OSC)
• Echantillonnage : 25 localités du Mali auprès de 272
personnes dont 51 femmes (18,8%), 217 hommes (79,8%) et 4
personnes de sexe non spécifié (1,5%), membres des
organisations de la société civile, des autorités et ONG locales,
des structures gouvernementales, des Forces de défense et de
sécurité (FDS) et des agences des Nations unies.
• Marges d’âges des personnes enquêtées : de 18 à 35 ans au
nombre de 56 (20,6%) ; de 35 ou plus au nombre de 212
(77,9%) et 4 d’entre elles n’ont pas spécifié leur âge (1,5%).
• La localité de Douentza enregistre 62% des femmes enquêtées
alors que les localités d’Andéraboukane, de Ménaka, Mopti,
Sikasso et Yélimané enregistrent 0% en raison des représailles,
de l’extrême sensibilité du dossier et de l’insécurité.
1. Bamako
2. Djenné
3. Mopti
4. Bankass
5. Koro
6. Douentza
7. Ségou
8. Macina
9. Niono
10. San
11. Bla
12. Tominian
13. Andéraboukane
14. Gao
15. Bandiagara
16. Ménaka
17. Asongo
18. Nara
19. Yorosso
20. Sikasso
21. Kayes
22. Diéma
23. Yélimané
24. Nioro et 25. Kidal
25 zones
d’études :
SYNTHESE DE L’ETUDE DES DIMENSIONS
SEXOSPECIFIQUES DE L’EXTREMISME
VIOLENT AU MALI
Des
milices
d'autodéfense
au
Sahel
3. Résultats clés de l’étude
1. Les conséquences de l’extrémisme violent sur les femmes, jeunes et enfants
Violations des droits des femmes et des filles ;
Exposition aux violences basées sur le genre,
agressions sexuelles, viols;
Mariages forcés & précoces et déplacements forcés
Vulnérabilités socioéconomiques des femmes et filles
Taux élevé de femmes veuves et d’enfants orphelins ;
Déscolarisation des filles ; Chômage des jeunes.
Destruction des couples et du socle familial renforcent la vulnérabilité des individus.
2. Les perceptions des communautés et des institutions sur l’extrémisme
violent/radicalisation en tant que risques et sources de conflits
46,7% des hommes affirment que les femmes adhèrent à la cause de l’extrémisme
violent au Mali
9,2% des femmes confirment leur adhésion à l’extrémisme violent/radicalisation au Mali
66,5% d’hommes et 16,2% de femmes affirment l’existence des risques pour alerter,
parler, débattre ou dénoncer l'extrémisme violent dans leurs localités.
3. Les attitudes et comportements des communautés et des institutions relatifs
à l’extrémisme violent/radicalisations
Les femmes, les hommes et jeunes, en dépit de quelques différences mineures,
adhèrent à l’unanimité aux stratégies et messages fréquemment utilisés par les
groupes extrémistes dont les prêches, les propositions d’argent, les violences ou les
intimidations (assassinats ou enlèvements), la défense de l’islam radical, le projet
d'instauration d'un Etat Islamique, la haine contre l'Etat et ses pratiques de mauvaise
gouvernance, la justice pour les pauvres etc.
Les jeunes adhèrent aux causes véhiculées par les auteurs de l’extrémisme violent à
savoir : la promesse de venger des parents ou proches assassinés ; la volonté de
mettre un terme à l'esclavage par ascendance ; la haine contre l’occident ; la
radicalisation des prédications islamiques ; les propositions d’argent ; les violences et
les intimidations en cas de refus d’adhésion.
L’Etat se met en retrait et permet à certains groupes extrémistes intervenant au Nord
et au Centre du Mali de s’impliquer davantage dans la gestion de plusieurs affaires
locales qui sont : litiges fonciers, problèmes de mariages, différends liés au paiement
des petites dettes contractées.
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SEXOSPECIFIQUES DE L’EXTREMISME
VIOLENT AU MALI
4. 4. Les rôles des femmes et des jeunes et l’engagement des hommes dans
l’extrémisme violent
Au Mali, les femmes mariées à des extrémistes restent complices des actes de leurs
maris à travers les accompagnements, les conseils et aides directes.
Les femmes complètent à 18.75% les actions des hommes dans des actions liées à
l’extrémisme violent soit en tant qu’auteure, soit en tant que complice, soit les deux à la
fois.
Le Code des personnes et de la famille en vigueur au Mali contraint la femme à
l’obéissance de son mari. Si ce dernier est impliqué dans des actions liées à l’extrémisme
violent, alors elle le soutient.
Les femmes et jeunes femmes fournissent des renseignements aux groupes extrémistes
Elles collectent des fonds et en charge de la restauration
L’étude a démontré que les jeunes prennent part aux actions liées à l’extrémisme violent à
hauteur de 21% par rapport aux hommes adultes.
Recommandations pour renforcer la participation des femmes dans la prévention de l’extrémisme violent
Résultats clés de l’étude
La réussite de la lutte contre l’extrémisme violent dépend fortement de la stratégie adoptée sur la base de
quelques recommandations :
Impliquer systématiquement les femmes comme leaders communautaires dans les
actions des projets
Recruter des femmes au niveau local pour la mise en œuvre des projets de préven-
tion de l’extrémisme violent.
Identifier des évènements locaux comme opportunités de diffusion d’Information
sur les pratiques de prévention de l’extrémismes violents.
Promouvoir l’enseignement des droits humains et des femmes et la culture de la paix
dans les universités et renforcer les connaissances des jeunes (femmes et hommes) sur
la Politique Nationale de Lutte contre l’Extrémisme Violent et le Terrorisme (PLCEVT)
mise en place par le Mali et approuvée par le décret N° 2018-0197/P – RM du 26
février 2018 avec son plan d’actions 2018-2020.
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