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Penthièvre
au fil des âges
    1909-2009
Penthièvre
                      au fil des âges
                                                              1909-2009


Ouvrage réalisé par : Hélène Tattevin et Pascal Lecomte pour le compte de l’Arep
(Association des résidents et propriétaires de Penthièvre).
Création graphique et réalisation technique : Emmanuelle Didou.
Sommaire


 •   De la préhistoire au XXe siècle       p. 9

 •   Les transports à Penthièvre           p. 21

 •   L’histoire du lotissement             p. 31

 •   Penthièvre en images                  p. 41

 •   Les lieux symboliques de Penthièvre   p. 61

 •   Les activités de terre et de mer      p. 77

 •   La biodiversité à Penthièvre          p. 91

 •   Annexes                               p. 103
Penthièvre… un village tout plat, niché à l’étran-
glement de la presqu’île, comme un troupeau
de maisons qui se serait arrêté là pour faire une
pause avant de sauter… et qui ne saute pas!
En 1909, le docteur Gaillard exerçant à Plouhar-
nel, homme d’affaires ou visionnaire, a créé le
« lotissement de Penthièvre » avec son beau-
frère, banquier à Paris et un notaire de Vannes,
en réunissant 20 hectares de terrains achetés à
la mairie de Saint-Pierre-Quiberon.
A l’époque, sur cette bande de sable coincée
entre deux mers, il n’y avait pas d’eau courante,
pas d’arbres, ni gaz ni électricité, mais une route        7
(créée en 1853) et une voie ferrée (inaugurée en
1882 à Quiberon).




Affiche peinte par Fouché et Charbonnier vers 1905.
Utilisée pour la promotion de Penthièvre, elle symbolise
la réconciliation entre chouans et républicains.
De la préhistoire
        e
 au XX siècle
La vie à Penthièvre il y a 6000 ans

     Bien que certaines familles se vantent d’être présentes
     ici depuis plusieurs générations, aucune ne revendique
     d’aïeuls ayant connu Penthièvre il y a 6000 ans. Grâce à
     un heureux concours de circonstances, des squelettes et
     objets retrouvés sur Téviec ont permis de reconstituer, de
     manière vraisemblable, ce qu’était la vie à Penthièvre aux
10   temps préhistoriques.
     A l’époque, la mer devait être à quelques kilomètres à l’ouest
     de Téviec. L’île n’était donc pas une île, mais un promontoire
     rocheux peu élevé, comme le Mont Dol en plus petit. Tout
     autour s’étendait une large forêt, ou peut-être de la savane,
     en tout cas un terrain propice à la chasse.




                                          A droite : vue aérienne de Téviec. © Olivier Macé
Une tribu vivant de chasse, de pêche et de coquillages
                                   Un promontoire rocheux pour se protéger et surveiller
                                   les alentours, des terres giboyeuses et la mer à proxi-
                                   mité : le lieu est idéal pour installer un campement. Une
                                   tribu d’environ 50 individus s’installe sur le promontoire.
                                   En été, ils vont chasser dans la forêt : des sangliers au
                                   dîner, des cerfs au dessert. Tout est utilisé : les peaux,
                                   les os font l’objet d’artisanat déjà évolué.
                                   En hiver, les ressources viennent de la mer. Nos an-
                                   cêtres pêchent des mammifères marins (baleines,
                                   phoques…), des poissons (maquereaux, bars…).
                                   Pendant ce temps, femmes et enfants ramassent
                                   quantité de coquillages, pour les manger d’abord puis
                                   pour en faire des bijoux (colliers, bracelets...) et des
12
                                   pagnes.Les squelettes trouvés à Téviec comme à
                                   Hoëdic sont richement parés. Aujourd’hui exposés au
                                   Musée de Carnac, ils méritent une visite.
                                   Grâce à cette abondance de coquillages en calcaire,
                                   les squelettes de Téviec ont été protégés de l’acidité
                                   du granite breton. La même configuration (dépôt co-
                                   quillier et squelettes enterrés assis) a été retrouvée à
                                   Hoëdic. Presque partout ailleurs, le sol acide a rongé
                                   les os, ne laissant aucune trace de cette époque méso-
                                   lithique, située entre le paléolithique et le néolithique.
                                   Cela a permis de dater les premiers habitants de Pen-
                                   thièvre autour de 6000 ans avant JC.
La famille Péquart, archéologues modernes en 1928
Au début de l’été 1928, la famille de Saint-Just
Péquart, honorable quincailler de Nancy pas-
sionné d’archéologie, plante de robustes tentes
sur l’îlot de Téviec avec son épouse Marthe,
et leurs trois enfants : Hélène, Marc et Claude.
Un nombre important d’indices leur laissait suppo-
ser la présence, sur l’île, de vestiges humains très
anciens. Avec rigueur et constance, les 5 passion-
nés ont passé leurs journées à creuser, gratter, tami-
ser…. en notant le tout d’une manière si rigoureuse
qu’elle est devenue une référence dans le monde
des fouilles. Toutes leurs archives ont malheureuse-
ment été brûlées lors de la seconde guerre mondiale.




A gauche : reconstitution d’une sépulture de Téviec au Musée de
Carnac. © Musée de Carnac
A droite : les Péquart expérimentent un moulage de plâtre, pour
transporter un squelette sans risquer de le détruire.
© Melvan, Muséum national d’histoire naturelle
Au Moyen-âge, Penthièvre est terre de chasse

     Le niveau de la mer est progressivement monté, recouvrant les forêts. Quiberon restera longtemps une
     île, accessible seulement par la mer. Mais des courants marins se heurtent entre l’île et le continent. Une
     langue de sable s’accumule (le terme géologique est tombolo), qui finit par relier naturellement l’île de
     Quiberon au continent.
     La vie de la presqu’île de Quiberon suit l’histoire de toute la Bretagne, sans que survive une quelconque
     anecdote pouvant être reliée à l’isthme. Au XIe siècle, le duc Alain V de Bretagne venait chasser sur ses
     terres de la presqu’île, dans les forêts denses et giboyeuses…
     En 1438, le duc Jean V donna à son fils Pierre « la chastellenie de Kemboeren, sans y comprendre les
     garennes ».
14

     Impressions de voyage d’Hyppolite Taine, 1863-1865, se rendant en voiture d’Auray à Quiberon.
     « Enfin à l’isthme apparaît la double mer : l’une à l’orient, d’un bleu intense, le plus riche et le plus fort que l’on puisse
     imaginer, immobile ; l’autre à l’occident, écumeuse et déversée contre le bord, en vagues incessantes. On l’appelle la mer
     sauvage. Elle luit, glauque et miroitante à l’infini, coupée, ça et là, d’îlots rugueux et noirâtres.
     En approchant de la côte, sur les algues, elle se gonfle en lames violettes, de la teinte la plus magnifique et la plus nuancée,
     frangées d’argent à la cime et retombant en volutes, sous la pluie de rayons qui les traverse. Par elle, toute la côte semble se
     tresser une opulente couronne de violettes fauves et d’argent bruni.
     Les paillettes de talc scintillent, par millions, dans le sable blanc de la plage [...].
Un lieu-dit : les Dunes de la Falaise

Le territoire allant du Fort Penthièvre
jusqu’à la commune de Plouharnel
n’était alors qu’une dune herbeuse ser-
vant de pâturages aux moutons.
On l’appelait « la Falaise », car il y avait
une forte déclivité sur la partie ouest ;
les dunes surplombaient la plage. Lors
de la création de la commune de Saint-
Pierre en 1856 par scission d’avec Qui-
beron, cette partie de la nouvelle com-        15
mune fut désignée comme la « section
A de Kerhostin », le village de l’autre
côté de l’isthme.




Plan de Penthièvre, datant de 1856.
L’histoire du fort de Penthièvre

     Les premières fortifications dites de Vauban datent de 1694/95. Cela s’appelait la redoute de la Palisse.




16




                                                                                              Collection Collet.
Pourquoi ce nom de Penthièvre ?

C’est parce que l’armée anglaise
a saccagé la presqu’île de Qui-
beron en octobre 1746 avec les
troupes du Général Sainclair
amenées par l’escadre de l’ami-
ral Lestock, que le jeune Duc de
Penthièvre, âgé de 21 ans, est
venu sur place peu de temps
après pour constater les dé-
                                                              17
gâts, en sa qualité de Gouverneur
de Bretagne et Amiral de France.
Il a alors préconisé de transfor-
mer la modeste redoute de la pointe de la Palisse en vrai
Fort, n’hésitant pas à payer une partie des travaux sur ses
deniers personnels. En reconnaissance, les habitants ont
nommé ce fort « Fort-Penthièvre ».
Le fort « sans-culotte»                              Le fort au XXe siècle

     Pendant la Révolution, il prendra le nom de          Le 23 juin 1933, le fort est désaffecté et classé mo-
     « Fort-sans-Culotte ».                               nument historique.
     Il est cité sous ce nom dans les récits de « l’Af-   Pendant la seconde guerre mondiale, il fait partie
     faire de Quiberon », (27 juin – 21 juillet 1795),    du Mur de l’Atlantique, avec trois blockhaus en ci-
     l’une des plus grandes batailles de l’histoire       ment armé pour canons anti-chars et mitrailleuses
     de la presqu’île, lorsque le Général Hoche re-       lourdes. D’avril à juillet 1944, il sert de geôle, tri-
     pousse victorieusement l’armée des Emigrés et        bunal sommaire, lieu d’exécution et charnier : 59
     des Chouans (voir « 1795 : Quiberon ou le des-       patriotes y sont exécutés. Un monument élevé sur
     tin de Quiberon », Patrick Huchet).                  le glacis du fort rappelle leur sacrifice, qui est com-
18   A l’entrée de l’isthme, un musée rappelle les        mémoré chaque année le 13 juillet.
     événements de la Chouannerie.                        Depuis 1969, le fort est placé sous la responsa-
     La fortification reçoit sa forme définitive sous la    bilité du 3ème Régiment d’Infanterie de marine
     Restauration (1845) et reprend le nom de Fort        stationné à Vannes. Il sert maintenant de centre
     Penthièvre.                                          d’instruction et d’initiation commando.




                                                                    A gauche : le fort Penthièvre, collection Laurent.
                                                                 A droite : le commandant Jean-Christophe Dumont,
                                                                 habitant de Penthièvre, a organisé une visite guidée
                                                                        du fort Penthièvre pendant l’été 2009. ©Arep
Les transports
 à Penthièvre
La route impériale en 1853

     Lors du projet de la nouvelle route, le maire de Plouharnel,
     Joseph Sébastien Le Diot, obtient en 1834 le passage de la
     nouvelle route par le bourg de Plouharnel, au grand dam des
     maires de Quiberon et Carnac, partisans d’un itinéraire par le
22   chenal en face de Pen-ar-Lé (au milieu de l’anse du Po). Mais
     les changements de pouvoir font que les travaux tardent.
     La route Royale se transforme en route Nationale, puis en
     route Impériale sous Napoléon III, puisque la route est enfin
     réalisée en 1853.




                                            A droite : entrée de la presqu’île, au passage de l’isthme,
                                                       dans les années 1915. Collection Lannelongue.
1882 : le train vient désenclaver la presqu’île

     Plusieurs explications sont avancées pour justifier la création de cette voie ferrée.
     L’épisode des Anglais a sensibilisé les pouvoirs publics à la nécessité d’acheminer des pièces
     d’artillerie pour protéger la presqu’île en cas de conflit.
     En parallèle, l’installation de conserveries de poissons et d’usines d’iode à Quiberon et à Portivy
     intensifie les échanges commerciaux. La route en terre n’était pas pratique pour les camions
     lourdement chargés des précieuses conserves.
     Et enfin troisième raison : les forêts plantées 30 ans plus tôt à l’initiative de la princesse Ca-
     merata, nièce de Napoléon III, commencent à fournir du bois. Ce bois est destiné à étayer les
     galeries des mines de charbon anglaises. Les trains de bois quittent la presqu’île et reviennent
     chargés de charbon anglais, pour faire fonctionner les conserveries... tout se tient !
24   Auparavant, le trafic de bois se faisait par bateau, entre Port d’Orange et Saint-Goustan à Auray.
     Le chemin de fer Auray-Quiberon a été inauguré le 23 juillet 1882.
     Construite à l’initiative de Charles de Freyssinet, ministre des Travaux publics de l’époque, la
     ligne est gérée par la Compagnie des chemins de fer d’Orléans. Il n’existait à l’époque aucune
     construction à Penthièvre, hormis le fort.
     On reparlera plus tard de l’importance du train dans l’aménagement du lotissement de Pen-
     thièvre (16 allers-retours par jour en 1914 entre Paris et Quiberon, c’est dire l’essor du tourisme
     au début du XXe siècle grâce à ce train ! ).
     Aujourd’hui il ne circule plus que l’été : c’est le « tire-bouchon ». Son conducteur n’oublie jamais
     de klaxonner à l’Isthme, car le passage est étroit : voitures, trains, vélos et piétons se frôlent
     d’un peu près parfois.

                            A droite : voie ferrée, collection Laurent. Double page suivante, à gauche : ancien train à
                            vapeur 1955-1960, collection Jos. Double page suivante, à droite : tire-bouchon. © Arep
Penthièvre en train et à vélo

     Après le train, le vélo
     apporte une nouvelle
     vie à Penthièvre.
     Grâce au projet de
     piste cyclable reliant
     Quiberon à la pointe
     de Gâvres, aux portes
     de Lorient, des solu-
28   tions sont en cours
     pour relier Penthièvre
     de manière sécurisée
     à Plouharnel, Erde-
     ven, Kerhostin, Por-
     tivy, St-Pierre et Qui-
     beron… Le franchissement de l’isthme est à la charge du Conseil général du
     Morbihan, les travaux sont prévus pour les années à venir.




     A gauche : vendue à un particulier, la gare ne reprend vie qu’en été. Collection Manheimer.
       A droite : l’arrêt de l’Isthme dessert surtout la colonie de vacances des Ardennais. © Arep
L’histoire du
 lotissement
Histoire du lotissement Penthièvre Plage

     Les dunes de Penthièvre offrant peu d’intérêt au        terrain occupant une surface de 8 hectares. La
     niveau économique, la commune de St-Pierre              même année, monsieur Gaudelas revend ses
     décide de s’en séparer en 1890. Le terrain pro-         dunes à son beau-frère et à sa belle-sœur : l’un
     posé à la vente était limité à l’ouest par l’océan, à   est banquier à Paris, l’autre est l’épouse du mé-
     l’est par la route nationale Quiberon-Saint-Malo,       decin de Plouharnel. Nous voilà donc avec trois
     et au nord par une limite mal définie, le tout fai-      propriétaires : deux pour la partie « sauvage »
     sant un peu plus de 12 hectares, essentiellement        (ouest) et un pour la partie « calme » (est).
32   des dunes sur lesquelles paissaient les moutons.        Les trois nouveaux propriétaires créent en 1909
     Un seul acquéreur s’est présenté : monsieur             la Société anonyme « Plage de Penthièvre »,
     Gaudelas, installé à Plouharnel en qualité d’ar-        avec l’intention de revendre chaque lot dans le
     mateur. Un peu plus tard (1907), la commune             cadre d’une vaste opération immobilière. Cet
     de Saint-Pierre vend à maître Buguel, notaire à         acte marque véritablement la naissance de notre
     Vannes (et conseiller général), les dunes de Pen-       village, dont le centenaire a été célébré en 2009.
     thièvre situées entre la baie et la nationale, ce
Les premières maisons

Le premier cahier des charges pour la vente
de terrains par lots est signé le 14 février 1909.
Auparavant, une seule maison : l’hostellerie
des Pins, construite au bord de la Nationale à
l’entrée de Penthièvre en 1908. Avant 1914, de
nombreux terrains sont vendus entre le Bd de
l’Océan et la voie ferrée, mais seulement 23
maisons sont construites.                            33


« Une des plus belles stations balnéaires de Bre-
tagne, entre 2 mers avec d’admirables bois de
pins et desservie par le Chemin de Fer d’Or-
léans… », peut-on lire en couverture de ce livret.




 Livret de publicité pour le lotissement en 1914.
1909 : un village est né

     En 1914, la société de Penthièvre plage édite un livret de publicité pour promouvoir le lotissement. Sur
     la publicité on peut lire « lots à partir d’1 franc le mètre », « centres d’excursions », « 15 trains par jour ».
     Les prix paraissent peu chers, mais tout est à faire...




34
Deux lotissements : au nord en 1909, au sud en 1958.

Sur ces vues on voit une dizaine des premières
maisons du lotissement nord.
Les villas du boulevard de l’océan, face à la mer,
attirent du beau monde : Penthièvre est une sta-
tion balnéaire « à la mode » dans les années
1914.
Côté est, les maisons sont plus espacées. On
retrouve la maison à tourelle, qui sert de repère
au fil des années.
En 1958, la partie sud de Penthièvre fait l’objet
d’un cahier des charges plus rigoureux. Seule
                                                                      35
couleur autorisée : le blanc ou le gris. Les toi-
tures sont en ardoise, les maisons sont toutes
blanches depuis la chapelle jusqu’à l’isthme. Sur
120 parcelles mises en vente, la plupart sont au-
jourd’hui construites.
En 2009, il y a plus de 300 maisons à Penthièvre.




 Les vues de ces deux pages sont extraites du livret édité en 1914
 par la société Penthièvre Plage pour promouvoir la vente des lots.
1914 : que la lumière soit... d’abord au gaz

     C’est aussi de 1914 que date l’éclairage des rues de Penthièvre grâce aux lampadaires à gaz.
     Eau potable et téléphone sont également installés pour tous les lots.
     Le numéro de téléphone « 1 » est attribué à l’hostellerie des Pins, le premier à s’abonner.




36




                             Inauguration des becs de gaz en 1914, sur le boulevard de l’Océan. Collection Petitjean.
1929 : et la Lumière fut.

En 1929, les propriétaires de Penthièvre se regroupent pour créer une association « La lumière »,
en vue de faire parvenir le réseau électrique jusqu’à leurs maisons. Dans les années 1930, les
automobiles se font plus nombreuses. On compte deux pompes à essence à Penthièvre : l’une
au niveau de l’hostellerie des
Pins, l’autre près de l’isthme,
au niveau du restaurant
Le Thonier. Le commerce
Gresse, faisait station es-
sence, agence immobilière
et vente de cartes postales.
Enfin en 1963, Penthièvre                                                                                 37
est reconnu par la commune
de Saint-Pierre, comme vil-
lage à part entière au même
titre que Kerhostin et Portivy.
Puis, en 1980, l’Association
des résidents et propriétaires
de Penthièvre est créée, pour
animer le village et préserver
ses valeurs, son identité.


 La maison Gresse, avec sa pompe à essence dans les années 1930. Collection Quiberon au fil des cartes.
Histoire de la chapelle, clé de voûte de la genèse

     Dédiée à la vierge Marie, la chapelle « Notre-      entière. En 20 ans, les premiers propriétaires de
     Dame-de-Penthièvre » fut construite en 1924,        Penthièvre ont transformé une étendue de dune
     entièrement financée par les habitants du vil-       en station balnéaire huppée.
     lage, de plus en plus nombreux (entre 300 et        Arrivés en 1914 sur des dunes quasi désertes,
     350 habitants en 1923).                             ils ont construit de fort belles villas et, regrou-
     Les résidents étant principalement des catho-       pant leurs efforts, ils ont pu aménager le village
     liques pratiquants, une chapelle à Penthièvre       sans l’aide des pouvoirs publics.
     s’avérait nécessaire.                               C’est ce double dynamisme, des promoteurs
     Elle est plutôt petite (douze mètres sur six), et   d’une part et des acquéreurs de l’autre, qui ont
38   ne peut accueillir plus d’une centaine de per-      rendu viable cette portion de sable qui semblait
     sonnes. De privée à ses débuts, elle appartient     dédiée au pâturage des moutons et au stockage
     aujourd’hui à la municipalité de Saint-Pierre-      du goémon. Le passage obligé de la route et du
     Quiberon, qui l’a restaurée en 1997 (clocheton      chemin de fer ont bien sûr facilité l’apport des
     et toiture, espace vert autour de la chapelle).     matériaux de construction, puis les allées et ve-
     La construction de la Chapelle marque la recon-     nues des résidents.
     naissance de Penthièvre comme village à part




                                                                                             Chapelle de Penthièvre
                                                          Au loin, la Sirène, construite en 1914. Collection Gresse.
Penthièvre
en images
La genèse de Penthièvre




42




                         Les villas du boulevard de L’Océan avant 1914. Collection Lannelongue.
43




L’hostellerie des Pins et la villa Ker Zoé avant 1914. Collection Petitjean.
La genèse de Penthièvre




44




               Agence de la plage avec halte du chemin de fer en arrière-plan, avant 1914. Collection Petitjean.
45




Deux villas vues de l’hostellerie des Pins : à gauche, la maison forestière (Saint-Hubert), à droite Carpe Diem et la Brise.
Collection Lannelongue.
La genèse de Penthièvre

     Panorama de la dune de 1921




46
Liste des maisons du panorama de la dune
1.     Ker Marie-Thérèse (1910)
2.     Au premier plan : maison Petit (1910)
2bis Au second plan : St-Hubert, maison forestière sur la route départementale
2ter   Au troisième plan : Carpe Diem – La Brise (1912)
3.     Annexe de Ker Bella
4.     La Chaumine (1913) agrandie en 1924
5.     Hostellerie des Pins (1909) agrandie en 1920
6.     Ker Bella (1912) transformée en 1936
7.     Ty Jannick et Ty Paulic (La Vague, 1920)                                                 47

8.     Colonie Ker Yhouannic (1915) devenue colonie de la ville de Choisy-le-Roy depuis 1951.
9.     Les Tamaris (1910)
10.    La Sirène (1914), toit ajouté en 1953 puis tranformé en 1961
11.    Ker Marie-Louise (1909)
12.    Ker Brun (1909) puis Ker Guellan, remplacée par Eden Plage en 1989
13.    Saint-Gildas (1912)
14.    Ker Kiki (1910)
15.    La Korrigane (1910)
16.    La Tourelle (1910)
L’entre deux guerres (1920-1950)




48




                     A l’époque (1932), la dune est si haute, qu’il faut construire un escalier de bois pour
                          accéder à la plage. On appelle cet escalier « la girafe ». Collection Manheimer.
49




Villas à l’entrée des bois, vers 1925. Collection Gresse.
L’entre deux guerres (1920-1950)




50




                                 Le camping dans les années 50. Collection La Cigogne.
51




Avant 1940, la villa Ker Chahut était une pension de famille. Collection Cim.
L’après-guerre (1950-1980)




52




                     Par grand vent, les baigneurs s’abritaient derrière d’anciennes traverses de chemin
                           de fer, plantées là pour stabiliser la dune et la protéger des grandes marées.
53




Le camping de Penthièvre dans les années 1960. Collection Jean.
L’après-guerre (1950-1980)




54




                           Vue du ciel, la baie du sud de Penthièvre et les baraques de la colonie
                             des Ardennais. On aperçoit une épave sur la plage. Collection Jack.
55




Place Neptune, qui marque la limite entre les lotissements nord et sud.
Vue aérienne prise en 1970, collection non identifiée.
Photos insolites




56




                        Promenade spirituelle. © V. Pouliquen
57




Pêcheurs de tellines. © V. Pouliquen
Photos insolites




58




                        Totem à tête de goéland. © Y. Bonneau
59




Place Neptune sous la neige. © Y. Bonneau
Les lieux
 symboliques
de Penthièvre
L’hostellerie des Pins et l’hôtel des deux mers




                                                                                                                             63




A gauche : hostellerie des Pins, construite en 1908. Collection Laurent. A droite : construit par Mr et Mme Petit en 1923,
l’hôtel des deux mers est tenu aujourd’hui par Delphine et Mathieu Dubos. © Arep
Avé Maria

     Avé Maria fut construite en 1931. Elle apparte-
     nait à un officier de marine.
     Celui-ci, très pieux, dédia la maison à la Vierge,
     d’où son nom « Avé Maria ».
     Il était veuf et avait deux filles célibataires qui, à
     la mort de leur père, vendirent la maison. C’est
     ainsi qu’en 1946, cette grande maison jaune,
     amer remarquable, fut acquise par la famille
     Bouché. Un an après la fin de la guerre, la mai-
64   son occupée par les Allemands n’avait plus une
     seule vitre aux fenêtres, des chèvres avaient
     été élevées au rez-de-chaussée. Il y fut trouvé
     plusieurs affiches publicitaires du lotissement de
     Penthièvre et nombre de gravures pieuses.
     Comme la plupart des maisons anciennes du
     lotissement, Avé Maria était pourvue d’un puits
     et d’une pompe qui, avant l’installation de l’eau
     courante, permettait d’utiliser l’eau douce de la
     nappe phréatique peu profonde. © Arep
Ventolera

Surplombant la dune au sud de Penthièvre, les
grandes baies vitrées de Ventolera datent de
1964. Cette année-là, le docteur René Huchet,
chirurgien à Vannes, son épouse et leurs 15 en-
fants, ont voulu cette grande façade de verre,
pour profiter pleinement de la vue sur l’océan.
Ventolera viendrait du mot « bourrasque » en
espagnol.

                                                             65




 En 2005, la maison a été rénovée et agrandie par Laurence
 et Jean-Pierre Adam-Huchet. © P. Lecomte
Du thonier à la Trinitaine… 60 années

                                    Le premier « restaurant » de l’isthme fut un
                                    thonier-dundee (Notre Dame de la Garde),
                                    construit en 1908 et ayant navigué jusqu’en
                                    1933. Désarmé et transformé en ponton
                                    à Penthièvre côté baie, il devient bar-gla-
                                    cier-restaurant en 1934. Pour cela, il fallut
                                    le tracter (tracteur de l’usine d’iode de Por-
                                    tivy aidé de 2 chevaux) jusqu’au bord de la
                                    route. Cela prit un mois!
66
                                    Un commerce est construit à la même
                                    époque à côté du thonier : l’Entre Deux
                                    Mers, qui fait également station d’essence.




                                  Entre le dundee de 1934 et la Trinitaine aujourd’hui, un
                                       seul point commun : l’emplacement exceptionnel.
                                  En haut, à gauche : Collection Cim. En bas, à gauche :
                                         Collection non identifiée. A droite : © P. Lecomte
Le thonier a été détruit dans les années 50 et un nouveau local est construit en 1952 : le relais du
Thonier, hôtel-restaurant... qui sera fermé dans les années 1990 pour être transformé en commerce
de biscuits et autres produits La Trinitaine (ouvert depuis 1998).




                                                                                                       67
Panorama vu de l’hôtel des deux mers (1950 – 2009)




68




                  Penthièvre vu du haut d’une fenêtre de l’hôtel des deux mers (1950). Collection non identifiée.
69




La même vue en 2009, prise d’une nacelle au-dessus de l’hôtel des deux mers. © D. et M. Dubos
Du dépôt de vin
     au bar-brasserie

     Dépôt de vin en 1932, sur le bord de la
     route nationale, cet établissement était
     tenu par deux sœurs. Ce fut ensuite une
     épicerie, exploitée par monsieur et ma-
     dame Le Fahler, avant d’être tenu pendant
     20 ans par la famille Achani, sous le nom
     de « La Godaille », bar-hôtel-restaurant.
     C’est maintenant le bar « Le Surf ».

70




                                                 En haut : collection non identifiée . En bas: © P. Lecomte
Les Autans                                                      Place Neptune - villa Atanaoua




                                                                                                                          71




A l’entrée de l’avenue Tourville, les Autans (en 1930, collection Gresse puis en 2009 © Arep). « Atanaoua » vient de la
contraction des prénoms Antoine (Atane) et François (Aoua). En haut : collection Le Bourhis et en bas : © P. Lecomte
La place Neptune, au centre de Penthièvre



                                    En forme de demi-soleil, la place Nep-
                                    tune marque la limite entre les lotissements
                                    de Penthièvre nord et de Penthièvre sud.
                                    D’abord plate, elle permettait aux voitures et
                                    campings-cars de stationner, ce qui peu à peu
                                    fit disparaître toute végétation, au grand dam
                                    des riverains.
                                    Pour répondre aux besoins de stationnement,
72
                                    la mairie a proposé de transformer la place en
                                    parking.
                                    Ce projet a heureusement été contré par les ha-
                                    bitants, soucieux de garder le côté sauvage de
                                    Penthièvre. La mairie a alors placé de grosses
                                    pierres afin de sauvegarder le lieu.




                                            En haut : place Neptune vers 1960, collection CIM.
                               En bas : place Neptune vue du dessus, collection non identifiée.
On aurait pu encore s’y perdre, si le penthièvrois
Yan Bonneau, n’avait mis en place, un judicieux
système de deux totems, comportant chacun
des pancartes indiquant de manière claire les
distances et coordonnées géographiques des
lieux les plus lointains, de Hawaï à Saïgon en
passant par le Yukon et l’Australie. Ce totem
symbolise un goéland et s’inspire des indiens
Haïdas (tribu du nord Pacifique). Pour beau-
coup, la place Neptune marque ainsi le centre
du monde...
Chaque pancarte est peinte et fixée par une fa-
mille ayant fait le déplacement de Penthièvre
vers une destination lointaine et exotique.




 Totem de la place Nepture. © Y. Bonneau
L’histoire du camping de Penthièvre

     A l’est de la voie ferrée, aucune construction n’est autorisée de-
     puis que la maison Labigne, construite en 1931, s’est effondrée dès
     1936 lors d’une grande marée. C’est en revanche un terrain idéal
     pour le camping.
     Ici la mer se retire très loin, découvrant de vastes espaces pour la
74   pêche à pied : coques, palourdes et huîtres font la joie des cam-
     peurs.
     Ouvert au début des années 1950, le camping de Penthièvre
     s’étend sur cette partie située entre la voie ferrée et la baie.
     Une habitante de Penthièvre se souvient que dans ces années-là,
     sa famille restait 4 semaines d’affilée dans ce camping, pour une
     somme dérisoire (l’équivalent de 50 euros aujourd’hui). Mais il n’y
     avait qu’un seul point d’eau, ni toilettes ni électricité.




                                                   Vues aériennes du camping en 1950 et en 2005.
                                                   En haut : collection Cim. En bas : collection Jack.
Les activités
de terre et de mer
Sports de terre, sports de mer...

     Les familles qui ont acheté une résidence secondaire à Pen-
     thièvre dans les années 50, se sont peut-être inquiétées des
     animations inexistantes : comment occuper leurs nombreux
     enfants ?
     Le village comporte alors une centaine de familles, soit trois
78   fois plus d’enfants.
     Ces jeunes gens ont largement profité de leurs vacances.
     Pendant ces années 70 à 90, les plages, le camping et les
     tennis de Penthièvre ont connu une animation régulière pen-
     dant les 2 mois d’été.
     Entre les deux mers, il y a de quoi faire !




                                                          A droite : de 1982 à 1990, les courses
                                                               pédestres de Penthièvre. © Arep
Les tennis de Penthièvre,
     d’hier à aujourd’hui

     Dans les années 80, avec l’aide du club de
     plage « Olympic » (situé côté Baie), de nom-
     breuses autres manifestations sportives
     étaient proposées à ceux que le nautisme ten-
     tait moins : des courses à pied qui attiraient
     près de 100 participants (les Foulées de Pen-
     thièvre, années 80), du tennis aussi (deux
     tournois par an)...

80




                                                      A gauche : double mixte 1982/ remise de lots 1981. © Arep
                                                             A droite : carte postale de 1920, collection Laurent.
Pêche à la senne et canotage
     Les débuts de Penthièvre coïncident avec un nouvel engouement des Français pour les vacances en
     bord de mer. On parlait alors de « canotage », ancêtre du nautisme et de la plaisance




82




                    Ces deux images sont extraites du livret publicitaire de la société « Plage de Penthièvre », édité en 1914.
Les belles années de la voile

     Ces années-là nombreux sont les jeunes Penthiévrois qui
     s’adonnent à la plaisance.
     C’est l’âge d’or des 420 et 470, quelques 485 et 505, tous de la
     même famille des coques en plastique…
     Plus lourdes mais robustes, les fières coques en bois font de la
84   résistance : le Fireball des de Sèze, les Vauriens des Huchet et
     des Lambert, le Flibustier des Evenard... restent de beaux ba-
     teaux, bichonnés par leurs propriétaires. Plus lourds, ils se lais-
     sent rarement distancer dès lors qu’ils sont correctement barrés.
     La Société Nautique de Penthièvre Plage a eu ses années de
     gloire dans les années 70 à 90. A l’époque les bateaux étaient
     immatriculés, des bouées étaient installées pour signifier le par-
     cours et le départ était donné par une corne de brume, tandis
     qu’un jury devait trancher les nombreuses irrégularités.




                                                 A droite : équipage P. Le Brize/ A. Juglard.© Arep
On se souvient de départs musclés, par fort vent d’ouest, quand il fallait franchir les rouleaux.
     Il ne fallait pas seulement avoir le meilleur bateau mais aussi la meilleure technique. Les premiers
     catamarans étaient bien sûr les plus rapides aux bords de largue, mais un bon monocoque pou-
     vait toujours se rattraper sur les bords de près.
     Ensuite les planches à voile, plus à l’aise dans les vagues, ont pris le relais.




86




                               A gauche : challenge Jean Morin 1970, avec départ de la plage façon « 24h du Mans ».
                   Ce challenge figure comme compétition nationale de 470. © Arep. A droite : planches à voile. © Arep
La plage à marée basse : le paradis des chars à voile

     La plage de Penthièvre à marée basse est                 gereux pour les baigneurs ou pêcheurs à
     aussi réputée pour la pratique du char à voile,          pied qui traversent la vaste étendue de sable
     lancée par monsieur Pouchelle.                           mouillé pour atteindre la mer.
     De grandes compétitions nationales ont eu                Pendant toutes ces années, la municipa-
     lieu sur les 6 kilomètres de sable fin inin-              lité a fait au mieux pour que les afficionados
     terrompu entre Penthièvre et Plouharnel.                 des multiples loisirs puissent tous passer de
     La qualité du sable, la constance du vent et             bonnes vacances sans trop de gêne pour les
88
     l’immensité de plage découverte à marée                  autres. Par exemple, la mise en place de che-
     basse ont fait de Penthièvre une capitale du             naux pour se baigner, ou d’horaires pour le
     char à voile, avec plusieurs clubs comme                 passage des chevaux et des chars à voile…
     Vent de sable ou les Passagers du vent.
     L’activité reste aujourd’hui proposée par l’Au-
     berge de jeunesse de Penthièvre (située sur
     la commune de Plouharnel) : elle connaît tou-
     jours un franc succès.
     La pratique du char à voile est réglementée,
     car ces engins peuvent être rapides et dan-


                                                       A droite : char à voile dans les années 1970. © Hedwige Delsaut
La biodiversité
 à Penthièvre
Le grand site dunaire et Penthièvre

     Au XXIe siècle, la plage ouest de Penthièvre a perdu son
     sable et ses pentes douces....
     On y trouve souvent des galets , des algues sèches, des
     herbes...
92   Touristes et sportifs préfèrent maintenant les plages situées
     plus au nord : Mentor, Guérite, Mané Guen, Ste Barbe,
     mieux adaptées à la pratique du surf, kite-surf, char à voile,
     fun-board... ou bronzing.
     Mais les habitants de Penthièvre continuent à pratiquer leur
     sport devant chez eux, défiant les galets, les vagues et le
     shore-break (forte vague qui se brise dans très peu d’eau).
A droite : envol d’oiseaux (tourne-pierres, gravelots) © Arep
Epaves et laisses de mer…
     une plage abandonnée

     De vieilles épaves percent la plage à marée basse…
     ou encore des poutres de ciment, vestiges du mur
     de l’Atlantique.
     Le bas de la plage se creuse et libère peu à peu ses
94   secrets.
     Tandis que le haut de la plage se développe de ma-
     nière spectaculaire d’une année à l’autre : oyats et
     graminées ont envahi le sable en puisant leur nour-
     riture dans la laisse de mer. Ces algues sèches,
     déposées lors des grandes marées, sont ponctuées
     de débris plastiques, hélas !




              A droite, épave sur la plage : on a longtemps cru qu’il s’agissait de la Duchesse
          d’Aguillon (naufragée en 1765). A noter : la neige en haut de la plage. © Y. Bonneau
La plage serait-elle sale et polluée ?

     Au fil des années, le trait de côte se modifie entre Quiberon et Gâvres. L’isthme si fragile au pied du
     fort Penthièvre s’ensable vite sur le côté ouest (tandis que la falaise s’érode à l’est).
     Parfois la mer vient déposer, en grandes quantités, des monceaux d’algues sur la plage.
     Les goémoniers n’existent plus, le ramassage systématique est contraire à la préservation de l’éco-
     système. A la tempête suivante, la mer vient récupérer son précieux fardeau d’algues vertes et brunes.




96




                                                                  Dépôt d’algues au niveau de la Trinitaine. © Arep
Le retour des fleurs
sur la dune

Des séances de ramassage des déchets
plastique sont organisées, mais il faut lais-
ser sur place les algues et la végétation, qui
contribuent à la biodiversité de la plage. Cela
crée sur le sable de petites oasis. Citons la
renouée maritime. Devenue rare à l’échelle
européenne, elle prolifère à Penthièvre.
Certains arrachent les herbes intempestives
pour poser une serviette, d’autres protègent
ces îlots de verdure en les entourant d’un cor-
don de galets.
Au printemps la plage est fleurie, surtout vers
le fort, au sud de Penthièvre.
L’ensablement progressif et l’engrais fourni
par les algues ont densifié la végétation.




Dune fleurie de Penthièvre. © Arep
La biodiversité retrouvée

     La plage redevenue sauvage, inspire les artistes :
     quelques hauts piliers de galets plats superposés,
     des alignements de mini-menhirs, un muret où au
98   printemps, s’accrochent les fleurs mauves du liseron.
     Les oiseaux viennent en masse picorer ces nou-
     veaux biotopes, tandis que sur les dunes d’oyat, si
     rases autrefois, poussent aujourd’hui de véritables
     buissons fleuris : œillet des dunes, armérie, giroflée,
     queue-de-lièvre ou lagure, onagre, chardon bleu...




                                                 A droite : sculpture de pierres. © Arep
101




A gauche : le haut de la plage est maintenant couvert de galets et de plantes. © Arep
A droite : les ganivelles ont réduit le piétinement et renforcé la dune. © Arep
Annexes
Penthièvre 100 ans plus tard

      Les premières familles sont toujours représen-
      tées, pour la plupart.
      Bien d’autres sont venues les rejoindre.
      C’est toute cette histoire qu’a retracé l’Associa-
      tion des résidents de Penthièvre, l’Arep, pendant
      l’été 2009, dans la chapelle du village.
      L’exposition racontait « Penthièvre au fil des
      âges », depuis la préhistoire (l’homme de Té-
      viec) jusqu’à aujourd’hui. De celle-ci est née
      l’idée de ce livret...
104




                         Affiche réalisée par Rémy, annonçant
                     l’exposition du centenaire de Penthièvre.
POEMES D’YVES COSSON*

PETITE GARE                                                                           ETE PANIQUE

On jargonnait trop fort dans les amphis                                               Fragiles translucides comme des nacres usées par les marées
Propos amphigouriques                                                                 Dans les rayons pathétiques d’un noir oblique
Moi je vais dans mes terres me taire                                                  Se flétrissent dans l’heure les onagres qui meurent
Un luma lent bave sur un yucca                                                        En sacrifice d’un été calciné
J’attends le train                                                                    La grève réverbère un ciel turquoise zénithal
Il pleut                                                                              Dans un silence de cathédrale
Ah ! Petite gare qui s’ennuyait                                                       Pourtant tous les frissons des peupliers ne trompent pas
Elle dégouline de jaune                                                               La dune alors verte des oyats a bruni
Une loco hulule à travers les embruns                                                 Viendra le temps des pommes à cidre
Ma fille va descendre




* Professeur émérite à la faculté de lettres de Nantes. Yves Cosson est penthiévrois (La Chaumine).
De l’exposition au livre et au DVD...


      Plus de 1000 visiteurs sont passés voir l’expo :
      les membres de l’Arep, leurs familles et plus lar-
      gement ceux qui s’intéressent à Penthièvre.
      Même succès au Centre culturel de Saint-Pierre,
      où l’exposition est présentée à l’automne 2009,
      notamment pour les enfants scolarisés dans la
      commune.
      Pour ceux qui n’ont pu venir, un DVD réalisé par
      Xavier Maugis sera prochainement disponible
106   auprès de l’Arep : il contiendra tous les élé-
      ments de l’exposition (cartes postales, photos,
      textes...).




                                                      Ouverte au public du 4 au 19 août 2009, l’exposition du centenaire a
                                                       attiré plus de 1000 visiteurs dans la chapelle de Penthièvre. © Arep
Les autres animations du centenaire




                                                         107




A gauche : concours traditionnel du far breton. © Arep
A droite : pique-nique entre voisins. © Arep
Remerciements à :

      •   Maître Josse, notaire honoraire à Carnac, qui a
          fourni de nombreux documents sur la création
          du lotissement Plage de Penthièvre.
      •   Monsieur Guillevic, ancien adjoint au maire
          de St-Pierre-Quiberon (épisode duc de Pen-
          thièvre).
      •   Toutes les familles qui ont transmis des témoi-
          gnages et des photos.
      •   Les commerçants de Penthièvre.
108
      Nous rappelons que l’exposition du centenaire a
      pu être réalisée grâce à la mise à disposition des
      documents de l’exposition organisée en 1992 par
      monsieur et madame Creusot.
      Nous remercions madame Marchand, maire de
      Saint-Pierre-Quiberon, ainsi que ses adjoints, ma-         neaux. Enfin merci au Père Plisson, recteur de
      dame Le Bihan et monsieur Guillemette, qui ont             la paroisse, qui a mis la chapelle à la disposi-
      rendu possible cette exposition par le prêt de pan-        tion des organisateurs.



                                                       Inauguration de l’exposition, 4 août 2009 : le Père Plisson, recteur
                                                        de Saint-Pierre, Pascal Lecomte et Xavier Maugis, en compagnie
                                                        de Geneviève Marchand, maire de Saint-Pierre-Quiberon. © Arep
Bibliographie

« La Revue des deux îles n°4 : Marthe et Saint-Just Péquart, archéologues des îles, de
Houat à Hoëdic 1923 – 1934 », éditions Melvan.


« Les miroiteries de l’infini, recueil de poèmes », Yves Cosson, éditions du Petit véhicule.


« Au cœur de la presqu’île de Quiberon », Daniel Le Corre et Jacques Le Corre, éditions des
Montagnes noires.

                                                                                               109
« Des notables aux édiles municipaux de la presqu’île de Quiberon de 1789 à nos jours »,
Alfred Le Quer, à compte d’auteur.


« Le Mur de l’Atlantique dans la presqu’île de Quiberon », Jacques Tomine, éditions Histoire
et fortifications.


« Quiberon au fil des cartes », Bernard Colas, à compte d’auteur.


« Quiberon et sa presqu’île », Lud. G. Hamon-Trémeur, éditions Hamon-Trémeur.


« 1795 : Quiberon ou le destin de Quiberon », Patrick Huchet, éditions Ouest-France.
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Penthièvre au fil des âges

  • 1. Penthièvre au fil des âges 1909-2009
  • 2.
  • 3. Penthièvre au fil des âges 1909-2009 Ouvrage réalisé par : Hélène Tattevin et Pascal Lecomte pour le compte de l’Arep (Association des résidents et propriétaires de Penthièvre). Création graphique et réalisation technique : Emmanuelle Didou.
  • 4. Sommaire • De la préhistoire au XXe siècle p. 9 • Les transports à Penthièvre p. 21 • L’histoire du lotissement p. 31 • Penthièvre en images p. 41 • Les lieux symboliques de Penthièvre p. 61 • Les activités de terre et de mer p. 77 • La biodiversité à Penthièvre p. 91 • Annexes p. 103
  • 5. Penthièvre… un village tout plat, niché à l’étran- glement de la presqu’île, comme un troupeau de maisons qui se serait arrêté là pour faire une pause avant de sauter… et qui ne saute pas! En 1909, le docteur Gaillard exerçant à Plouhar- nel, homme d’affaires ou visionnaire, a créé le « lotissement de Penthièvre » avec son beau- frère, banquier à Paris et un notaire de Vannes, en réunissant 20 hectares de terrains achetés à la mairie de Saint-Pierre-Quiberon. A l’époque, sur cette bande de sable coincée entre deux mers, il n’y avait pas d’eau courante, pas d’arbres, ni gaz ni électricité, mais une route 7 (créée en 1853) et une voie ferrée (inaugurée en 1882 à Quiberon). Affiche peinte par Fouché et Charbonnier vers 1905. Utilisée pour la promotion de Penthièvre, elle symbolise la réconciliation entre chouans et républicains.
  • 6.
  • 7. De la préhistoire e au XX siècle
  • 8. La vie à Penthièvre il y a 6000 ans Bien que certaines familles se vantent d’être présentes ici depuis plusieurs générations, aucune ne revendique d’aïeuls ayant connu Penthièvre il y a 6000 ans. Grâce à un heureux concours de circonstances, des squelettes et objets retrouvés sur Téviec ont permis de reconstituer, de manière vraisemblable, ce qu’était la vie à Penthièvre aux 10 temps préhistoriques. A l’époque, la mer devait être à quelques kilomètres à l’ouest de Téviec. L’île n’était donc pas une île, mais un promontoire rocheux peu élevé, comme le Mont Dol en plus petit. Tout autour s’étendait une large forêt, ou peut-être de la savane, en tout cas un terrain propice à la chasse. A droite : vue aérienne de Téviec. © Olivier Macé
  • 9.
  • 10. Une tribu vivant de chasse, de pêche et de coquillages Un promontoire rocheux pour se protéger et surveiller les alentours, des terres giboyeuses et la mer à proxi- mité : le lieu est idéal pour installer un campement. Une tribu d’environ 50 individus s’installe sur le promontoire. En été, ils vont chasser dans la forêt : des sangliers au dîner, des cerfs au dessert. Tout est utilisé : les peaux, les os font l’objet d’artisanat déjà évolué. En hiver, les ressources viennent de la mer. Nos an- cêtres pêchent des mammifères marins (baleines, phoques…), des poissons (maquereaux, bars…). Pendant ce temps, femmes et enfants ramassent quantité de coquillages, pour les manger d’abord puis pour en faire des bijoux (colliers, bracelets...) et des 12 pagnes.Les squelettes trouvés à Téviec comme à Hoëdic sont richement parés. Aujourd’hui exposés au Musée de Carnac, ils méritent une visite. Grâce à cette abondance de coquillages en calcaire, les squelettes de Téviec ont été protégés de l’acidité du granite breton. La même configuration (dépôt co- quillier et squelettes enterrés assis) a été retrouvée à Hoëdic. Presque partout ailleurs, le sol acide a rongé les os, ne laissant aucune trace de cette époque méso- lithique, située entre le paléolithique et le néolithique. Cela a permis de dater les premiers habitants de Pen- thièvre autour de 6000 ans avant JC.
  • 11. La famille Péquart, archéologues modernes en 1928 Au début de l’été 1928, la famille de Saint-Just Péquart, honorable quincailler de Nancy pas- sionné d’archéologie, plante de robustes tentes sur l’îlot de Téviec avec son épouse Marthe, et leurs trois enfants : Hélène, Marc et Claude. Un nombre important d’indices leur laissait suppo- ser la présence, sur l’île, de vestiges humains très anciens. Avec rigueur et constance, les 5 passion- nés ont passé leurs journées à creuser, gratter, tami- ser…. en notant le tout d’une manière si rigoureuse qu’elle est devenue une référence dans le monde des fouilles. Toutes leurs archives ont malheureuse- ment été brûlées lors de la seconde guerre mondiale. A gauche : reconstitution d’une sépulture de Téviec au Musée de Carnac. © Musée de Carnac A droite : les Péquart expérimentent un moulage de plâtre, pour transporter un squelette sans risquer de le détruire. © Melvan, Muséum national d’histoire naturelle
  • 12. Au Moyen-âge, Penthièvre est terre de chasse Le niveau de la mer est progressivement monté, recouvrant les forêts. Quiberon restera longtemps une île, accessible seulement par la mer. Mais des courants marins se heurtent entre l’île et le continent. Une langue de sable s’accumule (le terme géologique est tombolo), qui finit par relier naturellement l’île de Quiberon au continent. La vie de la presqu’île de Quiberon suit l’histoire de toute la Bretagne, sans que survive une quelconque anecdote pouvant être reliée à l’isthme. Au XIe siècle, le duc Alain V de Bretagne venait chasser sur ses terres de la presqu’île, dans les forêts denses et giboyeuses… En 1438, le duc Jean V donna à son fils Pierre « la chastellenie de Kemboeren, sans y comprendre les garennes ». 14 Impressions de voyage d’Hyppolite Taine, 1863-1865, se rendant en voiture d’Auray à Quiberon. « Enfin à l’isthme apparaît la double mer : l’une à l’orient, d’un bleu intense, le plus riche et le plus fort que l’on puisse imaginer, immobile ; l’autre à l’occident, écumeuse et déversée contre le bord, en vagues incessantes. On l’appelle la mer sauvage. Elle luit, glauque et miroitante à l’infini, coupée, ça et là, d’îlots rugueux et noirâtres. En approchant de la côte, sur les algues, elle se gonfle en lames violettes, de la teinte la plus magnifique et la plus nuancée, frangées d’argent à la cime et retombant en volutes, sous la pluie de rayons qui les traverse. Par elle, toute la côte semble se tresser une opulente couronne de violettes fauves et d’argent bruni. Les paillettes de talc scintillent, par millions, dans le sable blanc de la plage [...].
  • 13. Un lieu-dit : les Dunes de la Falaise Le territoire allant du Fort Penthièvre jusqu’à la commune de Plouharnel n’était alors qu’une dune herbeuse ser- vant de pâturages aux moutons. On l’appelait « la Falaise », car il y avait une forte déclivité sur la partie ouest ; les dunes surplombaient la plage. Lors de la création de la commune de Saint- Pierre en 1856 par scission d’avec Qui- beron, cette partie de la nouvelle com- 15 mune fut désignée comme la « section A de Kerhostin », le village de l’autre côté de l’isthme. Plan de Penthièvre, datant de 1856.
  • 14. L’histoire du fort de Penthièvre Les premières fortifications dites de Vauban datent de 1694/95. Cela s’appelait la redoute de la Palisse. 16 Collection Collet.
  • 15. Pourquoi ce nom de Penthièvre ? C’est parce que l’armée anglaise a saccagé la presqu’île de Qui- beron en octobre 1746 avec les troupes du Général Sainclair amenées par l’escadre de l’ami- ral Lestock, que le jeune Duc de Penthièvre, âgé de 21 ans, est venu sur place peu de temps après pour constater les dé- 17 gâts, en sa qualité de Gouverneur de Bretagne et Amiral de France. Il a alors préconisé de transfor- mer la modeste redoute de la pointe de la Palisse en vrai Fort, n’hésitant pas à payer une partie des travaux sur ses deniers personnels. En reconnaissance, les habitants ont nommé ce fort « Fort-Penthièvre ».
  • 16. Le fort « sans-culotte» Le fort au XXe siècle Pendant la Révolution, il prendra le nom de Le 23 juin 1933, le fort est désaffecté et classé mo- « Fort-sans-Culotte ». nument historique. Il est cité sous ce nom dans les récits de « l’Af- Pendant la seconde guerre mondiale, il fait partie faire de Quiberon », (27 juin – 21 juillet 1795), du Mur de l’Atlantique, avec trois blockhaus en ci- l’une des plus grandes batailles de l’histoire ment armé pour canons anti-chars et mitrailleuses de la presqu’île, lorsque le Général Hoche re- lourdes. D’avril à juillet 1944, il sert de geôle, tri- pousse victorieusement l’armée des Emigrés et bunal sommaire, lieu d’exécution et charnier : 59 des Chouans (voir « 1795 : Quiberon ou le des- patriotes y sont exécutés. Un monument élevé sur tin de Quiberon », Patrick Huchet). le glacis du fort rappelle leur sacrifice, qui est com- 18 A l’entrée de l’isthme, un musée rappelle les mémoré chaque année le 13 juillet. événements de la Chouannerie. Depuis 1969, le fort est placé sous la responsa- La fortification reçoit sa forme définitive sous la bilité du 3ème Régiment d’Infanterie de marine Restauration (1845) et reprend le nom de Fort stationné à Vannes. Il sert maintenant de centre Penthièvre. d’instruction et d’initiation commando. A gauche : le fort Penthièvre, collection Laurent. A droite : le commandant Jean-Christophe Dumont, habitant de Penthièvre, a organisé une visite guidée du fort Penthièvre pendant l’été 2009. ©Arep
  • 17.
  • 18.
  • 19. Les transports à Penthièvre
  • 20. La route impériale en 1853 Lors du projet de la nouvelle route, le maire de Plouharnel, Joseph Sébastien Le Diot, obtient en 1834 le passage de la nouvelle route par le bourg de Plouharnel, au grand dam des maires de Quiberon et Carnac, partisans d’un itinéraire par le 22 chenal en face de Pen-ar-Lé (au milieu de l’anse du Po). Mais les changements de pouvoir font que les travaux tardent. La route Royale se transforme en route Nationale, puis en route Impériale sous Napoléon III, puisque la route est enfin réalisée en 1853. A droite : entrée de la presqu’île, au passage de l’isthme, dans les années 1915. Collection Lannelongue.
  • 21.
  • 22. 1882 : le train vient désenclaver la presqu’île Plusieurs explications sont avancées pour justifier la création de cette voie ferrée. L’épisode des Anglais a sensibilisé les pouvoirs publics à la nécessité d’acheminer des pièces d’artillerie pour protéger la presqu’île en cas de conflit. En parallèle, l’installation de conserveries de poissons et d’usines d’iode à Quiberon et à Portivy intensifie les échanges commerciaux. La route en terre n’était pas pratique pour les camions lourdement chargés des précieuses conserves. Et enfin troisième raison : les forêts plantées 30 ans plus tôt à l’initiative de la princesse Ca- merata, nièce de Napoléon III, commencent à fournir du bois. Ce bois est destiné à étayer les galeries des mines de charbon anglaises. Les trains de bois quittent la presqu’île et reviennent chargés de charbon anglais, pour faire fonctionner les conserveries... tout se tient ! 24 Auparavant, le trafic de bois se faisait par bateau, entre Port d’Orange et Saint-Goustan à Auray. Le chemin de fer Auray-Quiberon a été inauguré le 23 juillet 1882. Construite à l’initiative de Charles de Freyssinet, ministre des Travaux publics de l’époque, la ligne est gérée par la Compagnie des chemins de fer d’Orléans. Il n’existait à l’époque aucune construction à Penthièvre, hormis le fort. On reparlera plus tard de l’importance du train dans l’aménagement du lotissement de Pen- thièvre (16 allers-retours par jour en 1914 entre Paris et Quiberon, c’est dire l’essor du tourisme au début du XXe siècle grâce à ce train ! ). Aujourd’hui il ne circule plus que l’été : c’est le « tire-bouchon ». Son conducteur n’oublie jamais de klaxonner à l’Isthme, car le passage est étroit : voitures, trains, vélos et piétons se frôlent d’un peu près parfois. A droite : voie ferrée, collection Laurent. Double page suivante, à gauche : ancien train à vapeur 1955-1960, collection Jos. Double page suivante, à droite : tire-bouchon. © Arep
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  • 26. Penthièvre en train et à vélo Après le train, le vélo apporte une nouvelle vie à Penthièvre. Grâce au projet de piste cyclable reliant Quiberon à la pointe de Gâvres, aux portes de Lorient, des solu- 28 tions sont en cours pour relier Penthièvre de manière sécurisée à Plouharnel, Erde- ven, Kerhostin, Por- tivy, St-Pierre et Qui- beron… Le franchissement de l’isthme est à la charge du Conseil général du Morbihan, les travaux sont prévus pour les années à venir. A gauche : vendue à un particulier, la gare ne reprend vie qu’en été. Collection Manheimer. A droite : l’arrêt de l’Isthme dessert surtout la colonie de vacances des Ardennais. © Arep
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  • 30. Histoire du lotissement Penthièvre Plage Les dunes de Penthièvre offrant peu d’intérêt au terrain occupant une surface de 8 hectares. La niveau économique, la commune de St-Pierre même année, monsieur Gaudelas revend ses décide de s’en séparer en 1890. Le terrain pro- dunes à son beau-frère et à sa belle-sœur : l’un posé à la vente était limité à l’ouest par l’océan, à est banquier à Paris, l’autre est l’épouse du mé- l’est par la route nationale Quiberon-Saint-Malo, decin de Plouharnel. Nous voilà donc avec trois et au nord par une limite mal définie, le tout fai- propriétaires : deux pour la partie « sauvage » sant un peu plus de 12 hectares, essentiellement (ouest) et un pour la partie « calme » (est). 32 des dunes sur lesquelles paissaient les moutons. Les trois nouveaux propriétaires créent en 1909 Un seul acquéreur s’est présenté : monsieur la Société anonyme « Plage de Penthièvre », Gaudelas, installé à Plouharnel en qualité d’ar- avec l’intention de revendre chaque lot dans le mateur. Un peu plus tard (1907), la commune cadre d’une vaste opération immobilière. Cet de Saint-Pierre vend à maître Buguel, notaire à acte marque véritablement la naissance de notre Vannes (et conseiller général), les dunes de Pen- village, dont le centenaire a été célébré en 2009. thièvre situées entre la baie et la nationale, ce
  • 31. Les premières maisons Le premier cahier des charges pour la vente de terrains par lots est signé le 14 février 1909. Auparavant, une seule maison : l’hostellerie des Pins, construite au bord de la Nationale à l’entrée de Penthièvre en 1908. Avant 1914, de nombreux terrains sont vendus entre le Bd de l’Océan et la voie ferrée, mais seulement 23 maisons sont construites. 33 « Une des plus belles stations balnéaires de Bre- tagne, entre 2 mers avec d’admirables bois de pins et desservie par le Chemin de Fer d’Or- léans… », peut-on lire en couverture de ce livret. Livret de publicité pour le lotissement en 1914.
  • 32. 1909 : un village est né En 1914, la société de Penthièvre plage édite un livret de publicité pour promouvoir le lotissement. Sur la publicité on peut lire « lots à partir d’1 franc le mètre », « centres d’excursions », « 15 trains par jour ». Les prix paraissent peu chers, mais tout est à faire... 34
  • 33. Deux lotissements : au nord en 1909, au sud en 1958. Sur ces vues on voit une dizaine des premières maisons du lotissement nord. Les villas du boulevard de l’océan, face à la mer, attirent du beau monde : Penthièvre est une sta- tion balnéaire « à la mode » dans les années 1914. Côté est, les maisons sont plus espacées. On retrouve la maison à tourelle, qui sert de repère au fil des années. En 1958, la partie sud de Penthièvre fait l’objet d’un cahier des charges plus rigoureux. Seule 35 couleur autorisée : le blanc ou le gris. Les toi- tures sont en ardoise, les maisons sont toutes blanches depuis la chapelle jusqu’à l’isthme. Sur 120 parcelles mises en vente, la plupart sont au- jourd’hui construites. En 2009, il y a plus de 300 maisons à Penthièvre. Les vues de ces deux pages sont extraites du livret édité en 1914 par la société Penthièvre Plage pour promouvoir la vente des lots.
  • 34. 1914 : que la lumière soit... d’abord au gaz C’est aussi de 1914 que date l’éclairage des rues de Penthièvre grâce aux lampadaires à gaz. Eau potable et téléphone sont également installés pour tous les lots. Le numéro de téléphone « 1 » est attribué à l’hostellerie des Pins, le premier à s’abonner. 36 Inauguration des becs de gaz en 1914, sur le boulevard de l’Océan. Collection Petitjean.
  • 35. 1929 : et la Lumière fut. En 1929, les propriétaires de Penthièvre se regroupent pour créer une association « La lumière », en vue de faire parvenir le réseau électrique jusqu’à leurs maisons. Dans les années 1930, les automobiles se font plus nombreuses. On compte deux pompes à essence à Penthièvre : l’une au niveau de l’hostellerie des Pins, l’autre près de l’isthme, au niveau du restaurant Le Thonier. Le commerce Gresse, faisait station es- sence, agence immobilière et vente de cartes postales. Enfin en 1963, Penthièvre 37 est reconnu par la commune de Saint-Pierre, comme vil- lage à part entière au même titre que Kerhostin et Portivy. Puis, en 1980, l’Association des résidents et propriétaires de Penthièvre est créée, pour animer le village et préserver ses valeurs, son identité. La maison Gresse, avec sa pompe à essence dans les années 1930. Collection Quiberon au fil des cartes.
  • 36. Histoire de la chapelle, clé de voûte de la genèse Dédiée à la vierge Marie, la chapelle « Notre- entière. En 20 ans, les premiers propriétaires de Dame-de-Penthièvre » fut construite en 1924, Penthièvre ont transformé une étendue de dune entièrement financée par les habitants du vil- en station balnéaire huppée. lage, de plus en plus nombreux (entre 300 et Arrivés en 1914 sur des dunes quasi désertes, 350 habitants en 1923). ils ont construit de fort belles villas et, regrou- Les résidents étant principalement des catho- pant leurs efforts, ils ont pu aménager le village liques pratiquants, une chapelle à Penthièvre sans l’aide des pouvoirs publics. s’avérait nécessaire. C’est ce double dynamisme, des promoteurs Elle est plutôt petite (douze mètres sur six), et d’une part et des acquéreurs de l’autre, qui ont 38 ne peut accueillir plus d’une centaine de per- rendu viable cette portion de sable qui semblait sonnes. De privée à ses débuts, elle appartient dédiée au pâturage des moutons et au stockage aujourd’hui à la municipalité de Saint-Pierre- du goémon. Le passage obligé de la route et du Quiberon, qui l’a restaurée en 1997 (clocheton chemin de fer ont bien sûr facilité l’apport des et toiture, espace vert autour de la chapelle). matériaux de construction, puis les allées et ve- La construction de la Chapelle marque la recon- nues des résidents. naissance de Penthièvre comme village à part Chapelle de Penthièvre Au loin, la Sirène, construite en 1914. Collection Gresse.
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  • 40. La genèse de Penthièvre 42 Les villas du boulevard de L’Océan avant 1914. Collection Lannelongue.
  • 41. 43 L’hostellerie des Pins et la villa Ker Zoé avant 1914. Collection Petitjean.
  • 42. La genèse de Penthièvre 44 Agence de la plage avec halte du chemin de fer en arrière-plan, avant 1914. Collection Petitjean.
  • 43. 45 Deux villas vues de l’hostellerie des Pins : à gauche, la maison forestière (Saint-Hubert), à droite Carpe Diem et la Brise. Collection Lannelongue.
  • 44. La genèse de Penthièvre Panorama de la dune de 1921 46
  • 45. Liste des maisons du panorama de la dune 1. Ker Marie-Thérèse (1910) 2. Au premier plan : maison Petit (1910) 2bis Au second plan : St-Hubert, maison forestière sur la route départementale 2ter Au troisième plan : Carpe Diem – La Brise (1912) 3. Annexe de Ker Bella 4. La Chaumine (1913) agrandie en 1924 5. Hostellerie des Pins (1909) agrandie en 1920 6. Ker Bella (1912) transformée en 1936 7. Ty Jannick et Ty Paulic (La Vague, 1920) 47 8. Colonie Ker Yhouannic (1915) devenue colonie de la ville de Choisy-le-Roy depuis 1951. 9. Les Tamaris (1910) 10. La Sirène (1914), toit ajouté en 1953 puis tranformé en 1961 11. Ker Marie-Louise (1909) 12. Ker Brun (1909) puis Ker Guellan, remplacée par Eden Plage en 1989 13. Saint-Gildas (1912) 14. Ker Kiki (1910) 15. La Korrigane (1910) 16. La Tourelle (1910)
  • 46. L’entre deux guerres (1920-1950) 48 A l’époque (1932), la dune est si haute, qu’il faut construire un escalier de bois pour accéder à la plage. On appelle cet escalier « la girafe ». Collection Manheimer.
  • 47. 49 Villas à l’entrée des bois, vers 1925. Collection Gresse.
  • 48. L’entre deux guerres (1920-1950) 50 Le camping dans les années 50. Collection La Cigogne.
  • 49. 51 Avant 1940, la villa Ker Chahut était une pension de famille. Collection Cim.
  • 50. L’après-guerre (1950-1980) 52 Par grand vent, les baigneurs s’abritaient derrière d’anciennes traverses de chemin de fer, plantées là pour stabiliser la dune et la protéger des grandes marées.
  • 51. 53 Le camping de Penthièvre dans les années 1960. Collection Jean.
  • 52. L’après-guerre (1950-1980) 54 Vue du ciel, la baie du sud de Penthièvre et les baraques de la colonie des Ardennais. On aperçoit une épave sur la plage. Collection Jack.
  • 53. 55 Place Neptune, qui marque la limite entre les lotissements nord et sud. Vue aérienne prise en 1970, collection non identifiée.
  • 54. Photos insolites 56 Promenade spirituelle. © V. Pouliquen
  • 55. 57 Pêcheurs de tellines. © V. Pouliquen
  • 56. Photos insolites 58 Totem à tête de goéland. © Y. Bonneau
  • 57. 59 Place Neptune sous la neige. © Y. Bonneau
  • 58.
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  • 61. L’hostellerie des Pins et l’hôtel des deux mers 63 A gauche : hostellerie des Pins, construite en 1908. Collection Laurent. A droite : construit par Mr et Mme Petit en 1923, l’hôtel des deux mers est tenu aujourd’hui par Delphine et Mathieu Dubos. © Arep
  • 62. Avé Maria Avé Maria fut construite en 1931. Elle apparte- nait à un officier de marine. Celui-ci, très pieux, dédia la maison à la Vierge, d’où son nom « Avé Maria ». Il était veuf et avait deux filles célibataires qui, à la mort de leur père, vendirent la maison. C’est ainsi qu’en 1946, cette grande maison jaune, amer remarquable, fut acquise par la famille Bouché. Un an après la fin de la guerre, la mai- 64 son occupée par les Allemands n’avait plus une seule vitre aux fenêtres, des chèvres avaient été élevées au rez-de-chaussée. Il y fut trouvé plusieurs affiches publicitaires du lotissement de Penthièvre et nombre de gravures pieuses. Comme la plupart des maisons anciennes du lotissement, Avé Maria était pourvue d’un puits et d’une pompe qui, avant l’installation de l’eau courante, permettait d’utiliser l’eau douce de la nappe phréatique peu profonde. © Arep
  • 63. Ventolera Surplombant la dune au sud de Penthièvre, les grandes baies vitrées de Ventolera datent de 1964. Cette année-là, le docteur René Huchet, chirurgien à Vannes, son épouse et leurs 15 en- fants, ont voulu cette grande façade de verre, pour profiter pleinement de la vue sur l’océan. Ventolera viendrait du mot « bourrasque » en espagnol. 65 En 2005, la maison a été rénovée et agrandie par Laurence et Jean-Pierre Adam-Huchet. © P. Lecomte
  • 64. Du thonier à la Trinitaine… 60 années Le premier « restaurant » de l’isthme fut un thonier-dundee (Notre Dame de la Garde), construit en 1908 et ayant navigué jusqu’en 1933. Désarmé et transformé en ponton à Penthièvre côté baie, il devient bar-gla- cier-restaurant en 1934. Pour cela, il fallut le tracter (tracteur de l’usine d’iode de Por- tivy aidé de 2 chevaux) jusqu’au bord de la route. Cela prit un mois! 66 Un commerce est construit à la même époque à côté du thonier : l’Entre Deux Mers, qui fait également station d’essence. Entre le dundee de 1934 et la Trinitaine aujourd’hui, un seul point commun : l’emplacement exceptionnel. En haut, à gauche : Collection Cim. En bas, à gauche : Collection non identifiée. A droite : © P. Lecomte
  • 65. Le thonier a été détruit dans les années 50 et un nouveau local est construit en 1952 : le relais du Thonier, hôtel-restaurant... qui sera fermé dans les années 1990 pour être transformé en commerce de biscuits et autres produits La Trinitaine (ouvert depuis 1998). 67
  • 66. Panorama vu de l’hôtel des deux mers (1950 – 2009) 68 Penthièvre vu du haut d’une fenêtre de l’hôtel des deux mers (1950). Collection non identifiée.
  • 67. 69 La même vue en 2009, prise d’une nacelle au-dessus de l’hôtel des deux mers. © D. et M. Dubos
  • 68. Du dépôt de vin au bar-brasserie Dépôt de vin en 1932, sur le bord de la route nationale, cet établissement était tenu par deux sœurs. Ce fut ensuite une épicerie, exploitée par monsieur et ma- dame Le Fahler, avant d’être tenu pendant 20 ans par la famille Achani, sous le nom de « La Godaille », bar-hôtel-restaurant. C’est maintenant le bar « Le Surf ». 70 En haut : collection non identifiée . En bas: © P. Lecomte
  • 69. Les Autans Place Neptune - villa Atanaoua 71 A l’entrée de l’avenue Tourville, les Autans (en 1930, collection Gresse puis en 2009 © Arep). « Atanaoua » vient de la contraction des prénoms Antoine (Atane) et François (Aoua). En haut : collection Le Bourhis et en bas : © P. Lecomte
  • 70. La place Neptune, au centre de Penthièvre En forme de demi-soleil, la place Nep- tune marque la limite entre les lotissements de Penthièvre nord et de Penthièvre sud. D’abord plate, elle permettait aux voitures et campings-cars de stationner, ce qui peu à peu fit disparaître toute végétation, au grand dam des riverains. Pour répondre aux besoins de stationnement, 72 la mairie a proposé de transformer la place en parking. Ce projet a heureusement été contré par les ha- bitants, soucieux de garder le côté sauvage de Penthièvre. La mairie a alors placé de grosses pierres afin de sauvegarder le lieu. En haut : place Neptune vers 1960, collection CIM. En bas : place Neptune vue du dessus, collection non identifiée.
  • 71. On aurait pu encore s’y perdre, si le penthièvrois Yan Bonneau, n’avait mis en place, un judicieux système de deux totems, comportant chacun des pancartes indiquant de manière claire les distances et coordonnées géographiques des lieux les plus lointains, de Hawaï à Saïgon en passant par le Yukon et l’Australie. Ce totem symbolise un goéland et s’inspire des indiens Haïdas (tribu du nord Pacifique). Pour beau- coup, la place Neptune marque ainsi le centre du monde... Chaque pancarte est peinte et fixée par une fa- mille ayant fait le déplacement de Penthièvre vers une destination lointaine et exotique. Totem de la place Nepture. © Y. Bonneau
  • 72. L’histoire du camping de Penthièvre A l’est de la voie ferrée, aucune construction n’est autorisée de- puis que la maison Labigne, construite en 1931, s’est effondrée dès 1936 lors d’une grande marée. C’est en revanche un terrain idéal pour le camping. Ici la mer se retire très loin, découvrant de vastes espaces pour la 74 pêche à pied : coques, palourdes et huîtres font la joie des cam- peurs. Ouvert au début des années 1950, le camping de Penthièvre s’étend sur cette partie située entre la voie ferrée et la baie. Une habitante de Penthièvre se souvient que dans ces années-là, sa famille restait 4 semaines d’affilée dans ce camping, pour une somme dérisoire (l’équivalent de 50 euros aujourd’hui). Mais il n’y avait qu’un seul point d’eau, ni toilettes ni électricité. Vues aériennes du camping en 1950 et en 2005. En haut : collection Cim. En bas : collection Jack.
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  • 74.
  • 76. Sports de terre, sports de mer... Les familles qui ont acheté une résidence secondaire à Pen- thièvre dans les années 50, se sont peut-être inquiétées des animations inexistantes : comment occuper leurs nombreux enfants ? Le village comporte alors une centaine de familles, soit trois 78 fois plus d’enfants. Ces jeunes gens ont largement profité de leurs vacances. Pendant ces années 70 à 90, les plages, le camping et les tennis de Penthièvre ont connu une animation régulière pen- dant les 2 mois d’été. Entre les deux mers, il y a de quoi faire ! A droite : de 1982 à 1990, les courses pédestres de Penthièvre. © Arep
  • 77.
  • 78. Les tennis de Penthièvre, d’hier à aujourd’hui Dans les années 80, avec l’aide du club de plage « Olympic » (situé côté Baie), de nom- breuses autres manifestations sportives étaient proposées à ceux que le nautisme ten- tait moins : des courses à pied qui attiraient près de 100 participants (les Foulées de Pen- thièvre, années 80), du tennis aussi (deux tournois par an)... 80 A gauche : double mixte 1982/ remise de lots 1981. © Arep A droite : carte postale de 1920, collection Laurent.
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  • 80. Pêche à la senne et canotage Les débuts de Penthièvre coïncident avec un nouvel engouement des Français pour les vacances en bord de mer. On parlait alors de « canotage », ancêtre du nautisme et de la plaisance 82 Ces deux images sont extraites du livret publicitaire de la société « Plage de Penthièvre », édité en 1914.
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  • 82. Les belles années de la voile Ces années-là nombreux sont les jeunes Penthiévrois qui s’adonnent à la plaisance. C’est l’âge d’or des 420 et 470, quelques 485 et 505, tous de la même famille des coques en plastique… Plus lourdes mais robustes, les fières coques en bois font de la 84 résistance : le Fireball des de Sèze, les Vauriens des Huchet et des Lambert, le Flibustier des Evenard... restent de beaux ba- teaux, bichonnés par leurs propriétaires. Plus lourds, ils se lais- sent rarement distancer dès lors qu’ils sont correctement barrés. La Société Nautique de Penthièvre Plage a eu ses années de gloire dans les années 70 à 90. A l’époque les bateaux étaient immatriculés, des bouées étaient installées pour signifier le par- cours et le départ était donné par une corne de brume, tandis qu’un jury devait trancher les nombreuses irrégularités. A droite : équipage P. Le Brize/ A. Juglard.© Arep
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  • 84. On se souvient de départs musclés, par fort vent d’ouest, quand il fallait franchir les rouleaux. Il ne fallait pas seulement avoir le meilleur bateau mais aussi la meilleure technique. Les premiers catamarans étaient bien sûr les plus rapides aux bords de largue, mais un bon monocoque pou- vait toujours se rattraper sur les bords de près. Ensuite les planches à voile, plus à l’aise dans les vagues, ont pris le relais. 86 A gauche : challenge Jean Morin 1970, avec départ de la plage façon « 24h du Mans ». Ce challenge figure comme compétition nationale de 470. © Arep. A droite : planches à voile. © Arep
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  • 86. La plage à marée basse : le paradis des chars à voile La plage de Penthièvre à marée basse est gereux pour les baigneurs ou pêcheurs à aussi réputée pour la pratique du char à voile, pied qui traversent la vaste étendue de sable lancée par monsieur Pouchelle. mouillé pour atteindre la mer. De grandes compétitions nationales ont eu Pendant toutes ces années, la municipa- lieu sur les 6 kilomètres de sable fin inin- lité a fait au mieux pour que les afficionados terrompu entre Penthièvre et Plouharnel. des multiples loisirs puissent tous passer de La qualité du sable, la constance du vent et bonnes vacances sans trop de gêne pour les 88 l’immensité de plage découverte à marée autres. Par exemple, la mise en place de che- basse ont fait de Penthièvre une capitale du naux pour se baigner, ou d’horaires pour le char à voile, avec plusieurs clubs comme passage des chevaux et des chars à voile… Vent de sable ou les Passagers du vent. L’activité reste aujourd’hui proposée par l’Au- berge de jeunesse de Penthièvre (située sur la commune de Plouharnel) : elle connaît tou- jours un franc succès. La pratique du char à voile est réglementée, car ces engins peuvent être rapides et dan- A droite : char à voile dans les années 1970. © Hedwige Delsaut
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  • 88.
  • 89. La biodiversité à Penthièvre
  • 90. Le grand site dunaire et Penthièvre Au XXIe siècle, la plage ouest de Penthièvre a perdu son sable et ses pentes douces.... On y trouve souvent des galets , des algues sèches, des herbes... 92 Touristes et sportifs préfèrent maintenant les plages situées plus au nord : Mentor, Guérite, Mané Guen, Ste Barbe, mieux adaptées à la pratique du surf, kite-surf, char à voile, fun-board... ou bronzing. Mais les habitants de Penthièvre continuent à pratiquer leur sport devant chez eux, défiant les galets, les vagues et le shore-break (forte vague qui se brise dans très peu d’eau).
  • 91. A droite : envol d’oiseaux (tourne-pierres, gravelots) © Arep
  • 92. Epaves et laisses de mer… une plage abandonnée De vieilles épaves percent la plage à marée basse… ou encore des poutres de ciment, vestiges du mur de l’Atlantique. Le bas de la plage se creuse et libère peu à peu ses 94 secrets. Tandis que le haut de la plage se développe de ma- nière spectaculaire d’une année à l’autre : oyats et graminées ont envahi le sable en puisant leur nour- riture dans la laisse de mer. Ces algues sèches, déposées lors des grandes marées, sont ponctuées de débris plastiques, hélas ! A droite, épave sur la plage : on a longtemps cru qu’il s’agissait de la Duchesse d’Aguillon (naufragée en 1765). A noter : la neige en haut de la plage. © Y. Bonneau
  • 93.
  • 94. La plage serait-elle sale et polluée ? Au fil des années, le trait de côte se modifie entre Quiberon et Gâvres. L’isthme si fragile au pied du fort Penthièvre s’ensable vite sur le côté ouest (tandis que la falaise s’érode à l’est). Parfois la mer vient déposer, en grandes quantités, des monceaux d’algues sur la plage. Les goémoniers n’existent plus, le ramassage systématique est contraire à la préservation de l’éco- système. A la tempête suivante, la mer vient récupérer son précieux fardeau d’algues vertes et brunes. 96 Dépôt d’algues au niveau de la Trinitaine. © Arep
  • 95. Le retour des fleurs sur la dune Des séances de ramassage des déchets plastique sont organisées, mais il faut lais- ser sur place les algues et la végétation, qui contribuent à la biodiversité de la plage. Cela crée sur le sable de petites oasis. Citons la renouée maritime. Devenue rare à l’échelle européenne, elle prolifère à Penthièvre. Certains arrachent les herbes intempestives pour poser une serviette, d’autres protègent ces îlots de verdure en les entourant d’un cor- don de galets. Au printemps la plage est fleurie, surtout vers le fort, au sud de Penthièvre. L’ensablement progressif et l’engrais fourni par les algues ont densifié la végétation. Dune fleurie de Penthièvre. © Arep
  • 96. La biodiversité retrouvée La plage redevenue sauvage, inspire les artistes : quelques hauts piliers de galets plats superposés, des alignements de mini-menhirs, un muret où au 98 printemps, s’accrochent les fleurs mauves du liseron. Les oiseaux viennent en masse picorer ces nou- veaux biotopes, tandis que sur les dunes d’oyat, si rases autrefois, poussent aujourd’hui de véritables buissons fleuris : œillet des dunes, armérie, giroflée, queue-de-lièvre ou lagure, onagre, chardon bleu... A droite : sculpture de pierres. © Arep
  • 97.
  • 98.
  • 99. 101 A gauche : le haut de la plage est maintenant couvert de galets et de plantes. © Arep A droite : les ganivelles ont réduit le piétinement et renforcé la dune. © Arep
  • 100.
  • 102. Penthièvre 100 ans plus tard Les premières familles sont toujours représen- tées, pour la plupart. Bien d’autres sont venues les rejoindre. C’est toute cette histoire qu’a retracé l’Associa- tion des résidents de Penthièvre, l’Arep, pendant l’été 2009, dans la chapelle du village. L’exposition racontait « Penthièvre au fil des âges », depuis la préhistoire (l’homme de Té- viec) jusqu’à aujourd’hui. De celle-ci est née l’idée de ce livret... 104 Affiche réalisée par Rémy, annonçant l’exposition du centenaire de Penthièvre.
  • 103. POEMES D’YVES COSSON* PETITE GARE ETE PANIQUE On jargonnait trop fort dans les amphis Fragiles translucides comme des nacres usées par les marées Propos amphigouriques Dans les rayons pathétiques d’un noir oblique Moi je vais dans mes terres me taire Se flétrissent dans l’heure les onagres qui meurent Un luma lent bave sur un yucca En sacrifice d’un été calciné J’attends le train La grève réverbère un ciel turquoise zénithal Il pleut Dans un silence de cathédrale Ah ! Petite gare qui s’ennuyait Pourtant tous les frissons des peupliers ne trompent pas Elle dégouline de jaune La dune alors verte des oyats a bruni Une loco hulule à travers les embruns Viendra le temps des pommes à cidre Ma fille va descendre * Professeur émérite à la faculté de lettres de Nantes. Yves Cosson est penthiévrois (La Chaumine).
  • 104. De l’exposition au livre et au DVD... Plus de 1000 visiteurs sont passés voir l’expo : les membres de l’Arep, leurs familles et plus lar- gement ceux qui s’intéressent à Penthièvre. Même succès au Centre culturel de Saint-Pierre, où l’exposition est présentée à l’automne 2009, notamment pour les enfants scolarisés dans la commune. Pour ceux qui n’ont pu venir, un DVD réalisé par Xavier Maugis sera prochainement disponible 106 auprès de l’Arep : il contiendra tous les élé- ments de l’exposition (cartes postales, photos, textes...). Ouverte au public du 4 au 19 août 2009, l’exposition du centenaire a attiré plus de 1000 visiteurs dans la chapelle de Penthièvre. © Arep
  • 105. Les autres animations du centenaire 107 A gauche : concours traditionnel du far breton. © Arep A droite : pique-nique entre voisins. © Arep
  • 106. Remerciements à : • Maître Josse, notaire honoraire à Carnac, qui a fourni de nombreux documents sur la création du lotissement Plage de Penthièvre. • Monsieur Guillevic, ancien adjoint au maire de St-Pierre-Quiberon (épisode duc de Pen- thièvre). • Toutes les familles qui ont transmis des témoi- gnages et des photos. • Les commerçants de Penthièvre. 108 Nous rappelons que l’exposition du centenaire a pu être réalisée grâce à la mise à disposition des documents de l’exposition organisée en 1992 par monsieur et madame Creusot. Nous remercions madame Marchand, maire de Saint-Pierre-Quiberon, ainsi que ses adjoints, ma- neaux. Enfin merci au Père Plisson, recteur de dame Le Bihan et monsieur Guillemette, qui ont la paroisse, qui a mis la chapelle à la disposi- rendu possible cette exposition par le prêt de pan- tion des organisateurs. Inauguration de l’exposition, 4 août 2009 : le Père Plisson, recteur de Saint-Pierre, Pascal Lecomte et Xavier Maugis, en compagnie de Geneviève Marchand, maire de Saint-Pierre-Quiberon. © Arep
  • 107. Bibliographie « La Revue des deux îles n°4 : Marthe et Saint-Just Péquart, archéologues des îles, de Houat à Hoëdic 1923 – 1934 », éditions Melvan. « Les miroiteries de l’infini, recueil de poèmes », Yves Cosson, éditions du Petit véhicule. « Au cœur de la presqu’île de Quiberon », Daniel Le Corre et Jacques Le Corre, éditions des Montagnes noires. 109 « Des notables aux édiles municipaux de la presqu’île de Quiberon de 1789 à nos jours », Alfred Le Quer, à compte d’auteur. « Le Mur de l’Atlantique dans la presqu’île de Quiberon », Jacques Tomine, éditions Histoire et fortifications. « Quiberon au fil des cartes », Bernard Colas, à compte d’auteur. « Quiberon et sa presqu’île », Lud. G. Hamon-Trémeur, éditions Hamon-Trémeur. « 1795 : Quiberon ou le destin de Quiberon », Patrick Huchet, éditions Ouest-France.